Personnages: Kévin (Les Bleus, 1ers pas dans la police)
Rating: G
Résumé: Le départ de Kévin, dernière saison.
Depuis le tout dernier épisode, ça me trottait dans la tête. Fallait que j'évacue... Je n'ai pas aimé la fin de la sérieL’évidence
Une dernière fois. Ils sont tous là, tous ceux qui ont compté pour moi ces dernières années. Ceux qui ont fait partie de mon quotidien. Ceux qui ont fait ma vie. Sauf lui.
J’ai les boules. Je fais peut-être une connerie. Ils vont tellement me manquer. Mais je ne peux pas en dire autant du stress que m’apporte mon boulot. Je sais que je suis trop idéaliste. Je m’en prends plein la gueule tous les jours. Ce n’est plus possible. J’ai besoin de faire une pause.
C’est le chantier dans ma vie. Mon travail. Ma vie sentimentale et Lui. Lui non plus, je ne gérais plus.
Mes doigts se resserrent sur la tasse que j’ai pu récupérer avant que la petite dernière s’approprie mon bureau. Je lui laisse avec un pincement au cœur. En même temps, son enthousiasme fait plaisir. C’est une sacrée nana. Un caractère explosif, une battante, une rentre-dedans. Faite pour ce boulot.
Je lui souhaite de ne pas voir ses illusions dépérir comme les miennes. Je nous revois, nos premiers pas dans la brigade, la peur au ventre, mais aussi l’excitation et l’envie face à une nouvelle carrière.
J’ai envie de chialer comme un môme. Voilà. La porte est refermée. Je quitte le commissariat, salué par d’autres collègues. Quelques boutades, quelques regards solennels. Un peu de regret.
…
Mon sac est bouclé. Je laisse tout en ordre. Je m’interdis de faire une autre fois un dernier tour dans ce lieu qui me rappelle tellement « nous ». Je m’interdis de penser à lui.
La porte claque derrière moi. Je n’arrive pas à me sentir libre. Je marche à travers la capitale. Je m’imprègne, j’observe, je mémorise. Je sais que je laisse une partie de moi ici. Mais ma décision est prise. Pour une fois, je vais oser. Je vais enfin voyager. Partir pour retrouver Tiago. Il m’attend. Il est là pour moi, lui. Je sais que je ne suis pas investi autant que lui dans notre relation mais cela va changer à compter d’aujourd’hui. C’est différent avec lui.
Je suis un peu soulagé. J’ai réussi à prendre une décision. J’avance. Je ne sais pas si j’ai raison. Mais je suis sûr qu’en restant ici je ne ferais que stagner. Je continuerais à m’engluer, à me perdre. J’étouffe. Tant pis si c’est une connerie. De toute façon, plus rien ne me retient. Il faut que je fasse le point. Loin. Que je reparte à zéro, que je me trouve un nouveau but.
…
Je tâtonne dans ma poche à la recherche de mon billet d’avion. Mes doigts se referment sur mon anneau. Une douleur me transperce le cœur, l’âme. Je n’ai pas pu me résoudre à le jeter. Je sens mes larmes déborder. Pudiquement, je baisse la tête, les essuie. Je comprends que jamais je n’arriverais à tirer un trait sur lui, sur notre mariage. Je l’aime toujours. Même si on se déchire, même si on est incapable de vivre ensemble sans se faire du mal.
Plus j’essaie de sécher mes pleurs, plus je chiale. Je sanglote, je renifle, le visage dans les mains. J’ai l’air d’un con au milieu du hall. Je sens les regards sur moi. J’ai honte. Mais je suis incapable de bouger. Je ne peux reculer. Je ne peux plus avancer.
Je sursaute violemment et relève brusquement la tête. Une main sur mon épaule s’est posée et un mouchoir sur mes joues enlève les traces de ma peine.
Pourquoi est-il venu ? Remuer le couteau dans la plaie ? Ok, c’est moi qui l’ai rejeté quand il est venu me supplier d’effacer les ardoises et tout recommencer. Mais reprendre exactement là où en était n’aurait pas été une solution. On ne partait pas dans la bonne direction. Je pense qu’on n’avait plus les mêmes attentes et cela nous aurait menés inévitablement vers un nouveau fiasco.
Incrédule, je ne peux que le fixer, sans un mot. J’ai cessé de pleurer. Mon visage encadré par ses mains, il caresse mes cernes de ses pouces. Me relâche et recule d’un pas. Met sa main dans une de ses poches et en sort deux billets d’avion qu’il exhibe en éventail sous mon nez.
Je ne réponds rien. Je ne comprends pas.
« J’peux pas. J’peux pas te laisser. Kevin… je t’aime, bordel » Il a soufflé ces paroles. Hésitant. Je vois la peur dans ses yeux. Le désespoir.
Il est venu me chercher. M’empêcher de partir au Mexique. M’empêcher de le quitter.
« J’ai pris une année sabbatique. Toi, moi. Seulement. On part à l’aventure si tu veux.» Son front s’est appuyé sur le mien. Puis son visage glisse contre le mien, joue contre joue. Sa main trouve la mienne, entrelace nos doigts. Je le laisse faire. Ses lèvres cherchent les miennes et dans un soupir je le laisse m’embrasser. Sa langue retrouve enfin la mienne.
Je me sens enfin léger, délivré. A ma place, dans ses bras. Pourquoi lutter encore, de toute façon je n’y arrive plus. Je le regretterai peut-être un jour, mais s’il est capable de tout mettre en l’air pour me garder, pourquoi continuer à refuser une nouvelle chance ? Une seconde, je pense à Tiago. Intérieurement je lui demande pardon.
Mon regard s’embue encore. Je l’ai laissé repasser mon alliance à mon doigt. Lui n’a jamais quitté la sienne.
Il n’y a jamais eu que lui. A quoi bon nier l’évidence…
FIN