La suite ? Et bien maintenant avec le Dixième chapitre, déjà, de Sacha et les Autres. Un personnage présent depuis le début sera mis à l'honneur, et c'est Danny ! Avec entre autres, le rendez vous de Yanis et Sacha. D'ailleurs, team Charlie ou Team Yanis que vous êtes ? Bonne lecture, j'encourage encore et toujours les commentaires
Chapitre 10 - Le Beau-Gosse, Danny, 16 ans
Le lendemain, je n'ai pas croisé Yanis une seule fois dans les couloirs du lycée, ce qui n'avait rien d'étonnant. Lui étant en terminale, on n'avait aucun cours en commun et les siens se déroulait en grosse partie dans un autre bâtiment. Du matin, je me suis retrouvé en binôme avec Mandy pour le cours d'histoire et April avec Charles-Edouard.
Je n'étais pas jaloux mais j'avais envie de discuter avec le brun qui me servait d'ami notamment de mes doutes concernant le rendez-vous de demain. En plus, je me demandais si je pouvais en parler ou non à April sachant que j'avais déjà failli à ma promesse envers Yanis en expliquant la situation à Charles-Edouard.
-Tu pense quoi de Danny ?
Mandy m'avait surpris par sa question. Jusqu'à présent, je n'avais jamais eu de discussion seul à seul avec elle et je ne savais pas de quoi elle et moi pouvions parler. Mais rapidement, le sujet allait être Danny.
-Il est sympa, c'est un mec cool.
A dire vrai, je ne savais pas trop quoi dire de Danny. Ce que venais de dire était vrai. Il était sympa, cool. Mais j'avais beau le considérer comme l'un de mes potes, je ne le connaissais pas tant que ça, si ce n'est sa réputation. Aux yeux de tout le monde, Danny c'était le beau gosse du lycée. Capitaine de son équipe de football, couvrant la rubrique sportive du journal. Il était globalement apprécié de tout le monde. Scolairement, je crois qu'il avait pas mal de difficultés mais qu'il comblait par ses efforts dans les matières facultatives.
J'avais appris d'April qu'il souhaitait obtenir une bourse et partir dans un programme de sport études par la suite, ce que je lui souhaitais sincèrement. D'ailleurs, il était bien différent de Guillaume, lui aussi sportif.
Guillaume partirait certainement en médecine pour la suite de ses études. Il était très scientifique, avait les capacités nécessaire et le sport n'était qu'une passion, pour Danny, le sport était une raison d'être.
-Mais non, physiquement, c'est un beau gosse, il te plaît ?
C'est pas vrai, elle aussi s'y mettait. Qu'est-ce que tout le monde avait à me demander ça ! Bon, je devais quand même être honnête. Danny c'était un fantasme ambulant. Un beau gosse de chez beau gosse, le genre qu'on trouve dans les films pornos que William a eu la bêtise de télécharger pour moi. Bon, même si je les ai déjà regardé, c'est pas pour ça que j'aime, à chaque fois j'ai honte, mais vraiment honte...
Très grand - il dépassait le mètre quatre vingt facilement - les cheveux courts (à la différence de Guillaume qui les avait beaucoup plus long, ou de moi même qui laissait une mèche rebelle tomber devant mes lunettes). Il était toujours habillé de façon à plaire et à séduire. Cependant, je crois que Mandy était la première copine qu'il avait. Du moins à ma connaissance, mais l'année dernière, Danny n'était pas dans ma classe et je ne le fréquentais pas.
-Sois honnête, je te promets de rien répéter, parole de Mandy !
Mandy était vraiment nunuche quand même. Tout le monde la considérait comme l'un des nombreux faire valoir d'April, et malheureusement, ils n'avaient pas tord. Je ne lui trouvais pas grand chose d'intéressant, elle n'était qu'une pâle copie ratée d'April Stevens.
-Il est séduisant, c'est un beau garçon.
-Et moi, je suis belle ?
-Mandy, on a un devoir à terminer...
-Non mais allo, tu crois pas que j'ai autre chose à penser ? Figure toi que Danny m'a invité ce week-end encore une fois !
-Génial. Je suis content pour toi Mandy, on reprend l'histoire ?
-Ca me saoule, je comprends rien.
J'allais devoir me débrouiller tout seul. Heureusement j'allais me changer les idées durant le déjeuner. Le club des jeux vidéos reprenait enfin du service et April s'en doutait, j'allais m'y rendre. Comme je m'en doutais, elle n'avait pas voulu me suivre dans mon univers, préférant travailler sur la maquette du journal. Je me retrouvais donc avec d'autres geeks du lycée.
Le lendemain, j'allais enfin avoir mon premier rendez-vous avec un garçon. J'étais stressé, vraiment stressé mais vraiment beaucoup. Yanis devait finalement venir me chercher au centre-ville vers 18 heures avec la voiture de son cousin.
Les cours ayant terminé à 17h00, Charles-Edouard - qui était toujours le seul au courant parce que finalement, l'occasion n'était pas apparue pour que je puisse en parler à April - se proposa de rentrer avec moi jusqu'au centre ville. Enfin, lui habitait dans un appartement du centre ville de toute manière.
Dans le bus, il essayait de me changer les idées :
-Si tu t'évanouis, je te laisse là.
-Menteur.
A chaque fois qu'il jouait les gros bras macho, j'étais obligé de lui sourire comme un gamin, je le trouvais vraiment trop mignon quand il faisait ça.
-Tu vas faire quoi toi ce soir ?
-Elodie veut que j'aille chez elle, ses parents sont absents.
Ils allaient probablement coucher ensemble. Après tout, c'est ce que tous les couples qui sont ensemble depuis un moment font. Et ce n'était pas comme s'ils ne l'avaient pas déjà fait. Du moins, je le supposais?
Le bus nous déposa au centre-ville, il me restait encore vingt minutes avant que Yanis ne me récupère devant le centre commercial. Charles-Edouard me fit marcher dans le centre-ville et me demanda :
-Tu veux pas aller à la pharmacie, au cas ou ?
-La pharmacie ? Mais je ne suis pas malade, je vais bien.
-Je sais. Pour tu sais quoi.
-Je sais quoi ?
Il me regarda d'un regard noir qui signifiait bien qu'il me reprochait de ne pas comprendre son sous-entendu. Puis je vis dans la vitrine quelque chose qu'il regarda : des préservatifs. Je devins alors rouge pivoine et je m'énervais contre lui :
-Tu crois que je suis quoi ? Un bout de viande ? Un désespéré en manque qui va faire n'importe quoi ? Je... C'est pas parce que je suis...
Je regardais autour de moi, ne voulant pas reproduire l'épisode Kévin, et continuais-je :
-Ce que je suis que automatiquement je vais m'envoyer en l'air comme ça !
Il souffla levant les mains au ciel, énervé à son tour, et reprit sa marche. Quel culot il avait quand même. D'ailleurs je continuais :
-Toi peut-être que tu t'envoie en l'air avec Elodie tous les jours depuis que tu la connais...
-Je te proposais d'acheter quelque chose contre ton stress.
-Hein ?
Quoi ? Il me conseillait pas d'acheter des préservatifs pour me protéger ? Mais quel idiot j'étais sérieusement. Et aucun endroit ou me cacher et fuir ses yeux qui me regardait. Je ne pouvais pas m'excuser comme ça, je ne pouvais pas m'écraser face à lui même si j'étais en tord.
-Désolé j'ai cru que...
Ma petite moue devait suffire à ce qu'il comprenne que j'étais vraiment embarrassé parce qu'il me sourit, pour du vrai de vrai. Un vrai sourire qui semblait sincère et pas forcé. Je le voyais tellement pas sourire en général qu'à chaque instant comme ça, il fallait que j'en garde une preuve. Je sortais mon téléphone et m'apprêtait à prendre une photo de lui, mais il avait déjà retrouvé son humeur de chien et attrapa mon téléphone :
-N'essaye pas. Aucune photo de moi. Jamais.
-Mais pourquoi ?
-Parce que. J'aime pas les photos.
-T'es vraiment pas drôle.
-Je ne t'ai jamais dit que j'étais quelqu'un de drôle. Et puis au lieu de râler, dépêche toi, ton copain va t'attendre.
Je regardais l'heure du téléphone portable qu'il venait de me rendre, en effet, l'heure du rendez-vous était arrivée. Il fallait que je traverse la galerie du centre commercial et revienne vers l'entrée.
-Bonne soirée avec Elodie, je t'enverrais des messages ! Bye.
-Tchusss.
Je partais déjà en courant le laissant dans le centre commercial et retrouvant la voiture de Yanis devant l'entrée du centre commercial. Son cousin possédait une Citroën noire... Je me demandais soudainement si son cousin n'étais pas dans des trucs louches.
-Tu montes quoi ou quoi ?
Il fallait vraiment que je m'habitue à sa façon de parler. C'était assez déroutant quand on avait pas l'habitude. Et pourtant, mon frère c'était William, le Wech Wech des beaux quartiers.
A peine ma ceinture mise, Yanis démarra et quitta la ville pour qu'on rejoigne Lille, ou il était sur, selon lui, de ne voir personne qui le connaitrait.
Dans la voiture, on ne parla que du lycée, du Musical, de Mlle Ouahlima et du badminton. Arrivé en ville, il me proposa de m'inviter dans un kebab ce que j'ai accepté, adorant manger des cochonneries. Puis après, il me proposa un cinéma - un film d'action qu'il avait choisi et que j'ai trouvé tellement nul que j'en ai oublié le titre.
La soirée était sympathique bien qu'étrange. J'étais assez mal à l'aise face à lui et je ne savais pas vraiment comment me comporter. Puis il me proposa de sortir en boîte.
-En boite ? Mais j'ai que seize ans ! J'ai pas l'âge légal.
-T'inquiètes gros, je connais tous les vigiles, j'ai des keums partout moi.
-Mais je suis mal à l'aise dans la foule et le monde...
-Fais pas iech', tu vas kiffer ta race, tu verras.
Je n'avais pas trop le choix de toute manière, j'étais venu en voiture avec lui et c'était lui qui décidait de la suite des opérations. Alors qu'on regagnait sa voiture, quelqu'un m'interpella :
-Sacha ? Salut mec ! Qu'est-ce que tu fais là ?
C'était Danny, qui arriva vers moi pour me saluer. Il aperçut Yanis à côté de moi qui se contenta d'entrer dans sa voiture.
-Euh... je suis venu passer la soirée ici avec un pote...
-T'es pote avec Yanis ? J'savais pas...
-Et toi, pas avec Mandy ?
-Ah non. Je la vois demain. Je travaille de temps en temps dans un snack pas loin pour rendre service à mon oncle.
-Ah c'est cool.
Yanis klaxonna une fois, montrant son impatience.
-Bon, bah salut. Je dois y aller.
Danny me serra à nouveau la main mais, piqué par la curiosité, me demanda :
-Il t'a pas menacé de quoi que ce soit pour que tu fasse quelque chose hein ?
J'étais surpris par sa question, mais en même temps touché, il s'inquiétait un petit peu à sa manière, comme pouvait le faire Guillaume et dans une autre mesure, Charles-Edouard.
-Non. Il m'a juste proposé un rencard c'est tout.
-Un rencard ?
Danny était sous le choc et moi j'étais un simple idiot. Comment j'avais pu lui sortir ça de cette façon. Je devais apprendre à tenir ma langue, mais vraiment quel idiot je pouvais être ! Aussitôt je lui demandais :
-Oublie ce que je t'ai dit. C'est juste un pote okay ? Bref, oublie. Salut !
J'entrais rapidement dans la voiture de mon "rencard" et laissait Danny seul dans la rue. Evidemment, je n'allais rien dire de ma bévue à Yanis, il allait s'emporter et commencer à paniquer. Au lieu de ça, je le laissais m'entraîner dans une boîte qu'il connaissait et là quelle surprise : c'était une boîte gay.
Et si Yanis semblait très à l'aise une fois à l'intérieur, se déhanchant sur la piste de danse et saluant quelques connaissances, pour moi, c'était l'horreur. Je me sentais jugé, traqué, épié, mal à l'aise. Tout le monde me regardait comme si j'étais un vulgaire morceau de viande et le monde, la chaleur, tout ça m'étouffait. Cette soirée était loin, mais vraiment loin d'être romantique.
En plus, pour conclure, Yanis passa une grosse partie de la soirée à m'embrasser, se lâchant complètement en étant dans cet univers. A chaque fois qu'il m'embrassait, j'avais l'impression qu'il voulait aller plus loin, c'était... dérangeant.
D'ailleurs dans la nuit, il me déposa chez moi et avant que je ne sorte, il m'embrassa une nouvelle fois, posant sa main sur ma cuisse :
-Qu'est-ce que tu fais ?
-Bah... T'en as envie, avoue...
-J'ai envie de dormir...
-Allez, fais pas ta pucelle, laisse toi, c'est cool...
Il continua à m'embrasser, ce que je laissais faire bêtement, puis il attrapa ma main qu'il posa sur sa cuisse et qu'il remonta jusqu'à son... Beurk !
Je me dégageais rapidement le repoussant :
-Stop ! Je... Moi j'ai jamais fait ça et... Il faut que j'y aille. Bonne soirée !
Je sortais rapidement de la voiture, le laissant là avec son érection et je regagnais ma maison - et surtout mon lit - avec rapidité. Mais qu'est-ce que cette soirée avait été nulle. C'est rapidement que je trouvais le sommeil.
Le lendemain, j'ai envoyé un message à Charles-Edouard pour lui dire que ma soirée était une catastrophe, il me répondit simplement que j'exagérais toujours tout. Ne voulant pas me disputer avec lui, je me décidais à appeler April pour qu'elle vienne à la maison. Je devais lui raconter tout dans les moindres détails, ce que je fis.
Au début, elle semblait boudeuse parce que je lui disais tout ça seulement avec trois jours de retard, mais pour finir, elle s'est montrée très intéressée se moquant - un peu beaucoup - de ma soirée de la veille. Elle décida de me changer les idées en bossant sur le journal du lycée. C'était tout elle. Il fallait toujours se changer les idées, par le travail. En plus on avait pas mal de devoirs à faire, ce que j'avais complètement oublié.
C'est ça le top quand sa meilleure amie est ultra intelligente.
-Tiens salut Sacha, c'était comment ton rendez-vous avec Yanis ?
On était lundi, j'étais au lycée en train de m'acheter un petit pain à la cafétéria juste avant les cours et Mandy était derrière moi et venait de me poser cette question ! J'allais tuer Danny. Non, j'allais l'étrangle et l'étriper !
-Mandy ! A qui tu en as parlé ?
-Quoi ?
-De ce que tu viens de me dire ! C'est Danny qui t'en a parlé... Alors toi, a qui tu en as parlé ?
-Non mais allo, tu crois vraiment que je passe mon temps à parler de toi ? J'ai autre chose à faire !
-Mandy : a qui ?
Je pouvais paraître un tant soit peu énervé, mais en réalité, je l'étais. Je connaissais Mandy, elle ne savait pas tenir sa langue, jamais. Il fallait toujours qu'elle répète tout pour se montrer intéressante - et aussi parce qu'elle était un peu idiote je crois.
-Oh mais ça va ! J'en ai juste parlé à deux-trois copines, c'est pas la fin du monde !
Vexée, elle tourna les talons et s'éloigna. Il fallait que je parle de ce dramatique incident à April et Charles-Edouard avant que Yanis ne vienne à l'apprendre. Je me dépêchais de rejoindre ma classe devant la porte du cours de Monsieur Pétillon. April était justement en train de discuter avec Charles-Edouard :
-Mandy l'a dit à des gens. Je suis dans la merde. Yanis va savoir que des gens le savent et il va me tuer. Il m'avait dit de ne rien dire à personne.
-Doucement, me calma April qui n'avait rien compris du tout, respire et reprend toi.
Je suivis ses conseils et reprit mes esprits et ma respiration pour expliquer calmement l'histoire. Je vis à leurs expressions à tous les deux que ça sentait mal, vraiment mal. Au même instant, Danny arriva avec un de ses potes dans le couloir et Charles-Edouard l'interpella :
-Danny ! T'es con ou tu le fais exprès ?
Danny regarda son ami perplexe en se rapprochant de nous.
-Tu as dit à Mandy que Sacha avait un rendez-vous avec Yanis ?
Danny devint aussi blanc qu'un linge, sentant qu'il avait probablement fait une grosse bêtise. Il bégaya avant de répondre :
-Mais c'est juste Mandy, elle ne le dira à personne...
-Mandy est incapable de garder un secret ! Pourquoi tu crois qu'elle bosse sur la rubrique Potins à ton avis ? Quand elle sait quelque chose, elle ne peut pas s'empêcher de le répéter !
April venait de s'énerver à son tour contre Danny qui, je le sentais, était vraiment désolé pour moi et ne pensait pas à mal en en parlant à sa copine.
-Mec, je suis désolé, me dit-il. Je ne pensais vraiment pas faire une gaffe en lui en parlant... Mais c'est pas si grave que ça pas vrai ?
-Tu crois que Yanis va réagir comment quand ses potes apprendrons qu'il est sorti avec le pédé du lycée ? s'énerva à son tour Charlie qui semblait plus qu'en colère contre son ami.
-J'ai dit que j'étais désolé !
-Etre désolé ça suffit pas pour tes conneries !
Charles-Edouard venait de pousser violemment Danny contre le mur du couloir et semblait prêt à lui sauter dessus.
-Charles-Edouard, calme toi !
J'essayais de m'interposer entre eux pour l'arrêter. Mandy arriva à son tour et April lui claqua :
-Toi ! Tu n'es vraiment qu'une idiote !
-Quoi encore ? C'est la journée de l'agression aujourd'hui ou quoi ? se plaignit-elle tout haut.
-Il faut que je prévienne Yanis, dis-je tout bas à l'attention d'April. Avant qu'il ne l'apprenne par quelqu'un d'autre.
-Je peux savoir pourquoi personne n'entre en cours ?
Monsieur Pétillon venait d'apparaître dans le couloir. Je m'éloignais de la salle en courant pour rejoindre Yanis dans l'autre bâtiment, sachant qu'il commençait les cours une demi-heure après moi. J'entendis April dire quelque chose à notre professeur principal, puis des bruits de pas me suivre dans le couloir.
Charles-Edouard, April et Danny venaient de me rejoindre. Au bout de cinq minutes, on était dans le bâtiment des terminales et un brouhaha énorme attira notre attention : il y avait une bagarre. Même si je me doutais de qui était en train de se battre, il fallait que j'en ai le cœur net et surtout que je présente des excuses...
Yanis était en train de se défouler sur un mec qui ne pouvait même plus se défendre et qui était allongé au sol. Charles Edouard et Danny l'écartèrent de sa victime - au contraire des autres terminales qui regardaient sans rien faire.
Yanis continuait de pester et insulter tout en crachant, tandis que nous le faisions sortir du bâtiment pour lui faire prendre l'air.
-LACHEZ MOI PUTAIN !
Il s'écarta des bras de Danny et Charles-Edouard, puis me regarde avec horreur. Il n'avait qu'une envie, me casser la tête, et ça, je le ressentais rien qu'à l'intensité de son regard...
-Toi, t'as pas tenu ta putain de langue !
Il voulait se jeter sur moi mais Danny l'arrêta.
-C'est pas sa faute, arrête ! C'est moi qui en ai parlé à ma meuf et... Elle...
Yanis regarda Danny dégouté puis lui foutu son poing dans la figure. Danny se retrouva au sol et se releva tant bien que mal, en mettant sa main sur ses lèvres. Il saignait.
-Bâtard ! Je vais te crever !
-Bon maintenant tu vas te calmer deux minutes toi aussi ! s'énerva April. D'accord t'es homo, mais tu vas le cacher toute ta vie ? Tu trouveras toujours des imbéciles pour te critiquer et se foutre de ta gueule, mais on est en 2012 ! Les mentalités évoluent, tu l'as bien vu avec l'article du Miroir ! Et Sacha, tout le monde sait qu'il est gay, et on le laisse tranquille !
-Toi blondasse, tais toi. Qu'est-ce t'en sais de ma vie ? T'as qu'des problèmes de p'tite blanche de riche !
-C'est insultant et raciste de dire ça, répondit-elle en lui tenant tête.
-Moi d'ou j'viens, si j'dis que j'suis un pédé, on va m'couper la tête, j'irais en enfer, tu pige ça ?
Je me sentais vraiment mal pour lui, très mal. Je sais que moi j'ai de la chance, j'ai une famille géniale et aimante qui m'accepte tel que je suis. Mais il fallait faire avec que ce n'était pas pareil partout.
-Je dirais à tout le monde que j'ai menti.
Tout le monde se retourna vers Danny. Il nous regardait désolé :
-Je dirais que j'ai menti.
-Tu sais très bien que si tu n'avais pas une raison de mentir, personne te croira, ajouta April qui venait de croiser les bras essayant de retrouver son calme.
Danny semblait réfléchir à quelque chose puis il proposa :
-Je dirais que j'ai menti parce que je suis raciste. Je dirais que les arabes me dégoutent et que je voulais qu'on lui casse la gueule.
Yanis qui ne semblait pas faire la différence entre le vrai du faux commença à s'énerver une nouvelle fois. Charles-Edouard l'arrêta et j'intervins à mon tour :
-Danny, t'es pas raciste !
-Et alors, il suffit de le faire croire, et du coup ils le laisserons tranquille, dit-il en désignant Yanis du doigt.
Yanis ravala sa rage et sa colère puis menaça Danny :
-J'te préviens p'tit batard, t'as intérêt à faire ça rapidement si tu veux pas que je t'envoie deux trois mecs te péter ton joli p'tit cul de blanc, okay ?
Danny soutenait son regard et ne baissa pas les yeux. Toujours énervé, Yanis s'éloigna pour rentrer à nouveau dans le bâtiment. Visiblement, la situation qu'allait apporter Danny lui convenait. Mais à moi, pas.
-Ils vont te pourrir la vie ! lui dis-je.
-Arrête...
-Danny, tu sais combien il y a d'ados d'origine étrangères dans ce lycée ?
-Quel rapport...
-Près de 35 % ! Un tiers de ce lycée ce sont des magrébins, des noirs, des asiatiques, bref des étrangers ! Qu'est-ce que tu crois qu'ils vont te faire quand ils vont tous penser que t'es un sale raciste qui affirme ses idées en racontant des bobards pour faire tabasser des étrangers ?
Je venais de déverser tout ce que j'avais à dire. Je travaillais dans un petit journal de lycée et je m'intéressais à l'actualité, je savais très bien ce qui arrivait aux racistes. Ce sont des personnes méchantes et abjectes à qui on ne fait aucun cadeau. Encore plus à notre âge. Et je ne pouvais pas laisser Danny se faire embêter alors que j'étais le seul et unique responsable dans l'histoire :
-C'est a moi de régler mes problèmes, t'as pas à dire ça !
-Tu sais ce que c'est que d'être à ma place ? s'énerva Danny. D'être le beau gosse parfait du lycée, d'être le sportif que tout le monde rêverait d'être, d'être celui qui réussira jamais à sortir de cette ville pourrit à moins de jouer sur son physique et sur ses compétences en sport ? Tu sais ce que ça fait ?
-C'est quoi le rapport ? demanda April qui voulait suivre la conversation.
-J'en ai marre qu'on prenne des décisions pour moi ! Je suis nul en cours, mais c'est pas grave, on me fait faire du sport pour compenser pour avoir une porte de sortie ! Je fais une connerie, c'est pas grave, mon père camoufle ça pour pas qu'on le sache. Je fous ma copine enceinte, c'est pas grave, on va la faire avorter ni vu ni connu sans que personne ne le sache pour pas gâcher ma vie ! Je parle trop à ma nouvelle copine, et mes potes veulent pas me laisser assumer ma putain de connerie !
Danny frappa dans une poubelle qui avait le malheur de se trouver là. Charles-Edouard, April et moi le regardèrent abasourdis par la colère qu'il venait d'exprimer, mais surtout sur un détail qui avait à tous capté notre attention. C'est April - en bonne journaliste qu'elle pouvait devenir - qui osa demander :
-Tu as mis une fille enceinte ?
Danny nous regarda et se mit à pleurer. Sa colère s'évacuait et les larmes coulaient. Il devait avoir gardé ça pour lui depuis tellement longtemps que maintenant que cette information était sortie, il se sentait libéré pour tout lâcher.
Danny se laissa tomber sur un banc et Charles-Edouard lui prit l'épaule - en signe de soutien - tandis qu'April s'agenouillait face à lui en lui prenant les mains pour le rassurer. Moi, tout simplement, je m'assis à côté de lui en posant ma main sur son autre épaule. Il devait se sentir entouré. Et on devait l'écouter.
Danny nous expliqua qu'il avait couché avec une fille en juin dernier, qui n'était pas du lycée, et qu'elle s'était retrouvée enceinte. Ils avaient voulu garder l'enfant. Mais ses parents avaient payé les parents de sa copine pour qu'ils acceptent l'avortement. Ils avaient payé pour faire partir le bébé qu'il aurait pu avoir s'ils l'avaient écouté.
-J'irais dire à tout le monde que j'ai dit ça par racisme envers Yanis. Et je compte sur vous pour confirmer cette rumeur.
Danny avait pris sa décision et aucun de nous trois n'avait le pouvoir de le faire changer d'avis. Par contre, en tant qu'amis, on se devrait d'être là à chaque fois qu'on lui tomberait dessus pour s'en prendre à lui et pour le défendre.