Un grand merci à Glasgow pour la bêta.
Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas, je ne fais que les emprunter sans en tirer de profit.
Pretty Watson.
- John. Nous sortons. - Euh… d’accord… répondit le blond en buvant une gorgée de thé.
Alors qu’il était assis, quasi immobile, depuis des heures, le détective se leva subitement de son fauteuil fétiche.
- Maintenant, asséna-t-il. - D’accord.
Le temps de reposer sa tasse et de prendre son manteau, Watson suivit Sherlock hors de leur appartement. Celui-ci était déjà en train de dévaler les escaliers et l’ainé ne le rattrapa qu’à hauteur du taxi que le brun venait de héler.
En montant dans le véhicule il s’étonna que son amant ne donne pas d’adresse au chauffeur. Peut-être la lui avait-il déjà communiquée. Ou alors il avait réservé leur moyen de transport un moment avant de lui annoncer qu’ils sortaient. C’était bien Sherlock de faire ce genre de choses.
Prenant son mal en patience – en général il finissait toujours par avoir une explication tôt ou tard – le médecin s’appuya contre le dossier de la banquette arrière du taxi et regarda défiler les rues de Londres. Clairement ils se dirigeaient vers le centre ville, haut lieu commerçant animé à toute heure du jour et de la nuit. Bah après tout il n’était que seize heures, quelle que soit l’investigation que voulait mener Sherlock il y avait de grandes chances qu’ils soient rentrés chez eux à l’heure du repas. Restait à convaincre ce dernier de la nécessité de s’alimenter, encore.
Une petite demi-heure plus tard le taxi les déposa devant le plus grand magasin de vêtements de la capitale et le détective s’y engouffra, laissant à John le soin de régler leur course.
Assez étonnamment le cadet l’attendait juste à l’entrée de la boutique, lui prit la main – chose qu’il ne faisait jamais en public – et l’entraina vers le rayon hommes. L’ancien soldat se laissa faire, surpris et heureux de ce geste affichant clairement leur lien. Les joues rouges il guettait les regards des autres personnes sur leurs doigts entrelacés. Mais les clients ne faisaient pas réellement attention à eux et il se sentit un peu vexé que leur mini coming-out ne soit pas plus remarqué.
Arrivés au premier étage, lieu sacrosaint de la mode masculine, le brun alpagua sans aucune gêne la première vendeuse qu’il trouva.
- Vous, lui dit-il de son ton le plus péremptoire tout en lui tendant sa carte de crédit, vous allez vous occuper de nous.
La jeune femme, visiblement assez impressionnée acquiesça docilement.
- Nous voulons un salon privé pour nos essayages. Et du Champagne. Et nous aurons besoin de vos services tout le temps que durera notre présence.
Ecarquillant les yeux face à ces demandes inhabituelles, la vendeuse jeta un discret coup d’œil – qui n’échappa ni à l’un ni à l’autre – à la carte bancaire.
- Veuillez me suivre Monsieur Holmes, finit-elle par dire après avoir repris contenance.
Et elle amena les deux hommes derrière un rideau qui séparait la partie showroom de l’espace privé dévolu aux essayages. Là elle les fit entrer dans un immense dressing aux murs couverts de miroirs. Dans un coin se dressaient une petite table ronde – sur laquelle trônait un magnifique bouquet de roses fraîches – et deux fauteuils.
- Installez-vous, je reviens dans quelques instants.
Affichant un sourire radieux, Sherlock se posa sur un des fauteuils. John le regarda avec des yeux ronds, cherchant à comprendre ce qui pouvait bien les amener ici et justifier ces demandes extravagantes.
- Allons John, ne me dis pas que tu ne devines pas la raison de notre venue. C’est pourtant évident.
Secouant la tête en signe de dénégation, le médecin s’assit lui aussi.
- Tu veux bien m’expliquer ? demanda-t-il. - Puisqu’il le faut… se désola le cadet. J’ai décidé de te relooker. - Quoi ?! Mais… - Pas de ‘mais’. Je ne peux pas croire que tu prennes plaisir à porter ces… ces frusques. - Ces frusques ? Vraiment Sherlock ? Tu parles de mes vêtements là ! Et en plus tu ne semblais pas trop gêné par eux quand tu faisais tout ton possible pour m’attirer dans ton lit.
Un petit reniflement dédaigneux fut la seule réponse qu’obtint le blond pendant… deux bonnes secondes.
- Justement, c’est une honte de cacher un corps aussi bien fait sous des fringues pareilles. Mets-toi en valeur bon sang ! De toute façon, d’accord ou pas, nous ne repartirons pas sans t’avoir choisi au moins trois tenues dignes de ce nom.
Watson se passa une main lasse dans les cheveux. Quand son amant était dans cet état d’obstination féroce il ne servait à rien de chercher à tergiverser, autant céder le plus vite possible pour en finir au plus tôt.
C’est le moment que choisit la vendeuse pour revenir, les bras chargés d’un plateau sur lequel reposaient un seau à Champagne et deux flûtes. Quelques instants plus tard ils avaient tous les deux une coupe en main. Dubitatif John y trempa les lèvres, plus habitué en matière de bulles à boire de la bière.
- Je n’ai besoin de rien, annonça Sherlock à la jeune femme, en revanche mon compagnon n’a pas de costume. Je pense qu’un Armani dans la collection classique pourrait tout à fait lui convenir, bleu marine s’il vous plaît, ou gris ardoise, surtout pas noir.
Le docteur faillit s’étrangler en comprenant que son colocataire avait décidé non seulement de renouveler sa garde-robe mais surtout de taper dans une marque bien trop chère pour leur budget.
- Sherlock, protesta-t-il à mi-voix alors que leur hôtesse tournait les talons. C’est trop ! Et tu sais pertinemment que je n’arrête pas d’abîmer mes vêtements quand nous courons après des criminels, ce qui nous arrive assez souvent pour ne pas investir dans des habits de luxe. - Et bien tu n’auras qu’à faire plus attention. J’y arrive bien moi. - C’est non. - Tu n’as pas le choix. - Oh que si, siffla le blond en se levant, bien décidé à quitter les lieux et à rentrer chez eux.
Les doigts du cadet enserrèrent aussitôt son poignet, le stoppant net.
- John, s’il te plaît, fais-moi plaisir.
Dans la bouche du brun cela avait tout de la supplication, même si le ton restait intransigeant.
- Bon… bon ok… mais tu me promets de faire un vrai repas ce soir, négocia Watson.
Un petit sourire triomphant et un hochement de tête en guise de promesse. C’était donnant-donnant.
- Tu devrais aller te déshabiller, la vendeuse ne va pas tarder à revenir.
L’ancien militaire grogna mais se dirigea tout de même vers le paravent situé au fond du dressing. Il venait tout juste de finir de se dévêtir, ne gardant que son boxer, lorsque la jeune femme lui fit passer les costumes qu’elle avait sélectionnés pour lui.
- Quelle chemise désirez-vous essayer ? lui demanda-t-elle en lui présentant sans le regarder un assortiment de teintes pastelles. - Euh… - La blanche, annonça Holmes, une fois de plus péremptoire. Avec l’ensemble bleu marine. Allez nous chercher une chemise grenat, ordonna-t-il à la jeune femme. Le gris ardoise ne souffre en matière de tons clairs que des couleurs fades qui ne vont pas à John.
Il n’avait pas bougé de son fauteuil, comme toujours à l’affut des petits détails susceptibles de tromper son ennui.
Résigné le docteur passa le pantalon bleu et la chemise blanche, savourant tout de même au passage la sensation douce du tissu de qualité sur sa peau. Enfin il enfila la veste assortie et se décida à sortir de sa cachette. Avançant de quelques pas vers son amant il attendit sa réaction avec circonspection.
Bouche ouverte, pupilles dilatées, Sherlock ne le quittait pas des yeux.
- Alors ? interrogea l’aîné, inquiet du mutisme de son compagnon. - Tu es… tu… ton maintien… j’étais sûr… commença le détective en se trémoussant dans son fauteuil comme si celui-ci était devenu inconfortable. Tu es… parfaitement bandant ! s’exclama-t-il au moment où leur hôtesse revenait avec une chemise pourpre.
John devint aussi rouge que sa future chemise et battit en retraite derrière le paravent. Une fois débarrassé des regards – concupiscent de Holmes et gêné de la vendeuse – il se sentit un peu mieux et s’autorisa à savourer les paroles de son amant. Un petit sourire vint étirer les commissures de ses lèvres, sourire qui alla en s’étirant jusqu’à devenir éblouissant. Jamais avant ce jour Sherlock ne lui avait fait un tel compliment alors qu’il était tout habillé. A vrai dire, c’était probablement l’éloge le plus fort qu’il lui ait jamais fait.
- Arrête de sourire, lui lança le brun depuis l’autre côté de la pièce. - Tu me vois ? s’étonna John. - Bien sûr que non, s’amusa le consultant, mais je sais que tu es en train de sourire.
Un petit rire échappa au médecin.
- Tu veux que j’essaye l’autre costume ? - Bien entendu.
C’est avec fébrilité que le plus âgé se déshabilla pour enfiler l’autre tenue choisie par son homme. Le tissu, bien qu’un peu plus chaud, était tout aussi confortable. Quant à la chemise, elle était tout bonnement divine à porter. De la soie ? s’étonna Watson en consultant l’étiquette. Etait-il vraiment du genre à porter pareille matière ? En tout cas c’était très agréable.
Il s’avança une nouvelle fois vers le brun, souriant d’avance à l’idée de lui plaire, un peu inquiet toutefois de ne pas être aussi séduisant que dans la tenue précédente.
- Défait le premier bouton de ta chemise, demanda Sherlock d’une voix légèrement éraillée. Bon sang, soupira-t-il quand ce fut fait. Tu es… magnifique, sensuel. J’ai envie de toi. Je savais que tu serais sublime dans des vêtements griffés. Tu as le physique pour les mettre en valeur avec tes épaules carrées et ta prestance de militaire. Il manque juste les chaussures qui finiront tes tenues, j’en ai repéré quelques unes en passant.
Un éclat de rire l’interrompit.
- Quoi ? - Tu crois vraiment que je vais te laisser me payer tout ça ? C’est de la folie bébé. Mais c’était un moment agréable et une bonne expérience. Je te promets d’acheter autre chose que mes vieux pulls informes et que tu pourras m’accompagner faire du shopping. Ça te va ? - Non, bouda le brun. - Il est hors de question qu’on achète des vêtements aussi chers. J’suis même sûr qu’ils doivent dépasser le montant de paiement autorisé de ta carte bancaire.
Un lent sourire illumina le visage du cadet.
- Tu fais erreur très cher. Ce n’est pas ma carte bancaire, c’est celle de Mycroft ! Et je pense qu’il n’a pas de plafond. Après tout il est le gouvernement !
Un nouvel éclat de rire échappa au militaire. Cela lui rappelait le jour où ils s’étaient retrouvés à Buckingham, lorsque Sherlock avait volé un cendrier.
- Très bien, capitula-t-il. Si c’est ton frère qui régale… Mais tu te débrouilleras avec lui quand il s’en apercevra. - Evidemment.
Quelques minutes plus tard, alors qu’ils ressortaient du grand magasin après avoir ‘payé’ leurs achats et que Watson tendait un bras pour arrêter un taxi le détective proposa :
- Un plateau télé ça te dirait ?
Eberlué, John le dévisagea en se demandant ce que son compagnon allait encore bien pouvoir inventer.
- Euh oui, pourquoi pas. - On pourrait regarder un DVD non ?
N’en revenant pas il se contenta d’acquiescer. Depuis quand Sherlock aimait-il ce genre de soirée ?
- Pretty Woman John… tu en penses quoi ?
FIN
|