J'ai une bien triste nouvelle ! C'est l'Avant-Dernier chapitre... Et oui, après celui-ci, vous aurait droit à un Prologue (d'ailleurs, je vous laisserais deviner le titre du prochain chapitre ! ^^).
En attendant, ce n'est pas totalement la fin étant donné que nous devons rebondir suite aux évènements tragique du chapitre précédent, surtout concernant Danny... Donc... Voici la suite qui, je suis persuadé, va beaucoup vous plaire ! On va aussi comprendre pourquoi Elizabeth voulait tant acheter des préservatifs au supermarché héhé ^^. Bonne lecture, n'hésitez toujours pas à donner votre avis !
Chapitre 22 - La Maman, Elizabeth, 46 ans
-Est-ce que tu souhaites dire quelque chose aujourd'hui Sacha ?
Je n'écoutais qu'à moitié la psychologue du lycée ayant les yeux rivés sur la cour du lycée ou la neige s'était à nouveau accumulée. Comme il y a deux semaines le jour ou...
-Si tu n'exprimes pas à haute voix ce que tu ressens, ça risque de rester en toi et de te consumer de l'intérieur...
-Je sais, répondis-je l'esprit toujours ailleurs.
Madame Boulogne était en train de prendre des notes et me demanda :
-Est-ce que ta maman est toujours en arrêt de travail ?
-Oui, répondis-je. Jusqu'à la fin du mois.
-Ses blessures n'étaient que superficielles ?
-Oui.
C'était incroyable. Moi le garçon le plus bavard du monde, j'étais devenu aussi loquace que Charles-Edouard.
-Est-ce que tu aurais voulu rester chez toi plus longtemps pour te reposer ? Une semaine n'était peut-être pas suffisant pour toi te reposer ?
-J'étouffe à la maison. Maman est plus protectrice encore qu'avant. En plus, elle ne veut pas qu'on en parle à Dianna. Willy n'est quasiment jamais là. Et puis Victoire est revenue elle.
-Tu as discuté avec elle récemment ?
On c'était vu à l'hôpital après l'incident. Mais aucun de nous ne s'était appelé durant la semaine ou nous étions resté chez nous. Je ne savais pas quoi lui dire. J'avais peur de lui faire face, de la voir en état de faiblesse, elle qui d'habitude était si forte. Je savais aussi qu'elle avait déjà vécue quelque chose de pratiquement similaire il y a deux ans. C'était une survivante.
-Non.
-Pourtant vous participé tous deux au Musical de Mademoiselle Ouahlima ?
-Oui. Elle s'inquiète de savoir si on sera prêt pour la présentation du week-end prochain.
-Et toi ? Tu te sens prêt à monter sur scène ?
-Je crois.
Nouvelles notes prises par ma psychologue. Puis elle demanda :
-Tu as eu l'occasion de discuter avec Mademoiselle Ouahlima de... son beau-frère ?
Kévin. Je voulais tout oublier de lui, de ce qu'il m'avait fait la première fois et de ce dont-il était responsable aujourd'hui. Sauf que le véritable responsable, c'était moi. J'avais le pouvoir de le faire arrêter entre mes mains. Le pouvoir de le dénoncer pour mon agression à la police. Un pouvoir qui aurait pu tout empêcher, tout éviter. Je ne l'avais pas utilisé. Comme si elle lisait dans mes pensées, ma psychologue me dit :
-Tu ne dois pas te sentir responsable Sacha. Tu n'es pas responsable.
-Allez dire ça aux parents de Danny, répondis-je.
-Ils ne te pensent pas responsable.
-Qu'est-ce que vous en savez ? demandais-je en me levant, lasse de ses questions.
-Kévin et ses complices sont en prison désormais, tu n'as plus rien à te reprocher.
Sachant que c'était la fin de ma séance, je récupérais mon sac et quittait son bureau. Maman venait me chercher après les cours, comme chaque soir depuis que j'étais revenu au lycée. Dans la voiture, c'était silencieux. Elle ne me demanda même pas comment s'était passé mon rendez-vous avec la psy, elle savait que je ne lui parlais pour ainsi dire pas.
Papa travaillait et William et Sabine avaient emmené Dianna au cinéma ce soir là. Nous étions seuls à la maison, en train de manger une pizza surgelée. Ma mère s'inquiétait pour moi et moi pour elle. C'était un terrible cercle vicieux.
Mais je savais que tôt ou tard je retrouverais ma joie de vivre habituelle. April et Charles-Edouard faisait tout pour en tout cas. Au lycée, ils ne me quittaient pas d'une semelle et durant ma convalescence, ils alternaient tout à tour leurs visites le soir après les cours. J'avais vraiment de la chance de les avoir.
D'autant plus qu'ils avaient vécu tout ça de très près, s'inquiétant pour moi à chaque minute qui s'était déroulée.
-Charlie vient dormir ici le week-end prochain ?
Charlie dormait régulièrement à la maison, surtout depuis sa rupture avec Elodie. Je repensais aux préservatifs que maman avait voulu m'acheter au magasin, juste avant tout ça.
-C'est le Musical maman. T'as pas oublié j'espère ?
-Ah oui !
Elle était devenue assez distraite ces derniers jours, mais je ne pouvais que la comprendre. Son fils avait faillit mourir juste devant ses yeux. Elle était en train de manger une tranche de pain quand elle me fit remarquer :
-Charlie est un très bon garçon. Il est drôle, il est sympathique.
-Maman, tu recommence...
-Quoi ?
-Tu essayes encore de me marier !
Ca la fit rire et moi avec. Ca faisait du bien de partager un peu de rire et de joie avec elle. C'était assez difficile, même si ça revenait petit à petit... Mais depuis qu'elle savait que j'étais homosexuel, elle essayait par tous les moyens de me caser avec les jeunes hommes qu'elle croisait à droite et à gauche. Parfois même avec ses patients.
-J'ai du mal à croire qu'il n'y ai rien d'autre que de l'amitié entre Charlie et toi.
-Pourtant c'est le cas maman. Il n'y a rien. De son côté du moins.
-Chacha...
Elle m'appelait rarement comme ça. Seule Dianna continuait à m'appeler comme ça mais ma mère avait arrêté lors de mon entrée au collège.
-Tu crois vraiment qu'un garçon hétérosexuel passerait autant de temps et partagerait cette complicité avec un garçon homosexuel ?
-Faut croire que oui.
-Ou tu es stupide, et j'en doute parce que tu es mon fils, ou tu fais exprès de ne pas voir. J'opte pour la seconde solution. Et quand bien même il n'est pas homosexuel, tu lui as dit ce que tu ressentais pour lui ?
-Il le sait.
-Le savoir et l'entendre, c'est différent. Complètement différent.
-Depuis quand tu es experte en relations amoureuses ? Tu en es a ton troisième mariage je te rappelle.
Cette remarque la fit rire à nouveau tandis qu'elle débarrassait la table :
-La troisième était la bonne il faut croire. J'espère que tu auras plus de chance que moi et que Charlie sera directement le bon.
Tout en aidant ma mère à débarrasser la table jusqu'en cuisine, je continuais cette conversation :
-Je ne vais certainement pas déclarer mes sentiments pour me prendre un râteau. En plus, je risque de perdre mon meilleur ami !
-Si votre amitié est si solide, tu ne le perdras pas. Tu auras juste eu le mérite d'être complètement sincère avec lui. Et puis, dans votre Musical, vous jouez un conte de fée ou vous tombez amoureux pas vrai ?
-C'est pour du faux maman. Et c'est un conte de fée.
Maman était en train de mettre la vaisselle dans l'évier et elle s'arrêta pour me dire :
-Tu ne crois pas que tu mérite d'avoir un Happy End à ton conte de fée ? Après tous... Tous ces derniers évènements...
Elle s'arrêta un instant, nostalgique, avant de reprendre :
-Je ne veux que ton bonheur. Et Charlie serait parfait sur la photo de famille à Noël.
Cette fois, c'est elle qui me fit rire. Désormais, elle et moi avions retrouvé notre joie de vivre à la maison, au plus grand plaisir du reste de la famille. Doucement, on reprenait l'un et l'autre du poil de la bête.
Le reste de la semaine nous plongea tous dans les répétitions acharnées du Musical. Entre le décor, les costumes, le chant, les danses, tout allait à cent à l'heure. Mademoiselle Ouahlima émettait une certaine réserve avec moi mais je savais que ça venait en partie de mon attitude envers elle.
Alors que je l'aidais à déplacer des costumes, je profitais de ce moment anodin pour lui dire :
-Vous êtes ma prof préférée vous savez ?
Gênée, elle manqua de lâcher ce qu'elle tenait en main. Elle se contenta de me répondre en souriant :
-Si tu veux que je le reste, épate moi samedi soir.
-Promis.
On pouvait ainsi reprendre une relation normale de prof à élève, oubliant définitivement l'implication que Kévin avait pu avoir entre nous. Il allait être punit pour ce qu'il avait fait et c'était le principal. Mais la curiosité me poussant, j'avais demandé à April de se renseigner pour moi quand aux raisons qui l'avaient poussé à braquer le magasin (surtout de façon aussi mal préparé).
Il semblerait que Kévin devait beaucoup d'argent à des gens peu fréquentable et que sa famille avait refusé de l'aider. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé à commettre l'irréparable.
J'étais en train de poser des décors sur la scène avec April qui le lâchait pas Guillaume des yeux. Lui était en train de s'occuper de la technique avec un autre garçon qui nous aidait.
-Pourquoi tu vas pas l'inviter à sortir ?
-Je n'ai pas le temps pour un petit copain. J'ai le bal d'hiver à préparer pour la rentrée, mes vacances au ski avec mes parents... Et puis, je crois qu'il a juste envie qu'on soit bons copains.
-Un garçon et une fille ne sont jamais bons copains, répondis-je en souriant.
-Si, regarde toi et moi.
-Je suis homo.
-C'est vrai. Dommage. Tu aurais pu être mon petit-ami si tu ne l'étais pas.
-Jamais ! répondis-je indigné. Ca serait comme sortir avec ma sœur.
Rire avec ma meilleure amie m'avait manqué. J'étais content de retrouver cette petite joie anodine. Victoire arriva dans l'auditorium et April vit à mon regard que je devais lui parler, chose que je n'avais toujours pas faite juste à présent. Je laissais April aux décors et m'approchais de Victoire qui était en train d'enlever son bonnet et son manteau.
-Salut.
-Salut.
Ni l'un ni l'autre ne dit quoi que ce soit. Je la regardais et rien que ça, ça me fit monter les larmes aux yeux. Devant ma sensibilité et mon émotion, Victoire me regarda en soufflant et elle m'attrapa dans ses bras pour me faire un énorme câlin. Pourtant, elle détestait ça les effusions de sentiments. Cette fille était vraiment au top. C'était à moi de la consoler et de la rassurer, et c'était tout l'inverse qui se faisait. Je pouvais être parfois vraiment ridicule.
-Pourquoi tu n'es pas allé le voir ?
Je ne le savais pas moi même. Devant mon absence de réponse, elle me dit :
-Il s'est inquiété pour toi. Tu devrais venir avec moi après la répétition.
-Je peux pas le regarder sans me sentir coupable.
-Arrête de te victimiser un peu, me reprocha mon amie, par je ne sais quel miracle on s'en est tous sortis en vie. C'est ça qui compte. April m'a dit que tu t'en voulais de ne pas avoir fait arrêter Kévin quand tu le pouvais. Ca n'aurait rien changé. Les choses se produisent dans la vie et c'est comme ça. Mais si on commence à s'arrêter sur chaque bobo et chaque malheur, c'est plus une vie ça !
Elle avait entièrement raison. Je me contentais de sécher mes larmes, lui promettant de l'accompagner le soir venu, et c'est ce que je fis.
Danny habitait à l'opposé de moi, dans un quartier ou je n'allais pour ainsi dire jamais. Victoire et moi avions pris le bus après la répétition et la maman de Danny nous ouvrit avec grand plaisir. C'était la première fois que je rencontrais ses parents et ils me semblaient sympathique.
La maison était un désordre monstrueux, indiquant sans doute que les Narainen n'étaient sans doute pas de grands amateurs de ménage. La maman de Danny nous proposa d'aller directement dans la chambre de notre ami étant donné qu'il avait du mal à se déplacer.
Et pour cause, lorsque Victoire frappa à la porte et entra, avec moi sur ses talons, je découvris un Danny allongé sur son lit. S'il souffrait encore de quelques blessures et qu'il avait son bras en écharpe, le plus surprenant était de le voir avec les lunettes de soleil qui ne le quittait maintenant plus.
La balle qui l'avait touché avait causé de graves séquelles d'après ce que Victoire m'avait indiqué, et le pauvre Danny se retrouvait désormais aveugle, sans savoir si cela serait définitif ou non.
-Devine qui est là ?
Victoire s'était jetée sur le lit de son petit-ami et celui-ci posa ses mains sur elle tout en murmurant :
-Hum... J'adore quand tu me fais ça Vicky...
Il devait sans doute penser qu'elle était seule et Victoire se mit à rire en lui disant :
-Arrête toi, un petit voyeur est venu te rendre visite...
Danny s'arrêta aussitôt, surpris (il n'attendait personne d'autre que Vicky sans doute), et demanda :
-Guillaume ?
-Non, répondis-je.
Un sourire illumina le visage de Danny qui se redressait sur son lit pour demander, sans en être sur :
-Sacha ? C'est toi ?
-Oui...
-Tu m'en voudras pas mais j'ai encore du mal à me fier à mes oreilles... Le temps que je prenne l'habitude tu vois ?
Danny se leva de son lit, aidé de Victoire, et celle-ci lui tenait la main tandis que mon ami vint vers moi et qu'il avait une main en avant pour être sur de me repérer. Je lui attrapais sa main et il s'arrêta, rassuré et toujours souriant.
Je n'en revenais pas. Danny qui était celui qui avait le plus souffert dans l'histoire avait un sourire de Dieu alors que moi, depuis deux semaines, je ruminais. Je me sentais vraiment ridicule.
-Bah alors tu me fais pas la bise ? J'te préviens, profite en pas pour me rouler une galoche okay ?
Il était con mais il arrivait à me faire rire. Après lui avait fait la bise, je relâchais sa main et Victoire l'aida à s'asseoir sur son lit. Moi je me posais sur une sorte d'énorme boite retournée qui servait de siège.
-T'as l'air en forme, lui dis-je.
-Ca roule, ça roule. J'm'en sors pas trop mal. Paraît que j'ai des cicatrices sur le corps.
-Elles te rendent diablement sexy mon chéri.
Victoire venait d'embrasser Danny sur la joue, cette scène me faisait vraiment sourire. Comment j'avais pu penser un seul instant que Danny allait m'en vouloir ? Je culpabilisais toujours évidemment de le voir dans cet état là. Danny s'était comporte en héros. J'appris durant la conversation que le maire était venu le féliciter et le remercier de sa bravoure.
Ca me faisait du bien de parler de cet évènement et de la prise d'otages. D'évoquer les autres personnes ayant vécues le drame avec nous. Victoire avait découvert qu'Aya, l'asiatique, était en terminale dans notre lycée, ce qui nous étonna.
Victoire s'éclipsa pour se rendre aux toilettes, nous laissant seuls Danny et moi. Il en profita pour me dire :
-Charlie est passé y'a deux jours. Tu sais qu'il était super inquiet pour toi quand on était là-bas ?
-April m'a dit oui.
-Vous allez attendre combien de temps encore avant d'arrêter de jouer aux cons tous les deux ?
C'était un complot ou tout le monde s'était décidé à vouloir que les deux Chachas finissent en couple ? A croire que même les gens a qui je suis en train de parler et de raconter mon histoire auront bientôt envie qu'on se mette ensemble ! Oui, moi j'en avais envie, mais il fallait que tout le monde comprenne que ce n'était peut-être pas le cas de Charles-Edouard !
-On joue a rien du tout Danny...
-Ouais. Je suis peut-être aveugle, mais pas tant que ça en fait ! Si ce mec il te kiffe pas a mort, alors je laisse ma place de capitaine à Gus le débile !
-Il est incapable de mettre un but...
-Depuis quand tu t'intéresse au foot toi ?
-Depuis que je suis ami avec le capitaine de foot de mon lycée, répondis-je.
Danny se mit à rire et me dit :
-L'an dernier jamais j'aurais cru que j'serais devenu pote avec toi tu sais ?
-Un geek bizarre qui en plus de ça est pédé ?
-Ouais, c'est un peu ça, ouais.
Victoire revint dans la pièce et demanda toute pimpante :
-J'espère que tu n'en as pas profité pour l'embrasser en te faisant passer pour moi petit Sacha ?
-Si, il l'a fait, répondit Danny amusé, et il est bien plus doué que toi...
-C'est vrai ça ?
Victoire venait de se jeter sur Danny pour l'embrasser passionnément avant de lui demander si j'étais toujours plus doué qu'elle.
Le samedi de la représentation arriva si rapidement que j'avais du mal à croire que nous allions tous nous retrouver sur scène pour jouer Once Upon a Time. En plus, toute la semaine j'avais essayé de parler avec Chacha et de lui exprimer ce que je ressentais réellement.
L'ironie était que j'allais bien lui faire part de mes sentiments ce soir là, mais dans la peau du Prince. Sur scène, j'allais lui dire tout ce que j'aurais aimé lui dire mais que je n'avais pas la force de lui dire.
Dans les coulisses, une surprise de taille nous attendait. Danny était là. Victoire avait proposé à notre enseignante qu'il tienne son rôle, sachant qu'il n'avait qu'un rôle minime. Victoire allait l'aider à se déplacer avec l'aide des figurants. Mademoiselle Ouahlima n'y voyait aucun inconvénient, ravit de voir Danny de retour dans le projet, malgré son handicap.
Quelques minutes avant de monter sur scène, je jetais un rapide coup d'œil à salle pleine à craquer. Ma famille se tenait au second rang. En regardant ma mère toute souriante, je repensais à ce qu'elle m'avait dit il y a quelques jours dans la cuisine. Sur les sentiments que je devais confier à Chacha.
Victoire m'attrapa par la main et m'entraina dans les coulisses pour rejoindre April, Guillaume, Danny et Charles-Edouard. Plus loin, je voyais Elodie mémoriser son texte et d'un autre côté, Mandy et Yanis en train de faire les cent pas. Redonnant mon attention à mes cinq camarades, Victoire mit sa main entre nous :
-A notre amitié.
April posa sa main la suivante, puis les garçons et moi même suivirent. Nous étions soudés, prêt à partir à la conquête de notre public et c'est ce qu'on fit.
Le premier acte reçut une ovation. Elodie, dans le rôle de la bonne fée, fit rire toute l'assemblée. Victoire et Danny se débrouillèrent à merveille. April était fabuleusement incroyable. Charles-Edouard et moi étions surprenant. Tout le monde semblait adorer notre représentation.
Il y eut un entracte d'un quart d'heure qui nous permirent à tous de nous reposer. Charles-Edouard restait à côté de moi.
-T'es meilleur qu'en répét', me dit-il.
-Toi aussi.
Il passa sa main derrière mon épaule. Je ne sais pas si c'était du au trac ou à l'adrénaline ou à je ne sais quoi d'autres encore, toujours est-il que pour moi, c'était l'instant ou jamais. J'étais seul avec lui et je devais lui dire.
-Je t'aime tu sais ?
Je venais de le regarder droit dans les yeux. Je lui avait dit ces deux mots que j'avais souhaité lui dire trois semaines plus tôt, alors que je pensais mourir dans ce supermarché. Je lui tenais la main, sans savoir pourquoi et je ne voulais pas lui laisser le temps de répondre.
-Je suis dingue amoureux de toi depuis des mois. Quand je t'ai vu, j'ai... J'ai craqué pour toi et après, quand j'ai commencé à devenir ton ami, je suis juste tombé dingue amoureux... Je sais que je suis très bavard, que je bouge beaucoup, que je suis souvent agité, que je ne suis qu'un geek qui sait pas vraiment quoi faire de sa vie et que je suis bizarre et que je vis dans un monde de bisounours et surtout, que je suis un gars et que même pour te dire tout ça il faut que j'en fasse des tonnes pendant trois plombes parce que parler ça m'évite de te regarder droit dans les yeux et de me défiler et... Je sais aussi que tu sais tout ça, mais il y a une différence entre le savoir et l'entendre...
Un signal sonore nous indiqua qu'il était temps de reprendre nos places pour remonter en scène. Il n'aurait pas le temps de répondre et moi je regagnais déjà ma place pour faire ma nouvelle entrée scénique, le laissant seul face à ce flots de paroles que je venais de lui dire.
*-*-*-*-*-*-*-*-*
Je n'apparaissais pas dans la scène de reprise du Musical après l'entracte. Heureusement. J'étais toujours là ou Chacha m'a fait sa... déclaration ?
Faut être honnête, si Chacha était une fille, je l'aurais épousé plus tard. On aurait était heureux. Marié. Avec un chien. Un kangoo peut-être ? Une grande maison. Ouais. Si c'était une fille. Mais vu que c'était un mec, je pouvais pas. J'étais pas attiré par les mecs. Mais j'étais pas non plus très attiré par les nanas.
Les nanas avec lesquelles j'ai couché, c'était naze. Et j'ai jamais couché avec un mec. Pourtant, Chacha il me plaisait. J'étais attiré par lui. Je l'ai su la fois ou je suis allé au ciné avec lui, Elodie et April. Puis quand on est devenus amis. Quand il s'est fait agresser. Quand ce bâtard de Kévin lui a fait ça. Je l'aurais tué. Il pouvait pas blesser mon Chacha. C'était le mien. Puis quand je suis allé chez lui. Quand j'ai dormi chez lui. Et avant ça, quand j'ai regardé Teen Wolf avec lui. Puis quand j'ai commencé à éviter Elodie pour lui. Quand je l'ai embrassé à son anniversaire. Quand pendant des jours je pouvais plus toucher Elodie sans imaginer le toucher lui.
Quand il me prenait la tête. Quand il voulait qu'on s'éloigne pour faire plaisir à Elodie. Là c'était sûr. J'avais ce mec en moi. Puis quand j'ai cru le perdre une fois encore. Toujours à cause de Kévin. Mais surtout, quand cet enfoiré de Yanis avait voulu le... Se servir de lui. Là j'étais mal. Parce que Chacha, c'était moi qu'il aimait.
Je l'ai toujours su. Et ça me dérangeait pas. Ca me dérangeait pas parce que moi aussi. La première à le l'avoir fait comprendre, c'était sa mère. Quelques jours avant le truc du supermarché. Elle m'avait raccompagné chez moi. Elle m'avait dit qu'elle voulait me voir sur sa photo de famille à Noël. J'avais pas compris. Elle m'a dit que toute sa famille se trouvait sur la photo. Que j'étais un peu de sa famille. Comme Sabine avec William. En gros, j'étais comme son beau-fils. Je lui avais dit
-Peut-être un jour.
C'était un peu un aveu. Soyons clair, je m'en fiche de ce que les autres pensent. Si j'suis avec un mec, c'est mon problème à moi. Mais j'ai à Chacha à son anniversaire, qu'il méritait quelqu'un qui lui tienne la main face aux autres. Qu'il soit avec lui sans aucune gêne. Qu'il soit fier d'être avec lui.
Y'aurait pas plus fier que moi que d'être son mec. Je crois. C'est juste que, j'sais pas aimer. J'sais pas sourire. J'sais pas être comme lui. Enfin sauf des fois quand j'suis avec lui justement. Mais si j'étais pas homo finalement ? Si c'était qu'une passade ? Si je l'aimais comme un frère et pas comme lui pouvait m'aimer ?
Comment j'allais savoir tout ça ? Comment je devais faire moi. Sortir avec lui et le jeter si je me rends compte que ça me plait pas ?
C'est déjà à moi de monter sur scène. Je dois battre Victoire la sorcière. Je dois rejeter April la Princesse. Chanter. Danser. Sortir. Revenir sur scène. Puis c'est bientôt la fin.
Les retrouvailles entre le Prince et le Chevalier. Depuis qu'il m'a dit ça, j'ai une boule au ventre de le regarder, plus qu'un trac. J'sais pas ce que c'est.
Là c'est la scène ou j'dois lui dire que je l'aime et que moi aussi je suis amoureux de lui. C'est ironique pas vrai ? Lui dire de façon fictive alors que c'est ce que je pense moi de façon réelle. On chante notre duo. Belle chanson d'amour. Un peu gnangnan mais bon.
Ce qui m'a surpris dans la pièce, c'est que Mademoiselle Ouahlima n'a pas osé mettre de bisous entre nos deux personnages. C'est ridicule. C'est une histoire d'amour. Ils sont censé s'aimer non ? Ils devraient s'embrasser.
La chanson est finit. C'est censé être terminé pour la scène, mais je rajoute un truc qui déstabilise tout le monde je crois, car c'est pas prévu :
-Tu m'as pas laissé te répondre.
-Quoi ? me dit-il surpris.
-Tout à l'heure. Tu m'as dit je t'aime. Je t'ai pas répondu.
Essayant sans doute d'improviser pour coller au Musical, il me dit en souriant :
-Si tu l'as fait en chantant. Tu m'as chanté ton amour.
-Le Chevalier a chanté ça pour le Prince.
Je m'étais rapproché de lui qui se trouvait encore au milieu de la scène. Je savais que des tas de personnes me regardaient, mais je m'en fichais. Façon, eux tous allaient penser que c'était dans le Musical. Y'a que lui qui sait que ça l'est pas. Y'a que lui qui sait ce que ça veut dire.
-Moi je chante pas pour dire je t'aime au mec que je kiffe.
Il s'était mis à rougir, sans doute gêné. Il demanda timidement :
-Tu fais quoi alors ?
-Je fais ça.
Je l'ai embrassé. Devant tout le monde. Et je m'en fichais. La première fois on a du garder ça pour nous. Là tout le monde pouvait bien le savoir, je m'en balançais. C'était juste trop bon de sentir ses lèvres sur les miennes. De pouvoir toucher sa langue avec la mienne. C'était juste énorme. J'avais pas ressenti ça depuis 41 jours. Le soir de son anniversaire. C'était trop bon. J'aurais pu faire durer ça encore des heures. Mais le rideau se refermait. Les gens applaudissaient. Lui ouvrait les yeux et levait la tête. Ouais, c'était moi le plus grand.
-Steuplait, me dis pas que c'était pour le Musical.
-Non. C'était pour toi. Ca a toujours était pour toi.
Il me souriait comme lui seul pouvait le faire. Avec ses sourcils qui se lèvent. Ses yeux qui pétillent. Ses dents qui me narguent. Ses petites joues. Ses lunettes trop grande pour lui. Et le cri des spectateurs qui hurle de joie.
-Je vais être sur ta photo de famille je crois.