Voici une petite fic dont je ne suis pas forcément hyper fière, vous le verrez, l'idée de départ est un peu bidon
Mais bon, il y en a toujours tellement peu sur ces deux-là que je vous la soumets tout de même. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez
Bonne lecture.
ooOoo
Le DI Lestrade n’existait plus. Son appartement avait été vidé et reloué, ses effets personnels se trouvaient désormais dans un garde-meubles loué sous un faux nom, son chat avait élu domicile au 221b Baker Street – au grand dam de Sherlock, mais John ne lui avait guère laissé le choix – et toute trace de son passage à Scotland Yard effacé.
Le DI Lestrade n’existait plus officiellement. Mais Greg, lui, s’offrait à de trop rares occasions le luxe d’une brève apparition. Seulement pour quelques heures à chaque fois, et toujours au même endroit. Le seul endroit au monde où il pouvait encore se sentir chez lui. Il avait fait une halte à la gare routière afin de récupérer dans un casier quelques effets personnels, un peu d’argent au cas où et une clé anonyme. Pas de papiers d’identité en revanche, les seuls qu’ils conservaient en permanence sur lui étaient ceux établis à un faux nom. Muni de cette précieuse clé, il héla un taxi qui le déposa à l’entrée de Baker Street puis, profitant du crépuscule il se glissa rapidement jusqu’au 221b. Déverrouillant discrètement la porte d’entrée, il traversa le hall avant de gravir l’escalier vers l’étage qu’il savait désert. Un rapide coup de fil habile lui avait confirmé que les deux occupants des lieux étaient présentement en plein travail à St Barth. Il était donc assuré d’avoir un peu de temps à lui.
Pénétrant dans le salon, il s’accroupit pour caresser l’animal qui était venu immédiatement se frotter à ses jambes en ronronnant. Puis, prenant garde à ne laisser aucune trace de son passage, il se promena dans l’appartement, détaillant du regard chacun des objets appartenant à John. Son mug encore à moitié plein de thé à présent froid, l’un de ses pulls en laine, son ordinateur portable… Le jeune homme continuait à vivre sans lui, et c’était très bien ainsi, c’était ce que Greg avait toujours voulu. Même si lui-même ne vivait plus vraiment depuis plus d’un an.
Se laissant peu à peu submerger par ses émotions, il échoua dans la salle da bain. Il se passa de l’eau sur le visage puis contempla son reflet dans la glace. Il avait l’air si fatigué. A la vérité il n’en avait pas que l’air d’ailleurs… En deux ans de relation avec le jeune médecin, il avait perdu l’habitude de dormir seul, s’y remettre avait été difficile. Et puis d’ailleurs loin d’ici il n’aurait pas pu se permettre de se laisser trop aller, rester sur ses gardes était une question de survie. Or il avait promis à John de revenir vivant, alors… Le sujet de la durée de la séparation n’avait pas été abordé, mais au moins il faisait tout pour tenir cette promesse-ci.
Baissant les yeux, il avisa la serviette de toilette de John – il avait eu la même, son compagnon trouvant follement romantique d’acheter ce genre d’articles en double, même s’il ne vivaient pas dans le même appartement – il s’en empara et la porta à son visage, inspirant profondément. Cette odeur… L’espace d’un instant il eut la sensation d’avoir retrouvé sa place entre les bras du médecin, d’enfouir son visage dans son cou, de toucher sa peau… C’était si bon. Et tellement frustrant de découvrir ensuite qu’il ne s’agissait de rien d’autre qu’une simple illusion. Le retour inévitable à la réalité, c’était à chaque fois le plus difficile à gérer.
Se rappelant soudain que l’heure tournait et que les deux colocataires pouvaient rentrer à tout moment, il hésita un instant sur la marche à suivre. Parfois il venait ici et repartait avant le retour de John parce qu’il savait combien leurs trop brèves retrouvailles faisaient souffrir le jeune homme. Mais d’autres fois, quand la séparation lui pesait trop, alors il restait, ce qui était très exactement ce qu’il désirait faire ce soir-là, décida-t-il finalement. Alors il fila dans la chambre de John, comme à chaque fois, de cette façon seul lui était au courant de ses quelques visites. Encore que, il y avait fort à parier que Sherlock ne se doute de quelque chose, mais tant qu’on ne lui confirmait rien…
Il s’assit sur le lit puis se saisit du livre qui était posé sur la table de chevet. Voilà donc à quoi John occupait ses soirées en son absence. The green mile. Il s’était donc mis à Stephen King. Greg savait que depuis qu’il servait ni plus ni moins d’assistant à Holmes, son compagnon n’était plus capable de lire de romans policiers, pourtant ses lectures favorites jusque-là. Depuis il essayait un peu de tout dans l’espoir de se retrouver un genre ou un auteur préféré. Peut-être était-ce le bon cette fois.
Greg feuilleta l’ouvrage avec curiosité pour finalement tomber sur ce qui faisait office de marque-page. Il sourit en regardant de plus près la photo. Un cliché de lui et John, pris seulement quelques semaines avant son départ. Watson avait l’air si heureux là-dessus. Alors que depuis, à chaque fois qu’il le revoyait, la tristesse émanant de ses traits lui sautait au visage. Décidément cette situation les tuait à petit feu autant l’un que l’autre. Et c’était d’autant plus dur pour lui-même qu’il se savait responsable de tout ce gâchis. John, en compagnon consciencieux, n’avait fait qu’accepter en silence. Il avait même tout fait pour dissimuler sa contrariété et son inquiétude. Une sacrée preuve d’amour.
Les détails de la soirée qui avait irrémédiablement changé leurs vies à tous deux étaient encore gravés dans l’esprit de Greg. Il était rentré chez lui plus tôt que d’habitude et avait préparé un dîner pour son homme. Puis John était arrivé, ils avaient mangé dans un silence quasi-complet. Le médecin avait bien compris qu’il y avait quelque chose mais n’avait rien demandé. Après le dessert, ils s’étaient pelotonnés l’un contre l’autre sur le canapé et enfin le policier avait parlé.
Une enquête qui lui tenait à cœur, un type après il courrait depuis des années, une mission d’infiltration… Ça risquait de prendre des mois et oui, c’était dangereux, mais il devait le faire. Ce n’était plus son rôle ce genre d’enquêtes depuis sa promotion, mais il tentait de coincer ce criminel et de démanteler son réseau depuis si longtemps qu’il ne pouvait pas laisser cela à qui que ce soit d’autre. Bien sûr il reviendrait de temps en temps. Pas souvent et en toute discrétion évidemment, mais non, il ne l’abandonnerait pas.
John avait écouté en silence, puis avait simplement hoché la tête, lui assurant qu’il comprenait et qu’il l’attendrait. Et à cet instant le cœur de Lestrade s’était brisé, parce que la petite lueur de malice qui brûlait habituellement dans les yeux du blond venait de s’éteindre. Elle ne s’était jamais rallumée depuis. Finalement ils étaient allés se coucher. John s’était blotti contre lui et avait pleuré.
Deux jours plus tard, le DI avait cessé d’exister. Et John avait cessé de vivre, pour se contenter simplement de survivre.
Cela faisait treize mois. Treize mois d’angoisse, de brèves retrouvailles… Mais treize mois d’amour également. A chaque fois qu’il revenait ici, Greg craignait entendre John lui annoncer qu’il avait refait sa vie, qu’il n’en pouvait plus ; au lieu de cela il était systématiquement accueilli à bras ouverts. Et s’en voulait d’autant plus de devoir ensuite repartir. Il aurait mérité que John n’aille voir ailleurs, ne le quitte… Mais John l’aimait, et ça, ça faisait sacrément du bien.
Il en était là dans ses pitoyables pensées lorsque la porte s’ouvrit lentement, immédiatement il sauta sur ses pieds. John entra dans la pièce et se figea en le voyant. Lâchant la tasse qu’il avait en main et qui s’écrasa sans plus de cérémonie sur le sol, il courut se réfugier dans le bras de son compagnon.
« - Greg, souffla-t-il dans un murmure. »
L’étreinte dura longtemps, les deux hommes rattrapant au mieux ce mois et demi de séparation, se préparant du même coup à supporter la suivante.
« - Tu m’as tellement manqué, chuchota Greg, ses lèvres effleurant l’oreille de l’autre homme. »
Trop ému pour parler, John se contenta de hocher la tête, se serrant plus fort contre lui.
Et lorsqu’enfin ils semblèrent s’être repus de cette tendresse, Greg attira le visage de son compagnon à lui et posa doucement ses lèvres sur les siennes. Le baiser resta parfaitement tendre tandis que ses mains restaient sagement à leur place, se contentant de froisser légèrement le pull épais. Il aurait voulu tellement plus que cela, dévêtir John, le caresser puis lui faire l’amour en lui répétant combien il l’aimait… Mais ce n’était pas ainsi qu’ils fonctionnaient. A chaque fois John avait besoin de réapprivoiser les détails qui faisaient l’essence même de leur relation. Alors ils s’allongèrent tout habillés sur le lit, blottis l’un contre l’autre. Encore quelques baisers délicats puis ils commencèrent à parler. Chacun résuma tranquillement ce qu’il avait fait durant ce mois et demi, Greg s’excusa encore une fois pour cette situation aussi précaire qu’inconfortable et assura que cela s’arrangerait rapidement. John ne demanda rien de plus, se satisfaisant de ces promesses qu’au final il savait parfaitement sans fondement. Il rassura son compagnon sur son amour pour lui et finit par s’endormir ainsi à l’abri contre lui.
Greg se réveilla soudainement en sursaut et resta un moment désorienté et apeuré, le cœur battant la chamade. Lorsque ses yeux se furent acclimatés à l’obscurité environnante, il reconnut avec soulagement la chambre de son compagnon. Soupirant de soulagement, il se rapprocha de John, qui s’était un peu éloigné en dormant, et se sentit un peu mieux. Cela faisait des mois qu’il n’avait plus un sommeil serein, ce genre de réveils nocturnes était son lot quotidien, mais au moins pour une fois il n’était pas seul et cela faisait du bien.
Posant la main sur le ventre de John, il le caressa tranquillement, admirant son beau visage serein. Même si à chaque fois la séparation était difficile, pour ces quelques moments ça valait le coup. Sa main migra sous le pull au moment où le médecin ouvrait les yeux en souriant, tournant la tête vers lui. Greg continua ses caresses tandis qu’ils se fixaient amoureusement. C’était agréable ces moments où le désir montait tranquillement, tandis que chacun pouvait lire dans les prunelles de l’autre les sentiments qu’il lui inspirait.
« - J’en ai envie moi aussi, murmura subitement John en hochant doucement la tête.
- Tu es sûr ? On n’est pas obligés tu sais, je ne voudrais pas que tu penses que je ne suis revenu que pour ça.
- Ça fait un mois et demi Greg, je serais vexé si ça n’avait pas au moins fait partie de tes motivations. »
Voyant que pour le médecin le débat était clos, Greg alla donc s’installer à califourchon sur son bassin, amusé par l’évolution de la situation. D’abord le romantisme, la tendresse, et maintenant l’excitation. Et toujours cette même symbiose entre eux. Ce que l’un voulait, l’autre le désirait forcément lui aussi. Certains, Sherlock en tête, aurait parlé de hasard, Greg lui savait que c’était simplement l’amour.
Et en parlant d’amour, l’aîné entreprit de se donner corps et âme à son compagnon. Outre le simple plaisir physique – tellement terre à terre finalement – c’était surtout pour la proximité entre eux qui en découlait que cela valait le coup. C’était bien plus que leurs corps qui fusionnaient…
Néanmoins, comme toujours, le plaisir physique fut au rendez-vous, et c’est haletants et repus qu’ils reprirent leurs places, allongés l’un contre l’autre. Nul besoin de se parler désormais, ils se comprenaient parfaitement. Peu après, un faible sourire sur les lèvres, se tenant par la main, ils sombrèrent dans le sommeil, occultant volontairement la suite des évènements. C’était toujours la même chose. Dès le début ils avaient fait le choix de ne pas se lancer dans des au revoir larmoyants. Ainsi lorsque Greg se réveillait, toujours avant John cela au moins n’avait pas changé, il se levait discrètement, s’habillait puis se plantait devant son amant. Une dernière caresse tendre, un dernier baiser sur la tempe puis il filait, et l’attente recommençait… Quand John se réveillait ensuite dans ce lit désespérément vide, il lui fallait toujours quelques secondes pour se souvenir que la présence de son compagnon n’avait pas été un rêve, il essuyait alors ses yeux humides en se traitant de faible puis partait à l’assaut d’une nouvelle journée, et l’attende recommençait…
Mais ça c’était pour demain, nul besoin de se torturer ce soir. Pour l’instant ces deux mains unies, ces doigts entrelacés étaient les plus beaux témoins de ces quelques heures hors du temps.
THE END.