Parlons un peu des poètes préférés des slasheuses : Rimbaud et Verlaine.
Il est très difficile de trouver une quelconque PDE dans leurs écrits. Pourtant, en relisant une Saison en Enfer de Rimbaud, j’ai trouvé ce petit texte qui parle clairement de leur relation avec beaucoup d’ironie. Une chose est sûre, Rimbaud avait un caractère assez difficile à vivre et il était très moqueur. Verlaine était connu pour être un homme faible (c’est ce que dit sa biographie). Aussi, bien que Rimbaud soit beaucoup plus jeune, c’est souvent lui qui tirait les ficelles et qui menait Verlaine par le bout du nez. Faut voir le film
Eclipse Totale avec Di Caprio (super beau !) et David Thewlis pour s’en rendre compte. En plus, je crois qu’il est assez fidèle à la vérité.
Ce texte a sans doute été écrit au moment où ça commençait à ne plus trop aller dans ce couple. Verlaine regrettait d’avoir suivi Rimbaud sur les chemins en laissant femme et enfant. Rimbaud en avait assez de ses jérémiades. Il se moque de lui et l’appelle La Vierge Folle. Il se désigne lui-même sous le nom d’Epoux Infernal. C’est très long alors je vous en met quelques passages.
Vierge Folle
Ecoutons la confession d’un compagnon d’enfer :
« O divin Epoux, mon Seigneur, ne refusez pas la confession de la plus triste de vos servantes. Je suis perdue. Je suis soûle. Je suis impure. Quelle vie !
Pardon, divin Seigneur, pardon ! Ah ! Pardon ! Que de larmes! Et que de larmes encore plus tard, j’espère !
Plus tard, je connaîtrai le divin Epoux ! Je suis née soumise à lui. L’autre peut me battre maintenant ! (…)
Je suis esclave de l’Epoux infernal, celui qui a perdu les vierges folles. C’est bien ce démon-là. Ce n’est pas un spectre, ce n’est pas un fantôme. (…)
Lui était presque un enfant…Ses délicatesses mystérieuses m’avaient séduite. J’ai oublié tout mon devoir humain pour le suivre. Quelle vie ! La vraie vie est absente. Nous ne sommes pas au monde. Je vais où il va, il le faut. Et souvent il s’emporte contre moi, moi la pauvre âme. Le Démon ! C’est un Démon, vous savez, ce n’est pas un homme. (…)
Plusieurs nuits, son démon me saisissant, nous nous roulions, je luttais avec lui ! Les nuits, souvent ivre, il se poste dans des rues ou dans des maisons, pour m’épouvanter mortellement. (…)
Je voyais tout le décor dont en esprit, il s’entourait ; vêtements, draps meubles : je lui prêtais des armes, une autre figure. Je voyais tout ce qui le touchait, comme il aurait voulu le créer pour lui. Quand il me semblait avoir l’esprit inerte, je le suivais, moi, dans des actions étranges et compliquées, loin, bonnes ou mauvaises : j’étais sûre de ne jamais entrer dans son monde. A côté de son cher corps endormi, que d’heures des nuits j’ai veillé, cherchant pourquoi il voulait tant s’évader de la réalité.(…)
Un jour peut-être, il disparaîtra merveilleusement ; mais il faut que je sache s’il doit remonter à un ciel, que je voie un peu l’assomption de mon petit ami ! »
Drôle de ménage !
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On survivra au grand naufrage
On s'abîmera malgré notre âge
Sans regretter les grandes marées
On fera tout ce que l'on voudra
On ira là où l'on pourra.
Pas de conscience ou presque !