Forum - Le Monde du Slash

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MessagePosté: 19 Avr 2006 20:39 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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Inscription: 17 Jan 2004 19:18
Messages: 4482
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Ah! Shotoku, je viens enfin de prendre la peine de lire ce merveilleux début!
J'espère que tu me pardonneras de ne l'avoir fait plutôt, mais j'ai été plutôt occupée avant les vacances!!
En tout cas, j'ai enfin lu ces deux premiers chapitres, et je ne suis pas déçue! Pour commencer, félicitations pour l'écriture, d'une grande qualité. Pour avoir eu l'occasion de converser avec toi (d'ailleurs, il faudra que je pense à y retourner!), je savais que tu avais un parler intéressant sur le fond et la forme (et c'est en grande partie ce qui m'a poussée à lire cette histoire originale), mais... voilà, j'ai vraiment trouvé que ça commence avec classe! Alors j'espère que ça continuera bien vite sur cette lancée!! ^^
On voit que l'univers que tu crées tient debout, avec ses institutions politiques, ses trames, sa pègre, ses personnages dont tu nous divulgues petit à petit les facettes. Ca m'a souvent fait un peu penser à un contexte rôlistique (et je ne dis pas ça péjorativement!!)... on voit qu'il y a une idée derrière.
Je dois dire que pour l'instant je m'attache surtout à Helseth, ce qui est sans doute normal, puisque c'est surtout lui que tu développes n'est-ce pas? M'enfin même très basiquement, c'est physiquement lui que je préfère, avec l'image que je m'en ai fait! ^^ Bon, j'attends dans savoir plus sur les personnalités de chacun au cours des suites à venir!

Alors sinon, j'ai pris le temps de noter toutes les fautes d'orthographe, dans un réflexe de bêta-lectrice qui ne me vient qu'avec les écrits qui ont une valeur particulière à mes yeux. Je te rassure, ton niveau de langage et ta rigueur sont très au-dessus de la moyenne, mais ces petites erreurs sont tout de même regrettables, et surtout récurrentes pour certaines, donc tu gagnerais à en prendre connaissance. Désires-tu que je te les note par MP ou non?

Valà, bonne continuation, et à bientôt!

_________________
La Halfeline
__________

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Le sachet de thé c'est la santé!


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MessagePosté: 21 Avr 2006 00:03 
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Slash ou non, telle est la question...
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Inscription: 27 Mai 2005 21:37
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Localisation: sur mon blog ^^
Citation:
J'espère que tu me pardonneras de ne l'avoir fait plutôt

et bien était donné que je m'y attendais même pas, c'est juste une bonne surprise ^^ (et même une très très bonne ^^ Ayant eu un bel apercu de ton talent personnel, je suis suis même assez flatté de l'intérèt ke tu porte à mon texte... ^^' )

Citation:
Je dois dire que pour l'instant je m'attache surtout à Helseth, ce qui est sans doute normal, puisque c'est surtout lui que tu développes n'est-ce pas?

Alors en fait, Indoril devait être théoriquement mon personnage principal, bien que j'adopte le point de vue des deux personnages dans les différentes scènes... Mais c'est vrai qu'Helseth m'a rapidement beaucoup plus intéressé. Et sachant qu'il est mage et que je voulais avant tout créer une histoire ds laquelle raconter ts mes délirs magiques ^^' , il avait dès le départ un plus grand potentiel en fin de compte... Et puis c'est bien avec lui que j'ai le plus d'idées de scénarios pour les prochains chapitres...

Citation:
M'enfin même très basiquement, c'est physiquement lui que je préfère, avec l'image que je m'en ai fait! ^^

Très bien... :D Moi qui suis de plus en plus lassé de la sempiternelle distinction uke / seme, je suis plutôt déçu qu'au final, autant pr Indoril / Helseth que pr Indoril / Landras, on identifie à chaque fois très bien ds quelle catégorie se situent ces 3 personnages... :? Personellement, je penche plus pr Indoril, le grand seme musclé et poilu :P

Citation:
et surtout récurrentes pour certaines

la conjugaison est une catastrophe pr moi (je dois consulter mon bescherelle une dizaine de fois pr chaque page écrite lol ^^''). Mais même ça mis à part, c'est vrai que j'ai souvent des doutes pr certains trucs... Si tu pouvais m'aider sur ce point, c vrai que ce serait sympa :wink:

merci pr ts les compliments :oops: ... ^^

et merci kaedegirl pr ton msg :wink:


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MessagePosté: 22 Avr 2006 13:49 
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Slash ou non, telle est la question...
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Inscription: 27 Mai 2005 21:37
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Localisation: sur mon blog ^^
Très grand merci à la half pr les fautes... (surtout la conjugaison effectivement >_< lol). J'ai essayé de bien fr attention à ça cette fois-ci, mais je garantis pas de rien avoir laissé traîner, même après pas mal de relectures... ^^'

avec mes exams dans 2 semaines, je suis bien irresponsable de m'occuper de ça, mais voila... voici la suite de l'histoire ^^ Ce que j'avais prévu pour le chapitre 3 allait beaucoup plus loin, mais vu la longeur du texte, je vais déja vous poster cette partie... ^^ La suite ne sera donc pas "deux semaines plus tard" ou un truc comme ça, elle viendra se placer juste après (paske là je coupe un peu en plein milieu quand même ^^' ) (mais à un endroit intéressant je pense...)

dc vous allez voir que les choses commencent un peu à s'accélérer au niveau du scénario :wink:


... je rajoute la carte du monde : (encore pire que la précédente lol ^^')
http://img191.imageshack.us/img191/8411/cartedumonde3fk.jpg. Les vagues bleues, c'est la mer, et le gribouillis au nord ouest, c'est une chaîne de montagnes :D ... enfin g pas trop réfléchi à ce qu'il y avait à l'extérieur des 3 royaumes encore)____________________________________________________

CHAPITRE 3

Trois semaines plus tard…

Neldoreth IV était déjà très vieux. Ses traits ridés et les longs cheveux blancs sous sa couronne témoignaient de sa grande expérience de la vie. Son regard d’acier, quant à lui, aurait pu rendre compte d’un caractère inflexible, et c’était jadis effectivement le cas. Mais Helseth l’avait trop souvent vu plier face à l’Ordre des Prêtres pour pouvoir en être encore abusé. Seuls les yeux mêmes du souverain laissaient entrevoir une certaine force. À l’origine marrons, ils avaient virés au rouge presque fluorescent, tant les nombreuses années de pratique de la magie l’avaient rendu perméable aux énergies. Le phénomène était courant, mais Helseth ne l’avait jamais vu marqué à ce point chez personne d’autre.
- Entre, Helseth. Assieds-toi.

Le conseiller du Roi s’inclina puis referma la porte de la pièce dans laquelle ils travaillaient habituellement sur les affaires du royaume. Celle-ci était plutôt vaste. Le Roi était installé au grand bureau du centre, et Helseth sur celui, plus discret, placé près d’un mur à côté des nombreuses étagères remplies à raz bord de livres de trésorerie, de cartes militaires, de lettes et de papiers de toutes sorte.
- Nevrast ne devrait pas tarder… Il a pris rendez-vous avec moi. Je ne sais pas ce qu’il veut, mais je préfère t’avoir à mes côtés.
Le jeune homme s’installa et en profita pour continuer un travail en cours. Après un moment, Neldoreth se tourna dans sa direction et lui demanda :
- Mais, dis-moi… Peut-être saurais-tu quelque chose ?
- Non, votre majesté.
- On m’a rapporté que tu fréquentais beaucoup le manoir d’Elgath ces derniers temps…
- C’est vrai. Mais c’est pour consulter les ouvrages de leur bibliothèque. J’espère y trouver des informations qui pourraient nous aider.
- Nous aider à quoi ?
- Vous savez… le sort.
- Ah… Oui… souffla le Roi d’un ton amer. As-tu pu y voir des choses intéressantes ?
- Ces livres de magie mystique sont très difficiles à comprendre je dois dire… Mais j’ai déjà appris certaines choses en effet.

Les paroles d’Helseth étaient au trois quart vraies. S’il se rendait presque tous les jours au manoir de l’Ordre des Prêtres, c’était effectivement pour consulter les manuels de magie, et à l’occasion chercher à en apprendre plus sur le sort d’invocation de l’archange. Mais ce qu’il ne disait pas, c’était que la raison première de ces visites était avant tout de se former lui-même à la magie mystique. Malgré les très nombreuses heures passées à se concentrer, méditer, s’énerver, Helseth ne parvenait toujours pas à faire apparaître ni disparaître quoi que ce fût comme l’avait exigé Haleth. Il n’avait plus reparlé de ce sujet avec le Haut Prêtre depuis le fameux jour de leur entretien, et à chaque fois qu’ils se croisaient, au manoir d’Elgath ou dans les couloirs du château, Helseth pressait le pas en fixant le sol, avec à l’esprit un sentiment de frustration mêlé de honte.
La conversation fut interrompue : quelqu’un frappait à la porte. Sur ordre du Roi, l’individu entra. C’était effectivement Nevrast. Malgré ce que pourrait laisser croire sa fonction, ainsi que, disait-on, ses étonnantes capacités en magie mystique, Nevrast n’avait pas vraiment le profil du vieux mage à la barbe blanche s’appuyant avec peine sur son bâton. Il avait dans les cinquante ans, bien qu’il en parût un peu moins. Rasé de près, la coiffure soignée que la capuche abaissée de sa robe laissait découverte, il donnait l’impression d’un individu plutôt attentif à lui-même et à son image. Son apparence allait jusqu’à inspirer la confiance. On peut même dire que le prêtre possédait beaucoup charisme : son physique, sa prestance, ainsi que les mots forts et malgré tout subtils qu’il employait avaient déjà rallié de nombreuses personnes à ses idées. Des trois Hauts Prêtres présents à la capitale, Nevrast était celui que l’on voyait le plus en publique, et c’était assurément grâce à lui que l’Ordre des Prêtres avait tant gagné en notoriété auprès de la population et gravi les échelons du pouvoir. Cela étant, Nevrast était également le plus détesté par les opposants à l’Ordre des Prêtres. Il le leur rendait cependant bien, ne se gênant pas pour montrer aux gens pour lesquels il n’éprouvait pas d’intérêt combien il les méprisait.

- Bonjour, votre majesté. Ce sont des affaires de la plus haute importance qui m’amènent aujourd’hui.
- Je vous en prie, asseyez-vous, répondit le souverain sur un ton légèrement suspicieux.
- Un seigneur affilié à mon ordre a rapporté une nouvelle attaque d’orcs. Cela ne peut plus durer. Il faut faire quelque chose.
- J’ai déjà envoyé des espions à Bélorith. Nous saurons bientôt le fin mot de cette histoire.
- Non ! s’exclama le Haut Prêtre. Pas Fornor. C’est Nethrim qui est derrière toute cette affaire.
- Mais pourquoi soutenez-vous toujours cette idée ? Nethrim n’a rien à voir avec cela ! Quelles preuves avez-vous pour accuser Nethrim ?
- Je vous le dis, votre majesté. Vous devez m’écouter. Cette fois-ci, le temps presse. Les demandes des seigneurs locaux affluent pour que le Roi réagisse. Vous devez faire quelque chose.
- Ces demandes émanent toutes de seigneurs de votre Maison. Cela est étrange, ne trouvez-vous pas ?
- La majorité de ceux nous jurant allégeance ont leurs territoires implantés au nord du royaume. Justement près de la frontière de Nethrim !
- Au départ, les attaques venaient du nord-est, et les seigneurs en question ne se privaient pas pour le crier haut et fort. Depuis quelques temps, toutes les plaintes passent par le manoir d’Elgath avant de parvenir à mes oreilles…
- Ces propos suspicieux ne nous mèneront à rien.
- Alors que proposez-vous ?
Nevrast mit un frein à la vive conversation en y insérant un long silence, puis il reprit sur un ton calme :
- Vous savez ce qu’il reste à faire. Notre armée est prête à riposter… Vous devez déclarer la guerre à Nethrim.
Le souverain plissa les yeux et adressa au Haut Prêtre un regard empli de haine.
- Notre Armée ? Monseigneur Nevrast, sachez que je reste encore le souverain de ce royaume et que cette armée est sous mon seul et unique commandement. Jamais nous n’entrerons en guerre contre qui que ce soit sans une bonne raison.
Nevrast afficha un sourire inquiétant.
- Pourquoi donc ? Auriez-vous peur d’eux, votre majesté ? Vous oubliez quelle puissance vous avez en votre possession grâce à nous… Et je vous rappelle également qu’au moins un tiers de votre armée est entraînée en ce moment même sous l’égide de l’Ordre des Prêtres…
Helseth, jusqu’à présent silencieux, prit la parole :
- Un autre tiers est cependant sous celle de la Maison des Guerriers… Comment pensez-vous que maître Fëanor réagirait face à une telle décision ?
Nevrast tourna la tête dans sa direction. Son visage affichait un mépris total envers le jeune conseiller du Roi. Il daigna tout de même lui répondre, du bout des lèvres :
- J’espère pour lui qu’il saura reconnaître la voie de la sagesse…

][

Quelques jours plus tard, Fëanor, maître de l’Ordre des Guerriers, arrivait au château de Nelda, suivi de près par son héraut, Indoril, comte de Dren. Le convoi s’arrêta aux écuries royales.
- Bien… ponctua l’elfe. J’espère que ce voyage en aura valu la peine…
- Une convocation officielle du Roi… Je pense que nous allons enfin être fixés sur le déroulement des évènements à venir…
- Oui… j’ai d’ailleurs un assez mauvais pressentiment…
Fëanor continua sur un ton plus détaché.
- Enfin… Nous sommes là pour quelques jours, autant profiter de cette visite à la capitale. Je vais découvrir mes appartements... Je suppose que tu as quelqu’un à retrouver, n’est-ce pas… ?
Indoril baissa les yeux en réprimant un sourire.
- Vas-y… Notre audience auprès du Roi aura lieu dans deux heures…

Le guerrier sortit du bâtiment et s’engagea sur le sentier du parc au nord du château. Après quelques enjambées, il s’arrêta cependant brusquement. Là, devant lui, se tenait…
- Helseth…
Celui-ci était immobile, la bouche mi-ouverte. L’étonnement passé, le conseiller du Roi se précipita vers lui et l’enlaça. Les deux amants restèrent ainsi un long moment, au mépris de quelques regards inquisiteurs. Puis Helseth recula sa tête afin de pouvoir regarder le guerrier dans les yeux. Ils se scrutèrent ainsi en silence pendant plusieurs secondes. Le mage repensa à la dernière fois qu’ils s’étaient vus alors qu’Indoril repartait chez lui. Là encore, les mots étaient superflus. Il n’avait pas besoin de lui demander s’il lui avait manqué : les yeux bruns humides qu’il fixait le lui disaient déjà clairement. De même, il était inutile de lui demander s’il comptait rester longtemps : il lui suffisait d’interpréter le léger plissement qu’il voyait sur le coin des lèvres comme l’expression d’une tristesse latente qui venait tempérer ce moment de joie. Son propre visage devait sans doute exprimer les mêmes sentiments en cet instant. Car Helseth savait pourquoi Indoril était ici : c’était lui-même qui avait rédigé la convocation officielle adressée au Maître de l’Ordre des Guerriers, sans toutefois en préciser la cause…
- Viens, dit soudainement Helseth. On pourra discuter dans ma chambre.

Indoril suivit le jeune mage jusqu’au château. Ils marchaient tous les deux côte à côte, à une allure très vive. Leur distance, extrêmement réduite, les faisaient de temps en temps se frôler, au point que leur démarche allait jusqu’à apparaître quelque peu suspecte pour de nombreux courtisans qu’ils croisaient. Ils sortirent du parc, traversèrent le parvis en contournant la grande fontaine, pénétrèrent dans le château… Indoril sentait la tension monter en lui. Il avait totalement oublié les questions qui l’avaient tracassé pendant les deux jours de voyage : jusqu’à quel point la situation politique avait pu dégénérer, quelle allait être la décision du Roi concernant les attaques d’orcs… Rien de tout cela ne comptait à présent. Il tourna une fois de plus les yeux en direction du jeune mage, et se contenta simplement de… le suivre. Encore des couloirs, des escaliers… Le chemin était long pour parvenir au deuxième étage de l’aile gauche du château. Enfin, ils arrivèrent devant la porte de la chambre du conseiller du Roi. Helseth sortit fébrilement une clé de sa poche. Il allait libérer le petit loquet, ultime obstacle se dressant encore sur leur route, mais l’artefact de leur délivrance lui échappa des mains et tomba par terre.
- Mince ! Attends…
Indoril ferma les yeux et se mordit la lèvre inférieure. Son cœur qui battait à tout rompre, sa respiration très rapide ainsi que l’important relief à son entrejambe trahissaient son état d’esprit agité. Il sentit finalement Helseth, qui était enfin parvenu à ouvrir la porte, lui saisir le poignet et lui tirer le bras de manière plutôt vigoureuse pour le faire entrer dans la pièce.

Indoril le suivit et referma la porte derrière lui sans détacher son regard des yeux de son amant qui s’était retourné pour lui faire face. Il vint ensuite près de lui et le prit dans ses bras. Les robustes mains du maître guerrier surent tout de même se montrer tendres alors qu’elles parcouraient en long et en large ce corps qui leur avait tant manqué. Helseth réussit à leur faire lâcher prise un court moment, le temps de faire ôter à son amant son léger manteau de cuir qui tomba sur le sol. Puis il entreprit de lui déboutonner sa chemise qui laissait en grande partie deviner les impressionnants pectoraux qu’elle tentait de cacher Les mains reprenaient leurs assauts, s’occupant notamment de l’intérieur des cuisses du mage, ainsi que de ses fesses. Leurs gestes se firent ensuite plus techniques, et le bas de l’habillement d’Helseth glissa le long de ses jambes. Le frustrant travail de déshabillage se termina pour les deux, et Indoril entraîna avec lui son ami dans une chute qui les firent tous deux se retrouver sur le lit. Ils s’échangèrent ensuite quelques mots, non par l’intermédiaire de leur voix mais selon leur moyen de communication privilégié. Puis les yeux expressifs d’Indoril se fermèrent alors que son visage s’approchait de celui de son autre, et que leurs langues commencèrent leur ballet de caresses.

][

Un frôlement sur sa joue…

Indoril ouvrit les yeux sur le sourire de son amant.
- Hé… tu t’es endormi.
- Désolé… le voyage a été long.
- Ah ? C’est le voyage ? le taquina Helseth d’un sourire espiègle.
Pour toute réponse, Indoril se tourna sur le côté et passa un bras autour du mage, le ramena de force vers lui et déposa un solide baiser sur sa joue.
- J’espère que j’ai pas dormi trop longtemps… quelle heure est-il ?
- Fëanor devra se présenter au Roi dans une demi-heure…
- Bon… J’ai intérêt à vite me préparer.
Indoril rassembla ses vêtements et s’habilla sous l’oeil du conseiller du roi, dont l’esprit n’était cependant plus aux jeux de l’amour et de la volupté.
- Indoril… Avant que tu partes, je dois te dire pourquoi vous êtes ici, tous les deux…
De nouveau présentable, Indoril s’assit sur le lit et constata réellement le changement de mine de son compagnon.
- Je t’écoute… acquiesça-t-il, prêt à entendre la vérité sur laquelle il avait spéculé tout le long du voyage depuis ses terres.
- Le Roi va entrer en guerre contre le royaume de Nethrim. Il va donc demander à l’Ordre des Guerriers de mettre l’armée que vous avez préparée à sa disposition, et d’amener vos hommes vers les frontières de Nethrim, pour préparer une attaque.
Indoril hocha la tête.
- Et bien… Les choses s’accélèrent en effet… Alors finalement c’est bien de Nethrim que provenaient ces attaques ?
Helseth secoua négativement la tête.
- Le Roi a envoyé des agents à Bélorith. Ils sont revenus hier soir, et j’ai pu m’entretenir avec l’un d’eux… Les orcs proviennent bien de là bas, Nethrim n’y est pour rien.
Indoril haussa les sourcils.
- Alors… pourquoi le Roi… ?
- Ce sont les prêtres, évidemment. Il y a quelques jours, Nevrast a ordonné au Roi de déclarer la guerre à Nethrim, et bien sûr, notre grand souverain a fini par plier… souffla le conseiller d’un ton amer.
- Mais qu’est-ce que les prêtres peuvent donc bien vouloir à Nethrim ? s’exclama Indoril.
- Je n’en ai absolument aucune idée…
Helseth marqua une pause avant d’ajouter :
- Et ce n’est pas tout… Les espions m’ont dit que le Roi Odressa avait vendu une partie de ses orcs. Ce n’est donc pas réellement Fornor qui serait à l’origine des attaques… Et il n’y a aucune raison que Nethrim ait quoi que ce soit à voir avec ceci. Donc…
- …donc les attaques d’orcs seraient commandées par des gens de Neldor ?
Indoril était au comble de la stupeur.
- Vraisemblablement, oui… Et je suis persuadé que c’est l’Ordre des Prêtres qui est derrière tout ça. Depuis le début, ils ont orchestré toute l’affaire. Reste à savoir quel intérêt ils auraient à ce que Neldor mène une guerre contre Nethrim…
Indoril s’accorda un temps pour assimiler toutes ces informations, puis se leva soudainement.
- Je vais tout de suite en parler à Fëanor. On se retrouve tout à l’heure à la salle du trône.

][

Le Maître de l’Ordre des Guerriers faisait face à la grande porte derrière laquelle allait se tenir l’ultime conseil, accompagné de son héraut. Tous deux restaient silencieux ; les gardes ouvrirent chacun un des battants. Après s’être fait annoncé, Fëanor, dont la silhouette était enveloppée d’une longue cape de tissus fin, serrée autour de son corps, attachée devant sa poitrine et qui lui couvrait entièrement les bras, marcha jusqu’au trône, suivi d’Indoril qui restait à deux pas derrière lui, décalé d’un pas vers la gauche afin que le Roi puisse les voir tous les deux tout en mettant en évidence leur rang hiérarchique. Ils s’arrêtèrent à une dizaine de mètres du souverain et posèrent un genou à terre afin de marquer leur respect. L’étiquette observée, Neldoreth leur commanda de s’asseoir.
- Les trois Grands Ordres du royaume de Neldor sont ainsi réunis, déclara-t-il.

Le conseil avait été organisé en comité restreint : seuls les cinq invités étaient présents. L’accès à la salle du trône avait été interdit pour l’occasion à tous les courtisans habituels. Deux sièges avaient été prévus pour les représentants des guerriers, sur le côté du grand tapis rouge richement brodé, à la gauche du Roi. Fëanor s’installa au plus près du souverain, faisant ainsi directement face à Nevrast. Indoril, quant à lui, était dans la droite ligne de Haleth, lui-même situé à gauche de maître Elgath. Le conseiller du Roi occupait sa place dans un siège situé sur la première marche de l’estrade du trône royal. À la droite du Roi, il avait face à lui les trois Hauts Prêtres. Indoril ne pouvait s’empêcher de penser que la disposition même de chaque personne présente les mettait d’entrée de jeu, lui et son maître, en opposition avec le reste de l’assemblée. Il remarqua également le regard presque moqueur que Nevrast adressait à Fëanor. Le Roi prit solennellement la parole.

- Les attaques continuelles à l’encontre de vassaux de la couronne doivent cesser. C’est pourquoi il est aujourd’hui de notre devoir de riposter. Fëanor, Grand Maître de l’Ordre des Guerriers, je vous nomme officiellement Général d’Armée. Tous les hommes entraînés par votre ordre seront sous votre commandement.
Le Roi tourna ensuite la tête du côté des trois Hauts Prêtres.

- Le détachement sous la responsabilité de l’Ordre des Prêtres sera commandé par maître Meandros, actuellement à la forteresse de Bal Arkar. Quant à celui de l’Ordre des Mages, ce sera mon fils, le Prince Saldarion, qui le mènera au combat.
- Et qui sera notre ennemi ? questionna innocemment le maître guerrier.
- Le royaume de Nethrim. Sitôt rentré dans votre fief, vous dirigerez votre armée jusqu’à la frontière, près de la forêt d’Arval, où vous rejoindrez l’armée du Prince pour attaquer Leortis. Maître Meandros prendra la ville de Delinna, pendant que Maître Elgath rassemblera le reste de l’armée des prêtres entraînée aux environs de la capitale.
- Votre majesté, commença Fëanor d’une voix hésitante, votre plan de bataille me semble acceptable, mais, si je puis me permettre, puis-je demander la raison de ce conflit ?
- Fëanor, répliqua Nevrast, votre question est tout à fait mal placée. Vous savez très bien que le peuple a souffert par plusieurs fois des attaques lâches de Nethrim. Et quoi qu’il en soit, vous devez obéissance aux ordres de Sa Majesté en toutes circonstances.
- Fort bien, Haut Prêtre, répliqua le guerrier avec un regard perçant qui atteignit Nevrast droit dans les yeux. Mais j’aurais tout de même voulu avoir la certitude que ce soit effectivement de Sa Majesté elle-même que proviennent ces ordres.
Le Roi restait étrangement silencieux.
- Ces paroles sournoises sont inadmissibles ! s’exclama Elgath. Comment osez-vous ? Au sein même de la salle du trône !
- Je ne veux point paraître insultant. Et c’est cette fois du Roi que j’espère une réponse, rétorqua l’elfe avant de se tourner vers ce dernier. Votre Majesté. Pouvez vous me donner la raison de ce conflit ?
Indoril nota l’attitude très tendue du souverain depuis quelques instants. Son mutisme était étrange face à l’audace de plus en plus grande de Fëanor. Il remarqua également Helseth qui restait suspendu aux lèvres du maître guerrier, l’air plutôt inquiet.
- Et bien… Comme l’a dit le seigneur Nevrast, les attaques proviennent de Nethrim. Nous ne pouvons pas laisser cela impuni.
- C’est faux ! opposa Fëanor en haussant subitement le ton. Et vous le savez très bien ! Les orcs viennent de Bélorith !
- Vous allez trop loin, Fëanor. Attention à vous… avertit le Roi, sur le ton de conseil beaucoup plus que sur celui de la menace.
Indoril n’imaginait pas que son maître allait choisir la confrontation de manière aussi directe. Cette fois-ci, impossible de revenir en arrière. Elgath se leva et pointa un doigt malveillant en direction du maître de l’Ordre des Guerriers.
- Taisez-vous !! s’écria-t-il. Cette fois-ci, votre insolence n’est plus tolérable !
- Bien sûr, ironisa Fëanor. Plus pour vous que pour le Roi, n’est-ce pas ? Je sais ce qui se passe ici. L’Ordre des Prêtres décide de tout. En premier lieu de cette guerre sans fondements. Ainsi que de l’achat de bien curieux soldats pour sa majesté…
- Gardes !!! hurla Elgath dont les yeux lançaient des éclairs.
Une porte du mur situé à la droite du trône royal s’ouvrit soudainement, laissant apparaître cinq hommes armés de bâtons en acier, très sobres, mais qui, à en juger par la flamme peinte sur la légère cuirasse de fer blanc de ces soldats d’élite, devait leur servir pour bien autre chose que leur utilisation contondante. La porte principale s’ouvrit également, laissant entrer les deux hallebardiers, le visage affolé. Fëanor se leva et se tourna vers le Roi après un rapide coup d’œil à Indoril. Celui-ci se leva également, prêt à réagir au quart de seconde.
- Neldoreth IV, je sais que vous êtes un excellent souverain. Sachez que je vous resterais toujours fidèle. Mais si j’acceptais aujourd’hui ce que l’on attend de moi, ce n’est pas à vous que j’obéirais, et certainement pas pour le bien du royaume.
Les cinq gardes s’étaient rapprochés jusqu’à dépasser les fauteuils des trois prêtres : celui, vide, d’Elgath, au comble de la fureur, celui de Nevrast qui restait calme et affichait une sorte d’étrange sourire, et celui de Haleth, qui n’avait pas prononcé un seul mot depuis le début de la réunion et qui en vérité ne semblait pas particulièrement intéressé par ce qui se passait autour de lui, pas même en ce moment, malgré la gravité des évènements. Les cinq soldats étaient maintenant sur le long tapis rouge et brandissaient leurs bâtons en direction de Fëanor et d’Indoril, prêts à déchaîner les puissances élémentaires.
- Je crains que de bien sombres heures ne débutent en cet instant pour le royaume de Neldor...
Fëanor ferma les yeux et leva un bras, l’autre restant caché par sa cape. Immédiatement, une épaisse nuée se forma dans la pièce. À peine deux secondes plus tard, la salle du trône était plongée dans des ténèbres absolues. Indoril sentit qu’on le saisissait pour l’attirer vers la sortie.
- Gardes !! Faites quelques choses !! vociféra Elgath. Vous ne les voyez donc pas ??
Alors qu’Indoril devait être proche de la porte principale, toujours guidé par Fëanor, il entendit un des hallebardiers suffoquer de manière assez préoccupante. Le malheureux finit d’ailleurs par s’écrouler par terre.
- Mais non !!! Pas lui, imbéciles !!!
La sphère de l’air ? Celle de la mort ? Indoril n’en avait que faire. Où étaient les soldats ? Allaient-ils retenter autre chose ? Soudain, ses yeux furent agressés par une forte luminosité. Les deux guerriers avaient apparemment quittés la salle du trône et étaient maintenant dans le couloir. Indoril se retourna. Il eut l’impression de voir l’entrée d’un portail magique donnant sur le néant, tant la frontière était nette entre l’étrange fumée noire et la lumière de là où il se trouvait.
- Ils sont partis !! Rattrapez-les !! hurla le colérique Haut Prêtre de la salle du trône où semblait régner la confusion le plus totale.
- Que fait-on, maintenant ? s’enquit Indoril, légèrement inquiet.
- Trouvons un endroit où nous cacher. Nous aviserons après.
Ils coururent encore, croisant quelques courtisans qu’ils laissèrent perplexes et quelques gardes qui, entendant les lointains rugissements désespérés, jugèrent bon de les poursuivre, eux aussi.

][

Le sort de l’ombre lancé par Fëanor se dissipait lentement dans la salle du trône. Helseth constata que les soldats d’élite, ainsi que l’un des hallebardiers n’étaient plus là ; Elgath, loin dans le couloir, disparut à un angle. Ne restaient plus que le Roi, debout au milieu de la pièce, Nevrast et Haleth, toujours assis dans leurs sièges, le garde allongé par terre, inconscient, et Helseth lui-même qui, dans la confusion, avait préféré ne pas bouger. Le Roi adressa à son conseiller un regard désemparé. Puis il secoua la tête en signe d’impuissance et quitta les lieux. Nevrast se tourna en direction d’Helseth.
- On dirait bien que les choses se précipitent, n’est-ce pas… ? conclut-il sur un ton satisfait qui ne plaisait pas du tout au mage.
Puis lui aussi se leva et quitta la pièce. Il fut imité quelques instants plus tard par Haleth qui, au contraire des autres, ne montra pas la moindre attention envers le jeune conseiller.

Helseth resta seul encore un moment, assis à la droite du trône vide, pour réfléchir aux implications de tous ces évènements. Le fragile équilibre qui régnait entre les trois ordres n’était désormais plus. Le Roi était devenu l’esclave des prêtres, et Fëanor, officiellement déchu, avait plongé le discrédit sur toute sa Maison. La guerre contre Nethrim ? Le conseiller était d’avis que la guerre allait tout d’abord avoir lieu au sein même du royaume… L’Ordre des Mages asservi et celui des Guerriers détruit : voila quel devait être le dessein des prêtres. Helseth en était convaincu au vu de l’attitude méprisante que Nevrast avait toujours affiché vis-à-vis de l’elfe et de ce qu’il représentait. Si jamais, au grand désespoir d’Helseth, ces plans venaient à être couronnés de succès, qu’arriverait-il ensuite ? Les prêtres marcheraient sur Nethrim ? Et ensuite ? Et… pourquoi ?? Pourquoi tout ceci ? Deux noms frappèrent soudain son esprit.

Indoril… Qu’allait-il lui arriver ? Qu’allait-il leur arriver ? Les choses ne seraient plus les mêmes à présent : si le guerrier parvenait aujourd’hui à s’échapper de la capitale, il ne pourrait vraisemblablement plus jamais y revenir. Fëanor sera publiquement considéré comme un traître, et l’ennemi numéro un de ce qu’allait bientôt être le « nouveau royaume de Neldor », royaume de l’Ordre des Prêtres… Indoril, en tant que son héraut, allait évidemment voir sa tête mise à prix. Pourraient-ils un jour se revoir ? Et surtout… dans quelles conditions ? Lui qui se plaignait de la distance physique qui les séparait… Des obstacles autrement plus importants allaient maintenant se dresser entre eux. La gorge du mage se noua, mais son visage prit un air dur et déterminé. Quoi qu’il advienne, Helseth aimerait toujours Indoril. Le guerrier était l’amour de sa vie, il en était certain.

Haleth… Qu’avait-il à voir dans cette histoire ? Car il était à l’évidence, parmi les trois Hauts Prêtes de la capitale, celui qui s’intéressait le moins à la politique, au recrutement, et aux affaires courantes de son ordre. Il ne manquait cependant jamais d’appuyer ses confrères lors des réunions officielles. Une phrase se fit rappeler à la mémoire du mage : « l’Ordre des Prêtres ? Tout ceci n’est que de la politique… Moi je te parle de pouvoir… ». L’attitude du géant à la voix rauque et aux phrases lancinantes était décidément bien ambiguë. Le pouvoir... Plus Helseth y pensait, plus la recherche de pouvoir lui semblait nécessaire, au milieu de toutes ces incertitudes et des temps violents qui se préparaient. Helseth savait qu’il en possédait déjà beaucoup, mais, comme le lui avait montré son futur mentor (cela, il l’espérait toujours) il était encore trop limité. Helseth se leva et monta deux marches supplémentaires de l’estrade menant au trône, jusqu’à atteindre le niveau du présentoir. Celui-ci était fait d’un riche bois, sans doute de l’acajou à en juger par la couleur brun clair. Et ce qu’il présentait…

Le Bâton Écarlate était l’objet magique de plus grande valeur de tout le royaume. Il comptait presque deux siècles et avait été créé par celle considérée comme la plus grande enchanteresse de tous les temps : la magicienne elfe Jaërune, qui l’avait ensuite offert à Neldoreth Ier, l’ancêtre de l’actuel souverain qui était parvenu à unifier le royaume. Il se transmettait depuis à chaque nouvelle génération royale. Le précieux objet avait été taillé à partir d’une branche de genévrier. Une torsade gravée sur le bois le parcourait sur toute sa longueur, en forme de spirale serrée. Le tout était laqué de rouge. Sur l’extrémité haute, la forme très particulière du branchage d’origine avait été conservée. Le bois réalisait une figure assez étrange, se retournant sur lui-même pour réaliser plusieurs boucles compliquées. Au milieu de cet entrelacement avait été inséré un énorme rubis, symbole de choix pour la magie du feu. Le prochain héritier allait vraisemblablement être le Prince Saldarion, mais ses études ne le portaient que peu sur la sphère incandescente. Lui préférait l’air. Helseth l’avait toujours trouvé stupide, et l’idée même de voir la précieuse relique remise aux mains de cet individu lorsque celui-ci accèderait au trône et à la direction de l’Ordre des Mages le faisait grincer des dents. Helseth était fasciné par le bâton de mage du Roi, et avouait s’en être beaucoup inspiré pour faire le sien. Lorsqu’il entrait dans la salle du trône, ses yeux ne cherchaient pas le souverain, ni même qui était présent dans la salle. Ses yeux se portaient toujours de manière instinctive, quand bien même n’était-ce que pour une seconde à peine, sur l’objet de pouvoir.

Le mage du feu approcha sa main de l’instrument de victoire de Neldoreth Ier. L’objet catalysait tellement les énergies environnantes et se mettait en relation avec lui avec une telle facilité que, même éloigné d’une dizaine de centimètres, Helseth avait la vague sensation que son esprit se répandait autour de lui, au delà de sa frontière charnelle… comme s’il pouvait plier à sa volonté, en plus de son propre corps, son environnement proche. Les sphères… En cet instant, il pouvait ressentir nettement chacune de celles qu’il connaissait, séparément des autres. Particulièrement celle du feu, qu’il avait le plus l’habitude de manier. Helseth se tenait à dix centimètres de la puissance absolue. Il repensa une nouvelle fois à Haleth… La magie mystique pouvait-elle réellement être plus puissante que cela ?

Helseth retira sa main, se retourna et se dirigea vers la grande porte. Alors qu’Elgath appelait la garde du Roi, qui réagissait maintenant aussi vite aux ordres des prêtres qu’à ceux du souverain, il n’avait pensé qu’à une chose. Fuir avec eux. Abandonner sa fonction, son Roi, sa vie derrière lui, et fuir avec les deux guerriers. Fuir avec Indoril… avec celui qu’il aimait. Mais il s’était alors ressaisit. Cela n’aurait mené à rien. Helseth savait qu’il devait rester ici, dans la capitale, au plus proche de l’Ordre des Prêtres. Peut-être aurait-il la possibilité de les influencer d’une quelconque manière ? Oui, il serait beaucoup plus efficace ici, à son poste de conseiller du Roi qui ne voulait aujourd’hui plus rien dire mais qui assurait tout de même une bonne protection. Ici, il était dans l’œil du cyclone. Le mage dut cependant se résoudre à considérer qu’un autre argument avait également pesé dans la balance : ici, il pourrait apprendre la magie mystique et développer son mystérieux potentiel auprès de Haleth. Il n’y avait rien d’égoïste à cette pensée : le moment venu, il sera alors devenu un allié de poids pour mettre à bas l’Ordre des Prêtres, grâce aux enseignements de l’un d’eux.

Oui… du pouvoir, il allait lui en falloir beaucoup. Il avait senti vibrer la sphère de l’air tout à l’heure, alors que le soldat d’élite pensait étouffer l’un des deux guerriers. Pas pendant très longtemps cependant. Helseth enjamba le corps du garde de la salle du trône, qui avait sans doute reçu une formation protocolaire bien plus que magique ou guerrière. Les maigres compétences qu’il possédait en magie de la vie n’allant pas jusqu’à ressusciter les morts, ce qui de toute manière était impossible, il continua simplement sa marche sans se retourner. Le hallebardier avait été la première victime, elle ne serait certainement pas la dernière…


Dernière édition par Shotoku le 23 Mai 2006 01:09, édité 2 fois.

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MessagePosté: 22 Avr 2006 18:13 
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Localisation: ♫ J'ai longtemps cherché un paradis sur Terre... ♫
C'est de plus en plus passionnant !! Tu écris vraiment très bien.

:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 08 Juin 2006 15:37 
Mon cher Samurai, je viens de terminer la lecture d'un bout à l'autre...

Bon, alors première remarque: je VEUX j'EXIGE la suite!

Deuxième remarque: COMMENT AS-TU OSE???????
*conseille à smon samurai d'amour de numéroter ses abattis* :twisted:

Review plus en détail sur msn^^


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MessagePosté: 08 Juin 2006 20:16 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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Localisation: Dans les bras de mon Shannon!! Sur la planète Mars!
surprise, j'ai eu la surprise de voir la suite*très contente*
alors là, j'adore, tout d'un style parfait comme dans les livres fantastiques que je lis, j'ai vraiment l'impression dans lire un.
pense-y!!!! Shotoku dans la literature why not ???

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MessagePosté: 08 Juin 2006 22:40 
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Le slash, kesako ?
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Localisation: En train de courir après Severus
Alala, j'avais les yeux grands ouverts au moment ou Nevrast (tu pouvais pas trouver un nom plus méphitique :P) appelle les gardes, mais au final...pas de confrontation ^^". J'aime beaucoup la tournure que ça prend en tout cas, vivement la suite ;) !

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MessagePosté: 08 Juin 2006 23:14 
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Slash ou non, telle est la question...
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Localisation: sur mon blog ^^
rooo... ttes ces reviews ^^ mercimerci :D

Citation:
COMMENT AS-TU OSE???????

ra la la... mais il est tout gentil landras ! tt le monde le déteste :( lol

bon... j'essayerais de me bouger pr poster la suite d'ici la fin de la semaine ^^

Citation:
Shotoku dans la literature why not ???

oooh... :oops: ce serait bien ^_^ mais bon... faudrait ke je me perfectionne un peu avant d'avoir de plus hautes visées ^^'


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MessagePosté: 09 Juin 2006 10:39 
Shotoku a écrit:
ra la la... mais il est tout gentil landras ! tt le monde le déteste :( lol

C'est surtout à Indoril que j'en veux !!!!

Shotoku a écrit:
oooh... :oops: ce serait bien ^_^ mais bon... faudrait ke je me perfectionne un peu avant d'avoir de plus hautes visées ^^'

Mais non! Dis pas ça enfin! Franchement quand tu te balade dans la fnac et que tu voie les débilités sans nom qui se font éditer, tu a laaaaaaaaaaaaaaaaargement de quoi pouvoir te faire éditer! Pis faut se lancer, de toute façon, t'as rien à perdre^^


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MessagePosté: 10 Juin 2006 14:33 
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Slash ou non, telle est la question...
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Localisation: sur mon blog ^^
Citation:
Franchement quand tu te balade dans la fnac et que tu voie les débilités sans nom qui se font éditer, tu a laaaaaaaaaaaaaaaaargement de quoi pouvoir te faire éditer! Pis faut se lancer, de toute façon, t'as rien à perdre^^

de toute manière, il faudrait déjà que j'arrive à mener le projet jusqu'au bout, et c'est pas encore gagné... et comme je me lasse assez vite en général.... ^^''


Donc voici la suite de l'histoire.... ^^
___________________________________________
fin du chapitre 3
Helseth avait croisé les cinq soldats de la garde rapprochée du Roi. Leur mine dépitée diminua de peu la grande inquiétude qu’il éprouvait depuis la fin des évènements de la salle du trône. Où Indoril et Fëanor pouvaient-ils bien être ? Avaient-ils pu sortir du château ? Avaient-ils rencontrés d’autres gardes ? Bien peu pourraient résister à Fëanor, expert en techniques martiales et maître de la sphère de l’ombre, ni même à Indoril qui, s’il n’y connaissait rien en magie, n’en demeurait pas moins extrêmement efficace en situation dangereuse... Helseth fut soudain glacé d’effroi à la pensée d’un horrible carnage dans l’enceinte même du domaine royal.
Arrivé devant la porte de ses appartements, il plongea une main dans sa poche et en sortit la clé.
- Helseth !
Le conseiller du roi se retourna, surpris. Ses yeux cherchèrent dans toutes les directions, mais il ne vit personne. Cette voix…
- … Indoril ? C’est toi ? Où es-tu ?
Helseth entendit de nouveau la voix chuchoter :
- C’est fini, Fëanor… Il est arrivé.
C’est alors que deux silhouettes se dévoilèrent. Transparentes, elles devenaient de plus en plus matérielles au fur et à mesure que le sort d’ombre se dissipait. Il s’agissait d’Indoril, qui soutenait Fëanor dans ses bras. Ce dernier semblait dans un état de semi conscience.
- Ah… Enfin… souffla-t-il.
Ses yeux étaient fermés et les grosses gouttes de sueur sur son front témoignaient de l’intense effort de concentration qu’il avait accompli pour maintenir le sort. Malgré son état d’exténuation, il semblait qu’il ait eu pendant tout ce temps sa main crispée sur une épée courte cachée dans sa cape.
- Après avoir semé les gardes, Fëanor nous a rendu invisibles tous les deux, expliqua Indoril. On t’a attendu pendant longtemps, cela a du beaucoup l’épuiser… poursuivit-il en tournant la tête du côté de Fëanor.
Le maître de l’Ordre des Guerriers, qui semblait plus ou moins somnoler, lâcha soudain son épée qui tomba avec fracas sur le sol de pierre. Lui-même se serait alors écroulé si Indoril ne l’avait pas soutenu.
- Étendons-le sur le lit, proposa Helseth. Attends, je vais t’aider…

Une minute plus tard, alors que le maître guerrier récupérait d’un sommeil réparateur, les deux amants réfléchissaient à la suite des évènements.
- Alors… Comment comptez-vous vous y prendre ? demanda Helseth en se grattant la nuque.
- On doit trouver un moyen de sortir du château. Nous ne pouvons pas rester indéfiniment dans cette chambre…
- Mais les gardes sont partout... Et même arrivés au dehors, vous ne pourrez jamais passer les murs de la ville…
Helseth marqua une pause de réflexion, puis déclara.
- Bon… Il y a peut-être une solution. Reste ici avec Fëanor, je vais aller en ville voir ce que je peux faire.

][

Une heure plus tard, Indoril, assis sur une chaise à côté de Fëanor encore allongé mais qui avait repris conscience, vit revenir le conseiller du Roi.
- Je suis allé dans le vieux quartier voir quelques amis. Dans environ une demi-heure, quelqu’un attendra devant le portail du parc avec deux chevaux. Si vous parvenez à sortir du château, vous pourrez galoper jusqu’à la sortie de la ville.
- Vous fréquentez ce genre d’endroits ? s’étonna Fëanor en se redressant pour s’asseoir sur le lit.
- J’y ai quelques contacts, en effet, acquiesça Helseth en souriant. Puis son visage redevint inquiet alors qu’il poursuivait :
- Il vaudrait mieux ne pas trop faire attendre notre contact… Ce genre de convoi stationné juste devant les grilles risque de vite attirer l’attention, d’autant plus que tous les gardes sont sur le qui-vive… Il y a environ cinq minutes d’ici jusqu’à l’entrée du parc. Mais si vous voulez éviter toutes les patrouilles qui déambulent dans les couloirs, il vous faudra plus de temps.
Helseth observa Fëanor. Il avait l’air plutôt bien rétabli, compte tenu du fait qu’il s’était tout de même évanoui d’épuisement tout à l’heure.
- Fëanor, vous pensez pouvoir de nouveau lancer ce sort d’invisibilité, au moins pour quelques minutes ?
Le maître guerrier haussa les sourcils en hochant la tête
- Mmm… Pour tout dire, je ne pense pas pouvoir le maintenir bien longtemps avant de m’écrouler à nouveau…
- On pourrait essayer de passer en force… suggéra Indoril.
- Oui… courir tête baissée dans les couloirs du château en tuant quiconque vous barrant le passage pourrait être une solution, mais je préfèrerais tout de même éviter cela… rétorqua le mage sur un ton sec.
Une question surgit soudain dans son esprit.
- Votre épée est enchantée, n’est-ce pas ? demanda-t-il à Fëanor.
- Oui… mais l’enchantement n’est pas très puissant. Si j’avais su à quoi m’attendre, je me serais mieux équipé avant de partir… remarqua le guerrier d’une voix amère.
- Pourrais-je l’examiner ?
Fëanor lui tendit son arme. Helseth saisit la poignée de la main droite et passa son autre main sur toute la longueur de la lame à plusieurs reprises.
- Effectivement, conclu-t-il. Je ne connais pas beaucoup la sphère de l’ombre, mais je suppose que lancer un sort d’invisibilité ne doit pas être très commode avec ceci…
Helseth posa l’épée sur la table de chevet et traversa la pièce pour prendre son bâton de mage du feu accroché à un présentoir sur le mur. Il le proposa à Fëanor.
- Tenez. Je peux vous le prêter le temps de votre évasion. Avec ceci, maintenir le sort devrait vous demander beaucoup moins d’effort…
- Mais comment feras-tu pour le récupérer ? demanda Indoril.
- Je vous suivrais, et Fëanor me le rendra une fois arrivé aux grilles…
- Les gardes verront que tu es avec nous…
- Dans le parc, avant le portail, on trouvera sans doute un moyen de se cacher…
Helseth soupira et poursuivit :
- Je sais que toute cette entreprise est extrêmement risquée, mais c’est la seule solution que nous ayons…
Les deux guerriers restèrent silencieux.
- Bien… conclut Helseth. Nous devons partir maintenant, il ne reste plus beaucoup de temps…
Fëanor se leva, rengaina son épée dans le fourreau caché par sa grande cape et saisit le bâton rouge gravé de symboles obscurs.
- Je suis prêt, déclara-t-il.

][

Helseth ouvrit la porte de sa chambre et fit quelques pas dans le couloir.
- Personne… vous pouvez sortir… signala-t-il à voix basse.
Les deux guerriers le suivirent à leur tour. Les trois compagnons traversèrent le couloir sans difficulté jusqu’à arriver à l’escalier qui menait au rez-de-chaussée. C’est alors qu’ils entendirent un bruit de pas monter dans leur direction. L’escalier était étroit et en colimaçon, si bien qu’il était difficile de prévoir le moment exact de la rencontre. Helseth se retourna et adressa à Fëanor un regard entendu. Celui-ci saisit le bras d’Indoril puis ils s’évaporèrent tous les deux sous le regard du mage. Helseth descendit nonchalamment quelques marches supplémentaires jusqu’à arriver face au mystérieux individu. Il s’agissait d’un garde du château qu’il connaissait bien.
- Monseigneur Helseth… dit celui-ci avec une courbette de politesse.
- Bonjour, Irmir. Toi aussi, tu es à la recherche des fugitifs ?
- Bien sûr. Maître Elgath a ordonné à tous les gardes du château de fouiller le moindre recoin. Il a même donné des ordres aux officiers chargés des gardes de la ville. Maître Fëanor et le seigneur Indoril auront du mal à sortir de Nelda sans se faire repérer…
Helseth hocha la tête, son visage arborant une expression qui se voulait plus ou moins détachée, mais qui, en vérité, trahissait plutôt un sentiment de gêne. Le garde reprit sur le ton de la confidence :
- Tu sais… Hum… Maître Elgath a aussi mentionné ton nom… Tu connais personnellement Indoril, et… Elgath a dit que tu pourrais essayer de venir en aide aux traîtres. Hum… ce sont ses mots en tout cas, précisa-t-il. Je te conseille de faire attention, tout le monde aura l’œil sur toi…
- Oui… Je m’en doutais. Merci de m’avoir prévenu.

Le garde et le conseiller se séparèrent. Helseth descendit quelques marches, puis s’arrêta et se retourna. Irmir s’était arrêté également, une seconde avant lui.
- Tu… tu as entendu ? demanda ce dernier d’une voix inquiète.
- Quoi donc ?
- Un bruit… un frôlement… comme si quelqu’un passait, tout près de moi…
- Je n’ai rien entendu… affirma Helseth alors que son cœur s’accélérait dans sa poitrine.
Il observa le visage du garde, à l’affût du moindre signe. Les yeux plissés, celui-ci scrutait les alentours, jusqu’à ce que son regard se pose sur le visage du mage. Il le fixa ainsi longuement. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Helseth hésitait entre soutenir encore quelques instants le regard perçant de celui qui semblait avoir tout découvert, et s’enfuir en dévalant les escaliers. Irmir finit par déclarer simplement :
- … moi non plus.
Le mage ne savait pas vraiment comment interpréter le ton sur lequel venaient d’être prononcés ces mots. Il hocha la tête et se retourna pour prendre congé. La voix d’Irmir le rattrapa cependant.
- Helseth !
Celui-ci s’immobilisa. Le garde poursuivit :
- Tu sais… l’une des premières choses que l’on apprend quand on est garde, c’est qu’aucun service n’est gratuit…
Dos à Irmir, Helseth acquiesça en silence, puis se remit en route.

Après avoir descendu une dizaine de marches, il rencontra Indoril et Fëanor, visibles, qui l’avaient attendu. Helseth prit les devants face au visage inquiet d’Indoril :
- Ne vous inquiétez pas, il ne dira rien à personne…
La préoccupation d’Helseth se portait d’avantage sur le maître de l’Ordre des Guerriers, qui ne semblait pas être actuellement au meilleur de sa forme…
- Vous… vous allez bien ? demanda-t-il à Fëanor qui chancelait sur place, gardant les yeux fixés sur le sol en attendant la suite des évènements.
- Mmm... Je dois dire que je n’ai jamais autant utilisé de magie qu’aujourd’hui… Je ne suis pas un mage, moi ! Je suis un guerrier ! s’exclama-t-il avec un sourire qui s’avérait bien insuffisant pour rassurer ses compagnons.

Helseth évalua rapidement la situation. Les escaliers aboutissaient au rez-de-chaussée. Il fallait ensuite suivre un long couloir jusqu’à arriver à la grande porte qui donnait sur le parvis du château, et enfin, descendre un des deux escaliers partant de la fontaine du parvis et arrivant au portail. Si Fëanor ne pouvait plus recourir au sort d’invisibilité, ou pire, qu’il s’évanouissait en pleine course sous le poids de l’effort que ce sort requérait, les chances d’évasion des deux membres de l’Ordre des Guerriers seraient sérieusement compromises… Et pourtant, il n’était plus question de faire marche arrière.
- Restez ici, je vais vérifier que personne ne soit présent aux abords du hall pour vous voir...

Le conseiller du Roi laissa ses amis en bas des escaliers et examina les environs. Il avança d’une vingtaine de mètres jusqu’à arriver à l’entrée du château, somptueusement décorée de tableaux et de bannières arborant le symbole de l’Ordre des Mages. À sa gauche, l’extérieur. Deux gardes devaient se tenir non loin, mais ils ne pouvaient rien voir de ce qui se passait entre les murs. Face à lui, le couloir continuait jusqu’à rejoindre l’aile droite du bâtiment royal. À droite, le couloir qui pénétrait plus avant à l’intérieur de l’édifice. Helseth se retourna face à la direction d’où il venait et fit un petit signe de la main pour signifier que la voie était libre ; Fëanor et Indoril s’avancèrent pour le rejoindre. Le conseiller du Roi fut soudain surpris par une voix forte provenant du couloir à la salle du trône, alors même que les fugitifs étaient presque arrivés dans le hall.
- Helseth !

Celui-ci se retourna vivement. Il s’agissait d’Elgath, suivi de deux des gardes d’élite du Roi.
- Nous n’avons toujours pas retrouvé les deux traîtres… Ils doivent avoir quittés le château à l’heure qu’il est. Mais… Que faisiez-vous à l’instant ? demanda le Haut Prêtre en fronçant les sourcils.
- Euh… Mais rien Monseigneur… Je me rendais justement à la salle du trône pour avoir des renseignements concernant la suite de cette affaire…
- Mais pourquoi vous êtes vous retourné ?

Elgath s’avança et tourna la tête vers le couloir situé à sa gauche. Fëanor eut juste le temps d’enclencher le charme de dissimulation.
- Je… Mmm… Je pensais avoir oublié quelque chose dans mes appartements…
- Ah oui ? fit le Haut Prêtre d’un air suspicieux. Dites-moi… Les deux guerriers n’auraient-ils pas cherchés à vous contacter par hasard ? On dit qu’il sont vos amis… particulièrement cet… Indoril… d’après ce que j’ai cru comprendre.
- Non… Je n’ai aucune nouvelle d’eux.
- N’essayez pas de me mentir, jeune homme, votre duplicité serait bien vite découverte.
- Vous vous méprenez, Monseigneur, rétorqua Helseth en affichant un air qui se voulait refléter toute la bonne foi du monde.
- Mmm… bien entendu… murmura Elgath alors qu’il dévisageait Helseth pour déceler une éventuelle trace de malaise due à sa culpabilité. En tout cas, reprit le Haut Prêtre, que Fëanor ne compte pas trop sur ses pouvoirs d’illusion. Il peut réussir à tromper quelques novices, mais ce genre de petit tour ne saurait être efficace face à un expert en magie mystique…

Les battements de cœur du mage s’accélérèrent. Il espérait que les deux guerriers avaient profités du temps que durait cette discussion pour passer la porte sous l’influence du sort d’ombre, qui semblait se révéler plutôt efficace en dépit de l’avertissement qui venait d’être prononcé. Instinctivement, il voulut détourner les yeux vers la droite pour vérifier que les deux amis n’étaient pas restés dans le couloir. Cette vérification était pourtant bien inutile : dissimulés par le sort, Helseth n’aurait de toute manière rien pu voir, et dans le cas contraire, Elgath les aurait aperçus au premier coup d’œil. Mais le fait est que, irrésistiblement, le regard d’Helseth s’était écarté du visage malveillant d’Elgath pour se diriger dans une direction bien définie, avant de se raviser pour soutenir de nouveau la présence du Haut Prêtre. Celui-ci s’avança encore et scruta une nouvelle fois le couloir d’où les trois compagnon étaient arrivés.

- Ils sont par ici, n’est-ce pas ? dit-il avec un sourire sans même relever la voix à la fin de sa phrase pour marquer la question.

Les gardes du Roi prirent leurs bâtons d’acier des deux mains, prêts à réagir dans la seconde. Helseth ne dit mot, attendant la suite des évènements. Le regard d’Elgath se déporta vers la grande porte. Il s’écria soudain en pointant un doigt qui suivit sa pensée :
- Là bas !! Ils sont là !!! Ne les laissez pas s’échapper !!!

Les gardes d’élite coururent à l’extérieur. Ceux qui étaient postés en face de la porte se mobilisèrent également, sans toutefois savoir quoi faire. Indoril et Fëanor étaient en effet toujours dissimulés derrière l’illusion créée à partir de la manipulation de la sphère intangible. Elgath tendit alors ses deux mains en direction de la fontaine du parvis du château. Craignant le pire, Helseth s’élança au dehors et dépassa les gardes. Une intense lumière blanche éblouit toute l’assemblée, si bien qu’Helseth dut se couvrir les yeux. Lorsqu’il les rouvrit quelques secondes plus tard, son bien-aimé ainsi que le maître de l’Ordre des Guerriers étaient visibles, devant la fontaine, désemparés et stupéfaits, ne comprenant vraisemblablement pas ce qui venait de se produire. Elgath fit quelques pas, mais resta tout de même derrière les gardes.

- Inutile de faire appel à vos pathétiques compétences, Fëanor. Elles ne vous seront plus d’aucune utilité. Si tant est que vous le puissiez encore… Votre aura est tellement faible que l’on pourrait penser que vous êtes en effet réellement prêt à disparaître, remarqua le Haut Prêtre avec amusement alors que les deux gardes d’élite se rapprochaient, l’air menaçants.

Fëanor tira son épée et déclara de manière déterminée :
- Vous, prêtres, outrepassez l’autorité du Roi. En tant que l’un de ses derniers serviteurs, je ne peux tolérer ceci, et m’opposerais à vous à partir de maintenant. Vous avez quelques projets guerriers, me semble-t-il… Et bien soyez satisfaits. L’Ordre des Guerrier vous déclare officiellement la guerre.
- Est-ce donc la folie qui s’empare de votre esprit ? demanda Elgath sur un ton moqueur. Maître Fëanor, je crains fort que vous ne soyez pas dans la position idéale pour tenir ce genre de propos…

Il ordonna ensuite d’une voix sèche à son escorte :
- Allez-y.
L’un des gardes en armure blanche, le bâton d’acier déjà pointé sur l’ennemi, libéra une flèche de feu qui sembla partir directement de son arme. Helseth était à mi-chemin entre le garde et le maître guerrier, qui devait voir la flèche lui arriver de plein fouet… Elgath avait-il réellement ordonné aux gardes de tuer Fëanor ? Avec la volonté du désespoir, Helseth tendit sa main vers la flèche et poussa un cri. Mais il ne pouvait rien faire pour la dissiper : elle était trop rapide, trop loin, il n’avait pas son bâton… La sphère du feu ne pouvait pas l’aider. Était-ce donc la fin de Fëanor ? La fin de l’Ordre des Guerriers ? Non… Les prêtres ne pouvaient pas gagner. Pas maintenant, des le départ. L’espace du court instant pendant lequel la flèche, certes intangible mais d’une mortelle incandescence, suivait son parcours, Helseth éprouva une sensation étrange. Comme si sa conscience s’élargissait. Non pas comme s’il avait eu en main un quelconque objet magique pour catalyser son pouvoir sur les sphères… La sensation se situait au-delà. Elle était plus… spirituelle. Le mage avait l’impression de savoir les choses. Non, Fëanor n’allait pas mourir aujourd’hui. Il allait même pouvoir s’échapper de la ville. Helseth en avait la certitude absolue. Mais cette sensation correspondait-elle à la réalité, ou bien était-ce simplement le reflet de sa volonté ? Car avant de savoir cela, il le désirait encore plus certainement. Ou alors, se pourrait-il que ce soit justement parce qu’il le désire que cela allait effectivement arriver ?

Helseth fut soudain comme happé en dehors de toutes ces pensées. Il regarda autour de lui. Tout le monde avait les yeux rivés sur lui, l’air incrédule, y compris Fëanor, bien vivant et sans la moindre blessure. Elgath, en premier lieu, semblait particulièrement ébahi.
- Co… comment avez-vous… ? articula-t-il avec difficulté, sans toutefois parvenir à poursuivre sa question jusqu’au bout.

Helseth comprit alors ce qui venait de se passer, mais la situation était encore loin d’être résolue. Profitant de l’effet de surprise, il se précipita sur le maître guerrier et lui prit son bâton des mains. Il désigna une ligne imaginaire sur le sol, à trois mètres de lui, juste devant les gardes. Aussitôt, un mur de flammes en surgit, comme s’il venait de se créer une fissure ouvrant directement sur le monde infernal. Les flammes, très denses, dépassaient une hauteur d’homme au point que l’on ne pouvait que difficilement voir au travers.
- Venez !! cria le mage à ses deux compagnons. Cela ne les retiendra sans doute pas longtemps.

La troupe termina sa traversée du parvis et dévala l’escalier de gauche. Ils arrivèrent jusqu’à l’allée menant aux grilles qui séparaient le domaine royal du reste de la ville. De loin, Helseth reconnut alors Athris, qui avait vraisemblablement quelques démêlés avec trois gardes qui devaient se demander ce qu’il faisait là, à attendre devant le portail avec trois chevaux. Lorsque Helseth, Indoril et Fëanor arrivèrent à leur hauteur, les gardes se retournèrent dans leur direction. « Ce sont eux ! » cria l’un d’eux. Son visage, comme ceux de ses compagnons, affichait cependant plutôt une impression d’effarement qu’une réelle détermination à exécuter leurs ordres.
- Oui… Et si nous avons pu sortir du château en laissant maître Elgath derrière nous, ce n’est certainement pas vous qui allez pouvoir nous arrêter… déclara Indoril en brandissant son épée.

Les choses se déroulèrent très rapidement, si bien que les trois gardes, impressionnés par l’avertissement d’Indoril, n’eurent de plus pas vraiment le temps de réagir.
- Helseth ! Et bien… tu m’aura fait attendre, dis donc… remarqua le vieil homme. Alors comme ça, tu fréquentes le château ? constata-il en fronçant un sourcil.
- Je t’expliquerais plus tard, coupa le conseiller du Roi. On a intérêt à ne pas trop s’attarder ici… Moi y compris, d’ailleurs. Je ne pensais pas avoir à m’impliquer ouvertement dans votre évasion… Fëanor, je pense que vous devriez monter avec Indoril.

Elgath, rouge de colère, arriva à quelques dizaines de mètres du portail.
- Vous trois !! vociféra-t-il à l’attention des hommes d’armes. Ne les laissez pas partir !!

Les deux guerriers, le mage et son ami étaient pourtant en selle, et les gardes en question n’avaient plus grand-chose à faire que de courir derrière les chevaux qui, après s’être mis au trot, engageaient un grand galop le long de l’artère principale du quartier commerçant, avant de prendre une rue qui bifurquait vers la droite.

][

Une demi-heure plus tard, l’après-midi touchait à sa fin. Après quelques détours par les innombrables ruelles de la vieille ville pour brouiller les pistes, Helseth, Athris, Indoril et Fëanor arrivèrent à la place de Neldoreth Ier au bout de laquelle était la porte du même nom. Celle-ci était fermée, et, comme pouvait s’y attendre la petite équipe, la garde filtrait les entrées et sorties. Le groupe s’arrêta assez loin pour ne pas se faire repérer, et prit soin de rester caché par la grande statue équestre du souverain originel, chef-d’œuvre ornant le centre de la place.

- Et maintenant, comment vous comptez vous débrouiller ? demanda Athris dont la voix était emprunte de lassitude et même d’une certaine irritation.
- Je pense que nous pourrons passer le barrage sans problème, dit Fëanor avec un petit sourire sûr de lui.
- Ah oui ? Et comment ça ?
- Je maîtrise la sphère de l’ombre… Je peux donc créer toutes sortes d’illusions…
- Mmm... des mages en plus… grogna le vieil homme. Helseth, tu fréquentes vraiment de drôles d’oiseaux… Et pour les chevaux ? Ils ne sont pas à moi… Je suppose que vous ne pensez pas partir à pied…

Helseth s’avança vers Athris. Il cala son bâton sous un bras pour accéder plus facilement à une poche de son habit, en sortit une bourse et lui donna une partie de son contenu.
- Tu peux nous laisser, maintenant. Tu nous as vraiment aidé, merci beaucoup. On va garder deux chevaux. Tiens… avec ça, je pense que le propriétaire sera plutôt satisfait de la transaction…

Athris bougonna quelques mots dans sa barbe en prenant l’argent, puis fit demi-tour et s’en retourna dans la rue par où ils étaient arrivés et qui s’enfonçait dans les profondeurs du vieux quartier.

- Les chevaux sont fatigués, remarqua Indoril. Autant prendre quelques minutes de repos maintenant, avant de passer la porte. Si les choses tournent mal, il vaudrait mieux qu’ils aient regagnés quelques forces…

Les trois compagnons descendirent de leurs coursiers qu’ils attachèrent par les rênes à un lampadaire. Ils profitèrent eux-mêmes de cette pause pour s’étirer et se dégourdir les jambes, tout en méditant silencieusement sur les évènements qui venaient de se dérouler, ainsi qu’à ceux qui s’annonçaient. Indoril se rapprocha de son amant et captura son regard perdu dans le vague. Helseth fit l’effort d’un pâle sourire de circonstance que le guerrier lui rendit, bien que le sien se voulût réconfortant.
- Tu vas bien ?
Helseth émit un petit rire nerveux avant de répondre :
- Je viens tout de même de passer en bonne place dans la liste des ennemis du royaume… Toi et Fëanor allez retourner dans vos terres, organiser votre armée, mais moi… il ne me reste rien.

Indoril pensa soudain à tout le bien qu’ils pourraient tirer de cette situation.
- Tu peux nous suivre jusqu’à Dren… Tu pourrais même peut-être entrer dans l’Ordre des Guerriers, Fëanor te dois bien cela…
De plus, quitter la capitale par les temps qui couraient n’était sans doute pas une si mauvaise chose. Helseth rit de nouveau, mais cette fois-ci avec une colère sous-jacente plutôt marquée.
- Dans l’Ordre des Guerriers ?? Mais, Indoril, toute ma vie je me suis battu pour gravir les échelons de la Maison du Roi… Je suis devenu son conseiller… Il me fait presque plus confiance qu’à son propre fils !! Et là, je…
Helseth ne put finir sa phrase et se contenta de secouer la tête ; ses yeux devinrent brillants. Indoril le dévisagea avec gravité. L’ambition de son ami était-elle à ce point étendue ? Jusqu’où aurait-il pensé aller ? Et où plaçait-il leur relation par rapport à tout ceci ?

- Au moins, nous serons réunis. …si bien sûr c’est ce que tu veux, ajouta Indoril sur un ton qui devait susciter une réaction de la part du jeune mage, mais qui était toutefois plus sec que ce que le guerrier aurait voulu.

Tout en regardant Indoril droit dans les yeux, le mage hocha la tête, bien que, parallèlement, son regard et les traits de son visage se firent plus durs.
- Oui… bien sûr… Bien sûr que oui… Je t’aime…
Malgré ces mots rassurants, Indoril était perturbé par le trouble manifeste qui s’emparait du jeune mage. Ses pensées n’étaient à l’évidence pas aussi claires que cela. Il se radoucit cependant. Après tout, si lui-même se retrouvait dans le cas de son amant, comment réagirait-il ? … il saurait chercher le positif de la situation, finit-il par conclure avec une subjectivité qu’il ne parvenait pas à effacer.
- Moi aussi je t’aime. Et c’est cela qui importe le plus pour moi.

Helseth baissa les yeux et un long silence s’installa. Fëanor, qui s’était poliment éloigné au début du dialogue, en profita pour se rapprocher du couple.
- Peut-être pourrions-nous partir, maintenant ? Je ne serais pas tranquille avant d’avoir quitté cette ville…

Indoril acquiesça silencieusement et détacha les chevaux. Lui et Fëanor en montèrent chacun un. Helseth, quant à lui, semblait perdu dans ses pensées.
- Tu viens avec moi ? proposa Indoril d’un ton neutre.
Helseth releva alors lentement la tête.
- Peut-être que tout n’est pas perdu pour moi… ? hasarda-t-il, sur un ton fébrile. Si je retourne au château maintenant… Si je vois le Roi, il me pardonnera sûrement d’avoir participé à votre évasion. Surtout qu’il n’a aucune raison de vous en vouloir personnellement.
- Justement, ce n’est pas au Roi à qui tu auras à faire… Tu seras face aux prêtres…
- Mmm… Elgath… ? souffla le conseiller déchu, un sourire inquiétant sur le visage. Ce vieil homme colérique… que peut-il faire vraiment, hein ? Est-il si puissant que cela ?
- Helseth… Je ne sais pas où tu veux en venir…
- C’est à cause de lui ! coupa le mage sans même écouter les paroles de son amant. S’il n’était pas si obstiné, je n’aurais pas eu à vous défendre ouvertement… S’il n’avait pas été là, je n’aurais pas perdu ma place !

Le rubis enchâssé dans le bâton en chêne du jeune mage que celui-ci tenait en main dégagea une lueur rougeoyante avant de se nimber de flammes comme la mèche d’une bougie que l’on aurait allumée. Indoril, inquiété par cette manifestation, cherchait quelques mots apaisants mais tout de même suffisamment forts pour qu’Helseth se décide enfin à monter derrière lui. Il laissa cependant cette entreprise de côté et jeta un coup d’œil en arrière : un bruit de chevaux au galop semblait se rapprocher, ce qui était plutôt inhabituel compte tenu du danger représenté par l’étroitesse des rues du quartier.

- Helseth… reprit-il en lui faisant de nouveau face. Je sais que cette journée est sans doute le commencement d’une période particulièrement pénible pour toi. Mais tu ne peux rien faire pour l’instant. Quitte cette ville avec nous. Tu pourras réfléchir posément à toutes les options qui se présentent à toi. Je te garantis que retourner au château, affronter Elgath, tout ceci ne te mènera à rien si ce n’est à ta perte… définitive…
Le visage d’Helseth, auparavant figé par la colère, se détendit quelque peu. Les flammes entourant le rubis s’évaporèrent.
- Oui… Tu as raison… avoua-t-il sur un ton radouci mais tout de même chargé du relent de ses émotions précédentes.

Il se rapprocha du cheval d’Indoril. Le guerrier l’aida à monter. Une fois installé, il se tourna vers le maître de l’Ordre des Guerriers :
- Comment comptez vous nous faire passer la porte, Fëanor ?
- Je vais faire en sorte de modifier nos apparences aux yeux des gardes pour qu’il croient avoir affaire à trois des leurs. Il suffit de trouver un prétexte…
Il s’interrompit cependant.
« Faites place, manants !! Faites place à Maître Elgath !!! » entendirent les trois compagnons qui n’eurent toutefois guère le temps de se préparer à ce retournement de situation. Le bruyant cortège, composé du Haut Prêtre et des deux gardes d’élites qui leur avaient posé problème lors de la pénible évasion du château, arrivait sur la place de Neldoreth Ier.
- Mais… Ils sont là !!! s’exclama le prêtre.
Fëanor et Indoril firent promptement démarrer leurs montures, sans même que ne fut décidée la stratégie à adopter.
- Gagnons la porte ! proposa vivement Helseth. Excusez-moi Fëanor, mais nous n’aurons pas le temps de recourir aux subtilités de la sphère de l’ombre…

Les deux chevaux contournèrent la statue et s’élancèrent de front en direction du barrage. Agrippé à la taille d’Indoril par son bras gauche, Helseth brandit son bâton et se concentra. L’obstacle devait bien faire quatre ou cinq mètres de hauteur. Après quelques secondes, des flammèches apparurent de toute part sur la surface de la grande porte. Les hommes chargés de la garder remarquèrent le phénomène, puis ces cavaliers qui arrivaient droit sur eux, et préférèrent au final s’éloigner à distance respectable.
- Tu veux brûler la porte ? demanda Indoril sur un ton inquiet. Mais cela va prendre trop de temps ! Elgath est juste derrière nous !

La porte était encore loin, elle était très grande et son bois résistant. Helseth resta concentré et essaya d’intensifier son pouvoir. Les flammes se firent plus virulentes, mais le processus semblait loin d’être achevé. L’ébauche d’un sourire se dessina sur les lèvres d’Indoril. Peut être que si Helseth pouvait trouver une motivation supplémentaire…
- C’est trop tard. Nous ne pourrons pas passer. Penses-tu pouvoir te battre, seul contre Elgath et les deux gardes ?
Helseth sourit en voyant où le guerrier voulait en venir.
- Évidemment… Personne ne peut me vaincre. Ma maîtrise du feu est totale.
- Alors prouve-le, pour ne même pas avoir à les affronter.

Le mage et les deux guerriers commençaient à se rapprocher dangereusement de la porte. Helseth ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Il déchaîna ensuite toute sa puissance dans un grand cri. Une magistrale explosion se produisit alors : la porte fut entièrement pulvérisée, de même qu’une petite partie du mur d’enceinte. Les chevaux en furent tellement effrayés qu’ils se cabrèrent en hennissant avec force ; Fëanor et Indoril se cramponnèrent comme ils purent à leurs montures. Une quantité incroyable d’énergie magique avait transité par le corps d’Helseth au moment de son ultime effort. Le bâton de mage avait accéléré son passage, mais l’épreuve en avait tout de même été extrêmement éprouvante. Le maître du feu n’eut pas la force ni le réflexe de se raccrocher à son ami et chuta à terre. Ce choc physique, additionné à son état de fatigue mentale, le fit sombrer pour de bon dans l’inconscience. Il resta inerte sur le sol alors que le cheval d’Indoril était devenu incontrôlable et filait à toute vitesse en direction du trou béant. Après avoir parcouru environ deux cent mètres au dehors de la ville, le guerrier reprit contrôle. Fëanor arriva derrière lui. Ils se retournèrent et virent Elgath et ses acolytes arrêtés autour du corps d’Helseth.
- Il faut le sauver !! s’exclama Indoril.
La réponse de Fëanor ne se fit ni prompte, ni exaltée.
- Je peux imaginer ce que tu ressens. Mais nous ne pourrons rien faire contre ces trois-là. Et trop de choses dépendent de notre liberté… de notre survie… La guerre se prépare, Indoril. Si nous nous faisions capturer ou tuer maintenant, c’en serait fini de l’Ordre des Guerriers. Les prêtres auraient alors la main mise sur tout le royaume.

Indoril en resta sans voix et dévisagea son maître d’un air ahuri pendant quelques secondes. Il chercha quels arguments opposer à cela, mais ne put penser à rien d’autre qu’à la déchirure qu’il éprouvait et qui ne pouvait cadrer avec une analyse rationnelle. C’est donc ce qu’il exprima, de manière brute.
- Non ! Je n’ai que faire de notre Ordre ! Je n’ai que faire de tout ceci !

Le cheval d’Indoril hennit, énervé par les ordres confus qu’il recevait. Tantôt le guerrier voulait s’élancer en direction de la ville, tantôt il se ravisait par un brusque mouvement de rênes sur le côté pour refaire face à Fëanor.
- Tu réagis comme lui… Tu t’apprêtes à te battre sans réfléchir, avec la fureur du désespoir… Mais cela ne te mènera qu’à ta perte. Souviens-toi de ce que tu lui as dit tout à l’heure.
- Mais…
- Nous partons. C’est un ordre, Indoril. Je suis désolé d’avoir à te dire ceci en ces termes, mais ton jugement ne doit pas se laisser obscurcir par tes sentiments. Que penses-tu pouvoir contre un Haut prêtre et deux membres de la garde rapprochée du Roi ?

L’elfe savait tout le crédit qu’il venait de perdre aux yeux de son héraut et ami. Mais la situation l’exigeait. Il fit faire demi-tour à son cheval. Laissant Nelda et Indoril derrière lui, il marcha au pas pendant quelques mètres, puis, voyant que ce dernier restait immobile, il changea brusquement d’allure et s’élança au galop. Après quelques instants, Indoril vit un des membres de l’escorte d’Elgath trotter dans sa direction. Il ne bougea pas d’un pouce, attendant de voir la suite avec une résignation et un détachement caractéristique des moments où plus rien ne compte… Suite à un ordre du Haut Prêtre, le lointain cavalier se ravisa et fit demi tour. Indoril finit par faire de même et quitta les lieux au grand galop pour rattraper Fëanor.


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MessagePosté: 10 Juin 2006 15:35 
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C'est vraiment passionnant à lire !! C'est clair que tu pourrais sûrement te faire éditer !! :D

:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 10 Juin 2006 16:15 
AH!

Tu vois!Même Cyboulette le dis! :D


mais....


NAAAAOOOOOOOOOONNNNNN pauvre Helseth, pauvre de lui !!!!!!! Pourquoi c'est toujours pour sa gueule??? Déjà il se faire faire cocu impunément par Indoril, pis maintenant il se fait abandonner!!!

*fond en larmes*


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MessagePosté: 10 Juin 2006 19:12 
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bon... ^^' Si j'arrive à finir, je tenterais pt-être l'expérience :D


Citation:
pauvre Helseth, pauvre de lui !!!!!!! Pourquoi c'est toujours pour sa gueule??? Déjà il se faire faire cocu impunément par Indoril, pis maintenant il se fait abandonner!!!

mais il est pas vraiment cocu !! enfin si... mais... voila quoi :P lol. Bon... c vrai que il a pas trop de chance pr l'instant. Mais il va bientôt avoir de nouvelles opportunités pour se faire entendre :twisted:

Citation:
*fond en larmes*

j'avais tout calculé hé hé... :D *part consoler son ronourson comme il se doit* ^________^


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MessagePosté: 10 Juin 2006 20:08 
Shotoku a écrit:
bon... ^^' Si j'arrive à finir, je tenterais pt-être l'expérience :D

T'as intérêt, sinon moi et Cyb on vient te botter les fesses! :twisted:

Shotoku a écrit:
mais il est pas vraiment cocu !! enfin si... mais... voila quoi :P lol. Bon... c vrai que il a pas trop de chance pr l'instant. Mais il va bientôt avoir de nouvelles opportunités pour se faire entendre :twisted:

j'espère bien!
*fan d'Helseth depuis le premier instant*

Shotoku a écrit:
j'avais tout calculé hé hé... :D *part consoler son ronourson comme il se doit* ^________^

O_O
*se sent victime d'une odieuse machination*


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MessagePosté: 01 Nov 2006 21:25 
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*regarde la date de la dernière mise à jour*
*... 10 juillet :? *
bon ! Il était temps ke je m'y remette !! lol

Donc voici le début du ch. 4. Si vous avez oublié ce ki c passé avant, petit résumé pour me faire pardonner :
Indoril et feanor sont allés au chateau du roi, brouillage avec les prêtres ki veulent fr la guerre à nethrim (nethrism aurait attaqué neldor en envoyant des orcs mais les orcs viennent en fait de neldor même)... feanor annonce qu'il est pas d'accord, il s'enfuit de la ville avec indo et helseth, sauf qu helseth tombe de cheval et se fait rattrapper par elgath et les gardes. Les 2 guerriers partent en laissant leur ami... :cry: lol

Je crois qu'un jour je vais finir par changer les noms, paske ça m'embète bcp d'avoir pris des noms déjà existants... mais bon, en l'absence d'idées on va continuer avec indoril et helseth encore un peu ^^'
_______________________________________________________

CHAPITRE 4

- Vous savez ce que vous risquez, n’est-ce pas ?

Au travers des barreaux de sa cellule, Helseth pouvait voir le sourire très discret visible à la commissure des lèvres du Haut Prêtre. Ce détail aurait paru anodin à quiconque ne connaissant pas le colérique Elgath. Ce n’était cependant pas le cas de l’ex-conseiller du Roi. Helseth sentit une certaine frustration monter en lui alors qu’il prenait conscience de l’extrême jubilation que le spectacle de sa propre personne, enfermée ainsi dans la prison du sous-sol du château, provoquait au membre de l’Ordre des Prêtres qu’il haïssait plus que tout. Helseth hocha lentement la tête en prenant soin à ce que son regard, qui restait comme accroché à celui de son interlocuteur, fasse bien transparaître tout ce qu’il pensait de lui à ce moment précis.

- La peine capitale, annonça gravement Elgath, bien que cette précision fut totalement inutile.

Son visage paraissait presque jeune, malgré les rides plus ou moins profondes marquant certaines zones de son visage. En réalité, celles-ci étaient certainement dues non pas à l’âge, mais aux torsions subies par sa peau lorsqu’il se mettait en colère. Et cela lui arrivait souvent, contre n’importe qui et pour n’importe quelle raison. C’était peut-être grâce à ce caractère intransigeant lui assurant crainte et respect qu’il était aujourd’hui à la tête de l’Ordre des Prêtres. Et au pouvoir s’ajoutait la richesse : la fortune d’Elgath était la plus importante du royaume. Sa demeure, située dans le quartier des nobles, en constituait la façade la plus clinquante. Si la mystérieuse armée orc provenant de Fornor était bien une commande de l’Ordre des Prêtres, Helseth n’avait pas à réfléchir bien longtemps pour trouver de qui exactement venait l’argent. On savait par ailleurs qu’Elgath possédait un fief assez conséquent en tant que vassal du Roi, sur les terres nord-ouest de Neldor, bien qu’il ne fût que très rarement là-bas pour l’administrer. Il préférait rester à la capitale à plein temps pour gérer la politique de son ordre et celle du royaume.

- Inutile de penser à un moyen de vous échapper, poursuivit le Haut Prêtre. Si vous aviez imaginé faire fondre ces barreaux, ou même faire exploser le château, sachez que le rituel mystique appliqué à la prison rend toute magie inopérante. J’ai d’ailleurs pris soin de le faire renouveler ce matin.
- Je sais ce dont il s’agit, opposa le mage en prenant la parole pour la première fois. Les éléments sont complètement inertes et ne peuvent être manipulés… Mais la magie mystique n’a rien à voir avec les éléments, n’est-ce pas ?

Le regard du prisonnier contenait une menace qui fit tressaillir un des sourcils d’Elgath. Un silence appuya encore d’avantage les derniers mots du mage, avant que le prêtre ne finisse par conclure :
- … vous ne savez pas l’utiliser.
Helseth sourit mais baissa les yeux sans répondre. Elgath, sans doute irrité par ce moment de flottement pendant lequel sa suprématie psychologique avait vacillé, poursuivit sur un ton de conversation amicale qui donnait une impression de mépris le plus absolu compte tenu de ce qu’il disait :

- Vous savez pourquoi je suis si content de vous voir là où vous êtes, dans cette cellule, en attente d’un jugement à l’issue sans aucun doute funeste ? C’est parce que je vous hais, monseigneur Helseth. Je vous observe depuis très longtemps. Vous êtes attiré par le pouvoir, ce qui en soit n’est pas une mauvaise chose. Cependant, vous avez choisi de vous opposer à nous, les Prêtres… et cela, je ne peux le tolérer.
Le regard d’Helseth resta un moment comme perdu dans le vague alors qu’Elgath l’observait pour voir sa réaction. Il pensa brièvement à Indoril et à sa promesse. Peut-être allait-il venir le libérer ? Le prisonnier s’empressa de balayer cet espoir idiot de ses pensées. Indoril l’avait pour ainsi dire abandonné, et dieu seul savait où il était maintenant.

Helseth rendit à Elgath son regard et dit d’un ton plat, qui n’avait pourtant rien à voir avec la manifestation d’une éventuelle angoisse pour son sort :
- Et bien soyez heureux. Maintenant, laissez-moi.

][

La grande salle de Molag Tir était comble, bien que l’on eut pu entendre un insecte voler tant le silence qui s’était installé depuis la fin de l’exposé du Maître était pesant. Autour de la table, tous les affiliés devaient tenter d’évaluer la gravité de la situation dans laquelle ils se trouvaient maintenant embarqués malgré eux. Indoril, tout au bout de la pièce, à la droite de son maître, vit une personne se lever avec l’intention de prendre la parole.

- Nous vous écoutons, seigneur Brandir, assentit Fëanor.
- Ainsi donc, nous nous trouvons en quelque sorte en guerre contre le Royaume de Neldor ?
- Nous sommes en guerre contre l’Ordre des Prêtres... et il y a malheureusement de fortes chances pour que la tête de l’Ordre des Mages se range de son côté.
- Mais ne faisons nous pas nous aussi parti de ce royaume ? Nous sommes tous de loyaux sujets de Sa Majesté…
- Les choses sont ainsi... J’en suis moi-même le premier attristé, mais c’est malheureusement sous cette conjoncture que je vous demande d’honorer la fidélité que vous portez à l’égard de votre Ordre…
- Mais permettez-moi de vous demander, Maître, tout neldorien ne doit-il pas être fidèle envers son Roi et son pays d’abord, et envers son Ordre ensuite ?

Le visage de Fëanor se durcit, et son ton devint plus sec.
- Vous ne m’avez pas compris, seigneur Brandir. Notre position est justement celle la plus en accord avec le royaume ! Maintenant, si vous n’avez pas d’autres remarques, je vous suggère de vous rasseoir…

Brandir s’exécuta sans un mot. Fëanor reprit en direction de tous :
- Nous subirons bientôt les premières attaques des prêtres et des mages, c’est pourquoi nous devons rester unis. Les seigneurs ayants leurs fiefs en bordure des territoires mages devront garder leur positions. Quant à ceux vivant à l’intérieur de nos terres, je vous demanderais de rassembler votre armée pour préparer une offensive. L’armée commune des prêtres et des mages sera bien plus importante que la notre… Nous ne devons surtout pas attendre de nous laisser submerger et aller au devant de l’action, afin de toujours garder un temps d’avance.

Fëanor marqua une pose et balaya la salle du regard. Indoril savait ce qu’il pensait : allaient-ils accepter de le suivre dans cette aventure périlleuse ? Tous risquaient très gros… En cas de défaite, les prêtres feraient certainement tomber beaucoup de têtes parmi les nobles guerriers. Certains seraient peut-être tentés de retourner leur veste… En vérité, cette éventualité ne faisait aucun doute pour Indoril. Il espérait simplement que les dissidents se fassent bientôt connaître afin que l’armée puisse se restructurer sans perte de temps.

- Notre première cible, reprit Fëanor, sera la cité de Molag Osar. Comme vous le savez, cette ville est la porte de la région de Cohertas, ceinturée de tout côté par une chaîne de montagnes. Cette région abrite un fief guerrier avec, à sa tête, le comte Péléras, ainsi qu’un fief mage. La prise de Molag Osar assurera la protection des terres du comte et permettra de placer du même coup le fief mage sous notre contrôle. Le comte Péléras codirige la cité de Molag Osar avec le seigneur mage, et on peut s’attendre à ce qu’il y ait déjà de sérieux problèmes si l’annonce de la guerre est parvenue jusque là-bas.

Indoril trouva la stratégie de son maître excellente.
- Autre chose, continua Fëanor. Après les menaces de guerre plus ou moins voilées qui ont du parvenir jusqu’aux murs de Linva, le royaume de Nethrim doit certainement se sentir en froid avec Neldor, ou du moins avec son gouvernement officiel. Je prévois de leur envoyer une demande d’alliance. Indoril, en tant que mon héraut, je devrais te charger de mener les négociations. Cependant, je crains avoir grandement besoin de toi sur le champ de bataille…

Le regard du Maître Guerrier quitta le visage de son plus fidèle serviteur pour se poser sur une jeune femme, une des seules présentes au milieu de tous ces hommes d’armée.
- Ennoril ! Je te donne temporairement les pouvoirs de ton frère. C’est toi qui iras porter ma demande au Roi Gariloth, après la prise de Molag Osar.

La sœur d’Indoril se leva promptement et déclara :
-Je saurais me montrer digne de cette tâche, Maître !
Indoril sourit. La rigueur du protocole ne convenait pas particulièrement à Ennoril. Une telle démonstration montrait à quel point celle-ci était ravie de cette soudaine prise de responsabilité. Fëanor hocha la tête et porta la réunion à sa fin.

- Bien. Tout est dit pour aujourd’hui. Je prévois de mener l’attaque dans trois jours. Soyez tous prêts d’ici là.

][

Helseth, les yeux fermés, assis en tailleur au milieu de sa cellule, perçut une variation dans la sphère du feu. Elle était si infime qu’il n’aurait pu la sentir si son esprit n’avait pas été aiguisé par les quelques heures de méditation qu’il venait de passer. C’était le soleil qui se levait : cela faisait maintenant deux jours qu’il était enfermé là, dans les cachots du château, sans savoir ce qu’il allait advenir de lui. Il poussa une profonde expiration et ouvrit doucement les yeux. Ce qu’il vit manqua de le faire sursauter. Là, devant lui, au cœur de la pénombre, le géant en robe blanche le fixait silencieusement.

- Je puis ressentir la chaleur du soleil qui s’intensifie au dehors. Mais la votre, je ne la perçois point…

Haleth fendit son visage ridé d’un sourire, puis siffla entre ses dents une réponse, sibylline comme à l’accoutumée :
- Alors il te faut trouver d’autres moyens.
Le jeune et l’ancien se fixèrent quelques instants, comme pour sonder leurs esprits respectifs. Puis le second demanda :
- Pourquoi ne t’es tu pas échappé d’ici ? Tu dois placer beaucoup d’espoirs en l’issue de ton procès…
- Je n’espère rien. J’attends de voir. Et si je ne me suis pas échappé, c’est que je n’ai aucun moyen d’utiliser la magie à cause du rituel mystique.
- Tu te sous-estimes, Helseth… Quand on a tes pouvoirs, on peut faire ce qu’on veut. On peut plier le monde à ses désirs. Il suffit juste d’avoir la volonté de le faire. Ou plutôt de… savoir… que l’on peut le faire. Mais… tu sais déjà de quoi je parle, n’est-ce pas ?

Helseth se remémora la scène de l’évasion du château. Ils étaient tous sur le parvis, près de la fontaine, lorsqu’un des gardes avait lancé une flèche de feu à Fëanor. Helseth avait alors ressentit quelque chose de très étrange : au-delà même de ce qu’il aurait souhaité, il avait eu en premier lieu la certitude que la flèche n’atteindrait pas son but. Et effectivement, elle avait disparue.

- Je ne sais pas comment c’est arrivé, et je ne pourrais pas le provoquer volontairement.

Haleth hocha lentement la tête en souriant.
- Tu es sur la bonne voie… Tu verras… tu verras… Bientôt, tu pourras…
Un étrange petit rire naquit dans sa gorge puis commença à s’amplifier pour devenir une sorte de bruit strident, très étrange et tout à fait désagréable aux oreilles d’Helseth.
- … Si tu savais dans quelle confusion tu as pu plonger ce cher Elgath ! Même après t’avoir enfermé ici, il a continué à vociférer tout le reste de la soirée ! Peut-être a-t-il peur d’une future rivalité entre vous… ?

Helseth s’amusa de cette dernière remarque…
- Me mesurer à un Haut Prêtre… Vous placez en moi beaucoup d’ambitions…
- Je vais te guider... Tu as fais le premier pas, le plus difficile et le seul pour lequel je ne pouvais t’aider. La magie mystique est sur un plan tout à fait différent de celui des sphères, et tu as maintenant une idée d’ il faut la chercher. Je fais de toi mon élève désormais. Comme je te l’ai dit, ton potentiel est illimité. Je vais t’apprendre tout ce que je sais et tu deviendras le plus grand mage que le monde n’ait jamais connu, même parmi les elfes.

Au sentiment d’euphorie qu’une telle annonce provoquait dans le cœur d’Helseth, venait se mêler un curieux état de gêne. Où tout ceci allait-il le conduite ? Quel était l’intérêt du prêtre dans cette affaire ? À ces questions de fond qui ne trouveraient réponse aujourd’hui, il substitua un problème plus pratique :
- Mais pour l’instant, je suis bloqué ici…

Haleth secoua la tête avec une pointe d’agacement.
- Ne te préoccupe pas des questions bassement matérielles… À partir de maintenant, tu dois te concentrer sur ton étude de la magie mystique. Si cela peut te rassurer, sache que tu es libre. J’ai même fait en sorte que tu puisses regagner tes fonctions de Conseiller du Roi.

Le jeune mage était abasourdi.
- Après avoir été accusé de haute trahison ? Mais comment… comment avez-vous fait ?
- Je suis Haut Prêtre… mes décisions font pour ainsi dire office de loi, en ces temps troublés.
- Elgath ne vous aurait pas permis…
- Elgath n’a rien à me dire. De plus, il me fait confiance. Nous sommes du même côté tous les deux.
Helseth fronça les sourcils…
- J’ai horreur de la politique, reprit la voix perçante sur un ton réellement énervé. Le vrai pouvoir est la magie, tout le reste n’est qu’une illusion éphémère de pouvoir.

L’attitude du Haut Prêtre n’avait aucun sens. Il était à la tête de ce qui était aujourd’hui la plus haute institution du royaume et n’en avait jamais fait aucun cas. Qu’est-ce que les autres Hauts Prêtres pouvaient penser de cela ? Quels rapports entretenaient-ils ? « Nous sommes du même côté » … cette phrase ne supposait-elle pas un certain engagement, malgré tout, ou bien n’était-ce que de la simple ironie ?
Laissant provisoirement son apprenti à ses réflexions silencieuses, Haleth fouilla dans une manche de sa robe. Il en sortit une clé dont il se servit pour ouvrir la cellule.
- Sors d’ici maintenant. Va te changer, puis rends-toi dans le bureau du Roi. Il t’attend.

Helseth se redressa avec effort, réactivant ses membres inférieurs paralysés par la position de méditation. Alors qu’il passait devant son maître, celui-ci ajouta :
- Tu es certes libre, officiellement, mais tu dois tout de même t’attendre à être surveillé de près. Les gardes ont pour ordre d’épier tes moindres faits et gestes. Et n’oublie pas qu’Elgath a la main mise sur eux… Ne fait rien de suspect et tout ira bien.
Le mage hocha la tête. Il entreprit de regagner l’escalier qui le ferait enfin quitter cet endroit, mais l’obscurité des lieux était presque aussi intense que celle de son avenir.

- Tournes à gauche, le guida Haleth.


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