Pour Bayas
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BONUS Il pianotait doucement sur le volant en rythme avec la musique et souriait. La journée avait été calme, le gouverneur était content des résultats de l'équipe, et les enfants allaient bien. Tout était parfait. Ce soir, ils avaient prévu un joli barbecue sur la plage pour célébrer le début des vacances d'été, et il se régalerait, comme d'habitude, des mille et un projets des quadruplés. Grace serait même de la partie.
Il fut sorti de sa rêverie par son téléphone qui sonna sur sa base accrochée au tableau de bord. Un coup d'œil à l'appelant le fit sourire. Quand on parlait du loup...
— Hey Gracie ! Quoi de neuf, princesse ?
— Papa..., répondit une petite voix à l'autre bout du fil.
Steve fronça les sourcils un court instant et vérifia qu'il ne se trompait pas quant à l'identité de la personne sensée l'appeler.
— James ? C'est toi ? Qu'est-ce que tu fais avec le téléphone de ta sœur ?
— Papa... Tu rentres bientôt ? reprit le garçonnet dans un murmure.
Inconsciemment, Le leader du 5-0 accéléra.
— James, Qu'est-ce qui se passe ? Parle-moi, bonhomme ? Qu'est-ce qui se passe ?
— Est-ce que tu reviens bientôt ? Il faut que tu rentres... Il faut que tu rentres tout de suite.
— J'arrive, James... J'arrive bientôt... Où est Danno ? Qui est avec toi ?
— Danno est... occupé... Les autres sont avec moi. On est dans notre chambre.
Ok... Ils étaient ensemble, c'était déjà bien, mais ça n'expliquait pas pourquoi le gamin chuchotait, et il lui semblait entendre des bruits étranges derrière le petit.
— James, mets moi sur haut-parleur, fils... Ok... Que quelqu'un m'explique ce qui se passe !
Il entendit les quadruplés murmurer entre eux, puis la voix de Jack, un peu plus forte que les autres "
je vais lui dire, moi".
— Papa, Danno et Grace sont en train de se disputer. Ils crient très fort. Et ça fait peur.
Steve laissa échapper un soupir de soulagement. Ce n'était que ça. Pas de menace réelle. Quoi que, en y pensant, quand les deux Williams se mettaient à hurler, le pire des tremblements de terre pouvait faire effet d'une caresse.
— Ecoutez les enfants, je serai à la maison dans... cinq minutes. Vous restez dans la chambre, compris ? J'arrive tout de suite !
— D'accord... Fais vite, mais fais attention, hein !
— Promis, bonhomme ! fit Steve avant de raccrocher.
Il appuya à fond sur la pédale de l'accélérateur et la Camaro répondit docilement. Les cinq minutes se transformèrent en trois, et il se gara enfin à côté du monospace devant la maison. Quand il sortit de l'habitacle, il comprit pourquoi les enfants avaient eu peur. Même avec la porte et les fenêtres fermées, on entendait Danny et Grace crier.
— Et tu décides comme ça ! Du jour au lendemain ! hurlait Danny.
— Non, je n'ai pas décidé du jour au lendemain, ça fait des mois que je m'y suis préparée ! Je ne voulais pas t'en parler, c'est tout !
— Tu ne voulais pas m'en parler ? Tu as préféré faire ça derrière mon dos, sans me demander mon avis, sans me demander mon accord !
— Ton accord ? hurla Grace. Mais tu ne me l'aurais jamais donné ton accord ! Oui, j'ai agit en douce, mais je savais que tu ne me laisserais pas le choix ! Et maintenant, c'est toi qui n'a pas le choix. J'ai été acceptée à UCLA, et le premier semestre est déjà payé ! Je pars au début du mois d'octobre, et c'est comme ça !
— Oh non, ce n'est pas "
comme ça". L'université d'Hawaii est tout aussi qualifiée pour tes études de droit...
Steve secoua la tête et entra dans la maison afin de calmer un peu le jeu. Le père et la fille se tenaient face à face, les bras brassant l'air, et Steve se dit que ça ressemblait à un concours de chefs d'orchestres. Danny avait le visage rouge de colère, et Grace avait les larmes aux yeux.
— Hey ! HEY ! fit Steve. Mais calmez-vous ! On vous entend du bout de l'allée !
— Ne te mêle pas de ça, Steve ! fit Danny en pointant un doigt menaçant vers lui.
— Ca ne te concerne pas ! fit Grace en mettant ses poings sur ses hanches.
Steve fronça les sourcils et serra les dents un court un instant pour ne pas exploser à son tour et envenimer encore plus les choses.
— Ca ne me concerne pas ? Je crois que si, au contraire. Parce que vous hurlez comme des chats qu'on égorge, et que vous faites peur à mes enfants. Alors je pense que oui, ça me concerne un peu !
Les deux Williams ouvrirent puis fermèrent la bouche, et leurs yeux se posèrent sur le palier de l'escalier où se trouvaient les quadruplés, serrés les uns contre les autres, le visage figé par l'angoisse.
— Et merde, murmura enfin Danny avant de sortir par la porte de derrière en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
— Oh mon dieu, mais qu'est-ce que j'ai fait, fit Grace avant de monter les marches quatre à quatre pour envelopper ses frères et sa sœur dans une étreinte serrée.
Steve ne dit rien. Son regard fit plusieurs allers-retours entre l'escalier et la porte du fond. Grace semblait gérer les petits, alors il se dirigea vers la plage pour parler avec Danny.
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Elle les avait fait assoir sur un des lits dans la chambre des garçons et essuyait leurs larmes à grand renfort de mouchoirs en papier.
— Je suis désolée, mes petits bouts... Désolée, murmurait-elle, les larmes aux yeux.
Sasha renifla avant de se jeter dans ses bras.
— Tu ne nous aimes plus, c'est pour ça que tu veux t'en aller ? fit la petite.
— Non, ma puce. Non... Ce n'est pas parce que je ne vous aime plus que je m'en vais. C'est pour mes études. Pour l'école.
— Mais il y a des écoles ici, fit Jack en sanglotant. Si tu nous aimais, tu resterais ici avec nous. Reste... Je promets de faire ton lit toutes les fois où tu dormiras ici.
— Et moi je laverai ta voiture ! Renchérit Stevie.
— Je te ferai des crêpes ! dit James à son tour.
La jeune fille éclata d'un rire humide.
— Oh, trésor... Tu sais que Steve et Danno ne te laisseront jamais approché de la gazinière. Je vous aime très forts, mes petits bouts. Mais je dois aller à Los Angeles pour mes études. Je reviendrai après, c'est promis. Et puis vous viendrez me voir, n'est-ce pas ?
— Tu vas être toute seule là-bas. Tu ne connais personne, reprit Sasha
— Je me ferai des amis. Et puis je ne pars pas toute seule, tu sais... Je pars avec Jason.
Jack croisa ses bras sur sa poitrine dans une parfaite imitation de son père.
— C'est qui ce Jason ? On le connait au moins ? Il est gentil ? Il ne va pas te faire du mal, hein ?
Grace éclata de rire et attira le garçon vers elle pour le serrer dans ses bras.
— Bien sur que tu le connais. C'est mon petit copain. Il est déjà venu ici, tu sais.
— Alors tu l'aimes plus que nous. C'est pour ça que tu t'en vas ! s'écria Stevie dont les yeux recommençaient à briller.
— Non, Stevie... Ne pleure pas... Je ne l'aime pas plus que vous. Je ne pourrai jamais aimer quelqu'un plus que vous. Je l'aime... Mais pas de la même manière. Je l'aime comme Steve aime Danno...
— Alors vous vous faites des bisous sur la bouche ? Beurk, c'est dégueu ! fit James avec une grimace.
Grace secoua la tête en souriant.
— Tu as de la chance que ni Steve ni Danno n'aient entendu ça, toi ! Je vais aller à Los Angeles pour mes études. Mais je viendrai vous voir souvent. Ok ? Et je suis vraiment désolée si je vous ai fait peur. Mais Danno doit comprendre que j'ai besoin de partir.
— Et ben c'est pas gagné, commenta Sasha. Viens, on va aller lui dire qu'il faut qu'il te laisse partir. On va y arriver. Mais tu promets, hein ! Tu vas revenir ? Pas de blague !
— Je promets ! fit la jeune fille en posant une main sur son cœur.
Les quatre enfants se jetèrent alors sur elle pour la couvrir de bisous, avant de la laisser se lever et de la suivre vers les escaliers.
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— Danny ?
— Fous-moi la paix, Steven ! Fut la réponse un peu sèche.
— Non... Dis-moi ce qui se passe ?
Danny soupira et se retourna vers son époux sans lever les yeux. L'ancien SEAL n'eut cependant aucun mal à voir les traces humides sur les joues du blond.
— Tu te souviens de son copain, Jason je sais plus quoi ?
Steve hocha la tête.
— Il part à Los Angeles pour ses études. Et Grace part avec lui. Je le sens pas, Steve. Je trouve ce garçon trop... bizarre.
— Danno, il faut que tu te fasses à l'idée que Grace n'est plus une gamine. Qu'est-ce que ça change qu'elle poursuive ses études ici ou à Los Angeles ?
— Je vais perdre mon bébé, Steven !
La voix faible et triste serra le cœur de l'ex NavySEAL qui se rapprocha de son homme pour le prendre dans ses bras. Il lui murmura que tout irait bien. Que Grace était une jeune fille intelligente, qu'elle était plus que capable de prendre ses propres décisions, et qu'il fallait qu'il s'y fasse. Et puis, en cas de besoin, elle savait que son Danno n'était pas loin.
Steve berça doucement Danny, et sentit que le blond luttait pour ne pas pleurer. Danny, son Danny, était un père avant tout. Et le fait que sa fille chérie ait maintenant 18 ans n'y changeait rien.
-- Qu'est-ce qu'elle va faire là-bas si ça se passe mal avec Jason ? Elle va se retrouver toute seule dans une ville qu'elle ne connait même pas.
-- Danno, tu n'es pas objectif ! Je sais que c'est ton bébé. Mais il faut que tu comprennes qu'elle doit voler de ses propres ailes. Et s'il faut qu'elle s'en aille pour ça, alors laisse-la partir. Laisse-la s'envoler !
-- Je ne peux pas, Steve... Je ne peux pas !
Les bras du blond se serrèrent sur la taille du brun, et Steve passa une main réconfortante sur son dos.
-- Elle va faire de belles rencontres. Et si ça ne marche pas avec Jason, il y aura un autre garçon qui prendra soin d'elle ! murmura Steve contre l'oreille de Danny.
-- Mais personne ne saura prendre soin d'elle comme moi. Personne ne sait qu'elle est allergique aux noisettes. Qu'est-ce qui va se passer si elle en mange ?
-- Daniel ! Je pense que tu dramatises un peu là. Grace sait parler, et elle sait prendre soin d'elle. Je ne suis même pas sur qu'elle ait besoin d'un garçon pour ça. Tu l'as bien élevé.
-- NOUS l'avons bien élevé ! Bougonna Danny dans le t-shirt de Steve.
-- Ok, NOUS l'avons bien élevé. Elle sait se défendre. Elle sait que la vie n'est pas forcément rose tous les jours. Et elle est aussi têtue que toi. Elle partira de toute façon, mais je sais qu'elle préfèrerait avoir ton approbation. Dis lui que Danno l'aime très fort. Elle en a besoin. Ce n'est pas facile pour elle non plus de nous quitter tu sais. Mais si elle veut le faire, tu dois la laisser s'en aller !
Danny hocha la tête et se redressa pour déposer un baiser sur les lèvres de son époux.
-- Tu veux venir avec moi pour le lui dire ? demanda-t-il.
-- Parle lui seul d'abord, et je viendrai ensuite, ok ?
-- Ok.
Danny s'écarta de Steve, s'essuya sommairement les yeux du dos de la main et regarda la maison comme si c'était une bombe prête à éclater. Il soupira encore une fois, puis commença à remonter la pente douce pour aller discuter avec sa fille ainée. Il n'eut cependant pas l'occasion d'aller très loin, puisque quatre boulets de canon lui foncèrent dessus et qu'il se retrouva étaler sur le sable.
— Danno ! Il faut que tu laisses partir Grace ! Elle a dit qu'elle reviendrait. Elle a même promis avec la main sur le cœur. C'est une vraie promesse. Elle veut aller avec Jason, il faut que tu la laisses aller, Danno... S'il te plait..., fit Sasha qui était assise sur son torse.
— Elle ne va pas te manquer quand elle ne sera plus là ? fit le blond en souriant doucement.
Sasha leva les yeux au ciel.
— Évidement que oui. Mais elle a promis de revenir. Et puis on pourra lui écrire, hein ? Et l'appeler au téléphone. Et on ira la voir aussi. D'accord ?
— Allez Danno ! Grace, elle a vraiment très très envie d'aller à Los Angeles. Et puis en plus, quand on ira la voir, on pourra aller à Disneyland tous ensemble ! s'écria Stevie.
Steve éclata de rire derrière eux et Danny secoua la tête.
— Tu perds pas le nord, toi... Allez les monstres. Laissez-moi me lever. Je dois aller parler avec votre sœur.
— Tu cries plus, hein ? fit Jack en grimaçant.
— Non, je ne crie plus. C'est promis. Et je suis désolé de vous avoir fait peur.
— Ok... Et pendant que tu parles avec Gracie, nous on va faire le barbecue avec papa ! dit James à son tour.
— Grande idée, mon fils.
Le petit blond se releva doucement, s'épousseta, puis entra dans la maison pour avoir une discussion civilisée avec sa fille ainée. Personne ne cria, et quand ils ressortirent quelques minutes plus tard, les deux Williams souriaient malgré quelques larmes dans les yeux.
Il y aurait d'autres larmes, certainement, quand ils la mettraient dans l'avion pour Los Angeles, mais pour le moment, ils profitaient du début de l'été tous ensemble. Même si, selon Danny, c'était une fête pour rien, puisque c'était toujours l'été à Oahu.