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Le slash, kesako ? |
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Inscription: 23 Mai 2009 12:47 Messages: 31
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Suite & fin (Je sais, c'est bien court tout ça --') Chaque collège a son lot de caïds, des adolescents un peu perturbés, ou mal dans leur peau, qui font payer aux plus faibles les malheurs de leurs vies. Ce collège, d’une banlieue de Bristol, ne faisait pas exception. Paul Shepard n’était pas vraiment un gros dur, il n’avait pas la carrure pour tabasser les plus jeunes, et n’aurait jamais été respecté et craint s’il n’avait pas réussi à réunir autour de lui une bande de brutes. Thimoty descendit les marches en sifflotant. Sa prestation de la matinée en gymnastique l’avait rendu de bonne humeur. Arrivé en bas des marches, il trébucha et s’étala de tout son long sur le sol. Il tenta de se relever, mais sentit la semelle d’une ranger le maintenir à terre. Il fut brutalement relevé par deux bras puissants, et plaqué contre le mur sans douceur. Il reconnut ses agresseurs : Paul Shepard, ainsi que ses trois amis dont il ne connaissait pas les noms. Jamais jusqu’ici on ne lui avait cherché bagarre, et aussi loin que ses souvenirs pouvaient remonter, il n’avait rien fait de mal. Pourtant, Paul le regardait d’un œil mauvais, de ses petits yeux perfides. La brute n°1 leva le poing et l’asséna dans l’estomac du garçon. La violence du coup lui coupa le souffle, et il cracha un mince filet de sang sur le sol. Un second poing le frappa à la tempe, et il resta sonné une demi seconde. Les coups continuèrent de pleuvoir, meurtrissant son corps, sans qu’il sache pourquoi on le frappait.
Freddy poussa un soupir. Le travail de Lili était vraiment ennuyant à mourir. Il préférerait endurer mille tortures plutôt que de rester ici, à la regarder rédiger des réponses sur un passé révolu. -Bon, désolé, mais c’est vraiment chiant à mourir ici. Je descends, on se revoit plus tard. La jeune fille grommela un juron mais ne daigna même pas lever les yeux vers lui. Il attrapa sa veste, posé sur la table, et poussa les battants de la porte. Alors que l’ambiance de la bibliothèque était feutrée, agréable, le silence ici était pénétrant, presque inquiétant. Le brun descendit les escaliers et s’apprêtait à repartir sur la cour, lorsque il remarqua sur le sol une tâche de sang. Freddy s’aventura dans l’arrière-cour, d’où provenait des cris étouffés. Il s’arrêta. Devant lui, les brutes de Shepard lançaient des pierres sur quelque chose. Le garçon s’avança encore. Il étouffa un juron : Thimoty, le teint encore plus pâle que d’habitude, était assis contre le mur, le visage en sang. Ses bras étaient plein d’égratignures et ses vêtements déchirés par endroit. Sans réfléchir, sans penser aux conséquences, Freddy sortit de sa cachette et interpella Paul. -HE CONNARD !! -Oh oh, Freddy Thomson en personne, railla le chef de la bande. -C’est ça, rigole, espèce d’abruti ! Ca t’excite de frapper les autres, c’est ça ? Tout en parlant, Freddy s’était placé devant Thimoty, comme pour le protéger. Que lui arrivait-il ? Après tout, les deux garçons n’étaient pas amis. Mais c’était normal d’aider quelqu’un dans le besoin, non ? -Il le méritait. -C’est ça ton excuse ? Et il a fait quoi pour mériter des pierres dans la gueule ? -Il est pédé ! Freddy se sentit comme soulagé, tout à coup. Sans savoir pourquoi, un sentiment de bien-être l’envahit. Pourtant, il garda son expression de colère. -Et alors ? Qu’est-ce que ça peut te foutre, qui il aime ? -C’est juste … pas humain ! Freddy se rapprocha inconsciemment de Paul. Ses yeux verts lançaient des éclairs, mais sa voix était calme, mesurée. -Écoute-moi. Si t’es assez intelligent pour y arriver, dépasses la notion d’homme et de femme. Il ne reste plus que des âmes, des personnalités. Des cœurs. Et si deux cœurs se rencontrent, s’apprivoisent, et s’aiment, tu n’as absolument rien à dire là-dessus. L’amour ne se contrôle pas. Personne n’a dit et prouvé que la normale était qu’un homme tombe amoureux d’une femme. Les sentiments, ce ne sont pas des choses qui se contrôlent et dont on peut décider de la direction… Ce n’est pas une gente que nous aimons, mais une personne. Un garçon qui aime normalement les filles peut un jour tomber amoureux d’un garçon. Juste lui, juste ce garçon. Parce que l’amour, c’est avant tout une façon de voir les choses. T’as compris, ou je dois te faire un dessin ? Un long silence planait. Paul acquiesça sans bruit, et partit d’un pas léger accompagné de ses sous-fifres. Freddy s’agenouilla près de Thimoty. Du sang séché l’empêchait d’ouvrir les paupières. Une plaie béante lui ouvrait le front, et de longues estafilades marquaient ses bras. Le pourpre contrastait avec la blancheur ivoire de sa peau. Il esquissa un sourire, avant de sombrer dans l’inconscience, dans les bras du brun.
Les portes de l’hôpital s’ouvrirent automatiquement. Le soleil d’un après-midi radieux brillait toujours à l’extérieur, pourtant des néons éclairaient le hall. Lorsque Freddy franchit le palier du bâtiment, en portant Thimoty à bout de bras, un médecin s’approcha avec un brancard. Allez savoir pourquoi le jeune garçon n’avait pas prévenu les responsables de son collège. Pourquoi il était sorti en enjambant le mur avec Thimoty sur son dos plutôt que se présenter à la vie scolaire en déclarant que son ami avait été tabassé. Peut-être en faisait-il une affaire personnelle, ou bien … Freddy désirait passer un moment seul avec l’accidenté. C’était sûrement ça, mais il n’était pas encore prêt à l’admettre. -Que s’est-il passé ? -Il s’est fait jeter des pierres, et je pense qu’on l’a aussi tabassé… L’homme d’une cinquantaine d’années, à la barbe naissante et aux cernes anormalement grandes lui lança un regard suspicieux. -On l’a frappé ? Pourquoi ? -Parce qu’il est gay ! Vous pourriez le soigner tout de suite ou on attend Noël ?! L’homme grommela et poussa le brancard dans les couloirs en direction des soins qui attendaient Thimoty. Freddy s’assit et attendit, les yeux braqués sur la pendule, le cœur serré. Des sentiments contradictoire se bousculaient en lui. Il détestait Thimoty, mais était pourtant fasciné par ce solitaire. Il le jalousait, mais l’avait sauvé d’une agression et amené à l’hôpital. Et maintenant, il voulait serrer dans ses bras le garçon pour le rassurer. Était-ce normal ? Le même barbu revint dans la salle d’attente, jetant ses gants au passage, et s’approcha du brun. Avant même que Freddy n’ouvre la bouche, l’homme esquissa un faible sourire et dit: -Chambre 212, premier étage. L’adolescent le remercia du regard et partit vers l’escalier, qu’il jugeait moins encombré que l’ascenseur. Il gravit les marches quatre à quatre, ses pensées se focalisaient sur l’image de Thimoty. Il entra dans la chambre 212, dont les murs étaient blancs et froids. Il semblait que la vie avait quitté cette pièce, tout était sombre et fade. Pourtant, dans le large lit qui meublait la pièce, était allongé le plus vivant des garçons. Ses yeux étaient plus bleu que jamais, son teint aussi blanc que le marbre. Lorsque Freddy entra, Thimoty esquissa un très large sourire. Le brun vint s’asseoir près de lui, et instinctivement, lui prit la main. Thimoty ne chercha pas à se dégager de cette soudaine étreinte, au contraire, il l’apprécia. -Merci, souffla-t-il. -C’est tout naturel, répondit Freddy dans un murmure. -Ton discours était très… beau. Efficace, aussi. Ils sont partis sans rien demander. -C’est gentil, je n’ai fait que dire ce que j’en pensais. -Je suis heureux que ça ne te gêne pas, dit Thimoty. Les deux garçons se turent, laissant le silence creuser un fossé entre eux. Pour se persuader du contraire, Freddy serra plus fort encore la main de son ami. Il fallait oser, maintenant. Pour Freddy, le temps n’était plus à la négation, mais à l’acceptation, de lui-même et de ses sentiments. -Thimoty ? -Oui ? -Serait-il possible … que je t’aime ? Le principal concerné ne dit rien pendant quelques minutes, si bien que Freddy se maudit d’avoir dévoilé ainsi ses émotions. -Dans ce monde qui nous entoure, tout est possible. Lorsque l’on est capable de rêver, l’impossible n’est plus rien. J’ai rêvé, je crois, de toi. Tu rêves désormais de moi. Ce n’est plus qu’un tout, parce que je pense que tu es mon Bachert, Freddy. Tu sais ce qu’est un Bachert ? -No…non, chuchota-t-il, trop ému par les mots de Thimoty pour faire une phrase entière. -Il paraît que arrivons sur Terre, destiné à rencontrer notre âme sœur, notre Bachert. Ce n’est qu’au moment où nous nous trouvons que nous vivons vraiment. A compter de cet instant, Freddy, je vis. Il amena vers lui le brun. En cet instant, peu importait les bandages qui recouvraient les bras de Thimoty. Peu importait la cicatrice sur son front et la coupure à sa lèvre. Il était le plus beau. Leurs lèvres se rencontrèrent en un baiser sucré qui scellait leur amour pour toujours, comme la promesse d’un avenir commun, d’un bonheur à deux.
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