Voici une petite fic que j'avais commencé à écrire tranquillement installée sur mon canapé à regarder le mariage de Kate et William il y a, diantre déjà un peu plus d'un mois. Plus vraiment d'actualité pour le coup
J'aurais bien voulu la boucler plus tôt, mais comme toujours je m'éparpille et un truc plutôt basique me prend un temps fou.
Elle est entièrement rédigée, ainsi je suis sûre que l'inspiration ne me quittera pas en cours de publication, mais comme un peu plus longue que mes écrits habituels, je vais la poster en plusieur petites parties. La suite arrivera dans quelques jours.
Comme le titre l'indique, ou pas, je situe l'action le jour du mariage cité plus haut. Je me suis cette fois essayée à écrire une petite, toute petite, enquête policière, mais c'est rien de transcendant, loin de là. Je ne suis malheureusement pas aussi douée que Conan Doyle
Et puis je débute dans ce domaine.
Bonne lecture
ooOoo
Londres, 29 avril 2011
Confortablement installé dans son fauteuil, John gardait les yeux fixés sur l’écran de télévision en souriant. C’était le grand jour et il ne l’aurait raté pour rien au monde, comme tout Anglais qui se respecte. Rectification, comme presque tout Anglais qui se respecte, songea-t-il en référence aux deux hommes qui se trouvaient dans la pièce d’à côté. Sherlock et Lestrade semblaient effectivement s’en ficher… eh bien royalement, c’était le cas de le dire.
Portant à ses lèvres un mug décoré aux couleurs de Union Jack, et surtout illustré du portrait des deux imminents futurs époux le médecin ne put retenir un sourire en repensant à la façon dont l’accessoire avait fait une entrée pour le moins tonitruante dans le petit appartement. Sherlock avait d’ailleurs la même tasse, mais ne s’en était très probablement jamais servi. Plus le mariage royal approchait et plus Mrs. Hudson avait entrepris de collectionner tous les objets possible à l’effigie du prince et sa fiancée. Petite manie que John trouvait touchante, n’étant pas lui-même insensible à l’évènement qui se profilait, mais Sherlock n’avait de cesse de se moquer d’elle pour sa part. Un jour, deux semaines plus tôt, leur logeuse était montée à leur étage après quelques courses, tenant à leur offrir ces deux mugs. John avait accepté le cadeau avec joie. C’était un peu trop kitsch à ses yeux mais cela semblait tellement faire plaisir à Mrs. Hudson. Sherlock n’avait évidemment pas eu son tact. John n’avait pas eu le souvenir de l’avoir un jour vu rire à ce point. Réaction qui avait tout naturellement vexé la pauvre femme. Il avait alors fallu au médecin des trésors d’ingéniosité pour parvenir ensuite à les réconcilier.
A l’écran John pouvait voir les premiers invités arriver à l’Abbaye de Westminster et se laissa, malgré la distance, gagner par la frénésie du moment. Mrs. Hudson était sur place pour sa part avec quelques amies, elles avaient prévu de s’installer le long de la route que suivrait ensuite le cortège après la cérémonie. Elle avait d’ailleurs proposé à John de l’accompagner, mais celui-ci s’était vu contraint de refuser, pas vraiment à l’aise avec l’idée de ce bain de foule inévitable. Et puis il ne doutait pas que si Sherlock l’avait appris, il se serait fichu de lui pendant des mois, peut-être même des années. Alors il suivait les réjouissances depuis son salon, ce qui lui convenait finalement très bien.
Sherlock le rejoignit alors dans la pièce, vêtu en tout et pour tout de sa robe de chambre, laissant apparaître un torse d’une blancheur spectrale. Ce teint presque maladif avait le don de mettre John mal à l’aise, et la maigreur de son colocataire n’aidait pas le moins du monde. On lui aurait annoncé que Sherlock n’avait plus que quelques semaines à vivre qu’il n’en aurait pas été surpris outre mesure. Il en avait d’ailleurs un jour parlé à Lestrade pour s’entendre dire que cette impression de fragilité émanant du détective n’était rien par rapport à l’image qu’il renvoyait au plus fort de sa dépendance à la drogue. John s’était fait la réflexion qu’il n’aurait pas voulu le connaître à cette époque. Il s’était senti au passage obligé de remercier le DI, qui à ce moment là avait été le seul capable de venir en aide à Sherlock.
Il ne savait pas si la relation entre les deux hommes avait démarré à ce moment là ou si au contraire ils avaient attendu la guérison de Sherlock, mais il n’avait jamais eu le courage de les interroger à ce sujet. Les deux amants étaient effectivement toujours particulièrement discrets quant aux détails de leur relation. Lui-même n’avait d’ailleurs jamais été mis officiellement au courant de leur histoire, se contentant un jour par hasard, quelques semaines après son arrivée à Baker Street, de les voir s’embrasser alors qu’ils se croyaient seuls. Et même depuis lors, Sherlock et lui ne parlaient que rarement de cette liaison. Avec Lestrade le sujet n’avait jamais été abordé du tout.
« - Tu étais sérieux ? lança le détective en se plantant debout à côté de son fauteuil, jetant un bref regard désabusé vers la télévision. Tu vas vraiment passer la journée à ça ?
- Bien sûr. C’est un évènement important dans l’histoire de notre pays. Et tu pourrais toi-même t’y intéresser davantage.
- Je crois que j’ai mieux à faire que perdre mon temps à cela. D’autant que statistiquement, leur mariage a une chance sur trois de finir en divorce. Peut-être même une chance sur deux étant donné la surmédiatisation dont ils vont faire l’objet. Je ne vois pas dans ce cas l’intérêt de me pâmer devant cette télé.
- Je ne me pâme pas, se défendit John, irrité.
- C’est pas une critique, enfin pas vraiment, dans la mesure où pratiquement tout le pays, voir le monde entier, fait comme toi. Où va le monde, je vous jure, marmonna Sherlock en levant les yeux au ciel. Tiens, au fait, je voulais préparer du thé pour Greg et moi, mais je ne trouve pas le lait. »
Comprenant que pour les minutes à venir c’en était fini de sa tranquillité, John déposa son mug sur l’accoudoir de son fauteuil en lâchant un soupir à fendre l’âme. Voilà ce que c’était que de s’être installé avec un assisté chronique pour tout ce qui concernait les détails de la vie quotidienne. Au moins ainsi il n’avait jamais eu à se demander pourquoi Lestrade ne s’était pas installé avec Sherlock. De cette façon le policier pouvait avoir un peu de tranquillité quand il se réfugiait dans son propre appartement.
« - J’ai fini la bouteille qui était au frigo, tu n’as qu’à en prendre une autre.
- Que je trouve où ?
- Sherlock ! Toujours au même endroit !
- Excuse-moi, j’ai bien mieux à faire qu’encombrer mon cerveau par pareils détails domestiques sans le moindre intérêt.
- Eh bien cherche !
- Tu seras certainement plus efficace que moi pour ce genre de choses, plaida le détective.
- Je t’avais pourtant prévenu Sherlock, aujourd’hui je n’ai pas la moindre intention de bouger de ce salon. Débrouille-toi tout seul pour changer.
- Je te rappelle que tout ce cirque est bien parti pour durer près de huit heures, tu seras forcé d’en rater quelques passages. Ne serait-ce que pour répondre à l’appel de la nature.
- Je ne vois pas le rapport entre ce à quoi tu fais allusion et le fait que je t’aide.
- Oh allez ! Tu me connais. Si je cherche ce lait moi-même je vais mettre le bazar et ensuite c’est une heure au bas mot qu’il te faudra pour tout ranger. Tu en dis quoi ? Une heure après mon départ ou quelques minutes maintenant ?
- Et si tu rangeais tout seul ensuite ? »
Seul un petit rire moqueur accueillit cette remarque pour le moins naïve. Marmonnant quelques menaces où il était question de tortures et autres morts douloureuses, John se leva finalement.
Une fois dans la cuisine il lui fallut comme prévu moins d’une minute pour récupérer ce qu’il était venu chercher – et pourtant il n’était pas le plus grand détective d’Angleterre – et tandis qu’il déposait la bouteille sur la table, il dut se contraindre à retirer du feu la bouilloire sifflante bel et bien oubliée là par son exaspérant colocataire.
Lestrade choisit cet instant pour faire son apparition dans la pièce, vêtu de son seul caleçon.
« - Sherlock, il faudrait que j’emprunte ton ras… »
Il s’interrompit en découvrant que c’était John qui était près de lui et non son compagnon. Et tandis qu’il baissait les yeux, gêné, le médecin eut le plus grand mal à réprimer un rire. Lestrade avait toujours ce genre de réaction vis-à-vis de lui lorsqu’il tombait sur lui dans ce qu’il estimait être des moments de vulnérabilité. En caleçon au saut du lit était sur le haut de sa liste à n’en pas douter.
« - Bonjour Gregory.
- John.
- Sherlock est dans le salon. Occupé à ne pas regarder la télé je suppose.
- Merci. »
Et Lestrade disparut vers le salon aussi vite qu’il était apparu. Deux mots. En progrès. Heureusement, il était plus prolixe un costume sur le dos.
Quelques minutes plus tard, Lestrade était enfermé dans la salle de bain, Sherlock s’occupait à la préparation de leur thé et John avait repris place dans son fauteuil. Tout était pour le mieux.
ooOoo
« - Tu ne pourrais pas changer de chaîne ? »
Raisonnant subitement, la voix cinglante fit sursauter John. Se retournant, il découvrit Sherlock, affalé sur le canapé, qui le fixait d’un air torve.
« - Lestrade est parti ?
- Quel sens de la déduction, grogna le détective.
- Je demandais simplement.
- Question stupide étant donné que je suis seul dans cette pièce. Inutile de changer de sujet, veux-tu. Je t’ai posé une question.
- Pas la peine de changer de programme. Ils diffusent la cérémonie sur pratiquement toutes les chaînes.
- Pratiquement, répéta Sherlock, goguenard. Donne-moi la télécommande.
- Non.
- John!
- Sherlock, c’est non! Ça fait des semaines que je t’ai prévenu de mon intention de regarder ce mariage. Ça ne semblait pas te poser de problème jusque-là.
- Effectivement, ça ne m’en posait pas, Greg ne devait pas travailler.
- Désolé pour toi, mais je n’ai pas pour autant l’intention de bousculer mes propres projets. Tu n’as qu’à… j’en sais rien moi, mener l’une de tes expériences loufoques dans la cuisine. Au moins tu peux être sûr qu’aujourd’hui je ne te dérangerais pas.
- Pas envie.
- Alors fais ce que tu veux mais laisse moi tranquille. »
Le cadet marmonna dans sa barbe mais n’ajouta rien et John put se reconcentrer sur l’écran.
Ce silence dura un bon moment, mais Sherlock n’avait de cesse de gigoter et soupirer sur son canapé, ce qui fini par porter sur la patience de John. Pour connaître suffisamment son colocataire, il savait qu’il ne se calmerait pas tout seul. Mieux valait lui consacrer un minimum d’attention pour que la situation ne devienne pas très vite ingérable. Il prit donc la bonne résolution de lui faire la conversation, mais sans pour autant se tourner vers lui malgré tout.
« - Lestrade est sur une nouvelle affaire pour être parti ainsi ?
- Non, rien de neuf, beaucoup de paperasse en retard en revanche. Il devrait revenir cet après-midi.
- Bien. Et vous resterez ici ou vous comptez aller chez lui ?
- Pourquoi ? On te dérange ?
- Tu sais bien que non. C’est plutôt moi qui aie l’impression de vous gêner. Et puis je me demande, Lestrade a un super appartement alors pourquoi est-ce que c’est ici que vous vous voyez ? Vous seriez plus tranquilles là-bas.
- J’aime être chez moi. Greg l’a très bien compris et s’adapte, de même qu’il s’adapte à ta présence.
- Pas toujours, s’amusa John en référence à l’incident qui avait eu lieu un peu plus tôt. A ce propos tu pourras lui dire à l’occasion que moi je n’ai aucun problème à le voir déambuler en caleçon de bon matin. Inutile qu’il en soit gêné.
- Je transmettrai.
- Et puis, reprit le médecin en riant, quitte à être gêné il ferait mieux de l’être, tout comme toi d’ailleurs, par le niveau de décibels lors de vos ébats.
- Tu nous as entendu tout à l’heure ?
- Oh, pas seulement tout à l’heure à vrai dire.
- Désolé. »
John avait pourtant l’impression qu’il n’était pas désolé le moins du monde. Il était même probable que le détective profite du tour que venait de prendre la conversation pour analyser ses réactions. Une façon comme une autre de tester sa faculté à s’adapter ou son ouverture d’esprit. Avec Sherlock qui pouvait savoir.
« - Euh Sherlock, une question personnelle je peux ?
- Tu peux toujours demander, mais rien ne dit que j’y répondrais.
- Je tente le coup. Lestrade et toi vous êtes ensemble depuis combien de temps exactement ?
- Oh, bof, je ne saurais pas dire. Ça a commencé tellement lentement… Pourquoi on en est à parler de ça au fait ?
- Parce que ça m’intrigue. Ça m’a toujours intrigué depuis que je sais pour vous. Après tout, tu m’avais dit au début que tu étais marié à ton travail…
- C’est toujours le cas. Ce qui fait de Greg mon amant et notre relation est donc clandestine. C’est plus excitant ainsi tu ne trouves pas ?
- Probablement, sourit John, qui ne pensait en apprendre autant. »
Alors qu’il s’apprêtait à lui poser une nouvelle question, le portable du cadet les interrompit.
S’ensuivit une conversation brève, Holmes ne s’adressant à son interlocuteur que par monosyllabes, ce qui ne donna aucun indice à John quant à l’identité de l’appelant.
« - C’était Lestrade, annonça finalement Sherlock en raccrochant. »
Comme bien souvent lorsqu’il l’entendait prononcer ainsi le nom de son compagnon, le médecin était étonné par le professionnalisme avec lequel les deux hommes étaient capables de composer lorsque le devoir les appelait, pour un peu ils en étaient presque à se vouvoyer dans ces moments là. Mais après tout c’était peut-être en cela que résidait la clé de la réussite de leur couple.
Sherlock se leva d’un bond, tandis que ses yeux pétillaient. Selon John cela ne pouvait signifier qu’une seule chose, ce que son ami lui confirma immédiatement.
« - Une nouvelle affaire, dit-il avec un grand sourire. A proximité de Buckingham, parmi la foule de tous ces imbéciles qui n’ont rien de mieux à faire. »
John sursauta en entendant cela et se retourna vivement vers lui, détail qui fit d’autant plus grandir le sourire du détective, par peu ravi de son petit effet.
« - Sérieusement ? Tu vas aller sur place ?
- Tu veux m’accompagner ? le taquina Sherlock. Ça pourrait être intéressant pour toi qui te préoccupe de tout ce tapage. »
Watson considéra la proposition un instant avec intérêt, pesant rapidement le pour et le contre. D’un côté, son salon douillet et la certitude d’assister aux évènements clés du mariage royal. De l’autre, l’opportunité de se rapprocher du lieu des festivités, avec peut-être la possibilité d’entrapercevoir le cortège ramenant les mariés à Buckingham. C’était tentant. Vraiment tentant même. Jusqu’à ce qu’il se souvienne de l’identité de la personne qui l’accompagnerait sur place. Connaissant Sherlock, une fois là-bas le médecin se contenterait de lui servir d’assistant, exhaussant ses quatre volontés au besoin, alors ne serait-se qu’envisager de faire du tourisme s’apparentait à de l’utopie. La décision n’était pas dans ces conditions bien difficile à prendre en fin de compte.
« - Non, je préfère rester. Tu n’auras qu’à tout me raconter en rentrant.
- Tu es sûr ? insista Sherlock, déçu.
- Absolument. Amuse-toi bien. »
Vexé, après tout c’était la première fois que John lui tenait tête ainsi, le détective attrapa sa veste et quitta le salon sans ajouter un mot.
TBC…