Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Johnny Capps, Julian Jones, Jake Michie, Julian Murphy. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Merlin/Arthur
Genre : Songfic – P.O.V. – Romance
Résumé : Seul au bord du lac, Merlin songe à sa destinée.
La quête
Il s’était rendu auprès du petit lac et, plongé dans ses pensées, il revoyait son passé et imaginait sa vie à venir.
Serait-ce ça tout au long de son existence ? La dissimulation ? L’impossibilité de dire ce qu’il était ? La nécessité de cacher les deux axes les plus importants de sa vie ? L’obligation de paraître quelqu’un qu’il n’était pas, au risque de passer à côté de son destin ?
Malgré les conseils de son mentor, la confiance qu’il lui vouait, il ne savait pas s’il pourrait se taire. N’était-il pas plus sage d’affronter une fois pour toute l’adversité ?
Rêver un impossible rêve
Porter le chagrin des départs
Brûler d'une possible fièvre
Partir où personne ne part
C’était déjà si difficile d’être un sorcier dans ce pays qui les rejetait. Mais être un sorcier amoureux, ça tenait du suicide…
Parce que le valet avait osé porter les yeux sur un être qu’il n’aurait pas dû regarder et encore moins aimer. Parce que ce sentiment allait le mener à sa perte : soit qu’il soit découvert et qu’il paie son audace de sa vie, soit qu’il reste secret et qu’il meure de chagrin à force de se consumer pour son seigneur et maître.
Aimer jusqu'à la déchirure
Aimer, même trop, même mal,
Tenter, sans force et sans armure,
D'atteindre l'inaccessible étoile
Etait-il donc impossible d’avoir tout ce dont-il rêvait ? Sa vie ne serait-elle jamais qu’une vaste imposture ? Ne pouvait-il pas, comme les autres, affronter les jours la tête haute en proclamant haut et fort ses dons de sorcier et son amour pour son prince ?
Gaïus lui demandait de se taire, le dragon l’encourageait à parler. Mais ce dernier ne cherchait-il pas à ruiner ainsi ses chances de ramener un jour ce royaume dans le giron de la toute puissante magie ?
A qui se fier, vers qui se tourner ?
Merlin ne savait pas et la vie soudain lui paraissait si difficile. Il était trop jeune encore pour accepter les compromissions et les cachotteries, il était trop âgé pour croire encore que tout s’arrange par le pouvoir d’une incantation ou d’une potion magique.
Pourtant il voulait tout, avec l’ardeur de sa jeunesse et l’intensité de son amour : il voulait qu’on le reconnaisse comme un grand sorcier et il voulait être le compagnon d’Arthur, son soutien dans les moments difficiles, son conseil lorsqu’il hésiterait, son roc lorsqu’il trébucherait, mais surtout le havre où il se ressourcerait et viendrait épancher son amour et ses désirs.
Telle est ma quête,
Suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Et puis lutter toujours
Sans questions ni repos
Se damner
Pour l'or d'un mot d'amour
Il savait au plus profond de son cœur qu’Arthur Pendragon serait un grand roi et qu’un jour, lui-même ne serait plus connu que sous le nom de l’enchanteur Merlin. C’était écrit dans les astres, et les astres ne mentaient pas.
Il savait qu’il aurait sa part dans cette ascension. Il connaissait déjà les paroles de la légende, les ballades qu’écriraient troubadours et trouvères, l’aura qui ne s’éteindrait jamais. Il savait que les noms d’Arthur et de Merlin seraient indissociablement unis jusqu’à la nuit des temps.
Mais il n’arrivait pas à savoir si leurs corps s’uniraient aussi, si un jour l’amour royal répondrait à son amour.
Parfois il le pensait quand il voyait les yeux de son Seigneur posés sur lui avec une lueur étrange tandis que ses traits étaient pensifs et plus doux qu’à l’ordinaire. Mais avait-il le droit d’espérer ?
Le devoir d’Arthur était aussi de se marier et d’engendrer un héritier pour prendre un jour sa succession.
Qu’en était-il des élans du cœur dans les plans de la Destinée ?
Je ne sais si je serai ce héros
Mais mon cœur serait tranquille
Et les villes s'éclabousseraient de bleu
Parce qu'un malheureux
Brûle encore, bien qu'ayant tout brûlé
Brûle encore, même trop, même mal
Pour atteindre à s'en écarteler
Pour atteindre l'inaccessible étoile.
- Merlin… Que fais-tu ici ? Je te cherche depuis des heures !
Le jeune sorcier sursauta à la voix courroucée qui l’interpelait et il se leva vivement, brossant d’une main tremblante l’herbe qui s’accrochait à sa tunique. Puis il se tint devant son Prince, baissant les yeux dans un simulacre de confusion, mais surtout pour qu’Arthur ne perçoive pas dans son regard l’intensité du désir qui le consumait.
Il était si beau le jeune prince dans la clarté du soleil couchant qui tombait directement sur lui par un trou dans la frondaison abondante des grands chênes ! Là, dans ce rayon qui le nimbait d’or, il était l’incarnation même de la vie, de l’amour, de la tentation.
Merlin eut la vision fugace de chevauchées, d’une table ronde où se réunissaient de beaux chevaliers et puis, comme un flash, de deux corps enlacés qui gémissaient ensemble et de doigts qui se nouaient tandis que chevelures brunes et blondes se mêlaient.
- Je rêvais, balbutia-t-il en tentant de calmer les battements ardents de son cœur, affolé par sa vision. Pardonnez-moi.
Arthur le toisa quelques instants, les sourcils froncés. Puis soudain un grand sourire illumina son visage :
- J’espère au moins que c’était un beau rêve ?
- Le meilleur mon Prince… Oui… Le meilleur des rêves.
- Alors tant mieux. Mais nous avons à faire. Suis-moi !
Merlin emboîtait le pas au jeune seigneur quand soudain celui-ci se retourna brusquement :
- Et pour te faire pardonner, je compte que tu me narres ce rêve…
La rougeur envahit aussitôt les joues du sorcier. Raconter ce rêve ? C’était un coup à recevoir le fouet, pour le moins. Mais le prince s’était déjà détourné, reprenant sa route et le serviteur le suivit en pensant :
- Oui… Je te le raconterai… Le jour où il se réalisera.
FIN
Chanson de Jacques Brel