Me revoilà avec mon couple préféré...
L'histoire est longue et j'espère qu'elle vous plaira comme il m'a plu de l'écrire.
Résumé : Il ne savait plus où se donner de la tête. Arthur ayant bu une potion par erreur se retrouve avec son âme d'enfant de 10 ans… à Merlin, les joies de veiller sur lui, mais à travers cette aventure, il découvrira la profondeur de son prince.
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Incidence et turbulence…
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― Gaius vous avez ce que je vous ai demandé ? Demanda le prince au pas de la porte du médecin.
― Bien sûr Votre altesse.
De son index il lui indiqua la fiole sur la table. Il n'eut pas besoin de lui montrer deux fois puisque celui-ci était déjà devant la table, quand soudain Gaius lui cria :
― Non SIR ! …
Trop tard… Arthur avait fini de la boire, seulement il n'avait pas pris la bonne. Le prince tourna des yeux avant de s'écrouler de tout son corps pendant que le Gaius prit la fiole vide qui tomba des mains du prince. Ce dernier se donna une tape sur la tête…
― Qu'avez-vous fait, sir… murmurait-il…
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Dans la chambre du prince, Merlin était en plein rangement et, surtout en pleine réflexion personnelle. Pliant les vêtements propres, il saisit une chemise en popeline toute blanche qu'il adorait voir sur son maitre en soupirant… Depuis que Morgana n'était plus là, que le roi s'était enfermé dans sa chambre… Arthur n'était plus le même.
Il était quasiment devenu distant, ne lui ordonnant que des taches à faire et, quand il avait fini, il devait récupérer des plantes pour Gaius. Tristement, il s'assit au bord du lit en gardant entre ses mains la chemise qu'il contemplait. Depuis le retour à la normal, tout semblait bien, sauf que lui, Merlin n'avait plus un moment de répit pour lui. Mais ce qui lui faisait encore le plus de mal, était le changement radical du caractère du prince.
La première semaine, il mettait tout cela sur le compte de l'attaque de sa sœur… Puis, la manière dont Arthur se comportait avec les chevaliers, bien fidèle à lui, était vraiment le prince que connaissait le jeune sorcier et, en cela, il savait qu'il devait être la cause de son comportement. La seconde semaine, il avait scruté chaque mouvement et gestes de celui-ci à l'égard des autres. Il était gentil avec Gwen, même si elle l'avait quitté pour Lancelot. Il était toujours à la recherche de la moindre pique venant de Gauvain et surtout, il riait toujours avec ses chevaliers.
Cependant, quand Merlin se retrouvait avec eux, le prince redevenait froid et distant et, le pire dans tout cela, c'était qu'Arthur n'avait jamais un regard vers lui. La première fois, le jeune sorcier n'y prêtait pas vraiment attention mais, quand il s'aperçut que cela était seulement en sa présence, une soudaine douleur s'était emparée de tout son corps. Du mépris, voilà ce qu'il percevait du prince qu'il croyait connaitre. Merlin avait longuement réfléchi à ce qu'il aurait pu lui avoir fait, pour l'offensé, mais rien ne lui venait à l'esprit. Il avait aidé à sauver le royaume… et sa récompense… Il secoua lentement la tête.
Qu'ai-je fait ? En fermant ses yeux pour ne pas céder car, il n'était pas dans sa nature de se laisser aller, il réfléchissait… Combien de personnes avait-il vu le quitter ? Combien de personnes avait-il tentées de sauver en vain ? Ce n'était surement pas à Arthur qu'il allait lui faire ce plaisir… il ne pleurerait pas pour lui… Finalement, Merlin n'avait qu'une seule hâte : qu'il devienne ce roi que le monde de la magie voulait tant voir sur le trône mais, qu'en était-il pour Merlin ? Voulait-il de lui comme roi ? Il ne savait pas… non, il ne savait plus du tout.
Il finit par se dire que peut-être, quand la distance aura fait son chemin, peut-être, il s'en ira là où il saura que les personnes qu'il appréciait, voudraient bien de lui… Une larme, seulement une, coula sur sa joue.
Je ne céderais pas…Il se reprit rapidement et rangea la chemise. C'est en fermant l'armoire qu'il vit la porte de la chambre s'ouvrir sous un bruit lourd puis, des gardes pénétrèrent pour déposer le prince sur son lit. Atterré et figé par cette vision, Merlin entendit vaguement Gaius lui parler.
― Merlin, Arthur a voulu une potion pour…heu… son mal de tête et, en se précipitant, il a pris la mauvaise fiole…
Mal à la tête ? C'est bien nouveau ça ?― Merlin ne m'as-tu pas écouté ? demanda le médecin en le secouant par l'épaule.
Enfin, il fixa un instant son mentor d'un regard médusé.
― Il a fait quoi ? … Quelle fiole ?
A nouveau Gaius lui expliqua et, enfin Merlin sortit de son brouillard.
― Pourquoi avait-il besoin d'une potion ? questionna le brun.
― Je viens de te le dire…
Gaius croisa les profondeurs des yeux noirs que lui lançait son pupille, jamais celui-ci ne doutait de ses dires mais, pour la première fois, il savait que Merlin n'était pas dupe.
― Ce n'est surement pas avec un mal de tête qu'il se serait jeté aussi vite pour potion… si tel avait été le cas. Il attend toujours que vous l'apportiez ou que vous la lui donniez en mains propre… dit d'une traitre le jeune sorcier en se pinçant les lèvres.
En s'approchant du prince qui était endormi, sans détourner son regard de celui-ci, il demanda :
― A quoi lui servait la potion que vous lui avait faite ? insista Merlin.
A son silence, Merlin comprit qu'il ne lui dirait rien et cela ne faisait que renforcer ses incertitudes. Alors, sans sourciller, il savait maintenant à quoi s'en tenir. Il avança vers Gaius qui était resté près de la porte et, en le fixant droit dans les yeux, il lui dit sans aucune émotion :
― Appelez-moi quand il se réveillera… et si bien sûr… il a besoin de moi.
Sans attendre la réponse, Merlin sortit en direction des écuries. Quant à Gaius, il fut blessé par le regard de son protégé et son ton plein de reproche. En temps normal, il était de son devoir de rappeler son pupille à l'ordre mais, cette fois-ci, il ne le put. Il savait pourquoi il agissait ainsi et il ne pouvait pas lui en vouloir. Ce que lui avait demandé Arthur était strictement personnel et il ne pouvait en aucun cas trahir la confiance du prince… Mais Merlin… qu'en était-il pour lui…
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Entre les foins et les bouses, Merlin se contrefichait d'où pouvait venir l'odeur qui l'entourait. Ses pensées étaient seulement tournées inéluctablement vers Arthur. Une douleur inconnue le poignarda lentement, comme si elle persistait à chacune des parties de son corps à lui montrer combien il tenait à lui. Seulement dans sa tête, il ne pouvait pas accepter un tel comportement à son égard. Après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble, après tous les sacrifices qu'il avait lui-même faits…
Non, je ne pleurais pas….
Une heure plus tard, après avoir fait un brin de toilette, Merlin regagna sa chambre. En balayant la pièce de son regard, elle lui parut soudainement bien plus petite. Il savait qu'il devrait, tôt ou tard, aller voir Arthur, bien qu'il essayait de l'éviter le plus souvent que possible depuis qu'il ne lui donnait que des ordres de crétin royaux…
Pourquoi nous en sommes-nous arrivés là ?Il sortit de ses pensées lorsqu'il entendit quelqu'un frapper à la porte et, avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, Lancelot se présenta :
― Merlin… tu es au courant pour Arthur ? demanda le chevalier en cachant sa panique.
En soupirant au nom du prince, il lui répondit qu'il savait que ce qu'il avait pu voir le matin même.
― Alors tu ne sais pas… chuchota Lancelot.
― Que dois-je savoir à propos du prince qu'il faille que ce soit à toi de me le dire ?
Tant de reproche, tant de mépris… qu'attendait Arthur de sa part que ce qu'il avait réussi à lui donner jusqu'ici ?
― Merlin ? le ton du chevalier était devenu plus dur… Quoiqu'il se passe avec lui, ne change pas avec moi…
À ses paroles, Merlin reconnut ses torts et, en baissant la tête, il s'excusa de son attitude.
― Si Arthur ne pouvait pas te le dire, reprit le chevalier, c'est parce que la fiole qu'il a bu ce matin lui a ôté tous ses souvenirs d'adulte…
Lancelot s'arrêta quelques secondes comme s'il cherchait ses mots…
― Il a son âme d'enfant de dix ans… souffla-t-il.
Le jeune sorcier qui ne comprenait rien à ce que lui racontait le chevalier, se leva et courut en direction de la chambre du prince. Bousculant quelques servants au passage, il arriva enfin à destination quand il entendit des cris. Stoppé dans sa course, il reprit son souffle au seuil de la chambre. Devant ses yeux ahuris, il aperçut le prince assis sur le dos de Léon, qui était à quatre pattes, criant '' hu ! '', tandis que Gaius tentait de raisonner Arthur.
Gwen, les mains sur la bouche, ne savait plus si elle devait en rire ou être outrée par le comportement de ce dernier. Les quelques servants qui aperçurent Merlin sortirent tous aussi vite qu'ils le pouvaient. En les voyants défilés à une vitesse phénoménale, Merlin crut apercevoir des plumes dans leurs cheveux dont le restant devait être encore dans le pauvre oreiller qui trainait à même le sol. Le dernier qui passa à côté de lui, était trempé de la taille au pied… Quand le jeune sorcier croisa son regard, il pouvait facilement lire '' Bon courage ''.
Merlin contempla l'état de la pièce qui ne ressemblait plus du tout à ce qu'il avait laissé derrière lui tôt ce matin-là. Prenant son courage à deux mains, il fixa durement le prince :
― Arthur !
Au son de son prénom, ledit Arthur, qui leva ses yeux sur lui, s'arrêta net. Or, dans le regard du prince, le valet ne voyait plus rien qui appartenait à celui qu'il connaissait. Il y avait quelque chose de bien différent… puis, si le prince n'était plus lui-même, Merlin lui désigna toute la pièce qui était dans un pitoyable état.
― Tu penses que ta chambre est une cour pour t'amuser ! tenta-t-il de sa voix tendue et nerveuse, tu vas me faire le plaisir de tout ranger et, en attendant,…
Merlin dévisagea tout le monde leur indiquant de son index la sortie avant de reprendre en fixant froidement Arthur :
― Tu vas rester seul pour te laisser le temps de réfléchir à ta bêtise !
S'il était vraiment l'Arthur qu'il connaissait, jamais, ce dernier n'aurait accepté qu'il lui parle de la sorte. En croisant son regard, Merlin ne perçut rien de tout cela, juste de l'étonnement et l'incompréhension. Au bout de quelques minutes à s'affronter des yeux, il ne restait plus qu'eux deux dans la pièce.
― Jamais ! Cria-t-il en tapant du pied tout en soutenant méchamment le regard de Merlin.
Le jeune sorcier n'arrivait même plus à le regarder alors, comme Arthur ne bougea pas, il commença lui-même à remettre de l'ordre. Sous l'œil attentif du nouveau petit prince, il agit comme s'il n'était plus là. Merlin avait presque fini de tout ranger quand soudain deux mains empoignèrent ses chevilles pour se retrouver la tête première plongée sur le plancher. Il eut à peine le temps de placer ses deux bras sur la figure mais, la douleur de la chute lui fit extrêmement mal. Derrière lui, il entendit le son d'un rire bien enfantin qui l'énerva.
Merlin se releva du mieux qu'il put mais, en passant sa main sur son visage, il sentit un filet au gout métallique au coin de sa lèvre… Il toisa durement le prince puis, il le laissa dans sa chambre en ordonnant au garde de ne le laisser sortir sous aucun prétexte.
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En entrant dans le laboratoire, Gaius se précipita sur son pupille mais, celui-ci releva son coude dont le reste du membre était collé à son nez. Merlin ne voulait pas de l'aide de qui conque, pas maintenant… Il alla dans sa chambre lorsqu'il entendit :
― Merlin, tu pourras m'en vouloir mais, cela ne change en rien le fait qu'étant médecin de la cour, je ne peux divulguer le besoin de mes patients…
Le jeune sorcier se retourna sur lui et, les yeux brillants, il lui répondit sur le même ton :
― Pas quand cela doit jouer sur l'humeur du prince quand tous savaient qu'il ne me voulait plus à ses côtés ! Depuis quelques jours il…
Il se tut comme si cela n'avait plus aucune importance et, en secouant la tête, il ne voulait pas en parler dans ces conditions.
― Peu importe Gaius, reprit le jeune sorcier, ce qui est fait, est fait… Trouvez le remède avant qu'il ne tue quelqu'un…
Il claqua fortement la porte derrière lui et s'effondra sur son lit. Se cachant le visage dans son oreiller, il avait une envie pleurer pour évacuer toute cette tension qui le maintenait dans cet état dont il ne supportait plus. Ce n'était pas lui… Non, ce n'était pas dans sa nature d'être dure, d'être froid… Il laissa toute de même ses quelques larmes coulaient pour se sentir bien mieux.
Et quant au bout de quinze minutes, il se releva pour se passer un filet d'eau fraiche sur son visage. Ce geste effaça le reste de sa blessure et, il se sentit beaucoup mieux. Revigoré, en sortant de sa pièce, il distingua son mentor au centre de son laboratoire, entre plantes et fioles.
― Gaius… murmura-t-il en baissant la tête. Je suis désolé, je ne voulais pas…
Le médecin savait que Merlin pouvait être parfois difficile mais, cela ne durait jamais longtemps.
― Non, tu n'as pas à t'excuser. Pour Arthur, la seule chose que je pourrais te dire, ce serait de lui parler de ce qui se passe entre vous…
― Mais, justement il ne passe rien… s'écria-t-il.
Déconcerté par les paroles du médecin, Merlin ne voyait en rien ce qui aurait pu pousser le prince à le mettre à l'écart. Dévisageant son mentor, il ajouta :
― Je ne fais que ce qu'il me demande et, quand je suis près de lui ou dans la même pièce que lui… Merlin soupira pour reprendre, ce n'est seulement pas pour me dévisager et me MéPriSer !
Les derniers mots semblèrent peser ses émotions…
― C'est loin d'être si compliqué que cela mon jeune homme,… répondit Gaius, bref, je te demanderais seulement de bien veiller sur Arthur.
― A-t-il vraiment dix ans ? questionna le jeune sorcier en changeant de sujet.
― Malheureusement, je le crains...
Il contempla sa table de travail puis, en fixant son pupille, il continua :
― Il faut que tu saches que le prince à cet âge était très turbulent…
― J'ai eu un aperçu, dit-il en lui montrant la petite coupure aux coins de ses lèvres, et j'espère que vous trouverez vite le remède…
― C'est ce que je vais faire, mon petit…
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Merlin arriva devant la chambre du prince quand il entendit encore des cris. Il courut rejoindre ce dernier qui était allongé sur son lit tout en se débattant contre des servants qui tentaient de lui donner un bain.
― Mais, qui vous a permis de venir ici ? cria le jeune sorcier de ses yeux ronds.
Trois paires d'yeux le dévisagèrent et, sans que qui conque ne lui répondent, il leur demanda de quitter la chambre.
― C'est moi qui m'occupe de lui dorénavant ! Je ne tolérais pas une autre action de ce genre à l'avenir !
Il les fixa durement puis, il finit par leur dire :
― Que ce soit clair pour tout le monde ! Le jeune prince n'a qu'un valet ! Et ce valet c'est moi !
Merlin n'était pas fier de lui mais de là, à ce que des adultes ne comprennent pas le langage des enfants et, le forçaient à faire ce qu'il ne voulait pas, ne servait à rien d'insister. Quant à Arthur, il s'était tu et regardait Merlin sans bouger du lit. Le jeune sorcier s'approcha de lui et, en prenant sur lui tout ce qu'il ressentait contre lui, il chuchota :
― Hé petit, si tu ne veux pas aller au bain, moi je ne t'oblige pas… dit-il en balayant devant lui d'un geste de bras. Mais, si toi, tu en as envie, je serais prêt à te faire un bateau en bois pour t'amuser avec …
Le regard d'Arthur se mire subitement à briller en même temps qu'un sourire se dessina sur son visage.
― Ha ! Ça veut dire que tu veux aller au bain ? dit joyeusement Merlin.
Le prince hocha de la tête. Merlin le laissa juste se déshabiller seul comme un grand pour lui laisser le temps de faire le bateau. Il quitta la chambre en ordonnant, cette fois-ci, que personne n'entre sans son autorisation.
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Quand il revint vingt minutes plus tard, Arthur s'était endormi sur son lit… et nu… Il dut mettre trop de temps et, en le voyant ainsi, si vulnérable et si jeune dans sa tête, le fit réfléchir. En le recouvrant d'une couverture, son regard s'attarda quelques secondes sur les courbes du prince. S'empourprant soudainement à ce geste, il se dépêcha en hottant prestement ses pensées interdites de sa tête.
Depuis quand suis-je attiré par le corps des hommes ?Merlin prépara le bain en se changeant les idées et, quand enfin tout fut prêt, il se plaça à genoux au bord du lit, les bras croisés sur le matelas.
― Hé petit… chuchota-t-il…
Les paupières du prince se levèrent doucement, le sortant de son songe. Le regard de ce dernier fut attiré par le petit bateau en bois et, des étincelles y brillèrent, faisant sourire Merlin. Arthur se leva rapidement, se laissant découvrir entièrement devant les yeux de son serviteur et se jeta à l'eau. Le jeune sorcier, immobile, le regardait s'amuser comme jamais il ne l'avait vu. Bien qu'il ait son âme d'enfant, il était, à ce moment-là, un enfant comme les autres. A la seule différence qu'il avait le corps d'un adulte… et quel corps !
Merlin se frappa mentalement la tête en se demandant d'arrêter de fantasmer sur le prince qui, lui, ne souhaitait plus le voir… enfin le crétin d'Arthur… L'air heureux se peignait sur son visage. Merlin se rapprocha de la baignoire en bois quand il entendit :
― Merci Merl ! En lui montrant l'objet de cet acte si innocent sortant de sa bouche.
Le jeune sorcier sourit au surnom et pour la première fois depuis la libération de Camelot, il se sentait bien auprès d'Arthur. Alors se laissant prendre au jeu, il releva ses manches et s'amusa à l'éclabousser et, avec joie, ses oreilles s'enchantaient de l'éclat de rire du prince. Comme les rires parvinrent jusqu'à l'extérieur, Lancelot et Gwen entrèrent dans les appartements du prince.
― Hé ben ! Je vois qu'on ne s'ennuie pas ! s'écria le chevalier en regardant les deux jeunes gens.
― Regarde m'man Gwen ! Merl il m'a fait ça ! cria-t-il en levant triomphalement de sa main le bateau.
Gwen s'approcha un peu plus près quand, soudain elle aperçut un clin d'œil entre Merlin et Arthur. Elle vit une petite vague d'eau s'élancer sur elle. Trempée comme jamais, elle se figea en jetant un regard noir au jeune sorcier. Mais, Merlin, dans cette ambiance, se leva et lui apporta une serviette, en laissant le jeune Arthur dans son bain.
En se séchant, Gwen se ressaisit et, avec sérieux, elle lui avoua :
― Merlin, commença-t-elle, je voulais m'excuser d'avoir envoyé des servants à ta place…
Ainsi c'était elle…― Je ne savais pas si tu voulais t'en occuper… finit-elle par dire.
Elle savait très bien par Lancelot qu'une tension régnait entre eux, sans vraiment connaitre la raison et elle avait jugé inutile de l'embêter.
― Non, tu ne pouvais pas savoir, murmura-t-il à voix basse. Je vois que le jeune Arthur à ses petites périodes de crise… qui d'ailleurs m'a bien valu de gouter au sol de mon propre visage… dit-il en portant une main sur son nez dont la douleur était encore passablement présente.
Gwen le détailla en faisant une moue, compatissant à sa douleur.
― Si jamais tu as besoin d'aide, n'hésites pas Merlin… lui dit le chevalier avant de les laisser seul.
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Et ainsi va la vie de Merlin, durant quatre jours, il s'occupait du jeune prince. Il avait l'impression de passer plus de temps à courir après lui, s'épuisant jusqu'à se fendre de fatigue… Tantôt adorable et tantôt diabolique. Il ne savait plus comment le gérer et, en même temps, il entrevoyait celui qu'avait été Arthur plus jeune. Il comprenait sa solitude… De celle que l'on ressent quand on se sent différent, de celle qui s'imprègne à notre personnalité parce qu'on n'a pas le choix… cette solitude qui vous accompagne partout où vous allez…
Merlin ne voulait pas qu'Arthur ressente à nouveau cette solitude, il voulait lui montrer combien, il était parfois bon d'avoir à ses côtés une personne qui tenait à lui. Alors le jeune sorcier lui courait sans cesse après… La nuit, malheureusement pour lui, Arthur arrivait parfois dans sa chambre pour lui réclamer une histoire dont il avait le secret pour l'endormir… mais pas assez pour toute la nuit.
Il ressemblait vraiment un enfant… debout au pied de son lit, il baissait la tête en tenant ses deux mains comme s'il cherchait son approbation. Merlin n'arrivait jamais à le lui refuser. Plus les jours s'écoulaient et plus la fatigue se ressentait, or, il ne voulait que personne d'autre ne veille sur le prince. Il prit donc sur lui, espérant tout de même que l'antidote soit bientôt prête… Parfois, lorsqu'il raccompagnait le prince dans son lit, il se disait qu'après tout ça, le royal crétin serait de retour… parce qu'Arthur sera à nouveau là… distant et froid…
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Au cinquième jour, ce fut un jour plus difficile que les autres car, le prince avait entendu une conversation entre son valet et Lancelot. Arthur comprit que son serviteur souhaitait partir et, dans son cœur d'enfant, cela signifiait le quitter et qu'il ne le reverrait plus. Il attendit alors, debout dans sa chambre en tenue de nuit au matin et, quand Merlin entra, Arthur les yeux noirs lui hurla :
― Je te déteste Merl ! en lui lançant son petit bateau qu'il évita de justesse.
Le prince lui criait dessus au son d'une voix plus expressive qu'à l'habituelle. Puis de rage, il se jeta sur lui en tirant sauvagement sur son pull et, se leva brusquement pour sortir en courant les larmes aux yeux, dont le jeune sorcier n'eut pas le temps de voir. Merlin était encore allongé, affligé par cette scène.
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Merlin courait, courait jusqu'à s'essouffler… il s'arrêta deux minutes, cambré sur lui-même, les mains en appui sur ses genoux… la gorge sèche, il se mordit la langue pour sécréter plus de salives…
Qu'est-ce qui lui prend depuis ce matin ?Merlin cherchait la raison de son comportement mais, rien ne lui vint à l'esprit… comme d'habitude, rien n'avait de sens. Petit Arthur se met du jour au lendemain à le détester et, le grand Arthur faisait de même… alors, allez savoir s'il y avait vraiment une raison…
Il était épuisé. Il regardait autour de lui puis, lassé, il retourna dans la chambre du prince où ce dernier dut passer entre temps pour y mettre le foutoir… exaspéré, il n'en pouvait plus… Courant à nouveau au-dehors, au marché, il aperçut Arthur en train d'embêter les chevaliers mais, ce dernier s'éclipsa quand il le vit.
― Ah non, ce n'est pas vrai ! maugréa Merlin entre ses dents…
Il abandonna la partie et retourna à nouveau dans la chambre pour la nettoyer. À quatre pattes pour récurer le sol, il sentit deux objets durs s'écraser contre ses cuisses. En se retournant, il distingua le prince en train de lui écraser des tomates. À bout, Merlin était à bout… et, sans rien dire, il se leva et ferma la porte. Il la bloqua quelques instants avec ses mains poisseuses pour ne pas laisser sortir le prince.
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Il ne savait plus où se donner de la tête. Merlin s'assit contre la porte princière, tentant de ne plus entendre les cris de son prisonnier en se bouchant les oreilles du mieux qu'il pouvait. Il osa enfermer le prince dans sa chambre. Le jeune sorcier n'en pouvait plus, il était exténué. Son pull rouge était troué de part et d'autre et, son pantalon avait subi les frasques de morceaux de tomates … Dépité et lessivé, Merlin pensa bloquer la porte mais, quand celle-ci s'ouvrit, il s'étala de tout son dos, se donnant en spectacle au jeune prince.
Courbaturé comme jamais, il crut un instant qu'il allait abandonner et fuir cette situation grotesque. Le premier réflexe du jeune sorcier fut de ramener ses jambes tout contre son torse et de basculer sur le côté. Mais Arthur, les yeux remplis de malice, n'avait que faire et, se jeta sur son valet en le tirant par le pull, promenant ainsi ses mains sur son torse.
Merlin n'en supportant plus mais, vraiment plus, il tenta de se relever et de le repousser assez loin de lui.
― Cela suffit maintenant, petit ! cria-t-il quand il aperçut Gwen arriver à sa rescousse.
A sa vue, Arthur se renfrogna et se cacha derrière son valet, honteux d'avoir été pris en flagrant délit de torture sur son servant. Il tirait sur un bout du pull de Merlin qui se disait qu'au point où il en était, il devra le jeter. Gwen, fidèle à elle-même, joua son rôle à la perfection : les mains posées sur les hanches, elle lança un regard noir au prince.
― Arthur ! T'ai-je pas déjà dis d'arrêter d'embêter le pauvre Merlin ! Cesse de lui tourner autour et pour m'avoir désobéi, tu vas rester dans ta chambre toute l'après-midi ! dit-elle en pointant son index en direction de la chambre ouverte derrière eux.
Le prince, penaud, traina des pieds et chuchota en tournant légèrement sa tête boudeuse :
― T'es pas gentille maman Gwen… répondit-il en fermant la porte.
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Merlin et Gwen se regardèrent d'un air triste mais, le prince était vraiment insupportable.
― Quand penses-tu que Gaius trouvera le remède ? demanda la servante qui compatit à sa douleur perpétuelle que lui infligeait Arthur.
― Je ne sais pas, soupira le brun… Je ne le supporte plus, je le préfère en prince crétin qu'en prince pourri gâté… répondit Merlin en passant une main sur son front en signe d'une longue fatigue.
― Je te comprends… en même temps, c'est toi qui as voulu t'en occuper…
― Oui, enfonce-moi une épée tant que tu y es, dit-il en souriant pour ne pas la vexer…
― Et puis, ce n'est pas lui qui te tourne autour… reprit-elle en déglutissant et ajouta nerveusement, c'est toi qui passes ton temps à lui courir après…
Merlin parut réfléchir à ses paroles et, il dut reconnaitre que dans le sens littéral, tout cela était vrai…
― Quand bien même, il faut bien le surveiller… et puis… J'en ai marre de jouer le précepteur ! hurla-t-il énervé d'une part par le fait que depuis qu'Arthur était ensorcelé, ce dernier l'épuisait et ne lui laissait aucun moment de répit… et d'autre part, parce qu'il sentait sa magie qui souffrait autant que lui…
― Si je connaissais le moyen de lui rendre son esprit d'adulte maintenant, je ferais n'importe quoi ! reprit-il…
― Ecoute, Merlin, je sais qu'Arthur est sans conteste le plus énervant de tous les…
Elle aurait voulu dire enfant mais, qu'en était-il, quand il s'agissait d'un adulte coincé avec son âme d'enfant… Elle soupira et reprit en posant une main sur son épaule :
― Je vais voir Gaius et, si je peux l'aider, je ferais de mon mieux…
Merlin la fixa et la remercia de le soutenir.
― Mais, en attendant, même si j'ai puni Arthur, je te conseillerais de veiller sur lui…
Elle fixa le plafond un instant puis ajouta :
― Si je m'en souviens bien, il avait fait tourné en bourrique une vingtaine de précepteurs mais, au moins toi… tu n'es pas parti au bout de deux jours…
― Non… ne me dis pas ça, se lamenta-t-il… ça ne me donne pas plus de courage…
― Bon, si tu veux Merlin, demain, je prends ma journée pour te laisser te reposer… dit-elle en le contemplant d'un sourire.
― Merci Gwen ! Je sais que tu as beaucoup de travail, mais là, tu me sauverais la vie… Je n'en peux plus de ce garnement de prince pourri gâté, rajouta-t-il en faisant le geste de mettre en boule des bouts de papier imaginaire entre ses deux mains.
Quand il aperçut le regard de Gwen monter légèrement au-dessus de son épaule, il comprit qu'Arthur était juste derrière lui. La servante lui décocha un regard compatissant et, partit voir Gaius.
Merlin osa se retourner en soupirant mais, ne voyant pas le prince, il entra finalement dans la chambre.
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Quand il vit Arthur allonger sur son lit en position de fœtus, une légère peine lui comprima la poitrine. Il savait que ce n'était pas de la faute d'Arthur s'il était dans cet état… A chacun de ses pas, son cœur flanchait douloureusement parce que même s'il était un prince pourri gâté, il était de sous sa garde. Il balaya pitoyablement la chambre de son regard dépité et, soupira fortement tant elle ressemblait à un champ de bataille…
Des coussins étaient éparpillés dans les coins, des vêtements propres et sales se baladaient entre l'armoire, la commode et le lit… et deux vases avaient été brisés au cours de la matinée… Il se dit qu'il rangerait plus tard parce qu'il devait consoler le prince. Alors, il s'avança en s'asseyant au bord du lit. Pour lui, c'était la première fois qu'il se sentait coupable du chagrin qu'il venait de provoquer au prince.
― Hé petit ? murmura Merlin en posant sa main sur Arthur.
Mais, celui-ci fit la sourde oreille. Le prince se décala même à l'autre bout du lit, faisant ainsi resserrer le cœur de Merlin. Combien de fois, sa mère lui disait de ne jamais parler des enfants '' méchamment '' devant eux… Lui, mieux que qui conque, le savait bien. Il ne comptait plus le nombre de fois où enfant, les adultes le blessaient en disant qu'il n'était pas un enfant fréquentable et trop étrange. A ce souvenir, en se mordillant la lèvre inférieur, son cœur se serra.
Il se leva lamentablement et, en contournant le lit, il vit des larmes sur les joues du prince. Il secoua la tête, honteux d'avoir été si dure mais, de surtout s'être emporté. Doucement, il s'accroupit devant le visage fermé de ce dernier. Il le regarda mais, il n'avait pas fait de geste envers Arthur et il ne se l'était jamais permis, parce qu'il était le futur souverain de Camelot.
La gorge nouée, il se disait qu'en aucun cas il aurait osé… pas après le mépris qu'avait le prince pour lui. Or, pour cette fois-ci, il décida qu'il devait faire ce pas.
― Arthur, chuchota-t-il fébrilement d'une voix douce et calme…
Il avait du mal à le voir tel un enfant dans ce corps si adulte… et l'appeler par son prénom lui devenait pénible… Il lui caressa les cheveux pour le faire ouvrir les yeux mais, celui-ci s'obstina à rester muet.
― Pardonne-moi… Je n'ai jamais voulu te blesser… continua-t-il sur le même ton.
Du bout de ses doigts, Merlin sécha les larmes qui coulaient de la joue exposée d'Arthur. Ce dernier ouvrit enfin son regard bleu sur son valet. Le cœur déchiré par cette vue, Merlin n'était pas fier de son comportement. Douloureusement, il ferma les yeux quelques instants quand, brusquement, il sentit deux bras qui l'encerclèrent autour de son cou, le faisant basculer contre le sol.
Dans sa chute, le prince ne le lâcha pas. Tandis que le jeune sorcier qui se croyait se faire encore piéger, ouvrit rapidement ses paupières et, en croisant le regard terriblement blessé d'Arthur, n'eut pas l'envie de l'éloigner, de peur d'augmenter encore plus sa souffrance.
― Je ne veux pas que tu partes ! se mit soudainement à sangloter le prince, en le serrant encore davantage tout contre lui.
Tous les deux allongés à même le sol froid et dur, Merlin fut troublé par ce que venait de lui dire Arthur. Ne sachant quoi faire, il se releva pour être plus confortablement assis sans que ce dernier ne le quitte une seconde. Au contraire, le prince l'étreignit plus fortement.
― Je ne partirai pas, murmura le jeune sorcier en passant sa main tremblante sur les cheveux dorés de son vis-à-vis.
Arthur releva sa tête, affrontant les yeux de son valet à la recherche d'un quelconque mensonge, mensonge que seuls les adultes savaient très bien dissimuler.
― Mais, tu as dit à maman Gwen que tu n'en pouvais plus… de moi… bredouilla-t-il en pleurant d'une moue bien enfantine… et je t'ai entendu parler avec Lancelot… avoua-t-il…
Puis, il replaça sa tête au creux du cou de Merlin. Telle était la vraie raison de sa colère… à ce moment-là, le jeune sorcier se dit qu'Arthur devait aussi avoir une bonne raison pour le juger si froidement… Extrêmement gêné par leur position, Merlin lui caressa le dos pour le calmer et lui chuchota :
― Arthur, malgré le fait que tu sois insupportable, ne veux pas dire que je partirai… Tu es aussi adorable même si je ne te le dis pas assez…
Les mots que lui souffla le prince contre son cou le blessèrent encore plus :
― Ils sont toujours parti… ils m'ont tous abandonné…
Mon dieu, je n'aurais jamais cru que tu te sentais si seul…Merlin dut faire un effort pour ne pas craquer sous les blessures du prince. Il connaissait lui-même cette terrible sensation d'être toujours mis à l'écart… Mais, plus tard, il avait eu la chance d'avoir William à ses côtés. Alors, il imaginait très bien la vie solitaire et contrainte de celui d'un garçon de son rang.
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Au bout de quelques minutes, il s'aperçut qu'Arthur s'assoupit alors, en usant de sa magie, il le déposa sur le lit en veillant à ne pas le réveiller. Il le recouvrit d'une couverture jusqu'au niveau de son cou et, ses yeux ne purent s'empêcher de le contempler. Instinctivement, il déplaça quelques mèches rebelles du front d'Arthur quand un sourire s'afficha sur les lèvres princières…
Fait de beau rêve…Bien qu'il soit insupportable, il savait que le prince devait surement avoir appris très jeune qu'il ne pouvait s'attacher aux gens et, qu'en agissant ainsi, il ne souffrirait pas lui-même de leur départ. Et en cela, Merlin sentait les battements de son cœur prendre un tout autre chemin… Il réalisait à quel point il tenait encore plus au prince… Inconsciemment, Arthur lui montrait plus d'intérêt dans cet état que quand il était un crétin royal… Il soupira puis, avec courage, il rangea enfin la chambre avant que la nuit ne tombe et qu'Arthur daigne se lever.
Perdu dans ses pensées, quatre ans qu'il travaillait pour le prince et, aujourd'hui, ce fut la première fois qu'il le consolait, première fois où il avait fait le choix d'être lui-même. Depuis cette incidence, Merlin était bien plus proche du prince qu'auparavant, même s'il lui en faisait voir de toutes les couleurs, il ne pouvait que s'attacher encore plus à lui. Malgré tout cela, il espérait que Gaius trouve enfin le remède parce que si Arthur ne s'était pas trompé de fioles, Merlin n'en serait pas là.
Ainsi tout reprendrait là où ils en étaient tous les deux… A cette pensée, sa poitrine se comprima d'une douleur qu'il n'avait envie de comprendre… Las de tout ce chamboulement, il s'allongea à côté d'Arthur, trop fatigué pour retrouver son propre lit.
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Merlin se réveilla en sursautant et, sous la lueur d'une petite bougie au chevet du lit d'Arthur, il vit ce dernier accroupi devant lui. Le visage passablement éclairé, il ressemblait à un ange… un bel ange aux yeux bleus et envoutants. Même si le prince avait son âme d'enfant, son corps d'adulte reflétait une telle aisance et, dégageait tellement de chaleur que s'il ne le connaissait pas à cet instant, il lui aurait donné le monde sans rien demander. Un sourire hésitant se dessina sur le visage d'Arthur. Merlin resta ainsi à l'observer quelques secondes puis, en reprenant ses esprits, il s'assit.
― Je suis désolé, dit-il en se frottant les yeux… Je n'aurais pas dû m'assoupir…
Le prince lui sourit encore comme jamais il ne l'avait vu. Mal à l'aise, il sortit du coin du lit et lui demanda s'il avait mangé quand, en levant son regard, il aperçut un plateau sur la table.
― … ça va alors… je suis désolé, Sir…
― Arthur, murmura le blond.
Un peu perdu, il ne comprit pas ce qu'il voulut lui dire puisque Gwen entra à cet instant.
― Merlin, tu nous fais l'honneur de ta présence bien éveillée, dit-elle en souriant. Gaius t'attend pour manger, vas-y… elle lui fit un clin d'œil avant de s'occuper du prince.
Il arriva au seuil de la porte quand il se tourna sur Arthur qui sembla attrister et, en lui souriant, il lui dit :
― Je reviens te border avant d'aller te coucher, promis… puis, il sortit presqu'en courant.
D'habitude, il ne lui disait jamais rien, à part une histoire mais, ce soir, il sentit le besoin de montrer à Arthur qu'il ne le laisserait jamais tomber.
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― Merlin ! entendit-il joyeusement en pénétrant dans le laboratoire du médecin. Alors, comment se porte notre gentil prince ?
― Ho ! Il va bien… ne put-il seulement dire. Et le remède ?
Merlin s'attabla en face de son mentor. Il mangea aussi vite tellement son estomac criait famine.
― Hé ! Doucement mon petit ! Tu vas finir par t'étouffer… je sais combien Arthur était infernal à son jeune âge mais, j'espère qu'il ne te fatigue pas trop… chuchota-t-il.
Merlin s'empourpra en repensant à ce qu'il s'était passé. Alors, dans l'élan de la conversation, il osa lui demander :
― Gaius… Arthur avait-il des amis de son âge ?
Le médecin réfléchit un instant en portant un verre d'eau à sa bouche :
― En y repensant, je ne pense pas… Il a toujours été solitaire jusqu'à ce qu'il finisse par grandir et commence à assumer son rôle de futur héritier… répondit-il en fixant son pupille. Bien sûr, il avait Morgana mais, jouer à la princesse ne l'intéressait pas…
Merlin sourit en imaginant le prince en robe…
Le médecin fixa un instant le plafond puis ajouta :
― Justement cela me rappelle que c'était peu de temps avant ton arrivée… Le roi lui en avait fait une morale sur ses agissements enfantins et lui avait dit d'agir en tant que futur héritier et que son devoir était de le seconder. Gaius soupira et continua, en fait non, il n'a vraiment jamais eu d'amis à proprement parler.
A ses mots, Merlin se sentait bien plus chanceux que le prince. Il baissa son regard sur son assiette, une compression invisible sembla à nouveau lui serrer la poitrine.
― Qu'est-ce qui passe Merlin ? demanda Gaius voyant qu'il jouait avec la fourchette sur l'assiette vide.
Merlin leva son regard brillant sur son mentor puis, en essayant de lui répondre, rien ne franchit de sa bouche. Sa gorge l'empêcha de sortir un son. Comme si le médecin parut comprendre son désarroi, il lui dit :
― Merlin… Arthur s'en est très bien sorti. Surtout que maintenant tu es là… Il est vrai que depuis que tu es à son service, il a plus la carrure d'un souverain et il agit moins par impulsion… et je sais combien tu es attaché à lui, même si ces derniers temps il te parait distant, dis-toi bien qu'il devait avoir une raison que seul lui peut te donner… avait-il dit en baissant son regard.
Le jeune sorcier hocha de la tête, perdu dans les paroles de Gaius. Puis, il prit une gorgée d'eau et en se raclant la gorge :
― J'ai vu cette facette du jeune prince… j'ai vu la solitude dans son regard quand j'ai dit à Gwen que je ne le supportais plus. Il a pleuré parce qu'il croyait qu'à cause de ce qu'il me faisait endurer, que j'allais partir… la fin de la phrase mourut sur ses lèvres…
Le médecin était triste de voir son pupille dans cet état.
― Arthur n'a jamais gardé un précepteur très longtemps… et pour qu'il te dise cela c'est que tu dois compter beaucoup pour lui… Cesse de te lamenter et voit cela comme une chance de mieux le connaitre, finit-il par lui dire en souriant. Et d'ici demain soir, j'aurais fini le remède…
― Quand le vrai Arthur reviendra… chuchota Merlin… tout redeviendra comme avant…
Gaius voulait lui dire la vérité mais, il ne pouvait pas…
― Je te promets de faire de mon mieux pour le remède, dit-il comme s'il savait exactement ce qu'il devait faire.
Tous deux se levèrent quand, Gaius l'interpella :
― Oui ? répondit le brun.
― Tu devrais peut-être te laver et te changer, tu ne penses pas ? dit-il avec une pointe d'humour.
Merlin se détailla et se dépêcha de faire un brin de toilette. Troquant son pauvre pull rouge contre son pull bleu et un autre pantalon, au bout d'une heure, il retourna voir le prince.
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Arthur ne semblait pas vouloir dormir quand Merlin entra dans sa chambre. Gwen lui sourit et lui souhaita une bonne nuit… Nuit qui allait lui paraître bien longue, vu que le prince avait bien dormi l'après-midi. Le jeune sorcier regardait Arthur assis au bout de son lit, les pieds nus sur son coffre. Vêtu d'une chemise blanche assortie au pantalon de lin, il avait vraiment cet air angélique… Il n'avait pas bougé quand il s'approcha de lui. Les traits d'Arthur semblaient encore lui dire de ne pas le quitter… Chose qui le touchait encore plus.
Dans le silence, ils se fixèrent sans rien dire, comme si le temps était redevenu normal et qu'Arthur allait lui dire d'aller polir son armure sur un ton de reproche. Puis quelqu'un frappa à la porte, le sortant de sa rêverie. Deux autres serviteurs étaient entrés avec des gros coussins et deux couvertures qu'ils déposèrent sur la table et repartirent. Ils n'avaient aucune envie de rester auprès d'un jeune homme dont le caractère avait mis à rude épreuve l'état de son servant personnel.
Arthur attendit que les serviteurs s'en aillent pour sauter de son lit et de regarder de ses yeux brillants son valet. Merlin sourit : il avait réussi à intriguer '' son ami ''. Le blond n'osait pas parler, il avait trop peur de faire fuir le seul qui avait franchi cette limite : celui de le supporter et de le soutenir.
― Allez viens, je vais te montrer ce que je faisais avec ma mère quand je n'arrivais pas à dormir le soir, lui avait dit Merlin en lui faisant signe de le rejoindre.
― Je vais prendre tous les coussins et on va les disposer de manière à faire un petit lit douillet devant la cheminée.
Tout en parlant, Merlin installa les coussins sur le tapis puis, il y éttendit la couverture la plus épaisse et, ajouta la seconde sur le côté. Arthur s'assit au milieu et, le coeur soulagé, son valet le rejoignit. Arthur qui n'avait toujours pas prononcé un mot brisa enfin le silence :
― Tu vas rester cette nuit ? chuchota-t-il…
Merlin tourna la tête pour le fixer et, avec toute sa retenue, il lui répondit :
― Je ne peux pas… Tu es grand maintenant…
― Mais si je veux que tu restes… souffla-t-il dans un supplice qui affecta Merlin.
― Je ne te promets rien pour le moment, on verra ça quand tu t'endormiras…
Arthur sourit mais, c'était le sourire d'un enfant heureux. Merlin, lui, ne s'attendait pas à se retrouver, un jour, ainsi avec le prince. Quelques jours avant, il n'aurait jamais cru vivre de tel moment avec lui et, surtout de cette manière-là... et, en repensant au comportement d'Arthur, il ne put s'empêcher de sentir son estomac se retourner. Le jeune Arthur n'avait rien à voir avec le plus mature… Il aurait aimé avoir une conversation…
Oh oui, il aurait adoré, seulement, le prince n'était pas lui à cet instant, alors, il prit sur lui et décida de lui raconter une histoire pour qu'il s'endorme car, retrouver son pauvre lit était sa seule envie… La chaleur de la cheminée était douce, craquant quelques copeaux de bois. Le jeune sorcier, assis et bien calé sous la couverture chaude, commença à conter lorsque le prince lui demanda joyeusement :
― J'ai envie que tu me parles de tes amis…
Coupé dans son élan, Merlin s'allongea à côté du prince en remontant la couverture sur eux et ils se contemplèrent. Situation bien étrange… Il releva sa tête en s'accoudant au sol.
― Tu sais il n'y a pas grand-chose à raconter. Mon meilleur ami s'appelait William…
― Et vous êtes toujours ami ? demanda innocemment le prince en s'accoudant aussi sur son bras.
A cette question, Merlin eut la poitrine qui lui comprimait le torse… Il était vrai que la potion avait agi sur sa mémoire et qu'elle avait mis de côté tout ce qu'il avait vécu après ses dix ans… Tentant de cacher sa tristesse, il lui dit simplement oui comme un murmure…
― Est-ce qu'il te manque ?
― Bien sûr qu'il me manque, c'est mon ami, avait-il répondu en lui souriant.
― Et moi je te manquerais…
Merlin se releva encore plus, il ne comprenait pas où voulait en venir Arthur… Comme si celui-ci avait compris, il ajoute terriblement embarrasser :
― C'est que pour moi, tu es aussi mon seul ami…
Il n'aimait pas du tout la tournure de cette situation et cet aveu lui fit ressentir des vibrations tout le long de son dos.
― Tu ne me manqueras jamais… parce que mon devoir est de veiller sur toi… souffla-t-il en se levant pour récupérer les oreillers du lit du prince.
Merlin n'osa pas le fixer parce que lui dire sans qu'il soit vraiment lui, le faisait souffrir…mais cet Arthur-là, était une chance pour lui de lui avouer… Puisqu'une fois que Gaius aura trouvé l'antidote, il savait qu'il oubliera tout… de ces moments… Tristement, il prit un premier oreiller quand il se sentit propulser contre le matelas puis il fut retourné sur le dos et sans rien voir venir, Arthur était à califourchon sur lui.
― Alors tu resteras toujours avec moi, entendit-il crier au-dessus de lui d'un air joyeux.
Bouché bée et paniqué, le jeune sorcier ne sut que dire. Il était mal à l'aise et il sentait tout son corps bouillir à ce geste quand soudain le prince lui empoigna ses poignets tout en souriant.
― Lâche-moi ! Hurla Merlin sous l'effet de son propre corps et l'effet de surprise totale.
Arthur, pris de panique, s'éleva et se remit dans sa couverture sans dire un mot, près du feu. Vexé…
Tu as encore réussi…Merlin avait crié sans faire attention à son ton mais ce soir tout lui semblait si irréel… Il aurait voulu le prendre dans ses bras mais pas dans ces conditions… et puis, Arthur lui faisait bien comprendre qu'il n'était plus aussi proche… Au bout de quelques minutes, toujours allongé sur le lit du prince, il se dégagea péniblement en ne sachant plus comment agir. Il ferma ses yeux et il inspira un bon souffle d'air puis ouvrit ses paupières.
Il savait que jamais Arthur, aussi sain d'esprit ne ferait ce genre de geste envers lui, alors il se leva enfermant ses sentiments nouveaux au fond de lui… En avançant vers les coussins, il vit Arthur recroquevillé sur le côté. Merlin reprit sa place et s'allongea à côté de lui. Le blond lui tournait le dos. Trop de choses les séparaient… Et pourtant, parfois, il lui semblait qu'à eux deux, ils se complétaient… Doucement, il couvrit le prince.
Il le regardait dormir parce qu'il n'osait plus rien dire après ce qui venait de se passer. Il resta ainsi le temps d'entendre le ronflement régulier d'Arthur qui lui indiquerait qu'il s'endormait profondément. Une dernière fois, la fatigue le prenant à son tour, il le dévisagea et voulut sortir de la couverture quand une main d'Arthur se posa sur son torse, s'agrippant à son pull. Celui-ci s'était retourné sur Merlin.
― Reste… entendit-il dans le sommeil du prince.
Non, il ne pouvait pas… il se résigna à se retirer à contre cœur mais déjà le prince levait la tête. Yeux dans les yeux, Merlin souffrait… Il y avait tellement de tristesse dans son regard… était-ce toujours ainsi quand il était jeune ? Surement que lorsqu'il devait se retrouver seul… Se mordant les lèvres, il remit la couverture sur eux et le prince lui sourit puis s'endormit rassuré de sa présence. Merlin avait trouvé facilement le chemin de Morphée, trop fatigué pour bouger d'un pouce.
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― Merl… entendit-il dans son sommeil.
Une seconde fois encore, il entendait le surnom que lui donnait le prince. Arthur le secouait légèrement de sa main tiède. Le jeune sorcier encore endormi lui répondit par des Hum.
― J'ai froid… y a plus de feu, murmurait-il…
Merlin sans prêter plus attention, releva la tête et chuchota quelques mots incompréhensibles. Et ce fut ainsi qu'Arthur vit les flammes reprendre sur le nouveau bois. Puis le jeune sorcier se rendormit aussitôt. Il ne s'aperçut pas que le prince avait vu son regard doré… que le prince s'était blotti tout contre lui à la recherche de sa chaleur… et que le prince lui murmurait à l'oreille '' reste avec moi ''…
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Le jour s'était levé depuis un bon moment quand Gwen entra dans la chambre, suivi de Lancelot qui venait prendre des nouvelles. Que ne fut leur surprise en voyant Merlin couché sur le dos près du feu sur un lit de fortune. Arthur quant à lui, avait la tête reposée sur le torse de son valet, le bras gauche sur la hanche de son oreiller humain. Gwen ne put s'empêcher de s'attendrir à cette vue. Elle regarda Lancelot qui sourit à son tour.
― Comme ils sont mignons tous les deux, murmura-t-elle à l'oreille de Lancelot.
― Pourvu que ça dure, répondit à voix basse le chevalier.
Comprenant ses paroles, elle sourit encore plus, pauvre Merlin. Il n'avait pas eu un moment de répit depuis ces six derniers jours et elle savait combien il manquait de sommeil. Mais ce matin, pour la première fois, Arthur ne s'était pas levé tôt pour lui faire des misères. Lancelot la prit par la main et la força à sortir pour les laisser dormir encore. Le chevalier espérait que cet intermède allait redonner un peu de sens à ses deux jeunes gens. Peut-être était-ce le destin qui les avait conduits à cette épreuve ?
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Au son du couinement de la porte, Merlin se réveilla. Il se sentait merveilleusement bien reposé quand il vit qu'Arthur s'était accaparé de son torse. Il s'accouda et le blond se frottant les yeux, dirigea son regard ensommeillé sur son valet. Merlin s'empourpra et tenta de se dégager, troublé par la vision du prince sur lui. Evidemment, le blond prit tout son temps pour se réveiller puis se leva sous les yeux bleus de Merlin. Le jeune sorcier déglutit devant ce spectacle… comme il était beau… tout de blanc vêtu… secouant la tête, il se leva finalement.
― Bien dormi, demanda Merlin en ramassant tous les attirails du faux lit.
― Oui…
Pliant les couvertures sur le coffre, Arthur le regardait.
― Merl… chuchota-t-il…
Le jeune sorcier se tourna sur lui pour le fixer parce que dans sa voix, il avait senti que quelque clochait...
― Dis-moi, d'où te vient l'idée de m'appeler comme ça, questionna le jeune sorcier mais, il s'en voulut quand il vit la moue sur le visage de son ami.
― Je… Tu n'aimes pas, marmonna Arthur entre ses dents…
― Si, si, j'aime bien, se reprit Merlin.
Puis il vit une lueur étrange dans les yeux du blond.
― Je connais ton secret, dit Arthur en s'approchant de lui d'un air taquin.
Merlin passa du pourpre au blanc… Qu'avait-il fait ? Il réfléchit aussi vite qu'il pouvait…
― Je ne dirais rien, Merl, promis… assura le prince qui voyait combien il venait de lui faire peur.
Là, n'était pas le problème… Arthur avait beau être coincé dans son âme d'enfant, jamais il n'aurait dû se faire prendre. Tout cela était de sa faute. Trop en colère contre lui-même, ses sentiments ne faisaient que lui faire n'importe quoi. Il devait cesser d'y penser.
― Merl… tu ne me quitteras pas, entendit-il de la bouche du prince qui était surement apeuré de se retrouver seul.
Cette fois-ci, le jeune sorcier ne savait plus… Et perdu dans ses pensées, il ne vit pas Arthur partir en courant. Il savait que les enfants pouvaient révéler les secrets sans le vouloir… et cette panique, qui s'insinua en lui, le comprimait…