Suite aux nombreux encouragements que j'ai reçu après ma première fic dans ce fandom, je réitère l'expérience avec le même couple ... différemment. Un Hotch/Reid à sens unique, et un *court* plongeon dans ce que je trouvais particulièrement touchant : la relation entre Reid et Gideon.
Aux alentours de la fin de la saison deux, où Hotch est un homme marié et un père "heureux". J'espère qu'il plaira autant que le premier !
ⱷⱷⱷⱷⱷSurdoué, génie, petit prodige, Reid collectionnait les étiquettes depuis vingt-sept ans déjà. Ecolier modèle, garçonnet calme et attentif, il avait mué pour devenir l’étudiant qui ne se plaçait ni au premier ni au dernier rang. L’adolescent un peu tiède, trop discret, qu’aucun de ses condisciples ne remarquaient. Pas plus que ses professeurs en dehors de la demi-minute d’étonnement que suscitait l’âge de cet universitaire lambda. Tous, sauf un. Jason Gideon qui voyait en ce délicat Spencer la chance unique de pratiquer ses deux activités préférées : poser des questions et, à son tour, percer les énigmes les plus mystérieuses.
Ceux qui prétendaient que Gideon lisait en son protégé comme dans un livre ouvert se trompait. Chaque information connue avait été gagnée, subtilisée à la pudeur exagérée du jeune homme. On ne connaissait jamais vraiment Spencer Reid. On en connaissait tout au plus les grandes lignes. Et c’était bien cette aura, ce flou qui agitait la curiosité de Jason : le garçon était aussi secret que brillant et attachant.
Enfin, et depuis le premier jour, Reid était en mesure de répondre aux questions de son mentor ou, du moins, en manifestait réellement la volonté. Il s’était amélioré considérablement, avait aiguisé la pédagogie de son aîné au moins autant que son humanité. A dix-huit ans, lorsque Spencer avait obtenu son premier doctorat, Gideon se tenait dans les rangs, ému. Il fêtait là un peu sa propre victoire.
A l’heure de quitter l’université, Reid demeurait encore un trop grand mystère aux yeux de son professeur. Et ainsi, au fil des interrogations et des années, une amitié particulière et indéfectible s’était nouée.
Un verre de thé brûlant entre les mains, assis sur l’immense canapé du domicile de Gideon, Reid paraissait tassé, légèrement perdu. Debout face à lui, Jason arpentait la pièce, un sourire rassurant sur le visage. Il l’avait senti, se félicita l’aîné, ressassant les preuves évidentes de cette histoire qui, à la fois, ne le surprenait pas mais le déroutait complètement. Reid ressentait de l’attirance envers quelqu’un, un sentiment tellement ordinaire mais si inédit chez lui. Envers un homme, corrigea Gideon par soucis d’exactitude. Comme si la révélation de l’homosexualité de son protégé n’était qu’une donnée de plus dans cette grande équation.
S’asseyant à ses côtés, Jason posa sur lui un regard confiant, source d’apaisement pour Spencer, tendu et anxieux. D’une voix neutre et calme, il s’informa de la situation :
- Et pourrais-je connaître le nom de l’heureux élu ?
Respirant les arômes de menthe et de cannelle, Reid rassembla un peu de courage, soutenu par l’aura paternelle de son mentor :
- Vous le connaissez bien. C’est… Hotch.
- Evidemment… Je m’en doutais, débuta Gideon, reconnaissant de la confiance que lui portait son protégé.
Les minutes filèrent. Le thé devint froid. Bercés par le fond musical qui émanait de la cuisine, les deux hommes se regardèrent, amusés et inquiets. L’aîné détourna les yeux en posant l’ultime question qui le taraudait. Reid anticipa, réconforté par le bras qui entoura ses frêles épaules :
- Si vous me le demandez, je peux vous dire qu’il a un fils. Un frère, plus jeune que lui. Il aime le bleu, il est gaucher. Il a neuf costumes différents et quatorze cravates. Il a une fossette au menton et… les yeux de sa mère, je le sais. Mais si vous me demandez si je l’aime…
Reid demeura muet, les dents plantées douloureusement dans sa lèvre inférieure. Le garçon souffrait ; cette étreinte masculine et maladroite ne pourrait rien y changer. Grisé par le besoin d’être réconforté, il enfouit son visage dans l’épaule et versa quelques larmes silencieuses. Première histoire, premier chagrin, songea Gideon, le cœur serré. La voix brisée du Docteur s’éleva :
- Qu’est-ce que je vais faire ?
Jason n’avait jamais laissé l’une des questions de son protégé en suspens, jamais. Jusqu’à ce soir. Il n’y avait qu’une solution, qu’une échappatoire à cette histoire dramatique.
Lorsqu’il se prononça enfin, ce n’était nullement le Professeur qui parlait. Il trouva cependant les mots justes, ceux que Spencer désirait entendre.
- Tout ira bien.
Ce n’était ni la vérité ni une certitude, davantage un pansement pour atténuer les blessures. Nullement une réponse de professionnel, mais celle d’un père à l’égard de celui qui n’était, après tout, encore qu’un enfant.
ⱷⱷⱷⱷⱷAmbiiiiiance, comme on dirait chez moi.