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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 10 Aoû 2012 20:15 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Un nouveau chapitre, encore ! Merci à toutes les deux pour votre soutien. Alors... Je vais lever le voile sur l'un des mystères de cette histoire... Bon, vu le titre, vous l'aurez peut-être deviné tout seul... Mais je trouvais qu'il était important de passer cette étape dans la relation April/Sacha, sans pour autant que ce soit la blonde à la chevelure de lionne qui le lui révèle. Bref, j'espère que l'histoire vous plaira toujours autant. Quoi qu'il en soit, le personnage mis à l'honneur en titre n'est plus, mais son histoire est importante pour les relations April/Sacha/Victoire. La première partie nous offre une nouvelle fois une scène Sacha/Charles-Edouard. Je pense que ces deux là sont bien partis pour devenir ne serait-ce qu'amis. Je vous souhaite une bonne lecture et une fois n'est pas coutume, vous prie de ne pas hésiter sur les reviews :)

Chapitre 8 - Le fantôme, Jonathan, †


Mes parents refusèrent que je reprenne les cours tout de suite, pour eux, je devais me reposer et me remettre du choc de l'agression que j'avais subit. Et le médecin alla dans leur sens en me donnant trois jours d'arrêt de lycée. Je ne retrouverais les bancs de mon école que le jeudi suivant.

J'essayais de relativiser en prenant ça pour une bonne nouvelle. J'allais pouvoir mater des séries télé toute la journée, étant donné que mes parents seraient au travail, Dianna à l'école et que William était aux abonnés absents. Il avait envoyé un message à ma mère pour indiquer qu'il dormirait chez Sabine le reste de la semaine.

Moi tout ce que je voyais, c'était qu'il me fuyait comme la peste, refusant d'avoir une confrontation avec moi. Le pire c'est que moi, je ne lui en voulait pas pour ce qui m'était arrivé, ce n'était pas sa faute, loin de là.

Le lundi matin, April m'envoya un tas de messages avant de m'appeler à la pause déjeuner pour me dire que le premier numéro de l'année du Miroir se vendait comme des petits pains. Visiblement, Elodie avait laissé sous entendre qu'on y trouverait des détails sur mon agression - ce qui était faux - mais avait pourtant fait décoller les ventes.

Mademoiselle Ouahlima et Monsieur Pétillon avaient demandé de mes nouvelles aux autres et me souhaitaient un bon rétablissement. Pour le reste, rien ne changeait.

-Je passerais ce soir t'apporter tes devoirs.

J'allais au moins voir un visage étranger durant mon enfermement forcé dans ma maison. J'étais soulagé et je continuais mon après midi à visionner des séries. Bêtement, je m'étais aussi rendu sur un site de rencontres que m'avait conseillé mon frère. Mais au bout de dix minutes, je le quittais me disant que c'était stupide et que ce n'est pas comme ça que je me sortirais Charles-Edouard de la tête.

D'autant qu'une surprise de taille m'attendait le soir vers 17h30. Lorsque l'on sonna à la porte, j'indiquais à ma mère et Dianna de ne pas bouger, que c'était très probablement April qui venait m'apporter mes devoirs. Mais la surprise de ma vie - et le choc - faillirent me faire tomber à la renverse. Sur le pas de la porte, ce n'était pas April, mais Charles-Edouard.

-Charles-Edouard ? Euh... Qu'est-ce que tu fais là ?

Il me montra ce qu'il tenait dans ses mains, en l'occurrence, un livre et des feuilles. Je maudissais April mais en même temps la remerciait.

-April m'a demandé si je pouvais te les déposer à sa place.

Ma mère arriva bientôt derrière moi et fut enchantée de voir Charles-Edouard sur le pas de la porte :

-Charlie ! Quelle bonne surprise, entre donc.

Charles-Edouard ne s'attendait visiblement pas à rester, mais forcé par ma maman, il entra à l'intérieur de la maison. Je récupérais mes devoirs pour l'en débarrasser et ma mère lui proposa de déposer son sac et de boire quelque chose.

-On pensait faire livrer des pizzas, tu restes pour manger ? André est à la caserne alors, au plus simple au mieux.

-Ce qu'elle essaye de dire c'est que papa est meilleur cuisinier qu'elle, expliquais-je sous le regard amusé de Charles-Edouard.

Décidemment, deux sourires en deux jours. Ce garçon devait être malade, c'était la seule explication.

-Laissez moi prévenir ma mère.

-Pourquoi ? Tu vas rester pour manger ?

La façon dont je l'avais dit sonné comme une accusation, comme s'il n'avait pas le droit de rester et que je le lui interdisais. Ma mère me regarda avec de grands yeux noirs et plein d'éclair, comme pour me faire comprendre que ce que je venais de faire ne se faisait pas du tout.

-Je peux rentrer si tu préfères, lâcha t-il comme un couperet.

-Non c'est pas ça, me défendis-je. Je pensais pas que tu aurais eu envie de rester...

-Sacha, par moment je me dis que t'avoir laissé trop longtemps derrière un écran d'ordinateur t'a supprimé toutes tes émotions et que ça t'a complètement formaté à toute humanité.

-Maman ! Je suis content qu'il reste manger, je pensais juste que ça le gonflerait...

-J'appelle ma mère, ajouta Charles-Edouard en s'éloignant un peu.

Une fois qu'il eut prévenu sa mère, il discuta avec ma mère à moi pendant une bonne demi heure. Je restais là à les écouter sans savoir quoi dire et ça m'énervait. J'avais l'impression qu'il avait plus d'affinités avec ma mère qu'avec moi, et c'était vraiment, mais vraiment très frustrant.

-On monte dans ta chambre ?

Je sortis de mes pensées, réalisant qu'il s'adressait à moi et non plus à ma mère. Sortant de ma liturgie, je lui répondis par l'affirmative. C'est ainsi que j'abandonnais - enfin - ma maman pour regagner ma chambre avec Charles-Edouard.

-Excuse moi pour le bazar... Laisse un ado seul toute une journée dans sa chambre et voilà le résultat...

J'essayais de ranger plus ou moins le désordre, les jeux vidéos trainant par terre et les fringues à droite et à gauche. Notamment un boxer sali par... Vous savez quoi !

-Ma chambre aussi c'est souvent le bazar.

-Pourquoi tes parents se sont séparés ?

Je n'avais aucune idée du pourquoi du comment je m'étais mis à lui poser cette question, mais je l'avais fait. Je manquais cruellement de tact et de savoir vivre, mais ça m'intriguait. Je n'étais plus un enfant et je savais que les parents se séparaient. La preuve, les miens avaient déjà fondé des familles avant de se mettre en couple.

Quoi qu'il en soit, Charles-Edouard se posa sur mon lit et me répondit le plus sincèrement du monde :

-Ma mère n'était pas heureuse. Enfin je crois. Et mon père couchait avec une autre pétasse.

J'étais désolé pour lui, mais je ne savais pas si je devais le lui dire ou non.

-C'est moche.

Je venais de m'asseoir à mon tour sur mon lit à côté de lui.

-Quand elle l'a quitté, j'avais 11 ans. On a d'abord vécu cinq ans dans une cité à Sarcelles, puis ça se passait assez mal pour mon frère là-bas, donc elle est venue dans le Nord rejoindre sa sœur.

-Tu vois encore ton père ?

-Non. Il a refait sa vie.

Je savais maintenant grâce à Dianna ma petite espionne qu'étant enfant, Charles-Edouard vivait dans le Paris XVIème, autant dire les plus beaux quartiers de Paris. Mais son père les avait tellement bannit de leur vie qu'ils en étaient venus à vivre dans une cité ? La vie pouvait vraiment être dingue et réserver des surprises loin d'être agréables.

-On se mate un truc ?

J'étais surpris par sa proposition mais je n'allais pas laisser l'occasion de lui montrer quelque chose. Après lui avoir proposé différents trucs, mon choix s'arrêta sur une série que je devais commencer à regarder mais dont je n'avais encore pas vu un seul épisode :

-Teen Wolf ? me dit-il en se moquant. Ca m'a l'air d'un truc pour ados boutonneux !

-Je suis un ado boutonneux, me défendis-je.

-T'as de l'acné ?

-Non, plus maintenant, j'ai pris un traitement l'année dernière... Ah oui c'est vrai, tu n'étais pas là.

Je m'installais dans mon lit en m'allongeant et en posant l'ordinateur portable au milieu. Charles-Edouard resta assis pendant un moment avant de se décider à s'allonger à côté de moi. Ca devait lui faire bizarre de se retrouver là, mais il ne fit aucune remarque - et tant mieux. Il se contenta de regarder le premier épisode de la série avec moi. Puis j'en lançais machinalement un second, puis un troisième sans qu'il ne dise quoi que ce soit.

-Pizzas !

Ma sœur venait de crier dans l'escalier alors qu'on terminait le troisième épisode. Laissant mon ordinateur en plan, on descendit tous les deux rejoindre ma mère et ma sœur. Après le repas, Charles-Edouard me proposa de regarder encore un épisode avant qu'il ne s'en aille. Surpris, j'acceptais. L'épisode terminé, j'allais demander à ma mère si elle pouvait le déposer :

-Bien sûr.

-Non, c'est gentil je vais rentre à pied, je marche plutôt vite.

-Dis pas de bêtises, c'est sympa à toi d'être passé tenir compagnie à Sacha. Je te raccompagne.

Je savais que ma mère lui était aussi toujours et encore reconnaissante d'être celui qui était venu me sauver la vie. Et depuis hier et leur complicité dans la cuisine, elle l'appréciait vraiment beaucoup. Ma mère se dépêcha de prendre ses clés et nous indiqua qu'elle l'attendrait dans la voiture.

Dans le hall d'entrée, Charles-Edouard récupéra son sac puis me dit :

-C'était naze comme série. Des mecs tout le temps torse nu, ça fait gay.

-Pourquoi t'as regardé quatre épisodes alors ?

Il hésita à répondre, puis en ouvrant la porte d'entrée il dit simplement :

-Parce que ça te ferait plaisir. Tchuusss !

Il était parti, rejoignant ma mère dans sa voiture et me laissant le cœur tout fou-fou à se faire des tas de films dans ma tête. Oui je sais, j'avais tord et c'était stupide, je ne devais rien, mais vraiment rien attendre d'un gars comme lui, mais c'était plus fort que moi. Il fallait que j'appelle April. Bizarrement, elle ne répondit pas de la soirée, ni à mes messages. Je réessayerai le lendemain.

Du mardi, je n'arrivais à avoir aucune nouvelles d'April. Ah oui, mes parents m'avaient prêté un nouveau portable pour mettre ma carte sim, donc je n'étais pas sans rien depuis l'agression. Quoi qu'il en soit, je me décidais à appeler Guillaume, étant le seul de la bande dont j'avais le numéro.

-April ? Je ne sais pas, je ne l'ai pas vu aujourd'hui. Attends... Vicky, tu as vu April toi ?

J'entendis la brune répondre par la négative. Puis je lui demandais :

-T'as le numéro de Charles-Edouard ? Comme on est dans la même classe, je lui demanderais.

-Ouais, je t'envoie ça par message.

Après avoir raccroché, Guillaume m'envoya un sms me donnant le numéro du brun tout en ajoutant un petit clin d'œil. Sacré Guigui.

Bon, maintenant j'avais le numéro de Charles-Edouard, que faire ? L'appeler ? Lui envoyer un message ? J'étais tellement ridicule, si ça se trouve, je m'inquiète toujours pour pas grand chose... Pour finir, je ne fit rien, hésitant vraiment à lui envoyer un message. Il allait peut-être prendre ça pour un prétexte qui m'aurait permis d'avoir son numéro et donc de pouvoir le draguer et donc de me mettre à jour et... Sacha, arrête de cogiter et de te faire des films !

Mince, quelqu'un sonne à la porte. Maman est partie à la danse avec Dianna, papa est chez un collègue, c'est donc à moi d'ouvrir la porte. Quelle heure il est ? Presque 18h00... Peut-être est-ce April qui vient me ramener mes devoirs, ou alors Charles-Edouard ? Il vient voir la suite de Teen Wolf ?

-Victoire ?

-Salut Sacha !

Elle était entrée sans que je ne lui donne la permission - tout elle ça - et se débarrassait de sa veste, toute pimpante et souriante, comme à son habitude.

-Tu es venue seule ?

-Non, le père Noël m'accompagne, il est en train de garer son traineau sur ton toit.

Cassante et sarcastique, comme d'habitude.

-Tu m'offres un truc à boire ? Venir jusqu'ici c'est épuisant ! Tu te rends compte que ton arrêt de métro est à au moins dix minutes à pied ? Je n'y survivrais pas moi. Déjà de prendre le métro, y'a rien de plus dégoutant.

-Qu'est-ce que tu fais là Victoire, à part critiquer mon arrêt de métro ?

-Relax petit Sacha, je suis venu en amie !

-On est amis toi et moi ?

Elle venait de me fusiller du regard comme si je l'avais insulté de tous les noms d'oiseaux possible et inimaginable.

-Crois le ou non, je t'aime bien. Pas parce que t'es gay et que je te prends pour une bonne action si tu veux savoir, mais parce que je ne suis pas qu'une garce insensible qui couche pour se faire apprécier.

-Je... Je n'ai pas pensé ça...

-Menteur, tout le monde pense ça. Mais je m'en fiche, ils le pensent parce que je le veux bien. Tu me ramènes un truc à boire ou tu me laisses me dessécher ?

Ne cherchant pas à comprendre j'allais dans le frigo, sortit une canette d'Ice Tea -je savais qu'elle aimait ça parce que j'écoutais Guillaume quand il parle - et la lui donna. Elle semblait satisfaite et attendit quelques instants, assise dans mon canapé, avant de reprendre :

-J'ai cru comprendre que tu cherchais à joindre April. Laisse la tranquille quelques jours.

-Pourquoi ? Tu lui as parlé ? J'ai fait un truc qui lui a pas plu ?

-Mais non idiot, ça n'a rien à voir avec toi. Vous les homos, vous êtes toujours persuadé d'être le nombril du monde. Y'a pas que vous dans la vie.

-C'est toi qui me dit ça ? La fille la plus égoïste que je connaisse ?

Victoire posa sa cannette sur ma table de salon et me foudroya du regard :

-Il vaut mieux être égoïste pour survivre dans cette chienne de vie, crois-moi, si tu penses pas à ta gueule, personne le fera à ta place.

Je n'arrivais vraiment pas à comprendre pourquoi Victoire Cooper était là, chez moi, à déblatérer tout ça. Et April dans l'histoire, pourquoi je devais la laisser tranquille.

-Tu sais que j'ai redoublé ma seconde ?

-Ouais, enfin, je m'en suis douté vu ton âge.

-Quand j'étais en seconde, j'étais dans la même classe que Jonathan.

Jonathan, c'était qui lui ? Quelqu'un que je devais connaître ? Devant mon incompréhension, Victoire ajouta :

-Le frère d'April.

Waouh. Je m'étais toujours tellement posé de questions à ce sujet sans osé demander quoi que ce soit, et Victoire, dans mon salon, allait enfin m'apporter des réponses alors que je n'avais rien demandé à qui que ce soit.

-C'était mon premier mec. J'avais quinze ans, il était beau et tout le tralala. Dès le premier jour j'ai craqué sur lui. On est sortit ensemble. Pas longtemps. Trois semaines après la rentrée, il était mort.

J'écarquillais grand les yeux, devant le choc de cette annonce. Pas que le frère d'April soit décédé, j'étais déjà au courant, mais la façon que Victoire avait d'annoncer tout ça était... très glauque. Elle semblait déconnectée, comme si rien ne la touchait. Mais je préférais la laisser continuer, sans rien dire qui l'interromprait.

-Demain c'est l'anniversaire de sa mort. Déjà l'année dernière April s'était absentée du lycée pour rester avec sa famille. Cette année aussi. Elle a besoin d'être seule, alors laisse la tranquille et ne la harcèle pas.

-Pourquoi tu t'inquiètes pour elle ? Vous vous détestez toutes les deux !

-On ne se déteste pas, rétorqua la brune. On ne peut juste pas être amies.

-Pourquoi ?

Je voulais des explications et je voulais comprendre pourquoi April reprochait à Victoire la mort de son frère, il devait y avoir une explication logique derrière tout ça.

-Le soir ou... Le soir ou Jon est mort, j'étais avec lui. Il s'était disputé avec ses parents parce qu'il voulait sortir avec moi et ils voulaient pas le laisser partir. C'était la première fois qu'on allait coucher ensemble. Il a désobéit, il a prit leur voiture en cachette et m'a rejoint derrière le lycée. C'était ma première fois, c'est un truc qu'on ne peut pas oublier tu sais ? Il était... Parfait.

-Mais... Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Il m'a déposé chez moi après, toujours avec la voiture de ses parents. Mais a quinze ans, on ne sait pas vraiment conduire. Et... Il a eu un accident.

J'étais choqué et j'ignorais totalement cette histoire. Je ne savais même pas quoi dire et heureusement, Victoire continua :

-Il est mort. Moi pas. C'était moi qui avait insisté pour qu'on sorte. Quelques mois à l'hôpital, une année à repiquer et un drame qui te reste en tête pour le reste de ta vie. Après ça, je me suis dit que je devais profiter de la vie et me foutre totalement de ce que penserait les autres. Alors je m'amuse.

Je m'étais laissé tomber sur le fauteuil face à Victoire. Cette dernière ne me regardait plus, elle semblait avoir les yeux dans le vide tout en me racontant son histoire. Je n'aurais jamais imaginé un seul instant tout ça, qui aurait pu ? Je comprenais surtout d'autant mieux l'attitude de Victoire au jour d'aujourd'hui. Elle réagissait juste à sa manière pour vivre le deuil du garçon qu'elle avait perdu.

Et April, la pauvre, je n'osais même pas imaginer tout ce qu'elle avait du ressentir, pour la mort de son frère et par rapport à Victoire, qu'elle jugeait responsable. L'animosité entre les deux filles me paraissait tellement plus claire désormais. Elles n'était pas juste des rivales comme pouvaient l'être Quinn et Rachel dans Glee ou Peyton et Brooke dans One Tree Hill ou encore Serena et Blair dans Gossip Girl. Elles partageaient un secret en commun. Un truc énorme qui pouvait changer toute une vie.

-Je suis désolé, sincèrement.

-Je sais que tu es désolé.

Elle venait de se lever et reprenait son attitude de garce pimbêche - sa couverture en fait - et me regardait en souriant.

-Il faut savoir avancer, même si c'est dur. Je ne veux pas vivre avec le passé, pas avec un fantôme. J'ai dix sept ans et je dois penser à moi. C'est ce que Jon aurait voulu.

-Tu as raison. Merci de m'avoir dit tout ça.

Victoire venait de récupérer sa veste et me dit :

-April aurait préféré te le dire elle même. Mais elle n'en aurait jamais eu la force. Chacun vit son deuil différemment. Elle est devenue hermétique à tout sentiment. Tu sais, je crois que t'es la première personne à percer sa carapace. A connaître la vraie April. Pas celle qu'elle présente face au lycée pour plaire et être populaire.

-Tu lui as parlé ?

-Tout à l'heure. Je sais que demain après-midi, elle sera sur la tombe de son frère.

-Pourquoi tu me dis ça ?

-A ton avis ?

Elle me laissa un dernier sourire et quitta ma maison, après m'avoir laissé face à moi même, avec toute cette histoire dans la tête pour me bouleverser. Mais je devais prendre sur moi même et faire abstraction de tout ça et surtout, être présent pour April le lendemain.

Le soir venu, avant de m'endormir, je n'ai pas pu m'empêcher d'utiliser le numéro obtenu par Guillaume. Pendant plus d'une heure, j'ai cherché un prétexte pour lui envoyer un message, mais finalement, j'avais juste envie de lui envoyer pour le plaisir de lui envoyer :

-Merci d'être passé hier, ça m'a fait plaisir. Sacha.

Je ne m'attendais pas à une réponse, mais quinze minutes plus tard alors que le sommeil me gagnait je reçu :

-De rien, bonne nuit.

Le lendemain après-midi, je retrouvais April au cimetière, comme me l'avait laissé entendre Victoire. Elle semblait surprise de me voir là et comprit rapidement que j'avais eu une discussion avec Victoire. Elle était assise sur un banc, près de la tombe de son frère. Je me suis contenté de lui faire la bise et de m'asseoir à côté d'elle, tout en lui prenant la main.

Cet après-midi là, on ne parla pas. Mais on en avait pas besoin. April c'était cette personne avec qui je pouvais rester sans avoir rien à dire, mais tout en comprenant ce qu'on voulait se dire l'un à l'autre. April c'était la fille qui devenait jour après jour, ma meilleure amie. Ma véritable amie. Celle sur qui je pouvais compter, mais surtout, je devenais celui sur qui elle pourrait toujours compter.

Avoir une meilleure amie, ça vaut tous les petits-amis du monde. Je tenais à vous le dire. C'est cette pensée que j'eu en regardant la tombe de : Jonathan Robert Stevens - 02/02/1995 - 19/09/2010. J'aimais penser qu'il était aujourd'hui une sorte de fantôme, veillant sur sa soeur de là haut pour la protéger et la soutenir dans le reste de sa vie. Et même si je n'aurais jamais la chance de le rencontrer personnellement, je suis sur que je l'aurais beaucoup apprécié.


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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 11 Aoû 2012 20:00 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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:bravo:

J'aime le moment avec Sacha et April!!

:suite: :suite:

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Steve: You know what, partner? We can get on a plane right now and settle this.
Danny: That is why I love you, buddy. You’re always willing to risk both our lives at any given moment.

Steve: Why do they always run?
Danny: Because I believe they hope the person chasing them ends up wrapped around a telephone pole.


McGarrett: Why are you so angry?
Danno: 'Cause I'm an angry person, okay?


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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 12 Aoû 2012 17:01 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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J'aime toujours autant cette fic! :bravo: On voit Victoire sous un autre jour... La suite!

Chunhua.

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"-You did it Markus!
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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 14 Aoû 2012 12:38 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

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Localisation: entre le pôle nord et le pôle sud :)
je viens juste de tout avaler d'un seul coup, les 8 chapitres ... et franchement Whaou ! bon ce n'est pas super gais mais ça va tout seul a lire
un seul mot
BRAVO
de plus les sentiments éprouvé semble si réels ...
:suite:

N.

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"l'amoureux est un fou dont il faut se méfier"


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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 20 Aoû 2012 19:03 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Ce chapitre est un peu un nouveau tournant dans cette histoire parce qu'elle voit débarquer un nouveau personnage, et pas des moindres, qui sera celui de Yanis. Je vous laisserez découvrir par vous même qui il est. Parce que vous le savez, j'aime jouer avec les étiquettes que l'on colle aux gens. Donc Yanis, aux yeux de tous c'est le lascar. Mais... Un lascar peut-il aimer la danse ? Voir plus que ça ? Bon je vais pas vous spoiler, je vais vous laisser lire tout simplement ! Autant vous le dire, nous sommes dans une phase de la relation Sacha/Charlie que j'aime beaucoup. Celle ou ils deviennent de vrais amis. Et leurs scènes sont toujours un réel plaisir à écrire :) Bonne lecture... Merci d'avance pour vos commentaires et merci à vous trois de m'avoir commenté :) J'ai oublié de publier la suite (à cause des vacances), mais je reprends la publication !! :)

Chapitre 9 - Le lascar, Yanis, 18 ans


Le jeudi, je reprenais le chemin du lycée. J'allais mieux, même si toutes mes cicatrices étaient encore bien visible, j'avais un bien meilleur moral. En partie parce qu'en retournant au lycée, je me sentais comme appartenir à un groupe.

C'est vrai que la préparation du Musical de Mademoiselle Ouahlima y était pour beaucoup. Chacun de nous faisait partie du projet, mais en dehors, on avait tous des liens qui faisait qu'on passait pas mal de temps ensemble, notamment à la cafétéria. April était ma meilleure amie, Mandy la suivait partout, elle sortait avec Danny, lui même le grand pote de Guillaume qui lui sortait avec Victoire. Danny et Guillaume étaient potes avec Charles-Edouard et lui sortait avec Elodie. On avait beau venir à nous tous de trois classes différentes, j'avais l'impression de faire partie d'une vraie bande d'amis, comme on le voyait à la télévision.

Le week-end qui suivit, j'en ai profité pour me faire quelques sorties avec April. Elle était la seule à savoir que j'étais devenu ami avec Charles-Edouard, qu'il avait passé une soirée chez moi et qu'on s'échangeait régulièrement des messages.

On ne disait rien d'extraordinaire dans nos messages, la plupart du temps c'était pour raconter la banalité de nos petites vies, pour parler de Teen Wolf, des différents profs, des cours, et des gens du lycée. Mais je me trémoussais comme une petite adolescente pré pubère dès que mon téléphone se mettait à vibrer. J'attendais toujours impatiemment ses messages.

La semaine suivante, la routine du lycée était bien installée. L'équipe de football, mené par Danny, préparait son premier grand match contre un lycée voisin. Au journal, tout le monde cherchait à faire sensation. April avait décidé de publier un article sur l'éco système, pour le plus grand bonheur d'Elodie. Et le Musical de Mademoiselle Ouahlima allait prendre forme.

Pour l'instant, elle avait toujours refusé de nous fournir les informations précises sur l'histoire mais dans sa tête, elle se faisait une petite idée de qui tiendrait les différents rôles. Mais loin de la première audition, les lycéens motivés à rester dans le projet - que ce soit sur scène ou en coulisse - se firent de moins en moins nombreux.

Le mercredi matin, avant la nouvelle répétition, Charles-Edouard s'était assis à côté de moi en cours de français. Danny avait trouvé ça bizarre mais n'avait rien dit, se contentant de se mettre à côté d'un autre pote. April, trop contente pour moi, avait retrouvé sa place à côté de Mandy.

-Je pensais qu'on devait pas nous voir ensemble en public ?

-Quoi ? J'ai jamais dit ça.

-Bah la plupart du temps, tu fais comme si on était pas vraiment amis.

-T'es parano mec. C'est pas parce qu'on est amis qu'on doit tout le temps être fourré ensemble.

-Monsieur Carson, Monsieur Delecourt, si ce que je dis ne vous intéresse pas, il vous est toujours possible de rester un soir après les cours avec moi pour que puisse vous y intéresser ?

-Non, non, répondis-je en bafouillant.

-Bien, de toute manière vous allez enfin avoir l'occasion de parler avec votre voisin, vous allez travailler par deux sur la liste d'exercices que je vous ai transmis au début du cours. Vous avez une demi heure.

Aussitôt, un léger brouhaha se fit entendre dans la classe. Je regrettais de ne pas être à côté d'April à ce moment là, je savais qu'avec elle, tout irait très vite. Mais du coin de l'œil, je vis que face à Mandy, elle devait faire semblant de ne pas être aussi intelligente que ça.

Tout en travaillant nos exercices, mon voisin et moi même en profitèrent pour discuter de tout autre chose :

-Y'a un gars du badminton qui va venir aux répétitions cet aprem'. C'est un bon danseur.

-Tu fais du badminton ?

-Le vendredi midi, avant le sport.

-C'est qui ce gars ?

-Un mec. S'appelle Yanis. Il a fait de la danse moderne jazz il m'a dit. Il est en Terminale S.

-Je savais pas que t'avais des amis en Terminale, fis-je impressionné.

Le brun se mit à souffler en me disant :

-Pourquoi j'ai l'impression que t'es constamment jaloux de mes autres potes ? Je t'ai déjà dit, je suis pas ta propriété, c'est pas parce que pour toi, je suis ton seul pote que je dois faire pareil moi.

J'avais envie de le tuer. Il m'énervait tellement quand il agissait de cette façon, à jouer les mecs forts, virils, fier et complètement con. Il ne comprenait vraiment rien à rien. Je n'étais absolument pas jaloux de ses potes. Bon d'accord, peut-être un petit peu mais je ne le lui montrais pas d'abord ! Alors qu'est-ce qu'il en savait ?

-Arrête de bouder, on dirait un gosse.

Et en plus il commençait à vraiment bien me connaître parce qu'il savait exactement décrire chacune de mes réactions et de mes mimiques faciales. Il faisait la même chose dans nos messages textos en décortiquant la nature de mes smiley et le pourquoi du comment. C'était agaçant. Mais un autre moi me disait dans l'oreillette que c'est aussi très mignon comme attitude. Décidemment, je ne sais pas sur quel pied danser avec lui.

-Je boude pas. Et d'abord, j'ai d'autres potes. Guillaume par exemple ou... Danny aussi tiens !

-Le problème c'est que tu restes renfermé sur ton petit cercle et que tu t'ouvres pas au reste du monde. Je te dis pas d'avoir cinquante amis, mais au moins un tas de connaissances avec qui faire des trucs de temps en temps, pour te changer les idées.

-Tu m'énerves Charles-Edouard.

-Et arrêtes de m'appeler Charles-Edouard.

-Quoi ? C'est ton prénom non ?

-Tout le monde m'appelle Charlie, fais pas comme si tu le savais pas.

-J'aime bien Charles-Edouard.

-Bien, je vais ramasser vos copies !

La demi-heure était déjà passée et il était l'heure de déjeuner. Surement parce que je l'avais bien agacé, Charles-Edouard proposa à Danny de déjeuner dehors avant la répétition du Musical. Ils entrainèrent avec eux Guillaume après l'avoir trouvé dans un couloir, et je me retrouvais donc à déjeuner avec April, Mandy, Elodie et Victoire, qui se joint à nous.

Victoire et April ne s'adressèrent pas la parole mais restèrent courtoises l'une envers l'autre. C'était bizarre entre elles depuis mercredi dernier. Je pense que l'anniversaire du décès de Jonathan y était pour quelque chose, mais au moins, elles ne se crêpaient plus le chignon pour le moment.

Mademoiselle Ouahlima nous attendit à l'auditorium à 13h30 et nous étions une grosse vingtaine à être présent. Lorsque l'on arriva, elle était en pleine discussion avec un gars que je n'avais encore jamais vu jusqu'à présent. Je supposais que c'était Yanis, le gars dont Charles-Edouard m'avait parlé ce matin.

Yanis était plutôt séduisant. Il possédait ce charme oriental qui caractérisait les maghrébins. Plutôt grand, survêt, casquette, la démarche du Wech Wech par excellence, j'avais honte de le dire mais ce gars était une sorte de cliché ambulant, s'en était effrayant. Mais le côté bad-boy avait plutôt tendance à me séduire et à me plaire. Victoire s'en rendit compte parce qu'elle me demanda :

-Tu vas arrêter de baver sur ce mec ? Ca en devient presque indécent !

-Je... Je ne bave pas !

-Qui est en train de baver ? demanda Guillaume qui venait d'arriver avec Charles-Edouard et Danny.

-Sacha ! Il dévore des yeux Yanis Ouahb.

-Tu le connais bien ? demanda Guillaume à sa petite-amie.

-On était dans la même classe ma première année. Il est plutôt du genre à tout casser et à parler avec ses poings. Du moins, il était comme ça, il a peut-être changé.

-Bonjour à toutes et à tous.

Mademoiselle Ouahlima nous fit tous s'asseoir au centre de la scène et nous remercia d'être revenu. Elle savait que plusieurs lycéens avaient déserté, mais ça elle s'en doutait. Elle nous expliqua que pour le moment, elle se contenterait de nous faire travailler plusieurs exercices et que l'histoire et la distribution des rôles nous serait donné la semaine suivante.

-Tout le monde ici se connaît, mais voici Yanis. J'ai eu l'occasion d'admirer ses capacités de danseur et on en aura bien besoin, j'en suis persuadée.

Toute l'après-midi, on fit des exercices de mise en confiance les uns avec les autres, des improvisations, du théâtre, de la danse, des vocalises... Tout passa tellement vite que je ne m'étais même pas rendu compte de l'heure qu'il était.

A la fin de la séance, tout le monde ramassait ses affaires tout en discutant. J'étais en train de ranger les costumes sur la scène lorsque Yanis arriva près de moi et me demanda :

-Yo Sacha ! J'te ramène chez toi ?

Je me relevais en le regardant comme s'il venait d'atterrir de la planète mars. J'avais bien entendu ce que j'avais entendu ? Yanis Ouahb, un gars plus vieux que moi et que je ne connaissais pas me proposait de me ramener chez moi ?

-Quoi ? Moi ?

-Ouais, j'ai mon scooter à moi, j'peux te déposer, c'est sur ma route.

-Tu sais ou j'habite ?

-Non mais tu vas me dire la route, comme ça je saurais.

Je regardais autour de moi pour voir si quelqu'un me faisait une blague ou si éventuellement des caméras se trouvaient quelque part dans le but de me piéger. Ca n'avait pas l'air d'être le cas.

-J'peux te parler deux minutes sérieux ?

Je me contentais de le regarder attendant qu'il me dise ce qu'il avait à dire :

-Ecoute... Faut que tu me promettes que ce que j'vais te dire, tu le garde pour toi sinon j'te fais la misère de chez misères !

Pourquoi il me menaçait ? Je le connais pas, je n'ai rien à faire avec lui et le gars vient me voir pour me dire un truc et si je le répète, il va me casser la tête. Mais c'est un dingue ce mec !

-Je... Mais...

-J'te plais comme gars ? J'suis ton style de mec ?

Non mais je devais être en train de rêver ou quelqu'un me faisait réellement une blague. Est-ce qu'il était en train de me faire des avances ?

-Quoi ? J'en sais rien moi... Pourquoi tu me demande ça à moi ?

-Bah... T'es homo ? Tout le monde le dit dans le bahut alors... J'te demande. J'te plais ou pas ?

-Pourquoi, moi je te plais ?

Il sembla s'énerver un instant, me faisant sortir de scène pour qu'on soit dans les coulisses, à l'abri des regards.

-J'te préviens, tu répètes ça à qui que ce soit, j'te défonce...

-Ho du calme ! m'énervais-je à mon tour. Tu m'as pris pour un débile profond ? Je vais pas m'amuser à répéter à qui que ce soit qu'un gars est gay, je suis pas dingue...

-Je suis pas homo moi !

-Alors pourquoi tu me demande ça ?

Il semblait être piégé et dans une sorte d'impasse. Il réfléchit quelques secondes et me dit :

-Faut que personne sache quoi que ce soit d'accord. Si ma famille elle l'apprend ou quoi... J'vais me faire défoncer ma race !

S'il n'apprend pas à parler correctement, ce sont mes parents qui vont lui... Non mais je m'arrête un instant. Ce gars était en train de me faire des propositions non ?

-Je suis jamais monté sur un scooter. C'est pas dangereux ?

-Quoi ? Tu m'fais pas confiance ou quoi ? T'as cru que j'allais te tuer ou quoi ?

-Non. Bon. Attends ici, je vais prévenir April que je reste plus tard.

-Pourquoi ? Tu veux pas venir ou quoi ?

- C'est pour que personne nous voit partir en même temps ! Même si je ne suis pas sur que ce soit une bonne idée que je te laisse me ramener...

-Oh moi j'te force à rien de rien moi ! Tu fais ce que tu veux de ta vie d'accord ?

-Du calme. J'arrive.

April se demanda vraiment pourquoi je lui demandais de partir sans moi. Elle ne me posa pas plus de question et tout le monde s'en alla. Charles-Edouard me regarda dubitatif et quelques minutes après, alors que j'accompagnais Yanis jusqu'au parking rejoindre son scooter, je recevais un message du brun :

-Y'a un problème ?

C'était mignon, il s'inquiétait encore pour moi. J'aimais bien quand il était comme ça. Ca me touchait mais en même temps me rassurait d'avoir une sorte d'ange gardien pour me protéger. Suivant Yanis, je répondais au message :

-Non. Je rentre avec un gars. Je crois que je lui plais. Enfin c'est bizarre. Je te raconterais.

Même pas trente secondes après j'avais une réponse :

-Un gars ? Je le connais ?

-T'es scotché à ton téléphone ou quoi ?

-Ah ? Non, non.

Je répondis rapidement :

-Je t'appelle en rentrant.

Puis je rangeais mon téléphone dans ma poche. Yanis me donna un casque à mettre sur la tête et me proposa de monter sur son scooter. Je lui obéit, sans pour autant avoir une pleine et totale confiance, et me laissait conduire jusqu'à chez moi après lui avoir dit ou j'habitais.

J'étais prêt à parier que si mes parents me voyait sur ce scooter, ils allaient me tuer en me disant combien j'étais inconscient de faire confiance à quelqu'un qui conduisait ce genre de machine. En plus, Yanis et son look ne pouvait pas inspirer la même confiance que Charles-Edouard par exemple, qui lui, était toujours propre sur lui.

Arrivés dans mon quartier, Yanis s'arrêta dans un coin ou personne ne pouvait nous voir et je descendis du scooter.

-Bon bah merci, c'était sympa.

-Attends, ça te dit qu'on se fasse une bouffe vendredi soir ?

-Une bouffe ? Genre... Un rendez-vous ?

-Ouais, ouais... J'aurais la voiture à mon cousin à prêter.

-T'as l'âge de conduire ?

-Tu m'fais pas confiance ou quoi ?

-Mais je te plais vraiment ?

-Bah t'es mignon comme gars.

-Tu vas pas m'embarquer dans un plan galère pour me tabasser et me voler hein ?

-Quoi ? Parce que j'suis un arabe j'suis automatiquement un terroriste homophobe ?

-Quoi ? Non ! J'ai jamais dit ça. Et je m'en fiche que tu sois arabe moi...

-Ouais, ouais...

On resta là quelques instants à pas savoir quoi dire. Puis il me dit :

-Bon bah tiens mon numéro.

Il me donna un bout de papier sur lequel il avait griffonné son numéro.

-Viens pas m'taper la discut' au lycée okay ? T'as mon numéro et c'est bien... J'passerais te prendre vendredi et on ira dans une autre ville pour sortir.

J'avais clairement compris que même si Yanis partageait les mêmes attirances que moi pour les gars, jamais au grand jamais il ne serait question qu'il le laisse voir aux autres du lycée ou même à sa famille. Se cacher était une priorité et personne ne devait savoir qu'il pouvait lui aussi aimer les mecs.

D'une certaine façon, je le comprenais et je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça. Moi j'avais une chouette famille et outre l'incident du week-end dernier, je n'avais pas trop à me plaindre... Mais d'un autre côté, j'étais tellement fier de pouvoir avoir un rendez-vous avec un gars que j'avais envie que le monde entier le sache.

Yanis allait remonter sur son scooter, mais avant, après avoir vérifié que vraiment personne pouvait le voir, il s'approcha de moi et m'embrassa.

C'était bizarre. Je n'avais jamais embrassé personne jusqu'à maintenant et je m'étais toujours fait des millions de films sur comment serait mon premier baiser. Et c'était très différent de ce que j'aurais pu penser. Déjà c'était très mouillé. Et puis bizarre. Et je crois que Yanis avait mangé un chewing-gum à la fraise juste avant et pourquoi il lui fallait obligatoirement entrer dans ma bouche avec sa langue ?

Il mit fin au baiser et monta sur son scooter, mit son casque et démarra en trombe avant de partir et de me laisser là, comme un idiot, après avoir vécu mon premier baiser. Clairement, c'était pas comme ça que je le voyais mais, je devenais un peu plus un homme. Quelqu'un m'avait enfin embrassé et c'était le plus important non ?

C'est l'esprit bizarroïde que je rentrais chez moi, m'enfermant aussitôt dans ma chambre pour réaliser ce qui venait de se passer. Puis je pensais à Charles-Edouard. Comment il embrassait lui ? Quel goût il avait ? Et... Mince, j'avais promis de l'appeler pour lui expliquer !

Je sortis mon téléphone portable pour l'appeler tout en réfléchissant à ce que je pouvais lui dire. Yanis m'avait fait promettre de ne rien dire à personne le concernant, mais d'un autre côté, je faisais suffisamment confiance à Charles-Edouard pour qu'il puisse garder le secret.

Normalement j'aurais du en parler à April, après tout, c'est elle ma meilleure amie et elle aussi est digne de garder un secret mais... J'avais aussi envie d'avoir l'avis de Charles-Edouard, c'est lui qui connaissait le mieux Yanis et qui pourrait m'en apprendre d'avantage.

-Qu'est-ce tu veux ?

-Bah, je t'ai dit que j'allais t'appeler en rentrant, répondis-je de l'autre côté du téléphone.

-Ah ouais c'est vrai.

J'entendis du bruit de son côté puis je me décidais à me lancer :

-Tu me promets de ne rien dire à personne ? S'il sait que j'en ai parlé à quelqu'un il va me tuer...

-Quoi ? C'est un homo refoulé ?

-Ouais, un truc comme ça.

-C'est Yanis ?

-Comment tu le sais ? Il te l'a dit ?

J'aurais juré que Charles-Edouard avait envie de rire mais qu'il n'en fit rien, il me répondit simplement :

-Non. Mais je l'avais deviné. Il arrêtait pas de me mater dans les douches.

-T'as pris une douche avec lui ?

-Comme tous les gars en sport !

Oui enfin moi personnellement, j'attendais toujours qu'il n'y ai plus personne. Avant c'était par timidité et maintenant parce que je savais très bien que les gars n'appréciait pas partager les douches avec moi depuis la grande révélation de mon secret. Ils n'en disaient rien mais me remerciaient tous de les respecter assez pour attendre qu'ils aient finit.

-Il m'a déposé chez moi et veut me voir vendredi soir.

-Cool alors. Amuse toi bien.

-Tu penses que je devrais accepter de sortir avec lui ?

-Qu'est-ce qui t'en empêche ?

Toi banane ! C'est toi qui m'en empêche parce que c'est avec toi que j'ai envie d'être et que c'est de toi dont j'ai réellement envie et parce que je crois que je tombe de plus en plus amoureux de toi. Ah si seulement j'avais le courage de lui dire tout ça. Mais eu lieu de ça, je mentis :

-Rien. J'suis jamais sorti avec personne. J'ai peur de faire une connerie. Tu te souviens de ta première copine ?

-Elle était nulle à chier. C'était une fille de mon immeuble à Sarcelles quand j'avais quatorze ans. On était dans ma chambre et tout de suite elle m'a sucé.

Trop de détails. Je n'avais pas envie de savoir ça ! Enfin du moins, savoir ça me rendait trop jaloux. Alors comme ça il avait déjà eu quelques petites expériences avec des filles... Ouais, j'étais grave jaloux parce que...

-Beurk ! T'as couché avec elle ?

-T'es malade ! Elle aurait bien eu envie. Je l'ai jeté de ma chambre après ça.

-T'as eu beaucoup de copines après elle ?

-Pas mal. Mais juste pour faire genre tu sais, c'est comme ça là bas. Mais Elodie c'est la première sérieuse avec qui je reste.

-Tu es amoureux d'elle ?

-Pourquoi tu me demande ça ?

Je venais de m'allonger dans ma chambre, content d'avoir ce genre de discussion avec lui. C'était la discussion la plus profonde qu'on ait eu jusqu'à présent je crois :

-J'ai toujours cru que je sortirais avec un mec parce que je serais dingue amoureux de lui et que lui serait dingue amoureux de moi. Mais en fait, autour de moi, tout le monde sort avec quelqu'un juste comme ça...

-Des fois l'amour ça vient après. Tu sors avec une fille parce qu'elle est plutôt pas mal ou qu'elle est drôle ou que ça se fait comme ça.

-Donc peut-être que je tomberais amoureux de Yanis plus tard mais que je dois quand même sortir avec lui ? Tu sais, il m'a embrassé tout à l'heure.

-Et alors ?

-C'était mon premier baiser. C'était bizarre.

-Ca t'a pas plu ?

-Non. J'imaginais ça autrement. Du genre dans ma chambre avec en fond une musique sympa, Parisienne Walkways par exemple de Gary Moore et...

-Tu crains mec !

Il me fit exploser de rire et j'entendis de l'autre côté qui lui aussi s'était mit à rire. J'adorais vraiment ce mec, plus ça allait, plus je le découvrais de manière différente et plus il me plaisait. Mais ça ne serait jamais réciproque, je devais m'y faire.

-J'dois te laisser, ma daronne veut que je l'aide pour un truc, me dit-il.

-Pas de problème. Bonne soirée, à demain.

-Tchuusss.

Il venait de raccrocher et je réalisais qu'il ne m'avait pas donné la réponse à ma question, à savoir, était-il ou non amoureux d'Elodie ? Pour le moment, je l'ignorais. Mais j'avais un rencart avec un mec qui s'appelait Yanis !


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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 20 Aoû 2012 19:24 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

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je me demande ce qu'il va se passer avec Yanis ...
a quand la suite ?
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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 20 Aoû 2012 19:27 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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La suite ? Et bien maintenant avec le Dixième chapitre, déjà, de Sacha et les Autres. Un personnage présent depuis le début sera mis à l'honneur, et c'est Danny ! Avec entre autres, le rendez vous de Yanis et Sacha. D'ailleurs, team Charlie ou Team Yanis que vous êtes ? Bonne lecture, j'encourage encore et toujours les commentaires :)

Chapitre 10 - Le Beau-Gosse, Danny, 16 ans


Le lendemain, je n'ai pas croisé Yanis une seule fois dans les couloirs du lycée, ce qui n'avait rien d'étonnant. Lui étant en terminale, on n'avait aucun cours en commun et les siens se déroulait en grosse partie dans un autre bâtiment. Du matin, je me suis retrouvé en binôme avec Mandy pour le cours d'histoire et April avec Charles-Edouard.

Je n'étais pas jaloux mais j'avais envie de discuter avec le brun qui me servait d'ami notamment de mes doutes concernant le rendez-vous de demain. En plus, je me demandais si je pouvais en parler ou non à April sachant que j'avais déjà failli à ma promesse envers Yanis en expliquant la situation à Charles-Edouard.

-Tu pense quoi de Danny ?

Mandy m'avait surpris par sa question. Jusqu'à présent, je n'avais jamais eu de discussion seul à seul avec elle et je ne savais pas de quoi elle et moi pouvions parler. Mais rapidement, le sujet allait être Danny.

-Il est sympa, c'est un mec cool.

A dire vrai, je ne savais pas trop quoi dire de Danny. Ce que venais de dire était vrai. Il était sympa, cool. Mais j'avais beau le considérer comme l'un de mes potes, je ne le connaissais pas tant que ça, si ce n'est sa réputation. Aux yeux de tout le monde, Danny c'était le beau gosse du lycée. Capitaine de son équipe de football, couvrant la rubrique sportive du journal. Il était globalement apprécié de tout le monde. Scolairement, je crois qu'il avait pas mal de difficultés mais qu'il comblait par ses efforts dans les matières facultatives.

J'avais appris d'April qu'il souhaitait obtenir une bourse et partir dans un programme de sport études par la suite, ce que je lui souhaitais sincèrement. D'ailleurs, il était bien différent de Guillaume, lui aussi sportif.

Guillaume partirait certainement en médecine pour la suite de ses études. Il était très scientifique, avait les capacités nécessaire et le sport n'était qu'une passion, pour Danny, le sport était une raison d'être.

-Mais non, physiquement, c'est un beau gosse, il te plaît ?

C'est pas vrai, elle aussi s'y mettait. Qu'est-ce que tout le monde avait à me demander ça ! Bon, je devais quand même être honnête. Danny c'était un fantasme ambulant. Un beau gosse de chez beau gosse, le genre qu'on trouve dans les films pornos que William a eu la bêtise de télécharger pour moi. Bon, même si je les ai déjà regardé, c'est pas pour ça que j'aime, à chaque fois j'ai honte, mais vraiment honte...

Très grand - il dépassait le mètre quatre vingt facilement - les cheveux courts (à la différence de Guillaume qui les avait beaucoup plus long, ou de moi même qui laissait une mèche rebelle tomber devant mes lunettes). Il était toujours habillé de façon à plaire et à séduire. Cependant, je crois que Mandy était la première copine qu'il avait. Du moins à ma connaissance, mais l'année dernière, Danny n'était pas dans ma classe et je ne le fréquentais pas.

-Sois honnête, je te promets de rien répéter, parole de Mandy !

Mandy était vraiment nunuche quand même. Tout le monde la considérait comme l'un des nombreux faire valoir d'April, et malheureusement, ils n'avaient pas tord. Je ne lui trouvais pas grand chose d'intéressant, elle n'était qu'une pâle copie ratée d'April Stevens.

-Il est séduisant, c'est un beau garçon.

-Et moi, je suis belle ?

-Mandy, on a un devoir à terminer...

-Non mais allo, tu crois pas que j'ai autre chose à penser ? Figure toi que Danny m'a invité ce week-end encore une fois !

-Génial. Je suis content pour toi Mandy, on reprend l'histoire ?

-Ca me saoule, je comprends rien.

J'allais devoir me débrouiller tout seul. Heureusement j'allais me changer les idées durant le déjeuner. Le club des jeux vidéos reprenait enfin du service et April s'en doutait, j'allais m'y rendre. Comme je m'en doutais, elle n'avait pas voulu me suivre dans mon univers, préférant travailler sur la maquette du journal. Je me retrouvais donc avec d'autres geeks du lycée.

Le lendemain, j'allais enfin avoir mon premier rendez-vous avec un garçon. J'étais stressé, vraiment stressé mais vraiment beaucoup. Yanis devait finalement venir me chercher au centre-ville vers 18 heures avec la voiture de son cousin.

Les cours ayant terminé à 17h00, Charles-Edouard - qui était toujours le seul au courant parce que finalement, l'occasion n'était pas apparue pour que je puisse en parler à April - se proposa de rentrer avec moi jusqu'au centre ville. Enfin, lui habitait dans un appartement du centre ville de toute manière.

Dans le bus, il essayait de me changer les idées :

-Si tu t'évanouis, je te laisse là.

-Menteur.

A chaque fois qu'il jouait les gros bras macho, j'étais obligé de lui sourire comme un gamin, je le trouvais vraiment trop mignon quand il faisait ça.

-Tu vas faire quoi toi ce soir ?

-Elodie veut que j'aille chez elle, ses parents sont absents.

Ils allaient probablement coucher ensemble. Après tout, c'est ce que tous les couples qui sont ensemble depuis un moment font. Et ce n'était pas comme s'ils ne l'avaient pas déjà fait. Du moins, je le supposais?

Le bus nous déposa au centre-ville, il me restait encore vingt minutes avant que Yanis ne me récupère devant le centre commercial. Charles-Edouard me fit marcher dans le centre-ville et me demanda :

-Tu veux pas aller à la pharmacie, au cas ou ?

-La pharmacie ? Mais je ne suis pas malade, je vais bien.

-Je sais. Pour tu sais quoi.

-Je sais quoi ?

Il me regarda d'un regard noir qui signifiait bien qu'il me reprochait de ne pas comprendre son sous-entendu. Puis je vis dans la vitrine quelque chose qu'il regarda : des préservatifs. Je devins alors rouge pivoine et je m'énervais contre lui :

-Tu crois que je suis quoi ? Un bout de viande ? Un désespéré en manque qui va faire n'importe quoi ? Je... C'est pas parce que je suis...

Je regardais autour de moi, ne voulant pas reproduire l'épisode Kévin, et continuais-je :

-Ce que je suis que automatiquement je vais m'envoyer en l'air comme ça !

Il souffla levant les mains au ciel, énervé à son tour, et reprit sa marche. Quel culot il avait quand même. D'ailleurs je continuais :

-Toi peut-être que tu t'envoie en l'air avec Elodie tous les jours depuis que tu la connais...

-Je te proposais d'acheter quelque chose contre ton stress.

-Hein ?

Quoi ? Il me conseillait pas d'acheter des préservatifs pour me protéger ? Mais quel idiot j'étais sérieusement. Et aucun endroit ou me cacher et fuir ses yeux qui me regardait. Je ne pouvais pas m'excuser comme ça, je ne pouvais pas m'écraser face à lui même si j'étais en tord.

-Désolé j'ai cru que...

Ma petite moue devait suffire à ce qu'il comprenne que j'étais vraiment embarrassé parce qu'il me sourit, pour du vrai de vrai. Un vrai sourire qui semblait sincère et pas forcé. Je le voyais tellement pas sourire en général qu'à chaque instant comme ça, il fallait que j'en garde une preuve. Je sortais mon téléphone et m'apprêtait à prendre une photo de lui, mais il avait déjà retrouvé son humeur de chien et attrapa mon téléphone :

-N'essaye pas. Aucune photo de moi. Jamais.

-Mais pourquoi ?

-Parce que. J'aime pas les photos.

-T'es vraiment pas drôle.

-Je ne t'ai jamais dit que j'étais quelqu'un de drôle. Et puis au lieu de râler, dépêche toi, ton copain va t'attendre.

Je regardais l'heure du téléphone portable qu'il venait de me rendre, en effet, l'heure du rendez-vous était arrivée. Il fallait que je traverse la galerie du centre commercial et revienne vers l'entrée.

-Bonne soirée avec Elodie, je t'enverrais des messages ! Bye.

-Tchusss.

Je partais déjà en courant le laissant dans le centre commercial et retrouvant la voiture de Yanis devant l'entrée du centre commercial. Son cousin possédait une Citroën noire... Je me demandais soudainement si son cousin n'étais pas dans des trucs louches.

-Tu montes quoi ou quoi ?

Il fallait vraiment que je m'habitue à sa façon de parler. C'était assez déroutant quand on avait pas l'habitude. Et pourtant, mon frère c'était William, le Wech Wech des beaux quartiers.

A peine ma ceinture mise, Yanis démarra et quitta la ville pour qu'on rejoigne Lille, ou il était sur, selon lui, de ne voir personne qui le connaitrait.

Dans la voiture, on ne parla que du lycée, du Musical, de Mlle Ouahlima et du badminton. Arrivé en ville, il me proposa de m'inviter dans un kebab ce que j'ai accepté, adorant manger des cochonneries. Puis après, il me proposa un cinéma - un film d'action qu'il avait choisi et que j'ai trouvé tellement nul que j'en ai oublié le titre.

La soirée était sympathique bien qu'étrange. J'étais assez mal à l'aise face à lui et je ne savais pas vraiment comment me comporter. Puis il me proposa de sortir en boîte.

-En boite ? Mais j'ai que seize ans ! J'ai pas l'âge légal.

-T'inquiètes gros, je connais tous les vigiles, j'ai des keums partout moi.

-Mais je suis mal à l'aise dans la foule et le monde...

-Fais pas iech', tu vas kiffer ta race, tu verras.

Je n'avais pas trop le choix de toute manière, j'étais venu en voiture avec lui et c'était lui qui décidait de la suite des opérations. Alors qu'on regagnait sa voiture, quelqu'un m'interpella :

-Sacha ? Salut mec ! Qu'est-ce que tu fais là ?

C'était Danny, qui arriva vers moi pour me saluer. Il aperçut Yanis à côté de moi qui se contenta d'entrer dans sa voiture.

-Euh... je suis venu passer la soirée ici avec un pote...

-T'es pote avec Yanis ? J'savais pas...

-Et toi, pas avec Mandy ?

-Ah non. Je la vois demain. Je travaille de temps en temps dans un snack pas loin pour rendre service à mon oncle.

-Ah c'est cool.

Yanis klaxonna une fois, montrant son impatience.

-Bon, bah salut. Je dois y aller.

Danny me serra à nouveau la main mais, piqué par la curiosité, me demanda :

-Il t'a pas menacé de quoi que ce soit pour que tu fasse quelque chose hein ?

J'étais surpris par sa question, mais en même temps touché, il s'inquiétait un petit peu à sa manière, comme pouvait le faire Guillaume et dans une autre mesure, Charles-Edouard.

-Non. Il m'a juste proposé un rencard c'est tout.

-Un rencard ?

Danny était sous le choc et moi j'étais un simple idiot. Comment j'avais pu lui sortir ça de cette façon. Je devais apprendre à tenir ma langue, mais vraiment quel idiot je pouvais être ! Aussitôt je lui demandais :

-Oublie ce que je t'ai dit. C'est juste un pote okay ? Bref, oublie. Salut !

J'entrais rapidement dans la voiture de mon "rencard" et laissait Danny seul dans la rue. Evidemment, je n'allais rien dire de ma bévue à Yanis, il allait s'emporter et commencer à paniquer. Au lieu de ça, je le laissais m'entraîner dans une boîte qu'il connaissait et là quelle surprise : c'était une boîte gay.

Et si Yanis semblait très à l'aise une fois à l'intérieur, se déhanchant sur la piste de danse et saluant quelques connaissances, pour moi, c'était l'horreur. Je me sentais jugé, traqué, épié, mal à l'aise. Tout le monde me regardait comme si j'étais un vulgaire morceau de viande et le monde, la chaleur, tout ça m'étouffait. Cette soirée était loin, mais vraiment loin d'être romantique.

En plus, pour conclure, Yanis passa une grosse partie de la soirée à m'embrasser, se lâchant complètement en étant dans cet univers. A chaque fois qu'il m'embrassait, j'avais l'impression qu'il voulait aller plus loin, c'était... dérangeant.

D'ailleurs dans la nuit, il me déposa chez moi et avant que je ne sorte, il m'embrassa une nouvelle fois, posant sa main sur ma cuisse :

-Qu'est-ce que tu fais ?

-Bah... T'en as envie, avoue...

-J'ai envie de dormir...

-Allez, fais pas ta pucelle, laisse toi, c'est cool...

Il continua à m'embrasser, ce que je laissais faire bêtement, puis il attrapa ma main qu'il posa sur sa cuisse et qu'il remonta jusqu'à son... Beurk !

Je me dégageais rapidement le repoussant :

-Stop ! Je... Moi j'ai jamais fait ça et... Il faut que j'y aille. Bonne soirée !

Je sortais rapidement de la voiture, le laissant là avec son érection et je regagnais ma maison - et surtout mon lit - avec rapidité. Mais qu'est-ce que cette soirée avait été nulle. C'est rapidement que je trouvais le sommeil.

Le lendemain, j'ai envoyé un message à Charles-Edouard pour lui dire que ma soirée était une catastrophe, il me répondit simplement que j'exagérais toujours tout. Ne voulant pas me disputer avec lui, je me décidais à appeler April pour qu'elle vienne à la maison. Je devais lui raconter tout dans les moindres détails, ce que je fis.

Au début, elle semblait boudeuse parce que je lui disais tout ça seulement avec trois jours de retard, mais pour finir, elle s'est montrée très intéressée se moquant - un peu beaucoup - de ma soirée de la veille. Elle décida de me changer les idées en bossant sur le journal du lycée. C'était tout elle. Il fallait toujours se changer les idées, par le travail. En plus on avait pas mal de devoirs à faire, ce que j'avais complètement oublié.

C'est ça le top quand sa meilleure amie est ultra intelligente.

-Tiens salut Sacha, c'était comment ton rendez-vous avec Yanis ?

On était lundi, j'étais au lycée en train de m'acheter un petit pain à la cafétéria juste avant les cours et Mandy était derrière moi et venait de me poser cette question ! J'allais tuer Danny. Non, j'allais l'étrangle et l'étriper !

-Mandy ! A qui tu en as parlé ?

-Quoi ?

-De ce que tu viens de me dire ! C'est Danny qui t'en a parlé... Alors toi, a qui tu en as parlé ?

-Non mais allo, tu crois vraiment que je passe mon temps à parler de toi ? J'ai autre chose à faire !

-Mandy : a qui ?

Je pouvais paraître un tant soit peu énervé, mais en réalité, je l'étais. Je connaissais Mandy, elle ne savait pas tenir sa langue, jamais. Il fallait toujours qu'elle répète tout pour se montrer intéressante - et aussi parce qu'elle était un peu idiote je crois.

-Oh mais ça va ! J'en ai juste parlé à deux-trois copines, c'est pas la fin du monde !

Vexée, elle tourna les talons et s'éloigna. Il fallait que je parle de ce dramatique incident à April et Charles-Edouard avant que Yanis ne vienne à l'apprendre. Je me dépêchais de rejoindre ma classe devant la porte du cours de Monsieur Pétillon. April était justement en train de discuter avec Charles-Edouard :

-Mandy l'a dit à des gens. Je suis dans la merde. Yanis va savoir que des gens le savent et il va me tuer. Il m'avait dit de ne rien dire à personne.

-Doucement, me calma April qui n'avait rien compris du tout, respire et reprend toi.

Je suivis ses conseils et reprit mes esprits et ma respiration pour expliquer calmement l'histoire. Je vis à leurs expressions à tous les deux que ça sentait mal, vraiment mal. Au même instant, Danny arriva avec un de ses potes dans le couloir et Charles-Edouard l'interpella :

-Danny ! T'es con ou tu le fais exprès ?

Danny regarda son ami perplexe en se rapprochant de nous.

-Tu as dit à Mandy que Sacha avait un rendez-vous avec Yanis ?

Danny devint aussi blanc qu'un linge, sentant qu'il avait probablement fait une grosse bêtise. Il bégaya avant de répondre :

-Mais c'est juste Mandy, elle ne le dira à personne...

-Mandy est incapable de garder un secret ! Pourquoi tu crois qu'elle bosse sur la rubrique Potins à ton avis ? Quand elle sait quelque chose, elle ne peut pas s'empêcher de le répéter !

April venait de s'énerver à son tour contre Danny qui, je le sentais, était vraiment désolé pour moi et ne pensait pas à mal en en parlant à sa copine.

-Mec, je suis désolé, me dit-il. Je ne pensais vraiment pas faire une gaffe en lui en parlant... Mais c'est pas si grave que ça pas vrai ?

-Tu crois que Yanis va réagir comment quand ses potes apprendrons qu'il est sorti avec le pédé du lycée ? s'énerva à son tour Charlie qui semblait plus qu'en colère contre son ami.

-J'ai dit que j'étais désolé !

-Etre désolé ça suffit pas pour tes conneries !

Charles-Edouard venait de pousser violemment Danny contre le mur du couloir et semblait prêt à lui sauter dessus.

-Charles-Edouard, calme toi !

J'essayais de m'interposer entre eux pour l'arrêter. Mandy arriva à son tour et April lui claqua :

-Toi ! Tu n'es vraiment qu'une idiote !

-Quoi encore ? C'est la journée de l'agression aujourd'hui ou quoi ? se plaignit-elle tout haut.

-Il faut que je prévienne Yanis, dis-je tout bas à l'attention d'April. Avant qu'il ne l'apprenne par quelqu'un d'autre.

-Je peux savoir pourquoi personne n'entre en cours ?

Monsieur Pétillon venait d'apparaître dans le couloir. Je m'éloignais de la salle en courant pour rejoindre Yanis dans l'autre bâtiment, sachant qu'il commençait les cours une demi-heure après moi. J'entendis April dire quelque chose à notre professeur principal, puis des bruits de pas me suivre dans le couloir.

Charles-Edouard, April et Danny venaient de me rejoindre. Au bout de cinq minutes, on était dans le bâtiment des terminales et un brouhaha énorme attira notre attention : il y avait une bagarre. Même si je me doutais de qui était en train de se battre, il fallait que j'en ai le cœur net et surtout que je présente des excuses...

Yanis était en train de se défouler sur un mec qui ne pouvait même plus se défendre et qui était allongé au sol. Charles Edouard et Danny l'écartèrent de sa victime - au contraire des autres terminales qui regardaient sans rien faire.

Yanis continuait de pester et insulter tout en crachant, tandis que nous le faisions sortir du bâtiment pour lui faire prendre l'air.

-LACHEZ MOI PUTAIN !

Il s'écarta des bras de Danny et Charles-Edouard, puis me regarde avec horreur. Il n'avait qu'une envie, me casser la tête, et ça, je le ressentais rien qu'à l'intensité de son regard...

-Toi, t'as pas tenu ta putain de langue !

Il voulait se jeter sur moi mais Danny l'arrêta.

-C'est pas sa faute, arrête ! C'est moi qui en ai parlé à ma meuf et... Elle...

Yanis regarda Danny dégouté puis lui foutu son poing dans la figure. Danny se retrouva au sol et se releva tant bien que mal, en mettant sa main sur ses lèvres. Il saignait.

-Bâtard ! Je vais te crever !

-Bon maintenant tu vas te calmer deux minutes toi aussi ! s'énerva April. D'accord t'es homo, mais tu vas le cacher toute ta vie ? Tu trouveras toujours des imbéciles pour te critiquer et se foutre de ta gueule, mais on est en 2012 ! Les mentalités évoluent, tu l'as bien vu avec l'article du Miroir ! Et Sacha, tout le monde sait qu'il est gay, et on le laisse tranquille !

-Toi blondasse, tais toi. Qu'est-ce t'en sais de ma vie ? T'as qu'des problèmes de p'tite blanche de riche !

-C'est insultant et raciste de dire ça, répondit-elle en lui tenant tête.

-Moi d'ou j'viens, si j'dis que j'suis un pédé, on va m'couper la tête, j'irais en enfer, tu pige ça ?

Je me sentais vraiment mal pour lui, très mal. Je sais que moi j'ai de la chance, j'ai une famille géniale et aimante qui m'accepte tel que je suis. Mais il fallait faire avec que ce n'était pas pareil partout.

-Je dirais à tout le monde que j'ai menti.

Tout le monde se retourna vers Danny. Il nous regardait désolé :

-Je dirais que j'ai menti.

-Tu sais très bien que si tu n'avais pas une raison de mentir, personne te croira, ajouta April qui venait de croiser les bras essayant de retrouver son calme.

Danny semblait réfléchir à quelque chose puis il proposa :

-Je dirais que j'ai menti parce que je suis raciste. Je dirais que les arabes me dégoutent et que je voulais qu'on lui casse la gueule.

Yanis qui ne semblait pas faire la différence entre le vrai du faux commença à s'énerver une nouvelle fois. Charles-Edouard l'arrêta et j'intervins à mon tour :

-Danny, t'es pas raciste !

-Et alors, il suffit de le faire croire, et du coup ils le laisserons tranquille, dit-il en désignant Yanis du doigt.

Yanis ravala sa rage et sa colère puis menaça Danny :

-J'te préviens p'tit batard, t'as intérêt à faire ça rapidement si tu veux pas que je t'envoie deux trois mecs te péter ton joli p'tit cul de blanc, okay ?

Danny soutenait son regard et ne baissa pas les yeux. Toujours énervé, Yanis s'éloigna pour rentrer à nouveau dans le bâtiment. Visiblement, la situation qu'allait apporter Danny lui convenait. Mais à moi, pas.

-Ils vont te pourrir la vie ! lui dis-je.

-Arrête...

-Danny, tu sais combien il y a d'ados d'origine étrangères dans ce lycée ?

-Quel rapport...

-Près de 35 % ! Un tiers de ce lycée ce sont des magrébins, des noirs, des asiatiques, bref des étrangers ! Qu'est-ce que tu crois qu'ils vont te faire quand ils vont tous penser que t'es un sale raciste qui affirme ses idées en racontant des bobards pour faire tabasser des étrangers ?

Je venais de déverser tout ce que j'avais à dire. Je travaillais dans un petit journal de lycée et je m'intéressais à l'actualité, je savais très bien ce qui arrivait aux racistes. Ce sont des personnes méchantes et abjectes à qui on ne fait aucun cadeau. Encore plus à notre âge. Et je ne pouvais pas laisser Danny se faire embêter alors que j'étais le seul et unique responsable dans l'histoire :

-C'est a moi de régler mes problèmes, t'as pas à dire ça !

-Tu sais ce que c'est que d'être à ma place ? s'énerva Danny. D'être le beau gosse parfait du lycée, d'être le sportif que tout le monde rêverait d'être, d'être celui qui réussira jamais à sortir de cette ville pourrit à moins de jouer sur son physique et sur ses compétences en sport ? Tu sais ce que ça fait ?

-C'est quoi le rapport ? demanda April qui voulait suivre la conversation.

-J'en ai marre qu'on prenne des décisions pour moi ! Je suis nul en cours, mais c'est pas grave, on me fait faire du sport pour compenser pour avoir une porte de sortie ! Je fais une connerie, c'est pas grave, mon père camoufle ça pour pas qu'on le sache. Je fous ma copine enceinte, c'est pas grave, on va la faire avorter ni vu ni connu sans que personne ne le sache pour pas gâcher ma vie ! Je parle trop à ma nouvelle copine, et mes potes veulent pas me laisser assumer ma putain de connerie !

Danny frappa dans une poubelle qui avait le malheur de se trouver là. Charles-Edouard, April et moi le regardèrent abasourdis par la colère qu'il venait d'exprimer, mais surtout sur un détail qui avait à tous capté notre attention. C'est April - en bonne journaliste qu'elle pouvait devenir - qui osa demander :

-Tu as mis une fille enceinte ?

Danny nous regarda et se mit à pleurer. Sa colère s'évacuait et les larmes coulaient. Il devait avoir gardé ça pour lui depuis tellement longtemps que maintenant que cette information était sortie, il se sentait libéré pour tout lâcher.

Danny se laissa tomber sur un banc et Charles-Edouard lui prit l'épaule - en signe de soutien - tandis qu'April s'agenouillait face à lui en lui prenant les mains pour le rassurer. Moi, tout simplement, je m'assis à côté de lui en posant ma main sur son autre épaule. Il devait se sentir entouré. Et on devait l'écouter.

Danny nous expliqua qu'il avait couché avec une fille en juin dernier, qui n'était pas du lycée, et qu'elle s'était retrouvée enceinte. Ils avaient voulu garder l'enfant. Mais ses parents avaient payé les parents de sa copine pour qu'ils acceptent l'avortement. Ils avaient payé pour faire partir le bébé qu'il aurait pu avoir s'ils l'avaient écouté.

-J'irais dire à tout le monde que j'ai dit ça par racisme envers Yanis. Et je compte sur vous pour confirmer cette rumeur.

Danny avait pris sa décision et aucun de nous trois n'avait le pouvoir de le faire changer d'avis. Par contre, en tant qu'amis, on se devrait d'être là à chaque fois qu'on lui tomberait dessus pour s'en prendre à lui et pour le défendre.


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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 21 Aoû 2012 11:19 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

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comme quoi on ne se limite a ce que les autres pense de nous ... j'espere qu'il ne va pas lui arriver grand mal a Danny

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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 21 Aoû 2012 11:28 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Onzième chapitre en ce mardi midi :) En tête de chapitre, un adulte pour changer ! On avance donc un peu sur le Musical dans ce chapitre avec la distribution des rôles (et vous verrez comment Mlle Ouahlima peut être sadique sans le savoir lol!) et aussi une grosse révélation en fin de chapitre... Très bonne lecture et pleins de reviews s'il vous plaît ^^ hihi :)

Chapitre 11 - La prof sympa, Mlle Ouahlima, 33 ans

Le mercredi annonçant la nouvelle répétition arriva très rapidement. Mais depuis lundi, je n'arrivais pas trop à penser au Musical. Les derniers évènements m'avaient secoué. Je réalisais qu'autour de moi, tout le monde portait de très lourds secrets et qu'à côté de ça, mon homosexualité n'avait rien de dramatique.

Bien qu'elle ne souhaitait jamais en parler, April avait du subir la terrible perte de son frère et Victoire avait encore en mémoire le terrible accident qui mit fin à la vie de son premier petit-ami. Et maintenant j'apprenais que Danny avait faillit devenir papa... En plus, depuis lundi soir, il commençait à vivre un véritable calvaire.

Il avait lancé la rumeur - en partant de Mandy - sur son côté raciste et sa haine portée à Yanis et la nouvelle fit rapidement le tour du lycée. Le lendemain, Yanis vint me remercier pour ce que mon pote avait fait.

-Comme tout roule là, on peut s'refaire un truc ce week-end ?

J'avais du mal à réaliser que pour lui, tout allait bien et qu'il était prêt à faire de nouveau comme si de rien n'était pour sortir avec moi. En plus, comme je l'avais dit à April et Charles-Edouard, j'avais eu l'impression que cette sortie c'était très mal passé. Mais pas pour lui, il en redemandait, encore.

-Euh... Yanis, je t'aime bien et tout mais...

-Quoi ? J'vais pas te forcer à quoi que ce soit, j'te promets, allez viens !

-On peut en reparler ?

C'était la seule façon que j'avais trouvé pour mettre fin à cette conversation et rejoindre ma classe. Danny s'était encore fait insulter de sale raciste et tout le monde l'évitait soigneusement. Etrangement, cela lui avait vallut de rencontrer de nouveaux gars - des fachos sans aucun doute - et il avait eu du mal à s'en dépêtrer.

Le mardi soir, à notre cours d'art dramatique, je discutais avec lui :

-Ce n'est pas trop dur ?

-Bof. Je te parie combien que la semaine prochaine ils seront passé à autre chose ?

-Et avec Mandy ?

A ce que j'avais compris, ils n'avaient pas rompu, ce que je trouvais étrange étant donné qu'il était un peu dans cette merdouille à cause d'elle. Il se contenta de me répondre :

-Quelle autre nana voudrait bien sortir avec moi maintenant, à part elle ?

Il semblait se résigner - pour l'instant du moins - à son sort. A la fin du cours, Mademoiselle Ouahlima lui demanda de rester. J'étais persuadé qu'elle avait eu vent des rumeurs concernant le racisme supposé de Danny et qu'elle voulait discuter avec lui, sans doute pour lui faire la morale. Je décidais d'attendre qu'il sorte de la classe, April et Charles-Edouard en firent autant. A peine la porte s'ouvrait-elle, que j'entrais en trombe :

-Tu lui as expliqué que c'était faux ?

-Ouais...

-Danny m'a tout expliqué, ne vous inquiétez pas. J'indiquerais au corps enseignant que cette rumeur n'est pas du tout fondée.

-Mais vous n'allez pas expliquer toute l'histoire ? m'inquiétais-je aussitôt pour Yanis.

-Non. Mais je vous réserve une petite surprise demain, concernant le Musical.

Tout le monde se regarda intrigué, mais notre professeur ne dirait rien, c'était certain. Danny devait se dépêcher de partir pour attraper son bus et le père d'April l'attendait à la sortie. De mon côté, je devais prendre un autre bus et Charles-Edouard décida de prendre le même que Danny.

-Sacha ?

Je me retournais après avoir dit au revoir à mes camarades, et ma prof - qui soyons honnête était l'une de mes préférées - me dit.

-Je sais ce que c'est de faire partie d'une minorité. Quand j'avais ton âge, être une arabe n'avait rien de facile. Je suppose qu'être homo c'est un peu le même combat.

-Vous pensez à Yanis ? Homo et arabe, il a tout pour lui...

-Avant de rencontrer mon mari, je suis sorti avec un garçon - musulman lui aussi - qui se servait de moi comme d'une couverture, pour ne pas avouer à sa famille qu'il était gay. Je n'ai pas voulu jouer la mascarade quand je m'en suis rendu compte. C'est comme si... Je lui avais tourné le dos.

-Qu'est-ce qu'il est devenu maintenant ? demandais-je intrigué.

-Sa famille l'a appris, l'a rejeté, puis il est partit dans le Sud. Je n'ai plus eu de nouvelles après ça.

Son histoire n'avait rien de très joyeux et tout en quittant l'établissement pour rejoindre la sortie du lycée, elle continua :

-Yanis est jeune, il a besoin de gens qui l'entourent pour assumer pleinement ce qu'il est.

J'acquiesçais tout simplement puis elle me dit :

-J'ai vu sur ta fiche de présentation que tu habitais dans le même quartier que moi. Je peux te déposer si tu veux.

-Vous avez le droit ? demandais-je surpris.

-Il est de notoriété publique que tu es gay, tu ne m'accuseras donc pas de harcèlement pas vrai ?

Elle était vraiment super cool cette prof, qui d'autres pourrait sortir une réplique pareille sur le ton de l'humour. J'acceptais donc sa proposition, allant jusqu'à sa voiture et elle me déposa chez moi. Après l'avoir remercié, je rentrais chez moi, impatient de découvrir ce qu'elle nous préparait pour le Musical.

A l'auditorium, le lendemain, nous étions toujours la même vingtaine que la semaine précédente. Yanis était revenu - ce dont je doutais fortement à dire vrai - mais il était là. La veille au soir, j'avais passé des heures au téléphone avec April à parler de tout et de rien, si bien que je n'avais même pas répondu aux messages envoyés par Charles-Edouard, et celui-ci m'en toucha un mot après le déjeuner.

-Ton portable est cassé ?

-Non pourquoi ?

-Pour rien.

Charles-Edouard dans toute sa splendeur. Incapable de dire clairement quelque chose, laissant le soin à ses interlocuteurs de comprendre par on ne sait quel miracle de comprendre ce qu'il pouvait penser. D'accord, il m'avait fallu plusieurs minutes pour me souvenir qu'il m'avait envoyé un message. Mais quand j'avais raccroché d'avec April il était si tard que je n'ai pas osé lui en renvoyer un, de peur de le réveiller. Je pensais à son bien être et voilà comment j'étais remercié, sympa l'ami !

-Voilà déjà presque un mois que les auditions ont lieu et que nous avons fait plusieurs exercices. Il est donc temps d'entrer dans le vif du sujet. Je vous distribue les textes de notre Musical qui s'appellera "Once Upon A Time".

Génial, comme la superbe série que je regardais depuis l'an dernier ! Tout le monde attrapa un exemplaire du texte et Mademoiselle Ouahlima proposa d'en faire une lecture générale. Tout le monde s'assit en cercle sur la scène et commença à lire le texte.

Une fois terminé, notre prof reprit la parole pour résumer :

-Vous l'aurez donc compris, on utilisera les contes de fée comme prétexte pour passer un message sur la tolérance.

-C'est une histoire d'amour entre un prince et un chevalier ? demanda bêtement Mandy.

-Moi j'aime bien l'idée de la princesse qui finit seule, très moderne. Elle pourrait se taper quelques soldats de l'armée du roi peut-être ?

Tout le monde se mit à rire après la réflexion de Victoire, Mademoiselle Ouahlima y compris. Puis April demanda :

-Vous pensez que l'association des parents d'élève ne dira rien quand à la présentation de ce Musical ? Parler d'homosexualité dans un conte de fée risque de soulever quelques colères.

-Je suis la seule à pouvoir décider de ce que l'on présente ou non, et je n'ai pas passé trois semaines à l'écrire pour ne pas la jouer.

Je regardais ma prof en la gratifiant d'un sourire. Il était évident qu'elle avait choisit ce sujet là en partie à cause de moi, et sans doute de Yanis ou de son ancien premier amour. D'une certaine façon, je l'en remerciais.

-Si on discutait des rôles ? proposa telle ensuite. J'ai déjà une idée bien précise de certains d'entre eux. Il est évident que je vous les attribue en fonction de ce que je vous sens capable de pouvoir faire. Par exemple, je pensais te proposer le rôle du lutin Yanis.

-Pourquoi moi ? demanda t-il sur la défensive.

-Parce que le lutin a les chorégraphies les plus complexe. C'est un personnage dansant et que le chant, désolé de te l'apprendre, ce n'est pas ton point fort.

-Ouais c'est vrai ça... Le lutin c'est pas un pédé lui aussi ?

Je vis dans ses yeux que notre prof se retenait de dire quelque chose, connaissant la vérité sur la situation de Yanis. Elle se contenta de répondre :

-Non. Le lutin n'est pas homosexuel. Ce qui nous amène au rôle principal. Le Prince.

Tous les regards se tournèrent instinctivement vers moi et ça me mettait vraiment mal à l'aise.

-Je ne veux pas que tu accepte le rôle parce que tu es notre seul élève ouvertement gay. Je veux te laisser la possibilité de le refuser mais je dois avouer qu'il t'irait parfaitement.

-Je suis d'accord avec Mademoiselle Ouahlima, approuva April. Sacha doit être notre Prince !

-Mais c'est un rôle important ! répondis-je en me plaignant. Il a deux solos au moins, puis trois duos d'après ce que je vois...

-Tu as une bonne voix, il faut la travailler d'avantage mais tu as les épaules pour tenir le rôle. En plus tu es doué en danse. Je te fais pleinement confiance, approuva une nouvelle fois ma prof.

De toute manière, je n'aurais pas vraiment la possibilité de refuser, je savais qu'aucun des garçons n'accepterait le premier rôle dans cette pièce. Au fond de moi, j'étais touché qu'elle ait pensé à moi. Je m'imaginais déjà jouant les Princes sur scène - et aussi les heures que je passerais à répéter - mais également à celui qui jouerai le chevalier dont tombé amoureux le Prince.

-Les rôles féminins les plus forts sont ceux de la Princesse et de la Méchante Reine. J'ai pensé à April et Victoire, reprit notre enseignante.

-La princesse est peu niaise non ? demanda April.

-T'en connais beaucoup des princesses qui ne le sont pas ? demanda Elodie en riant.

-La Princesse est amoureuse du Prince depuis toujours. Elle va vivre la relation du Prince et du chevalier comme une trahison, c'est une femme blessée qui doit exprimer sa vulnérabilité et toute son émotion. Tu as la sensibilité mais aussi la force nécessaire pour ce genre de rôle.

-Dois-je comprendre que j'hérite de la méchante Reine parce que je suis moi même une méchante fille ? demanda Victoire ce qui fit rire à nouveau les autres lycéens.

Mademoiselle Ouahlima sourit elle aussi et lui répondit simplement :

-Tu es une bonne chanteuse, scéniquement tu a beaucoup de charisme, c'est ce que je recherche pour ce personnage. Et tu m'as toi même affirmé aux auditions que tu aimais les rôles de...

-Pétasses ? coupa Victoire. C'est vrai, répondit-il elle fièrement. Qui va jouer mon sous-fifre et complice ?

-Danny ?

Mademoiselle Ouahlima venait de se retourner vers le grand footballer qui était resté silencieux durant toute la séance.

-Vous êtes sure ?

-Ses parties chantées sont toujours dans les numéros de groupe ou avec le personnage de la Reine. Je sais que le football te laisse peu de temps à nous accorder. Pareil pour Guillaume avec le volley-ball, j'ai pensé que tu pourrais être le valet du Prince et de la Princesse ?

-Ca marche pour moi ! répondit Guillaume, soulagé de ne pas avoir un rôle trop imposant.

-Sur la vingtaine de rôle, lequel je vais avoir moi ? demanda Mandy impatiente de savoir ce qu'elle jouerait.

-La dame de compagnie de la Princesse, sa confidente. Tu partage un duo avec elle et la moitié d'un solo.

Mandy ne semblait pas satisfaite de son rôle mais n'osa pas le dire publiquement. Mais j'aurais juré que des éclairs sortaient de ses yeux et qu'elle était prête à assassiner April. Encore une fois, Mandy laissait parler sa jalousie.

-La bonne fée, la marraine du Prince en somme, Elodie ? Elle n'a qu'une scène et un solo, je pense que c'est le genre de rôle que tu souhaitais ?

-Plus ou moins. Si j'avais pu éviter le cliché j'aurais volontiers accepté, répondit-elle. Mais au moins, je ne serais pas une princesse gnangnan. Puis les bonnes fées c'est fun non ?

Mademoiselle Ouahlima continua de distribuer les rôles. Pour l'instant, j'avais surtout deux interrogations. Qui jouerait le chevalier dont je tomberais éperdument amoureux dans le Musical et aussi, quel petit rôle allait avoir Charles-Edouard ? Peut-être l'un des soldats de l'armée du Chevalier. Mais j'allais bientôt avoir ma réponse quand Victoire demanda :

-Vous faites durer le suspens, qui va jouer le Chevalier ?

Les quelques garçons n'ayant pas encore eu de rôle attribué - dont Charles-Edouard - se regardèrent en chien de faïence, tous espérant ne pas décrocher le rôle maudit. Notre prof hésita quelques instants avant d'annoncer :

-J'ai pensé à toi Charles-Edouard. Avant que tu n'ajoutes quoi que ce soit, je vais t'expliquer mes raisons. Tu es celui qui, en chant, s'est le mieux débrouillé. Tu cache tes capacités vocales pour ne pas être trop exposé et mis en avant. Je reconnais qu'en danse, il y a beaucoup de travail, mais tu as la carrure qu'il faut pour jouer le chevalier du Royaume. Et la dernière raison c'est que je sais que tu t'entends bien avec Sacha et je m'étais dit que ça ne te poserais donc pas de problème de jouer avec lui ce genre de rôle...

-Okay.

Tout comme à son habitude, il n'allait certainement pas épiloguer là dessus et se contenterait d'accepter la décision de l'enseignante.

Moi, il fallait que je me fasse à l'idée. D'ailleurs, April m'adressa un regard plein de sous-entendus du genre "Tu te rends compte de ça ?" alors qu'Elodie, inconsciente de ce que je pouvais ressentir, leva ses pouces en l'air, contente que son petit copain n'ait pas à jouer la comédie face à une autre fille, ce qui serait dangereux pour elle. Yanis, lui, me regarda de façon... jalouse. Enfin, pas vraiment jalouse parce que Yanis n'était pas... Enfin, si il pouvait être jaloux je crois.

-On va commencer à travailler le premier acte d'accord ? Aujourd'hui on voit les textes, la mise en scène. Je compte sur vous pour apprendre vos textes par cœur pour la semaine prochaine. je sais, le délai est court, mais nous devons présenter ce Musical juste avant les vacances de Noël. Il nous reste donc trois mois.

-Vous allez rajouter des répétitions en semaine comme vous l'aviez indiqué la première fois ? demanda Guillaume.

-Oui. Le mercredi après-midi sera consacré aux répétitions générales. Certains d'entre vous seront amené à venir le lundi soir ou le jeudi soir pour les répétitions de chant ou de danse. Notamment les premiers rôles. De 17h00 à 19h00 ici même, est-ce que cela pose un problème pour certains ?

Visiblement, tout le monde accepta cet état de fait. Ce Musical allait prendre pas mal de temps et les élèves resté jusqu'à présent en avait parfaitement conscience.

La répétition se déroula correctement, April étant surexcitée. Cette fille était une vraie pile. Comment pouvait-elle faire tout ce qu'elle faisait en continuant d'être brillante en cours tout en sauvegardant sa popularité ? C'était un vrai génie. Personnellement, rien que de devoir consacrer du temps au Musical et au journal, en plus des devoirs, des études, des jeux vidéos et de mes séries, je me rendais compte que je menais un emploi du temps de ministre. Bientôt, je n'aurais même plus de temps à consacrer à ma famille.

Mademoiselle Ouahlima était en train de mettre en scène Victoire, Danny et des seconds rôles tandis qu'April répétait seule l'un de ses solos. Moi, je préférais apprendre mon texte et m'en débarrasser rapidement. Heureusement, j'avais une assez bonne mémoire.

-On révise ensemble ?

Charles-Edouard venait de s'asseoir à côté de moi, son texte à la main. J'allais vraiment devoir jouer les amoureux transits sur scène, face à je ne sais pas combien de personne, avec lui ? Est-ce que Mademoiselle Ouahlima pouvait avoir compris la nature de mes sentiments pour le beau brun ? Oui je le trouvais beau, enfin séduisant, ou tout du moins charmant... Mais tant que ça, ça restait dans ma tête, ça ne pouvait pas poser de problèmes.

-Ca va pas te poser de problèmes de jouer le rôle d'un gay ? Ca pourrait faire parler autour de toi...

-C'est un rôle, du théâtre. Personne n'est assez con pour confondre ça avec la réalité.

Moi, pendant une fraction de seconde, j'avais été assez con pour le faire. Quand j'avais su que Charles-Edouard me donnerait la réplique de cette façon, je m'étais imaginé tout un tas de choses. Mais encore une fois, me faire des films ne m'aiderait pas à l'oublier.

-Yanis veut que je ressorte avec lui ce week-end.

-Cool. On démarre à la troisième scène ?

Ignorant complètement ce qu'il m'avait dit, je repris :

-Je ne sais pas si je veux y aller. Il va encore vouloir m'emmener dans sa boîte gay pour me rouler des pelles...

-Tiens, c'est à toi de commencer, répondit-il, les yeux fixés sur son script.

-Tu sais que je suis en train de te parler là ? m'énervais-je.

-Je sais. Je fais semblant de rien entendre.

-Pourquoi ? T'es méchant avec moi !

-Pauvre petit Chacha va... Si j'avais cinq minutes, je les occuperais à te plaindre. Mais là, on bosse d'accord ?

Vexé et énervé par cet abruti, je me levais de mon siège et je cherchais quelque chose à lui répondre, mais ne trouvant rien à lui redire, je me contentais d'un stupide :

-Y'a que ma sœur qui m'appelle Chacha d'abord !

Puis je quittais l'auditorium, me dirigeant vers les toilettes qui étaient juxtaposées. Je crois bien avoir évité soigneusement Charles-Edouard après ça, et heureusement, Mademoiselle Ouahlima ne nous fit pas répéter les scènes que l'on avait en commun. J'allais d'abord répéter une scène avec April, Guillaume et Mandy, puis une avec April. La répétition arriva bientôt à sa fin. Et tout le monde commença à se séparer.

Yanis vint me demander :

-Je te dépose ?

-C'est gentil mais je rentre avec April.

C'était faux mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir. Par contre, je devais m'empresser de dire à April que je venais de mentir pour qu'elle puisse me couvrir au cas ou.

-Okay gros. Et pour ce week-end ?

-Je t'envoie un message si je me libère. Salut.

Je l'évitais une nouvelle fois, ayant quand même du mal à lui mentir. Au fond, Yanis je l'appréciais bien. Il était sympa et... très chaud comme garçon. Mais il m'avait aussi volé mon premier baiser et ce baiser n'avait pas été parfait. Je lui en voulais pour ça. Enfin non, je m'en voulais à moi même d'être assez stupide pour croire que Charles-Edouard aurait pu être mon premier baiser.

D'ailleurs ce dernier était déjà en train de quitter l'auditorium avec Elodie, sans même m'avoir dit au revoir. Je ne pouvais pas lui en vouloir sachant de toute manière que c'était moi l'idiot dans l'histoire. Sur le parking, je restais collé à April jusqu'à ce que son père ne vienne la chercher. Guillaume passa devant nous en courant pour rejoindre les autres à l'arrêt de bus et Victoire était restée devant l'auditorium, en train de fouiller dans son sac. Elle semblait anxieuse.

-Victoire ? T'as un problème ?

April détourna les yeux, me laissant discuter seul avec la brune. Celle-ci rangea son sac, le mit sur son épaule et s'approcha de moi - avec sa démarche digne d'un mannequin.

-J'ai paumé mes clés de maison, et y'aura personne chez moi avant je ne sais pas quelle heure.

-Tu peux pas rejoindre tes parents pour leur demander une clé ?

-Mon père bosse à l'hôpital avec ta mère, il finit pas avant 20 heures.

Je me retournais vers April, sachant que pour rentrer chez elle, son père passerait devant l'hôpital. En plus, ma mère finissait son service vers 18 heures, je pourrais donc les accompagner et une fois que Victoire aurait récupéré ses clés, je savais que ma mère la déposerait.

-Ca t'ennuie de nous déposer à l'hôpital Victoire et moi ?

-Tu voulais pas rentrer chez toi pour regarder ton nouvel épisode de Glee là ?

La voiture du père d'April arriva et se gara juste à côté de nous. April me regarda lasse, sachant de toute manière qu'elle n'allait pas me refuser ça. Victoire me dit tout bas :

-Non mais je préfère me débrouiller moi même.

Je compris bientôt qu'elle n'avait surtout pas envie de voir le père d'April. C'est vrai que leur histoire à tous n'était pas des plus simples mais en même temps, je savais que si j'étais Jonathan, j'aurais voulu que tous mes proches avancent ensemble, et non pas en se fuyant. April était en train de parler à son père, la portière ouverte. Ce dernier sortit de sa voiture.

C'était un homme grand, fort, très différent d'April. D'après une photo qu'April m'avait montré récemment, il était plus ou moins le portrait craché de son fils décédé. Il vint vers moi pour me serrer la main puis regarda Victoire.

Pour la première fois de ma vie, je voyais la brune que je connaissais arrogante, fière et sûre d'elle, détourner le regard. Elle fuyait clairement la confrontation avec Monsieur Stevens et n'en menait pas large.

-Je suis content de te revoir Victoire. Comment tu vas ?

Monsieur Stevens venait de tendre sa main vers la brune. Cette dernière, surprise, reprit ses esprits et accepta cette main tendue. Finalement, une réconciliation était peut-être envisageable pour les deux filles.

April se contenta de rester muette dans la voiture, Victoire aussi. Après quelques banalités échangés avec Monsieur Stevens, elle se contenta d'être dans la voiture et de me laisser faire la conversation. Monsieur Stevens était de plus quelqu'un de très sympathique. Retraité depuis quelques mois, il consacrait ainsi tout son temps libre à sa fille.

Ils nous déposèrent à l'hôpital une demi-heure après, à cause des bouchons, et je les remerciais chaleureusement, me dirigeant avec Victoire vers l'étage ou travaillait nos parents.

-Je déteste cet endroit.

Je pouvais comprendre étant donné qu'elle y avait passé plusieurs mois après son accident et que ça lui rapportait automatiquement de mauvais souvenirs.

J'avais retrouvé ma mère dans un couloir et accepta rapidement de déposer Victoire à la fin de son service. La brune s'occupa de retrouver son père pour récupérer sa clé. Avant de le chercher elle me dit, sans gêne aucune :

-J'espère juste qu'il n'est pas en train de sauter l'une des infirmières ou une patiente.

Sous mon air choqué, Victoire ajouta aussitôt en souriant :

-Mon père n'a jamais été très doué pour cacher ses liaisons.

Je la laissais arpenter les couloirs de l'hôpital, me contentant de retourner dans le hall pour acheter quelque chose à boire au distributeur. C'est là que j'eu la grande surprise de voir ma prof, Mademoiselle Ouahlima, accompagnée de son compagnon (et futur mari si l'on s'en tenait aux rumeurs du lycée).

-Sacha ? Est-ce que tu m'aurais suivi ?

-Je peux vous retourner cette question, répondis-je en souriant.

-Sacha voici Thomas, mon compagnon. Thomas voilà Sacha, l'un de mes élèves.

On se serra la main avec politesse tandis que ma prof me demandait ce que je faisais là. Après lui avoir expliqué ma petite histoire concernant Victoire et nos parents, c'est elle qui répondit à la question que je me posais sans oser lui demander :

-Le frère de Thomas a eu un petit accident, on attend qu'il finisse de remplir sa paperasse pour le récupérer.

Etant donné que nous attendions tous les trois après quelqu'un, on resta dans le hall d'entrée pour discuter notamment du Musical. Le compagnon de ma prof ne prit pas part à la conversation bien évidemment. Puis ma prof m'interrompit voyant quelqu'un arriver derrière moi :

-Ah, voilà Kévin.

Kévin ? Tiens, Kévin comme... Non, ça ne pouvait pas être. En une fraction de seconde, le monde s'écroulait à nouveau. Je m'étais retourné pour faire face au mec qui s'approchait de nous et là, tout me revint en tête. Le gars qui m'avait agressé était face à moi et pire, il était le beau-frère de ma prof préférée...


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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 21 Aoû 2012 13:36 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

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oulala ... enfin on choisit pas sa famille ... et peu être que quand il connaîtra un peu Sacha il changera d'avis ... ou pas
je me demande quel va être sa réaction
:suite:

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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 21 Aoû 2012 14:08 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
Avatar de l’utilisateur

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Un personnage familial est mis en avant aujourd'hui, le grand-frère ! Ah, petite originalité et nouveauté à la fin de ce chapitre étant donné qu'on changera de narrateur pour quelques lignes... J'espère que cela vous plaira de sortir un peu de la tête de Sacha pour passer dans celle d'une autre :) Quoi qu'il en soit, appréciez, lisez, commentez ! :) Éclatez vous :)

Chapitre 12 - Le grand frère, William, 19 ans

Comment j'étais censé réagir maintenant ? Je n'arrivais même pas à parler tellement cette situation était surréaliste. Jamais je n'aurais pensé être confronté à nouveau face à celui qui m'avait agressé et encore moins de cette façon. Et à en voir son visage, lui non plus. Il s'était totalement figé lorsqu'il m'avait vu - parce qu'évidement, il m'avait reconnu.

Ma prof avait du dire quelque chose mais je ne l'écoutais pas, je me contentais de le regarder, droit dans les yeux. Il était hors de question que je baisse mon regard, je voulais comprendre, je voulais lui faire face, je voulais qu'il s'explique.

-Kév', ça va pas ?

C'était la voix du copain de ma prof. Mais Kévin ne bougeait toujours pas. Il se contenta de marcher - faisant semblant qu'il ne m'avait pas vu - et de se diriger vers la sortie.

-On s'casse d'ici frangin.

Alors comme ça il n'allait pas prendre la peine de me considérer et de me faire face. Il allait tout simplement m'ignorer, passer devant moi et faire comme si de rien était. Mademoiselle Ouahlima ayant bien senti le malaise posa sa main sur mon épaule et me demanda :

-Sacha ? Tout va bien ?

-Enfoiré !

J'avais repoussé ma prof et je m'étais retourné pour crier contre Kévin afin qu'il m'entende bien comme il faut. Dans le hall, tout le monde se retourna vers moi. D'accord, c'était pas trop mon genre d'habitude d'être insultant, de crier comme ça et tout, mais j'avais des raisons de l'être, pas vrai ?

Il s'était arrêté mais ne s'était pas retourné pour autant, alors je continuais :

-Tu vas faire genre que tu sais pas qui je suis ? Après ce que tu m'as fait ? Tu veux voir les cicatrices que j'ai encore sur le corps ?

J'hurlais sans plus pouvoir m'arrêter. C'est à cet instant que Victoire sortit de l'ascenseur avec ma mère, toute souriante. Mais la scène les refroidit tout autant que le reste des spectateurs :

-J'te parle espèce de connard !

Kévin s'était enfin retourné. Peut-être parce que je venais de l'insulter ? Peut-être parce qu'un sale pédé - comme il le pensait - venait de l'insulter. Il se rapprocha de moi - sans doute pour me frapper pensais-je - mais son frère s'interposa et l'arrêta tout en demandant :

-Je peux savoir c'est quoi ce bordel Kév' ?

Mademoiselle Ouahlima qui était parfaitement au courant de mon agression, comme toute l'école, fit le rapprochement extrêmement vite. Son visage se décomposa à son tour et elle regarda, dégoutée, le frère de son compagnon.

-C'est toi qui l'a agressé le mois dernier ?

Kévin ne répondit pas, se contentant de soutenir le regard de sa future belle sœur.

-Réponds-moi Kévin...

Mademoiselle Ouahlima n'étant pas du genre à montrer sa colère, elle semblait parfaitement se contenir. La situation étant trop délicate pour lui, mon agresseur se contenta de faire demi-tour et de quitter le hall, l'hôpital et cette confrontation que j'étais pourtant prêt à avoir.

Thomas regarda sa compagne, puis il partit à la poursuite de son frère. Ma prof, elle, se contentant de me regarder, désolée, tandis que Victoire et ma mère venaient de me rejoindre.

-Je suis vraiment désolé Sacha. Je ne sais pas quoi te dire, si ce n'est que...

-Je m'en fiche, répondis-je dépassé par tout ça. Tout ce que je veux c'est... oublier...

-Attends le gars que je viens de partir c'est celui qui t'a démoli et toi, tu veux même pas savoir pourquoi il a fait ça ? demanda Victoire, à moitié inquiète et en colère.

-Vous devez être la mère de Sacha ? demanda ma prof. Je suis Mademoiselle Ouahlima, l'une de ses enseignantes.

Ma mère ne semblait pas disposer à faire des présentations d'usage et préféra demander plus clairement, sans détour :

-Vous connaissez le garçon qui a agressé mon fils ?

Mademoiselle Ouahlima, mal à l'aise mais tout de même prête à affronter la situation répondit :

-Il s'agit de Kévin, le frère de mon conjoint. Croyez-moi, j'ignorais totalement jusqu'alors qu'il en était le responsable et je suis horrifiée de savoir qu'il ai pu commettre un tel acte. Je parlerais à mon conjoint pour que Kévin se rende aux autorités...

-Non.

Toutes les trois me regardèrent, surprises :

-Laissez-le, il n'en vaut pas la peine. Je ne vais pas pourrir sa vie.

-Ce n'est pas parce qu'il est de ma famille qu'il ne doit pas répondre de ses actes, reprit ma prof.

-Maman, rentrons à la maison s'il te plaît.

Je ne voulais pas devoir débattre de ça avec Mademoiselle Ouahlima. Je l'appréciais, et c'est vrai que toute cette situation me mettait mal à l'aise, mais par dessus tout, j'essayais de ne plus penser à Kévin et à ce qu'il m'avait fait. Qu'il se dénonce à la police et reparler de toute cette histoire, je n'en avais pas envie, vraiment pas. Ma mère m'entraina jusqu'au parking et Victoire nous suivit.

Ce fut extrêmement silencieux dans la voiture. Victoire se garda de tout commentaire - étonnamment - et ma mère la déposa chez elle. Une fois seul avec ma mère, celle-ci me dit :

-Nous en discuterons avec ton père demain. Pour le moment, tu devrais juste te reposer.

Je ne lui répondit même pas, trouvant cela inutile. Elle pensait toujours à ce qui était au mieux pour moi - même si elle avait parfois tord. Et alors que j'aurais voulu être au calme en rentrant à la maison, ça ne serait pas le cas. Pour la première fois depuis l'incident, j'allais enfin avoir une discussion avec mon frère.

-Tu t'es souvenu que tu habitais ici ? lança ma mère à mon frère lorsqu'elle le vit se servir quelque chose dans la cuisine.

-Tu vas pas m'casser les couilles maintenant !

Ma mère posa violemment son sac sur la table de salon et, toujours énervée, claqua à mon frère :

-Tu savais que Kévin était le frère du conjoint d'une des profs de ton frère ? Tu le savais n'est-ce pas ?

-Quoi ? Qu'est-ce tu me racontes là ?

-William ! Tu es allé dans le même lycée que ton frère, tu as du avoir cette prof toi aussi ! Tu devais le savoir et tu ne nous a rien dit ?

-Mais je le connais à peine ce keum ! Je l'ai vu deux-trois fois pour...

-Pour acheter ta merde je sais !

Je savais que mes parents se doutaient que mon frère avait parfois recourt à la drogue, mais elle me le confirmait pleinement. D'ailleurs, je crois que c'était la première fois qu'elle confrontait mon frère là-dessus. Jusqu'à présent, mes parents préféraient fermer les yeux, espérant que tout ça finirait par passer. Ma mère jeta ensuite un œil sur le bar de la cuisine et vit deux canettes de bières. Retenant ses larmes, elle demanda le plus calmement du monde :

-Tu as bu ?

-Maman, tu devrais monter prendre une douche et...

Elle ne m'écouta pas et répéta sa question à mon frère :

-Est-ce que tu as bu ?

-Vas-y, j'me casse de là moi !

Mon frère attrapa sa veste en cuir et passa devant ma mère sans même lui répondre puis se dirigea dans l'entrée. La porte se claqua violemment. Il n'allait pas s'en sortir comme ça, pas encore une fois. A mon tour je me dirigeais vers la porte d'entrée, n'écoutant même pas les suppliques de ma mère qui voulait que je reste là.

William n'était pas bien loin, juste au coin de la rue, ou il venait d'allumer une cigarette. A peine l'avais-je rejoint, je lui demandais :

-Qu'est-ce qui tourne pas rond chez toi ?

-Casse toi tu me saoule.

-Ah ça y est, pendant des semaines tu m'adresse plus la parole et là tu te souviens que je suis ton frère ?

-Fais moi pas chier Sacha ! Si c'est pour me reprocher qu'un de mes potes t'ai cassé la gueule et me dire que j'suis qu'une grosse merde pour que j'me sente mal, t'as pas besoin de le faire t'entends ? Je le sais déjà ça !

Il venait de m'hurler dessus, ce qui me fit reculer de quelques pas. C'était donc ça qu'il pensait ? Que j'allais l'accuser de ça et lui en vouloir.

-T'es pas une grosse merde parce que tu choisis mal tes amis, ça t'y peux absolument rien, t'es une grosse merde parce que tu fais souffrir tout le monde avec tes problèmes d'alcool et de drogue !

-Mes problèmes c'est mes problèmes, alors te mêles pas de ça !

-Tu y mêle toute la famille à chaque fois ! Est-ce que c'est pour ça qu'on ne t'aime pas et qu'on arrête de te soutenir ? Non ! A chaque fois que papa t'a tendu une main, tu l'as envoyé balader. Quand maman te dépanne de l'argent, c'est à peine si tu la remercie. T'as trouvé une fille géniale qui est dingue de toi - et crois moi que je me demande bien pourquoi - et t'es même pas capable de voir la chance que t'as !

-Dégage !

Je ne pouvais pas l'arrêter, il était reparti, encore une fois chercher les emmerdes et défouler sa rage contre quelqu'un d'autre. Sans doute un gars qui l'aurait mal regardé - soi-disant - ou l'un de ses potes a qui il devait de l'argent.

Ne pouvant pas lui courir après et lui rendre sa raison, je n'avais rien d'autre à faire si ce n'est rentrer chez moi et rassurer ma mère, me concernant tout du moins. Heureusement, j'avais une alliée de taille pour remonter le moral à ma mère dans toutes les situations : Dianna.

Le soir, Victoire m'envoya un message pour savoir si tout allait bien. J'en profitais pour l'appeler et lui demander de ne parler de ça à personne, et que j'en parlerais moi même à April. Elle accepta.

C'est ainsi que le lendemain, j'expliquais la situation à ma meilleure amie avant de me rendre au club des jeux vidéos. Elle me demanda si j'en avais parlé à Charles-Edouard, mais j'avais l'impression qu'il me faisait la gueule depuis la veille, suite au petit incident.

-Tu sais que ce soir on répète tous les trois nos chansons avec Mademoiselle Ouahlima ?

C'est vrai. J'allais devoir faire face à Charles-Edouard et à Mademoiselle Ouahlima. Et pour le moment, je n'en avais pas la force. Après m'être excusé auprès d'April qui trouverait certainement une excuse quand à mon absence, je préférais rentrer chez moi. Le vendredi, j'avais demandé à mes parents si je pouvais rester à la maison parce que je ne me sentais pas bien - ce qui était en partie vrai. Bien évidemment, ils acceptèrent.

April m'avait dit en m'appelant à la pause déjeuner que Mademoiselle Ouahlima se doutait que je le fuyais et Charles-Edouard, lui, semblait ne rien comprendre à mon attitude. Mais je m'en fichais. Pour l'instant, je m'inquiétais pour William. Il était rentré durant la nuit de mercredi à jeudi et n'adressait même plus la parole à ma mère. Mon père avait voulu discuter avec lui mais ça c'était encore transformé en dispute interminable.

Du samedi, j'étais devant la télévision à regarder un programme de télé réalité avec Dianna quand on sonna à la porte. Mes parents étaient tous les deux présent - fait assez rarissime - et mon père décida d'ouvrir. J'essayais d'écouter plus ou moins qui pouvait se trouver à la porte et après ça, ce fut une assez grosse surprise de voir entrer une dame et deux grands adolescents, dont l'un d'eux, n'était autre que Charles-Edouard.

-Papa ? Qu'est-ce qui se passe ?

-Ne t'inquiètes pas, William est dans sa chambre ?

-Je crois ouais...

-Je vais le chercher.

Ma mère arriva à son tour dans le salon, se demandant ce qui se passait mais de suite vit Charles-Edouard :

-Charlie ! Contente de te voir. Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Bonjour madame. Je vous présente ma mère, Samantha, et mon frère, Pierre-Henri.

-Bonjour, je suis Elizabeth, la maman de Sacha.

Ma mère serra la main de cette petite dame - en tout cas bien plus petite que ses deux très grand garçon.

Oui je sais, il faut que je fasse une petite pause dans ma tête pour comprendre pourquoi Charles-Edouard débarque soudain avec sa famille dans mon salon ? Et mon père, pourquoi cette soudaine envie de voir William descendre avec nous ? Et Charles-Edouard, vu son visage, il était plus que mal à l'aise, et c'était assez rare de le voir dans cet état là. Et son grand-frère (décidemment, ils aimaient les prénoms composés un peu spéciaux), pourquoi il avait un œil au beurre noir ? William a peine descendu, je compris aussitôt et ma mère aussi vu qu'elle demanda :

-Qu'est-ce qu'il a encore fait ?

-Rien de grave, tenta de rassurer la mère des garçons, il s'est battu avec mon fils aîné et... Il semblerait qu'il lui ai volé quelque chose lui appartenant...

-Mon ordi portable, ajouta le dénommé Pierre-Henri.

Mes parents -et moi aussi - ne semblèrent même pas surpris par cet état de fait, sachant très bien que ce genre de choses arrivaient souvent avec William. Bien au contraire, ils étaient surtout embarrassés pour cette famille qui n'avait rien demandé à personne et qui se retrouvaient avec des ennuis pareil.

-Pierre-Henri l'a suivit jusqu'à cette maison et... Quand il m'a donné l'adresse pour que je puisse appeler la police, Charles-Edouard m'a dit qu'il vous connaissait... J'ai préféré venir directement vous voir plutôt que de faire appel à la police, ça serait dommage, surtout que nos plus jeune fils sont amis...

Ma mère semblait réellement reconnaissante de l'attention qu'avait apporté cette autre mère de famille et la remercia. Moi, je me contentais de regarder Charles-Edouard. Pas un seul instant il ne croisa mon regard, s'occupant plutôt de regarder partout ailleurs. Ma mère proposa à tout le monde de s'asseoir autour de la table de la salle à manger pour discuter tandis que mon père menaçait mon frère lui sonnait l'ordre de rapporter l'ordinateur qu'il avait volé.

William s'exécuta, honteux d'avoir était pris sur le fait. Tandis que mes parents s'occupaient de leurs invités forcés, je rejoignais William dans sa chambre :

-Tu sais que t'aurais pu voler un ordi à n'importe qui au monde, et t'as fait ça au frère du gars dont je suis dingue amoureux ?

-Ah, c'est sur lui que tu te branle pendant trois heures dans la salle de bain ?

-Quoi ? Je fais pas ça dans la salle de bain moi !

-Mytho, répondit-il en sortant d'une de ses armoires l'ordinateur en question, j'ai eu ton âge. On reste pas trois plombes juste pour se laver. Tiens, va lui filer !

-Tu dois lui donner toi même et t'excuser.

-J'irais pas, alors casse moi pas les couilles.

-Tu me fous la honte là... J'ai déjà eu du mal à ce qu'on devienne amis alors là, c'est foutu...

William semblait agacé et décidé à me remettre les idées en place :

-Ton keum là, c'est un p'tit hétéro alors arrête de triquer sur lui, tu l'auras pas. Trouve toi un gars qui soit homo lui aussi, arrête des keums pareil.

-Tu crois que tous les gays sortent avec des banderoles affirmant leur sexualité ? Ca marche pas comme ça, c'est pas aussi simple...

-Quand tu m'as dit que t'étais pédé, je t'ai filé des sites de rencontres pour toi, t'as pas voulu t'en servir...

-Ca devrait pas se commander comme on commande un hamburger !

-Allez casse moi pas les couilles, ton mec t'attends avec sa petite famille de bourge.

Le dialogue n'étant pas réellement possible avec William, je me contentais de prendre l'ordinateur avant de demander à mon frère :

-Pourquoi lui ?

-Bah il trainait dans le parc avec son ordi. Faut croire que le destin est contre moi.

-Contre moi surtout, rétorquais-je en claquant la porte de sa chambre et en rejoignant la salle à manger.

Mes parents étaient déjà en train de rire avec Madame Delecourt et le courant semblait bien passé. Ce qui pouvait paraître plus qu'étrange aux vues des circonstances qui les avaient amené à se rencontrer tous. Une fois dans la salle à manger, je rendis le portable à Pierre-Henri :

-Tiens. Il est vraiment désolé pour ce qu'il a fait, moi aussi d'ailleurs.

Tout le monde autour de cette table n'était pas assez dupe pour croire que le criminel en question puisse être réellement désolé de ça. Mais Pierre-Henri me remercia, tout comme sa mère.

-Vous souhaitez rester pour le diner ? demanda subitement ma mère comme si elle avait face à elle de vieilles connaissances.

-Chouette ! lança à son tour Dianna.

Madame Delecourt semblait assez mal à l'aise face à cette étrange invitation, et ma mère lui ajouta :

-Comprenez, je veux vraiment vous montrer à quel point je suis désolé pour cet incident et... Ce n'est pas grand chose, juste un repas, mais j'insiste. Ca permettrait à tout le monde de repartir sur de bonne bases. Je suis persuadée que ça ferait très plaisir à Charlie et Sacha, pas vrai les garçons ?

On regarda tous les deux nos mères respectives avant d'acquiescer, ne voulant pas contrarier ma propre mère. Madame Delecourt accepta. Ma mère et elles discutèrent alors de leurs emplois respectifs, Madame Delecourt étant assistante de direction, tandis que Pierre-Henri parlait avec mon père de ses études. Il voulait devenir pilote d'avion, et a déjà 22 ans, semblait plutôt bien parti.

-On peut monter ?

Charles-Edouard qui n'était pas intéressé par les conversations venait de me poser cette question. J'étais soulagé qu'il ouvre le dialogue le premier parce que j'aurais eu du mal à le faire. J'acceptais.

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

Ce mec est super compliqué à cerner. Au début, quand Elodie m'a parlé d'un Sacha qui serait dans ma classe et qui ferait un bon pote, je m'attendais à tout sauf à un gars comme lui. J'avais jamais eu de potes comme lui. Sacha c'est un extraterrestre pour moi. Il parle beaucoup. Il bouge beaucoup. Il sourit beaucoup. Il mange beaucoup. Il fait tout beaucoup. Il est tout le temps habillé avec des fringues ou y'a des dessins genre des Pokemons. Il a des grosses lunettes. Des cheveux qu'il sait pas coiffer et qui vont partout. En plus ils sont longs ses cheveux pour un mec. C'est bizarre.

Bon moi j'ai rien contre le fait qu'il soit homo. Il fait ce qu'il veut. C'est pas parce qu'il est homo que je le trouve bizarre moi. J'suis pas comme ça. Ma mère m'a toujours appris la tolérance avec les autres. J'ai vécu tout mon collège à Sarcelles moi. J'ai du m'endurcir et tout. Ma mère sait pas à quel point ma vie de gosse elle me manque. Quand elle a quitté mon père, j'ai du grandir trop vite.

-Tu connais déjà ma chambre...

-Pourquoi t'es pas venu à la répét' jeudi ? Et en cours hier ?

-C'est compliqué, me dit-il. April t'a rien dit ?

-Je te pose la question.

Il pouvait être vraiment lourd des fois. Mais je savais qu'il avait un problème. D'habitude, il m'aurait envoyé un message pour me le dire. Je sais qu'il voyait en moi une sorte de meilleur pote. Il avait beau être collant, je pouvais rien faire contre ça. Puis j'allais pas le jeter le pauvre. Il pouvait être bizarre mais il avait quand même le droit d'avoir des amis.

-J'ai revu Kévin, à l'hôpital mercredi soir. C'est...

Et là il s'était mis à parler, parler et encore parler. Mais il voulait juste me raconter toute l'histoire sur Kévin, ce bâtard qui lui avait cassé la gueule et sur son lien avec notre prof. Ouais en gros il avait envie d'éviter la prof et tout le bazar. Puis l'histoire avec son frère, c'était chaud aussi.

-Tu me faisais la gueule ?

Après tout il était parti sans que je comprenne pourquoi mercredi pendant la répét' alors que je voulais réviser mon texte avec lui.

-Et toi ?

-Réponds pas à mes questions par une autre question.

-Non. Je boudais, c'est pas pareil.

Quel mec normal de 16 ans pouvait dire qu'il boudait ? Sérieusement ? Quand je vous dis qu'il est bizarre ce mec. Si c'était une fille, j'aurais pu trouver ça mignon, mais c'était un mec quoi.

-On devait réviser. Si tu veux me raconter tes histoires, fais le en dehors des cours ou des répets.

-Relax, faut te détendre un peu, et sourire !

J'aimais pas sourire. Jamais je ne souriais. Cet idiot m'avait déjà vu sourire pourtant, parfois je me montrais faible.

-J'avais dit à ma mère de pas s'incruster. Mais elle voulait régler ça sans la police.

-Merci d'ailleurs, de lui avoir dit qu'on était... Euh... Amis et tout, c'est sympa pour mon frère, même s'il ne le mérite pas.

-C'est ton frère. On choisit pas sa famille.

-Heureusement, on peut choisir ses amis !

Il était de nouveau tout enjoué sans que je comprenne pourquoi. Sa petite sœur déboula dans la chambre et nous dit :

-Maman dit que vous devez descendre, qu'on va passer à table bientôt. Elle veut savoir si Charlie veut rester dormir ici ce soir et s'il faut faire le lit de la chambre d'amis ?

Elle était marrante cette gamine. Aussi folle et pleine d'énergie que son frère faut dire. Ah, tiens, leur mère m'invitait à dormir et passer le week-end là ? Elle était sympa. Même si ma mère à moi, elle se serait jamais permise d'inviter un de mes potes à dormir.

-Comme ça je pourrais enfin voir la suite de Teen Wolf.

Je l'avais dit avec ironie mais au fond, j'avais plutôt accroché sur cette série d'ados. Bizarre hein ? Moi aussi je devenais bizarre à force de fréquenter Sacha. D'ailleurs il me regardait avec des yeux bizarre en me demandant :

-Tu veux vraiment dormir ici ?

-Si ça te pose un problème, j'rentre chez moi hein.

-Non, non, pas de problème !

-Vous venez ou quoi ?

-J'veux juste passer à la salle de bain avant, dis-je aux deux Carson.

Sacha me montra la salle de bain - que j'avais pourtant déjà vu l'autre fois ou j'étais venu - puis ils descendirent tous les deux en bas rejoindre nos familles. Une fois sorti de la salle de bain, la porte d'une des chambres s'ouvrit et je vis William, le frère de Sacha.

Il aurait pu être dans mon ancienne cité sans problème, le look idéal pour ça.

-C'est toi le pote de mon frère ?

-Ouais. Charlie.

-J'te préviens, si tu le fais souffrir, je te casse les deux jambes.

Ce mec n'avait absolument rien à voir avec son frère. Lui c'était la rage incarnée. En plus il me menaçait comme ça dans le vent.

-Pourquoi je le ferais souffrir ?

-Faut que tu sache un truc sur mon frangin. Il te le dira jamais parce qu'il aura peur que tu l'envoie bouler après, mais moi j'pense que ça vaudrait mieux pour lui plutôt qu'il s'attache à toi et qu'il morde la poussière après.

De quoi il me parlait lui ? Il pouvait pas être plus clair. Me dire clairement les choses.

-T'as peut-être remarqué, enfin moi je l'aurais remarqué, mais mon frangin il t'aime bien. Et quand j'dis qu'il t'aime bien c'est comme moi quand j'aime ma copine, tu vois le genre ? Alors quand tu vas le jeter pour ça, tu l'feras en douceur, sinon j'te casse les deux jambes.

Il venait de me tapoter l'épaule en retournant dans sa chambre. Moi, comme un couillon, je trainais là dans le couloir en essayant de bien comprendre. Sacha était amoureux de moi.


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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 21 Aoû 2012 14:34 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?

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alors la ... je me demande ce qu'il va dire Charlie ... et quel va etre sa reaction
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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 21 Aoû 2012 15:18 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Je commencerais par dire un grand merci à Narcicia qui me commente toute la journée ! Ca fait vraiment plaisir de se sentir suivi et lu... Donc, continuez, n'hésitez pas, ça encourage et d'ailleurs, voici le chapitre 13 ! On repasse donc dans une narration de Sacha... (j'avoue m'être fait plaisir en me mettant dans la peau de Charlie à la fin du chapitre précédent, et qui sait, peut être que ça se reproduire ^^). Quoi qu'il en soit, vous l'aurez compris, on s'intéresse maintenant un peu plus à un personnage du groupe de la bande d'amis. Bonne lecture !

Chapitre 13 - La bonne copine, Mandy, 16 ans


Madame Delecourt et son fils ainé repartirent juste après le repas. Papa s'était surpassé avec son poulet aux oignons et tout le monde semblait bien content de cette soirée improvisée, moi le premier. William était resté cependant enfermé dans sa chambre et ne souhaita pas nous accompagner pour le repas.

Plus tard dans la soirée, alors que je terminais de faire la vaisselle avec Dianna et Charles-Edouard, ma mère vint nous trouver en cuisine :

-La chambre d'amis est prête pour Charlie. Moi je monte regarder la télé dans ma chambre, ne dormez pas trop tard les garçons.

-Ma mère embrassa ma petite sœur et partit rejoindre mon père au premier étage. Ma sœur ne tarda pas non plus et une fois ses corvées terminé, elle nous abandonna pour rejoindre son ordinateur. Elle aussi deviendrait une future geekette. Mais j'avais cru comprendre qu'elle discutait beaucoup avec un garçon du collège.

-Tu veux un autre dessert ? Un truc à boire ?

-Non ça va.

Maintenant que je me retrouvais seul face à Charles-Edouard, et cela pour le reste de la soirée, je me retrouvais un peu bête. En plus, j'avais l'impression que quelque chose le dérangeait sans qu'il n'ose m'en parler. Ne voulant pas jouer les oiseaux de mauvaises augures ni les rabat-joies, je gardais mes doutes pour moi et lui proposait simplement.

-La suite de Teen Wolf ?

Il se contenta d'acquiescer et nous étions donc repartis direction ma chambre pour la suite des aventures de nos loups garous. On regarda la série jusqu'à près de 2h30 du matin - s'enchainant cinq nouveaux épisodes.

-Je meurs de fatigue, me dit-il après cette soirée silencieuse à regarder nos loups garous.

Nous étions dans ma chambre au deuxième étage et dans celle d'à côté, dormait déjà William j'en étais sur. La chambre d'amis ou dormirait Charles-Edouard se trouvait à côté de la salle de bain, c'est à dire juste après la mienne.

-Tu veux que je te prête un pyjama au fait ? Attends, je vais voir ce que j'ai à te proposer...

Ce qui était stupide étant donné que Charles-Edouard faisait au moins 15 centimètres de plus que moi, il ne rentrerait pas dedans. Mais je m'obstinais quand même à lui en trouver un :

-T'inquiètes, je dormirais en boxer.

-T'es sûr ?

-Tu vas pas venir me mater pendant la nuit quand même ?

Quelle question stupide. Même si j'en avais très envie, et ça il l'ignorait, jamais je ne me permettrais un tel manque de respect. Je n'étais pas un pervers obsédé tout de même. S'il n'était pas aussi tard, je pense que j'aurais bien boudé.

-Comme si y'avait quoi que ce soit à mater !

Je fis mon indigné et étrangement, ça le fit sourire. Je ne sais pas pourquoi mais j'avais gagné un nouveau sourire de sa part, et rien que ça, ça me ferait passer une excellente nuit.

-Bonne nuit Chacha.

-Bonne nuit Chacha numéro deux.

Alors qu'il s'apprêtait à sortir, il me dit en murmurant :

-Si tu dois m'appeler Chacha, ça sera numéro un !

Je lui lançais un coussin, mais il était trop tard, il avait déjà filé et j'étais seul dans ma chambre, prêt à m'endormir et faire de très jolis rêves.

Charles-Edouard était rentré chez lui juste avant le déjeuner du midi, après avoir dormi comme un bébé (c'est ce qu'il avait dit à ma mère en tout cas). Et la semaine arriva avec son lot de surprises. Ce fut une semaine très mouvementée sentimentalement parlant au lycée. A croire que tous les couples avaient décidé de jouer aux chaises musicales. Pourtant, ce n'était ni le ménage de printemps, ni l'approche de la saint-valentin, juste une banale semaine du mois d'octobre.

La première surprise se fut Mandy qui me l'annonça. Elle tenait de source sûre que Guillaume et Victoire s'étaient séparé durant le week-end. Et quand ça venait de Mandy, l'information était quasiment toujours exacte. C'est Guillaume qui me le confirma m'apportant sa version lorsque je le croisais dans l'un des couloirs :

-Trop exigeante, trop capricieuse, trop collante, trop démonstrative, tu vois le genre quoi. En plus, elle était avec moi juste pour le cul.

-Mais ça te posait pas de problème jusqu'à maintenant ?

-Ouais mais elle pense vraiment beaucoup à ça !

Victoire, elle, m'en donnait une autre tandis que je me rendais au bureau de la CPE déposer un dossier et que je l'y croisais :

-Il ne pense qu'à son club de volley-ball et rien d'autres. Ce week-end encore, il me parlait que de ça. En plus il était trop gentil pour moi.

-Mais je pensais que tu l'appréciais ?

-Comme tous les autres. Mais tu sais ce qu'on dit, un de perdu, dix de retrouvés !

Le lendemain, April ne pouvait pas me tenir compagnie durant le cours d'anglais étant donné qu'elle devait consoler Mandy. Danny avait enfin finit par la quitter. Publiquement, il lui avait dit qu'il n'avait pas de sentiments pour elle, mais officieusement, Danny m'avait appris qu'il n'avait toujours pas digéré le fait qu'elle n'ait pas su tenir sa langue. En plus, Mandy avait finit par réellement croire qu'il était raciste, ce qui montrait pour lui, à quel point elle pouvait être bête et très mouton dans son genre.

La nouvelle surprise arriva durant les répétitions du mercredi. Victoire et Danny partageant la plupart de leurs scènes ensemble, ils avaient finit par se rapprocher et une scène qui n'était pas dans le script causa la colère de Mandy : Victoire embrassa Danny sans aucune gêne, et celui-ci ne semblait pas contre l'idée.

La même après-midi, Yanis m'avait fait tout un scandale - en coulisse - parce que je ne lui avais toujours pas donné de réponses ni de nouvelles quand à sa proposition. Il n'attendit même pas que je m'explique et il me laissa en plant.

Le lendemain, Mandy annonçait à tout le monde qu'elle avait passé la soirée à se faire consoler par Yanis. Il fallait que je lui demande plus de précisions, ce que je fis durant le cours d'allemand :

-Tu sors avec Yanis si je comprends bien ?

-Ouais. Et crois-moi, il est loin d'être un abruti fini, contrairement à mon ex !

Elle venait de parler plus fort que nécessaire afin d'être sure que Danny, qui se trouvait non loin de là à côté de Charles-Edouard l'entende. April qui était entre Mandy et moi lui demanda :

-Mais... Tu crois que c'est un mec bien pour toi ?

-Pourquoi ? Parce qu'il est arabe ? Je ne suis pas raciste, MOI !

Elle avait bien insisté sur la dernière syllabe, à nouveau pour être sure que Danny puisse l'entendre. A nouveau j'essayais de la mettre subtilement en garde :

-Tu sais, il paraît que Yanis aime bien s'amuser, sortir, que c'est un mec à fille...

-Oui bien sûr, et il est aussi gay que toi paraît-il, d'après certaines personnes !

Là encore, elle avait parlé plus fort que nécessaire. Quoi qu'il en soit, discuter avec Mandy c'était s'adresser à un mur, elle ne voyait rien d'autre que Danny et se venger de ce dernier. Je me décidais donc à arriver en retard au club de jeux vidéos pour retrouver rapidement Yanis et lui demander quelque chose.

Il était devant le lycée en train de fumer avec ses potes lorsque je le vis. Me repérant de loin, il me fit signe qu'il me rejoindrait à l'intérieur et c'est jusqu'aux toilettes du premier étage que je le suivis.

-T'as changé d'avis ? Tu veux t'faire un truc ce week-end ?

Il venait de m'entrainer dans une cabine vide des toilettes et me colla contre la porte fermée pour m'embrasser. Je ne sais pas pourquoi mais au début, je me suis laissé faire jusqu'à ce que je reprenne mes esprits et que je me rende compte que c'était mal de faire ça comme ça. En plus, je ne ressentais rien pour lui. Enfin, je crois.

-Tu sors avec Mandy ?

-Ouais mais elle compte pas cette meuf. C'est pour faire genre devant les potes.

Il essaya de m'embrasser une nouvelle fois mais je l'arrêtais pour lui dire :

-Elle mérite pas ça. Je sais que c'est pas vraiment mon amie mais... Elle vient de se faire larguer par Danny à cause de toute cette histoire qu'il a inventé pour te protéger...

-Alors quoi ? Maintenant c'est ma faute à moi ou quoi ? C'est ça que tu m'dis ?

-Pourquoi tu t'énerves toujours sur moi quand j'essaye de te parler ?

-Désolé bébé, c'est que tu m'plais et tout tu vois ?

D'accord niveau romantisme, il était loin, mais vraiment loin d'être doué. En plus d'ou il sortait ça "bébé" ? Je n'étais pas son bébé, qu'est-ce que ça faisait vulgaire en plus d'appeler un mec comme ça...

-J'suis trop en kiffe sur toi, j'ai envie qu'on passe un moment toi et moi ce week-end, pour finir ce qu'on commence ici...

Il m'embrassa à nouveau, de façon plus suggestive tout en passant sa main sur ma cuisse et mon entre-jambe. Je l'arrêtais aussitôt, décidant de reprendre la situation en main et que je n'allais pas laisser mes hormones dicter ma conduite :

-J'sais pas si je suis prêt à faire ça tu vois. J'ai envie de prendre mon temps.

Ma réponse sembla énerver Yanis qui fit l'effort de se contenir. Il me dit, juste avant de quitter la cabine des toilettes :

-Ecoute, moi j'suis chaud et j'ai envie de toi, si tu te décide, tu sais ou m'trouver.

Il quitta les toilettes, me laissant seul comme un idiot avec autant de doutes que de questions. J'avais besoin de parler avec April. Du moins plus tard. Pour le moment, j'étais en retard à mon club de jeux vidéos.

Le soir venu, j'avais une répétition avec Mademoiselle Ouahlima, ainsi que Charles-Edouard et April. En début de semaine, j'étais allé voir ma prof pour m'expliquer avec elle des évènements de la semaine précédente et de mon absence également. Elle avait parfaitement compris et m'avait dit que Kévin était partit chez un autre de ses frères, et qu'il se refusait à toute discussion. Elle m'avait donné son nom de famille et ses coordonnées dans le cas ou je souhaiterais les communiquer à la police, assurant qu'elle me soutiendrait dans ma décision. Ca m'avait touché et j'avais décidé de ne rien faire.

Je me rendais à l'auditorium avec April et j'en avais profité pour lui parler de Yanis. Mais a peine avais-je tout expliqué, que Mademoiselle Ouhalima s'accapara d'elle pour faire répéter toutes ses chansons.

-Charles-Edouard, Sacha, répétez les deux chorégraphies qu'on a vu mardi puis commençait à réviser vos scènes en duo. D'ici 40 minutes je prendrais Sacha en répétition soliste, puis ensuite Charles-Edouard.

Chacun de nous acquiesça et je me retrouvais sur la scène de l'auditorium à répéter les danses que je maitrisais clairement beaucoup mieux que mon partenaire, ce qui me fit sourire. April n'ayant pas pu m'aider et me conseiller, je m'étais décidé à parler de Yanis et de sa proposition à Charles-Edouard. Après tout, il s'apparentait à ce que je pouvais considérer comme un meilleur ami, au même titre qu'April.

Il m'écouta tout en terminant sa bouteille d'eau d'une traite. Une fois terminé, c'est moi qui buvait pendant qu'il me répondait le plus honnête possible :

-Tu vas avoir 16 ans le mois prochain Sacha.

-Comment tu sais que je n'ai pas encore 16 ans ? le coupais-je.

-Ta mère.

Tiens, ils avaient parlé de vraiment beaucoup de choses ma mère et lui, y compris que pour le moment, j'étais sans doute le plus jeune de la bande étant donné que je n'aurais mes 16 ans qu'à la mi-novembre.

-Bref, reprit-il. Tu as ta majorité sexuelle. Tu fais ce que tu veux, avec protection bien sûr.

-On croirait entendre mon père, je crois que si je lui avais demandé conseil, il aurait été capable de me dire ça.

-J'en doute.

Il se releva, me tendant sa main pour que je me relève à mon tour, puis il enchaîna :

-Je pensais que t'étais du genre romantique. Genre à ne pas coucher avant le mariage.

-Les homos peuvent pas encore se marier.

-T'as bien compris ce que je voulais dire.

-Je suis comme ça. Mais Yanis c'est le seul mec qui ait montré de l'intérêt pour moi. Pour vous autres les hétéros c'est facile, une fille vous quitte et des dizaines sont là sous vos yeux prête à se faire choisir pour être votre copine. Je te rappelle que je suis le seul mec ouvertement gay du lycée !

-Et Yanis ne l'est pas.

-Ce qui veut dire ?

-Que tu pourras jamais faire tous tes trucs de romantique à la noix avec lui. Et ça t'en as envie.

Il marquait un point, un juste point. Finalement l'air de rien, le grand Charles-Edouard me connaissait plutôt bien. Il savait ce dont j'avais envie et quel genre de garçon il me fallait. Et même si je le savais depuis le début, l'entendre de sa bouche me rassurait : Yanis ne serait jamais un mec pour moi. Il n'était pas sérieux, ne pensait qu'à coucher, malgré qu'il puisse être attachant. C'était un peu comme si je sortais avec Victoire (dans le cas ou j'avais été hétéro).

-Tu mérites un gars qui assume d'être avec toi.

Je venais de rougir bêtement devant la gentillesse de ce grand costaud. Tout bêta, je lui fit remarquer une chose :

-Serait-ce mon premier compliment ?

-Tais toi, on a du boulot.

-Chassez le naturel il revient au galop !

-Tais toi et danse !

J'explosais de rire tout en le poussant pour mettre à nouveau la musique en marche et reprendre notre chorégraphie. Cette discussion avec Charles-Edouard m'avait soulagé et dès le lendemain, je m'étais décidé à en avoir une avec Mandy. Je devais être honnête avec elle et la mettre en garde, même si je n'étais pas vraiment son ami, juste par l'intermédiaire d'April.

Je m'étais rendu dans les toilettes des filles ou elle était en train de se remaquiller. Par chance, personne ne me vit et elle parut même effrayée de me voir dans cet endroit :

-Etre gay ne fais pas de toi une fille, tu le sais ça ?

-Oui. Je voulais te parler quelques minutes, seul.

Mandy terminait de remettre du gloss, et tout en me regardant à travers le miroir, me demanda :

-De quoi tu veux me parler ?

-Yanis.

Elle s'arrêta un instant et sa mine joyeuse disparut. Elle déposa son gloss dans son petit sac et tourna le dos au miroir pour me faire face :

-Qu'est-ce qu'il a encore fait pour te déplaire ?

-Sors pas avec lui, tu mérites mieux que ça.

-Et qui t'es pour venir me dire ça toi ?

-Un ami.

Elle venait d'exploser de rire à peine avais-je prononcé ces mots là. Je ne savais pas comment je devais réagir, j'avais l'impression d'avoir à faire à une fille qui allait bientôt devenir folle et péter un câble :

-On est pas amis, on a pas d'amis ici. Alors arrête de me faire croire des conneries.

-April c'est ton amie.

-April est une garce que je supporte pour être aussi populaire qu'elle. April est une égoïste qui change de petit poulain préféré comme de chemises. L'année dernière c'était moi, cette année c'est toi. April est tout, sauf une amie pour moi.

J'étais surpris et choqué par la force néfaste de ces propos. Jamais je n'aurais pensé que Mandy puisse être aussi rancunière et jalouse de mon amitié avec April et encore moins détester cette dernière de cette façon.

-April...

-Stop !

Elle venait de me crier dessus en tapant du poing sur l'évier.

-J'en ai rien à foutre de ce que t'as à me dire. Je sais très bien ce que tout le monde pense de moi, que je ne suis qu'un faire valoir pour la belle et grande April. Que je ne suis qu'une petite idiote toujours collé derrière son cul. Je ne suis que le second choix, celle qui récupère les restes. Celle qui ne mérite même pas qu'on la largue en face mais qui reçoit qu'un putain de texto !

J'avais cru comprendre que Danny avait rompu avec elle de cette façon, et visiblement, elle lui en tenait rigueur, ce que je pouvais comprendre. Je n'aurais pas non plus apprécié. Mais la pauvre, elle était au bord de la crise de nerfs - et de larmes. Je ne savais pas quoi dire pour la calmer.

-Un jour moi aussi je serais en haut du podium. Moi aussi j'aurais le premier rôle. Moi aussi j'aurais qui je veux, comme je veux. Je serais pas cette petite conne toute ma vie !

-Yanis se sert de toi...

-Pourquoi moi je me servirais pas de lui hein ? Pourquoi c'est toujours les autres qui se servent de moi ! Pourquoi ?

Elle s'était rapprochée, toujours en colère.

-Il se sert de toi comme couverture pour cacher qu'il est gay !

Clac ! Mandy venait de me gifler sans que je ne m'y attende. Pas une simple gifle, mais une grosse gifle, celle qui laisse une marque rouge et qui reste imprimée pendant quelques secondes. Mes lunettes faillirent tomber à la renverse. Alors que je touchais ma joue, face à moi, Mandy ravalait ses larmes et récupéra son petit sac sur l'évier. Elle me dévisagea, me foudroyant du regard et quitta les toilettes.


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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 21 Aoû 2012 16:53 
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Citation:
Je commencerais par dire un grand merci à Narcicia qui me commente toute la journée !

un grand merci a toi que poste toute la journée aussi ;)
il faut dire que les personnages sont attachants ..
du coup J'AIME

N.

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 Sujet du message: Re: Sacha et les Autres - PG 13
MessagePosté: 21 Aoû 2012 17:15 
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Merci pour ce commentaire encore et encore N. ^^ ! Je vous propose donc le chapitre 14... Ca avance doucement tout ça ! J'espère que ça vous plaira encore une fois. Donc bonne lecture et n'hésitez pas à commenter :)
Chapitre 14 - La belle soeur, Sabine, 18 ans

Il ne restait plus qu'une semaine et nous serions déjà en vacances pour la Toussaint pendant quinze jours. Autant dire que j'avais hâte. Les profs nous surchargeaient de travail et de devoirs, tenir l'un des premiers rôles du Musical me faisait travailler des chorégraphies complexe et ma voix, alors que jusqu'à présent, je n'étais qu'un chanteur de salle de bain. April voulait toujours me donner plus de responsabilités au journal, ce qui avait tendance à m'effrayer, et je n'avais quasiment plus de temps pour jouer à mes jeux en ligne.

A trop vouloir être un lycéen normal, je ne pouvais plus être un geek normal. C'était tellement dingue tout ça.

Seule April fut mise au courant de mon altercation avec Mandy. Pas dans les moindres détails mais j'avais préféré lui expliquer quand même le mal-être de son amie et le fait qu'elle se sente en concurrence avec elle notamment :

-Geekounet, j'ai plus de 700 amis facebook tu sais ce que ça signifie ? Que je dois pouvoir me rendre disponible pour chacun d'eux si je veux garder tous mes privilèges et être appréciée de tout le monde. Je suis persuadée que Mandy ne me déteste pas vraiment.

-Et si c'était le cas ?

J'étais curieux de savoir comment la belle et grande April Stevens pourrait réagir si on ne l'aimait pas.

-La popularité ce n'est pas une question d'amour, c'est une question de pouvoir. Et puis, je sais que toi tu m'aimes, pas vrai ?

Elle venait de me faire un clin d'œil en me donnant son nouvel article. Elle avait écrit un article sur l'utilisation des dopants dans le milieu sportif. N'ayant pas pu l'aider à réaliser cette enquête - trop absorbé par mes problèmes - elle avait demandé à Danny de l'aider.

-Je suis sortie au cinéma avec Guillaume dimanche après-midi.

J'arrêtais ma lecture pour me pencher sur ce que venait de dire mon amie. Elle et Guillaume étaient allé au cinéma rien qu'à deux, comme...

-En couple?

-Non. Juste comme ça. Comme des amis. Je pense qu'après Victoire, il n'est pas prêt de se remettre avec quelqu'un aussi vite.

-C'est toute la nature. Les filles passent à autre chose, les garçons ruminent.

April me regarda d'un air désolé, comme si je disais bien des conneries et que je ne pouvais vraiment rien y connaître aux relations garçons-filles. C'est vrai qu'elle n'avait pas totalement tord. Quoi qu'il en soit, je ne vis pas défiler ma semaine.

Les répétitions s'intensifiaient, Mandy faisait comme si de rien n'était et continuait de sortir publiquement avec Yanis. Guillaume et Danny m'invitèrent à boire un verre au centre-ville le mercredi après la répétition du Musical. En réalité, ils cherchaient juste à avoir un arbitre parce qu'ils allaient enfin aborder un sujet important : Victoire.

Danny ne voulait pas perdre son pote juste pour une fille et Guillaume lui assura qu'il n'en avait rien à faire.

-De toute manière, dans un mois elle sera avec un autre. Ca nous aura fait juste un point en commun supplémentaire.

-S'être tapé la même nana ?

Puis ils s'étaient mis à rire en bon camarade. Très bizarre quand même les mecs non ? J'avais du mal à concevoir tout ça mais j'étais content qu'ils ne soient pas en colère l'un contre l'autre. J'aimais bien déjeuner avec tout le monde le midi. April, Guillaume, Victoire, Danny, Charles-Edouard, Elodie... Mandy n'était plus vraiment avec nous, collant Yanis et ses copains.

Puis dans la semaine, ma mère m'annonça qu'on partirait en vacances une semaine sur la côte du Nord, se changer les idées à la mer. Mes parents s'étaient pris une semaine de vacances bien mérité et ils insistaient pour que nous y soyons tous.

-C'est pas un peu bizarre d'aller à la mer en automne ? me demanda April a qui j'en parlais le dernier jour avant les vacances.

-J'ai une famille bizarre, faut t'y faire.

-Je te souhaite bien du plaisir, me dit-elle en se moquant.

-En fait, j'espérais assez que tu partage ce plaisir avec nous. Mes parents ont pris une location pour sept et... Il reste une place dans la voiture. Sabine accompagne mon frère et j'ai pensé que tu aimerais venir avec nous.

April arrêta de manger sa sucette et me regarda réellement désolée:

-J'aurais adoré venir, sincèrement. Mais je pars dix jours à la campagne dans la maison de mes grands-parents. Crois-moi, ton programme a l'air bien plus intéressant bien que bizarre, mais si j'annulais, mes parents me tueraient.

-Non mais je comprends, t'en fais pas. Je resterais seul avec moi même, déprimant à l'idée de te savoir toi aussi seule dans le même état.

-Il y aura mes cousines. Elles sont quatre.

Je lui fis alors faussement la tête, ce qui l'amusa. Après le déjeuner, on se dirigea tous les deux vers le bâtiment de sport, le gymnase et le stade. April étant en natation, elle allait se séparer de moi lorsqu'elle vit Charles-Edouard en train de pianoter sur son téléphone.

-Charlie, tu fais quoi pendant les vacances ?

Il rangea son téléphone et regarda la blonde en lui répondant :

-Ennui mortel. Mon frère n'est pas là, il est dans le Sud pour passer des tests et ma mère bosse. C'est plutôt cool, l'appart pour moi tout seul.

-Et des vraies vacances ça te dit ?

Je fis de grands yeux noirs à April qui fit semblant de ne pas me voir :

-Du genre ?

-Une semaine à la mer avec la famille la plus déjantée, mais la plus gentille et la plus adorable qui soit.

-Tu m'invites ?

-Pas moi. Lui !

Elle venait de me tirer par les épaules pour me placer devant Charles-Edouard. Il me regarda un instant, se demandant si c'était une blague puis il me dit :

-Il doit pas avoir envie que je vienne vu que c'est toi qui propose.

La sonnerie était en train de retentir.

-Vous êtes agaçants vous les mecs ! Au fait, dis bien à Guillaume que c'est okay pour demain soir !

April venait de disparaître en courant pour rejoindre la piscine tandis que j'accompagnais Charles-Edouard jusqu'au volley-ball. De toute l'après-midi, il ne me reparla pas de la proposition qu'April lui avait faite.

J'avoue que j'aurais pu moi même y penser. Charles-Edouard était mon meilleur ami, du moins je le considérais vraiment comme tel. Il était déjà venu à la maison, y avait même dormi. Il s'entendait bien avec mes parents, avec Dianna. C'était le choix idéal. Non, je sais ce que vous pensez vous qui êtes en train de me le dire, que c'est le bon choix parce que je suis fou amoureux de lui ? Mais d'abord, je ne suis pas si fou amoureux que ça. Non, mesdemoiselles je suis juste... Bon d'accord ça va je me tais.

J'attendis que tout le monde prenne sa douche, comme d'habitude, et une fois que tout le monde en était sortit pour se rhabiller, j'allais à mon tour me doucher. Après avoir terminé, je rejoignais les vestiaires quasiment déserts. Il n'y avait que Charles-Edouard qui était encore là, assis, mais prêt à partir.

-Ah t'es encore là !

Je retournais me cacher dans les douches après avoir pris mes affaires pour me rhabiller. Ce n'est pas que je sois pudique, mais... J'étais très pudique ! L'idée que quelqu'un me voit même torse nu ça me faisait un peu flipper. Du coup j'avais pris soin de m'enrouler complètement de ma serviette, au cas ou. Une fois habillé, je revenais dans les vestiaires et Charles-Edouard était encore là :

-Tu m'attends ?

-J'peux pas ?

-Si.

Il semblait attendre quelque chose de moi qui ne venait pas. Agacé, il finit par se lever. C'est alors que je lui dis de moi même :

-On part lundi matin très tôt. Mais tu peux dormir à la maison dimanche soir si tu veux. On rentre le lundi suivant.

Charles-Edouard me regarda quelques secondes, il semblait réellement hésiter avant d'accepter, comme si quelque chose le dérangeait.

D'ailleurs, j'avais l'impression que depuis le soir ou il avait dormi chez moi, quelque chose de bizarre flottait au dessus de nous sans que je sache quoi exactement. Charles-Edouard étant un vrai mur, je n'aurais pas de réponses avant très longtemps. Mais peut-être que de passer une semaine avec lui allait me permettre d'encore le découvrir plus en détail.

-Faut que j'en parle à Elodie.

Tiens, c'est vrai, Charles-Edouard n'était pas célibataire. Il avait une copine. Depuis deux mois et demi d'ailleurs, ce qui n'était pas rien. Mais j'essayais toujours de faire abstraction de ce petit détail afin de me laisser la liberté de penser à lui sans gêne.

Ce qui était bizarre avec Elodie c'est que l'année dernière, j'étais assez proche d'elle, régulièrement fourré avec elle. Mais cette année, le fait qu'elle soit dans une classe différente (elle avait préféré prendre la filière STG et moi la Littéraire) et qu'elle soit tout le temps occupé par ses manifestations nous avaient éloigné. En plus, je me sentais maintenant plus proche d'April - et très bizarrement Victoire - que d'elle.

-Ah t'as prévu des trucs avec elle ?

-Rien de précis. Mais j'veux pas qu'elle me fasse la gueule.

-Tu m'envoie un message ?

-Okay.

On quitta le gymnase ensemble pour se séparer à l'arrêt de bus. Le soir, très tard, juste avant de dormir, je recevais un message de Charles-Edouard qui me confirmait sa venue pour les vacances. J'étais le plus heureux des garçons, heureusement parce que j'avais déjà dit à ma mère qu'il serait de la partie.

Charles-Edouard et Sabine étaient arrivé du samedi en fin d'après-midi à la maison. Mon père était enchanté de faire un repas pour toute la famille, juste avant notre grand départ - plus d'une heure en voiture, c'était vraiment énorme, pensais-je ironiquement. Le soucis consistait dans les chambres.

Il n'y avait qu'une seule chambre d'amis et deux invités. Et mes parents n'étaient pas prêt à laisser Sabine et William dormir dans le même lit (alors qu'on savait tous qu'ils avaient déjà du faire "la chose" comme l'appelait ma mère depuis bien longtemps). Mes parents demandèrent alors à Charles-Edouard si ça l'embêtait de partager ma chambre pour la nuit. Il les rassura en leur indiquant que ça ne les dérangeait pas.

Alors qu'il était monté poser ses affaires, je vis William discuter avec mes parents, Sabine toujours présente :

-Pourquoi lui il peut dormir avec un keum dans sa chambre ?

-Parce qu'ils ne sortent pas ensemble William, venait de répéter une nouvelle fois ma mère.

-Nawak. Ils peuvent très bien s'envoyer en l'air quand même.

-Je sais quand même me tenir, me défendis-je.

William s'énerva et monta à son tour dans sa chambre, laissant Sabine aider ma mère à ranger la vaisselle. Ma mère me demanda si je pouvais la remplacer afin qu'elle termine sa valise, je restais ainsi donc avec ma future belle sœur.

-Qu'est-ce que tu peux vraiment lui trouver sérieusement ?

-A ton frère ? Il... Il est pas comme tout le monde le pense.

-Il est comment alors ?

-Avec moi il est romantique, gentil. Très attentionné. En réalité, il a le cœur sur la main tu sais ? Il est rempli de générosité et il est prêt à tous les sacrifices pour les gens qu'il aime.

-Il fait souvent les mauvais choix.

-On en fait tous. T'es déjà tombé amoureux ?

-Pas vraiment, mentis-je alors.

-Tu tombe rarement amoureux de celui que tu avais imaginé dans ta tête durant des années. Mais quand ça t'arrive, tu comprends rien, tu essaye juste de saisir ta chance pour pas qu'elle s'envole.

-Sabine, je t'aime bien vraiment. Je crois que j'apprécie même l'idée que tu fasse partie de la famille. Mais... Je connais mon frère. Il va te faire souffrir. Il va te faire mal.

-Tu viens de définir l'amour. La plupart du temps, ça fait mal.

Je ne savais pas quoi lui répondre, je me contentais de la regarder, cherchant quelque chose à lui dire, mais ce fut elle qui parla à nouveau :

-Je sais que tu t'inquiètes pour moi. William m'a dit que tu étais du genre à t'inquiéter pour tout le monde. Mais il faut pas.

-Désolé que tu doive prendre la chambre d'amis.

Elle se mit à rire tout en répondant :

-Tu crois qu'il dort ou chez moi ? On est huit frères et sœurs, plus mes parents... Il ne reste que le canapé pour lui !

On remonta tous les deux dans nos chambres respectives et je vis en entrant dans la mienne que Charles-Edouard était en pyjama. J'étais obligé, il fallait que je ris ! Il était vêtu d'un pyjama avec des dessins de petits ours et de petits canards.

-Vas-y, fous toi de ma gueule !

Voyant que je ne pouvais pas m'arrêter, il m'attrapa par le bras et commença à me jeter sur le lit, mais ma crise de rire continuait de plus belle. Il commença à me jeter les coussins à la figure et je l'entendis alors se joindre à moi dans mon fou rire. Pour la première fois en deux mois, je l'entendais enfin rire. Le son de sa voix en train de rire c'était juste ; magique.

Etendu sur mon lit, essayant de se contrôler, on arriva à retrouver notre calme une dizaine de minutes plus tard :

-Pourquoi tu ris pas plus souvent ?

-Parce que y'a pas de raison.

-C'est dommage.

Il ne répondit pas, restant allongé dans le bazar qu'on venait de faire entre les coussins et les couvertures.

-Pourquoi un pyjama ? Je croyais que tu dormais en boxer ?

Il mit quelques secondes avant de me répondre :

-Je me doutais qu'on partagerait une chambre, au moins pendant la semaine.

-Me dis pas que t'es pudique ? Tu prends ta douche avec les autres gars au sport.

-Moi je m'en fiche de mon corps. C'est pour toi que je fais ça.

Il venait de se redresser pour remettre un peu d'ordre dans la chambre. Je fis la même chose essayant de repenser à ce qu'il venait de me dire. Pourquoi mettre un pyjama c'était pour moi ? Il avait peur que le voir à moitié nu pourrait m'exciter et m'inciter à le violer ? (bon, c'était pas totalement faux mais je ne l'aurais jamais violé, ça c'est sur). Mais je compris que c'était tout autre chose juste avant qu'on ne s'endorme.

Charles-Edouard s'était installé sur un matelas par terre et les lumières étaient éteintes. Naturellement, c'est lui qui me dit - sûrement parce qu'il pensait que je penserais autre chose :

-Si tu étais April, j'aurais mis un pyjama aussi. Question de respect tu sais ?

Je comprenais. Dans son esprit, il ne voulait pas que ça puisse me gêner de le voir en boxer (et sur ce point là, voir n'importe quel mec en boxer me gênait, tout simplement parce que ça restait quelque chose qui pouvait me plaire beaucoup beaucoup...).

Le lendemain, nous arrivâmes tous après une heure de route en voiture sur la côte, dans la maison que mes parents avaient loué face à la mer. Le temps était plutôt frais, mais peu importe, on était là pour se changer les idées.

Bizarrement, j'ai passé beaucoup de temps avec Sabine durant la semaine. Elle et moi avions pas mal de points communs et surtout de nombreux délires. Dianna, elle, passait son temps à vouloir jouer avec Charles-Edouard qui ne semblait pas contre l'idée.

Sabine s'était réellement intégrée auprès de toute la famille. Elle aidait ma mère dans les tâches ménagères - bien que minimes car nous étions en vacances - sortait faire du shopping avec ma sœur, et avait aussi sympathisée avec Charles-Edouard.

Mais elle passait le plus clair de son temps en vadrouille avec mon frère, ce qui était normal. Mon père, lui, bricolait ou faisait des mots croisés tandis que ma mère accompagnait ma sœur à la plage. C'est ainsi que toute la semaine se déroula dans la joie et la bonne humeur, et ça faisait du bien.

La maison possédait trois chambres. Une pour mes parents, une pour Dianna et Sabine, une pour William, Charles-Edouard et moi. Ayant pris mon ordinateur portable, Charles-Edouard et moi on termina enfin la saison 1 de Teen Wolf, tout en regardant la seconde. J'étais devenu accro à cette série et je l'avais rendu lui aussi accro, même s'il ne l'avouerait jamais !

Un soir de la semaine, Sabine, Dianna et moi rentrions du marchand de glaces, les autres n'en ayant pas voulu. En rentrant, ma mère nous annonça que William et Charles-Edouard étaient partis faire un tour dehors. Je m'inquiétais un petit peu. J'avais remarqué qu'ils s'entendait bien tous les deux et j'avais peur de deux choses. Que mon frère ne détourne mon meilleur pote et pire, par jalousie, que Charles-Edouard s'entende mieux avec lui qu'avec moi.

-Ils doivent être sur la digue, me disait Sabine qui m'avait accompagné pour retrouver les garçons.

-Ouais.

-Willy m'a dit que tu craquais sur Charlie. C'est vrai ?

-William devrait s'occuper de ses affaires.

Sabine hésita un instant, puis elle me dit quand même :

-T'as de la chance d'avoir un meilleur ami qui soit aussi ouvert d'esprit tu le sais ? Gâche pas tout en étant amoureux de lui.

J'en avais marre d'entendre ça. April me l'avait déjà dit, William me l'avait dit, Sabine me le disait. Moi même je le savais. Mais j'en avais marre de l'entendre. Bien sûr que Charles-Edouard n'était pas un choix envisageable sentimentalement parlant. Bien sûr que j'avais une chance plus que de dingue qu'il soit mon ami. D'ailleurs, cette année, j'avais eu de la chance. On était en vacances et je recevais des nouvelles sur facebook ou par textos de Danny, Victoire, Guillaume ou April. J'avais donc de vrais potes, de vrais amis. Je devrais être heureux de ça. Mais maman dit souvent que quand on a enfin quelque chose, on veut toujours plus.

-Ils sont là bas regarde !

Sabine me désignait deux garçons. William était assis sur un banc, en train de fumer, tandis que Charles-Edouard était à côté de lui, les mains dans les poches.

-Tu fume ? demandais-je à Charles-Edouard, curieux de le voir trainer avec mon frère. Car ce que mon frère fumait, ce n'était pas quelque chose de très légal.

-Non.

Bon, William ne me l'avait peut-être pas si détourné que ça. Sabine demanda à William s'ils pouvaient allé se promener ensemble, il accepta, me laissant seul avec Charles-Edouard.

-Encore trois jours et on s'en va... Tu sais, demain y'a un bal sous chapiteau sur la plage. Ca peut être drôle, en plus Dianna veut absolument que tu danse avec elle.

-Ouais.

Charles-Edouard venait de s'asseoir sur le banc. Il était bizarre. Différent des jours précédents. Jusqu'à présent, on s'était vraiment bien amusé. Il s'ouvrait à moi comme j'étais sur, il ne le faisait pas avec Elodie. Il souriait souvent, dingue non ? Charles-Edouard souriait ! Et il avait rit quelques fois avec moi (sans que je le veuille réellement, avouons-le).

-Qu'est-ce qui se passe ?

-Rien.

-Chacha, arrête... Tu crois que je te connais pas ?

-Je devrais être avec Elodie.

Il venait de casser complètement l'ambiance et un peu l'image idyllique que j'avais de nos vacances. Mais en même temps, si moi j'étais content d'avoir le gars que j'aime à côté de moi, je devais comprendre que lui, voulait celle qu'il aime à ses côtés pour les vacances.

-Elle te manque ?

-Elle m'a appelé. Elle est un peu jalouse que je sois venu ici je crois.

La vérité étant qu'on avait jamais réellement abordé en profondeur le sujet de sa relation de couple avec la rouquine. Parce que je ne voulais pas entendre tout ça. Parce que je savais que ça me ferait mal et qu'en plus, je ne pouvais rien faire contre ça. Du coup, il continua :

-Elle voulait que je prenne le train pour rentrer demain matin. Y'a une soirée avec des potes à elle.

Ouille. Alors il serait pas là au bal de la plage. Moi qui m'était déjà fait tout un tas de films ou j'arriverais, je ne sais pas comment, à le faire danser avec moi. Même si ça, c'était impossible je le sais...

-Maman te conduira jusqu'à la gare, lui dis-je un peu dégouté mais essayant de faire bonne figure.

-Ouais.

J'étais dégouté mais je ne pouvais pas lui dire. Ca m'énervait, mais je devais faire avec. Le lendemain matin, maman et moi on l'amena jusqu'à la gare de la ville. Il remercia ma mère une bonne dizaine de fois et celle-ci n'arrêtait pas de lui dire que c'était un plaisir pour elle puis il s'en alla. Il était reparti, et moi j'allais rester encore deux jours ici.

-Essaye de t'amuser un peu !

J'étais en train de danser avec Sabine à cette fameuse soirée, William n'aimant pas danser. Elle essayait de me remonter le moral tant bien que mal.

-Il est sans doute en train de se taper sa copine à l'heure qu'il est...

-Sacha !

Dianna venait de m'entendre prononcer cette phrase, et c'est vrai que ce n'était pas vraiment mon genre. Elle était en train de danser juste à côté avec un groupe de filles de son âge.

-Appelle-le si vraiment t'y tiens.

-Sous quel prétexte ? Non laisse, c'est mieux comme ça.

La soirée était plutôt pas mal, malgré le fait que je n'arrivais pas à en profiter pleinement. Alors que Sabine dansait avec ma sœur et que mes parents étaient rentré jusqu'à la maison de la plage, je reçu un message sur mon téléphone. Pensant qu'il s'agissait d'April qui répondait à mon message déprimant, je ne le regardais pas tout de suite et attendit d'être à la maison.

Une fois dans ma chambre et en pyjama, je regardais le message qui m'avait été envoyé. C'était un MMS contenant une photo et il provenait de Charles-Edouard. Surpris, je l'ouvris et vit une photo de lui et moi qui avait été prise par Sabine quelques jours plus tôt. Il était en train de sourire bêtement et j'avais demandé à Sabine de lui prendre son portable pour le photographier en train de sourire.

Finalement, je m'étais retrouvé avec lui dans la photo et elle était plutôt sympa. Juste en dessous de la photo il y avait un simple mot : Merci.


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