Salut gentes et gens!
Ceci est une nouvelle que j'ai écrite en cinquième primaire, et que j'ai corrigé il y a quelques mois.
Franchement, objectivement, je suis pas sure qu'elle vaille grand chose... Histoire trop tarabiscotée et trop peu crédible. ^^'''... En meme temps, le scénario date de ma cinquième (heu... c'est le CM2 en france, je crois) et l'écriture de maintenant. Donc jugez plus l'écriture
Bref. Je trouvais interessant d'avoir un avis extérieur autre que celui de mon père (qui, du reste, avait le même avis que moi
)
Ah, et puis, c'est pas tout a fait le style que j'utilise maintenant... y plus d'influence de Marie-Aude Murail que de Thomas Gunzig, ici!
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Turquoise
-Chéri?
Ma mère passe sa tête dans l’entrebaillement de la porte.
-Quoi?
-Ça fait une heure que je t’appelle!
-J’ai rien entendu!
Forcément que je n’ai rien entendu. Placebo hurle sur ma chaîne hi-fi. «Protect me, protect me...»
-Baisse un peu ta musique! On l’entend jusque dans la rue!
-C’est bon...
Je prends ma télécommande et baisse le volume de 2 niveaux. Ma mère soupire.
-Nous partons. Tu es sûr de vouloir rester ici? Tu peux encore changer d’avis, tu sais.
-Non! Pour une fois que vous passez une semaine rien qu’à deux, en amoureux... Je ne voudrais pas vous gâcher ça.
En vérité, j’ai surtout envie de rester seul, sans parents, je veux dire. Je suis enfant unique, alors, ils ont tendance à trop me couver. J’ai parfois l’impression d’avoir 10 ans, alors que j’en ai 15.
-Bon...
Elle re-soupire. ça et les haussement de sourcil, elle adore.
-Viens au moins dire au revoir à ton père.
-J’arrive.
Elle descend. Je ferme le livre que j’était en train de lire et je dévale les escaliers à grand bruit.
Je trouve alors mes parents devant la voiture, l’air indécis.
-Ciao papa!
-Tu es sûr que ça va aller?
-Tu as bien le numéro de téléphone de notre hôtel?
-Oui, oui. Ne vous inquiétez pas!
-Si tu as le cafard ou si tu t’ennuies, n’hésite pas à nous téléphoner. Tu peux aussi appeler tante Madeleine. Elle a dit qu’au moindre problème, elle arrivait.
-Oui. Ca va aller, je vous dis!
Bise sur la joue rugeuse du paternel, étreinte émue de maman. Enfin, la voiture démarre. Me voilà seul.
Je me précipite sur le téléphone.
-Allô,Turquoise? C’est moi, Julien.
Turquoise. J’adore ce nom. Tellement plus original que Julie ou Pauline.
-Salut.
-Mes parents se sont enfin cassés. Ca a été dur mais j’y suis arrivé. Ils m’ont demandé au moins vingt fois si je ne voulais pas venir avec eux... «Tu n’auras pas le cafard? Tu as le numéro de téléphone de notre hôtel?»...
Turquoise rit. Elle a un joli rire cristallin.
-Tu veux venir chez moi, ce soir?
-Ce soir j’peux pas. J’ai promis à Valérie de dîner avec elle. Tu sais qu’elle a pas trop le moral pour le moment.
-Ouais
-Mais demain peut-être. Ecoute, on se voit à l’école, de toute façon... J’dois vraiment y aller. Bisous
-Salut.
Elle a raccroché.
Valérie est la meilleure amie de Turquoise. Une chouette fille, sympa et tout, mais bon... Elle passe trop de temps avec elle. Je sais bien que je ne devrais pas être si possessif - ça énerve Turquoise -, mais c’est plus fort que moi. C’est Ma Turquoise. Rien qu’à moi.
Qu’est-ce que je vais bien pouvoir manger? Les placards et le frigo regorgent de victuailles... Pour pas que le «petit poussin» se laisse crever de faim... Et oui, à quinze ans, mes parents estiment que je ne suis pas en âge de faire les courses tout seul! Oh, sûr que je les adore, c’est juste que...
J’opte pour une pizza aux anchois, allume le four et remonte finir mon bouquin.
Voilà même pas cinq minutes que je lis (un Stephen King, trop flippant) quand la sonnerie du téléphone m’arrache un cri de surprise.
-Allô?
-Salut, c’est Valérie. Turquoise est avec toi?
-Non, je croyais qu’elle était avec toi. Elle... elle n’est pas chez toi?
-Non.
-C’est ce qu’elle m’avait dit, pourtant!
-Oui, c’était ce qui était prévu, mais elle n’est pas venue... Alors, j’ai pensé...
Une idée absurde traverse mon esprit. Turquoise, dans les bras d’un autre, le grand Nicolas par exemple... Ils s’embrassent avec fougue et... Non. Valérie serait au courant. Elle n’appellerait pas.
-Julien?Julien,tu es là?
-Oui, oui...
Je secoue la tête pour en déloger mes pensées désagréables.
-Il lui est arrivé quelque chose, j’en suis sûre.
-Pourquoi lui serait-il arrivé quelque chose? Elle doit juste être en retard! Tu la connais, tête en l’air, toujours à la bourre..
-Non! Je... J'ai un mauvais présentiment...
-...
-Tu... Jures-moi de me croire!
-Heu... Je jure de te croire.
-Une fois, je me suis réveillée en plein milieu de la nuit. J'étais sûre que ma tante allait mal. J'ai réveillé mes parents, ils ne m'ont pas crues, et le lendemain, un coup de fil nous annonce que ma tante est morte!
-Hein? Mais... Elle allait bien, ou elle était malade?
-Elle avait une santé parfaite. Elle est décédée d'une rupture d'anévrisme.
-Oh... Eh bien, heu, désolé, je savais pas.
-On s'en fout de ma tante! Ce qui compte, c'est que mon intuition était juste! Et là, j'ai l'intuition que Turquoise est en danger!
La voix de Valérie est complétement paniquée.
-En plus, son père s'est évadé de prison, et...
-Quoi!?
-T'as pas regardé les infos?
-Ben...
Je savais que le père de Turquoise était en prison, même si elle ne m'a jamais expliqué ce qu'il a fait exactement. Mais il me semble que s'il s'était évadé, elle m'aurait prévenu!
-Franchement, Juju!
Je hais quand elle m'appelle comme ça. Juju. C'est un nom de hamster!
-Ecoute, ça plus mon mauvais présentiment... J'ai peur...
Pauvre Turquoise... Son père évadé... ça doit être dur. Mais pourquoi elle ne m'a rien dit? J'aurais pu la réconforter, lui dire que je suis avec elle...
-Valérie, il a fait quoi exactement son père?
-Turquoise a jamais voulu m'expliquer. Mais je crois bien que c'était une histoire de meurtre...
Je frissonne.
-Oui bon, en tout cas, Turquoise va bientôt arriver chez toi, tu vas voir...
-Julien... Il faut me croire... Elle ne va pas bien! C'est exactement comme pour ma tante, c'est...
Elle commence à m’agacer. Elle a même réussit à faire monter des débuts de sanglots, dans sa voix. On dirait une mauvaise actrice d’une quelconque série télévisée.
-Julien...
-ça peut arriver à plein de gens, les soi-disant "mauvais présentiments". C'est des choses dont on se persuade après la mort d'une personne chère...
-Non! Non, pour moi, c'est différent!
-Val, j'ai pas le temps, j'ai une pizza qui est en train de cramer dans le four, et...
-Peut-être que Turquoise est en mauvaise posture, en cet instant!
Là, c’est plus de la panique mais carrément de l’hystérie. La pauvre fille Valérie à peté un cable.
-Ecoute... J’arrive chez toi tout de suite, ok? Stresse pas, je suis là dans deux secondes...
Sanglots pour seule réponse au bout du fil.
Je raccroche brutalement. J’enfile ma veste et mets mes baskets avant de claquer la porte de la maison. Merde! La pizza! Je rouvre, coupe le four. C’est bon, cette fois, je peux y aller.
Valérie habite à trois rues de chez moi. Tant mieux, j’ai vraiment pas les nerfs de me taper un trajet en bus... C'est bizarre. Je connais Valérie. Elle est pas genre hystérique, elle est calme, je rajouterais ennuyeuse, même. L'idée m'effleure qu'elle aurait pu me monter une histoire avec Turquoise, une blague tordue de fille, ou quoi... Mais non. Pas l'honnête Valérie. Et ma Turquoise est trop intelligente pour ça.
La seule explication logique, c’est qu’elle soit devenue complétement tarée. Pas impossible. Ses parents sont en plein divorce, elle est folle amoureuse d’un mec qui lui accorde pas un seul regard - le grand Nicolas, celui qui regarde beaucoup trop ma Turquoise -, son grand frère s’est barré il y a peu au Népal et en plus, question fric, c’est limite limite chez elle. Bref, la galère. Peut-être pas de quoi péter un cable, mais avec elle...
Je sonne, Valérie ouvre, avec des yeux de souriceaux gonflés. Au moins, je suis maintenant persuadé que ce n'est pas un canular. C'est bien elle qui tourne plus rond.
-Entre.
La maison de Valérie est petite et chaleureuse et d’habitude,je m’y sens bien. Mais là... Je ne sais pas. Il y a une atmosphère d’outre tombe. ça me rappelle mon Stephen King, tiens... Brrr.
-Tes parents sont là?
-Non.
Je sifflote, tente de prendre l’air décontracté. Comment rassurer une folle qui croit vraiment que sa meilleure amie va se faire trucider?
-J’ai téléphoné à la police. Je leur ai dit que le père de Turquoise risquait peut-être de...
-Oh... Et ils ont dit quoi?
-Ils ne m’ont pas crue.
Tiens, bizarre... Hum. Brusquement, elle éclate en sanglots. Je tente maladroitement de la prendre dans mes bras.
-C’est... C’est pas grave. Elle va bientôt arriver, je te dis...
Mais les sanglots redoublent d’intensité (d’hystérie?). Ses épaules tressautent et je sens ma chemise se tremper de larmes... Aïe.
-Ecoute... Heu... Tu as téléphoné à Turquoise?
-Elle... Elle ne répond paaaasss..., parvient à articuler Valérie entre deux hoquets.
-Bien. Alors, tu sais ce qu’on va faire?
Avant tout, rester calme et rationnel.
-No...Non...
-On va allez chez elle. Et tu verras par toi-même qu’elle doit s’être endormie sur un bouquin, ou alors que sa montre retarde...
Nous avons donc marché en silence jusqu'à l'arrêt de bus. Je commence franchement à me demander ce que je fais ici. Ok, Valérie est une copine et la meilleure amie de la femme de ma vie, mais de là à prendre froid parce que j’attend le tram... Ah, enfin! Le voilà!
Sur le trajet, on n’échange pas un mot. Valérie renifle, je l’observe du coin de l’oeil. C’est quand même bizarre, son truc d'intuition, avec sa tante. Mais je suppose que, si le père de Turquoise est dans la nature, ils préfère mettre le plus de distance possible entre les flics et lui que de revenir pour tuer sa fille. Ca semble évident, non?
Turquoise habite une grande maison, dans un quartier résidentiel. Le genre à être habité par des bourges ne roulant qu’en BMW. On sonne. Une fois. Deux fois. Pas de réponse.
-Regarde..., dit la petite voix tremblotante de Valérie, c’est allumé dans la chambre de Turquoise...
C’est vrai. On perçoit une lueur à travers les rideaux.
-Hé ben tu vois, ça prouve qu’elle est là...
-Pourquoi elle ouvre pas alors?
-Elle est peut-être dans son bain...
C’est vrai que je commence à trouver ça étrange, moi aussi. Et l’image du grand Nicolas embrassant Ma Turquoise se fait de plus en plus présente dans mon esprit...
-Julien... Fais quelque chose!
Elle commence à m’agacer! Je ne vais tout de même pas défoncer la porte! Soudain, mon regard accroche le lierre, le long du mur... Je pourrais...
-Je vais escalader, la fenêtre de la chambre est ouverte. Puis je viendrais t’ouvrir, et tu pourras constater que Turquoise va parfaitement bien!
Oulà. ça va pas être du gâteau. En tout cas, on pourra dire que mes cinq ans d’escalade auront servis à quelque chose... J’aurais pas du abandonner pour le foot... Je me demande ce que diront les gens, si ils me voient. Ils penseront surement que je suis un cambrioleur. J’imagine déjà les gros titres des journeaux, demain: «un jeune homme d’à peine quinze ans tente de cambrioler la maison de sa petite amie... Madame Dumachin témoigne...». Pppfff. N’importe quoi.
Allez, plus qu’un mètre... Quelques centimètres... J’y suis! Je me hisse sur l’appui de fenêtre, repousse un peu la vitre, et entre péniblemment. Ouf! Je suis couvert de sueur. Je relève les yeux et...
La première pensée qui me traverse l’esprit est que c’est pas le genre de Turquoise, tout ce bordel. Elle est plutôt maniaque, comme fille. Le seul petit truc m’ayant jamais enervé chez elle... Et puis l’évidence se fait. Ce n’est pas normal. La table de bureau renversée, le pied de la chaise cassé, les déchirures des rideaux, l’oreiller défoncé... Merde. Merde. Merde.
J’ai peur. Où est Turquoise? Oh putain... Valérie folle ou pas, y a un salaud qui a dévasté la chambre de Ma Turquoise. Voilà mon côté téméraire qui vient me souffler à l’oreille qu’il est peut-être là, quelque part dans la maison, qu’il va tuer Turquoise et que je dois faire quelque chose... J’entrerais en trombe, j’assomerait le salaud - supposons que c'est son père -, je sauverais Turquoise qui me murmurerait à l’oreille: «Tu es mon héros... » et puis les flics me féliciteront: «sans vous, cette demoiselle serait morte à l’heure qu’il est!»...
Ou alors je me ferais trucider moi aussi.
Je reste là, indécis, avec la peur qui monte de plus en plus... Et l’image de ma Turquoise en train de se faire agresser... Elle hurle: “Julien, Julien..!.”.
Je rêve ou j’ai entendu un bruit? Une sorte de grand Boum. Comme si on faisait tomber un meuble... Et là... Ce sont des sanglots... Les sanglots de Turquoise...
Je ne réfléchis plus, je ne pense pas à Valérie, je dévale les escaliers.
La cuisine est plongée dans la pénombre. Ma peau se couvre de chair-de-poule. IL est peut-être là... C’est l’armoire qui a été renversé. Je marche dans les pots de sauce tomate brisés et les miettes de biscuit cassés... Je bute sur quelque chose.
J’ai hurlé. Elle est couverte de sang. Ses yeux couleur turquoise sont ouverts et remplis de terreur. Je la secoue, j’ai la bouche ouverte, mais aucun cri de vient. Turquoise... Turquoise... Le sang qui coule de sa tempe commence déjà à sécher. Elle a le crâne défoncé, et le truc visqueux que je sens, c’est sa cervelle qui dégouline... ça ne me dégoute même pas... Je la serre dans mes bras, mon amour, ma vie, mon ange... «C’est encore mieux qu’un Stephen King!» est la petite pensée morbide me venant à l’esprit... J’entend un rire. Rauque, psychopathe... Un rire qui sort de ma bouche mais qui n’est pas le mien...
Un bruit. Derrière moi. Une sueur froide et poisseuse me coule le long du dos. Mes larmes inondent le corps inanimé de ma petite amie, ma vue est rendue trouble par toute cette eau salée... Je me retourne... Il y a une silhouette, avec un gourdin en main, je crois... Ma vision se précise... Il a les yeux brillant, et bleu... Bleu turquoise...
Je roule brusquement sur le côté, lâchant Turquoise. ça doit être ça, l’instinct de survie.
Je hurle, je m’enfuis à l’étage, les larmes me brouillent toujours la vue, je me barricade dans la chambre des parents... Valérie avait raison, et je ne suis qu’un pauvre con. Un pauvre con qui va crever... J’aurais jamais cru que je mourrais comme ça, moi!
-Valéééérriiieeee!! Valééérriiiiieeee!!!
Je m’en fous de signaler ma précense au salaud, je veux me sortir de là... Mais mes jambes ne me portent plus, je m’effondre... J’ai les mains poisseuses de sang, je les lèche, c’est le sang de Turquoise...
Je n'ented plus rien. Je vois juste l’homme qui enfonce la porte, qui pose son regard de dément sur moi, et puis les flics qui entrent, derrière, je vois leurs bouche s’agiter mais je n’entend toujours rien... Il y en a un qui s’approche, il doit me demander si je vais bien, alors j’acquiese.
Les larmes coulent toujours.
Fichu instinct de survie. J’aurais du crever avec, tiens! J’aurais du... ça tourne autour... Tout devient noir... Ma Turquoise...
Ma dernière image consciente, ce sont ses deux yeux ouverts et horrifiés. Ils m’appellent, moi, moi!, ils m’appellent... Ses yeux d’un bleu si particulier, qui lui a valu ce nom si joli... Tellement plus original que Julie ou Pauline...
FIN