Bah t'inquiète pas! 
C'est plus tard que ça se corse...
Malheureusement, les jours qui suivirent ne firent que confirmer ce qu’il craignait. Gabriel l’attirait irrésistiblement. Il ne pouvait s’empêcher de le regarder vivre, rire et cela le rendait heureux. Le moindre geste de sa part avait son importance : sa façon de relever une mèche de cheveux, sa voix claire qui résonnait dans la classe, l’éclat permanent de ses yeux quelque soit le jour, l’heure ou le temps. Bientôt, il ne pensa plus qu’à lui et quand ils se quittaient après les cours, Romain avait hâte de le retrouver le lendemain. Il finit par se l’avouer : il était amoureux de Gabriel. Il avait bien senti dès le premier jour qu’un lien s’était créé mais il avait pris cela pour de l’amitié, quel idiot ! Il ne savait pas s’il oserait un jour parler de ses sentiments à Gabriel. Il devait être hétéro sinon il le saurait. Comment réagirait-il ? Serait-il choqué, dégoûté ? Cela risquait de briser leur amitié et il ne le supporterait pas. Il décida de se taire pour l’instant sans trouver de solution.
Le week-end suivant, Gabriel fêta ses 17 ans en compagnie de Romain, de son père, de ses grands-parents et de ses cousins qui avaient pu faire le déplacement depuis Lille. Il n’y avait pas beaucoup de monde parce que Gabriel préférait les petits comités aux grandes fêtes bruyantes. Cela n’empêchait pas l’ambiance d’être gaie et décontractée. Romain ne s’ennuyait pas car Gabriel restait avec lui et lui avait présenté sa famille. La table du salon était pleine de cadeaux qui attendaient d’être déballés mais Romain attendit un moment où il était seul avec Gabriel pour lui donner le sien. C’était un pendentif en verre en forme de goutte d’eau sur lequel était gravé un G calligraphié. Il était relié à une chaîne en argent :
- Romain, il est super merci beaucoup !
La mine joyeuse du jeune homme faisait plaisir à voir.
- Tu veux que je te l’attache ?
- Oui s’il te plaît.
Romain prit la chaîne et la passa autour du cou de Gabriel en effleurant ses cheveux.
- Et maintenant, dit Gabriel en se retournant, allons rejoindre les autres.
Ils retournèrent au salon, où un gros gâteau attendait avec dix-sept bougies.
- Allez Gabriel ! appela son père, viens les souffler !
Tout le monde se rassembla autour de la table et on entonna le traditionnel « Joyeux anniversaire » d’une voix plus ou moins fausse. Puis Gabriel souffla sur ses bougies en les éteignant toutes d’un coup sous les applaudissements. Soudain, le teint du jeune homme pâlit visiblement. Ses yeux se voilèrent et il commença à chanceler.
- Gabriel, ça ne va pas ? s’inquiéta son père.
Mais ce dernier n’entendit pas la question. Seul Romain réagit assez rapidement pour le rattraper lorsqu’il s’effondra sous les cris de sa famille.
-Tu es sûr que tu veux venir en cours ?
« - Mais oui ne t’inquiète pas ! Je vais bien .Et puis j’en ai marre de rester couché ! »
- Bon, si tu es sûr de toi on se verra demain au lycée.
« - Ok, à demain ! »
Romain raccrocha le combiné en soupirant. C’était deux jours après l’évanouissement de Gabriel. Il se rappela de la peur qu’il avait eue lorsqu’il l’avait tenu inconscient dans ses bras. Il fallait qu’il évite de se fatiguer pendant quelques temps et Romain se promis d’y veiller. Il retrouva donc Gabriel comme convenu devant le lycée.
- Aaaaah ! Ca fait du bien de sortir et de marcher un peu, même si c’est pour aller travailler ! dit Gabriel en respirant l’air matinal. Mon père ne voulait pas me laisser quitter la maison hier. Je comprends qu’il ait eu peur mais je ne suis pas mourant quand même !
- Nous avons tous eu peur répondit Romain, personne ne s’attendait à te voir tomber brutalement en plein anniversaire.
- Oui mais je vais bien maintenant. Peut- être que je manque de vitamines ou quelque chose comme ça. Je devrais manger plus de légumes, beûrk !
La journée se passa sans incident car Gabriel avait retrouvé toute sa forme. A la fin des cours, à 16 h 30, les deux garçons se rendirent chez Romain pour jouer aux jeux vidéo. Mais lorsqu’ils arrivèrent devant chez lui, Romain eut la désagréable surprise d’y trouver une fille qui l’attendait. C’était Melissa. Elle descendit du muret où elle était assise pour venir vers lui :
- Salut Romain.
- Salut, répondit-il sans entrain, qu’est-ce que tu fais là ?
Elle fit mine de ne pas relever le ton sur lequel il avait parlé. Melissa était une blonde aux yeux marron qui aurait pu être jolie sans cet air sournois qui transparaissait de temps en temps sur sa figure.
- C’est ta copine ? chuchota Gabriel à l’oreille de Romain.
- T’es fou ? répondit Romain bien fort pour que Melissa l’entende.
- Romain, j’aimerais te parler seule à seul.
- Maintenant ?
- Oui, répondit -elle en lissant les plis de son pantalon.
Romain poussa un soupir. Il n’avait pas le choix. :
- Gabriel, est-ce que tu peux m’attendre chez moi ? Si tu veux, commence à jouer.Je ne serais pas long.
- D’accord.
Gabriel passa le portail et entra dans la maison sous l’œil très intéressé de Melissa. Romain surpris ce regard et sentit la moutarde lui monter au nez.
- C’est qui ton copain ? Je vous vois tout le temps ensemble au lycée.
- Il s’appelle Gabriel pourquoi ?
- Gabriel…il est sympa ?
- Dis, tu es venue pour me parler de lui ?
Je te vois venir toi. Ne t’approche pas de Gabriel.
Melissa prit un air de fille timide que Romain détestait plus encore que son regard hypocritement baissé vers ses chaussures.
- Voilà, commença- t-elle, ça fait longtemps que je te connais…
La sonnette d’alarme se déclencha dans la tête de Romain qui connaissait ce genre de préambule.
- Et, continua Melissa, j’ai cru m’apercevoir que tu t’intéressait à moi.
Mais où est- ce qu’elle a vu ça ? Elle prend ses rêves pour des réalités !
- Et il faut que tu saches que moi aussi. Alors je suis venue te dire que je t’aime.
La façon dont elle le dit sonna aux oreilles de Romain comme le crissement d’une craie sur un tableau noir.
A combien de mecs avant moi as-tu dit ça, espèce de menteuse !
Il était de notoriété publique dans le lycée que Melissa collectionnait les garçons qui ne se privaient pas, par la suite, de raconter avec force détails, la nuit passée avec elle. Sûre de son effet, elle prit l’expression figée de Romain pour une heureuse surprise. Encore un qui ne lui résisterait pas ! Romain Landris était un beau garçon, un des rares qu’elle n’avait pas encore « essayé ». Il était assez grand, mince avec des cheveux châtains aux reflets blonds dont quelques mèches lui tombaient sur le front et les oreilles. Ses yeux bleus foncés reflètaient l’impétuosité de son caractère et son visage avait déjà les traits fermes de l’homme qu’il serait bientôt. Elle s’en réjouissait d’avance puis ensuite, elle s’attaquerait à ce Gabriel qui lui avait tapé dans l’œil dés qu’il était arrivé au lycée. Quand à Romain, elle se ferait un malin plaisir de l’allumer un peu, de le sentir mourir d’impatience à l’idée de ce qui l’attendait. Elle jeta un regard aux alentours. La maison était un peu en retrait donc il n’y avait personne dans la petite rue. D’un geste vif, elle embrassa fougeusement Romain pendant qu’elle le caressait sous son pull. Le contact de cette bouche révulsa Romain. Il repoussa brutalement Melissa d’un air dégoûté :
- Ne refais jamais ça ! Fiche le camp d’ici !
Sa colère éclata soudainement. Il n’allait pas s’arrêter en si bon chemin ! Il allait lui dire ses quatre vérités pour lui faire passer l’envie de revenir une bonne fois pour toutes !
- Pour qui tu me prends ? Tu croyais que ça suffirait à me mettre dans ton lit ? Tu n’es vraiment qu’une traînée ! Moi, je ne suis pas comme tous les abrutis que tu as déjà eu. Et j’aime quelqu’un d’autre alors disparaît !
Il ne s’était même pas rendu compte qu’il s’était mis à crier. Melissa, elle, n’en revenait pas. Elle n’avait jamais été jetée de cette façon. Alors comme ça, il en aimait une autre ? Très bien, ça ne se passerait pas comme ça. Cet idiot allait regretter de l’avoir traitée de cette manière.
- OK, j’ai compris, dit-elle d’un ton méprisant. J’espère que la petite conne que tu as choisie ne te fera pas regretter de m’avoir repoussée !
- Je préférerais me faire moine plutôt que de sortir avec toi ! répliqua Romain. Maintenant, vas-t’en et ne m’adresses plus jamais la parole !
Melissa lui jeta un regard noir puis tourna les talons et s’éloigna à grands pas furieux.
Romain poussa un « ouf ! » de soulagement. Il s’était enfin débarrassé de cette fille ! Il se rappela que Gabriel l’attendait et alla vite le rejoindre. Lorsqu’il entra dans sa chambre, son ami était assis prés de la fenêtre ouverte, la tête tournée vers l’extérieur.
-Ca y est, elle est partie ! dit Romain en fouillant dans le tiroir où étaient rangés ses jeux. On joue à quoi ?
Mais Gabriel ne répondit pas. Il n’avait même pas bougé. Romain craignit un moment qu’il se soit encore évanoui. Il s’approcha de lui et posa sa main sur son épaule :
- Gabriel ?
Gabriel eut un léger sursaut et parla d’une voix altérée en évitant toujours de regarder Romain :
- Tu ne m’avais pas dit que tu avais une copine.
- Quelle copine ?
- Celle dont tu as parlé à cette fille.
- Tu as entendu ?
- Difficile de faire autrement. Tout le quartier a du vous entendre vous disputer.
Romain était vraiment surpris par l’attitude de son ami. Pourquoi lui parlait-il de ça ?
- Réponds- moi Romain, est-ce que tu aimes quelqu’un ?
- Mais qu’est-ce que tu as ?
- Réponds-moi ! s’écria Gabriel d’un ton suppliant.
- Oui j’aime quelqu’un !
Gabriel baissa la tête. Romain n’y comprenait rien. Soudain, un soupçon naquit dans son esprit. Se pourrait- il que…Il fallait qu’il sache :
- Regarde- moi Gabriel.
- Non !
Au son de sa voix, Romain comprit qu’il allait mal. Il prit le visage de Gabriel dans ses mains et l’obligea à le regarder. Le jeune homme pleurait et deux grosses larmes roulaient le long de ses joues. Romain eut un choc à la vue de son visage bouleversé. Jamais, il ne l’avait vu comme cela.
- Pourquoi tu pleures ?
- Arrête ! Je... je ne peux pas te le dire.
- Mais pourquoi ?
Romain s’assit sur la chaise de son bureau, près de Gabriel et lui prit les mains :
- Si tu as un problème, tu peux me le dire ! On est amis non ?
Gabriel resta un moment sans rien dire, son regard bleu plongé dans celui de Romain comme s’il voulait y trouver quelque chose. Puis, lentement, il se rapprocha et posa ses lèvres sur celles de Romain en un baiser léger. Romain crut qu’il allait tomber à la renverse tant la surprise était forte. Il avait rêvé de ce moment des centaines de fois mais jamais il n’aurait cru que ce serait possible. Mais Gabriel s’écarta brusquement, l’air terrifié par ce qu’il avait fait :
- Excuse-moi Romain ! Oublie-ça ! Je ne savais plus ce que je faisais !
Il avait l’air tellement paniqué que Romain ne pu s’empêcher de sourire. IL allait enfin pouvoir céder à un désir qui le tenaillait depuis longtemps D’un geste tendre, il posa sa main sur la joue de Gabriel, l’attira vers lui et l’embrassa. Ses lèvres étaient douces et chaudes. D’abord surpris, celui- ci répondit au baiser et passa ses bras autour de son cou. Romain ne pensait plus à rien d’autre qu’au bonheur incroyable de le serrer contre lui. Son cœur battait à cent à l’heure et envoyait des vagues de chaleur dans tout son corps. Ils restèrent enlacés longtemps car ils ne pouvaient plus s’arrêter de s’embrasser et le monde autour d’eux avait complètement disparu. Finalement, Romain posa son front contre celui de Gabriel en lui murmurant :
- Je ne t’ai pas menti quand je t’ai dit que j’étais amoureux… Je t’aime Gabriel.
-Je t’aime Romain.
Et leurs lèvres s’unirent à nouveau dans le plus passionné des baisers.
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J'adore la fin de cette scène, c'est trop choupinou !!! 
