Me voilà de retour!
Je remercie pour leur aide sur cette fic : la SNCF, la météo pourrie, et surtout Michel Polnareff avec Lettre à France. C'est assez long, mais je ne savais pas où la couper, alors je préfère vous mettre tout d'un bloc. J'espère que ça vous plaira.
Enjoy!
Cher Steven
Steven McGarrett se gara devant chez lui et prit le courrier dans la boite aux lettres. Il parcourut les différentes enveloppes - factures, publicités - avant de se figé sur une enveloppe toute simple portant le tampon de Newark. Il avait reconnu l'écriture. Il se dépêcha d'entrer dans la maison, lança clés et courrier sur le premier meuble près de lui et s'assit sur le canapé, tournant et retournant l'enveloppe entre ses mains. Il n'était pas sur de vouloir l'ouvrir, mais il savait qu'il le regretterait s'il ne le faisait pas. Il posa l'enveloppe sur la table basse et alla se chercher une bière. Il revint ensuite, buvant une gorgée, regardant de loin le rectangle blanc comme si c'était une bombe prête à lui exploser à la figure. Il décida de finir d'abord sa bière puis monta prendre une douche. En redescendant de la salle de bain, il poussa un soupir. L'enveloppe était toujours là. Il n'avait donc pas rêver. Il se passa une main sur le visage et respira à fond. Il attrapa ensuite l'enveloppe, l'ouvrit rapidement et sortit les feuillets qu'elle contenait.
"Cher Steven" Une combinaison étrange d'émotion s'empara de lui. Colère, joie, tristesse, euphorie... Il toussa pour se redonner une contenance, et reprit sa lecture.
"Cher Steven Si mes calculs sont exacts, et si la poste a été clémente avec moi, nous sommes aujourd'hui le 24 au moment où tu lis cette lettre..."
Steve jeta un œil à la date sur son téléphone portable et sourit. On était bien le 24.
"... et cela fait maintenant 2 mois que je suis parti. Je sais que tu meures d'envie de déchirer cette lettre, ou de la faire bruler dans ton barbecue, mais n'oublie pas que tu as mis près de 30 minutes pour ouvrir l'enveloppe, et si tu ne lis pas la suite, tu t'en voudras toute ta vie."
Le brun marqua un temps d'arrêt et fixa ses doigts crispés sur le papier. Leur position indiquait clairement qu'il était à deux doigts de rouler les feuillets en boule. Il sourit. Danny le connaissait tellement bien. Il posa un instant la lettre sur la table basse, lissant du plat de la main les rides sur le papier, avant de poser ses paumes à plat sur ses yeux. Se souvenant de leur dernière nuit. Dernière nuit qui était également la première. Au matin, Danny était parti, sans un mot, sans une explication. Steve l'avait cherché partout sur l'ile. Et ce n'était que dans la soirée que Kono avait vu qu'un billet d'avion pour le soir même avait été réservé au nom du lieutenant. Steve avait roulé comme un fou jusqu'à l'aéroport, au mépris de toutes les règles de sécurité routière. Mais cela n'avait pas suffit. Il était entré en courant dans l'aérogare juste à temps pour voir l'avion décollé, le laissant avec une sensation de vide dans tout le corps. McGarrett secoua la tête pour sortir de ses souvenirs. Ses yeux se posèrent à nouveau sur la lettre. Il se leva d'un bond et alla se chercher une autre bière. En avalant la première gorgée, il se demanda pourquoi Danny ne l'avait pas tout simplement appelé. Cela aurait été tellement plus simple. Il se rassit dans un soupir et attrapa la lettre.
"Tu as eu, je pense, le temps de repenser à notre nuit ensemble et de te servir une bière. Je peux donc continuer mon récit. Pourquoi je ne t'ai pas appelé? Je ne sais pas. J'ai essayé pourtant. 10 fois, 100 fois j'ai décroché mon téléphone, mais je n'ai jamais eu le courage de composer ton numéro. Je me disais toujours qu'il était trop tôt... ou trop tard... alors que je savais pertinemment que tu répondrais à mon appel, quelque soit l'heure du jour ou de la nuit. Je crois maintenant que j'avais peur d'entendre le son de ta voix. J'avais besoin de temps pour me remettre le cœur et les idées en place. Et entendre ta voix ne m'aurait pas aidé. Même si j'ai souvent regretté mon entêtement sur ce point là, je sais aussi que cela m'a permis de faire le point. Et je peux maintenant t'expliquer ce qui s'est passé avant qu'on en arrive là."
Steve leva les yeux de la lettre et se passa une main sur le visage. Il fut étonné de sentir de l'humidité sous ses doigts. Il ne s'était pas rendu compte qu'il pleurait. Il essuya sommairement ses joues. Il s'était toujours demandé si Danny était parti à cause de lui, si il ne l'avait pas un peu forcé ce soir là. Comment tout cela avait commencé déjà? Ah oui. Danny était arrivé un soir, avec un pack de bière et sa tête des mauvais jours. Et il lui avait dit... quoi donc?... ah oui... que Rachel était enceinte de lui. Steve avait été surpris d'apprendre que le blond revoyait son ex-femme autrement que les jours où il récupérait Grace, déçu que son ami ne lui en ait pas parlé, et étrangement jaloux de la situation.
"Quand Rachel m'a dit qu'elle était enceinte, je me suis senti pris au piège. Oui, je recommençait à coucher avec elle, mais j'ai compris trop tard qu'il n'y avait pas de sentiments, en tout cas pas de mon côté. Que si j'étais de nouveau avec elle, c'était parce que je ne pouvais pas être avec la personne que j'aimais vraiment... avec toi. Et quand j'ai enfin compris, j'étais prêt à dire à Rachel que tout était fini entre elle et moi. Mais ce soir là, elle m'a dit qu'elle était enceinte. Je me suis senti perdu. Coincé entre mon devoir de ne pas l'abandonner dans cet état, et mon envie de retourner auprès de la personne qui comptait vraiment pour moi... auprès de toi... Quand je l'ai quitté ce soir là, je suis allé acheter un pack de bière, prêt à me bourrer la gueule chez moi, seul... Mais c'est vers toi que machinalement j'ai conduit, vers l'endroit où je me sentais bien. Je pense que tu te souviens de ce qui s'est passé, non?"
Oh oui, il s'en souvenait... Comme si c'était hier. Ils avaient vidé plusieurs bouteilles, Steve laissant Danny lui expliquer ses tourments. Et quand le blond s'était mis à pleurer, cela lui avait paru tout naturel de le prendre dans ses bras pour le réconforter. Il lui avait caressé le dos, il lui avait murmuré des paroles de réconfort, et avant qu'aucun des deux ne puissent vraiment s'en rendre compte, ils s'étaient embrassé à perdre haleine. Délicatement d'abord, puis de manière un peu plus brutale, un peu plus désordonnée, à mesure que leurs mains respectives parcouraient le corps de l'autre, dénouant une cravate, dégrafant une ceinture, envoyant valser leurs vêtements à travers la pièce, s'aimant à même le tapis du salon... Le souvenir était douloureux. Steve se leva et alla se passer un peu d'eau sur le visage. Il resta un moment les mains crispées sur le rebord de l'évier, lançant des regards douloureux à la lettre qu'il n'arrivait pas à finir de lire. Il devait s'y résoudre pourtant. Il attendait, il espérait cette explication depuis 2 mois. Il fronça les sourcils, s'essuya les mains et marcha résolument vers le canapé. Il fallait qu'il finisse cette lettre.
"J'imagine sans mal que tu viens de traverser une nouvelle période de souvenirs. Je te demanderai maintenant de ne plus t'interrompre. Il faut que tu lises cette lettre, même si cela doit te faire mal. Je t'autorise, si ça peut t'aider, à lire en marchant, ou à aller sur la plage si tu préfères."
Oui, bonne idée. Il se dirigea donc vers la plage et s'installa dans son fauteuil préféré tout en reprenant sa lecture.
"Il faut que tu saches que je ne suis pas parti à cause de toi. Je suis parti à cause de moi. Je me dégoutais. Pas parce qu'on avait fait ensemble, je ne regrette absolument pas cette nuit passée entre tes bras. Au contraire. C'est ce que j'avais toujours voulu, toujours espérer, depuis le jour où tu as déboulé chez moi pour me proposer de faire partie de ton équipe, réclamant mon aide pour trouver l'assassin de ton père. C'est étrange d'ailleurs comme la frontière entre l'amour et la haine peut être mince. Il n'a pas fallu longtemps avant que cette frontière ne disparaisse... Mais je m'égare. Je voulais être avec toi, mais j'étais prisonnier de Rachel. Tu me connais mieux que personne, je ne suis pas un salaud. Et j'ai préféré faire passer son bonheur avant le mien. Avant le notre? Quand je t'ai quitté ce matin là, j'avais besoin de réfléchir. Alors j'ai roulé. J'ai fait le tour de l'ile. Deux fois! Je savais que tu me cherchais. Tu m'as appelé au moins 5 fois et je n'ai jamais répondu. Et puis je me suis dit que Chin ou Kono risquaient de me retrouver à cause mon portable, alors je l'ai éteins."
Steve marque un temps d'arrêt, il n'avait même pas pensé à cette solution sur le moment. Bien joué McGarrett!
"J'ai vite compris que je n'arriverai à rien comme ça. Alors je suis rentré chez moi, j'ai fait une valise, et je suis parti à l'aéroport. J'ai attendu le dernier moment avant de prendre le billet, parce que je me doutais que tôt ou tard, vous trouveriez cette réservation. Je ne voulais pas que tu m'arrêtes, je voulais partir, j'avais besoin de partir... Même si, en y repensant, j'ai été un peu déçu que tu ne sois pas là. C'est idiot n'est ce pas? Finalement, on va faire une pause. Il faut que je me remette un peu. S'il te plait, ne te sers pas une nouvelle bière, j'ai besoin que tu aies les idées claires pour la suite, ok?"
- Oui, c'est idiot, murmura Steven. Mais il sourit tout de même, parce que Danny, même loin de lui, le cernait parfaitement. Oui, il avait bien besoin d'une autre bière, voire même de quelque chose de plus fort, mais Danny avait raison, il devait garder la tête froide. Il aperçut des taches sur le papier, et les frôla du bout des doigts. Il était évident que le blond avait pleuré en écrivant ce passage. Pas étonnant. Lui même était complètement bouleversé par les aveux. Il sentit son cœur se serrer un peu plus. Il respira à fond. Il devait vraiment finir cette lettre. Maintenant. Sinon, il y serait encore demain.
"Babe..." Et Steve crut qu'il allait s'écrouler. Ce surnom un peu niais qu'ils se donnaient tout le temps. Il ne l'avait pas entendu depuis 8 semaines, et pourtant, il lui faisait toujours autant d'effet.
"Babe, j'espère que tu es toujours assis, parce que ce que je vais te dire risque de te surprendre, comme ça m'a surpris. Rachel a menti. Elle n'est pas enceinte, et ne l'a même jamais été. Rachel a menti, parce qu'elle sentait que je lui échappais, et elle comptait sur mon sens de l'honneur pour rester près d'elle. Rachel a menti, et ce mensonge m'a ouvert les yeux. Si elle n'était pas la mère de Grace, je l'étranglerai volontiers. Mais ce qui est fait est fait. On ne peut pas revenir dessus. Elle m'a avoué sa traitrise, parce que pour moi c'est une traitrise, il y a une semaine. Tu imagines bien dans quel état je pouvais être à cette terrible annonce. Elle voulait me garder près d'elle, mais finalement, elle a complètement raté son coup, étant donné que je suis quand même parti. Et elle s'est aperçu que cela ne servait à rien. Qu'elle ne pouvait pas rivaliser avec toi. Qu'elle le savait, mais qu'elle avait quand même espérer me faire changer d'avis. J'ai hurlé au téléphone quand elle me l'a dit. A cause de ça, j'ai mis 2 mois de ma vie entre parenthèse, et pour ça, je ne suis pas prêt de lui pardonner. Voilà. Je pense que maintenant tu sais tout. Je suis désolé, profondément désolé si je t'ai fait du mal, et je suis sûr que je t'en ai fait..."
Oh oui, tu m'as fait du mal, pensa Steve, mais comment t'en vouloir?
"... mais si tu voulais bien me pardonner, et si tu penses que toi et moi on a encore quelque chose à partager, alors saches que mon avion arrive aujourd'hui à Honolulu à 19h. Vol Hawaiian 337. Tu m'as tellement manqué. Danny"
Il relut plusieurs fois le dernier paragraphe. Avaient-ils encore quelque chose à partager? Oui! oh bien sûr que oui! Allait-il lui pardonner? Mais Danny n'avait rien à se faire pardonner. Il n'était pas parti sur un coup de tête. Et surtout, il n'était pas parti à cause de lui. Oh non! Il n'avait rien à se faire pardonner. Il jeta un coup d'œil à son portable : 19h30. Il jura entre ses dents, sortit de la maison en courant, sauta dans son 4x4 et partit sur les chapeaux de roues, toutes les sirènes en route.
Il se gara n'importe comment devant l'aéroport, montrant son insigne au policier qui s'approchait pour lui dire qu'il ne pouvait pas rester là. Il courut dans l'aérogare, manqua d'exploser une porte automatique qui ne s'ouvrait pas assez vite à son gout, et se figea devant le panneau qui annonçait les arrivées. L'avion de Danny n'y était pas, et l'hôtesse à laquelle il s'adressa lui confirma que le vol était arrivé à l'heure. Steve se passa une main sur le visage. Pourquoi avait-il mit tant de temps à lire cette putain de lettre! Il réfléchit un moment. Ok... l'avion était déjà arrivé. Mais il fallait du temps pour récupérer les bagages. Et quand bien même, Steve était sûr que Danny l'attendait quelque part. Alors il parcourut l'aérogare. Pas trop vite pour être certain de ne pas le manquer, mais assez vite pour couvrir le plus de distance possible. Il s'arrêta dans une glissade devant un bar. Danny était là. Faisant tourner un verre entre ses doigts, fixant le lent mouvement des glaçons, mais Steve savait que le blond avait la tête ailleurs. -Danny, murmura-t-il, mais si bas qu'il n'eut pas l'impression de l'avoir dit. Mais cela avait suffit pour que Danny lève la tête, comme s'il l'avait entendu. Et leurs regards s'accrochèrent. Le monde autour d'eux aurait bien pu s'écrouler, ils ne s'en seraient même pas aperçus. Danny se leva, dans un mouvement si lent que Steve eut l'impression de regarder un film au ralenti. Il se rapprocha de lui, guettant chaque mouvement du blond, prêt à lui courir après si jamais son lieutenant cherchait à s'échapper. Mais Danny ne voulait pas s'échapper. Il avançait doucement, son regard toujours fixé aux yeux de l'ex-Navy SEAL. Quand ils furent assez prêt pour entendre la respiration saccadée de l'autre, ils s'arrêtèrent dans un parfait synchronisme. -Danny... commença McGarrett. Mais Danny posa un doigt sur ses lèvres, et ce simple geste provoqua des frissons dans le corps du grand brun. Enroulant ses bras autour de la taille de Steve, Danny poussa un soupir, serrant contre lui l'objet de son affection. Et le grand brun l'accompagna dans son câlin. Danny avait raison, ils auraient le temps de parler plus tard, tout le temps nécessaire. Pour le moment, ils étaient là. Ensemble. Et le reste n'avait que peu d'importance.
The End
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