MERCI beaucoup ! Oui. La fin est dure. c'est vrai.
Mais voici la suite et fin. J'espère qu'elle vous plaira.
====================================
====================================
Le bruit ressemblait au battement de son cœur. C’était étrange, il avait l’impression que celui-ci, qui battait si fort depuis quelques instants, se calmait et se calait au rythme du son qu’il entendait. Malgré cela, Arthur ne vit rien apparaitre devant lui. Ce fut alors qu’il comprit que la chose venait des airs. Levant la tête pour apercevoir le sujet de temps de vacarme, il vit ce qui ne pensait plus revoir. Un être qu’il pensait mort. Une créature normalement éteinte. Son regard se posa furtivement sur Merlin. Il lui avait pourtant dit que le dragon avait succombé à une blessure mortelle. Arthur ne tarda pas à se rendre compte qu’il n’était pas étonné. Au plus profond de lui, il n’avait jamais cru à cette histoire de blessure. Non, il pensait que son jeune serviteur avait tué le monstre en utilisant sa magie. Voulant lui cacher ce fait, il lui avait menti, en affirmant que le héros, c’était lui.
Mais comment avait-il pu laisser en vie une telle aberration ? Cette créature avait tué des innocents, avait mis la ville à feu. Pourquoi lui avoir laissé la vie sauve ? Quel était le but ? Arthur avait beau regarder son serviteur, ce dernier, les yeux clos, n’avait aucune réponse à lui apporter. Mais était-ce bien là les bonnes questions qu’il se posait. Observant le dragon, majestueux, descendre délicatement du ciel, il en venait à se demander pourquoi était-il là ? Quelle était la raison de sa présence. Alors que les pattes puissantes de la créature se posèrent lourdement sur le sol, Arthur, ne put s’empêcher de voir l’expression sur le visage du monstre.
C’était la première fois qu’il la détaillait avec facilité et patience. Ce fut si intense qu’il détourna le regard pour observer le jeune homme inconscient. Et les réponses se mirent à envahir son cerveau. Il ne savait pas quelles étaient les bonnes. Mais malgré l’affront, la trahison de son serviteur, le prince ne put que lui chercher des excuses. Pendant tout ce temps, il avait agit pour le bien du royaume. Il lui avait sauvé la vie à plusieurs reprises. Il lui avait été d’excellents conseils, plus sage qu’un homme mure. Il se devait de lui trouver toutes ses excuses, des raisons de son comportement. Et puis, il l’aimait. Et aveuglément, il était prêt à faire semblant, encore, comme il le faisait depuis des mois.
Arthur se dégagea du corps de Merlin, le posant délicatement sur le sol. Il observa le dragon sans oser lui adresser la parole. Il fut étonné de voir cet être si puissant ne pas vouloir le tuer comme il lui en avait donné l’impression des mois plus tôt. Non, le visage du dragon semblait triste, soucieux. Ils échangèrent un regard. Arthur était hésitant entre la haine et l’incompréhension, suivit de l’imploration. Il ne savait pas s’il devait faire confiance à celui qui avait attaqué Camelot. Le dragon, lui, avait un air de désolation devant les prunelles humides du jeune prince. La créature jeta alors un regard au corps de Merlin, inerte. Le jeune homme blond y remarqua une peine sincère. Et son cœur lui dicta, alors, ce qu’il devait faire. L’animal l’observa de nouveau, silencieux, mais expressif.
Le jeune prince se retourna alors et saisit le jeune Merlin dans ses bras. Il marcha de quelque pas vers le dragon, tout en déposant un baiser sur le front humide de son valet. Il posa alors le corps aux pieds de la créature et prit le soin de prendre le sac qui y contenait les fleurs qu’ils étaient venus chercher. Puis il recula tout en fixant l’animal, avec un regard suppliant. Il aurait juré qu’elle lui avait souri avec bienveillance. Elle saisit délicatement le jeune homme aux cheveux de jais tout en commençant à battre des ailes. Il ne fallut que quelques secondes avant qu’elle ne s’envole pour rejoindre le ciel.
Qu’est ce qui lui avait pris de confier son serviteur à cette chose ? Comment avait-il pu faire cela ? Il l’ignorait. Mais il avait ressentit ce qui était le mieux pour son serviteur. Et lorsqu’il regarda autour de lui, se rappelant l’endroit où il se trouvait, il comprit que c’était son seul espoir. Il n’espérait qu’une chose. Ne pas s’être trompé.
…
Deux semaines plus tard.Accroupis au bord de ce vaste lit, les bras posés sur le matelas si confortable comparé au sien, Merlin observait de ses yeux bleus innocents, le jeune prince dormir paisiblement. Il n’était rentré que depuis quelques minutes et n’avait pu consentir à rejoindre sa chambre avant d’aller voir l’homme qui lui avait sauvé la vie, encore une fois. Bien qu’il ait eu une part d’héroïsme à maintes occasions envers Arthur, il lui était reconnaissant de l’avoir secouru. Il lui était aussi reconnaissant d’être ce qu’il était. Bien sur, il subissait souvent les foudres de ce prince, en plus de son arrogance et il prenait un malin plaisir à lui répondre. Mais malgré tous ceci et malgré l’idée qu’il s’était fait de lui lors de cette rencontre, Arthur était un homme bon.
Depuis que le dragon l’avait séparé du jeune homme blond - et bien qu’il ait été inconscient de cette séparation – Merlin n’avait cessé de penser à lui. Il le voyait dans ses rêves, qui défilaient alors comme un souvenir en boucle. Il entendait le jeune prince l’appeler. Il se rappelait l’avoir vu aussi mal qu’il ne l’avait jamais vu, une tristesse dans le regard qu’il n’aurait jamais cru possible. Il s’était sentit partir et un contact avait alors eu lieu sur ses lèvres. Il savait que le jeune homme l’avait embrassé. A cet instant, il n’avait pu répondre à ce geste d’amour. Jamais il n’avait soupçonné l’existence de tel sentiment à son égard.
Et le dragon, pour la seconde fois lui avait évité une mort certaine en prenant soin de lui, en utilisant de son pouvoir pour le guérir. Lorsqu’il était sorti de l’inconscience, il s’était demandé comment tout cela avait pu arriver. Comment Arthur avait-il pu confier son corps à cet animal, alors qu’il lui vouait une haine sans merci ? Etait-ce parce qu’il avait comprit ? Allait-il lui en vouloir ?
Voila pourquoi le sorcier observait son jeune prince, sans oser le réveiller. Qu’allait-il bien pouvoir lui dire ? Lui reprocher ? Allait-il se montrer aussi affectueux que lorsqu’il était souffrant, dans ce bois ? Allait-il être content de le voir ? Merlin ne put s’empêcher de sourire en le voyant dormir paisiblement. Mais était-ce bon signe de le voir sommeiller alors qu’il n’avait pas eu de nouvelle de lui depuis plus de deux semaines maintenant ? Il était censé l’aimer non ? Sinon pourquoi lui avait-il offert un baiser ?
Merlin se leva alors et décida de rejoindre sa chambre. Il posa son regard une dernière fois sur Arthur. Sa main se dirigea alors vers le visage de ce dernier. L’envie de le toucher, juste pour s’assurer que ce n’était pas un rêve, le prit soudainement. Le prince se mit alors à bouger. Merlin replia les doigts, et s’éloigna lentement. Il resta immobile un instant, attendant qu’Arthur s’immobilise de nouveau, puis il quitta la pièce avec discrétion pour rejoindre sa chambre. Il se posa une multitude de questions avant de trouver le sommeil. Celles qui revenaient le plus souvent étaient : « A-t-il des sentiments pour moi ? En ai-je pour lui ? »
…
- Merlin, appela Gaïus en ouvrant la porte de sa chambre.
Ce dernier ouvrit les yeux avec difficulté. La lumière du soleil lui réchauffait alors la nuque, une sensation dont il n’avait pas conscience avant d’immerger de son sommeil. La voix du médecin était chaleureuse et attentionnée. Pourtant, le jeune serviteur ne tarda pas à se rendre compte qu’il était en retard pour ses tâches, la première étant de réveiller le prince de ce royaume. Faisant la grimace, il s’activa à se lever dans un sursaut menaçant de se faire mal. Alors que Gaïus retourna dans son laboratoire, Merlin s’habilla rapidement et sortit, à cloche pied, de la pièce tout en mettant l’une de ses bottines.
- Ne te presse pas, tu as encore le temps Merlin, lui dit alors son mentor.
- Mais non. Je suis bien en retard Gaïus, répondit Merlin. Avez-vous vu le soleil qu’il fait ?
Gaius posa un regard las sur le jeune sorcier. Il posa une assiette sur la table, qui semblait être le petit-déjeuner lui étant destiné.
- Je n’ai plus le temps, Gaïus, insista-t-il. Arthur doit déjà hurler mon nom dans tout le château.
- Arthur dort encore, assura le vieil homme, Alors assied-toi, dit-il avec une once d’autorité.
Merlin l’observa avec incompréhension. Il s’installa devant son assiette, calmement. Pendant un instant, il resta silencieux, les deux mains posaient de chaque côté de son assiette. Il observa le docteur qui finissait se préparer son repas, et lui demanda alors :
- Comment vous pouvez en être aussi sure ?
Gaïus se retourna alors et fit face à Merlin. Il semblait presque blessé qu’on lui pose une telle question. Mais même si la plupart des personnes était au courant dans le château, le médecin se rappela que le jeune sorcier n’était revenu que dans la nuit. Alors un sourire assagit tout le visage du vieil homme et il l’informa :
- Je le sais parce qu’Arthur souffre d’insomnie depuis son retour, il y a une semaine de cela. Je ne sais pas ce qui s’est passé lors de ton voyage, Merlin. Mais ce qui est sure, c’est que ça l’a profondément marqué, quoi qu’il raconte. Il s’est passé quelque chose de spécial que tu voudrais bien me raconter ?
Alors Merlin se rendit compte de deux choses. Si Arthur dormait si paisiblement, malgré ce qu’ils avaient vécu, c’était uniquement parce que Gaïus lui donnait un remède. La deuxième chose le frappait en plein cœur, néanmoins. Il semblait que le prince n’est pas raconté la tragédie qui s’était déroulé. Il semblait qu’il n’avait pas eu la force de le dire. De dire que son serviteur était mort, tué par un cockatrice. Et il comprit pourquoi les gens ne s’étonnèrent pas de le revoir, ainsi que pourquoi Gaïus ne l’avait pas serré dans ses bras lorsqu’il l’avait vu arriver dans la nuit.
Ce dernier venait de le rejoindre à table. Merlin l’observa avec amusement, il ne savait pas vraiment quoi répondre. Bien sur qu’il avait matière à dire, mais que pouvait-il conter. Lorsque le médecin lui avait appris que le prince dormait mal, il n’avait pu s’empêcher un sourire. Ce n’était que du soulagement. C’était un peu égoïste, mais il avait eu du mal à voir qu’on l’avait oublié si facilement. Mais lorsqu’on lui demanda de raconter, la première chose qui lui venait à l’esprit, c’était ce baiser. Il ne pouvait, néanmoins révéler cela. Alors que le vieil homme mettait sa cuillère dans sa bouche, Merlin crut intelligent de commencer par :
- Oh rien, je suis juste mort…, alors que des mots voulait suivre, Gaïus cracha la soupe qu’il avait en bouche sur le visage de Merlin, qui par réflexe ferma les yeux. … en quelques sortes, finit-il alors.
- Arthur n’a rien dit de cela.
Merlin prit un chiffon proche de lui et s’essuya le visage. Sans colère aucune, il annonça :
- J’en prends conscience. A-t-il dit quelques choses sur moi ?
- Non, juste qu’il ne t’avait pas trouvé. Ce n’est pas vrai ? Parce qu’il m’a semblait…ailleurs.
- Non. Enfin si…Je dois y aller, conclu-t-il alors en se levant.
Il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre la sortie et la passer sans un mot de plus. Il ne pouvait rester dans la même pièce que Gaïus tout en lui mentant. Il n’était pas vraiment doué pour cela.
…
Merlin entra dans la grande pièce sans toquer, en toute discrétion. Le plateau à la main, il pensait que le prince dormait encore comme le disait son mentor. Mais lorsqu’il leva les yeux du petit-déjeuner, il aperçut le grand homme blond qui regardait par la fenêtre. Merlin ne l’avait jamais vu ainsi. Jamais il n’avait perçu tant de grandeur, de puissance et de monotonie. Discrètement, il posa le plateau sur la table et attendit qu’il se retourne. Mais le prince semblait ne pas avoir la foi de se montrer, ni d’aller manger un morceau. Non, il préférait regarder par la fenêtre, comme s’il attendait qu’un événement, qu’une personne qui n’arriverait plus jamais, fasse son apparition.
Pour le sortir de ses songes, Merlin se racla la gorge. Il put percevoir alors, tout le corps du jeune homme se contracter, et rester immobile. Il lui fallut quelques secondes avant qu’il ne se retourne lentement. Et le jeune sorcier put voir sur son visage toute l’ampleur de son chagrin. Il ne pleurait pas, non. Mais il avait la tête d’une personne qui n’avait plus la force de verser ses larmes. Pour la première fois de sa vie, Arthur semblait faible. Et le jeune enchanteur n’aimait pas vraiment cela. Le visage, de ce dernier, c’était figé dans une expression de désolation. Arthur, lui, ne souriait même pas. Ses yeux exprimaient bien plus que la simple surprise. Et d’une voix plus fragile qu’à l’accoutumée, il prononça simplement :
- Merlin.
Un sourire se traça sur les lèvres du jeune homme aux cheveux de jais. Son air malicieux ne s’était pas marqué sur son visage depuis ses deux dernières semaines. Il était heureux de voir qu’il ne l’accueillait pas avec des reproches. En avait-il vraiment douté ? Oui. Bien sur. Il y avait tout de même cette histoire de dragon. Comment pouvait-il lui pardonner ?
Mais ce qui se passa ensuite, jamais il ne l’aurait imaginé. Arthur avançait vers lui, mollement, avec une certaine nonchalance qui ne lui ressemblait guère. Et alors, il le serra dans ses bras. Un contact qu’il s’était toujours interdit autrefois. Mais la joie de le savoir en vie avait détruit cette barrière apparemment. Ou alors… Merlin repensa à ce baiser, comme il y pensait trop souvent. Et si Arthur s’en était arrêté là ? Impossible…Ils ne pouvaient se permettre d’entretenir une telle relation. Mais ce n’était pas le moment de se poser des questions. Il se devait de profiter de ce moment de complicité avant que tout ne redevienne comme avant. Avant que chacun fasse semblant de son côté. Les bras légèrement écartés, du a la surprise, Merlin imita Arthur et l’enlaça alors. C’est à ce moment que dernier lança :
- Je t’ai cru mort.
A ces paroles, le jeune sorcier sentit son cœur faillir. Ses poumons se remplirent alors, et les larmes lui montèrent aux yeux. Jamais il n’aurait pensé autant l’affecter. Essayant de contrôler sa respiration, Merlin eut peur de se perdre dans ses sanglots. Il sentait le souffle du jeune prince sur sa nuque. Il le décrivit alors comme un soulagement, et un poids qu’il lui avait retiré en refaisant surface.
- Mais je ne le suis pas, Sir, arriva-t-il à répondre avec difficulté.
Arthur ayant sentit son état fragile se détacha de lui tout en le maintenant à ses épaules. Il l’observa son serviteur et remarqua les larmes qui coulaient sur ses joues. Du revers de la main, le jeune prince choisit de les essuyer dans une caresse :
- Ne pleure pas, c’est un jour heureux, l’informa-t-il un sourire faisant surface sur ses lèvres.
Merlin ne put s’empêcher de répondre à son sourire, mais il fuit son regard. Il n’avait pas vraiment l’habitude que le prince le traite avec tant de tendresse. Et il n’arrivait pas à savoir où ils s’en étaient arrêtés dans leur relation. Il n’osait pas lui demander. Il avait trop peur d’être déçu. Le jeune sorcier n’arrivait plus à se comprendre. Pendant des mois, il avait été exaspéré par le comportement du prince. Il n’avait jamais eu la sensation d’y être attacher à ce point. Il se rappelait de Freya, un amour qu’il n’aura duré que trop peu de temps. Mais Freya n’avait-elle pas été un moyen de matérialiser une envie pour en faire oublier une autre ? Même les questions qu’il se posait ne lui étaient pas si claires.
Levant son regard pour le poser dans les brunelles bleutés d’Arthur, il ne put dire un mot. Il cherchait à savoir ce qu’il se passait, là, à ce moment précis. Ce à quoi le prince pensait, ce qu’il ressentait. Si ces espoirs ne s’étaient pas envolés. Mais pourtant, il savait aussi que tout cela était impossible. Et le prince devait en avoir conscience. Alors, il était sure que cet instant ne durerait pas et la normale les rattraperait bien vite. Merlin se demanda quand Arthur oserait le lâcher et le laisser travailler comme son statut le lui demandait. Mais les lèvres chaudes et charnues de futur roi de Camelot se posèrent sur les siennes sans qu’il en prenne conscience. Il n’avait pas vu son visage approcher dangereusement, ni même le regard du jeune homme blond se poser sur sa bouche. Mais la sensation agréable l’avait réveillé de ses songes pour le plonger dans un désir commun. Fermant alors les yeux, il répondit pour la première fois à son baiser.
Arthur posa ses mains sur la nuque du valet de chambre, pendant que ce dernier se laissait submerger par ce baiser passionné. S’il n’avait pas été sure de ses sentiments, il n’y avait plus aucun doute à présent. Son cœur battait à tout rompre, causé par la surprise et l’excitation du moment. Un soupçon de crainte en était aussi la cause. Et si ce n’était qu’un simple et unique baiser ? Et si après cela, on lui demandera de tout oublier ? Après de longue et agréable secondes, le prince détacha ses lèvres de celle de Merlin et posa son front sur celui de ce dernier :
- J’ai cru t’avoir perdu, souffla-t-il avec difficulté. Où étais-tu pendant tout ce temps ? Pourquoi avoir mis si longtemps ?
Merlin ne put se résoudre à ouvrir les yeux. La voix fragile d’Arthur lui faisait de la peine, il savait qu’en ouvrant ses paupières, des larmes s’en échapperaient. Jamais il n’aurait imaginé à quel point il pouvait tenir à lui. Dans sa question, il savait, néanmoins, qu’il attendait, de la part de son serviteur, que celui-ci fasse le tri. Alors après un moment de réflexion, Merlin l’informa de ce qu’il aimerait entendre :
- Après ma guérison, j’ai rejoins Ealdor. Je pensais y voir la tristesse, le deuil. Mais il n’y a rien eu de tout cela, expliqua-t-il. Parce que, malgré ce qui s’est passé à la forêt de Baldur, un grand homme au grand cœur a terminé ce pourquoi j’y ai laissé la vie, en apparence, dit-il en ouvrant de nouveau les yeux. Après un court silence, il conclu : Merci Arthur. Merci d’avoir sauvé ma mère.
Le sourire d’Arthur s’étira dans un air de gêne et de modestie. Le visage de Merlin entre ses mains, il caressa sa joue de son pouce, tout en restant silencieux. Puis il le reprit dans ses bras. Le sorcier put sentir les battements du cœur du jeune prince prenant alors vraiment conscience de ses sentiments. Jamais il n’aurait imaginé que leur lien serait lié à ce point. Jamais il n’aurait songé que le dragon parler d’un sentiment aussi fort, d’une destinée aussi proche. Les corps enlacés, il profita de ce moment jusqu’à ce qu’un élément ne les sépare brutalement. La porte toqua, et s’en suivit la poignée qui tourna. Arthur se dégagea alors sur corps de son serviteur et recula d’un pas. Derrière la porte, Guenièvre fit son apparition. Un plateau à la main, on ne lui avait, apparemment, pas annoncé la nouvelle du retour de Merlin.
- Guenièvre, regarde qui donc est de retour, lança le prince en donnant un coup à l’épaule du valet qui manqua de perdre l’équilibre.
- Merlin ! Je suis heureuse de te voir, où étais-tu ? demanda Gwen avec un grand sourire.
Oui, apparemment, Arthur n’avait rien dit à personne. Le jeune sorcier jeta un regard interrogateur au prince. Celui-ci semblait éprouver de l’embarras. Reprenant son attention sur la servante, il lui répondit dans des grands airs mystérieux, un sourire aux lèvres :
- C’est une très longue histoire.
- Le plus important, c’est qu’il soit de retour, lança Arthur en donnant un nouveau coup sur l’épaule de Merlin, cette fois-ci moins brutal. Il y avait tant de tâches ingrates que je ne pouvais confier à Guenièvre.
Levant l’un de ses sourcils, le jeune homme aux cheveux de jais jeta un regard plein de sens à son bourreau. Ainsi, les choses allaient reprendre son cours normalement. Le prince ouvrit grands les yeux devant l’expression de son valet, il garda un sourire sur ses lèvres qui lui donnait un petit air sadique. Le valet ne put répondre. Lorsqu’il regarda Gwen, celle-ci souriait avec bienveillance. Elle remarqua alors :
- Vous semblez aller bien mieux aujourd’hui, Sire, dit-elle sans faire de rapprochement.
- Ne plus avoir de sujet sur lequel me défouler, devait me manquer, hein Merlin ! répondit-il avec enthousiaste en lançant une nouvelle fois sa main vers l’épaule du servant.
Ce dernier pivota afin que le coup parte dans le vide. Arthur prit un air sévère et Merlin son air malicieux. Ce dernier s’éloigna de quelques pas. Guenièvre remarqua le plateau sur la table. Elle lança, alors, qu’elle retournait aux cuisines et disparut laissant les deux jeunes hommes seuls. Et le silence s’invita dans la grande pièce. Ce manège qu’il venait d’avoir avait cassé tout leur complicité pour une autre plus familière.
- Bien, dit-alors Merlin afin de rompre cette atmosphère de malaise. Je crois qu’il me faut reprendre les bonnes habitudes. Que voulez-vous que je fasse ? Votre chambre ? Les écuries ?... tout en énumérant des tâches, il parcourut la pièce en ramassant quelques trucs trainant ci et là.
- Merlin, lança Arthur dans le vent.
- Peut-être avez-vous besoin que je vous apporte quelques choses en plus pour votre petit déjeuner ?
- Merlin, répéta Arthur, avec un peu plus d’insistance.
- Avez-vous prévu de partir à la chasse aujourd’hui ? Voulez-vous que je prépare votre cheval.
- MERLIN ! Hurla alors le prince afin de faire taire son valet.
Ce dernier s’arrêta sur le champ, avec un air embarrassé, du linge dans les mains. Le prince s’approcha, tout en restant silencieux. Il prit les vêtements que tenait Merlin et les posa sur son lit. Sans dire un mot, il observa son serviteur avec compassion. Le jeune sorcier redouta alors ce qui allait être dit. Son cœur battait à tout rompre. Il aurait souhaité passer à autre chose de manière la plus naturelle possible. Parce qu’il craignait les deux options qui se présentaient à eux. D’un côté, ils devaient oublier leurs sentiments et faire comme si de rien était qu’importe la difficulté à cela, d’un autre, ils ne pouvaient se montrer au grand jour et seraient forcés de se cacher. Quelle était la meilleure ? Merlin en avait une brève idée. Mais ce n’était pas à lui qu’appartenait le choix :
- C’est en risquant de te perdre que j’ai pris conscience de mes sentiments à ton égard, commença le jeune prince. C’est aussi en risquant de te perdre que j’ai décidé de les partager dans un élan de désespoir. Cela fait bien longtemps que je les dissimule, que je les refoule, mais je ne peux plus à présent.
Arthur posa sa main sur la joue de son valet. Merlin l’observait avec curiosité. Son sourire n’était plus, mais son visage n’était pas triste, juste attentif. Il ne coupa pas le jeune homme blond. Il l’écouta, attendit la suite, le cœur lui déchirant la poitrine sous son contact.
- Je sais que tout ceci est totalement inconcevable, reprit Arthur. Mais j’aime à croire que rien n’est impossible. J’ai vu trop de choses de mes propres yeux pour penser le contraire. Alors il y a bien une chose que je ne vois pas, mais que je ressens au plus profond de mon cœur. Tu y tiens une place importante depuis si longtemps, maintenant.
Merlin ne savait pas réellement ce que pouvait ressentir le prince en cet instant, mais il voyait clairement l’assurance de tous ses mots. Il ne faillit à aucun, comme si tout était inscrit dans son cœur et qu’il lui suffisait de le laisser enfin dire tout au ce qu’il avait évité de montrer jusque là. Le valet ne pensa à rien d’autre qu’à eux. Et il resta muet à toutes ses paroles pendant un moment. Il ne prit conscience que maintenant que le jeune prince avait des sentiments depuis bien plus longtemps qu’il ne le pensait. Et beaucoup de choses, des aventures qu’ils avaient vécues, prirent un sens. Les seules paroles qui sortirent de sa bouche furent :
- J’ignorais tout cela.
Arthur eut un large sourire. Merlin se demanda qu’elle en fût la cause. Qu’est ce qu’il avait bien pu dire de drôle.
- Je sais. Tu n’es qu’un sombre idiot. Comment aurais-tu pu t’en rendre compte.
- Je ne suis pas un sombre idiot, reprit le valet, faisant mine d’être outrée. C’est vous le crétin royal.
Arthur rit alors. Le jeune serviteur le suivit dans un sourire comblé. Alors que le prince s’approcha pour lui donner un baiser. La porte toqua de nouveau. Reculant d’un pas gracieux, Arthur détourna le regard et s’avança vers son petit-déjeuner, comme si de rien était. Merlin, lui, reprit le linge dans ses bras alors que la porte s’ouvrit. Sir Leon demanda alors au prince si tout allait bien et s’il serait présent pour l’entrainement.
- Je viens dans un instant, le temps de me préparer.
Merlin put percevoir le sourire du chevalier. Il comprit une fois de plus que les deux dernières semaines avaient dû être monotones. Après avoir partagé sa joie de revoir le valet, et que ce dernier lui ait répondu par un chaleureux sourire, le soldat quitta la pièce. Un nouvel instant de silence s’installa pendant quelques secondes avant de le jeune sorcier ne décide :
- Je vais aller chercher votre armure, dit-il, tout en rejoignant la porte.
- Merlin ?
- Oui, Sir.
- M’aurais-tu ensorceler par le biais d’une quelconque personne ?
Merlin aurait pu se sentir vexé. Mais il n’en fut rien. Il laissa paraitre son plus joli sourire. Arthur n’était toujours pas prêt à l’entendre dire ce qu’il était vraiment. Pourtant, il le soupçonnait de le savoir. Mais qu’importe, la réponse unique était tout à fait sincère :
- Si cela avait été le cas, pensez-vous vraiment que cette question vous traverserez l’esprit ?
Restant immobile un temps, observant la mine réjouie du jeune prince, Merlin passa la porte pour prendre le chemin de l’armurerie. Son retour avait été bien plus irréel qu’il n’aurait su l’imaginer. Aujourd’hui, un secret avait été dévoilé, celui du prince. Le sien restait dans l’ombre. Mais il savait que ce n’était plus qu’une histoire de temps. Sourire aux lèvres et cœur léger, Merlin pour la première fois depuis bien longtemps ne pouvait être plus heureux.
Fin