Citation:
Franchement quand tu te balade dans la fnac et que tu voie les débilités sans nom qui se font éditer, tu a laaaaaaaaaaaaaaaaargement de quoi pouvoir te faire éditer! Pis faut se lancer, de toute façon, t'as rien à perdre^^
de toute manière, il faudrait déjà que j'arrive à mener le projet jusqu'au bout, et c'est pas encore gagné... et comme je me lasse assez vite en général.... ^^''
Donc voici la suite de l'histoire.... ^^
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fin du chapitre 3
Helseth avait croisé les cinq soldats de la garde rapprochée du Roi. Leur mine dépitée diminua de peu la grande inquiétude qu’il éprouvait depuis la fin des évènements de la salle du trône. Où Indoril et Fëanor pouvaient-ils bien être ? Avaient-ils pu sortir du château ? Avaient-ils rencontrés d’autres gardes ? Bien peu pourraient résister à Fëanor, expert en techniques martiales et maître de la sphère de l’ombre, ni même à Indoril qui, s’il n’y connaissait rien en magie, n’en demeurait pas moins extrêmement efficace en situation dangereuse... Helseth fut soudain glacé d’effroi à la pensée d’un horrible carnage dans l’enceinte même du domaine royal.
Arrivé devant la porte de ses appartements, il plongea une main dans sa poche et en sortit la clé.
- Helseth !
Le conseiller du roi se retourna, surpris. Ses yeux cherchèrent dans toutes les directions, mais il ne vit personne. Cette voix…
- … Indoril ? C’est toi ? Où es-tu ?
Helseth entendit de nouveau la voix chuchoter :
- C’est fini, Fëanor… Il est arrivé.
C’est alors que deux silhouettes se dévoilèrent. Transparentes, elles devenaient de plus en plus matérielles au fur et à mesure que le sort d’ombre se dissipait. Il s’agissait d’Indoril, qui soutenait Fëanor dans ses bras. Ce dernier semblait dans un état de semi conscience.
- Ah… Enfin… souffla-t-il.
Ses yeux étaient fermés et les grosses gouttes de sueur sur son front témoignaient de l’intense effort de concentration qu’il avait accompli pour maintenir le sort. Malgré son état d’exténuation, il semblait qu’il ait eu pendant tout ce temps sa main crispée sur une épée courte cachée dans sa cape.
- Après avoir semé les gardes, Fëanor nous a rendu invisibles tous les deux, expliqua Indoril. On t’a attendu pendant longtemps, cela a du beaucoup l’épuiser… poursuivit-il en tournant la tête du côté de Fëanor.
Le maître de l’Ordre des Guerriers, qui semblait plus ou moins somnoler, lâcha soudain son épée qui tomba avec fracas sur le sol de pierre. Lui-même se serait alors écroulé si Indoril ne l’avait pas soutenu.
- Étendons-le sur le lit, proposa Helseth. Attends, je vais t’aider…
Une minute plus tard, alors que le maître guerrier récupérait d’un sommeil réparateur, les deux amants réfléchissaient à la suite des évènements.
- Alors… Comment comptez-vous vous y prendre ? demanda Helseth en se grattant la nuque.
- On doit trouver un moyen de sortir du château. Nous ne pouvons pas rester indéfiniment dans cette chambre…
- Mais les gardes sont partout... Et même arrivés au dehors, vous ne pourrez jamais passer les murs de la ville…
Helseth marqua une pause de réflexion, puis déclara.
- Bon… Il y a peut-être une solution. Reste ici avec Fëanor, je vais aller en ville voir ce que je peux faire.
][
Une heure plus tard, Indoril, assis sur une chaise à côté de Fëanor encore allongé mais qui avait repris conscience, vit revenir le conseiller du Roi.
- Je suis allé dans le vieux quartier voir quelques amis. Dans environ une demi-heure, quelqu’un attendra devant le portail du parc avec deux chevaux. Si vous parvenez à sortir du château, vous pourrez galoper jusqu’à la sortie de la ville.
- Vous fréquentez ce genre d’endroits ? s’étonna Fëanor en se redressant pour s’asseoir sur le lit.
- J’y ai quelques contacts, en effet, acquiesça Helseth en souriant. Puis son visage redevint inquiet alors qu’il poursuivait :
- Il vaudrait mieux ne pas trop faire attendre notre contact… Ce genre de convoi stationné juste devant les grilles risque de vite attirer l’attention, d’autant plus que tous les gardes sont sur le qui-vive… Il y a environ cinq minutes d’ici jusqu’à l’entrée du parc. Mais si vous voulez éviter toutes les patrouilles qui déambulent dans les couloirs, il vous faudra plus de temps.
Helseth observa Fëanor. Il avait l’air plutôt bien rétabli, compte tenu du fait qu’il s’était tout de même évanoui d’épuisement tout à l’heure.
- Fëanor, vous pensez pouvoir de nouveau lancer ce sort d’invisibilité, au moins pour quelques minutes ?
Le maître guerrier haussa les sourcils en hochant la tête
- Mmm… Pour tout dire, je ne pense pas pouvoir le maintenir bien longtemps avant de m’écrouler à nouveau…
- On pourrait essayer de passer en force… suggéra Indoril.
- Oui… courir tête baissée dans les couloirs du château en tuant quiconque vous barrant le passage pourrait être une solution, mais je préfèrerais tout de même éviter cela… rétorqua le mage sur un ton sec.
Une question surgit soudain dans son esprit.
- Votre épée est enchantée, n’est-ce pas ? demanda-t-il à Fëanor.
- Oui… mais l’enchantement n’est pas très puissant. Si j’avais su à quoi m’attendre, je me serais mieux équipé avant de partir… remarqua le guerrier d’une voix amère.
- Pourrais-je l’examiner ?
Fëanor lui tendit son arme. Helseth saisit la poignée de la main droite et passa son autre main sur toute la longueur de la lame à plusieurs reprises.
- Effectivement, conclu-t-il. Je ne connais pas beaucoup la sphère de l’ombre, mais je suppose que lancer un sort d’invisibilité ne doit pas être très commode avec ceci…
Helseth posa l’épée sur la table de chevet et traversa la pièce pour prendre son bâton de mage du feu accroché à un présentoir sur le mur. Il le proposa à Fëanor.
- Tenez. Je peux vous le prêter le temps de votre évasion. Avec ceci, maintenir le sort devrait vous demander beaucoup moins d’effort…
- Mais comment feras-tu pour le récupérer ? demanda Indoril.
- Je vous suivrais, et Fëanor me le rendra une fois arrivé aux grilles…
- Les gardes verront que tu es avec nous…
- Dans le parc, avant le portail, on trouvera sans doute un moyen de se cacher…
Helseth soupira et poursuivit :
- Je sais que toute cette entreprise est extrêmement risquée, mais c’est la seule solution que nous ayons…
Les deux guerriers restèrent silencieux.
- Bien… conclut Helseth. Nous devons partir maintenant, il ne reste plus beaucoup de temps…
Fëanor se leva, rengaina son épée dans le fourreau caché par sa grande cape et saisit le bâton rouge gravé de symboles obscurs.
- Je suis prêt, déclara-t-il.
][
Helseth ouvrit la porte de sa chambre et fit quelques pas dans le couloir.
- Personne… vous pouvez sortir… signala-t-il à voix basse.
Les deux guerriers le suivirent à leur tour. Les trois compagnons traversèrent le couloir sans difficulté jusqu’à arriver à l’escalier qui menait au rez-de-chaussée. C’est alors qu’ils entendirent un bruit de pas monter dans leur direction. L’escalier était étroit et en colimaçon, si bien qu’il était difficile de prévoir le moment exact de la rencontre. Helseth se retourna et adressa à Fëanor un regard entendu. Celui-ci saisit le bras d’Indoril puis ils s’évaporèrent tous les deux sous le regard du mage. Helseth descendit nonchalamment quelques marches supplémentaires jusqu’à arriver face au mystérieux individu. Il s’agissait d’un garde du château qu’il connaissait bien.
- Monseigneur Helseth… dit celui-ci avec une courbette de politesse.
- Bonjour, Irmir. Toi aussi, tu es à la recherche des fugitifs ?
- Bien sûr. Maître Elgath a ordonné à tous les gardes du château de fouiller le moindre recoin. Il a même donné des ordres aux officiers chargés des gardes de la ville. Maître Fëanor et le seigneur Indoril auront du mal à sortir de Nelda sans se faire repérer…
Helseth hocha la tête, son visage arborant une expression qui se voulait plus ou moins détachée, mais qui, en vérité, trahissait plutôt un sentiment de gêne. Le garde reprit sur le ton de la confidence :
- Tu sais… Hum… Maître Elgath a aussi mentionné ton nom… Tu connais personnellement Indoril, et… Elgath a dit que tu pourrais essayer de venir en aide aux traîtres. Hum… ce sont ses mots en tout cas, précisa-t-il. Je te conseille de faire attention, tout le monde aura l’œil sur toi…
- Oui… Je m’en doutais. Merci de m’avoir prévenu.
Le garde et le conseiller se séparèrent. Helseth descendit quelques marches, puis s’arrêta et se retourna. Irmir s’était arrêté également, une seconde avant lui.
- Tu… tu as entendu ? demanda ce dernier d’une voix inquiète.
- Quoi donc ?
- Un bruit… un frôlement… comme si quelqu’un passait, tout près de moi…
- Je n’ai rien entendu… affirma Helseth alors que son cœur s’accélérait dans sa poitrine.
Il observa le visage du garde, à l’affût du moindre signe. Les yeux plissés, celui-ci scrutait les alentours, jusqu’à ce que son regard se pose sur le visage du mage. Il le fixa ainsi longuement. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Helseth hésitait entre soutenir encore quelques instants le regard perçant de celui qui semblait avoir tout découvert, et s’enfuir en dévalant les escaliers. Irmir finit par déclarer simplement :
- … moi non plus.
Le mage ne savait pas vraiment comment interpréter le ton sur lequel venaient d’être prononcés ces mots. Il hocha la tête et se retourna pour prendre congé. La voix d’Irmir le rattrapa cependant.
- Helseth !
Celui-ci s’immobilisa. Le garde poursuivit :
- Tu sais… l’une des premières choses que l’on apprend quand on est garde, c’est qu’aucun service n’est gratuit…
Dos à Irmir, Helseth acquiesça en silence, puis se remit en route.
Après avoir descendu une dizaine de marches, il rencontra Indoril et Fëanor, visibles, qui l’avaient attendu. Helseth prit les devants face au visage inquiet d’Indoril :
- Ne vous inquiétez pas, il ne dira rien à personne…
La préoccupation d’Helseth se portait d’avantage sur le maître de l’Ordre des Guerriers, qui ne semblait pas être actuellement au meilleur de sa forme…
- Vous… vous allez bien ? demanda-t-il à Fëanor qui chancelait sur place, gardant les yeux fixés sur le sol en attendant la suite des évènements.
- Mmm... Je dois dire que je n’ai jamais autant utilisé de magie qu’aujourd’hui… Je ne suis pas un mage, moi ! Je suis un guerrier ! s’exclama-t-il avec un sourire qui s’avérait bien insuffisant pour rassurer ses compagnons.
Helseth évalua rapidement la situation. Les escaliers aboutissaient au rez-de-chaussée. Il fallait ensuite suivre un long couloir jusqu’à arriver à la grande porte qui donnait sur le parvis du château, et enfin, descendre un des deux escaliers partant de la fontaine du parvis et arrivant au portail. Si Fëanor ne pouvait plus recourir au sort d’invisibilité, ou pire, qu’il s’évanouissait en pleine course sous le poids de l’effort que ce sort requérait, les chances d’évasion des deux membres de l’Ordre des Guerriers seraient sérieusement compromises… Et pourtant, il n’était plus question de faire marche arrière.
- Restez ici, je vais vérifier que personne ne soit présent aux abords du hall pour vous voir...
Le conseiller du Roi laissa ses amis en bas des escaliers et examina les environs. Il avança d’une vingtaine de mètres jusqu’à arriver à l’entrée du château, somptueusement décorée de tableaux et de bannières arborant le symbole de l’Ordre des Mages. À sa gauche, l’extérieur. Deux gardes devaient se tenir non loin, mais ils ne pouvaient rien voir de ce qui se passait entre les murs. Face à lui, le couloir continuait jusqu’à rejoindre l’aile droite du bâtiment royal. À droite, le couloir qui pénétrait plus avant à l’intérieur de l’édifice. Helseth se retourna face à la direction d’où il venait et fit un petit signe de la main pour signifier que la voie était libre ; Fëanor et Indoril s’avancèrent pour le rejoindre. Le conseiller du Roi fut soudain surpris par une voix forte provenant du couloir à la salle du trône, alors même que les fugitifs étaient presque arrivés dans le hall.
- Helseth !
Celui-ci se retourna vivement. Il s’agissait d’Elgath, suivi de deux des gardes d’élite du Roi.
- Nous n’avons toujours pas retrouvé les deux traîtres… Ils doivent avoir quittés le château à l’heure qu’il est. Mais… Que faisiez-vous à l’instant ? demanda le Haut Prêtre en fronçant les sourcils.
- Euh… Mais rien Monseigneur… Je me rendais justement à la salle du trône pour avoir des renseignements concernant la suite de cette affaire…
- Mais pourquoi vous êtes vous retourné ?
Elgath s’avança et tourna la tête vers le couloir situé à sa gauche. Fëanor eut juste le temps d’enclencher le charme de dissimulation.
- Je… Mmm… Je pensais avoir oublié quelque chose dans mes appartements…
- Ah oui ? fit le Haut Prêtre d’un air suspicieux. Dites-moi… Les deux guerriers n’auraient-ils pas cherchés à vous contacter par hasard ? On dit qu’il sont vos amis… particulièrement cet… Indoril… d’après ce que j’ai cru comprendre.
- Non… Je n’ai aucune nouvelle d’eux.
- N’essayez pas de me mentir, jeune homme, votre duplicité serait bien vite découverte.
- Vous vous méprenez, Monseigneur, rétorqua Helseth en affichant un air qui se voulait refléter toute la bonne foi du monde.
- Mmm… bien entendu… murmura Elgath alors qu’il dévisageait Helseth pour déceler une éventuelle trace de malaise due à sa culpabilité. En tout cas, reprit le Haut Prêtre, que Fëanor ne compte pas trop sur ses pouvoirs d’illusion. Il peut réussir à tromper quelques novices, mais ce genre de petit tour ne saurait être efficace face à un expert en magie mystique…
Les battements de cœur du mage s’accélérèrent. Il espérait que les deux guerriers avaient profités du temps que durait cette discussion pour passer la porte sous l’influence du sort d’ombre, qui semblait se révéler plutôt efficace en dépit de l’avertissement qui venait d’être prononcé. Instinctivement, il voulut détourner les yeux vers la droite pour vérifier que les deux amis n’étaient pas restés dans le couloir. Cette vérification était pourtant bien inutile : dissimulés par le sort, Helseth n’aurait de toute manière rien pu voir, et dans le cas contraire, Elgath les aurait aperçus au premier coup d’œil. Mais le fait est que, irrésistiblement, le regard d’Helseth s’était écarté du visage malveillant d’Elgath pour se diriger dans une direction bien définie, avant de se raviser pour soutenir de nouveau la présence du Haut Prêtre. Celui-ci s’avança encore et scruta une nouvelle fois le couloir d’où les trois compagnon étaient arrivés.
- Ils sont par ici, n’est-ce pas ? dit-il avec un sourire sans même relever la voix à la fin de sa phrase pour marquer la question.
Les gardes du Roi prirent leurs bâtons d’acier des deux mains, prêts à réagir dans la seconde. Helseth ne dit mot, attendant la suite des évènements. Le regard d’Elgath se déporta vers la grande porte. Il s’écria soudain en pointant un doigt qui suivit sa pensée :
- Là bas !! Ils sont là !!! Ne les laissez pas s’échapper !!!
Les gardes d’élite coururent à l’extérieur. Ceux qui étaient postés en face de la porte se mobilisèrent également, sans toutefois savoir quoi faire. Indoril et Fëanor étaient en effet toujours dissimulés derrière l’illusion créée à partir de la manipulation de la sphère intangible. Elgath tendit alors ses deux mains en direction de la fontaine du parvis du château. Craignant le pire, Helseth s’élança au dehors et dépassa les gardes. Une intense lumière blanche éblouit toute l’assemblée, si bien qu’Helseth dut se couvrir les yeux. Lorsqu’il les rouvrit quelques secondes plus tard, son bien-aimé ainsi que le maître de l’Ordre des Guerriers étaient visibles, devant la fontaine, désemparés et stupéfaits, ne comprenant vraisemblablement pas ce qui venait de se produire. Elgath fit quelques pas, mais resta tout de même derrière les gardes.
- Inutile de faire appel à vos pathétiques compétences, Fëanor. Elles ne vous seront plus d’aucune utilité. Si tant est que vous le puissiez encore… Votre aura est tellement faible que l’on pourrait penser que vous êtes en effet réellement prêt à disparaître, remarqua le Haut Prêtre avec amusement alors que les deux gardes d’élite se rapprochaient, l’air menaçants.
Fëanor tira son épée et déclara de manière déterminée :
- Vous, prêtres, outrepassez l’autorité du Roi. En tant que l’un de ses derniers serviteurs, je ne peux tolérer ceci, et m’opposerais à vous à partir de maintenant. Vous avez quelques projets guerriers, me semble-t-il… Et bien soyez satisfaits. L’Ordre des Guerrier vous déclare officiellement la guerre.
- Est-ce donc la folie qui s’empare de votre esprit ? demanda Elgath sur un ton moqueur. Maître Fëanor, je crains fort que vous ne soyez pas dans la position idéale pour tenir ce genre de propos…
Il ordonna ensuite d’une voix sèche à son escorte :
- Allez-y.
L’un des gardes en armure blanche, le bâton d’acier déjà pointé sur l’ennemi, libéra une flèche de feu qui sembla partir directement de son arme. Helseth était à mi-chemin entre le garde et le maître guerrier, qui devait voir la flèche lui arriver de plein fouet… Elgath avait-il réellement ordonné aux gardes de tuer Fëanor ? Avec la volonté du désespoir, Helseth tendit sa main vers la flèche et poussa un cri. Mais il ne pouvait rien faire pour la dissiper : elle était trop rapide, trop loin, il n’avait pas son bâton… La sphère du feu ne pouvait pas l’aider. Était-ce donc la fin de Fëanor ? La fin de l’Ordre des Guerriers ? Non… Les prêtres ne pouvaient pas gagner. Pas maintenant, des le départ. L’espace du court instant pendant lequel la flèche, certes intangible mais d’une mortelle incandescence, suivait son parcours, Helseth éprouva une sensation étrange. Comme si sa conscience s’élargissait. Non pas comme s’il avait eu en main un quelconque objet magique pour catalyser son pouvoir sur les sphères… La sensation se situait au-delà. Elle était plus… spirituelle. Le mage avait l’impression de savoir les choses. Non, Fëanor n’allait pas mourir aujourd’hui. Il allait même pouvoir s’échapper de la ville. Helseth en avait la certitude absolue. Mais cette sensation correspondait-elle à la réalité, ou bien était-ce simplement le reflet de sa volonté ? Car avant de savoir cela, il le désirait encore plus certainement. Ou alors, se pourrait-il que ce soit justement parce qu’il le désire que cela allait effectivement arriver ?
Helseth fut soudain comme happé en dehors de toutes ces pensées. Il regarda autour de lui. Tout le monde avait les yeux rivés sur lui, l’air incrédule, y compris Fëanor, bien vivant et sans la moindre blessure. Elgath, en premier lieu, semblait particulièrement ébahi.
- Co… comment avez-vous… ? articula-t-il avec difficulté, sans toutefois parvenir à poursuivre sa question jusqu’au bout.
Helseth comprit alors ce qui venait de se passer, mais la situation était encore loin d’être résolue. Profitant de l’effet de surprise, il se précipita sur le maître guerrier et lui prit son bâton des mains. Il désigna une ligne imaginaire sur le sol, à trois mètres de lui, juste devant les gardes. Aussitôt, un mur de flammes en surgit, comme s’il venait de se créer une fissure ouvrant directement sur le monde infernal. Les flammes, très denses, dépassaient une hauteur d’homme au point que l’on ne pouvait que difficilement voir au travers.
- Venez !! cria le mage à ses deux compagnons. Cela ne les retiendra sans doute pas longtemps.
La troupe termina sa traversée du parvis et dévala l’escalier de gauche. Ils arrivèrent jusqu’à l’allée menant aux grilles qui séparaient le domaine royal du reste de la ville. De loin, Helseth reconnut alors Athris, qui avait vraisemblablement quelques démêlés avec trois gardes qui devaient se demander ce qu’il faisait là, à attendre devant le portail avec trois chevaux. Lorsque Helseth, Indoril et Fëanor arrivèrent à leur hauteur, les gardes se retournèrent dans leur direction. « Ce sont eux ! » cria l’un d’eux. Son visage, comme ceux de ses compagnons, affichait cependant plutôt une impression d’effarement qu’une réelle détermination à exécuter leurs ordres.
- Oui… Et si nous avons pu sortir du château en laissant maître Elgath derrière nous, ce n’est certainement pas vous qui allez pouvoir nous arrêter… déclara Indoril en brandissant son épée.
Les choses se déroulèrent très rapidement, si bien que les trois gardes, impressionnés par l’avertissement d’Indoril, n’eurent de plus pas vraiment le temps de réagir.
- Helseth ! Et bien… tu m’aura fait attendre, dis donc… remarqua le vieil homme. Alors comme ça, tu fréquentes le château ? constata-il en fronçant un sourcil.
- Je t’expliquerais plus tard, coupa le conseiller du Roi. On a intérêt à ne pas trop s’attarder ici… Moi y compris, d’ailleurs. Je ne pensais pas avoir à m’impliquer ouvertement dans votre évasion… Fëanor, je pense que vous devriez monter avec Indoril.
Elgath, rouge de colère, arriva à quelques dizaines de mètres du portail.
- Vous trois !! vociféra-t-il à l’attention des hommes d’armes. Ne les laissez pas partir !!
Les deux guerriers, le mage et son ami étaient pourtant en selle, et les gardes en question n’avaient plus grand-chose à faire que de courir derrière les chevaux qui, après s’être mis au trot, engageaient un grand galop le long de l’artère principale du quartier commerçant, avant de prendre une rue qui bifurquait vers la droite.
][
Une demi-heure plus tard, l’après-midi touchait à sa fin. Après quelques détours par les innombrables ruelles de la vieille ville pour brouiller les pistes, Helseth, Athris, Indoril et Fëanor arrivèrent à la place de Neldoreth Ier au bout de laquelle était la porte du même nom. Celle-ci était fermée, et, comme pouvait s’y attendre la petite équipe, la garde filtrait les entrées et sorties. Le groupe s’arrêta assez loin pour ne pas se faire repérer, et prit soin de rester caché par la grande statue équestre du souverain originel, chef-d’œuvre ornant le centre de la place.
- Et maintenant, comment vous comptez vous débrouiller ? demanda Athris dont la voix était emprunte de lassitude et même d’une certaine irritation.
- Je pense que nous pourrons passer le barrage sans problème, dit Fëanor avec un petit sourire sûr de lui.
- Ah oui ? Et comment ça ?
- Je maîtrise la sphère de l’ombre… Je peux donc créer toutes sortes d’illusions…
- Mmm... des mages en plus… grogna le vieil homme. Helseth, tu fréquentes vraiment de drôles d’oiseaux… Et pour les chevaux ? Ils ne sont pas à moi… Je suppose que vous ne pensez pas partir à pied…
Helseth s’avança vers Athris. Il cala son bâton sous un bras pour accéder plus facilement à une poche de son habit, en sortit une bourse et lui donna une partie de son contenu.
- Tu peux nous laisser, maintenant. Tu nous as vraiment aidé, merci beaucoup. On va garder deux chevaux. Tiens… avec ça, je pense que le propriétaire sera plutôt satisfait de la transaction…
Athris bougonna quelques mots dans sa barbe en prenant l’argent, puis fit demi-tour et s’en retourna dans la rue par où ils étaient arrivés et qui s’enfonçait dans les profondeurs du vieux quartier.
- Les chevaux sont fatigués, remarqua Indoril. Autant prendre quelques minutes de repos maintenant, avant de passer la porte. Si les choses tournent mal, il vaudrait mieux qu’ils aient regagnés quelques forces…
Les trois compagnons descendirent de leurs coursiers qu’ils attachèrent par les rênes à un lampadaire. Ils profitèrent eux-mêmes de cette pause pour s’étirer et se dégourdir les jambes, tout en méditant silencieusement sur les évènements qui venaient de se dérouler, ainsi qu’à ceux qui s’annonçaient. Indoril se rapprocha de son amant et captura son regard perdu dans le vague. Helseth fit l’effort d’un pâle sourire de circonstance que le guerrier lui rendit, bien que le sien se voulût réconfortant.
- Tu vas bien ?
Helseth émit un petit rire nerveux avant de répondre :
- Je viens tout de même de passer en bonne place dans la liste des ennemis du royaume… Toi et Fëanor allez retourner dans vos terres, organiser votre armée, mais moi… il ne me reste rien.
Indoril pensa soudain à tout le bien qu’ils pourraient tirer de cette situation.
- Tu peux nous suivre jusqu’à Dren… Tu pourrais même peut-être entrer dans l’Ordre des Guerriers, Fëanor te dois bien cela…
De plus, quitter la capitale par les temps qui couraient n’était sans doute pas une si mauvaise chose. Helseth rit de nouveau, mais cette fois-ci avec une colère sous-jacente plutôt marquée.
- Dans l’Ordre des Guerriers ?? Mais, Indoril, toute ma vie je me suis battu pour gravir les échelons de la Maison du Roi… Je suis devenu son conseiller… Il me fait presque plus confiance qu’à son propre fils !! Et là, je…
Helseth ne put finir sa phrase et se contenta de secouer la tête ; ses yeux devinrent brillants. Indoril le dévisagea avec gravité. L’ambition de son ami était-elle à ce point étendue ? Jusqu’où aurait-il pensé aller ? Et où plaçait-il leur relation par rapport à tout ceci ?
- Au moins, nous serons réunis. …si bien sûr c’est ce que tu veux, ajouta Indoril sur un ton qui devait susciter une réaction de la part du jeune mage, mais qui était toutefois plus sec que ce que le guerrier aurait voulu.
Tout en regardant Indoril droit dans les yeux, le mage hocha la tête, bien que, parallèlement, son regard et les traits de son visage se firent plus durs.
- Oui… bien sûr… Bien sûr que oui… Je t’aime…
Malgré ces mots rassurants, Indoril était perturbé par le trouble manifeste qui s’emparait du jeune mage. Ses pensées n’étaient à l’évidence pas aussi claires que cela. Il se radoucit cependant. Après tout, si lui-même se retrouvait dans le cas de son amant, comment réagirait-il ? … il saurait chercher le positif de la situation, finit-il par conclure avec une subjectivité qu’il ne parvenait pas à effacer.
- Moi aussi je t’aime. Et c’est cela qui importe le plus pour moi.
Helseth baissa les yeux et un long silence s’installa. Fëanor, qui s’était poliment éloigné au début du dialogue, en profita pour se rapprocher du couple.
- Peut-être pourrions-nous partir, maintenant ? Je ne serais pas tranquille avant d’avoir quitté cette ville…
Indoril acquiesça silencieusement et détacha les chevaux. Lui et Fëanor en montèrent chacun un. Helseth, quant à lui, semblait perdu dans ses pensées.
- Tu viens avec moi ? proposa Indoril d’un ton neutre.
Helseth releva alors lentement la tête.
- Peut-être que tout n’est pas perdu pour moi… ? hasarda-t-il, sur un ton fébrile. Si je retourne au château maintenant… Si je vois le Roi, il me pardonnera sûrement d’avoir participé à votre évasion. Surtout qu’il n’a aucune raison de vous en vouloir personnellement.
- Justement, ce n’est pas au Roi à qui tu auras à faire… Tu seras face aux prêtres…
- Mmm… Elgath… ? souffla le conseiller déchu, un sourire inquiétant sur le visage. Ce vieil homme colérique… que peut-il faire vraiment, hein ? Est-il si puissant que cela ?
- Helseth… Je ne sais pas où tu veux en venir…
- C’est à cause de lui ! coupa le mage sans même écouter les paroles de son amant. S’il n’était pas si obstiné, je n’aurais pas eu à vous défendre ouvertement… S’il n’avait pas été là, je n’aurais pas perdu ma place !
Le rubis enchâssé dans le bâton en chêne du jeune mage que celui-ci tenait en main dégagea une lueur rougeoyante avant de se nimber de flammes comme la mèche d’une bougie que l’on aurait allumée. Indoril, inquiété par cette manifestation, cherchait quelques mots apaisants mais tout de même suffisamment forts pour qu’Helseth se décide enfin à monter derrière lui. Il laissa cependant cette entreprise de côté et jeta un coup d’œil en arrière : un bruit de chevaux au galop semblait se rapprocher, ce qui était plutôt inhabituel compte tenu du danger représenté par l’étroitesse des rues du quartier.
- Helseth… reprit-il en lui faisant de nouveau face. Je sais que cette journée est sans doute le commencement d’une période particulièrement pénible pour toi. Mais tu ne peux rien faire pour l’instant. Quitte cette ville avec nous. Tu pourras réfléchir posément à toutes les options qui se présentent à toi. Je te garantis que retourner au château, affronter Elgath, tout ceci ne te mènera à rien si ce n’est à ta perte… définitive…
Le visage d’Helseth, auparavant figé par la colère, se détendit quelque peu. Les flammes entourant le rubis s’évaporèrent.
- Oui… Tu as raison… avoua-t-il sur un ton radouci mais tout de même chargé du relent de ses émotions précédentes.
Il se rapprocha du cheval d’Indoril. Le guerrier l’aida à monter. Une fois installé, il se tourna vers le maître de l’Ordre des Guerriers :
- Comment comptez vous nous faire passer la porte, Fëanor ?
- Je vais faire en sorte de modifier nos apparences aux yeux des gardes pour qu’il croient avoir affaire à trois des leurs. Il suffit de trouver un prétexte…
Il s’interrompit cependant.
« Faites place, manants !! Faites place à Maître Elgath !!! » entendirent les trois compagnons qui n’eurent toutefois guère le temps de se préparer à ce retournement de situation. Le bruyant cortège, composé du Haut Prêtre et des deux gardes d’élites qui leur avaient posé problème lors de la pénible évasion du château, arrivait sur la place de Neldoreth Ier.
- Mais… Ils sont là !!! s’exclama le prêtre.
Fëanor et Indoril firent promptement démarrer leurs montures, sans même que ne fut décidée la stratégie à adopter.
- Gagnons la porte ! proposa vivement Helseth. Excusez-moi Fëanor, mais nous n’aurons pas le temps de recourir aux subtilités de la sphère de l’ombre…
Les deux chevaux contournèrent la statue et s’élancèrent de front en direction du barrage. Agrippé à la taille d’Indoril par son bras gauche, Helseth brandit son bâton et se concentra. L’obstacle devait bien faire quatre ou cinq mètres de hauteur. Après quelques secondes, des flammèches apparurent de toute part sur la surface de la grande porte. Les hommes chargés de la garder remarquèrent le phénomène, puis ces cavaliers qui arrivaient droit sur eux, et préférèrent au final s’éloigner à distance respectable.
- Tu veux brûler la porte ? demanda Indoril sur un ton inquiet. Mais cela va prendre trop de temps ! Elgath est juste derrière nous !
La porte était encore loin, elle était très grande et son bois résistant. Helseth resta concentré et essaya d’intensifier son pouvoir. Les flammes se firent plus virulentes, mais le processus semblait loin d’être achevé. L’ébauche d’un sourire se dessina sur les lèvres d’Indoril. Peut être que si Helseth pouvait trouver une motivation supplémentaire…
- C’est trop tard. Nous ne pourrons pas passer. Penses-tu pouvoir te battre, seul contre Elgath et les deux gardes ?
Helseth sourit en voyant où le guerrier voulait en venir.
- Évidemment… Personne ne peut me vaincre. Ma maîtrise du feu est totale.
- Alors prouve-le, pour ne même pas avoir à les affronter.
Le mage et les deux guerriers commençaient à se rapprocher dangereusement de la porte. Helseth ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Il déchaîna ensuite toute sa puissance dans un grand cri. Une magistrale explosion se produisit alors : la porte fut entièrement pulvérisée, de même qu’une petite partie du mur d’enceinte. Les chevaux en furent tellement effrayés qu’ils se cabrèrent en hennissant avec force ; Fëanor et Indoril se cramponnèrent comme ils purent à leurs montures. Une quantité incroyable d’énergie magique avait transité par le corps d’Helseth au moment de son ultime effort. Le bâton de mage avait accéléré son passage, mais l’épreuve en avait tout de même été extrêmement éprouvante. Le maître du feu n’eut pas la force ni le réflexe de se raccrocher à son ami et chuta à terre. Ce choc physique, additionné à son état de fatigue mentale, le fit sombrer pour de bon dans l’inconscience. Il resta inerte sur le sol alors que le cheval d’Indoril était devenu incontrôlable et filait à toute vitesse en direction du trou béant. Après avoir parcouru environ deux cent mètres au dehors de la ville, le guerrier reprit contrôle. Fëanor arriva derrière lui. Ils se retournèrent et virent Elgath et ses acolytes arrêtés autour du corps d’Helseth.
- Il faut le sauver !! s’exclama Indoril.
La réponse de Fëanor ne se fit ni prompte, ni exaltée.
- Je peux imaginer ce que tu ressens. Mais nous ne pourrons rien faire contre ces trois-là. Et trop de choses dépendent de notre liberté… de notre survie… La guerre se prépare, Indoril. Si nous nous faisions capturer ou tuer maintenant, c’en serait fini de l’Ordre des Guerriers. Les prêtres auraient alors la main mise sur tout le royaume.
Indoril en resta sans voix et dévisagea son maître d’un air ahuri pendant quelques secondes. Il chercha quels arguments opposer à cela, mais ne put penser à rien d’autre qu’à la déchirure qu’il éprouvait et qui ne pouvait cadrer avec une analyse rationnelle. C’est donc ce qu’il exprima, de manière brute.
- Non ! Je n’ai que faire de notre Ordre ! Je n’ai que faire de tout ceci !
Le cheval d’Indoril hennit, énervé par les ordres confus qu’il recevait. Tantôt le guerrier voulait s’élancer en direction de la ville, tantôt il se ravisait par un brusque mouvement de rênes sur le côté pour refaire face à Fëanor.
- Tu réagis comme lui… Tu t’apprêtes à te battre sans réfléchir, avec la fureur du désespoir… Mais cela ne te mènera qu’à ta perte. Souviens-toi de ce que tu lui as dit tout à l’heure.
- Mais…
- Nous partons. C’est un ordre, Indoril. Je suis désolé d’avoir à te dire ceci en ces termes, mais ton jugement ne doit pas se laisser obscurcir par tes sentiments. Que penses-tu pouvoir contre un Haut prêtre et deux membres de la garde rapprochée du Roi ?
L’elfe savait tout le crédit qu’il venait de perdre aux yeux de son héraut et ami. Mais la situation l’exigeait. Il fit faire demi-tour à son cheval. Laissant Nelda et Indoril derrière lui, il marcha au pas pendant quelques mètres, puis, voyant que ce dernier restait immobile, il changea brusquement d’allure et s’élança au galop. Après quelques instants, Indoril vit un des membres de l’escorte d’Elgath trotter dans sa direction. Il ne bougea pas d’un pouce, attendant de voir la suite avec une résignation et un détachement caractéristique des moments où plus rien ne compte… Suite à un ordre du Haut Prêtre, le lointain cavalier se ravisa et fit demi tour. Indoril finit par faire de même et quitta les lieux au grand galop pour rattraper Fëanor.