Faramir tient absolument à taper mon message [parfaitement. Madame squatte ma vie, ma chambre et mon PC, et co!mme je m'enquiquine ferme, j'enquiquine aussi sec. Na.] Aussi je suis bien obligée de la laisser faire [Ahah, femme soumise !], avec ce que ça comporte d'incertitudes [gasp]
Du coup, j'écris ce message sans avoir relu les précédents [comme si je l'en empêchais] donc je ne sais pas ce que vous m'y dites, ce dont vous me voyez fort marrie [c'est moi, le marri, ici]. Mais pas mariée, le ciel m'en préserve [regasp].
Bon, ben c'était pour vous dire [je voulais te dire, que je t'attends...] que cette fic n'était pas en une seule partie [comme quoi ça sert de couiner "la suite, la suite"]... Que c'était pas le but à l'origine... Et que j'ai fini par pondre une suite. Voilà.
Je vais arrêter mon message là, parce que j'ai pas l'habitude de dicter et que ça me trouble [Damned, elle est troublée. Il faut que... Herm. Rien]. ciao !
2.
Sortie de l’établissement, Jazz marchait à grands pas sur le trottoir. Au bout de quelques minutes, elle plongea la main dans sa besace de cuir roux et en sortit un minuscule téléphone portable. Tout en continuant d’avancer, elle pianota sur les touches et porta l’appareil à son oreille.
- Allo, Phil ? … Oui, c’est Jazz. … Non, pas très bien, justement. Est-ce que… Des histoires de filles. Ecoute, je ne veux pas te déranger, mais… Oui. Tu pourrais assez vite ? … Euh, je ne sais pas, il est quelle heure ? … 5 : 10 … Mettons 7 : 00, alors. … Oui, ça me va. Tu sais, je suis désolée… OK. Merci beaucoup. Tu es trop ! … Merci. … Ciao !
Deux heures plus tard, le vent colportait des odeurs de gel dans les petites rues de la ville. Changée de frais, Jazz passait la porte d’une trattoria italienne qui s’ouvrait au fond d’une impasse. Dans la petite salle, quelques convives étaient déjà attablés, leurs visages doucement éclairés par de petites bougies disposées entre les couverts. Un jeune homme seul fixait son agenda électronique. Jazz vint se glisser sur la chaise en face de lui. Un serveur s’avança vers eux.
- Jazz !
- Salut, Phil. Bonjour Angelo ; je prendrais des penne aux quatre fromages, s’il vous plaît.
- Tu ne regardes même plus le menu ?
- Toi non plus, je te ferais remarquer. Qu’est-ce que tu veux manger ?
- Un carpaccio, avec des antipasti, Angelo. Grazie. Et une bouteille de votre délicieux vin rouge, s’il vous plaît.
- Excellente idée, comme d’habitude.
- Alors, quel temple des civilisations passées a encore succombé aux attaques du monde moderne ? Ton problème doit être au moins aussi grave pour que tu n’ais pas hésité à me convoquer séance tenante.
- Merci de t’être libéré aussi rapidement. Je ne m’y attendais pas. Je suis vraiment confuse de t’avoir dérangé... Tu sais que ce n’est pas dans mes habitudes…
- Je sais. Et je ne me serais pas libéré ce soir si tu n’avais pas eu l’air aussi… tendue.
- Merci.
- C’est fait pour ça, les amis ! Allez, dis-moi quel « mâle » te ronge.
- J’ai deux problèmes, Phil. Le premier demande ton expertise de juge talentueux…
- Oh là ! Je n’occupe mon poste que depuis un an, et je ne me décrirais certainement pas comme talentueux. Je ne pense pas que la justice soit une question de talent.
- Si. Tu es brillant et plus encore, tu es humain. Ca fait de toi un bien meilleur juriste que certains de tes condisciples de fac. Mais ce n’est pas le moment que je te fasse un cours sur la modestie mal placée. Tu connais Storn ?
- Le financier ? Oui. De nom et de vue. C’est un personnage très influent, à Philadelphie.
- Je t’ai sans doute déjà parlé de sa fille, Eva Storn. On a été plus ou moins liée, elle et moi, ces derniers temps. Elle m’accuse de viol.
- Jazz… C’est vrai ?
La jeune femme eu un léger sourire. Elle se redressa pour fixer son ami dans les yeux.
- Non.
- Pourquoi tu souris ?
- Je sais que tu devais poser la question. Et puis la situation ne manque pas d’un certain comique.
- Tu m’expliqueras ça plus tard. Elle a porté plainte ?
- Non, justement. C’est pour ça que je peux encore m’amuser de cette histoire. Mais elle est allée la raconter à Casey, et ça, c’est mon second pépin.
- Casey l’a crue ?
- Oui. Mais seulement jusqu’à ce qu’on en parle, et ce n’est pas là que ça coince. Le soucis, c’est que quand on s’est retrouvées, pour qu’elle me remonte les bretelles justement, et après que je l’aie convaincue… Comment dire ? Ca me parait un peu compliqué à expliquer, maintenant. Tu sais qu’il y a longtemps, elle et moi…
- Vous étiez extrêmement proches, avant qu’elle ne rencontre Tom.
- Trop. On ne se quittait quasiment jamais. Tu te souviens, c’était devenu limite, quand Tom est arrivé. La suite, tu la connais : ça fait six ans qu’ils vivent ensemble.
- Oui, je sais tout ça, je m’en souviens bien, tu sais. Mais du jour où ils ont emménagés, justement, tu m’as toujours dit que c’était de l’histoire ancienne. On n’en a quasiment jamais reparlé.
- Bien sûr. Il n’y avait rien à en dire ! Pour moi, c’était très net : je ne suis pas du genre à croire aux miracles et en plus, je ne supporte pas les gens qui te persécutent sous prétexte qu’ils t’aiment. Genre…
- Mon ex, je sais. Ne détourne pas la conversation, tu veux ? Quand je t’ai eue au téléphone, ça avait l’air grave. Si ce n’est pas la fille Storn qui t’inquiète…
- Pardon, je vais essayer d’être plus directe. Tu n’as sûrement pas fini ta journée ?
- Non. Je retourne au palais après ce dîner.
- Je comprends. Phil… cet après-midi, en plein Latinn’caffé, elle a crié … qu’elle m’aimait.
- Casey ?
- Celle-là même que tu connais. Notre seule et unique Casey. Qui m’a fait une déclaration. Après toutes ces années, tu te rends compte ?
- Et en entendant ça, tu t’es sentie… trahie, ou blessée. Plus même que par les mensonges d’Eda.
- Elle s’appelle Eva, mais tu as raison. C’était… Je ne sais pas comment dire. Comme si la terre s’ouvrait.
- Jazz… Tu es toujours amoureuse d’elle ?
- Ce n’est pas la question ! Elle m’a mise dans une rage folle. Cette fille n’a aucun respect des autres. Je croyais être sa meilleure amie et voilà qu’elle recommence à jouer au chat et à la souris avec moi ! Pour qui elle se prend, et qu’est-ce qui a bien pu lui passer par la tête ? Elle n’a pas déjà fait assez de dégâts, la première fois ?
- Jazz, calme-toi. Je m’appelle Phil, au cas où tu ne t’en souviendrais plus.
- Je suis désolée, c’est vrai. Tu n’as pas à te prendre les reproches que je voudrais lui faire, à elle. Mais… c’est dur.
Phil baissa le nez sur leurs assiettes, arrivées pendant le récit. Il soupira.
- Tout ça à l’air très compliqué. Pour vous deux. Ne proteste pas ! Même si tu es malheureuse, il faut quand même que tu ais l’honnêteté d’admettre qu’elle n’aurait pas pu te balancer ça juste pour le plaisir. Décris-moi plutôt la façon dont ça c’est passé.
- Je n’ai pas compris ce qu’elle me reprochait. Quand elle l’a remarqué, elle est devenue plus pâle. Je crois qu’elle était en train de se rendre compte des implications du piège d’Eva. En fait… j’étais abasourdie, donc je n’ai pas fait très attention à son expression, mais je crois qu’elle a eu très peur. Et puis elle semblait persuadée que cette affaire nous concernait toutes les deux – sur le moment, j’ai cru que c’était parce qu’elle se sentait coupable de m’avoir présenté cette garce… Je crois que les larmes étaient en train de lui venir aux yeux. Quand je lui ai demandé pourquoi elle se faisait autant de soucis, elle m’a juste crié…
- Qu’elle t’aimait.
- Oui.
- Ce n’est pas simple.
- Je ne sais pas. Après tout, quand on y regarde de près, ce n’est pas une situation très complexe. C’est juste un femme qui a crié « je t’aime » au lieu de boire son verre.
- Si je ne te connaissais pas, Jazz, je te dirais que tu n’as pas de cœur. Mange un peu, au lieu de te donner une contenance. Ca va refroidir. Et j’ai besoin de réfléchir.
Décontenancée par cette mise en demeure abrupte, l’amie de Phil le regarda avec perplexité attaquer son bœuf. Finalement, elle s’occupa elle aussi du contenu de son assiette. Bien vite, cependant, elle se contenta de remuer vaguement les pattes du bout de sa fourchette. Le repas passa lentement, Jazz attendant que le jeune homme ait fini. Finalement, il releva la tête, posa ses couverts et s’essuya la bouche.
- Bon, maintenant que je ne risque plus de mourir d’inanition, je crois qu’il faut aborder certaines questions pratiques. Comme tu me l’as dit, tu as besoin d’un conseil juridique. Je vais te donner celui-là : contacte un avocat. On ne peut pas savoir ce que Storn ou sa fille voudront tenter, mais vu ce que tu m’as dit de la seconde, elle pourrait te créer de mauvaises surprises.
- Je lui dit quoi, à l’avocat ?
- Ce que tu m’as raconté, plus les détails. D’ailleurs, tu vas pouvoir t’entraîner : je veux que tu m’écrives tout ça et que tu me l’envoies à mon bureau. Tu te souviens de McPherson ?
- Oui, il me semble… Il avait commencé son droit quelques années avant toi, non ?
- Deux. Il a réussi l’examen du barreau, depuis, et il est très bon. Il te conseillera bien. Quand je rentre au palais, je te maile ses coordonnées. Si j’ai le temps, je lui toucherai un mot de ton cas. En attendant, tu lui demandes un simple rendez-vous de conseil. Si ta charmante affabulatrice refait surface et dépose une plainte en bonne et due forme, il sera toujours temps de retourner le voir.
- Ok. Tu sais mieux que moi ce qu’il convient de faire dans ce type de cas.
- Maintenant, mon conseil d’ami…
- Oui ?
- Laisse tomber.
- Quoi ?!
- Tu n’as pas l’air de te rendre compte de ce que pourrait être une attaque en règle des Storn. Ta priorité absolue doit être cette affaire. Relègue Casey et ses états d’âme dans un coin de ton cerveau, catégorie « pas pressé ». Tu t’en occuperas plus tard.
- Mais !
- Non, je sais ce que je dis. Le plus important, pour l’instant, c’est de régler cette accusation de viol. Et de toutes façons… ce n’est pas vraiment comme si tu pouvais faire quelque chose au sujet de ton deuxième problème. Tu as l’intention de devenir sa petite amie ?
- Non !!
- Alors ce n’est pas à toi de réfléchir à cette situation. S’il vous plaît ? L’addition. Grazie.
Phil régla pour eux deux, puis se leva. Jazz suivit son mouvement, un peu gauchement.
- Je ne t’offre pas de dessert, je vois bien que tu ne l’apprécierais pas.
- Phil…
- Quant à moi, il est déjà 8 : 15 et mon travail ne s’avance pas tout seul. Je suis désolé, mon coeur, mais je ne peux pas te dire plus ce soir. J’aimerais pouvoir t’aider… autrement. Mais crois-moi, il faut d’abord qu’on contrecarre les fantasmes de miss Eva Storn. Et pour ça, il faut que je retourne à la mine.
- Ok. Je… Merci.
- Fais-moi un plutôt un sourire, au lieu de me remercier. Ca m’a manqué, ce soir.
Jazz esquissa une grimace dont Phil se contenta. Il la serra contre lui, avant qu’ils ne s’embrassent sur les deux joues. Puis il la tint à bout de bras et la regarda gentiment, avant de sortir du restaurant, sa veste dans une main, son PDA sous tension dans l’autre. Après un moment, Jazz le suivit, plus lentement. Il avait déjà disparu dans la nuit. Elle rejoignit un boulevard où elle héla un taxi.