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 Sujet du message: [Finie] Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 18 Déc 2011 10:52 
Hors ligne
Slash ou non, telle est la question...
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Inscription: 09 Aoû 2011 06:55
Messages: 775
Localisation: quelque part dans la chaîne des Puys...
Encore une fic sur Merlin.
Titre : le choix d'une vie
Pairing : Arthur / Merlin

Type : romance/drama ( ce n'est pas une deathfic )
Prparer des mouchoir et éloigner votre clavier pour lui éviter vos coup !

Bonne lecture
.
Je sais que j'ai tendance à faire des long chapitres... mais je n'arrive pas à faire plus court.
Merci :D
.

Résumé :

'' Sorcier ! Hors de ma vue sorcier ! Hors de ma vue menteur que tu sois ! Je ne veux plus jamais te voir ! Où je te mettrais moi-même au bucher ! '' Criait le jeune roi. Et devant cette haine, Merlin se laissa couler au fond du lac d'Avalon. Avant que la pièce que formaient ces deux êtres ne soit détruite, l'ancienne religion avait décidé que les choses ne se passeraient pas de cette manière.

.
Le choix d'une vie.

Chapitre 1 : La lettre.


Dehors, le temps était tout aussi désemparé que ce que vivait actuellement Merlin. Le soleil boudait la présence des nuages et un léger brouillard se propagea subitement autour du royaume. Oui, le temps partageait la peine de Merlin. Dans sa chambre, le jeune sorcier laissait couler ses larmes qui se précipitaient à même le sol. Dos à la porte, tête baissée et ses mains contre celle-ci, ses perles coulèrent sans s'arrêter, comme si lentement, Merlin se vidait de sa vie. Toutes ses larmes pour les paroles d'un homme, toutes ses larmes pour le regard noir de son souverain. La respiration entrecoupée, il se laissa choir à terre en tremblant aux rythmes de ses sanglots. La tête au-dessus de ses genoux et, ses mains plaquées contre ses oreilles, il ne voulait plus entendre le jeune roi. Les mots semblaient traverser tous les murs qui le séparaient de lui. Des mots violents qui résonnaient inlassablement dans sa tête :
'' Sorcier ! Hors de ma vue sorcier ! Hors de ma vue menteur que tu sois ! Je ne veux plus jamais te voir ! Où je te mettrais moi-même au bucher ! ''
Affolé et désorienté, Merlin les entendait à répétition et, chaque fois qu'il les écoutait, une lame invisible semblait le transpercer douloureusement. Telles des blessures de guerre, son âme les ancra définitivement au fond de son être. Son corps entier semblait se disloquer à chacun de ses coups. Merlin, pour la première fois de sa vie, ressentit une peur, pas de cette émotion qui paralyse. C'était de celle qui foudroie sur place, celle qui tiraille de l'intérieur mais, surtout de celle qui blesse comme jamais aucune autre personne n'aurait eu l'audace de vous faire subir, hormis les traîtres.
.
.
Quelques minutes plus tôt, Arthur venait d'être attaqué par Morgana. Merlin, trop loin de lui, avait entendu son cri qui eut l'effet de le faire frissonner d'effroi. Il avait ressenti la douleur qui le marqua au fer sur son torse. Arrivé sur les lieux, dont l'atmosphère de la pièce semblait être parfumée d'une odeur métallique et, insupportable, le jeune druide distingua le corps du roi allongé. La sorcière était repartie heureuse sans laisser de trace. Seul un ricanement à faire revenir les morts se répercutait contre les murs du château. Soudain, un poignard apparut par enchantement pour se loger sur son bras gauche. Si Merlin n'avait pas eu le réflexe de l'esquiver, il l'aurait reçu en plein cœur puis, il se retint de gémir sous cette douleur en l'enlevant du bout de ses doigts tremblants qui échappa un filet rouge vif.
Il s'approcha du corps inerte en respirant difficilement. Il dut fermer ses yeux un instant pour ne pas céder à sa colère… colère contre Morgana qui avait osé toucher à son roi. Merlin s'agenouilla auprès d'Arthur et, avec adresse, il le prit entre ses bras. D'une pâleur à l'effrayer encore plus, il se pencha légèrement puis, en sentant son souffle léger contre sa joue, il incanta un sort. De ses lèvres, des mots trop anciens pour être compris résonna dans la pièce, telle une mélodie douce et harmonieuse. De ses mains, sa magie s'extirpa pour soigner une grande partie des blessures du jeune roi.
Le jeune sorcier priait en silence parce qu'Arthur ne devait pas mourir ce jour, son heure n'était pas encore arrivée. La tête, encore inclinée au-dessus du visage de son roi, quelques-unes de ses larmes qui tombèrent sur le front de ce dernier. Avec tout son dévouement, il lui murmura ce qu'il ressentait à ce moment même :
— Tu ne dois pas mourir Arthur. Tu as tant à faire encore, tu es encore trop jeune pour partir.
Il s'arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle et, à travers ses larmes, telles des prières, il continua :
— Tu n'as pas encore vu le monde au-delà de ton royaume, tu n'as pas encore trouvé celle qui te correspond… tu n'as pas le droit d'abandonner ton royaume…
Merlin serra fortement sa mâchoire, tout en retenant ses pleurs et, en le contemplant de ses yeux humides, il grinça entre ses dents :
— Tu ne peux pas me laisser seul…
Sa voix tremblante était empreinte de colère, de celle qu'il s'infligeait parce qu'il venait de faillir à son devoir. Mais, surtout, elle était aussi empreinte de tristesse parce qu'il venait de perdre son roi. Une nouvelle perle dévala de sa joue pour tomber sur celle d'Arthur. Les yeux fermés, il ne pouvait pas admettre qu'il avait échoué. Et, quand enfin, le jeune mage vit les paupières de son vis à vis s'ouvrir doucement devant son visage, Merlin lui offrit un sourire de soulagement.
.
Merlin fixait Arthur de ses yeux encore humides lorsque, brutalement, ce dernier lui répondit par un regard durci. Son cœur se mit sauvagement à battre d'une crainte que le jeune sorcier n'aurait jamais imaginé voir un jour dans ce regard bleu. Le jeune Pendragon se releva tant bien que mal et, chancelant, il se dégagea prestement de ses bras pour lui faire face. Merlin, figé, accueillit la noirceur de ses yeux comme un coup de poignard. Lentement, la colère d'Arthur l'enfonçait sur son corps. À chaque millimètre que cette arme invisible le traversait, cette lame atteignait son organe vital…
Les yeux du roi, habituellement bleus, autrefois plein de compassion pour lui, ne trahissaient jamais le fond de l'âme. Et, ce fut devant ce terrible regard, mêlé d'éclairs aux profondeurs noires de ses iris, que Merlin mourut. Ce dernier entendait à peine les paroles d'Arthur qu'il lui vomissait dessus, paroles auxquelles étaient ancré la rage et la haine.
— Comment as-tu pu oser me faire ça ! Comment as-tu pu me mentir jusque-là ? !
Or, sa tête enregistrait tous ces mots, lentement…
— Sorcier ! ajouta-t-il froidement en le désignant de son index.
En agitant ses bras devant lui, le roi fit les cents pas sans cacher son énervement. Merlin, soudainement vide de son état d'esprit, le regardait d'un air livide. Les traits du visage royal, complètement tendu d'une grimace colérique, le rendirent méconnaissable.
— Hors de ma vue sorcier ! Hors de ma vue menteur que tu sois ! Je ne veux plus jamais te voir ! Ou je te mettrais moi-même au bucher ! finit-il par hurler en lui indiquant d'un geste de la main la direction à prendre.
Merlin sortit sans un regard supplémentaire en se maintenant le bras blessé par la lame de Morgana. Il finit par la soigner mais, comme une tache indélébile, une marque resta tatouée sur sa peau laiteuse.
.
Maintenant que devait-il faire ? Il n'y avait plus rien à exposer, le roi venait déjà de lui donner sa sentence et, même sans la prononcer, Merlin l'avait lu dans ses yeux sombres. A ce souvenir, un frisson l'électrisa des pieds à la tête. Sa gorge se comprima tant qu'aucun gémissement ne put en franchir et, son cœur palpitait avec tant de frénésie qu'il eut du mal à se reprendre. Merlin pouvait comprendre la rancœur du roi mais, jamais, ô grand jamais, il n'aurait pensé être subitement rejeté par celui qu'il avait tant défendu et, surtout par celui qu'il avait eu foi. Lamentablement, Merlin se releva de la porte et prit son sac à dos presque vide. D'un mouvement de ses mains, il laissa tout de même une trace de lui sur un bout de parchemin.
Le poids de son sac lui parut dérisoire, devait-il le prendre ? Merlin jeta un dernier coup d'œil doré à la chambre et, en soupirant, il ferma la porte derrière lui. De ses pas lents, il fut seulement porté par le rythme de son cœur qui battait doucement, comme s'il ne tardait pas à s'arrêter. Ce fut l'âme déchirée qu'il quitta le laboratoire sans regarder Gaius qui tentait de lui parler. Tout était flou, plus rien n'avait d'importance pour lui… mais, était-il encore dans ce corps ? Tel un errant, il marcha jusqu'à la sortie du royaume toujours aussi doucement. Le regard entièrement vide… Il n'entendait ni Gauvain et ni Lancelot lui crier après, il ne vit pas non plus leurs larmes…
.
.
Quand Gaius arriva, ce fut à la seconde où il entendit les paroles pleine de rage du jeune roi. Immobile devant cette scène, il ne put que constater avec inquiétude toute la douleur qu'Arthur infligeait à Merlin. Lorsque son pupille quitta la pièce, le médecin s'avança vers le souverain de Camelot. Avant même qu'il ne puisse défendre le jeune sorcier, le roi le fusilla de son regard encore noir :
— Vous le saviez ! N'est-ce pas !
Arthur était dans une telle colère que rien ne permettait aucune une réponse. Ses traits étaient si tendus et son ton était si aussi froid que les membres tremblèrent à chacun de ses mots. Cependant, Gaius devait lui apporter un peu d'éclaircissement :
— Je sais combien cela doit être difficile à admettre mais, Merlin a toujours agi pour votre bien.
Arthur, le souffle saccadé, n'avait nullement envie de se calmer. Il fixa durement le médecin et, en le pointant du doigt, il lui hurla :
— Ne lui cherchait aucune excuse ! Il a osé me mentir durant près de six ans !
Un léger ricanement franchit à travers ses lèvres serrées puis, plus déterminé, il ajouta d'une voix plus rauque :
— Sa seule erreur a été de m'avoir menti ! De s'être joué de moi ! s'écria-t-il rouge par la fureur qui s'insinuait en lui et par la ténacité de sa rage qui lui tordait le corps.
La tension était telle que le roi tremblait encore de tous ses membres et il avait besoin de l'évacuer en se retrouvant seul.
— Sortez tous ! Je ne veux plus voir personne ! cria-t-il contre ses gardes.
Puis, en tournant son regard sombre sur le médecin, il lui suggéra avec attention :
— Veillez à ce que ce vaurien de menteur qu'il soit, quitte le royaume et ce, dès cette seconde.
Sans sourciller, le médecin s'exécuta sans un regard tandis que le roi partit le pas lourd jusqu'à sa chambre pour s'y enfermer.
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Quand Gaius pénétra dans son laboratoire, le plus mauvais des pressentiments qui soit, s'empara de sa poitrine. Il tenta un dialogue avec son pupille mais, celui-ci ne le remarquait même plus. Le médecin constata avec tristesse que, dans les yeux de ce dernier, l'étincelle de vie avait presque disparu. Il le regarda seulement s'en aller le cœur meurtri sans pouvoir le retenir. Quelque secondes plus tard, il fit un pas dans la chambre de Merlin et, la main sur la bouche, il remarqua l'absence de toutes les affaires de ce dernier. Elle était telle qu'elle avait été lorsqu'il était arrivé. La gorge nouée, il tapa rageusement du poing sur la table où ils mangeaient chaque soirs ensemble.
— Non !
Un hurlement franchit de ses lèvres tremblantes en faisant ainsi écho à sa douleur… Le médecin venait de perdre un fils, tel qu'il le considérait depuis sa rencontre. De sa peine, il s'écroula à genoux en portant les mains sur son visage. En sentant deux mains lui saisir les épaules, il se redressa difficilement et, le visage empreint de toute sa douleur, il croisa le regard humide de Guenièvre. Elle était toute aussi secouée que lui et, mutuellement, ils pleurèrent le départ de leur ami.
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Gauvain et Lancelot croisèrent Merlin à l'approche des grilles de fer du château. Le sac sur le dos, il ressemblait à un mort vivant en chair. Gauvain essaya de lui parler mais, le jeune sorcier ne réagissait plus. Tandis que Lancelot l'empoigna puis, en croisant son regard, il s'immobilisa. Jamais de sa vie, il n'avait vu une telle couleur. Ses yeux paraissaient vides : aucune lueur, aucune chaleur… il n'y avait plus de vie. Les deux chevaliers ne purent que le regarder s'en aller. Eux, qui étaient fait de cœur d'homme, libérèrent leurs larmes d'impuissance, face à la situation de leur ami. Ils se fixèrent un instant en se demandant s'ils ne devaient pas le retenir. Or, le cri du roi résonnait encore, alors, comme Merlin devait absolument quitter le royaume sous peine de subir le bucher, ils le suivirent de leur regard bouillé. Lorsque son ombre s'évapora dans le brouillard, les chevaliers serrèrent leurs dents pour cesser leurs pleurs.
.
.
Dans sa chambre, le roi tremblotait encore de colère et sous cette emprise, Arthur était encore furieux et essoufflé. Ce jour-là, il resta enfermé dans ses appartements. Il ne cessait de faire les cents pas d'un mur à un autre. Puis, en s'arrêtant devant son miroir, il enleva sa tunique déchirée en apercevant une marque rouge sur sa poitrine, juste au-dessus de son cœur. Ce fut à cet endroit que Morgana avait envoyé son sort. Il grimaça en y passant ses doigts comme s'il pouvait encore sentir cette douloureuse percussion lui avait traversé le torse. Quand enfin au soir, son corps sembla s'apaiser de lui-même, il sombra dans un lourd sommeil, sans se déshabiller et sans manger. Cette nuit, il rêva d'un grand dragon. Pas n'importe lequel, celui-là même qui aurait dû mourir sous son coup fatal, trois ans avant.
Quand les premières lueurs des rayons du soleil qui eurent du mal à franchir les nuages épais, Arthur ne prêta nullement attention à son songe. Il resta au lit en réfléchissant encore à ce qui s'était produit la veille. Le jeune Pendragon avait beau chercher des excuses à l'encontre de Merlin, il s'était senti trahi par l'une des personnes qui comptait le plus pour lui. Il voyait en cela une trahison identique à celle que lui avait faite sa sœur. Mais, il dut tout de même s'avouer qu'il lui avait sauvé la vie. Les yeux clos, il entendait encore les mots qui avaient sorti des lèvres de son valet. Il se souvint de sa chaleur qui ressemblait à une mélodie, celle qui l'avait ramené auprès des siens.
Arthur avait cru en un homme qui lui avait caché sa véritable identité. Serrant ses poings avec fermeté, il dut admettre que Merlin avait été assez fort sur ce coup. Debout, en tapant de ses mains sa table, il baissa nerveusement la tête. Comment n'avait-il jamais vu Merlin utiliser sa magie ? Or, le jeune roi ne voyait-il pas en lui qu'un simplet ? Et, la veille, en fermant à nouveaux ses paupières, il revoyait encore sa sœur l'accabler de toute sa propre souffrance. Il se mordit les lèvres quand il réalisa que Merlin n'était jamais loin de lui. Ce dernier était toujours à ses côtés et quelle que soit la situation. Il releva lentement son regard sur le mur qui lui faisait face puis, comme une révélation, il se souvint des dernières paroles de son valet. Aussi difficile que cela lui apparaissait, la douceur mêlée de peine avait su attirer son attention, avant d'avoir été pris de folie et, les seuls mots qu'il avait retenus fut :
— Tu ne peux pas me laisser seul…
Se dressant de tout son torse, il comprit enfin, pourquoi à chacune de ces batailles, il ressortait toujours ou presque indemne. Il ne devait que sa survie seulement à un seul jeune homme : Merlin. En se rappelant de sa colère, Arthur aurait dû écouter Merlin, comme d'habitude mais, lui, il voulait trouver un terrain d'entente avec Morgana. Bien que Merlin l'ait prévenu, une fois de plus, il ne l'avait pas écouté. Le jeune sorcier était toujours de bon conseil et, malheureusement, ce dernier dut essuyer toute son animosité. Pourtant, sur l'instant, il s'était tout bonnement senti trahi.
.
Le roi se leva à midi pour se planter seulement devant sa fenêtre. Il regardait lascivement à travers la vitre. Tôt la veille, le soleil brillait d'une splendeur qu'aujourd'hui, tout était gris. Arthur percevait à peine les villageois qui fourmillaient à la ville basse. Le corps épuisé par cet évènement, quel que fut le temps que cela lui prendrait, il avait besoin de solitude. Le jeune Pendragon devait réagir face à toutes ces révélations mais, surtout, il réalisait la dureté de sa vie qui était loin de ressembler à celle qu'il s'attendait.
.
Toujours le regard fixe sur l'horizon gris de cet automne, Arthur avait enfin fait le point. Une semaine après cet incident, il prit sur lui de comprendre que l'attaque de sa sœur l'avait rendu stérile à toute conversation sur la magie. Son défunt père qui lui répétait que toute personne qui la pratiquait ne pouvait être que mauvaise, avait finalement tort. Il était en vie… et ce, grâce à Merlin… Il était resté des heures planté dans sa chambre à chercher, ne serait-ce que pour trouver une raison de comprendre pourquoi Merlin le veillait. Il passa ses mains sur la tête comme pour se rendre compte de son odieux comportement à l'encontre du jeune sorcier.
En se souvenant encore de ses paroles qu'il lui avait crachées en pleine figure, il secoua la tête en se disant qu'il n'aurait jamais dû… Pas après que Merlin lui avait recommandé de refuser catégoriquement d'entrer dans le jeu de Morgana. Il pouvait aisément comprendre son silence de ces derniers jours mais, le jeune roi aurait au moins pensé que Merlin aurait eu assez confiance pour lui en parler. Il décida donc d'aller à sa rencontre tout en se persuadant qu'il s'était seulement réfugié dans sa chambre comme il le faisait.
En sortant de ses appartements, il entendit des murmures dont il ne saisissait pas les sens. A chacun de ses pas, il sentait le regard lourd des gardes, des servants et même des chevaliers. Arthur fit comme s'il n'avait rien vu et continua son chemin jusqu'au laboratoire du médecin. Quand il pénétra dans la pièce, le jeune Pendragon fut affligé par la scène. De son regard dépité, il voyait Gaius allongé sur son matelas au côté de sire Gauvain qui était assis au bord du lit. Les yeux rougis, le chevalier le calmait en lui tapotant le dos. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre l'état du médecin. Ce fut le cœur battant qu'Arthur courut jusqu'à la chambre de Merlin où, la peur au ventre, il n'y avait plus aucune trace de lui.
A sa grande stupeur, la pièce était telle qu'elle avait été autrefois. Figé, au centre de cette pièce, une douleur atroce envahit sa poitrine. Chancelant, il s'écroula de tout son corps sur le plancher. Etendu, il se tordit d'une souffrance qui se fit encore plus violente et, en fermant les yeux, ce fut avec le cœur lourd qu'il ressentit toute la tristesse de Merlin. Le plancher semblait s'être imprégné de toute la douleur de l'ancien maitre de la chambre. Elle était insupportable, elle l'avait brisé, broyé, déchiré mais, le plus difficile, fut de constater combien cette souffrance l'avait amené à vouloir partir de ce monde.
Des frissons glaciaux parcoururent subitement le corps d'Arthur puis, immobile, une terrible appréhension s'empara de lui. Cette étrange sensation le dévorait de l'intérieur, en lui montrant la portée de ses mauvaises paroles. Allongé depuis quelques minutes, son regard qui fixait un point imaginaire, furent soudainement attirés par un bout de parchemin froissé. Arthur tendit sa main pour la saisir et, en le dépliant, il reconnut l'écriture de son valet. Cette horrible sensation l'empêcha de se relever et, ce fut dans cette position qu'il commença à la lire.
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Arthur,
Tu n'acceptes pas que ce qu'ils coulent dans mes veines soit issu de la magie. Qui mieux que toi aurait pu la comprendre ? N'as-tu pas appris que ta naissance était due à cette même magie ? Et moi, quand de mes yeux, je t'ai vu étendu au sol, j'ai eu peur pour toi.
Tout ce sang qui jaillissait de tes plaies, je m'en suis voulu de t'avoir laissé affronter ta sœur. Mais je ne m'en suis, en aucun cas, voulu de t'avoir sauvé parce que tu es un homme bien. Arthur, garde toujours cette force en toi et veille à écouter les gens qui t'entourent.
Ne fais pas l'arrogant, car tu sais prendre les bonnes décisions. J'ai une grande confiance en toi comme toujours. Ton royaume était toute ma vie. Parce que de mes mains, je t'ai soigné mais tu ne sais pas cacher ta haine contre les miens.
Je ne peux me résoudre à me souvenir de ce que j'ai lu dans tes yeux. Cela m'a tellement blessé que je ne saurais trouver les mots justes. Si je devais te le décrire alors je te répondrais : Tu m'as tué. Mais ce qui me réconforte, c'est que tu puisses vivre.
Moi… moi je ne suis plus rien, je ne vaux rien sans toi. Alors à quoi bon Arthur, toute relation a une fin. En avions-nous au moins une, Arthur ? Et la mienne s'achève aujourd'hui. Longue vie à toi.
Merlin.
.
Arthur, à la lecture de cette lettre, se mit à trembloter si violement qu'il resta encore cloué au sol. Comment avait-il pu laisser les choses dégénérer ainsi entre eux ? Comment avait-il lui-même pu, ne serait-ce, lui hurler sa colère comme il avait fait ? Il avait cru que Merlin serait tout de même resté et qu'il aurait compris ses paroles. Mais, de quelles paroles s'agissaient-ils ? Puisque, Merlin ne faisait qu'allusion à son regard. Avait-il donc était si dur ? Il relut plus lentement la lettre, imprimant les dernières phrases dans sa mémoire :
Moi… moi je ne suis plus rien, je ne vaux rien sans toi. Alors à quoi bon Arthur, toute relation a une fin. En avions-nous au moins une, Arthur ? Et la mienne s'achève aujourd'hui.
.
Il s'agenouilla avec beaucoup d'agitation, une main sur la bouche, en réalisant enfin la portée de son geste. Il dut relire encore et encore cette dernière ligne qui lui expliquait qu'après ce jour, tout serait fini. Arthur sentit les vibrations de son corps qui ne cessaient de se multiplier sous sa lecture. Il avait envie de hurler mais, sa gorge était prise d'une boule serrée. Soudainement fiévreux, fatigué et las… le jeune roi avait les yeux rougis mais, il avait bloqué ses larmes au bord des yeux. Il n'arrivait pas à croire cette lettre… Son cerveau refusait précisément d'imaginer une seule seconde sa vie sans son valet.
Or, que faire quand tout indiquait qu'un adieu était écrit sur ce parchemin ? Que faire lorsque, trop tard, tout porte à croire qu'il n'était plus en ces lieux ? Brusquement, cette force de nier cette évidence poussa Arthur à se relever et il se posta devant Gaius.
— Où est Merlin ? demanda-t-il sans cacher ses tremblements encore trop visibles.
Quand il croisa le regard vide du médecin, son cœur sembla soudainement l'avoir lâché et, la plus mauvaise des pensées vint lui donner le dernier coup fatal.
— Non ! cria inconsciemment le jeune roi en plaquant une main sur ses lèvres sèches.
Gauvain qui n'avait rien dit jusque-là, le fusilla d'un regard humide et rougie. Le jeune Pendragon pouvait y déceler des éclairs qui le foudroyèrent sur place.
— Comment osez-vous demander cela à Gaius ? Vous êtes resté enfermé près d'une semaine et avez donné l'ordre à ce que personne ne vienne vous déranger ! grinça-t-il entre ses dents pendant qu'il tentait vainement de garder son contrôle.
— Merlin vous a toujours soutenu, il a toujours été là pour vous ! reprit le chevalier en respirant à difficilement, et vous osez venir ici ! Comme si vous pensiez qu'il serait resté là à vous attendre !
De grosses larmes dévalèrent subitement des joues de ce dernier et, d'un ton sans chaleur, il ajouta :
— Gaius vient de recevoir une lettre de Hunit. Merlin est mort !
An ces dernier mots, un coup de poignard sembla s'être planté en plein cœur. Arthur pouvait facilement entendre un coup de tonnerre dans sa tête. Il vacilla et, en se tenant à un bout de table, les yeux perdus, il n'en croyait pas un mot. Il voulut répondre au chevalier mais, la gorge était trop serrée pour l'autoriser à échapper un seul son. Puis, ce fut au tour de sa poitrine de le comprimer douloureusement et, pour finir, ses mouvements tremblotants persistèrent à bouger seuls comme un pantin. Le roi s'écroula de tout son corps en entrainant avec lui la table.
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Tout en laissant les gardes le portait jusqu'à sa chambre, Arthur se laissait à sa perte. Celle que lui-même avait poussée… Ce ne devait pas être possible qu'il puisse ne plus être là. Quand enfin, il fut allongé sur son lit, il posa une main sur son cœur en se demandant si celui-ci battait encore. Sous les coups irréguliers, il aurait préféré que Merlin ne l'ait jamais sauvé… Il aurait préféré mourir et ne jamais savoir…
Et la mienne s'achève aujourd'hui.
Arthur souffrait de cette même douleur qu'il avait perçue dans la chambre de Merlin. Tout lui parut soudainement vide et, le corps frissonnant, il ne verrait plus son valet… ni son sourire espiègle, ni son regard bleu… il ne le reverrait tout simplement plus. Il se laissa enfin pleurer et ce, jusqu'à ce que ses pleurs deviennent des sanglots qui l'étouffent. Il s'emmitoufla sous sa couverture et, en cachant son visage contre son oreiller, il ne lui était impossible de croire qu'il était mort.
Dehors, la nature partageait sans aucun doute la peine du jeune Pendragon. Ce fut avec tristesse que les nuages gris semblèrent vouloir lui donner un peu de réconfort. Les rayons du soleil qui les traversaient, parvenaient avec peine près de son bureau.
.
.
Le jour où tout avait basculé, Merlin était parti tout comme sa vie venait lui-même de quitter son corps. Telle une coquille vide, il marcha aussi loin que ses pas trainant le permettaient. Il avait traversé les bois sans regarder autour de lui. Les animaux le détaillaient comme s'ils allaient mourir. La nature sombrait lentement dans une obscurité totale. Les arbres perdaient leurs feuillages au passage du jeune druide. La chaleur des rayons du soleil disparaissait derrière les nuages noirs…
Non, Merlin était seul face à son destin mais, de quel destin quand il n'en avait plus ? Même la fatigue n'arrivait plus à l'arrêter, sa souffrance était telle qu'il avait l'impression de ne plus exister.
'' Sorcier ! Hors de ma vue sorcier ! Hors de ma vue menteur que tu sois ! Je ne veux plus jamais te voir ! Où je te mettrais moi-même au bucher ! ''
Encore ces mots qui résonnaient dans sa tête et, dans un dernier effort, il murmura d'une voix inaudible :
— Et la mienne s'achève aujourd'hui…
Sur cette dernière note, en levant son regard vide, il fixa le lac d'Avalon. Il ne sut comment il avait pu y arriver si vite mais, à quoi bon y réfléchir quand plus rien ne le retenait. Le lac, où quelques années plus tôt, il avait laissé celle qu'il avait aimé. Le corps las, devant cette étendue, le jeune sorcier ne ressentait plus rien. Son cœur était resté à Camelot, son âme était meurtrie et son esprit était complètement absent. Comme un pantin, son corps s'avança lentement et, lorsqu'il n'eut plus pied, il s'abandonna aux caresses voluptueuses de l'eau en s'enfonçant lourdement de son poids… C'était le néant, le froid, le noir…
Il n'y avait plus de Merlin, plus de sorcier, plus d'espoir pour Albion.
.
à suivre

_________________

Et surtout, fan de merthur, même si mes fanfictions s'écrivent très lentement...


Dernière édition par Aynath le 20 Oct 2012 00:48, édité 5 fois.

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 18 Déc 2011 12:32 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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Localisation: De retour de 2048 ... et un passage par Havenport
ouf! :( :cry:

Aynath a écrit:
_ Gaius vient de recevoir une lettre de Hunit. Merlin est mort !

là c'est mon :heart: qui a marqué un temps d'arrêt et m'a coupé le souffle!

:suite:

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*Sei*

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 18 Déc 2011 14:43 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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oh fatche !!!!
la suite, la suite ! par pitiééééééééé :cry:
:bravo: :bravo:

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Heaven and hell suppose two distinct species of men, the good and the bad. But the greatest part of mankind float betwixt vice and virtue ...

= Paradis et Enfer supposent deux espèces distinctes d'hommes, le bon et le mauvais. Mais la plus grande partie de l'humanité flotte entre le vice et la vertu. (David Hume)
Image So kiss me ...


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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 18 Déc 2011 18:38 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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Inscription: 29 Mai 2008 15:51
Messages: 2666
Localisation: 4.20.5
:shock: :shock: :shock: :shock:

Non, Merlin peut pas mourir. :cry: :cry:

:suite: :suite: :suite:

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 18 Déc 2011 18:48 
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Le slash, kesako ?
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Inscription: 14 Nov 2010 21:59
Messages: 69
Très intéressente cette histoire. Arthur perd en quelque sorte tous ses moyens lorsqu'il découvre la vérité sur Merlin et ensuite s'apperçoit qu'il a fait une énorme c*******.

Merlin est mort :cry: mais je suis sûr qu'il va revenir. Je l'espère...

Hâte de lire la suite :bravo:


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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 19 Déc 2011 00:43 
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Tu n'as pas honte de me faire pleurer comme ça ? !!!! dis moi qu'il y a une suite !!! que Merlin n'est pas vraiment mort , que c'est un mauvais trip due au songe qu'arthur a fait avec le dragon !!! please dis moi que c'est ça !!!!

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 19 Déc 2011 03:34 
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LA TU MA FAIT PLEURE CE PAS POSSIBLE SNIFF je veux la suite sniff . Je réussis mémé plus a tappe dans mon clavier . POURQUOIIIIIIIIIIII
sniff :suite: :suite: :suite: :suite: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 19 Déc 2011 17:07 
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Ha ha ! Merci pour vos review... désolée de vous avoir fait peur voici la suite, vous souhaitant bonne lecture et bonne fête ( de retour le 2 janvier )

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Chapitre 2 : Hunit
.
Le soleil avait encore du mal à céder un peu de sa chaleur en ce nouveau jour. Le vent semblait porter une mélodie inconnue aux oreilles des hommes. Lentement elle persistait… elle inséra en ses airs sa tristesse et, en virevoltant à travers les souffles, elle patientait jusqu'à trouver la personne désignée et prête à écouter ses paroles.
-X-

Arthur avait pleuré toute la nuit, s'endormant par moments de somnolence. Dans l'obscurité, il entendait sa propre voix qui résonnait encore ses mauvaises paroles. En frémissant, il reconnaissait l'ampleur de son désastre. Le jeune Pendragon, assis à la tête de son lit, l'oreiller entre ses genoux et son torse, sentait la honte se confondre avec sa peine et de nouvelles larmes coulèrent sur chacune de ses joues. Elles étaient si fluides et si chaudes qu'Arthur avait cette impression qu'elles lui brulaient le visage.
Était-ce donc son châtiment pour avoir si injustement renvoyer le sorcier qui avait vécu à son insu au château ? Renvoyer ? Non… par sa faute, Merlin s'était laissé mourir.
Était-ce donc sa punition pour avoir si inconsciemment pris parti pour les idéaux de son père ? Parti ? Non… par sa négligence, Merlin avait cédé sa vie pour la sienne.
Le jeune roi avait toujours été honoré par le dévouement de son valet mais jamais, il n'avait su jusqu'où il était prêt à aller pour lui. En reposant sa tête contre son oreiller, Arthur larmoya de sa bêtise mais, de quelle bêtise s'agissait-il quand cela amènait la mort… Pour lui… seulement lui… Merlin lui aurait donné sa vie. Arthur, la respiration courte, cligna fortement des paupières car, dans son cœur encore, il n'acceptait pas sa mort. La douleur persistait parce qu'Arthur réalisait à quel point Merlin avait été important dans sa vie. Il referma ses yeux mouillés pour tenter de visualiser le visage de son ami mais c'était en vain, car à la place il n'entendait que ses affreux mots, ceux qui avaient éloigné Merlin de lui.
La seule image fut celle de son valet, debout livide, qui maintenait son bras gauche ensanglantée. En posant fermement sa bouche sur le coussin, il étouffa un cri suivi d'un sanglot et, pénoblement, d'autres arrivèrent par la suite. Sa poitrine saignait de l'intérieur, une poignante douleur le faisait tellement souffrir. Ne pouvait-il pas retourner en arrière ? Ne pouvait-il pas se laisser deux minutes pour se reprendre avant de lui vomir ses mots ? Si seulement il le pouvait, il aurait demandé que tout redevienne comme avant. Que tout cela ne soit qu'un horrible cauchemar et qu'il serait réveillé par son idiot de valet.
-X-

Arthur s'allongea et midi passa sans qu'il ne sorte de sa chambre. Ouvrant son regard sur sa chambre, presque froide, il ne vit personne. La main sur sa poitrine lui rappela que tout était réel et que par cette réponse : Merlin était bien mort. Le jeune roi se laissa encore aller à sa peine, perdant même l'envie de vivre, regrettant amèrement son geste.
-X-

Toujours allongé, il ne fit aucun mouvement lorsque Guenièvre, le visage fatigué par ses pleurs, lui apporta son repas, puis quand elle revint deux heures après et qu'il n'avait pas touché à son assiette, ce fut elle qui lui hurla dessus en faisant jaillir sa peine à chacun de ses mots :
— Vous devez vous reprendre sire ! Le royaume a besoin d'un souverain !
Elle le secoua vivement de ses deux mains mais, Arthur ne l'écoutait plus… Il voulait seulement mourir parce que, par sa faute, il avait tué le seul ami qu'il avait toujours eu à ses côtés. Dans un eccés de rage, elle serra des dents, honteuse de voir un roi était égoïste et grinça durement en le toisant :
— N'est-ce pas vous qui disez qu'il ne faut jamais pleurer pour un homme !
Elle respira avant de reprendre avec plus d'audace :
— Pensez-vous que là où se trouve Merlin, il serait heureux de vous voir dans cet état ! Lui, qui vous a rendu la vie !
À son nom, le jeune roi se jeta soudainement hors de son lit et en empoignant la servante par ses bras, il lui tonna, en tremblant de tout son corps :
— Je t'interdis de dire que Merlin n'est plus avec nous ! Tu m'entends !
Sa voix se brisa en prononçant le nom de l'être qu'il venait de perdre. Gwen tressaillit à sa réaction. Arthur, en la fixant maladroitement, avait le cœur si écorché qu'il ne voulait pas non plus la perdre à cause de ses erreurs. Devant le regard humide de son amie, il la serra très fort tout contre lui en évacuant sa colère.
— Je n'ai pas voulu de cela ! Je ne savais pas ! cria-t-il comme pour se défendre...
Blotti l'un contre l'autre durant plusieurs heures, Guenièvre souffrait de voir le roi se mettre dans cet état de dépravation. Bien sûr qu'elle avait mal et, de toute évidence, elle savait que par la seule personne que Merlin avait foi, celle-ci l'avait ordonné de quitter le royaume. Elle voyait encore la tristesse de tous ceux qui appréciaient de près ou de loin le jeune sorcier, tout le royaume à vrai dire. Elle savait seulement qu'Arthur devait faire face à la réalité et qu'il devait assumer les conséquences de son acte.
Tout le monde au château pleurait la mort du jeune homme alors, pourquoi le jeune roi ne l'acceptait-il pas ? Bien qu'il ait été celui qui ait donné la sentence, il avait seulement cru bien faire. Même si Guenièvre, comme tant d'autres, lui en voulait encore, Arthur Pendragon restera le souverain et, depuis toujours, elle lui devait allégeance comme tous les sujets de la cour.
-X-

Debout à sa fenêtre, la nuit était tombée depuis bien longtemps. En contemplant la lune ronde qui parsemaient le château de ses rayons lumineux, Arthur ne s'était toujours pas résigné à croire en la fin de Merlin. Il avait arrêté de pleurer parce qu'il avait dû user toute sa réserve et ce, pour un seul homme. Alors, cette nuit, il se vêtit le plus simplement qu'il soit en donnant un parchemin à Lancelot. Ce dernier devra prendre sa relève le temps qu'il fasse son deuil et, sous la clarté que lui renvoyait la lune, Arthur partit s'enfoncer dans les bois.
Les arbres se cambraient quand le jeune roi passait à leurs côtés, les feuilles se laissaient porter par le vent au galop du cheval. La nature entière semblait le soutenir dans sa quête, à la recherche de cette volonté de croire en la survie de Merlin. À travers les bois, Arthur souhaitait avoir eu tort d'imaginer une vie sans la présence de son sorcier. Il chevaucha toute la nuit sans laisser à son cheval un moment de répit. Celui-ci paraissait être en accord avec la souffrance de son maître. A chaque bouffée d'air, les poumons du jeune roi s'emplissaient de cette foi qu'il avait envers son jeune valet : Merlin ne pouvait pas l'avoir abandonné.
De nouvelles larmes de tristesses perlèrent ses joues rougies par le froid et, en serrant sa mâchoire, il ne voulait pas y croire… il lui était inconcevable qu'après ce qu'il ait fait, que Merlin se soit donné la mort. Il ecoua ses rênes avec violence et, le regard flou, ne s'autoriserait qu'à cette réalité que si… un monument lui était seulement érigé…
-X-

Arthur ne tardait pas à arriver à Healdor alors, le corps las, il descendit de son cheval pour se dégourdir les jambes. Ses larmes avait céssé depuis quelques heures... Les mains tremblantes, le vent soufflait avec légèreté et les rayons du soleil lui offraient les premières caresses sur son visage épuisé. Tout en marchant lentement, il éprouva subitement une sensation pesante qui poussa inconsciemment son cœur battre la chamade comme si, son âme savait. Alors, en relevant son regard sur sa droite, à quelques pas de lui, Arthur aperçut une croix au-dessus d'une pierre tombale. Une panique s'empapara de lui et, la gorge nouée, il tituba jusqu'à cette tombe dont la terre était fraichement retournée. Le regard humide, il tomba à genoux les mains en avant. De ses poings, il empoigna la terre molle en hurlant hystériquement un NON. Pourtant devant lui se dressait la tombe de Merlin.
Arthur ne voulait toujours pas le croire, ce n'était toujours pas possible. Il n'avait pas commis cet acte ! Tristement, en baissant la tête tout en fermant ses yeux, il tentait encore en vain de revoir le visage de celui qui lui avait sauvé la vie. Il se rappelait très bien de la voix de Merlin : elle était, à la fois, mêlée de peine et d'espérance. Il tapa du durement poing et, dans ce simple geste, il murmura seulement :
— Pardonne-moi… pardonne-moi… je ne voulais pas…
Son cœur se serra encore plus à cette déclaration. Le soleil envoyait quelques rayons sur la pierre comme si, elle souhaitait le réchauffer, telle une mère envers son enfant. Et Arthur entrevoyait cette nature qui s'éveillait devant ses yeux. Quant au bout d'une bonne demi-heure, il réalisa que son valet était bel et bien mort, l'âme meurtrie, il prit la décision de se rendre devant Hunit. A cette pensée, tout son être tremblait de peur car, si Merlin n'était plus de ce monde : il était le seul fautif.
.
Toujours agenouillé, Arthur fut soudainement attiré par le rire d'un enfant qui se cachait derrière la tombe. En séchant ses larmes, le jeune roi aperçut deux petites mains posées à côté de la croix. Le jeune Pendragon ne dit rien mais, il continuait à observer ce petit garçon qui ne voulait pas montrer le bout de son nez. Lorsque enfin, ce dernier décida de se montrer, un vent identique à celui de l'hivers prit place tout le long du corps du roi. Quand, en croisant le regard bleu du petit homme, il crut un instant retrouvé ceux de Merlin mais, celui-ci reposait sous ses pieds. Ce fut à ce moment que le petit brun le contempla d'un air songeur :
— Tu le connaissais ? demanda-t-il en offrant son visage pour mieux détailler l'inconnu.
La poitrine comprimée, Arthur hocha seulement de la tête, trop bouleversé pour parler. Devant ses yeux, le petit garçon embrassa la pierre et, d'une petite voix douce, il chuchota en laissant une main dessus :
— À bientôt…
Arthur croisa à nouveau son regard sourieur puis, le petit garçon lui prit la main. Déboussolé, le plus grand lui demanda :
— Où m'emmènes-tu ?
— Voir maman…
— Qui est ? ne put-il seulement dire en sentant la chaleur de cette petite main l'envelopper.
— Hunit ! cria-t-il, content de lui.
Au nom que lui donna son petit interlocuteur, Arthur s'immobilisa net pour le fixer. Jamais, Merlin ne lui avait parlé d'un frère ? Il dut admettre qu'il avait beaucoup de lui quand il le détailla. Arthur se sentit subitement mal à l'aise : comment allait-il réussir à regarder Hunit dans les yeux ? Comment avait-il pu enlever ce frère à ce petit garçon ? Totalement perdu, il se laissa tirer jusqu'à la demeure où, jadis, il était venu prêter main-forte à Merlin. La gorge serrée, il souffrait d'avoir si mal réagi. Quand enfin, la porte s'ouvrit, il entendit la voix de cette mère :
— Emm ! Ne t'ai-je pas déjà dit…
Le regard noir que lui lança Hunit était bien mérité,... il ne pouvait pas s'attendre à ce qu'elle l'embrasse. Il déglutit tout en retenant sa tristesse.
— Bonjour Hunit, dit-il d'une voix vibrante.
Il voyait combien dans ses yeux, elle lui en voulait. Etait-ce de la colère ? Surement. Etait-ce de la haine ? Probablement. Debout, il se tut. La rage d'une mère était une des choses qu'Arthur détestait lire dans leurs regards quand certains de ses gardes ou chevaliers venaient à mourir sous ses ordres. Ils se fixèrent encore sans un mot quand le plus petit coupa :
— Il était sur la tombe de…
Emm se tut devant le regard de sa mère puis, d'un ton qui ne dissimulait pas son ressentiment, elle lui demanda d'aller chercher du bois. Ce qu'il fit sans rechigner.
-X-

Hunit était une femme forte et combative, tout comme Guenièvre. Mais, dans son cœur, elle avait perdu le plus important : son fils. De nature très douce et calme, rien à part son regard ne pouvait indiquer sa colère et sa perte. Et se retrouver devant l'homme que Merlin avait tant veillé, elle ne savait plus comment se comporter. Si cela n'avait tenu que d'elle-même, elle serait jetée sur lui, la haine au ventre pour avoir fait subir à son seul fils autant de peine. Elle lui aurait donné des coups pour chacune des larmes que Merlin aurait versées par sa faute. Elle lui aurait planté son couteau de cuisine pour chacun de ses souffles qu'il aurait poussé à vouloir mourir pour cet homme.
Néanmoins, elle ne fit rien de tout cela. Elle le détaillait lentement de son regard soudainement triste. Des larmes dévalèrent sur ses joues. Elle voyait combien Arthur était aussi navré qu'elle mais, elle ne pouvait pas déposer les armes sans qu'il se rende compte de son erreur. Alors, en dominant sa consternation, elle l'invita à s'assoir en lui servant ensuite une tasse de café fraichement moulu.
— Je veux que vous sachiez, Arthur,... commença-t-elle en croisant ses bras,... que je ne vous pardonne pas ! ajouta-t-elle d'une voix qui ne cachait nullement son impatience et ses tremblements.
Telle était une sentence, elle distingua la pâleur soudaine de son invité qui hocha piteusement de la tête.
— Vous… reprit-elle en se retenant de pleurer… vous avez fait souffrir…
Elle leva une main lorsqu'elle vit qu'Arthur allait la couper dans son élan.
— Vous avez fait souffrir mon garçon ! reprit-elle pleine de colère,... Merlin ne veillait que sur vous ! Il vous aurait donné sa propre vie ! tonna-t-elle en le fixant droit dans les yeux.
— Mais, vous ! poursuivit-elle en le pointant d'un index, vous lui avez retiré toute sa vie ! Comment avez-vous pu croire un instant que Merlin vous aurait trahi !
Elle s'arrêta pour reprendre son souffle et, en se calmant, elle lui dit plus calmement :
— Vous n'avez pas idée à quel point il a souffert… lui révéla-t-elle.
Le jeune Pendragon reçut ses paroles avec dignité et les respecta en silence. Il n'avait pas d'autre choix que d'accepter la colère d'Hunit. Un choix ? Non, il n'y en avait plus pour lui, Arthur devait subir sans hausser d'un sourcil. Au fond de lui, le pardon n'avait aucun poids, surtout aux yeux d'une mère. Elle n'avait pas tort en disant que Merlin ne l'aurait jamais trahi. Arthur le savait déjà depuis bien longtemps… mais, ce jour-là, tout avait basculé dans sa tête. Son monde s'était écroulé à l'instant même où Merlin lui avait dévoilé cette étincelle d'or qui pailletait son regard au-dessus de son visage.
Cette erreur, un homme de sa condition devait l'assumer seul et durement mais, l'homme qui était au fond de lui ne pouvait admettre une vie sans Merlin parce que, sans lui, ce serait comme abandonner son royaume sans souverain... N'était-ce pas ce qu'il faisait déjà ? Arthur respira profondément et se dit qu'il était temps de rentrer et qu'il n'avait plus rien à faire ici. Le corps lourd, il se leva quand Emm fit irruption, les cheveux en batailles et le sourire aux lèvres, en jetant les morceaux de bois.
— M'man, il peut rester ?
Hunit passa son regard de son fils à Arthur et, en n'écoutant que son cœur, elle inclina la tête en signe d'approbation au grand étonnement du jeune roi.
— Encore un peu de bois et se sera bon Emm… chuchota-t-elle en considérant tendrement son fils.
Celui-ci partit en sautillant, heureux d'avoir un invité. Hunit attendit qu'il soit assez éloigné pour donner des directives au jeune Pendragon.
— Dans la mesure que mon fils vous souhaite dans cette demeure, je vous demanderais de ne pas pleurer devant lui et, surtout ! N'envisagez pas une seconde de lui parler de Merlin.
Arthur pouvait sentir la volonté de son interlocutrice de protéger Emm dans ses paroles. Devant elle, il se sentit si petit et si honteux qu'il consentit sans rien dire. Il osa tout de même une question :
— Quel âge a-t-il ?
Hunit le scruta quelques secondes et lui répondit d'une voix plus posée :
— Il a huit ans…
Intérieurement, elle savait qu'Arthur devait rester et, de ses propres yeux, il devait s'apercevoir l'ampleur sa maladresse. Elle comprenait pourquoi son fils l'aimait tellement et pourquoi Emm était attiré par lui. Arthur avait toujours était là pour lui, tout comme Merlin l'était pour lui. Elle savait que le jeune roi avait une aura d'une telle bonté qu'elle ne pouvait pas refuser cela à son fils,... pas maintenant qu'Arthur était là.
-X-

Arthur avait pris sur lui car, s'il devait bien quelque chose à son valet, c'était de veiller sur son petit frère. Chaque fois qu'il posait son regard sur Emm, son cœur se serrait douloureusement mais, il avait promis à Hunit de ne pas céder… Alors, il passa donc la journée avec le petit garçon pendant que la mère de ce dernier s'occupait des animaux de la ferme. Elle ne voulait pas de son aide. Elle lui demanda juste de rester avec Emm car, dans le village, il n'y avait pas d'enfant de son âge. Et, étrangement, le jeune roi apprécia cette première journée auprès du petit garçon. Emm était tout aussi souriant que son frère et était si curieux de tout qu'Arthur dut lui expliquer tellement chose qu'il en avait mal à la tête.
— Dis, tu seras toujours mon copain ? demanda Emm en lui tenant la main.
La nuit ne tardait pas à tomber et en marchant en direction de la petite maison d'Hunit, Arthur fut troublé par ses mots. Il s'agenouilla pour être à sa hauteur et, en souriant, il lui murmura :
— Je serais toujours ton ami…
— Pour toujours ? entendit-il d'une voix enjouée.
— Oui, pour toujours, je te le promets, répondit-il en lui caressant les cheveux.
Il fut surpris lorsque ce dernier se jeta dans ses bras et, naturellement, Arthur le serra tout contre lui. Emm avait cette particularité de l'apaiser et le jeune roi ne méritait pas autant de gentillesse de sa part,... car, il avait tué son frère. Le corps petit fin lui rappelait celui de Merlin… si frêle et si mince… dieu, comme il lui manquait. Pouvait-il se permettre ce genre de réflexion ? En blottissant encore plus Emm, il ne put s'empêcher de laisser perler une seule larme pour Merlin.
— Tu sais… commença le plus petit en se détachant de lui, je suis sûr qu'il reviendra…
Arthur, bouleversé, ne saisissait pas un mot de ce que lui racontait Emm. Et, comme si ce dernier le comprit, il jeta un œil en direction de la tombe. Des frissons d'angoisses et de peines parcoururent aussitôt le dos d'Arthur qui plongea un regard interrogateur dans ceux du brun. Ce dernier posa son index sur ses propres lèvres et lui murmura tel un secret :
— Il dort…
Complètement désorienté, le jeune roi savait qu'il ne devait pas parler de Merlin devant lui et, en se retenant, il crut sentir son cœur bondir violemment hors de sa poitrine tout en écoutant la fin de sa phrase :
— Il attend une vérité…
En lui reprenant sa main, Arthur marcha en se demandant ce que Emm avait voulu dire par '' vérité ''. En secouant la tête, c'était un garçon dont l'imagination était surement débordante et le jeune roi sourit au vent. Sans un mot, ils entrèrent en sentant l'odeur du ragout que Hunit avait préparé.
-X-

Quand tout le monde fut repu, Emm tendit un livre à Arthur. Quand il l'ouvrit, ses mains se mirent à trembler en lisant : Pour Merlin, Gaius. La gorge subitement nouée, il commença à lire l'histoire en maitrisant sa voix. Au bout de quelques pages, le petit brun s'endormit tout contre son torse. Arthur ne s'empêcha pas de le regarder et, en soupirant, il passa un doigt sur les cheveux du plus petit en s'accablant de ses paroles si durement dites.
— Cessez de vous en vouloir Arthur, ce qui a été fait est passé, dit Hunit en prenant son fils dans les bras.
Elle avait gardé son regard froid toute la journée mais, ce soir, elle s'était habitué à sa présence.
— Et, ne voyez surtout pas en Emm, une réplique de Merlin !… et comme pour elle-même, son temps n'est pas encore revenu…
Elle lui prépara un coin où dormir, à l'endroit même où il avait dormi à côté de Merlin et, la fatigue le prenant, il se laissa guider vers ses songes. Pour la première fois, il rêva de son valet. Sa souffrance flottait tout autour de lui et, dans les yeux vide du sorcier, Arthur aurait voulu lui crier combien il avait eu tort, combien il regrettait ses paroles… mais, Merlin ne le voyait pas. Ce dernier passait à côté de lui sans lever la tête et le jeune roi le suivit jusqu'au lac d'Avalon. Tout en dormant, il posait sa main sur son cœur et, sans rien pouvoir faire, il vit la fin de Merlin : il s'engouffrait au fond de l'eau.
Il se réveilla en sursaut et, en retenant un cri, il sanglota en silence tout contre sa couverture. En étouffant ses hoquets, il ferma ses yeux en se demandant pourquoi Merlin avait-il décidé de l'abandonner alors que, lui-même avait réclamé de ne pas le laisser seul… Et même si, le jeune roi savait qu'il avait une grande partie de responsabilité, il ne comprenait toujours pas la raison de sa folie. Las, quand son corps décida de sombrer à nouveau dans le sommeil, Arthur aperçut le grand dragon qui l'appelait. Cette bête mythique lui montrait le lac où Merlin s'était enfoncé… Puis, ce fut le noir, un rêve vide de couleur.
-X-

Un peu plus tard dans la nuit, Arthur fut réveillé par des petits pleurs et, sans se retourner, il comprit que cela venait de Emm. Une légère lumière éclairait le coin du petit.
— Ce n'est rien mon fils, entendit-il de la voix tremblante d'Hunit,... ce n'était qu'un cauchemar…
— J'ai peur maman… sanglota Emm.
— Je suis là, tu n'as plus rien à craindre…
— Et si,... bégaya-t-il nerveusement, la méchante dame revenait ! hurla presque Emm entre deux sanglots, si elle voulait encore faire du mal au roi !…
Arthur ne comprenait pas… comment Emm savait-il pour son rang ? Il ne lui avait rien dit et, à cette pensée, son cœur s'emballa soudainement trop vite. En serrant la maigre couverture, il sentit un regard pesant sur son dos mais, il ne bougea pas.
— Emm, tu vois bien qu'il est ici avec toi, avec nous… murmura-t-elle.
— Je ne veux pas que la méchante dame lui fasse du mal… bredouilla-t-il en retenant ses autres larmes.
— Je sais mon fils, entendit-il d'une voix brisée.
Puis, un silence s'invita sans que la bougie ne soit éteinte et, au bout d'une bonne dizaine de minutes, un cri retentit dans toute la maisonnée en faisant tressaillir le jeune roi.
— Qu'est-ce qui se passe ? dit-il en s'approchant d'eux.
Emm était dans les bras de sa mère quand une tache rouge attira son regard sur le bras gauche de celui-ci. Hunit tenta de la dissimuler et Arthur fit comme s'il n'avait rien vu.
— Emm a juste fait un cauchemar, chuchota-t-elle en le fixant.
En disant cela, le petit brun se jeta sur Arthur en passant ses petits bras autour du cou :
— Elle veut te tuer ! s'écria-t-il,... la méchante dame aux cheveux noirs, elle veut que tu meures !…
Arthur ressentit violement des frissons le traverser et, trop bouleversé pour répondre quoi que ce soit, il l'enlaça à son tour.
— Et, moi, je ne veux pas ! hurla Emm en le reserrant en davantage, je ne veux pas qu'elle te prenne encore ! Elle n'a pas le droit !
Le jeune roi ressentait la détresse d'Emm et, en tremblotant tout contre son corps, il crut un instant sombrer avec lui mais, avec détermination, il ne devait surtout pas céder. Alors, en serrant sa mâchoire, il le consola en caressant sa tête puis, d'une voix douce, il murmura :
— Chut…
Arthur ne comprenait pas les paroles de Emm : pourquoi Encore ? Si Merlin était un sorcier alors, il devait surement l'être aussi. Les paupières closes, avait-il vu la mort tragique de Merlin ? Mentalement, il se répétait sans cesse '' pardonne-moi Emm, je ne voulais pas… '' Il sentait la tristesse le reprendre et, en passant très vite une main sur ses yeux, il rassura le petit brun tout en lui souriant :
— Tant que tu seras à mes côtés, je veillerais à ce qu'elle ne me nuise pas… Je veillerais à ce qu'elle ne te fasse aucun mal…
Sur ce, Emm s'endormit dans les bras d'Arthur tout en empoignant le haut de ce dernier de ses petits poings. Le jeune Pendragon resta assis plusieurs minutes et en profita pour le contempler. Intérieurement, il se reprochait du malheur qu'il faisait subir à Emm parce qu'il lui avait enlevé son grand frère et, en se mordant une lèvre, il s'en voulait encore plus. Il aurait tellement souhaité que Merlin soit encore là, auprès de lui. Pouvait-il seulement se permettre ce genre d'idée ? Pouvait-il seulement croire que tout cela avait un sens ? Arthur déposa Emm dans son lit puis, en fixant Hunit qui était restée près du feu, il osa poser une main sur son épaule :
— Je n'ai pas su garder Merlin, ni comprendre qui il était… dit-il en dirigeant son regard sur Emm puis, il ajouta d'une voix qu'il se voulait certain,... alors je veux pouvoir veiller sur lui…
Devant cette phrase, Hunit le prit dans ses bras en lui répondant :
— Je sais combien Merlin vous estime et je sais combien il tient à vous… alors, veillez bien sur lui.
Arthur s'allongea sans comprendre le sens de sa phrase. Elle était ambiguë comme si, elle parlait d'Emm comme de son premier fils… Peut-être qu'une mère avait besoin de savoir que son enfant vivait toujours.
-X-

Dehors, une légère brise continuait à transporter sa mélodie parce que l'homme à qui étaient destinées ces paroles n'avait pas encore ouvert les yeux. A travers les souffles du vent, lentement, les branches dansaient la providence du jeune sorcier et les feuilles s'envolaient jusqu'à atteindre les étoiles... Là où l'ombre et la lumière se chamaillaient l'espace d'une journée, là où la magie semblait se stagner le temps d'un rêve… et, c'était dans le cœur d'un grand dragon qu'une partie de la vérité éclaterait.
Le jour où tout avait basculé, le grand dragon Kilgarah, accompagné d'un clan de druide, était venu au lac pour repêcher le corps du jeune sorcier et, dans une tourmente dont le chant druidique semblait se propager à travers toute la nature et à travers tout le royaume, l'ancienne religion donna le pouvoir au dragon de sauver celui qui unifiera la grande Albion… Kilgarah finit le chant dans un hurlement qui ravagea le ciel de douleur, impuissant devant la peine de Merlin… son seigneur des dragons ne devait pas mourir ainsi…
-X-
A suivre

.

A suivre...

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Et surtout, fan de merthur, même si mes fanfictions s'écrivent très lentement...


Dernière édition par Aynath le 20 Oct 2012 00:43, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 19 Déc 2011 17:51 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 19 Déc 2011 20:05 
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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 19 Déc 2011 21:38 
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Le slash, kesako ?
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J'ai beaucoup aimé cette suite. Je me suis demandé si Emm n'était pas Merlin?

Cela va être long d'attendre le 2 janvier pour lire la suite. Et bien bonne vacances.

Je me réjouie de voir comment Merlin va revenir.
:bravo: :bravo: :bravo: :bravo:


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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 20 Déc 2011 16:14 
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J'en ai marre de pleurer comme un bébé en lisant ta fic !!! mais elle est tellement bouleversante :suite: :suite: :suite: :suite:

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 25 Déc 2011 21:06 
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Slash ou non, telle est la question...
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Chapitre revu 3 / 11 / 2012
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Merci pour vos reveiw, je ne pensais pas réussir à faire pleurer ( je vous assure loin de là mon intention ! )
Bonne lecture ! Attention le chapitre est un peu plus long que les 2 premiers, je n'ai pas pu faire plus court.
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Chapitre 3 : Le roi et le grand dragon
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En ce cinquième jour, le ciel était encore nuageux, voire encore plus triste. Le vent semblait vouloir se manifester un peu plus qu'à l'habituel tout en emportant avec lui les feuilles jusqu'à atteindre le ciel. Une mélodie continuait à se fondre dans la masse, en attendant son jour de délivrance. Elle était porteuse d'un secret qu'elle révélerait le jour venue qui était encore loin. Elle dansait ses journées autour du jeune Pendragon, tantôt caressante et tantôt insensible… Ce chant enveloppé de paroles tournoyait au gré de son humeur, inlassablement, cette mélodie peinait à se faire entendre des oreilles du jeune roi…
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Arthur avait cessé de se lamenter sur son sort et si, la mère de Merlin avait tourné la page, à sa grande surprise, il devait alors,se montrer digne et fière de lui. Cette nuit-là, le grand dragon s'imposa avec insistance dans son rêve, encore plus que ces dernières fois.
Dans le brouillard de ce songe, il se souvint l'avoir vu : survolant au-dessus du lac d'Avalon tout en battant fortement des ailes et en inclinant sa tête comme s'il cherchait un objet au fond de l'eau. D'où il était, le grand dragon avait cette posture d'être offensé parce qu'Arthur écoutait des plaintes que divulguait ce dernier de sa gorge. Elles étaient empreintes de toute sa douleur, mêlée de colère mais surtout d'une certaine croyance… dont le jeune roi ne comprenait pas les mots. Même sans les déchiffrer, il lui suffisait d'apprécier l'intonation qui fuyait aux travers des paroles pour être pénétré de son chagrin.
Arthur semblait percevoir sa souffrance et, instinctivement, il avait fermé ses paupières pour se balancer aux rythmes de ses lamentations. Il se rappelait d'avoir ressenti un mélange de désespoir et de déchirement et, comme s'il avait fusionné avec cet être magique, son cœur battait graduellement. De cette mystérieuse alliance, elle en écoulait toute une tristesse qui envahit tout l'être du roi. Elle en transcendait jusqu'en ses veines.
De cette étrange union, ce fut à travers les yeux du grand dragon qu'Arthur plongea pour en ressortir un corps pâle, ballotant de ses membres comme un vulgaire pantin. Le jeune roi crut que son cœur s'était arrêté à la vue de la personne que tenait le grand dragon : Merlin. La seconde d'après, la bête mythique s'interposa dans son esprit… au point qu'il sursauta lorsqu'il l'entendit hurler '' Arthur !'' d'une voix rauque et dur.
Assis sur son lit de fortune, le jeune roi examina ses mains qui tremblaient encore sous l'effet de cette vision et, en passant une main sur son front, il palpa sa soudaine transpiration. La tête entre ses paumes, il visualisait ce rêve et, en frémissant, il se fit la réflexion qu'il devrait aller au lac. Surement pour apaiser sa peur de reconnaitre à travers ce songe, une réalité qui le dépassait et, aussi de s'apercevoir que peut-être, il y aurait ses réponses.
Arthur n'avait pas osé demander à Hunit la manière dont Merlin s'était donné la mort et, en fermant un instant ses yeux, il revoyait encore le corps détendu de toute flexibilité, livide, gorgée d'eau du lac… Le jeune Pendragon réalisa que ce n'était plus qu'un cadavre et, en déglutissant avec mal être, il ne voulait pas céder à cette emprise qu'avait cette peur incontrôlable sur lui. En secouant la tête, il glissa mollement ses mains sur son visage suivi d'un soupir lamentable. Il ne parvenait pas à interpréter ce rêve. Pourtant, il devinait l'importance de cette confidence imaginaire.
-X-
Arthur n'eut pas le temps d'approfondir ses pensées lorsqu'il entendit le petit brun crier à l'autre bout de la pièce.
— Maman, j'ai faim !
Le jeune roi releva son buste et remarqua que la voix d'Emm paraissait moins aiguë. En sachant que ce dernier ne tarderait pas à se jeter sur lui, comme les jours précédents, il finit par se lever. Les yeux encore ensommeillés, en s'étirant de ses épaules douloureusement courbaturées, il aperçut la tête brune à ses côtés et, avec surprise, Arthur sentit que quelque chose n'allait pas,... du moins avec Emm. Quand il ouvrit parfaitement ses yeux, le fils d'Hunit qui atteignait la veille sa hanche, avait pris une bonne cinquantaine de centimètres. Emm avait toujours le même regard mais, curieusement, Arthur le confondait facilement avec celui de Merlin. La poitrine soudainement comprimée, il envoya valser cette pensée loin de lui d'un geste de la main.
Le jeune roi le détailla rapidement. Il s'aperçut qu'Emm était très fin et semblait avoir douze ans ou à peine plus. Arthur, le visage décomposé, dirigea son regard sur Hunit mais, en croisant des yeux sombres, il s'abstint de toutes questions. Le souffle coupé, il ne comprenait rien et cela l'agaçait… Pas le droit de pleurer, pas le droit de parler de Merlin en présence du petit, pas le droit de poser des questions… tout cela, il l'avait accepté mais, le fait d'être laisser dans une totale perdition, cela l'énervait. Arthur avait ses torts… bien ! Mais, il pouvait tout de même avoir des réponses à tout ce qui se passait autour de lui.
En rangeant ses couvertures avec agressivité, Emm se planta devant lui, mains derrière le dos et, un sourire canaille qui lui rappelait encore son valet. Le voir de si près lui rappeler combien Merlin avait tenu une grande part dans sa vie et ce même sourire qui autrefois lui ravivait ses journées. Un frisson l'électrisa de toute part puis, en caressant de son regard bleu les traits du jeune brun, le jeune roi entendit de la voix pré-adolescente :
— Arthur, nous pourrons aller nous promener dans les bois, aujourd'hui ?
Ce dernier fut étonné de la façon dont il s'adressait à lui. La veille encore, il le tutoyait, utilisant des ON à tout bout de champ. Il haussa un sourcil et répondit aussi calmement que possible :
— Bien sûr mon bonhomme…
Emm retourna auprès de sa mère et se proposa d'aller chercher du bois pour préparer le lait. Arthur voyait dans ses paroles, le signe d'une maturité plus claire. Quand le plus jeune sortit de la maison, Hunit fit signe à Arthur de s'assoir comme à son arrivée.
— Je ne vous demanderais qu'une seule chose Arthur.
Il attendit la suite comme si cela dépendait de sa propre vie.
— Ne posez aucune question le concernant, dit-elle d'une voix qui n'attendait aucune réponse.
Devant le regard interdit du roi, elle se leva et versa le liquide blanc dans un petit chaudron. Le jeune roi était complètement écarté de tout ce qui concernait Emm. Ce dernier ne comprenait pas pourquoi le petit avait grandi en une nuit et surtout pourquoi Hunit ne lui donnait aucune indication. Mais, Arthur n'avait pas le choix et il accéda à son souhait à contrecœur. Il soupira en affaissant ses épaules lorsqu'Emm apparut les bras chargés de bois.
— Hé Arthur ! Nous irons voir la tombe avant de partir ! lui demanda-t-il avec enthousiasme.
A cette question, le jeune Pendragon surprit le mouvement de sursaut d'Hunit et hésita une seconde à lui répondre mais, elle le devança :
— Pourquoi veux-tu y aller Emm ? interrogea-t-elle d'une voix qui ne cachait pas son étonnement.
Son fils se tourna sur sa mère, tête baissée et, il lui répondit, hésitant :
— Parce que je sais que Merlin est important pour moi…
Au nom qu'il prononça, Arthur eut le cœur qui oscilla et se retint de penser à lui. Il ne devait plus y penser ou sinon, il savait qu'il s'effondrait. Il savait honorer ses engagements, mais parfois… il sentait que celui-ci était le plus insupportable qu'il ait eu à tenir. Alors, en serrant sa mâchoire et en fermant ses paupières, il prit une profonde respiration comme si cela le revitalisait et éloignait de lui ses pensées.
Cependant, les mains en forme de poings sous la table, il revoyait encore le regard vide de son valet au milieu du lac… Et ce vide, le jeune roi ne le tolérait plus… aucune chaleur n'y apparaissait… plus rien. Arthur ferma ses yeux quelques secondes pour se reprendre mais, son rêve le rattrapait et il souffrait de se surprendre combien Merlin lui manquait terriblement. Ce fut la gorge nouée qu'il sortit de sa rêverie quand Emm l'appela. Le brun était à ses côtés, le visage incliné devant lui puis il sentit une main chaude se poser sur sa joue.
La chaleur d'Emm le troublait tout comme cette amitié qui s'était avérée bienfaisante pour le jeune roi. Emm le força à le regarder et pour Arthur, plonger dans son regard lui était pénible. Le même bleu, la même attention, la même lueur… c'était trop troublant pour lui. Il avala difficilement sa salive et il le contempla d'un léger sourire. Emm ne dit rien, au contraire, l'autre main sur le côté de sa bouche, il s'approcha de l'oreille du roi et lui murmura :
— Ne soit pas triste, je suis sûr qu'il aurait aimé que tu souries…
À peine les mots étaient franchis de la bouche du brun que les membres d'Arthur se mirent à remuer violemment et, en secouant la tête, il ne se sentait plus d'en endurer davantage. Brusquement, le jeune roi se leva et déclina le petit déjeuner en prétextant avoir besoin de parchemin pour envoyer une missive à Camelot. Sans un regard au plus jeune, il déguerpit rapidement de la maisonnée pour rejoindre la tombe. Tout en courant, Arthur ne comprenait pas Hunit, tout comme il ne comprenait pas qui était Emm.
Pourquoi avait-il grandi en une nuit ? Pourquoi ne se souvenait-il pas de lui quand il était venu ici quatre ans auparavant ? Pourquoi lui ressemblait-il tant ? Et à cette question, une dangereuse envie d'arracher son cœur de sa poitrine se faisait sentir avec cruauté. La douleur était bien trop grande et trop lourde pour lui-même. Pourquoi Merlin avait-il ce pouvoir sur lui ? Comment un seul homme pouvait le rendre aussi faible ? En frappant un coup sur sa poitrine avec brutalité, les yeux mouillés de larmes brulantes, Arthur s'efforça d'éloigner ce supplice de son âme…
Mais elle était bien là, s'inscrivant et poignardant son cœur de ce fléau qu'il ne reconnaissait en aucun de ses pleurs qu'il avait ressenti jusque-là… Ce n'était qu'un valet ! Ce n'était qu'un domestique ! Non, dut-il admettre ! Car, il était son ami, le seul qu'il n'ait jamais eu aussi près de lui. Comment faisait Hunit pour gérer sa mort ? Une mère ne devait-elle pas être la personne la plus susceptible à présenter autant de larmes, voire plus que lui ? Puis, de ses yeux rougis, d'autres perles qu'il avait trop contenues ces derniers jours se libérèrent.
Sa poitrine se tassait lentement au fond de son torse et, en tombant à genoux, il savait qu'il ne pouvait plus rien faire… Rageusement, il frappa la pauvre terre humidifiée de ses gouttes, d'un poing lourd de ressentiment. Arthur avait espéré qu'en restant ici, à veiller sur le frère de Merlin, qu'il arriverait à se pardonner. Mais au fond de lui, il voulait plus que tout que Merlin soit là. Puis, en relevant sa tête sur la pierre tombale, il se demandait si Emm n'était pas en fait Merlin ?
Non se serait trop beau pour lui de croire que le jeune sorcier ait pu survivre pour revenir enfant… Et pourtant… Il aura beau spéculer, Hunit ne lui dirait rien, alors finalement, Arthur réalisait que tout ce qu'il faisait ne servait à rien. Le jeune Pendragon devait accepter sa mort… De cette terrible mélancolie, il était affecté au plus profond de son âme. La vérité était que Merlin n'était plus là et rester auprès de la famille de ce dernier n'avait aucun sens mais surtout, cela ne le ramènerait jamais… auprès de lui. En serrant un morceau de terre froide et molle entre ses doigts, Arthur se laissa emporter par sa tristesse :
— Je suis tellement désolé… souffla-t-il…
En hoquetant de douleur, il avait mal dans son cœur.
— Tu me manques ! Je sais… j'ai été le pire des crétins… reprit-il entre sanglots et châtiments.
— Je veux que tu reviennes ! Je veux que tu sois à mes côtés ! finit-il par déclarer de sa voix brisée.
Sa gorge peinait à lui faire parvenir assez d'air et manquant une respiration, il crut s'étrangler. Durant cette seconde de frayeur où le jeune roi avait laissée parler son cœur, la douce brise le caressa de quelques mots et tel un écho du passé elle lui souffla :
Je lui aurais donné ma vie…
J'aurais veillé sur la sienne…
Le cœur battant, Arthur releva son regard flou sur la pierre tombale… La voix de Merlin n'était qu'une résonance dans cet air mais elle était si distincte et si nette… D'où provenait-elle ? En frissonnant d'espoir, il fixa la pierre mais, rien ne vint à nouveau troubler le silence. Avait-il donc rêvé ?
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Hunit ne comprenait pas pourquoi Emm avait besoin de se ressourcer auprès de cette tombe. Elle avait confiance en ces anciennes lois et son rôle consistait seulement de veiller à ce que leur lien se consolide à nouveau. Elle demanda à Emm de ranger son coin de lit ainsi que ses affaires. Ainsi d'où elle était, elle pouvait percevoir Arthur. Malgré le mal qu'il avait fait à son fils, elle souffrait de le voir dans cet état. Cependant, elle ne pouvait rien lui révéler. Il devait trouver le chemin qui le mènerait à Merlin. En soupirant, elle savait que ce parcours serait dur et périlleux mais si le jeune roi tenait vraiment à son fils, alors elle gardait cette lueur d'espoir.
Elle n'avait pas eu besoin de forcer Merlin à le suivre lorsqu'il était revenu quelques années avant. Malgré la distance qu'avait mis le jeune roi entre son fils et William, ce dernier l'avait protégé jusqu'à sa mort. Merlin avait toujours eu un ami sur qui comptait jusqu'alors… Et quand elle avait vu Arthur, elle n'avait pas besoin de demander pour comprendre l'intérêt qu'avait son fils pour le futur souverain de l'époque, hormis de poursuivre la prophétie. En tant que mère, elle n'avait qu'à regarder Merlin…
Sa dévotion sans failles, ses sourires malgré sa peur d'être trahi et ses paroles toujours pleines de sagesse, tout cela était uniquement destiné à un seul homme. Elle préférait ne pas penser aux conséquences si cela devait échouer. Le cœur serré, elle distinguait les épaules d'Arthur secouées par la force de ses sanglots… Hunit n'avait jamais su ce qu'il s'était passé entre eux et en fin de compte, elle s'en fichait. Le résultat était la preuve que le jeune roi avait mortellement blessé Merlin. Elle connaissait le destin de son fils et avait toujours su qu'il ferait de grande chose mais, quand ce soir-là, elle apprit toute sa peine… que la chair de sa chair abandonnait sa vie…
Rageuse, elle n'aurait jamais eu le courage de supporter la présence du jeune roi. Elle avait pleuré toute la nuit, priant son fils de lui revenir. Survivre à son propre enfant était la pire des angoisses pour des parents. En fixant la tombe au loin, elle prit une profonde respiration et devait accepter ce qu'il adviendrait par la suite. En jetant un regard à Emm, Hunit sortit rejoindre le blond. Non loin de lui, elle entendit de la voix cassée du blond :
— Je ne réfléchis jamais, je suis qu'un arrogant, qu'un sombre crétin… je n'écoute jamais personne…
Elle sentait le poids de l'absence de Merlin autour du roi. Il proférait les mêmes mots qu'employait souvent Merlin pour le définir et un léger sourire se dessina sur son visage. Posant une main sur l'épaule d'Arthur, elle le vit effacer ses larmes et se relever en la fixant droit dans les yeux. Quand elle les croisa, son cœur se mit à battre sous une mauvaise intuition. Le corps droit, elle enleva subitement sa main et patienta devant le silence dont le vent semblait lourdement couvrir.
— Je ne peux plus rester, murmura Arthur, je dois ouvrir les yeux, Merlin est …
Hunit le gifla durement et de sa colère, enfin, elle délivra ses mots longtemps enfouis au fond d'elle :
— Ne réalisez-vous pas tous les sacrifices qu'a dû faire Merlin ! Non, vous n'êtes que cet être arrogant et idiot royal comme le décrit si souvent Merlin !
Essoufflée et enragée, elle reprit prestement en lui décochant le plus sinistre des regards qui soit :
— Il s'est bien caché de vous révéler ses dons mais, avez-vous au moins cherché à le connaitre ? La seule chose que vous n'auriez jamais dû mériter, était son dévouement !
Le souffle saccadé par sa propre peine, elle se jeta sur le blond et continua en donnant des coups sur le torse du roi qui se laissa faire tristement :
— Comment osez-vous venir ici, implorer votre pardon ? ! Comment osez-vous entrer dans la vie de mon fils après ce que vous lui avez fait subir ? ! Comment pensez-vous qu'Emrys réagirait face à votre départ ? ! hurla-t-elle les larmes aux yeux.
Elle ressentait avec gravité l'indignation que lui faisait éprouver le jeune roi, tremblante et ferme, elle baissa la tête pour ne plus lire dans les yeux de ce dernier. Sans plus tarder, elle le laissa quand, subitement elle entendit des pas suivis de pleurs qui s'éloignaient d'elle. Elle comprit qu'Emm avait tout entendu et de son cri, il s'enfuit en courant en direction des bois. Hunit, désemparée, recula de quelques pas et, en tremblant de ses jambes, elle gesticula contre Arthur :
— Partez si tel est votre souhait ! Mais ne revenez jamais ici, ou je vous assure Arthur Pendragon ! menaça-t-elle de son index sur la poitrine de son interlocuteur, je ne me gênerais pas à vous planter une lame en plein cœur !
Le jeune roi n'avait rien d'un souverain aux yeux d'Hunit. Comment Merlin avait-il pu avoir autant d'estime pour cet homme ? Comment ce roi avait pu toucher à ce point son fils ? Hunit lui en voulait tellement, elle l'avait haï mais, elle savait que Merlin n'aurait jamais admis que sa propre mère puisse avoir de telles paroles envers son souverain. Alors las, elle fondit en larmes…
— Je vais ramener Emm… entendit-elle avant de voir Arthur s'enfoncer dans les bois.
-X-

Arthur ne pouvait pas laisser Emm seul dans la forêt. Il courut après lui, en cherchant en vain où il avait pu se cacher. Il se traita d'idiot et d'irresponsable. Il aurait dû le voir arriver mais les gestes et les paroles d'Hunit l'avaient totalement troublé et il sut enfin qui était Emm. De ses mots, Arthur comprit qu'il devait rester tant qu'il n'aurait pas toutes les réponses.
Comment osez-vous entrer dans la vie de mon fils après ce que vous lui avez fait subir ?
De cette question, le jeune Pendragon avait déjà une partie de sa réponse. Il ne manquait que la preuve et l'exactitude de ce fait. Il veillerait sur Emrys puis pour lui-même, il répéta ce nom plusieurs fois comme s'il était sûr de l'avoir entendu un jour… En reprenant le fil de ses recherches, il regretta soudainement de ne pas avoir pris son cheval car, il dut reconnaitre qu'Emm était un rapide et, en serrant des poings, il s'arrêta près d'une clairière. Arthur ne sut depuis combien de temps il marchait mais, en jugeant la hauteur du soleil au-dessus de sa tête, il ne devait pas être loin de midi. Il se cambra un instant le temps de reprendre son souffle et se pinça la langue pour sécréter un peu de salive. Sa gorge sèche l'empêchait de respirer l'air correctement.
Arthur ferma les yeux pour ne pas céder à la panique grandissante tandis que la brise qui tournoyait tout autour de lui, tels des murmures, elle lui souffla '' le lac ''. En se redressant instantanément à ses mots, il savait qu'il n'était pas loin du lac d'Avalon. Malgré la fatigue causée par sa course, sa volonté de retrouver Emm en vie était la plus forte. Lorsqu'il arriva sur les lieux, le vent sembla s'être effacé puis, en reprenant rapidement son souffle, il distingua des bruits de pleurs et la peur que le plus jeune se soit fait mal en courant, le poussa à le rejoindre. Arthur aperçut enfin Emrys allongé contre un tronc d'arbre. Sa tunique avait dû se prendre dans une branche car celle-ci fut déchirée au niveau du torse.
— Emm, murmura Arthur en s'approchant de lui.
Le jeune garçon détourna son visage, déçu par ce qu'il avait entendu. En serrant ses lèvres, il ne jeta même pas un regard au jeune roi.
— Je sais que tu dois m'en vouloir… mais, je te promets que je reste avec toi… repris le jeune roi qui vit les yeux d'Emm se planter dans les siens.
A ce moment, Arthur se figea devant l'intensité des prunelles bleues qui le dévisageait avec colère. Il ressemblait tellement à Merlin et, pour la première fois, il déglutit avec difficulté.
— Vous n'êtes qu'un menteur ! reprit le plus jeune en croisant les bras, vous m'aviez promis de rester mon ami ! Et, au lieu de cela, vous vous enfuyez parce que votre ami dort ! Je compte pour quoi ! Hein !
Menteur ! Son cœur se serra encore davantage en entendant ce mot qu'il avait dit si horriblement… et sa tête avait du mal à comprendre pourquoi Emm ne cessait de dire que Merlin dormait. Puis, en contemplant l'enfant qui était énervé, le jeune roi savait qu'il ne pourrait pas le calmer. Il ne se sentait pas l'âme d'un cajoleur… Alors la seule chose qu'il fit, en s'agenouillant à sa hauteur, fut de le blottir tout contre lui . Sa tête au-dessus du brun, il passa une main dans la chevelure du plus jeune et caressa le dos de l'autre main.
— Je te prie de m'excuser… je ne suis pas doué pour ce genre de situation… bredouilla-t-il.
Il sentit Emrys frissonner contre son corps alors, il lui proposa de prendre sa veste et d'enlever sa tunique qui avait pris l'eau des rosées matinales.
— Je n'aurais pas dû courir… je ne voulais pas que tu me laisses seul… chuchota le brun en le fixant de ses yeux extrêmement brillants.…
Arthur semblait entendre Merlin '' Tu ne peux pas me laisser seul '' Et ce regard qu'il venait de lui lancer fini par l'achever. Le corps chancelant, il prit à nouveau Emrys contre lui et de toute son affection, il lui murmura :
— Pardonne-moi… je ne t'abandonnerais plus…
Le petit homme lui sourit légèrement à travers ses larmes de tristesse et souleva son haut lorsqu'Arthur, médusé, fixa cette tache au-dessus du cœur du brun. Le jeune roi crut s'étourdir devant cette marque quand une seconde sur son bras gauche attira encore plus son attention. Il avait subitement des maux de tête. Des frissons glaciaux semblaient le parcourir de toute part pour y laisser des picotements. La trace sur son bras était au même emplacement qu'avait eu Merlin et celle du torse… la même que la sienne.
Sans faire attention à la réaction du brun, Arthur posa délicatement ses doigts dessus. En caressant la signature de Morgana sur la poitrine du plus jeune, Arthur avait sa preuve… il n'arrivait plus à détacher son regard de cette marque durant quelques secondes. Étrangement, durant ce laps de temps si infime et si court, un filet de sentiments le traversa, fluides et éternels, Arthur éprouvait un tel bouleversement qu'il ne le reconnaissait pas.
Une émotion toute à la fois douce, harmonieuse, attirante et enveloppante… Mais le plus dur à cerner fut cette mince sensation d'explosion dirigée contre… Morgana dont l'image se glissait dans son esprit. Le cœur vacillant, Arthur ne saisissait pas ce curieux partage… L'immensité de ce sentiment s'incrusta au coin de son cœur mais, ce dernier n'en comprenait pas le moindre sens car ce n'était pas les siens. Parallèlement, Emrys se mit à hurler en posant ses mains sur ses oreilles. Terrifié, le jeune roi recula quand le brun fut entouré d'une lueur bleutée.
— Emm ! cria-t-il effrayé en se relevant.
-X-

Un vent provocateur se fit plus violent à ses côtés et, en se retournant, Arthur eut un moment de panique en se trouvant nez à nez avec Le grand dragon. Le jeune roi se sentit soudainement petit et, de son regard étonné, la bête imposait beaucoup de sa prestance : le buste redressé, tel un fier compagnon, il fixait le jeune Pendragon.
— Bonjour Arthur, souverain de Camelot.
Arthur sursauta devant le son de sa voix et, en se reprenant, il inclina seulement la tête.
— Je ne suis pas là en tant que votre ennemi, Votre majesté.
Son cœur se pinça aux souvenirs de cette même souffrance que le jeune roi ressentait à travers la voix.
— Vous devez absolument veiller sur Emrys…
Le jeune Pendragon allait lui répondre lorsqu'il entendit le grognement de la bête.
— Je me nomme Kilgarah et Merlin est un seigneur des dragons… Mon seigneur, avoua-t-il avec tristesse.
— Je… se permit le jeune roi avant d'être coupé par un nouveau grognement.
— Comptez-vous lui en vouloir de vous avoir caché aussi cela ? gronda Kilgarah en approchant son œil droit du roi.
Penaud, Arthur sentait naitre un malaise soudain… non, il ne pensait pas à cela… Soudain, des sentiments puissants parvinrent à s'immiscer en lui et cela furtivement…
— Sire, le jour où vous avez violemment blessé mon maitre, de vos paroles et de votre regard vous l'avez tué !
Arthur devinait sa colère et ne souhaitait pas l'éveiller dans ce sens-là puis, d'une douleur effroyable, il posa une main sur sa poitrine qui semblait peu à peu l'étouffer.
— Merlin n'est pas un sorcier comme les autres, il n'a pas choisi la magie. C'est elle qui l'a élue et Merlin est né avec cette magie… SA MAGIE !
Le blond écoutait avec attention et plus la bête parlait, plus Arthur se sentait tirer vers le sol.
— Il n'a jamais voulu être diffèrent mais, telle était sa destinée, il se devait de veiller à ce que vous montiez sur le trône !
Kilgarah se posa de tout son corps sur le sol et reprit :
« — Arthur, il y a des choses que vous ne pourrez jamais comprendre mais vos mots ont profondément anéanti Merlin. Le plus difficile, pour lui, a été de percevoir votre rancœur contre la magie et, tout cela, dans votre regard. Ayant lui et moi un lien, j'ai senti sa peine…» dit-il d'une voix grave.
Le dragon avança un peu plus près du blond et lui hurla presque :
« — Sa peine était telle que je n'ai même pas pu en récupérer une partie pour le soulager ! Elle était telle que j'ai ressenti l'ampleur de sa souffrance ! Elle était destructive ! J'avais beau le prier de me laisser la porter mais, il a préféré encore mourir que de me la donner ! Et c'est ce qu'il a fait ! poursuivit-il le visage durci dont une seule larme céda pour atterrir sur la terre... Sa magie ! Merlin l'a rejeté en même temps qu'il s'est laissé mourir et, tout cela à cause de vous ! J'ai traversé des royaumes pour parvenir à le raisonner et… lorsque je n'ai pas pu le consoler… Merlin avait déjà décidé de reposer au fond du lac… » finit-il par souffler en tremblant.
Kilgarah s'arrêta quelques secondes pour renifler tout en tentant de conserver sa colère… Arthur, la gorge serrée à ces révélations, n'aurait jamais pensé un jour en arriver là. La tête baissée, il aurait troqué sa vie pour que Merlin revienne et, malheureusement, il avait dit tout haut ce qu'il pensait…
« — Arrêtez de geindre ! Il ne se serait jamais permis de prendre votre vie contre la sienne ! La vôtre a bien plus de valeur à ses yeux ! Merlin est un puissant sorcier, bien plus davantage que tous ceux que vous auriez pu croiser ! Mais, Merlin vous portez aussi dans son cœur et, malgré sa place de valet, il avait accepté son destin. Mais VOUS ! Vous l'avez réduit en mille morceaux ! Le rendant encore plus vulnérable ! Ne comprenez-vous pas que vous étiez sa force tout comme vous étiez sa faiblesse ! Vous ne pouvez pas savoir quelle avait été la puissance de vos paroles pour l'avoir vidé de toute son essence vitale mais, la portée de sa douleur a été telle que Merlin a baissé son aura. Envolée ! Car cela permet aux sorciers de cacher leurs capacités par les autres, qu'ils soient bon ou mauvais. Sans cette aura sa magie s'est évaporée dans la nature !»
Kilgarah soupira et continua devant le regard humide du jeune roi qui s'agenouilla subitement comme si le poids de la douleur s'alourdissait sur ses épaules.
« — Les druides ont aussi perçu sa peine mais, la vie de Merlin leur échappait déjà et, ce jour-là, je me suis allié à eux. La nature entière est bouleversée parce que Merlin n'est pas un druide comme tout le monde. Il est Emrys, celui qui devait réunifier la nouvelle Albion et cela sous votre règne. Une prophétie, longtemps avant vous, avait été contée et sa naissance a été seulement due par la vôtre. De cet espoir, vous l'avez dévasté en un seul geste ! Comment pensez-vous que la nature vous récompensera ? N'entendez-vous pas les lamentations du vent ? Ne voyez-vous pas les arbres se cambrer de chagrin ? N'apercevez-vous pas la peine du soleil, père de la vie ? Ne remarquez-vous pas la dépression de la Terre, mère de l'essence vitale ? Et ce ciel gris qui s'étend à tout horizon pour annoncer leur perte ! Non Roi Arthur ! Vous avez agi sous l'impulsion et vous n'avez même pas remis en cause votre loyauté ! Et parce que Vous êtes roi, vous vous êtes cru au-dessus de lui !
Lentement, le grand dragon finit plus calmement :
— Merlin était notre sauveur et que me vaut ma vie sans lui ? Je ne suis plus rien sans sa présence ! Vous avez brisé l'aspiration que seul Emrys pouvait nous apporter. » Gémit le dragon suivi d'un hurlement poignant.
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Arthur, en posant ses deux mains en avant sur l'herbe, ne réalisait pas l'importance de son geste. Le souffle saccadé, il parvenait à peine à tout comprendre. Les paupières closes, il se rendait compte, combien Merlin était avant tout le gardien du monde magique, qu'il était encore plus essentiel que lui… Et d'entendre le dragon lui dire pratiquement les mêmes mots que la lettre… il aurait voulu mourir… De ses souffles irréguliers, en étouffant ses airs, Arthur se sentit indigne de porter la couronne… Il la sentait… cette souffrance qui s'insinuait lentement au plus profond de son être. Il avait honte et toute cette douleur qui le traversait comme un poignard… en plein cœur le fit frissonner.
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« — Je ne pouvais pas accepter que mon maitre se laisse mourir ainsi. Avec l'aide d'Iseldir, le chef des druides, nous avons demandé l'aide de l'ancienne religion pour nous rendre Emrys. Sachez, Arthur, que Merlin ne voulait pas revenir. »
Le jeune roi finit par s'écrouler entièrement en entendant ses derniers mots.
« — Nous avons pu tout de même lui proposer un choix. Elle n'est pas donné à tout le monde… le choix d'une vie… Merlin a accepté de retourner enfant chez lui et sans aucun souvenir de sa vie d'adulte. Pour le village, nous avons dû mettre une tombe à son nom. Ironiquement, Emrys, inconsciemment sait qui il est mais, il s'y refuse. J'ai placé autour de la maison d'Hunit une paroi temporelle qui permet à Merlin de grandir et d'empêcher les villageois de le voir. Selon son envie, il évoluera à son rythme mais, s'il atteint sa dix-huitième année ou plus, je devrais consentir à ce que son souhait soit validé. »
Arthur, les larmes aux yeux et toujours allongé par le tiraillement des émotions, lui murmura :
— Je regrette tellement ce que je lui ai dit…
— Merlin vous a toujours été loyal ! Il m'a même laissé la vie sauve malgré que j'aie attaqué votre royaume ! Et, Merlin mérite d'être sauvé ! cria soudainement Kilgarah.
Un souffle âcre sortit des narines de la bête et reprit avec calme :
— Je dois vous prévenir qu'Emrys n'a plus ses dons, ce fut la seule condition de Merlin pour accepter son retour.
Kilgarah dirigea son regard sur le corps qui reposait plus loin. Malgré la souffrance, le jeune Pendragon se releva difficilement.
« — Je vois qu'il vient d'avoir quatorze ans… la bête baissa la tête tout en la secouant. Arthur, Merlin vous a donné sa vie… et il a reçu votre haine comme une lame que vous lui aurait planté si lentement que la douleur elle-même n'avait aucun poids face à vos paroles… »
— Non, il doit avoir dix ou douze ans… rétorqua timidement Arthur avant de s'apercevoir qu'en effet Emm avait encore grandi.
— Sire, Emm apprécie votre présence et surement a-t-il envie de grandir auprès de vous… Kilgarah soupira, prenez soin de lui Arthur…
Le dragon se releva et finit par lui dire d'un ton triste qui fit frémir le jeune Pendragon :
— Merlin attend une vérité qui effacera vos mots… elle se trouve en chacun des signes du destin… passé, présent et futur… Je ne peux rien vous dire de plus…
Enfin, le jeune roi s'apercevait que tout ce qu'il ressentait à l'instant-même, était la souffrance du dragon.
« — Ce que Merlin ne sait pas, c'est qu'en mourant, sa peine, trop lourde à porter, m'a affectée… C'est pour cela que vous la ressentez... n'oubliez pas que vous êtes aussi né de la magie. Peut-être pas comme Merlin, mais elle fait aussi partie de vous, dit-il en secouant la tête, si vous tenez un tant soit peu à lui, Arthur, souverain de Camelot, trouver cette vérité qui annihilera vos paroles… »
Ainsi, Kilgarah le laissa sans lui permettre de poser de questions.
.
Arthur était désemparé… Le corps encore tremblant, il tenta de s'assoir un instant… son regard planté au ciel, des perles s'échappèrent pour calmer la Terre de cette blessure. Oui, il avait partagé la peine de Kilgarah et il a pu percevoir cette terrible sensation… il prenait conscience que cette émotion était dévastatrice et, en serrant sa mâchoire, il se devait de ramener Merlin, quitte à lui donner sa vie.
-X-

Quelques minutes plus tard, ses esprits revenus, en s'agenouillant près du corps fin, son cœur se serra. Merlin était vivant… et, en refermant les poings, il s'injuria de savoir que son valet n'avait pas voulu revenir. Pourquoi Merlin refusait-il sa vie ? Arthur ne comprenait pas… Il aurait dû réfléchir avant de lui cracher ces mots et peut-être que rien de tout cela ne serait arrivé ! Il avait envie d'hurler, de crier sa peine… mais, en avait-il le droit ? Cette douleur de l'avoir perdu et surement d'échouer lui faisait peur…
— Non, ce n'est pas possible… chuchota-t-il…
Les yeux clos, il respira profondément en se disant qu'Emrys était là et, que par cette occasion, il devrait réussir à le retenir… Arthur ne savait pas s'il y parviendrait. Sa poitrine comprimée, il ne comprenait pas la raison de savoir que seul Merlin arrivait à le faire autant souffrir… Le jeune roi avait déjà vécu ce genre de situation mais, jamais personne n'avait été si proche de lui. Jamais personne n'avait chamboulé sa vie comme il le faisait.
Le regard ouvert, il dut admettre qu'il tenait bien plus à lui qu'il ne le pensait. Tellement de regrets… et pourtant, Emrys était si proche tandis que Merlin semblait à la fois si loin de lui… Etait-ce donc sa sanction ? Arthur savait que s'il n'arrivait pas à le ramener qu'il serait incapable de régner sans sa présence.
— Arthur ? entendit-il en voyant Emm qui se réveillait. Qu'est-ce qui s'est passé ?
Sorti de ses pensées, il effaça rapidement ses traces de larmes puis, il lui mentit :
— Nous voulions nous promener…
-X-


Planant autour des deux jeunes gens, le vent portait encore en ses souffles cette mélodie d'un autre temps, là où Merlin avait laissé sa voix. Tristement, il attendait que le jeune roi réalise qui était le jeune sorcier. La nature tentait d'apaiser sa douleur dont la tombe s'imprégnait chaque jour. Le druide avait un pouvoir mais, celui-ci fusionnait avec elle, comme dans chacune de ses incantations, Merlin puisait en son sein. Et, pour le seul homme qu'il avait veillé, la nature l'avait toujours soutenue mais, le jour où tout a basculé, elle avait laissé évanouir la magie de Merlin.
Les animaux pleuraient aussi sa peine car, sa souffrance était telle qu'ils n'arrivaient pas à le consoler. L'esprit du plus grand druide s'était déjà réfugié dans un coin de sa mémoire. Alors, la brise patienterait encore car, elle sentait que bientôt Arthur serait prêt…
.
A suivre
.


Voilà pour ce chapitre, alors verdicte ?
.
Aynath

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Et surtout, fan de merthur, même si mes fanfictions s'écrivent très lentement...


Dernière édition par Aynath le 03 Nov 2012 09:09, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 26 Déc 2011 00:29 
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j'ai encore eus ma larmette :(

c'est tellement beau !!! prenant , bouleversant ! :suite:

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 Sujet du message: Re: Le choix d'une vie- Merlin - M&A- Pg13
MessagePosté: 26 Déc 2011 04:44 
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bons sans je pleure encore ce pas possible et ce tellement triste . pauvre d'Arthur :suite: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry: :cry:

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