Forum - Le Monde du Slash

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 Sujet du message: héroic fantasy slash
MessagePosté: 29 Mar 2006 22:49 
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Slash ou non, telle est la question...
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Inscription: 27 Mai 2005 21:37
Messages: 550
Localisation: sur mon blog ^^
C'est la 1ère fois que je me lance dans une histoire originale... Je sais pas si c bien ds l'esprit du forum, mais il y a du slash partout dc j'espère quand même que ça va plaire à 1 ou 2...
J'invente tout un univers, donc si ça en intéresse certains, J'ai une tonne d'idées pour continuer, et j'essayerais de fr des mises à jour assez régulières.
Le slash fait partie intégrante de l'histoire, mais c'est surtout le scénario qui reste primordial. (même si bien sûr les histoires de coeur des personnages vont jouer un rôle extrèmement important :P ). Et puis j'adore la magie, alors les histoires de sorts et les explications techniques risquent d'être assez fréquentes aussi... ^^'

Donc dites moi ce que vs en pensez, et si vs seriez intéressés pr connaître la suite... ^^

Je suis assez content de ce 1er épisode, mais je me suis retrouvé un peu dépassé par 2 trucs : la description de l'univers petit bourgeois du XVIIIe à la fin, avec domestiques et compagnie ^^' ... et surtout la manière dont je me suis trouvé décrire les prêtres... Bien sûr ils sont...comme ils sont ds cette histoire... :twisted: mais on peut faire qqes parallèles avec la religion chrétienne dc sachez que j'y ai pas dutout pensé de manière volontaire, ça s'est retrouvé comme ça sur le moment ^^'' (même si j'apprécie pas particulièrement les religions en général mais bon...)

Et puis j'ai aucune imagination pr les noms propres, dc ts les noms utilisés proviennent soit de tolkien soit d'un jeu vidéo... (mais pas d'aragorn ni de frodon, vs inquiétez pas ^^'' lol)
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Le comte Indoril Nérévar parcourait les longs couloirs du château avec anxiété. La guerre allait commencer, disait-on. On racontait que des villages de paysans en bordure du royaume s’étaient déjà faits attaqués par des groupes d’orcs, sortis d’on ne sait où. Une convocation officielle du Roi Neldoreth IV ne venait que confirmer les rumeurs d’une période de conflit imminente. Indoril arriva à la grande porte richement décorée de la salle du trône, gardée par deux hallebardiers en armure étincelante, immobiles, une expression sérieuse et arrogante sur leurs visages. « Très prestigieux comme position, garde de la salle du trône… Mais ces deux-là ont-ils la moindre idée de ce qu’est la guerre ? » se demanda Indoril avec une pointe de mépris. Les gardes se murent de concert, et ouvrirent chacun un battant de la porte. l’un d’eux cria pour couvrir le brouhaha :
- Indoril Nérévar, comte de Dren, affilié à l’Ordre des Guerriers.

Indoril marcha d’un pas lent et digne, d’une allure toute protocolaire, le long du tapis menant au trône sur lequel siégeait le Roi. Il remarqua que d’importantes personnalités avaient été conviées, parmi lesquels les Hauts Prêtres Nevrast et Haleth, dans leur robe blanche immaculée. Les Hauts Prêtres, au nombre de quatre, dirigeaient l’Ordre des Prêtres et avaient acquis énormément de pouvoir et de considération auprès du Roi depuis quelques années. Beaucoup commençaient d’ailleurs à s’en méfier. Indoril constata également la présence d’autres nobles de rang plus ou moins égal au sien, comme Brandir, un autre membre de l’Ordre des Guerriers, et bien sûr Helseth, de l’Ordre des Mages, qui était également conseiller personnel du Roi. Helseth lui fit un clin d’œil discret, un sourire charmeur aux lèvres, mais Indoril resta impassible.

Le duc de Dren s’agenouilla et présenta ses respects à son Roi, Neldoreth IV.
- Relevez-vous, maître Nérévar, ordonna le Roi. Nous n’avons guère de temps à perdre en vaines courbettes protocolaires. Prenez un siège, je vous prie.

Indoril alla s’asseoir sur l’une des chaises installées de part et d’autre du tapis, près du trône.
- Maître Nérévar, je dois dire que je suis très ennuyé que le maître de votre ordre n’ait pas répondu à mon appel, tant nous aurions eu besoin de ses conseils avisés…
- Nous pourrons nous passer de lui, coupa froidement Nevrast.
- Oui… soit.

La situation politique était très tendue au sein du royaume de Neldor. L’autorité du Roi avait commencé à décliner sous le règne de Neldoreth III, et lorsque Neldoreth IV hérita de la couronne, il se retrouva vite enlisé dans cette sorte de cohabitation. Dans les faits, le Roi, qui était également par tradition grand maître de l’Ordre des Mages, partageait le pouvoir avec l’Ordre des Prêtres, avec à sa tête les quatre Hauts Prêtres, et l’Ordre des guerriers, dirigé par l’elfe Fëanor. Ces trois ordres étaient des sortes d’académies militaires. Les personnalités de haut rang devaient s’affilier à l’une ou l’autre de ces trois maisons pour, à la base, y apprendre le maniement des armes, des sorts, et les techniques de commandement et de stratégie militaire. Mais l’entrée dans l’une de ces trois maisons garantissait également de grandes perspectives d’avenir au niveau politique.
- Bien, poursuivit Nevrast. Comme vous le savez sans doute, certaines contrées en bordure du royaume ont vu l’arrivée de groupes d’orcs, qui n’ont pas hésités à piller et massacrer des villages entiers…

La manière dont le Haut Prêtre dirigeait le débat parut extrêmement insultante à Indoril vis-à-vis du Roi. Mais celui-ci ne disait rien… Pourquoi était-il aussi effacé ? Que se passait-il réellement à la cour ? Indoril avait hâte que cette réunion soit terminée pour pouvoir retrouver Helseth. Lui savait tout ce qui se tramait dans les couloirs les plus sombres du château. Il tourna la tête dans sa direction. Son ami était assis de l’autre côté du tapis, près du Souverain. Indoril remarqua qu’il portait la tunique brodée qu’il lui avait fait confectionner spécialement, en cadeau lors de son dernier passage à la capitale. Helseth était accoudé à sa chaise, son poing venant soutenir son visage aux traits fermés. Il n’écoutait Nevrast que d’un air distrait et avait l’air assez préoccupé. Helseth finit par lever les yeux. Il vit qu’Indoril l’observait et lui adressa un sourire.
- Savons-nous qui envoie ces orcs ? demanda Brandir.
- Bien sûr ! s’exclama un seigneur mage. Je me suis moi-même fait attaquer, et mes terres sont situées juste à la frontière du royaume de Fornor. Ce sont eux qui les ont envoyés. Ils préparent un mauvais coup, c’est sûr. Et tout le monde sait que leur Roi élève des orcs dans sa forteresse de Bélorith !
- Calmez-vous, je vous prie… tempéra Haleth, le deuxième Haut Prêtre qui n’avait jusque-là pas laissé entendre sa voix spéciale, grave et rauque. Cela ne peut-être qu’un coup monté... Fornor n’a aucune raison de nous attaquer... Non,… pas Fornor… Je pencherais plutôt pour le royaume de Nethrim… Nous avons déjà été en guerre contre lui par le passé... Il doit certainement leur rester quelques rancunes… Il doit nous envoyer ces orcs pour tester notre réaction…

Neldoreth IV s’indigna contre ces dernières paroles.
- Nethrim ? Mais ce sont nos plus fidèles alliés… Nos royaumes ont été en guerre, c’est vrai, mais cela fait presque un siècle ! Tout est oublié depuis longtemps !
- Il est cependant nécessaire de considérer la question, dit Nevrast d’un ton posé. Et vous, mon seigneur, dit-il en s’adressant à un noble inconnu d’Indoril, mais qui portait l’insigne blanc des prêtres sur son habit : un cercle barré d’un trait vertical. Vos terres sont situées en bordure du royaume de Nethrim, n’est-ce pas ? N’avez-vous rien vu ?
- Euh…. Il est vrai que… On m’a rapporté que des paysans avaient vu certains orcs rôder… hasarda le noble d’un ton hésitant.
- Vous voyez, votre Majesté, dit Nevrast, satisfait. Votre confiance envers Nethrim vous aveugle.

Mais quel était donc ce simulacre de discussion ? se demanda Indoril. L’attitude des Hauts Prêtres envers le Roi était impardonnable. Il prit la parole.
- Votre Majesté, qu’attendez vous des vassaux que vous avez conviés aujourd’hui ?
- Nous n’avons pas identifié nos ennemis avec certitude, mais je vais faire en sorte de clarifier la situation rapidement. Il est cependant sûr que les temps de paix sont révolus et que des heures bien sombres sont devant nous. C’est pourquoi je vous demande à tous, membres des trois grands Ordres, de respecter votre serment d’allégeance à la couronne que j’ai l’honneur de porter. Que tous les seigneurs ici présents lèvent une armée dans leur contrée, prête à se battre sous la bannière du royaume de Neldor.

Neldoreth IV s’était levé et avait prononcé ces phrases solennelles avec toute la grandeur que lui conférait son statut, la couronne d’or sertie de rubis qu’il portait et son Bâton Écarlate de grand maître de l’Ordre des Mages posé sur un présentoir à quelques pas de lui. Mais cela restait bien vain. Personne dans la salle n’était dupe de cette autorité moribonde...

][

Plus tard dans l’après-midi, Indoril était de nouveau dans la chambre d’invités dans laquelle on l’avait installé. Il terminait le compte-rendu de l’assemblée que lui avait demandé de lui faire parvenir Fëanor. Il aurait dû être là pour voir ça par lui-même, pensa Indoril. Pour constater à quel point la situation était grave, beaucoup plus sur le plan interne qu’à propos des affaires extérieures. Il plia le papier et le glissa dans une enveloppe qu’il cacheta. Il s’apprêtait à partir, l’enveloppe à la main, lorsqu’il se ravisa. Non, se dit-il avec un sourire. Il ne pouvait pas attendre cinq minutes de plus. Indoril reposa la lettre sur son bureau et quitta sa chambre. Au détour d’un couloir, il croisa Haleth. Il se courba respectueusement, mais le Haut Prêtre ne lui adressa pas le moindre regard. Indoril se retourna et le regarda s’éloigner avec interrogation. Cependant, cette mystérieuse rencontre n’allait pas le détourner de son objectif. Quelques minutes plus tard, il frappait à la porte de la chambre du conseiller du Roi.
- Indoril ! s’exclama Helseth après avoir ouvert la porte.
- Ça fait des heures que j’attends de pouvoir te voir en privé…

Helseth referma la porte derrière son ami avant de lui sauter au cou. Indoril resserra ses bras autour de l’être qu’il aimait.
- Et moi ça fait des mois…
Alors qu’Helseth disait ces mots, Indoril remarqua que son sourire s’était légèrement estompé. Il était vrai qu’ils n’avaient pas beaucoup d’occasions de se voir, l’un à Nelda, la capitale de Neldor, et l’autre dans le lointain comté de Dren, fief de l’Ordre des Guerriers.
- Excuse moi… je devrais venir plus souvent. Toi aussi tu m’as vraiment manqué tu sais…

Indoril scruta en détail son ami, comme pour réimprimer dans sa mémoire chacun des traits de son visage, traits qu’il n’était pourtant pas prêt d’oublier, tant il y pensait et repensait sans cesse, chaque jour passé loin de lui. Helseth avait le visage fin et ses cheveux bruns bouclés lui donnaient une apparence légèrement juvénile. Mais ses yeux dégageaient quelque chose… Son regard était d’une profonde intensité, et, en insistant plus longuement, on pouvait voir comme un reflet dans ses yeux, l’étrange lueur indéfinissable caractéristique de ceux possédant une haute maîtrise de la magie. Indoril baissa les yeux et remarqua avec humour :
- Mais dis moi… tu portes une bien jolie tunique.
- Mmm… oui… cadeau d’un ancien amant…
- Ah oui… ancien, n’est-ce pas ?

Indoril attira Helseth contre lui et le regarda dans les yeux pendant quelques secondes, ces yeux si pénétrants, avant de poser ses lèvres contre les siennes. Leur baiser resta longtemps plus tendre que passionné, jusqu’à ce que les caresses d’Indoril se fissent plus pressantes et plus aventureuses.
- Helseth… tu m’as vraiment manqué, dit Indoril dans un soupir.
- Tant que ça ? demanda son amant sur un ton amusé. N’y a-t-il donc pas de beaux garçons dans le comté de Dren prêt à satisfaire les désirs de leur comte ?
- Si, mais… c’est tellement différent…

Indoril n’était cependant plus à la conversation. Il libéra un a un chaque bouton de la riche tunique sur laquelle était discrètement brodée la petite flamme rouge, symbole de l’Ordre des Mages, et y glissa ses deux mains pour caresser son torse finement musclé, détail qui n’était pas désagréable, surtout chez un mage, pensa Indoril avec amusement. Helseth lui enleva à son tour son vêtement pour révéler un corps aux reliefs beaucoup plus saillants, venant attester des nombreuses heures d’entraînement aux armes, avec en prime une belle zone de poils s’étendant entre les deux tétons, et une autre sur le ventre.
Helseth s’attaquait maintenant au pantalon tout en l’attirant vers son lit.
- C’est pareil pour moi. Personne ne peut te remplacer…

][

Le calme était revenu dans la chambre du conseiller du Roi ; Indoril allongé sur le dos et Helseth tout contre lui, la tête posée sur sa poitrine. Tous deux savouraient l’instant de quiétude de l’après, qui leur paraissait au moins tout aussi bon que ceux venant de s’écouler. Les pensées négatives reprenaient cependant peu à peu leur ronde dans l’esprit d’Indoril, qui rompit le premier ce silence apaisant.
- Helseth…
- Mmm… ?
- Qu’est-ce qui se passe ici, en ce moment ? La réunion de tout à l’heure était vraiment…
- Oui, je sais, coupa le jeune mage avec amertume. C’est comme ça depuis plusieurs mois. C’est maintenant l’Ordre des prêtres qui détient les rênes du royaume. Et ils ne cherchent même plus à s’en cacher… Nevrast, Haleth, Elgath et Meandros font ce que bon leur semble et donnent des ordres à tout le monde au château, y compris à leur propre Roi.
- Et le Roi accepte cette situation ? Mais comment a-t-on pu en arriver là ?
- Et bien… c’est assez délicat.
- Comment ça ?
- Neldoreth n’ose pas leur barrer la route. Il ne peut pas… il ne peut rien faire.
- Mais pourquoi ??
- Je ne sais pas si je devrais en parler… Un conseiller du Roi doit savoir garder certaines choses secrètes... tu comprends ?

Indoril resta silencieux un moment avant de répondre :
- Je ne sais pas où va mener cette situation, mais ça ne laisse présager rien de bon, surtout avec ces attaques vers nos frontières…
- Oui, tu as raison, mais… C’est difficile de faire quoi que ce soit, parce que…

Helseth s’interrompit un instant pour bien réfléchir à chacun des mots qu’il allait prononcer :
- En fait… l’Ordre des Prêtres a acquis un moyen de pression contre lequel le Roi ne peut rien… Une sorte d’arme… très dangereuse. Plus dangereuse que tout ce qu’on peut imaginer.
- Une arme ?
- Non... Désolé, je ne peux rien dire de plus. Même si… peut-être qu’il serait bon qu’une personne extérieure à la cour sache… Je ne sais pas…

Un long silence vint ponctuer la discussion, puis Helseth reprit :
- Indoril… pourquoi t’es-tu lié à l’Ordre des Guerriers ?
- Ma famille est affiliée à cette Maison depuis des générations. Déjà, par tradition, je n’avais pas vraiment le choix en quelque sorte… Mais au delà de ça, j’aime l’idéal des guerriers. Et puis la magie ne m’a jamais intéressé. On doit compter sur les éléments, les forces invisibles… C’est trop compliqué pour moi. Et trop… instable. Que se soit la magie élémentaire, ou, surtout, la magie mystique des prêtres. Quand tu es guerrier, tu peux ne compter que sur toi-même. Je sais de quoi je suis capable. Je connais réellement ma force, et elle ne m’abandonnera jamais.

Helseth acquiesça. Sans, bien sûr, partager son opinion, il le comprenait tout à fait. Il ferma les yeux et rapprocha son corps de celui d’Indoril. Il se laissa alors bercer par l’aura de son ami que ses capacités lui permettaient de ressentir, cette aura d’une très grande intensité, et qui pourtant dégageait une sérénité immense, ce qu’il n’avait jamais ressenti chez personne d’autre. Bien sûr qu’Indoril était un guerrier. Jamais il n’aurait pu en être autrement.
- Mais toi, ton truc c’est quand même la magie, hein ? remarqua Indoril avec un ton gentiment provocateur, en passant une main caressante sur le dos de son ami. C’est quoi déjà ta spécialité ?
- Je suis maître de la sphère du feu, déclara Helseth avec fierté. La même spécialité que le Roi, précisa-t-il Même si bien sûr, je ne lui arrive pas à la cheville…

Indoril sourit. Le choix de cette compétence n’était certainement pas dû au hasard. Indoril connaissait l’ambition de son ami. Après tout, il ne fallait pas s’étonner si, à seulement 27 ans, il avait été propulsé au poste de conseiller du Roi…
Helseth se redressa en s’étirant.
- Excuse moi, mais j’ai encore beaucoup de travail cet après midi. Le Roi doit déjà m’attendre…
- D’accord… dit Indoril avec déception.
- On pourrait sortir en ville ce soir… J’aimerais bien te faire visiter quelques quartiers mal famés de la capitale, dit-il avec un sourire jusqu’aux oreilles.
- Mmm… Pas mal comme programme, dit le guerrier en plissant les yeux.

][

Vers dix heures du soir, Indoril était à la fontaine du parvis du château. D’ici, il surplombait la ville et avait pu voir les lampadaires qu’on allumait, un à un, au milieu de l’étendue de maisons. C’était l’été et la nuit n’était tombée que depuis une heure. La température élevée n’avait diminué que de quelques degrés depuis l’après midi, et le comte de Dren se disait que décidément, il se verrait bien vivre ici, à écouler des jours paisibles aux côtés d’Helseth, au lieu de se contenter des rares occasions qui le faisaient se rendre à la capitale. Il savait pourtant que cela était impossible : il devait administrer son domaine. De plus, Indoril était le héraut de Fëanor, le maître de l’Ordre des Guerriers, dont le quartier général était la forteresse de Molag Tir, également située dans le comté de Dren. Il devait toujours rester près de son supérieur pour recevoir ses ordres. Indoril scrutait les minuscules silhouettes des gardes faisant leur ronde sur le mur d’enceinte de la ville, lorsque Helseth arriva.
- Désolé du retard… Les affaires du royaume, tu sais bien… on en a jamais fini.
- C’est pas grave, répondit Indoril, trop content de revoir son ami. Alors… où allons-nous ?

Indoril se laissa guider à travers les ruelles de la ville. La vie nocturne se dévoilait peu à peu : une musique diffuse s’échappait d’une taverne, un homme saoul invectivait un couple bourgeois outré, et, dans les recoins sombres, protégées du regard inquisiteur des gardes, les ombres s’adonnaient à toutes sortes de commerces fort peu licites.
- Entrons là-dedans, proposa Helseth à l’abord d’un établissement dont l’enseigne, « À la Dame Galante », était bien le seul aspect qui tentait de rendre le lieu plus ou moins accueillant.

Helseth et Indoril s’installèrent à une table.
- Tavernier ! cria Helseth. Deux pintes de ton meilleur cidre.
- Tout de suite, grogna le gros bonhomme derrière son bar.
- Mmm… Intéressant comme endroit, remarqua Indoril avec amusement. Un peu dans le même style que celui de la dernière fois…

Le soir venu, la grande distraction de Helseth était d’enfiler ses plus vilains habits pour aller se mêler à la populace la moins fréquentable de la ville, s’accoquiner avec quelques canailles, voire même tremper légèrement dans certains petits trafics… Il s’était d’ailleurs bâti une solide notoriété, parmi ces gens qui restaient pourtant bien loin d’imaginer qu’il était en fait noble de l’Ordre des Mages, qui plus est conseiller personnel du Roi.
- Bien sûr, répondit son ami. C’est dans ce genre d’endroits qu’il se passe les choses les plus intéressantes. Et puis… pour la plupart gens, c’est ça la vraie vie. Ça remet les idées en place de voir ce qui se passe en dehors du château, dit-il discrètement. Tiens ! Ça ferait du bien à Nevrast, vivre dans la vieille ville pendant toute une semaine !! Ajouta t-il plus haut avant d’éclater de rire.
Un homme barbu, aux vêtements sals et odorants et à la dentition qui puisait dans une palette de couleurs allant du jaune au noir s’approcha.
- Ah ça, pour sûr, on lui en ferait voir de belles, nous autres !
- Hé ! Athris ! Comment ça va ?
- Oh, ça… je m’en sors, je m’en sors… Et lui, qui c’est ? demanda l’homme en parlant d’Indoril. Je l’ai jamais vu dans le coin…
- Indoril, enchanté. Je suis… commerçant. De passage en ville…
- Mais… c’est qu’il a des manières ton ami dis donc ! Et… commerçant dans quoi, si je peux me permettre ?
- C’est pas du tout ton secteur Athris, t’inquiète pas ! coupa Helseth avec un rire qui dissipa toute curiosité mal placée.
- Très bien. C’est tout ce qui m’importe. Et bien, Monsieur Indoril, bienvenue à Nelda !

On leur apporta leurs consommations et ils discutèrent quelques temps, parlant des rumeurs et des nouvelles de la rue, jusqu’à ce qu’un mystérieux individu vienne les interrompre.
- Excusez-moi messieurs… C’est bien vous qui parliez du Haut Prêtre Nevrast, tout à l’heure ?
- Mmm… possible, marmonna Athris dans sa barbe sans lever la tête pour identifier l’inconnu.
- Qu’avez-vous dit exactement ?

Les groupes autour de la table de Helseth, Athris et Indoril avaient baissés d’un ton. Cette fois-ci, Athris se redressa pour regarder son interlocuteur dans les yeux avec un air ostensiblement provocateur. Il parla en détachant bien chacun de ses mots.
- On a dit que si Nevrast ramenait son petit cul béni par ici, il serait sans doute plus au courant des problèmes du royaume, et la propagande qu’il fait distribuer dans toute la ville se retrouverait moins souvent dans les fosses à purin.

Toute l’assemblée s’était tue. L’individu empoigna son épée.
- Comment osez vous parler d’un Haut Prêtre de la sorte ? Vous allez payer ça !
Le propriétaire du lieu tenta de s’interposer.
- Oh la ! Pas de politique dans mon établissement ! Rengainez-moi cette épée !
Cela ne suffisait cependant pas à calmer les ardeurs partisanes du jeune homme. Un petit groupe de cinq personnes se détacha de la foule pour venir aux côtés du fanatique qui déclara :
- La dictature de l’Ordre des Mages doit cesser ! Il est temps que cette cité et ce royaume acceptent la voie montrée par l’Ordre des Prêtres. Les insultes ne resteront pas impunies !

Les trois compagnons s’étaient levés pour faire face aux perturbateurs. Indoril évalua rapidement la situation. Les fauteurs de trouble voulaient-ils réellement embrocher le malheureux Athris, ou était-ce de la provocation ? Helseth pourrait se débarrasser d’eux en un clin d’œil, mais une démonstration magique casserait l’image de roublard des bas-fonds qu’il s’était créé… Non, Helseth ne ferait rien. Lui peut être ? Indoril n’était pas armé mais ces quelques vauriens n’avaient pas l’air extrêmement dangereux… C’est alors qu’une autre personne se détacha de la foule.
- Les pantins du temple ne sont pas les bienvenus. Allez colporter vos sales idées ailleurs. Ici, personne ne veut les écouter…
Le fauteur de trouble et ses compagnons se rendirent alors compte que l’assemblée qui les entourait n’était pas réellement passive, comme ils l’espéraient sans doute, et même plutôt hostile à leur égard. Ils se dirigèrent prudemment vers la porte
- Je vois… Ainsi, cette taverne s’oppose ouvertement aux prêtres. Vous verrez, les choses vont changer. Bientôt, tout le monde reconnaîtra la seule et unique voie à suivre. Et à ce moment là, vous aurez intérêt à avoir changé d’avis…
- Très bien, dit Helseth. Maintenant partez avant que les gardes arrivent. Ils seraient sans doute très intéressés par votre point de vue.

][

Plus tard, les deux nobles étaient de retour au château du Roi Neldoreth IV, dans la chambre d’Helseth.
- Excuse-moi pour la soirée. Je pensais pas qu’on allait tomber sur ces fanatiques de l’Ordre des Prêtres…
- Oh… C’était plutôt distrayant finalement, répondit Indoril pour remonter le moral de son ami, bien que lui-même ne fût qu’à moitié convaincu par ces paroles.
- Les conflits de la salle du trône se propagent jusque dans les ruelles de la vieille ville… Les prêtres distribuent au peuple une sorte de manuel qui leur explique les règles de conduite de l’Ordre des Prêtres et leurs pseudo idéaux de justice… Les quelques gens du peuple qui savent lire racontent ensuite toutes ces bêtises aux autres et réussissent à convaincre de plus en plus de monde... Indoril, la situation est vraiment grave ici… J’ai… j’ai peur pour le Roi. Et... peur pour l’avenir…
- Demain matin, je retourne à Dren. Je parlerai de tout ça à Fëanor. L’Ordre des Guerriers s’est toujours tenu à l’écart de la politique, mais cette fois-ci, nous devons faire quelque chose.
Helseth hocha la tête en silence.
- Je… peux dormir ici ? demanda Indoril sur un ton faussement timide qui fit sourire son compagnon.
- L’intendant du château t’a officiellement assigné l’une des plus belles chambres réservées aux invités. Et tu préfères quand même rester là ?
- Oui… Disons que c’est plus… convivial.
- Mmm… convivial hein… ?
Helseth s’approcha de son guerrier et le prit dans ses bras.
- Convivial. Et même… chaleureux.
Le sourire de Helseth disparut et il regarda Indoril d’une manière étrange.
- Indoril… Je suis… content de t’avoir. Des fois, j’ai l’impression que… Tu es le seul en qui je puisse avoir confiance… Et que tu es mon seul ami.
Indoril déglutit une fois avant de déclarer avec gravité :
- Tu pourras toujours compter sur moi, Helseth. Quoi qu’il arrive. Je t’en fais la promesse.
Helseth scruta longuement le regard de son ami dans l’espoir de pouvoir sonder son âme. Bien sûr qu’il était sincère. Mais… pourrait-il réellement tenir ce serment au vu des évènements qui s’annonçaient ? Le jeune mage finit par lâcher Indoril, et commença à se déshabiller. Celui-ci fit de même et ils se couchèrent en silence. Une sorte de tension était présente dans l’air. Chacun se coucha d’un côté du lit, le dos tourné dans la direction de l’autre. Indoril ferma les yeux. Puis Helseth se retourna soudainement.
- Indoril !

Le guerrier se redressa pour faire face à son ami.
- Tu dois savoir. Et… Fëanor aussi. Tu devras lui dire.
Indoril hocha la tête. Il allait enfin connaître le fond du problème.
- Les Hauts Prêtres ont mis la main sur des écrits très anciens dans des ruines d’une vieille place forte, dans un de leur fief, au nord du royaume. Il s’agit d’un rituel… Pour déclencher un sort mystique… très puissant. Un sort d’invocation…
- Et… pour invoquer quoi ?
- Le texte parle d’un archange.
Indoril fronça les sourcils.
- Un archange ? Mais… comment ça ? Et de toute façon, le Roi aussi est un grand invocateur. Son bâton appelle le Dragon Écarlate, aussi fort qu’une armée entière… tu le sais mieux que moi, non ?
- Un archange est un des êtres ayant participé à la création du monde. Ses pouvoirs seraient infinis… Et il serait sous le commandement de toute personne ayant participé au rituel…
- Mais c’est… c’est impossible ! Ce genre de créature n’existe que dans les mythes ! Ça ne peut pas être vrai… C’est du bluff. L’Ordre des Prêtre utilise ce mensonge pour intimider le Roi.
- Le Roi lui-même a vu le texte en question. Il est sûr qu’il est parfaitement authentique.
- Ah… Et si… quelqu’un d’autre pouvait accomplir le rituel avant les Hauts Prêtres… ?
- Il faut forcément une maîtrise immense de la magie mystique pour pouvoir lancer un tel sort. Personne d’autre sur Neldor, et sans doute personne d’autre dans le monde n’aurait la possibilité d’accomplir une telle chose, à part Nevrast, Haleth, Elgath et Meandros…
- Et ils comptent réellement le faire ?
- Je ne sais pas… Pour l’instant ils s’en servent comme moyen de pression sur le Roi. Ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent, et si Neldoreth les contrarie, rien ne les empêchera de faire sécession avec le royaume, pour ensuite déclarer la guerre à Neldor. Le Roi et son Dragon Écarlate feraient alors bien pâle figure…
Un long silence passa. Indoril se recoucha.
- J’en parlerai à Fëanor. Il est très sage et il trouvera certainement une solution.
- Mais tu ne comprends pas ! Il n’y a aucun espoir. Rien ne pourra arrêter les prêtres !
- Tu entends ce que tu dis ? Il y a toujours un espoir. Dors, maintenant.
Sans un mot, Helseth s’étendit à côté de son compagnon et ferma les yeux. Le sommeil se fit attendre un long moment avant que ses pensées angoissées ne se muent peu à peu en d’inquiétants cauchemars…

][

Indoril et Helseth étaient aux écuries du château. Les affaires d’Indoril étaient chargées dans la voiture, les chevaux et le cocher étaient prêts. Helseth regardait son ami sur le point de partir avec un pincement au cœur.
- Et bien… Bon voyage…
- Merci…

L’idée de passer encore de longs mois sans se voir et les problèmes actuels du royaume rendaient ces adieux particulièrement difficiles, même si aucun des deux ne le laissait paraître d’une manière directe. De toute façon, une embrassade passionnée et de vives effusions auraient parues un peu trop déroutantes pour les nombreuses personnes présentes sur les lieux.
- Tu feras attention à toi, hein… ? poursuivit Indoril.
Il serra ses lèvres et envoya un regard empli de souffrance à Helseth, un peu comme un appel à l’aide. Mais celui-ci ne pourrait rien faire. Il ne pouvait pas faire en sorte qu’il reste au château, il ne pouvait pas venir avec lui, il ne pouvait pas l’aider à lui communiquer tout ce qu’il aurait voulu lui dire en cet instant.
- Oui… toi aussi, fait attention.
Ils ne pouvaient pas utiliser les mots : les gens entendraient et la rumeur se répandrait bien vite. Et quand bien même, Helseth n’était pas sûr de pouvoir trouver les mots justes. Mais, se dit-il, au-delà même des mots, il leur restait encore ce dernier moyen de communication : le regard. Et, en fin de compte, cela suffisait pour se comprendre.
- Bon… Je dois y aller… finit par trancher Indoril.
-Mmm… au revoir, termina Helseth en fixant ces lèvres qu’il ne pouvait pas embrasser.
Indoril monta et ferma la porte de la voiture. Le cocher démarra. Helseth suivit le convoi jusqu’au dehors, dans le matin encore assez frais. Il regarda la voiture s’éloigner, jusqu’à la voir disparaître alors qu’elle tournait à l’angle du chemin, après avoir dévalé la colline du château. Puis il resta là quelques instants encore.

][

Le lendemain soir, après deux journées de route, Indoril était de retour à Amras, petite ville au milieu de la campagne qui restait cependant la plus peuplée du comté de Dren. Le convoi traversa la ville et se dirigea du côté de la demeure familiale des Nérévar. Un domestique vint à sa rencontre et ouvrit la porte de la voiture
- Bonsoir, maître. Avez-vous fait bon voyage ?
- Oui… répondit laconiquement le comte.
Le cocher se dirigea vers les écuries
- Madame votre mère et mademoiselle votre sœur ont dîné, et sont même déjà couchées, mais je peux demander au cuisinier de vous préparer quelque chose… Vous devez être épuisé.
- Très bien, merci. Pourriez-vous ensuite aller aux écuries aider le cocher à monter mes bagages ? Et dites à Helkar que Tonnerre devra être prêt demain à l’aube. J’aurai à faire à Molag Tir, et je veux mon meilleur cheval.
Indoril pénétra ensuite dans la grande bâtisse et monta en direction de sa chambre. Il croisa un autre domestique à qui il demanda :
- Pouvez-vous appeler Landras pour moi, s’il vous plaît ? Je suis dans ma chambre.

Quelques minutes plus tard, le maître d’armes entrait dans la chambre du comte.
- Bonsoir Indoril. Votre voyage s’est bien passé ? Comment était la capitale ?
- Mmm… la situation est… assez préoccupante. Le Roi a demandé à tous ses vassaux de préparer une armée. Je te laisse t’en charger… ?
- J’annoncerais l’avis de conscription demain matin.
- Très bien, merci.
Indoril continuait à ranger ses affaires qu’on lui avait montées, et ne se préoccupait plus de Landras. Celui-ci restait pourtant là, immobile, devant la porte. Il finit par se décider à demander :
- Vous… hum… Vous avez revu Monseigneur Helseth, le conseiller du Roi ?
Indoril arrêta ses occupations et se tourna vers Landras. Il lui répondit d’un ton assez froid, presque cassant :
- Bien sûr que oui.
Landras hocha la tête et se retourna pour quitter la pièce. Alors qu’il avait ouvert la porte, il se retourna une nouvelle fois et hasarda :
- Désirez-vous que je vous rejoigne… un peu plus tard ?
Indoril qui était retourné à ses activités de rangement ne lui jeta cette fois-ci qu’un rapide coup d’œil, puis lui dit d’un ton égal :
- Non… Je vais simplement manger, et dormir. Je me lève tôt demain.
- Très bien.
Le maître d’armes quitta la pièce. Il refermait la porte derrière lui quand Indoril l’interrompit :
- Landras !
- Oui ?
- Excuse-moi… Je suis très fatigué.
- Je comprends.

Quelques minutes plus tard, Indoril, affamé, descendait à la cuisine.


Dernière édition par Shotoku le 23 Mai 2006 01:05, édité 2 fois.

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MessagePosté: 30 Mar 2006 18:47 
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C'est trop bien, j'adore !! C'est vraiment prometteur !!!

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Cybelia.


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MessagePosté: 30 Mar 2006 20:40 
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Slash ou non, telle est la question...
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aaah. ça me fait plaisir :D
Citation:
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Très bien, j'y travaille. ^^


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MessagePosté: 31 Mar 2006 13:12 
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Slash ou non, telle est la question...
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merci bcp kaedegirl :wink:

dc voilà, le chapitre 2 est terminé ^^. Il est pt être un peu moins bien que le 1er je trouve mais bon. Il est plus axé sur la magie en tt cas... Dites le moi si vs trouvez qu'il y a trop de magie et pas assez de slash.

j'ai fait une carte de la capitale :
http://img207.imageshack.us/img207/6513/nelda5uq.jpg
mais elle est super moche, c'est juste à titre indicatif ^^ (je la complèterais au fur et à mesure)

__________________________________________________
CHAPITRE 2

Un mois plus tard.

Helseth passa la grande grille séparant le parc du château du reste de la ville, suivit pendant quelques centaines de mètres l’artère principale le long de laquelle s’étalait le quartier commerçant, puis tourna rapidement à gauche, dans une rue plus étroite mais joliment pavée, et dont la propreté contrastait fortement avec les ruelles sordides du quartier sud auquel il restait malgré tout un peu plus familier. C’était en général pour les affaires du Roi que le conseiller de Neldoreth IV se rendait dans le quartier des nobles de Nelda. Mais la raison qui l’amenait aujourd’hui dans cet endroit était encore moins attrayante que d’habitude. Il était même cette fois-ci assez mal à l’aise. Il longea pendant un moment les belles demeures, croisa des gens importants et en salua quelques uns qui remarquèrent d’ailleurs tout de suite son air préoccupé. Il finit tout de même par arriver au terme de sa marche à travers la ville : devant lui se tenait l’entrée principale du manoir d’Elgath. La demeure du Haut Prêtre était extraordinairement vaste ; en se référant aux habitations alentours, elle occupait largement la place de plusieurs pâtés de maisons. Mais ce qu’on appelait le « manoir d’Elgath » ne servait pas uniquement d’habitation. En effet, le domaine était en réalité le quartier général de l’Ordre des Prêtres du royaume de Neldor. Il comprenait donc également de nombreuses chambres pour accueillir les apprentis, des salles de cours et d’entraînement, et des bureaux pour les employés de l’ordre chargés de l’administration. Le manoir d’Elgath possédait aussi l’une des plus grandes bibliothèques du royaume, assurément la plus complète en matière de manuels de magie mystique, mais également très bien fournie en ce qui concernait les livres d’histoire.

Deux grandes bannières, une de chaque côté de la porte d’entrée, représentaient le symbole de l’ordre. À leur pieds : deux gardes en habits blancs, équipés d’une cuirasse légère en guise de protection et d’une épée courte à leur côté. Ils n’étaient pas des gardes de la ville, qui dépendaient de l’Ordre des Mages, mais recrutés par les prêtres eux-mêmes… Les portes du manoir d’Elgath étaient toujours grandes ouvertes, et le nombre de nouveaux adhérents qui les franchissaient était chaque jour plus important grâce à leur campagne auprès de la population. « L’Ordre des Prêtres pourra un jour mettre sur pied une véritable armée… » songea Helseth en frissonnant. Le mage était par un certain côté fasciné par les Hauts Prêtres presque autant qu’il les haïssait et les craignait, spécialement l’un d’eux qui semblait beaucoup s’intéresser à lui pour une raison qui lui échappait. Son poste faisait de lui, conseiller du Roi, une cible que les manipulateurs en tout genre cherchaient sans cesse à contrôler, que ce soit par les flatteries ou par l’intimidation. Mais le comportement de ce prêtre était particulièrement étrange. S’il passait en ce moment même devant les gardes, et pénétrait dans le bâtiment dont les sombres mystères le repoussaient et, quelque part, l’attiraient, c’était sur son invitation. Ou plutôt… sur son ordre. Enfin… comme pour chaque parole du Haut Prêtre, Helseth avait du mal à interpréter la manière dont il lui avait « exposé » la situation. Quoi qu’il en soit, il était désormais dans le hall d’entrée, dont le seul luxe consistait en sa taille gigantesque. Il arrêta un individu qui passait par là.
- Excusez moi !
La jeune fille baissa les yeux sur le symbole de la flamme, visible sur son habit, puis rehaussa son regard au niveau de ses yeux, regard qui était tout sauf accueillant.
- Qu’est-ce que vous voulez ?
- Je cherche Monseigneur Haleth…
- Et pourquoi ça ? Je me demande bien ce qu’un petit mage comme vous peut bien avoir affaire avec lui…
- Je suis conseiller du Roi, et c’est sur la demande de Haleth lui-même que je suis là.
La fille plissa les yeux et répondit sur un ton qui oscillait entre l’antipathie qu’elle avait à son égard et le respect qu’elle se sentait malgré tout obligée de lui devoir.
- Le manoir est très grand… Continuez par ce couloir. Il débouche sur un jardin. Traversez-le et continuez encore tout droit. Le bureau de Haleth est tout au fond, ainsi que celui de maître Nevrast, et la résidence privée de maître Elgath.
- Merci beaucoup, répondit Helseth sur un ton assez pauvre en courtoisie.

Helseth parcourut les couloirs et traversa le jardin, sentant le stress monter en lui. Les nombreux affiliés et simples sympathisants à l’Ordre des Prêtres qu’il croisait surent pour beaucoup lui faire sentir, de la même façon que la jeune fille de tout à l’heure, combien un membre de la Maison des Mages était mal vu dans les environs. Il dut malgré tout demander une nouvelle fois son chemin, et se trouva finalement devant la porte derrière laquelle devait se trouver la réponse à la question qu’il se posait depuis hier soir, alors que Haleth était venu le voir dans sa chambre pour l’inviter au manoir. Pourquoi lui ? Qu’est-ce que l’Ordre des Prêtres lui voulait ? Ou plutôt… qu’est-ce que Haleth, personnellement, pouvait bien attendre de lui ? Le cœur battant, il frappa. Aucune réponse ne se fit entendre. Il entra tout de même.

][

La pièce dans laquelle Helseth se trouvait était extrêmement étrange. Le sol, le plafond et les murs étaient entièrement peints de noir, à l’exception du mur du fond sur lequel était dessiné, en prenant toute la surface, le cercle blanc barré de l’Ordre des Prêtres. En guise de mobilier : un bureau, placé au milieu de la pièce. Sur celui-ci était posé un chandelier dont les flammes des trois petites bougies qu’il contenait constituaient la seule et unique source de lumière. En effet, l’absence de fenêtres ou d’une quelconque ouverture écartait la possibilité d’un éclairage naturel. Haleth était debout, face au jeune mage, mais était séparé de lui par le bureau. Le grand symbole sur le mur dans son dos conférait au prêtre une prestance supplémentaire qui donnait à Helseth une impression terrible, comme s’il se tenait devant le Créateur de Toute Chose, Rhoiryhl en personne, pour être jugé de ses actes. Il se résolut cependant à ne pas perdre pied. Il ferma la porte et se retourna en affichant l’air le plus serein possible. Regarder le Haut Prêtre dans les yeux était cependant difficile : Haleth se trouvait tout de même à bonne distance du chandelier, et les ombres de la large capuche de sa robe blanche contribuaient également à cacher son visage. Il était cependant facile au conseiller du Roi de savoir à qui il avait affaire. Le prêtre était très grand. Peut-être deux mètres, estimait Helseth. Et sa taille contrastait d’autant plus qu’il était très fin, presque décharné. À la réflexion, il ressemblait plutôt à un squelette de géant animé par magie plutôt qu’à un être humain bien vivant. L’attrait de Haleth pour des ambiances aussi glauques fit d’ailleurs penser au jeune mage que le Haut Prêtre aurait eu l’apparence type d’un nécromancien spécialisé dans la convocation de ce genre de créatures... Une voix grave et éraillée, trahissant un âge très avancé, siffla aux oreilles du mage.
- Helseth… Ainsi donc tu es venu… C’est bien.... C’est très bien…
Le prêtre parlait comme s’il était étonné de sa présence ici, malgré la mise en scène à laquelle il avait droit depuis qu’il avait ouvert la porte.
- Que me voulez-vous ? Pourquoi m’avez-vous fait venir ici ?
- Calme-toi Helseth. Je voulais simplement discuter un peu plus avec toi… te connaître un peu mieux…
Le ton presque gentillet avec lequel s’exprimait Haleth contrastait tellement avec tout le reste, en premier lieu le timbre même de sa voix, que sa volonté de vouloir apparaître bienveillant était contredite d’entrée de jeu. Mais peut-être n’était-ce pas là son but…
- Me connaître ? Je pense que vous en savez déjà suffisamment sur moi : je suis le conseiller personnel du Roi… J’imagine que c’est pour le manipuler que vous vous intéressez à moi…
- Le Roi est faible… coupa Haleth. Sans aucune importance.... Qui voudrait bien se soucier de lui ? Il n’a aucun rôle à jouer dans l’histoire… Sa fin est proche.
- Vous… vous allez le tuer ?
Helseth blêmit légèrement. Le Haut Prêtre allait-il lui faire des aveux aussi graves ? Et… en sachant ces noirs projets… qu’en était-il de sa propre sécurité ?
- Non… Bien sûr que non. Je suis à la tête de l’Ordre des Prêtres, mais je reste avant tout l’un des plus humbles serviteurs de Sa Majesté… Non… Ne t’inquiète pas… Seulement, … je sais voir… Voir certaines choses… dans le futur… Voir des choses futures… Je sais des choses Helseth, des choses que tu sauras sans doute un jour…
Cette voix… ces phrases lancinantes… ce décor noir… toute cette mise en scène… C’était insupportable.
- Mais de quoi parlez-vous ? cria Helseth, en se surprenant lui-même. Il reprit plus calmement. Cela n’arrivera pas. Le Roi est très puissant. Et moi aussi. Je saurai le protéger.
- En es-tu sûr, Helseth ? Es-tu sûr de pouvoir protéger qui que ce soit ? Tu penses être fort… Oui, très fort… invincible… Mais tu ne l’es pas Helseth… Tu ne peux protéger personne. Tes capacités son trop limitées… Tu n’es qu’un enfant, Helseth,… un enfant, oui…
Helseth avait l’impression d’être à moitié hypnotisé par le prêtre. Il voulait à tout prix se libérer de cette emprise… Il tendit la main en direction de Haleth. La flamme de l’une des bougies du chandelier s’intensifia d’un coup, sans raison apparente.
- La sphère du feu… C’est en te servant du feu que tu penses protéger ton Roi ? …que tu penses te protéger ? … que tu penses protéger… Non… le feu est trop limité… Il est comme toi : il croit être capable de tout… Pouvoir tout dévorer… Il ne sait pas à quel point sa force est vaine… Mais vas-y ! Montre-moi le feu si tu veux… Montre moi…
Alors que Haleth s’éternisait en phrases lentes et monocordes, une sorte de rayon était parti de la bougie pour aller vers la main tendue du mage, comme si un fil de laine reliant les deux et était progressivement gagné par les flammes. Arrivé devant la main d’Helseth, le feu semblait se condenser en une sphère incandescente qui illuminait progressivement toute la pièce d’une lumière rouge orangé, vacillante, mais très vive. Le visage allongé du vieux prêtre, ses traits ridés, ses joues creuses, tout apparut plus clairement. Comme si Haleth contrôlait jusque-là la situation par une sorte de charme d’illusion ou de contrôle de l’esprit, mais que son sort venait subitement d’être dissipé. Mais le prêtre ne semblait pas être affecté par cette situation.
- Oui… Fais moi voir…
La boule de feu flottait à quelques centimètres de la main d’Helseth., mais il pouvait tout de même la ressentir aussi distinctement qu’un objet tangible qu’il aurait tenu dans la paume de sa main. La chaleur était de plus en plus vive, jusqu’à être difficilement supportable. C’est alors que, sans réfléchir à son geste, il arma son bras.
- Tu ne dois pas hésiter… La continuité... la continuité de toutes choses… de la vie…
Helseth projeta la boule de feu sur le Haut Prêtre.

][

Fëanor dévia le coup par un mouvement de sa lame et un léger déplacement. Malgré le fait qu’il s’agisse d’un entraînement, Indoril avait frappé avec toute sa force. Fëanor profita du déséquilibre de son ami pour passer sur son côté et lui glisser son épée juste sous la gorge. Puis il le relâcha.
La forteresse de Molag Tir, située dans le comté de Dren, était le quartier général de l’Ordre des Guerriers. En temps de guerre, Fëanor, le maître de cet ordre, y accueillait tous les villageois des environs qui y recevaient une formation martiale en accord avec les règles de sa Maison. Alors qu’il était venu lui demander des nouvelles de sa future unité d’armée, Indoril avait trouvé son maître, mentor et ami, seul dans sa salle d’entraînement au sommet de l’édifice. Fëanor lui avait alors immédiatement « proposé » de tester ses propres capacités.

- Toujours le même problème avec toi. Tu penses réussir par la force. Mais la force brute ne sert à rien. C’est le mouvement qui fait la différence dans un combat. Tu dois être plus mobile, plus rapide.
Malgré toute son expérience et ses capacités hors du commun, Indoril se sentait comme un débutant lorsqu’il affrontait le maître de l’Ordre des Guerriers.
- Mais tu es un elfe… c’est normal que tu sois plus agile qu’un homme, se défendit le comte de Dren. Et puis… tu utilises la magie. Comment veux-tu que je gagne contre toi ?
Indoril était exténué au bout de cet entraînement qui s’était poursuivi pendant presque une heure, et ses paroles étaient entrecoupées par ses halètements. Fëanor, lui, semblait être aussi frais et dispos qu’aux premières minutes.
- Ces paroles sont indignes de toi. Tu dois pouvoir affronter tous les ennemis qui te font face. Tous les types de créatures…
- Même des elfes ? demanda Indoril sur un ton gentiment provocateur.
- Mmm… peut-être… On ne sait jamais de quoi l’avenir sera fait… répondit Fëanor sur un ton pensif qui surprit Indoril.
Le maître de l’Ordre des Guerriers était l’un des seuls représentants de son espèce s’étant intégré à la société humaine. Il s’y était même intégré au point d’être aujourd’hui à la tête du troisième pouvoir politique du royaume de Neldor. La majorité de ses semblables vivaient dans la grande forêt d’Arval, dans le sud du royaume de Nethrim, près de la frontière avec Neldor. Les Elfes étaient un peuple extrêmement doué. En vérité, ils avaient une affinité naturelle envers les énergies magiques. Leur métabolisme était en quelque sorte en harmonie totale avec toutes les forces invisibles de la nature. Ils étaient également de très bons artisans, et ces deux capacités associées l’une à l’autre faisaient qu’ils étaient les meilleurs fabricants d’objets magiques au monde, et des spécialistes en enchantement. Avec autant qualités, les elfes auraient facilement pu dominer le monde et réduire les hommes à l’état d’espèce secondaire. Peut-être aurait-ce été le cas si ils avaient eu le caractère de domination propre à l’espèce humaine. Mais les elfes pensaient de manière totalement différente. En fait, la plupart restaient dans leur forêt et ne recherchaient que le minimum de contact possible avec le monde extérieur. On disait même qu’il était assez dangereux de pénétrer les mystérieuses forêts d’Arval. Tout ceci contrastait fortement avec l’image qu’Indoril avait de Fëanor. Il avait des capacités magiques, certes, qu’il n’hésitait d’ailleurs pas à utiliser, mais il restait avant tout guerrier. De plus, il était très sociable. Seul son physique très particulier rappelait qu’il n’était pas humain…
Fëanor était exceptionnellement beau. Il était même d’une beauté presque… surnaturelle. Son visage n’était pas fin et androgyne, mais au contraire plutôt carré, bien affirmé et très viril. Cependant, malgré cela, de ces traits se dégageait une pureté que l’on ne peut que difficilement décrire avec des mots. Peut être était-ce à cause de ses sourcils parfaitement dessinés, légèrement plus longs que ce que l’on attendrait pour cette forme de visage, ou bien sa peau claire sans la moindre petite imperfection… Ou encore le fait que ce si beau visage soit si magnifiquement mis en valeur par ces cheveux longs et blonds qui ruisselaient de chaque côté de sa nuque, passant parfois devant ses épaules, à la manière de fils d’or que l’on jurerait presque scintillants. Indoril le connaissait depuis son enfance, mais à chaque fois qu’il le revoyait, il était intérieurement toujours fasciné par cette véritable œuvre d’art qu’il avait l’honneur de pouvoir contempler.
- L’immobilité et la neutralité totale de mes frères d’Arval pourrait bien un jour changer du tout au tout… Et sache que je ne suis pas le seul à vivre parmi les humains. Je ne sais pas vers quels royaumes ou quelles puissances ceux de mon espèce peuvent se tourner.
Pensif, Indoril alla accrocher son épée sur un présentoir accroché à un mur de la salle d’entraînement.
- Déjà ? Tu déclares forfait ? dit Fëanor avec une pointe de défi.
- Pour l’instant en tout cas, répondit Indoril en souriant. À l’origine, j’étais venu voir comment se déroulait l’entraînement de la future armée du Roi.
- Très bien… Il y a justement un groupe qui doit s’entraîner dans la grande salle. Il me semble d’ailleurs que c’est Landras qui s’en occupe…
Indoril hocha la tête sans faire de commentaire.
- … tu penses pouvoir assister à l’entraînement sans le perturber dans ses démonstrations ? demanda le maître guerrier sur un ton amusé.
- Hum. Euh… et bien on verra… répondit Indoril, visiblement un peu gêné.
Indoril était toujours mal à l’aise lorsque venait le sujet de ses histoires avec d’autres hommes, même s’il s’agissait de ses proches. En réalité, très peu de monde était au courant des attirances particulières du comte de Dren. À la connaissance d’Indoril, seuls Fëanor, sa sœur et sa mère connaissaient la situation, en dehors des principaux intéressés. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’était pas bavard sur le sujet. Cela n’était d’ailleurs peut-être pas un mal pour ce qui était de sa mère qui comptait bien le marier le plus rapidement possible.

Indoril sortit de la salle d’entraînement qui était dans les appartements privés de Fëanor, au sommet de la tour de la forteresse de Molag Tir. Il descendit les escaliers en colimaçon, traversa quelques couloirs et atteignit finalement la plus grande salle de la forteresse. Il s’agissait en temps normal d’une salle de réception, mais elle avait été aménagée pour l’occasion de manière à accueillir les sessions d’entraînement de maniement aux armes suivies par les hommes d’Amras et des villages environnants. Indoril estima qu’une bonne centaine d’entre eux étaient présents. Il avait également vu de loin d’autres groupes s’entraîner à l’extérieur lorsqu’il était arrivé, et des hommes devaient également se reposer dans les dortoirs de la forteresse. Il calcula que la contribution de son comté à l’armée du Roi devait s’élever à hauteur de milles soldats. Mais Neldoreth IV voyait en Indoril l’un de ses meilleurs généraux, et lui donnait par conséquent des responsabilités beaucoup plus hautes lors des affrontements.
Le bruit des épées s’entrechoquant les unes contre les autres était assourdissant aux oreilles d’Indoril alors que celui-ci parcourait la salle. Il finit par reconnaître Landras parmi la foule des apprentis. Son maître d’armes était visiblement en train de donner quelques conseils à un groupe, exemple à l’appui. L’ « exemple » qui avait été choisi pour l’occasion semblait d’ailleurs bien en difficulté…
- Non ! dit Landras. Là, ton pied ! Recule ton pied ! Regarde, tu es complètement déséquilibré !
L’apprenti épéiste s’écroula par terre. Landras lui tendit une main pour lui permettre de se relever.
- C’est pas grave, c’est bien. Vous progressez tous ! Rappelez-vous comme vous étiez le mois dernier. Continuez comme ça !
Le maître d’armes allait observer d’autres groupes, lorsque Indoril entra dans son champ de vision.
- Alors, Landras. Comment ça se passe ici ?
- Bien, je crois… Ils seraient sans doute un peu plus motivés s’ils savaient pourquoi ils doivent faire tous ces efforts…
- Et bien… tu sais, je n’en sais pas vraiment plus que toi… Officiellement, le royaume a été attaqué. On ne sait pas d’où vient la menace exactement, mais l’armée du Roi doit être prête pour pouvoir riposter le moment venu.
- Mais riposter contre qui ? Fornor ? des Orcs ? Des guerriers, des mages ?
- Je pense que nous aurons des nouvelles bien assez tôt, malheureusement… Et j’espère surtout que l’ennemi viendra bien de l’extérieur de Neldor…
Le maître d’armes hocha la tête, pensif, même s’il ne comprenait pas réellement ce que voulait dire le comte.
- Et toi, Landras, seras-tu prêt lorsque viendra le moment de mener les hommes de Dren à la bataille ?
- Sous votre commandement, je serais prêt à vaincre la terre entière…
Le regard du jeune homme s’était soudainement illuminé alors qu’il regardait son mentor, ami et amant dans les yeux… des yeux sombres mais dans lesquels il espérait pouvoir un jour discerner une lueur plus douce et plus clémente.
Indoril était toujours partagé lorsqu’il avait affaire à ce fameux regard que lui lançait ce garçon d’à peine 25 ans, certes solide et droit mais également naïf et rêveur, ce regard qui disait « je t’aime… je pourrais tout faire pour toi. La seule chose que j’attends en retour est que tu ressentes la même chose envers moi ». Il était partagé car dans ces moments là, l’image d’Helseth surgissait du fond de ses pensées pour lui rappeler que jamais il ne pourrait répondre à de telles attentes si ce n’est, il en était persuadé, pour le mage lui-même. Mais d’un autre côté, Indoril ne pouvait nier qu’il éprouvait dans le même temps une violente tendresse envers cet être qui était prêt à tout lui donner, si bien qu’il en avait parfois le cœur au bord des yeux.

][

Alors que la boule incandescente poursuivait sa course, Haleth tendit un bras dans sa direction. Le projectile magique ralentit alors soudainement, pour finalement s’immobiliser au dessus de sa main droite.
- La magie élémentaire… Elle est si facile à contrôler… si facile…
Le mage du feu était décontenancé. Il était très difficile de réaliser un tel exploit, surtout si l’attaque venait de lui… Le Haut Prêtre plia son bras pour ramener à lui la sphère brûlante, et, sous les yeux ébahis de Helseth, il y plongea entièrement sa main gauche.
- Mmm… Ce feu est très intense…Tu es doué, c’est vrai… Mais tu dois comprendre qu’aussi loin que tu puisses aller dans cette voie, tu seras toujours limité. Tu dois réfléchir aux autres possibilités…
Haleth retira sa main gauche du brasier en suspension. Elle était bien sûr intacte, de même que les longues manches de sa robe.
- Regarde Helseth, regarde les autres possibilités…
La boule de feu opéra alors une métamorphose assez étrange. Elle qui flamboyait d’une lueur orange suffisante pour éclairer toute la pièce commença à dégager une lumière d’une toute autre nature, blanche et très vive. La lumière devenait même si intense qu’Helseth dut fermer les yeux, et même couvrir son visage de ses mains. Puis il lui sembla que la température de la pièce, qui avait nettement augmenté depuis quelques minutes, retomba d’un coup. Il ouvrit les yeux et constata que la pièce avait recouvré sa pénombre initiale. Haleth avait les deux bras le long du corps ; aucune trace de la boule de feu. Le mage regarda autour de lui : pas d’impact sur le sol ni sur les murs. Helseth, grâce à ses pouvoirs, avait catalysé l’énergie incandescente de la bougie, alors que Haleth venait tout simplement de l’envoyer dans le néant.
- Mais… comment… comment avez-vous fait ?
- La création et la destruction. Voila les deux domaines de la magie mystique, celle qui surpasse de très loin toutes les autres… Le monde est la combinaison, l’empilement de toutes les sphères élémentaires. Ces sphères sont intangibles, sauf en certains points : c’est la sphère de l’eau que tu touches, lorsque tu plonges dans une rivière. C’est également l’énergie de la sphère du feu que tu ressens si tu t’approches d’une flamme. La sphère de la mort intervient dans le corps des créatures, lorsqu’elles sont faibles ou qu’elles tombent malade, et devient presque matérielle à l’instant exact de leur mort. Cependant, la mort d’une créature n’est pas sa destruction. Tous les évènements de la nature, et tout ce que vous, les mages, pouvez provoquer, n’est que le résultat de la manipulation et de la transformation de l’énergie de ces sphères. Mais ça, tu le sais depuis longtemps, Helseth, n’est-ce pas ? La magie mystique est bien au dessus de tout cela. Et bien peu la maîtrisent suffisamment pour en faire quelque chose d’efficace.
Helseth restait interdit.
- Mais toi, Helseth… Je ressens un grand pouvoir enfoui en toi… Je le ressens dans ton aura… Elle est d’une intensité peu commune, ce que tout le monde peut percevoir. Mais moi, j’y vois également autre chose… une force plus enfouie… une force différente… Lorsque tu sauras quelle est cette force, tu pourras accomplir de grandes choses, Helseth… et je serais très honoré d’être celui qui pourra te mettre sur la voie.
Le jeune mage ne comprenait pas où le vieux prêtre voulait en venir… Il dit d’un ton sec :
- Je hais l’Ordre des Prêtres. Vous conspirez contre le Roi, je le sais. Jamais je ne m’allierai à vous, et je n’ai que faire de la magie mystique.
- L’Ordre des Prêtres… ? Tout cela n’est que de la politique… ce n’est rien… Moi, je te parle de pouvoir…
Helseth ne savait pas quoi penser. De toute façon, il en avait assez. Assez de ce vieillard à la voix affreuse, de ces paroles nébuleuses, de cette pièce même… Il se retourna et ouvrit la porte dans l’intention de partir.
- Lorsque tu pourras réellement créer quelque chose, ou détruire quelque chose, reviens ici... Dans cette pièce... Alors je pourrais t’enseigner…

Sans répondre ni même se retourner, Helseth referma la porte puis s’immobilisa, debout, au milieu du couloir. Ses pensées, ses questions, ses sentiments fusaient de toutes part dans son esprit à un rythme effréné. Que devait-il faire ?
- Indoril…
L’image de l’homme qu’il aimait s’imposa soudainement, allant jusqu’à éclipser toutes les questions et tous les doutes. Au final, rien d’autre n’avait d’importance. Le monde pourrait s’écrouler, la seule pensée du lien qui l’unissait au guerrier lui serait toujours suffisante.

][

Le soir, dans la chambre d’Indoril à Amras.

Le comte de Dren s’écarta du corps du maître d’armes et s’étendit à ses côtés, en silence. C’était fini. La fièvre de l’excitation était passée. Il voyait de nouveau les choses clairement : il venait juste de faire l’amour avec quelqu’un… qui n’était pas Helseth. Étendu sur le dos, il tourna la tête en direction de cette personne. Le jeune homme lui souriait mais ce sourire s’estompa d’un coup, certainement à cause de son expression à lui, Indoril, expression que Landras ne connaissait que trop bien. Les yeux du maître d’armes se dérobèrent à ceux du maître guerrier. Landras se rapprocha encore d’Indoril et le prit dans ses bras. Après un douloureux moment, il déclara :
- Un jour, je suis sûr, tu m’aimeras.
Ne pouvant répondre à une telle sentence, Indoril referma tout de même ses bras sur celui qui l’aimait et déposa un baiser au creux de son cou, en y imprégnant toute la tendresse qu’il éprouvait, aussi insuffisante qu’elle fusse au regard du mélancolique jeune homme.

][

Helseth aussi pensait à Indoril, seul dans sa chambre, au château du Roi de Neldor. C’était il y a un mois qu’il l’avait vu pour la dernière fois. Un mois que celui-ci lui avait fait ce serment. Il avait juré de toujours être là pour lui… Mais aujourd’hui, quelques heures après son entretien avec le Haut Prêtre, Indoril n’était pas là. Il n’était même jamais là, excepté un jour ou deux tous les deux ou trois mois, lors de ses visites officielles au château. Pourquoi lui avoir fait une telle promesse alors qu’il n’avait aucun moyen de la tenir ? Non… Helseth ne devait compter que sur lui-même. Il se ressaisit et récapitula les choses depuis le début.

Le Haut Prêtre Haleth lui avait dit des choses importantes cet après midi… Des choses graves. Il avait évoqué la chute du Roi… Il avait parlé d’évènements importants qui allaient se dérouler dans un avenir proche. Mais au-delà de ça, il lui avait révélé des choses sur lui-même… Helseth s’était toujours considéré comme très puissant. Il était sûr de sa force et de sa maîtrise du feu, en plus des techniques de base concernant la plupart des autres sphères. Mais il s’était senti si démuni, si désarmé face au Haut Prêtre… Il était venu au rendez-vous sans son bâton. Il avait donc eu beaucoup de mal à canaliser en lui toute l’énergie pour créer cette boule de feu. Peut être qu’avec son bâton, ou un quelconque objet magique sur lequel se concentrer… Non. Helseth savait que même s’il avait pu déchaîner toute sa force, il n’aurait absolument rien pu faire. Et il détestait ce sentiment. Le jeune mage avait peur du Haut Prêtre. Mais à cette crainte venait s’ajouter une curiosité de plus en plus grande concernant sa proposition de le former à la magie mystique. De plus, il devait bien avouer que ce que Haleth lui avait dit concernant sa « destinée » ne le laissait pas froid. Il devait accomplir de grandes choses… Il avait une « puissance cachée »… En vérité, malgré la peur face à l’inconnu, Helseth était en fin de compte assez excité…
Le mage se redressa sur son lit et saisit son bâton posé non loin. Il s’agissait d’un bâton en chêne solide, mais plutôt fin. Helseth l’avait décoré en y gravant différents symboles occultes se rapportant au feu, et l’avait peint en rouge. Une extrémité était enserrée d’étain, ce qui avait permis d’y enchâsser un rubis. Mais les décorations importaient peu. Ce qui comptait, c’était la réceptivité de l’objet en présence d’énergie magique. Plus celle-ci était grande, plus il était facile pour le mage d’y canaliser sa concentration, et donc de déclencher des sorts puissants. Cette réceptivité était insufflée par un enchanteur, et en l’occurrence, Helseth avait fait appel au meilleur de la ville.

« Lorsque tu pourras réellement créer quelque chose, ou détruire quelque chose, reviens ici... Dans cette pièce... Alors je pourrai t’enseigner…» Les paroles du Haut Prêtre résonnaient dans sa tête. Assis sur son lit, la main gauche refermée sur son bâton, Helseth ouvrit la paume de sa main droite, dans laquelle apparut instantanément une petite boule de feu. Au grand regret du jeune mage, cette manifestation magique n’était pas apparue à partir de rien. Il avait simplement capté la présence intangible de la sphère du feu, présente dans la pièce en même temps que toutes les autres sphères, et avait aspiré son énergie en un point. Le processus inverse lui permettrait également de dissiper la boule de feu, mais, là encore, il ne s’agirait pas de « vraie destruction » au même titre que la prouesse de Haleth.
- Si quelqu’un sur cette terre est capable d’une telle chose, moi aussi je peux le faire.

Helseth ferma les yeux et resta ainsi un long moment, immobile, sondant les différentes énergies de la pièce et cherchant jusqu’aux tréfonds de son âme la puissance permettant de désintégrer l’insolente petite boule de feu qu’il avait lui-même créé et qui flottait à quelques centimètres au dessus de sa main.


Dernière édition par Shotoku le 23 Mai 2006 01:07, édité 4 fois.

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MessagePosté: 11 Avr 2006 13:38 
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Le slash, kesako ?
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Localisation: devant mon ordi... Je sais c'est pas drôle !
J'aime beaucoup, beaucoup !!
Je viens de lire les 2 chapitres à la suite. Les personnages ont l'air bien développés, l'histoire est suffisamment complexe pour être interessante et en plus il y a de l'amûûûr avec des beaux jeunes hommes !
Et puis surtout c'est très bien écrit.

J'attend la suite avec impatience !

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MessagePosté: 11 Avr 2006 15:30 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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Localisation: Dans les bras de mon Shannon!! Sur la planète Mars!
waaaaoooouuh!! c'est vraiment très bien, j'aime l'écriture.
donc très viiiiite !!

:suite:

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MessagePosté: 11 Avr 2006 15:44 
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Localisation: ♫ J'ai longtemps cherché un paradis sur Terre... ♫
C'est toujours aussi passionnant !!

Juste un détail, tu t'es trompé dans le prénom du perso là :
Citation:
Indoril ne savait pas quoi penser. De toute façon, il en avait assez. Assez de ce vieillard à la voix affreuse, de ces paroles nébuleuses, de cette pièce même… Il se retourna et ouvrit la porte dans l’intention de partir.


:suite:

Cybelia.


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MessagePosté: 11 Avr 2006 17:24 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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Messages: 4339
Localisation: dans les bras du doctor
j'aime ! voilà je t'ai dit le reste par msn bisous calin ^^


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MessagePosté: 11 Avr 2006 18:51 
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Slash ou non, telle est la question...
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Localisation: sur mon blog ^^
ouaaaa... merci bcp tt le monde pr ttes ces reviews :D :D (y compris la review en live de lune :wink: )

Citation:
et en plus il y a de l'amûûûr avec des beaux jeunes hommes !

hé hé... :D :wink: lol

Citation:
tu t'es trompé dans le prénom du perso

je m'emmélais déjà tellement les pinceaux entre "helseth" et "haleth"... je pensais pas qu'un "indoril" était venu compliquer encore les choses >_<
merci de l'avoir fait remarquer en tt cas ^^


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MessagePosté: 12 Avr 2006 17:21 
J'ai enfin tout lu, mon cher Sho^^"
*pas tapper*

Donc je te ferais mes petits commentaires en live sur msn^^

(tu vois, ce que je t'avais dit sur le nom des persos....^_-)


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MessagePosté: 12 Avr 2006 18:34 
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Le slash, kesako ?
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Inscription: 03 Mar 2006 18:32
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C'est trop cool!! Vraiment ton écriture c'est trop la classe!!! ( J'en apprends davantage car mon style d'écriture c'est l'oral stylisé....) Vive ce heroic fantasy!!!!! :o

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MessagePosté: 15 Avr 2006 11:47 
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Le slash, kesako ?
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Messages: 94
Localisation: En train de courir après Severus
J'ai lu que le premier chapitre pour l'instant mais ca me plait vraiment beaucoup ! :D Je lirai la suite ce soir, mais je te dis déjà un gros Bravo ;)


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MessagePosté: 15 Avr 2006 21:14 
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Slash ou non, telle est la question...
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Inscription: 27 Mai 2005 21:37
Messages: 550
Localisation: sur mon blog ^^
et bien... Je pensais pas avoir autant de gens pr me lire :D J'ai intérèt à me bouger pr la suite ^^' lol


Citation:
je te ferais mes petits commentaires en live sur msn^^

je sais pas prkoi t'as pas voulu me dire ça ici... c tré bien d'avoir l'esprit critique aussi :P

Citation:
J'en apprends davantage car mon style d'écriture c'est l'oral stylisé....

ben le truc c'est de trouver son style personnel hein... (on m'a justement dit que j'écrivais pas de manière assez "personnelle" mais bon... ^^' lol )

merci à tt le monde en tt cas ^^


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MessagePosté: 16 Avr 2006 20:35 
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Le slash, kesako ?
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Inscription: 03 Mar 2006 18:32
Messages: 36
En tout cas ton histoire est vachement super!!!! Continue je voudrais voir la suite!!!!
J'adore aussi le monde de la magie avec slash!!!

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