Voici l'une de mes toutes premières fanfics, du moins la première avec de vrais morceaux de yaoi dedans :) Elle a été écrite alors que la série Fruits Basket débutait en France, ce qui explique d'éventuelles incohérences avec la suite de l'histoire officielle ^.^;; Par contre, il n'y a que le chapitre 1... :\
Octobre. Octobre, et non pas l’octobre. Affublé d’un article défini, ce mois perd toute son identité.
Octobre est le mois de la mort, de l’agonie, mais aussi la promesse de la résurrection, du printemps encore endormi au cœur de la sève. Peut-être est-ce pour cela que, paradoxalement, le mois qui reçoit le secret de la mort détient aussi le secret de la vie ?
Hanajima Saki sorti comme une ombre de la maison silencieuse, se fondant dans la fraîcheur de la nuit d’automne. Son ample cape noire flottant autour d’elle, la jeune fille mêla ses pas à la brise amère, et les feuilles mortes la suivirent jusqu’à la forêt. Elle se faufila de rue en rue, petit point noir coupant des champs gorgés de lune, emportant avec elle un peu de chaleur au milieu des grands arbres décharnés dont les branches griffaient le ciel.
Cette nuit-là, les pensées des Hommes étaient comme des cailloux jetés dans l’éther. L’air ondulait jusqu’à elle, déformant un instant le reflet du réel. Ces ondes, elle les sentait, les entendait, tel un étrange poisson-sorcière, noir et solitaire dans la brise glacée. Courant dans la petite ville sous un désert semé d’étoiles, elle remontait les cercles concentriques jusqu’à leur source ; ils étaient d’autant plus tangibles qu’elle s’en rapprochait.
Soudain, elle se figea. Quelque chose avait bougé à deux pas d’elle.
« Tôru… »
La jeune fille leva vers son amie deux yeux embués de larmes. Puis elle se jeta sur elle et l'enlaça. Un bruit sourd : le cœur de Saki cognait plus fort dans sa poitrine.
« Je savais que je te trouverais ici… » murmura-t-elle en refermant ses bras sur le petit corps ensangloté.
« Raconte… raconte-moi… qu’est ce qui s’est passé ? »
Tôru resserra son étreinte et, d’une voix brisée par le chagrin, elle raconta…
Trois jours plus tôt.
L’avion vira de bord et amorça sa descente.
Tôru, le nez collé au hublot, contemplait la ville qui s’étendait sous elle, les yeux grand ouverts. Un grand sourire niais flottait sur ses lèvres.
« Okâsan, c’est magnifique ! C’est la première fois que je prends l’avion ! Les gens ont vraiment l’air tout petits vus d’en haut ! »
Elle tenta de distinguer la maison de Shigure, en vain. Ils n’étaient pas encore assez près du sol.
La maison… ça ne faisait que deux mois qu’elle était partie, et ils lui manquaient déjà. Shigure, Yuki… Kyô, surtout. Tôru eut un pincement au cœur en se rappelant la lettre qu’elle avait reçue le lendemain de son arrivée, dans laquelle il lui annonçait qu’il repartait s’entraîner dans la montagne. Elle se rendit compte que pendant les semaines qui avaient précédé son départ, elle avait secrètement espéré qu’il l’accompagnerait à ce stage d’anglais qu’elle avait choisi pour pouvoir intégrer l’université l’année suivante.
Comme il lui avait manqué! A Osaka, la seule vue d’un chat suffisait à lui briser le cœur. Heureusement, les animaux étaient rares dans les rues. Dans le paysage qui défilait sous l'avion rugissant, Tôru voyait s’inscrire des centaines de petites choses, des bribes de souvenir qui lui rappelaient ces moments qu’ils avaient passés ensemble. Enfin, elle allait le revoir. Et, cette fois-ci, elle lui dirait ces mots qu’elle n’avait pu prononcer cette nuit là, cette terrible nuit de juin où elle avait découvert le véritable aspect de Kyô…
Quelques minutes plus tard, son taxi démarrait. Aux routes succédèrent les chemins, aux villes succéda la forêt. Enfin, la maison apparut, au loin. Tôru s’approcha lentement, presque hésitante, savourant l’odeur de l’herbe sèche. Et puis soudain, n’y tenant plus, elle s’élança, courut sur la route parcheminée de poussière brune, les yeux brillants, le visage caressé par un rayon de soleil.
« Okâsan, je suis enfin de retour ! Je reconnais ce petit chemin ! Et ces arbres! Et ces buissons! Et Yuki et Kyô en train de s’embrasser! Et… »
- Are ? °__°
Le cœur battant à tout rompre, Tôru revint sur ses pas. Là, derrière ce buisson… elle n’avait pourtant pas rêvé? Silencieuse, elle revint sur ses pas.
Yuki, frémissant, était adossé à un arbre. Il ne pouvait plus fuir, et se bornait à regarder Kyô comme une souris regarde un chat. Craintive. Tremblante. Hypnotisée. Kyô jouait avec lui, comme un félin joue avec sa proie avant de la dévorer.
Et cette proie, c’était lui ; les yeux grands ouverts, les traits crispés, il regardait droit devant lui en sentant les lèvres du jeune homme caresser son cou. Son esprit fondait, se déchirait, éclatait en un millier de facettes reflétant un millier de possibilités différentes, allant de la fuite à… à bien pire.
Kyô glissa un doigt inquisiteur dans la chemise de Yuki, embrassant sa peau nue au fur et à mesure. Son autre main remontait lentement le long de sa jambe, tandis que des désirs inconnus naissaient dans son esprit. Les deux garçons étaient pris dans une danse insolite de pulsions mutuelles, combattant, cédant du terrain, hésitant, se lançant pour mieux se réfréner ensuite, mais progressant inexorablement vers le point de non-retour avec une passion délicieuse qu’ils avaient encore peur de s’avouer.
Soudain, une feuille morte se détacha et tomba sur le nez de Yuki, rompant l’enchantement.
D’un coup, il se redressa et, paf ! envoya son tortionnaire sur orbite.
- Qu’est ce que tu m’as fait, baka neko ! cria-t-il en se rhabillant précipitamment.
- Je n’ai rien fait ! C’est toi qui m’as aguiché, sale rat !
- Hein ? Tu t’es jeté sur moi par surprise !
- Ah ouais? Ca n’avait pas l’air de trop te déranger !
- Je…
Une brindille craqua derrière eux, et les garçons se retournèrent comme un seul homme.
« Tôru! »
La jeune fille serrait son sac contre elle, tétanisée, une expression de profonde incompréhension peinte sur son visage.
- Je… je… sumimaseeeeeen ! °___°
- Tôru ! Je ne voulais pas… » commença Yuki en s’élançant vers elle.
Mais c’était trop tard. Tôru était partie en courant. Il se retourna vers Kyô, fulminant.
- Tu es fier de toi, crétin de chat ? Tu as vu ce que tu as fait ?
Mais lui aussi avait pris la fuite…
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