Bon, sur ce coup là j'arrive un peu en retard étant donné le thème, mais c'était pas prévu que je poste cet OS. L'idée m'est venue le soir de Noël, je ne pouvais donc humainement pas le poster plus tôt
Je bosse en parallèle sur un autre Sherlock/Lestrade pour lequel je galère pas mal alors je suis contente d'être parvenue à venir à bout de celui-ci. Cela dit, c'est pas non plus de la grande littérature, juste un petit moment fluff pour marquer le coup.
Bonne lecture
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Alors que les quelques invités qui s’étaient joints à eux pour le réveillon avaient finalement quitté l’appartement après une soirée des plus chaleureuses, Lestrade s’était installé dans le fauteuil proche de la cheminée et fixait les flammes dans l’âtre d’un air absent. Contrairement aux apparences, son esprit fonctionnait pourtant à cent à l’heure et quand il ne s’insultait pas mentalement, il se demandait simplement comment il avait pu être aussi naïf. Croire que Sherlock, cette année, se joindrait aux festivités simplement parce que tous deux entretenaient une relation suivie – le terme de couple lui apparaissait totalement inapproprié étant donné la phobie de l’engagement qui semblait être celle de son compagnon – avait été stupide. Sherlock fuyait comme la peste tout ce qui s’apparentait à des réunions de famille. Noël en était le meilleur exemple. Et le fait que l’inspecteur et John aient choisi d’organiser le réveillon à Baker Street dans l’espoir d’intéresser l’asocial détective aux évènements avait été une sacrée perte de temps. Et pourtant jusqu’au bout Lestrade y avait cru. Que par amour pour lui Sherlock saurait enfin se montrer un peu plus humain… Une belle idiotie !
Consultant sa montre, il soupira en découvrant qu’il était près de deux heures. Jusqu’au bout il y aurait cru.
« - Je suis désolé pour vous Gregory. »
La voix de John, qui revenait de la cuisine, fit sursauter l’inspecteur. Celui-ci haussa les épaules avant de se tourner vers le jeune homme.
« - C’est Sherlock après tout, dit-il en se forçant à sourire. »
Le médecin acquiesça, apparemment aussi déçu que son ami de l’attitude du détective. Lestrade quitta son fauteuil pour s’approcher de la fenêtre, contemplant la rue blanche en contrebas. Même le temps semblait s’être ligué contre lui, constata-t-il amèrement. Il avait neigé toute la journée, aussi ne se sentait-il pas le courage de traverser la moitié de la ville pour rentrer chez lui. Il n’avait donc d’autre choix que de passer la nuit dans la chambre de son compagnon. Ce dont il se serait volontairement passé. Bof, il y avait de toute façon de grandes chances pour que Sherlock ne rentre pas de la nuit de toute façon.
Etouffant un soupir de frustration avant de se frotter les yeux, il regarda John, qui le fixait avec tristesse.
« - Je vais aller me coucher, dit-il doucement. Bonne nuit John.
- Bonne nuit, soupira le médecin. Vous savez, il ne le fait pas exprès, crut-il bon d’ajouter tandis que l’autre homme se dirigeait vers le fond de la pièce.
- Il ne le fait jamais exprès, conclu laconiquement Lestrade. »
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Dépité, John se laissa tomber dans le fauteuil occupé peu auparavant par son ami. Il avait espéré que cette récente relation entre Lestrade et Sherlock aurait un effet positif sur son colocataire, mais celui-ci restait fidèle à lui-même, et c’était finalement Lestrade qui en faisait les frais. Restait à voir combien de temps il serait encore capable de supporter la situation. Tout à ses réflexions, le jeune homme sursauta lorsque la porte du salon s’ouvrit à la volée. Levant les yeux, il découvrit Sherlock qui fouillait la pièce de son regard aiguisé.
« - Tout le monde est déjà parti ? interrogea le brun. »
Pour un peu, John, aurait eu l’impression qu’il semblait déçu. Absurde ! Se levant pour lui faire face, il se força à durcir le regard tout en prenant son ton le moins avenant.
« - Evidement. Il est deux heures du matin en même temps.
- Et Greg ?
- Il est allé se coucher. Etant donné son état d’esprit quand il m’a quitté, je ne saurais trop te conseiller de passer la nuit sur le canapé. »
Cette fois le regard de Sherlock se fit interrogateur. Il comprenait qu’il avait fait une gaffe, mais il n’était pas sûr d’en comprendre la raison.
« - Oui Sherlock, ce soir tu as été en dessous de tout, confirma John, semblant lire dans ses pensées.
- Mais je… Il faut que j’aille le voir.
- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. »
Mais Sherlock ne l’entendait pas de cette oreille et c’est sans ajouter un mot qu’il quitta la pièce.
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Entendant la porte s’ouvrir lentement, Lestrade se tourna sur le côté, de façon à tourner le dos à l’importun, dont il ne doutait pas un instant de l’identité. Il fut tenté un moment de feindre de dormir, avant de se rappeler qu’essayer de gruger Sherlock était tout bonnement inutile. Aussi remonta-t-il la couette sur lui sans se donner pour autant la peine de prendre la parole.
Déconcerté par ce silence pesant, le détective fit quelques pas jusqu’à s’immobiliser près du lit.
« - Greg…, commença-t-il.
- Va te faire voir Sherlock ! »
Cette voix qui se voulait dure raisonna pitoyablement dans la pièce.
« - Greg, je ne suis pas certain de comprendre ce qu’il s’est passé, mais si ça peut aider je suis… désolé. »
Lestrade étouffa un grognement. Ces excuses sonnaient bien trop faux à son goût.
« - Inutile de jouer les hypocrites, s’écria-t-il en se redressant vivement, plantant son regard brûlant dans celui de son compagnon. Tu devrais le savoir, tu n’es pas crédible un instant quand tu t’excuses. Peut-être parce que tu n’es jamais sincère dans ces moments-là. Mais l’as-tu seulement été une seule avec moi. »
C’était une question rhétorique aussi celui à qui elle s’adressait ne se donna pas la peine de desserrer les dents. L’aîné avait manifestement besoin de vider son sac, autant donc le laisser faire.
« - Tu es tellement égoïste Sherlock ! reprit le policier. Je n’étais pas le seul qui tenait à ta présence parmi nous ce soir, mais toi bien sûr tu n’en avais rien à cirer. Comme toujours. Tu sais quoi… »
Il s’interrompit un instant pour se lever avant de reprendre rapidement, comme s’il craignait ne pas être capable d’arriver jusqu’au bout.
« - Je vais aller dormir sur le canapé. A cet instant je crois que ma place est tout sauf dans ta chambre.
- Notre chambre, rectifia gravement Sherlock.
- Notre chambre ? répéta Lestrade en s’immobilisant brusquement au milieu de la pièce. Notre chambre ? Y a-t-il seulement jamais eu un nous Sherlock?
- Eh bien… depuis plusieurs mois à présent il me semble que oui, marmonna le jeune homme tout en se demandant dans quel piège il était en train de tomber.
- C’est pas l’impression que tu donnes la plupart du temps. Alors vas-y Sherlock, dis-moi ! Au point où nous en sommes, je peux tout entendre. Dis moi, je suis quoi pour toi ? Simplement le type avec qui tu couches ? Celui au bras duquel tu es fier de te montrer de temps en temps ? Quoi ? »
Mal à l’aise, une légère grimace passa sur les lèvres de Sherlock. John avait raison à son propos, il n’était pas vraiment pas doué pour ce genre d’échanges, pourtant cette fois il avait tout intérêt à faire un effort parce que quelque chose lui disait que l’avenir de son couple dépendait désormais de cette seule conversation.
« - Je ne suis pas certain de ce que tu veux entendre Greg…
- Ben voyons, maugréa l’inspecteur.
- Cependant, reprit Sherlock sans tenir compte de l’interruption, je vais te dire la vérité. Ce soir je n’avais pas l’intention de venir.
- Tu n’es pas venu je te signale. Rentrer quand tout est fini ne compte pas, quoi que tu en penses.
- Greg, si tu veux qu’on avance il va falloir que tu m’écoutes au moins un instant. D’autant que je ne suis pas totalement en tort dans cette histoire. Je ne te l’ai jamais caché, j’exècre ce genre de réunions imposées. Comme si on ne pouvait pas choisir par nous-mêmes ce qu’on veut faire. Alors c’est vrai, ce soir je voyais ce dîner comme une corvée. »
Lestrade, qui jusque-là le fixait avec hargne, se calmait peu à peu à mesure qu’il entendait le discours de son compagnon. Sherlock n’était pas fait pour ce monde, ces conventions, il l’avait toujours su. Le lui reprocher à présent était totalement hypocrite de sa part. Pour autant, il ne tenait pas à tout lui pardonner aussi facilement, aussi le laissa-t-il poursuivre.
« - Alors je suis allé m’enterrer dans un pub quelconque, continuait tranquillement Sherlock. Autour de moi il n’y avait que des soiffards, de ceux qui doivent passer leurs vies dans des endroits de ce genre. Des gens sans amis, sans famille à n’en pas douter. Et j’ai réalisé que je ne voulais pas devenir l’un d’eux. Je tiens trop à toi. »
Cette dernière phrase, bien que flatteuse pour lui, fit un drôle d’effet à Lestrade. Normalement, Sherlock ne tenait pas ce genre de propos. C’était trop… normal pour lui.
Le jeune homme ressentit le doute de son compagnon aussi se fit-il un devoir de le rassurer.
« - Je sais ce que tu penses, dit-il avec un sourire. Ça m’a paru étrange à moi aussi. C’est pour cette raison que je ne suis pas rentré immédiatement suite à ce constat. J’avais besoin de faire le point, alors j’ai marché. Et le temps a filé sans que je ne m’en rende compte.
- Alors tout ça nous mène où finalement Sherlock ? s’enquit Lestrade avec douceur tout en s’approchant de lui.
- Je n’en ai aucune idée, murmura le détective avec un haussement d’épaules. Mais pour la toute première fois de ma vie je crois que j’éprouve des sentiments. C’est… déstabilisant. »
Effectivement, à cet instant il semblait avoir perdu cette belle assurance qui le caractérisait si bien d’habitude. A ce constat, un sourire éclaira le visage de l’aîné. Enfin, il éprouvait l’agréable sensation de ne pas simplement être à la merci de son amant. Plutôt plaisant pour le coup. Et tellement inattendu. C’était peut-être ce qu’on pouvait appeler le miracle de Noël.
« - Sherlock, est-ce que tu es amoureux de moi ?
- Hum, amoureux peut-être pas, s’empressa de répondre le plus jeune, retrouvant du même coup une grande partie de sa superbe. Mais, il y a bien quelque chose, oui. »
Pas parfait à proprement parler son miracle, mais Lestrade savait qu’il serait capable de s’en contenter.
« - Eh bien moi je t’aime, murmura-t-il avec un regain d’assurance tout en posant une main sur la joue de Sherlock. »
Ce dernier hocha la tête en souriant.
« - Ça me va, conclu-t-il. »
Et tandis que l’inspecteur se demandait comment il devait prendre cette remarque, le baiser de son compagnon lui vida finalement la tête. Comme toujours quand Sherlock faisait quelque chose, il le faisait à fond. Et c’était diablement bon.
THE END.