Je voulais vous parler du livre d'André Gide "Les faux-monnayeurs". On pourrait penser que le livre parle de ... fausse monnaie (lol) mais non! A part une petite référence dans le bouquin sur de fausses pièces, ce sont surtout le faux-semblant et les sentiments faussés qui sont ici pointés.
J'avais déjà lu le livre, mais je n'étais pas encore slasheuse à 'époque et je l'ai donc relu, avec ma "nouvelle vision".
Dans ce livre, on suit plusieurs personnages: D'abord Bernard Profitendieu, qui fuit la maison parentale, à la suite de la découverte d'un grand secret sur sa naissance, et qui trouve refuge pour la nuit, chez son camarade Olivier Molinier. Tous deux doivent avoir 16 ou 17 ans et passent le bachot (peut-être sont-ils plus vieux). Puis, on recontre Edouard, un écrivain qui est aussi l'oncle d'Olivier. D'autres personnages gravitent autour: la famille Profitendieu, la famille Moliner, les camarades des garçons, le frère ainé d'Olivier, Vincent, qui a abandonné sa maîtresse (déjà mariée à un autre homme) enceinte de lui, et qui a une nouvelle maîtresse...
Enfin, le livre est assez dense et traite aussi de l'écriture d'un livre et de la vision des écrivains sur cette écriture.
Mais j'en arrive au point le plus intéressant pour nous (oui, je sais j'ai un peu trop blablaté, vous pouvez réveiller votre oeil slashique!): les relations plus qu'ambigues entre Edouard et son neveu Olivier! ^^
En effet, Edouard ne connaissait pas vraiment les enfants de sa demi-soeur Pauline. A la suite de la rencontre bizarre avec le plus jeune, Georges, il entre à nouveau dans la vie de sa demi-soeur et rencontre donc Olivier, pour qu'il développe une affection assez marquée.
Tout est dans la parole, Edouard nous décrit ce qu'il ressent dans son journal, tout en suggestion plutôt. Quant à Olivier, on nous décrit le trouble et l'émoi qu'il ressent près de son oncle. En gros, ils sont mimis tout pleins! ^^
A ce couple, on peut aussi plutôt voir du Bernard/Olivier. L'un des premiers chapitres nous présente Bernard qui trouve refuge, la nuit, chez Olivier, après sa fugue. Olivier dort dans une chambre avec son frère (cette chambre est à un autre étage que l'appartement de ses parents). Le moment du coucher est assez mignon... La slasheuse en moi a été plus que ravie même s'il ne se passe rien... C'est vrai qu'il y a aussi le petit frère dans la pièce mais quand même...
Un petit extrait? Bernard se réveille avant Olivier (avec qui il dort dans le même lit) et Georges:
Citation:
"Il rentre dans le monde réel pour sentir le corps d'Olivier peser lourdement contre lui. Son ami, pendant le sommeil, ou du moins pendant le sommeil de Bernard, s'était rapproché, et du reste l'étroitesse du lit ne permet pas beaucoup de distance; il s'était retourné; à présent, il dort sur le flanc et Bernard sent son souffle chaud chatouiller son cou. Bernard n'a qu'une courte chemise de jour; en travers de son corps, un bras d'Olivier opprime indiscrètement sa chair. Bernard doute un instant si son ami dort vraiment. Doucement il se dégage."
Leur relation est très mignonne! Ils ont beaucoup d'affection l'un pour l'autre.
On peut aussi soupçonner un peu d'Olivier/Armand (qui est un camarade des garçons).
De plus, Vincent (le grand frère d'Olivier) connaît un autre personnage, le Comte de Passavant, qui deviendra, dans un concours de circonstance, le mentor d'Olivier. Ce dernier passera tout un été, après son bachot, avec lui. Ce qui d'ailleurs entraînera des rumeurs que le Comte fera tout pour démentir.
Cette "relation" attristera Edouard, qui avait déjà pourtant pris sous son aile, Bernard (mais il n'y a pas vraiment de relation ambigue entre eux, ils sont un peu gênés d'être ensemble, ils s'apprécient surtout à cause d'Olivier). A la fin du roman (pour ceux qui ne veulent pas savoir ne lisent pas), Olivier,
suite à tentative de suicide, reste habiter chez Edouard, avec la bénédiction de sa mère (on a même une conversation assez hallucinante entre ces deux-là sur l'"amour" qu'Edouard porte à Olivier). Rien n'est dit mais la tendresse des gestes est là.
Je crois que si l'homosexualité est suggérée c'est surtout que l'époque le voulait. Il a publié le livre en 1925. Mais Gide est un auteur qui parle de l'homosexualité. Il a écrit un livre dessus "Corydon" (1924). Je ne l'ai pas encore lu mais je suis curieuse de le faire.
Je ne sais pas si André Gide était gay (bien que la figure d'Edouard, qui écrit lui-même dans le livre un roman intitulé "Les faux-monnayeurs, soit en fait celle de Gide, donc on peut se douter de qqchose! ^^). Il s'est marié avec une cousine mais ça pouvait être juste pour garder les apparences.
Je ne sais pas si tout le monde aimera ce livre. Les parties où Gide décrit sa vision du roman, de l'écriture d'un roman, de certains écrivains peut être assomante! Moi, je garde de ce roman une petite pensée émue. Je n'étais pas encore slasheuse (officiellement) mais je rêvais déjà à un petit baiser entre Edouard et son neveu! ^______^
Voilà, j'arrête de vous embêter. J'espère que vous avez tout compris, j'ai laissé beaucoup de blanc, si le livre peut intéresser quelqu'un!
Poutoux.
Gred.