Encore une fois un grand merci pour vos review
Et voilà la suite.
Bonne lecture.
ooOoo
« - Tu m’as manqué, dit Lestrade avec un sourire triste. »
John, à présent installé en face de lui, acquiesça lentement, plus ému qu’il ne l’aurait pensé. Son ami tendit la main devant lui et la posa sur sa joue, la caressant en un geste tendre comme il en avait l’habitude. Ce simple effleurement faisant revenir nombre de souvenirs agréables, John ferma les yeux en soupirant. Il y avait bien longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien.
Ne voulant pas se donner en spectacle, ils reprirent une attitude plus neutre. L’attitude qui seyait à deux ex amants. Pour autant, alors qu’ils tentaient de faire comme si tout allait pour le mieux, ils réalisaient combien c’était compliqué de faire abstraction de tout ce qui s’était passé entre eux. Le simple fait de mener à bien une conversation des plus basiques semblait représenter un effort insurmontable. Alors ils se contentèrent de boire leur consommation en silence tout en se jetant des coups d’œil furtifs réguliers.
« - C’est pitoyable, maugréa soudain Lestrade.
- Quoi ? s’enquit vivement John, avec inquiétude.
- Regarde-nous… Incapables d’échanger trois mots alors qu’avant on était tellement complices. Comment on en est arrivés là ?
- Si je le savais, marmonna John. On s’était pourtant promis qu’on resterait amis mais… Je crois que c’était impossible finalement.
- Et pourtant… ça ne devrait pas être si difficile d’être au moins capable de se parler quelques minutes, insista Lestrade. Le fait qu’on ait rompu ne devrait pas changer le fait qu’on soit amis. On l’était avant de… enfin tu vois ce que je veux dire.
- Tu n’as pas tort, admit John. Tiens, commençons par quelque chose de simple. Qu’est-ce qui t’a amené ici ce soir ? »
Ravi de ce compromis, le DI s’autorisa un sourire. C’était un bon début, estima-t-il.
« - Journée difficile au boulot, dit-il. Je n’avais pas envie de rentrer pour me retrouver seul. »
John hocha brièvement la tête. Il ne connaissait ça que trop bien. Si Sherlock était parfois bien difficile à vivre, il avait au moins l’avantage de lui éviter la solitude.
« - Et toi ? reprit le policier.
- Eh bien…, commença John en hésitant. En fait je… je me suis disputé avec Sherlock…
- Je vois, grogna Lestrade. Et bien sûr c’était forcément à toi de quitter l’appartement. »
Etrangement, cette conversation lui en rappelait beaucoup d’autres. L’aîné appréciait beaucoup Holmes, qui malgré les apparences avait pas mal de bons côtés, mais sa façon de traiter son colocataire l’avait toujours écœuré. A plus forte raison que John dans ces moments-là semblait un peu trop s’écraser, image qui ne lui correspondait pas le moins du monde.
« - Je sais, souffla le médecin. Je connais ton point de vue concernant nos prises de tête, et tu n’as probablement pas tort, mais j’aime ma vie avec lui malgré tout. »
Lestrade connaissait trop bien la douleur qui lui serra le cœur à cet instant précis. La morsure de la jalousie. Lui avait ramé comme un malade pour seulement se faire accepter par le blond et au final cela s’était soldé par un échec. En revanche John continuait à vénérer inlassablement le sociopathe alors même que celui-ci ne faisait jamais le moindre effort pour être apprécié. Le comble de l’ironie. Le comble de l’absurde…
« - Oui, ça je sais, s’exclama-t-il d’un ton acide. Tu l’apprécie tellement cette vie avec lui que tu n’as pas hésité à sacrifier notre histoire.
- J’avais Sherlock et toi ton boulot, se défendit John. Et cela apparemment ça n’a changé ni d’un côté ni de l’autre. »
Le DI baissa tristement la tête. Décidemment ces problèmes tellement insurmontables qu’il y avait entre eux à l’époque étaient loin d’être réglés. Etrangement, alors même qu’il n’était plus officiellement avec John, ce constat était aussi douloureux qu’à l’époque où leur relation partait justement à vau-l’eau. Pourtant ce soir il ne voulait pas manquer l’occasion qui lui était donné d’exprimer ce qu’il avait sur le cœur. Avalant une longue gorgée l’alcool pour se donner un minimum de contenance, il plongea ensuite son regard brûlant dans celui de son vis-à-vis.
« - Je t’aimais vraiment John, tu sais. Et je n’aurais aucun mal à t’aimer encore. D’ailleurs, en étant tout à fait honnête avec moi-même c’est probablement toujours le cas finalement… Tu me manques tant. Si seulement tu m’avais accordé autant de place dans ta vie que n’en a Sherlock.
- Greg…
- Je ne te fais aucun reproche, je t’assure. Je voulais simplement que tu le saches. »
John secouant la tête en soupirant. Il n’était pas fier de cette situation, mais qu’y pouvait-il ? Lestrade et lui ne devaient pas être faits l’un pour l’autre, voilà tout. Quoi que la douleur qui s’était faite plus intense que jamais ces quelques dernières minutes semblait laisser entendre le contraire. Il ne voulait cependant pas y penser. C’était trop dur.
« - Je suis désolé Greg. Sincèrement. J’ai fait ce que j’ai pu à l’époque…
- Ou plutôt ce que Sherlock voulait bien te laisser faire. »
Serrant violemment le poing, John le fusilla du regard.
« - Arrête ça ! Cesse de le mêler à tout ! Je suis assez grand pour prendre mes décisions tout seul.
- Pas quand il est dans le coup, marmonna Lestrade. »
Il sut qu’il allait trop loin à l’instant même où il prononça ces mots, mais il ne put se retenir. Il comprit qu’il avait blessé John en voyant ses yeux s’assombrir. Alors qu’il s’apprêtait à s’excuser le médecin, se levant brusquement ne lui en laissa pas le temps.
« - Ne recommence pas ! cracha le blond. A l’époque déjà tu m’as ni plus ni moins demander de choisir entre vous deux et tu as perdu. Et c’est encore le cas cette fois ! Je… je n’aurais pas dû t’aborder ce soir. Mieux vaut qu’on en reste là. Bonsoir Greg. »
Et avant que le policier n’ait le temps de réaliser ce qu’il se passait, le cadet était déjà loin.
TBC...