Un amour impossible ? 1re partie
Assis sur un fauteuil placé près de la fenêtre il le regarde. De sa place il peut observer le corps endormi. Des cheveux bouclés qui contrastent avec le bleu nuit de l’oreiller. La poitrine qui se soulève au rythme de la respiration paisible de l’homme. Ce que le drap, enroulé autour de ses hanches, cache, il l’a en mémoire pour l’avoir exploré toute la nuit. Comme il aimerait jouer encore une partition sur cet instrument magnifique ! Mais il n’en a plus le droit, cette fois-ci n’aurait jamais du avoir lieu. Un moment volé, son amant d’une nuit ne lui appartient pas. D’ailleurs peut-être avait t-il rêvé ? Non ce qui c’est passé était bien réel et il en chérira le souvenir. Faire l’amour avec l’homme que l’on aime en secret depuis des mois ne s’oubliait pas. Pourtant c’était un désir interdit car celui qui quelques heures plus tôt gémissait sous ses caresses expertes est le compagnon de sa meilleure amie.
Il est tombé éperdu amoureux, lui qui ne croyait pas au coup de foudre, quand elle le lui avait présenté la première fois. Lui qui d’habitude était plutôt attiré par les garçons tout en muscles était resté sans voix devant cette représentation moderne du Prince Charmant. Dès la première seconde son cœur avait battu plus fort et quand il lui avait serré la main, le simple contact de sa paume avait éveillé un sentiment inconnu.
Mécaniquement il avait souri et débiter des banalités alors qu’il n’avait qu’une envie, le prendre dans ses bras pour l’y garder à jamais. Ils formaient un beau couple et la souffrance et la jalousie avaient envahi son âme. Il avait mal quand il les voyait ensemble et il s’efforçait de décliner la plupart de leurs invitations prétextant vouloir les laisser à leur amour tout neuf. Il s’était alors jeté à corps perdu, et cette expression y prenait tout son sens, dans des relations sans lendemain. L’espace d’une étreinte il tentait d’oublier ses yeux gris qui le hantaient, ne plus penser à cet homme qu’il n’était pas pour lui.
Pourtant son rêve était devenu réalité. La veille alors qu’il s’apprêtait à sortir pour s’abrutir dans de la musique synthétique la sonnette avait résonné dans l’appartement. Quand il avait ouvert la porte il avait eu la surprise de le voir devant lui, débraillé, les cheveux en bataille et l’haleine sentant l’alcool bon marché. Il l’avait fait entrer et fait asseoir sur le canapé le temps de lui préparer un café bien fort. Ils l’avaient bu en silence assis l’un à côté de l’autre. Il n’avait pas eu le temps de le questionner sur sa présence, dispute, problèmes avec le travail, d’argent qu’après avoir poser précipitamment sa tasse il l’avait embrassé. Un baiser, qui même s’il avait été léger, avait été mille fois meilleur que celui qu’il avait souvent imaginé. Un éclair de lucidité l’avait traversé mais le « il ne faut pas » avait été étouffé par les lèvres chaudes qui avaient pris possession des siennes. Alors il n’avait plus pensé à rien d’autre qu’à cette langue qui dansait avec la sienne, à ses mains qui cherchait à le déshabiller. Il était vaincu avant même d’avoir livré bataille. Ils ne savaient plus à quel moment ils s’étaient rendus dans la chambre et retrouvés nus dans son lit. Il se rappelait leurs étreintes, ils s’étaient aimés se donnant l’un à l’autre jusqu’à épuisement. Ils s’étaient endormis comme deux amants, dans les bras l’un de l’autre.
C’est la lumière du jour qui l’avait réveillé. Il s’était levé et avait fermé les rideaux, laissant juste un filet de lumière suffisant pour éclairer doucement la pièce. Il s’était alors assis sur le fauteuil voulant le regarder une dernière fois. Car leur histoire n’avait pas d’avenir, il n’était pas libre et il ne voulait pas briser leur couple. Cette nuit magique devait être unique. Sa décision était prise, il devait partir, prendre du recul. Il était temps qu’il prenne ses vacances trop souvent repoussées. Un mois au soleil chez son cousin qui le harcelait pour qu’il vienne le voir à Barcelone. Il se leva et quitta la chambre sans faire de bruit afin de ne pas réveiller le dormeur. Un passage dans la salle de bains, une lettre écrite par une main tremblante et déposée en évidence . Ce soir il serait parti et il trouvera l’appartement vide en rentrant. Il n’aurait plus qu’à préparé ses valises. Loin des yeux loin du cœur disait la sagesse populaire mais il doutait que pour lui ce soit le cas. Il lutta pour ne pas revenir dans la chambre, la tentation de goûter une nouvelle fois à sa peau serait trop forte pour ne pas y succomber. Il respira profondément, pris ses clés et il sorti sans se retourner.
A suivre
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