Un grand merci à Lio pour la bêta.
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, je ne fais que les emprunter et ne tire aucun profit de ce texte.
Pour Aléa, toujours dans le cadre de ma reconnaissance éternelle ^^
Fugitif Eden.Au cœur de la Thaïlande, nichée parmi des centaines d’autres îles quasi inhabitées, un îlot recouvert par la jungle accueille pour la cinquième fois déjà deux fugitifs internationalement recherchés.
Accusés d'un crime qu'ils n'ont pas commis, n'ayant aucun moyen d'en faire la preuve, ils fuient sans cesse devant leurs poursuivants.
Grâce aux subsides gagnés au cours de leurs nombreuses missions de sauvetage, judicieusement placés par Futé afin de les faire fructifier, ils ont pu s’acheter une magnifique propriété à Samui. Le domaine est leur bien le plus précieux, et ils y viennent chaque fois qu’ils le peuvent, entre deux interventions musclées pour sauver plus faible qu’eux. Situé à quelques minutes de l’océan, la maison n’a pourtant pas de vue sur la mer, mais peu leur importe. Quand ils sont là, ils ne viennent pas en touristes mais en amoureux. Bien entendu il est hors de question d’apparaître comme un couple, aussi le plus jeune se fait-il passer pour un fils attentionné et le plus âgé pour un père ayant une santé précaire. Et personne jusqu’à présent n’a pu deviner que derrière les personnages des Morrison Senior et Junior se cachent en fait le Colonel John ‘Hannibal’ Smith et le Lieutenant Templeton ‘Futé’ Peck.
- Pousse plus vite, râle l’aîné à l’adresse de son soit disant héritier.
Le fauteuil roulant sur lequel est assis le premier, ainsi que son caractère de milliardaire acariâtre, ne sont là que pour abuser les gens qui entretiennent leur résidence lorsqu’ils sont absents. Leur utilité cesse dès lors que les amants sont à l’intérieur, à l’abri des regards. A chacune de leurs arrivées ils renvoient le personnel sous prétexte que Morrison Senior a besoin de calme et n’accepte d’être soigné que par Junior. Ce dernier s’acquitte de son rôle de fiston dévoué avec un calme et une humilité qui laissent admiratifs tous ceux qui les croisent.
Leurs intendants, habitués à disparaître rapidement dès que les maîtres des lieux ont investi leur villa, se tiennent en retrait, ouvrant tout grand la lourde porte d’entrée en bois finement travaillé rehaussé de cuivre. Un regard du plus jeune et les gesticulations agacées de son père leur suffisent pour comprendre qu’ils sont désormais de trop, aussi referment-ils les battants derrière les deux hommes.
Comme à chaque fois la maison, impeccablement rangée et décorée, est d’une propreté méticuleuse. Aussitôt seuls, Hannibal quitte son fauteuil pour se dégourdir les jambes.
- Enfin chez nous, dit-il avec un sourire éblouissant à l’adresse de son compagnon tout en enlevant sa moustache et ses lunettes teintées.
De son côté, Templeton est déjà en train de retirer sa veste et de défaire son nœud papillon.
- Peux-tu me rappeler pourquoi je dois porter un accoutrement pareil ? demande-t-il à son amant. Une cravate ne serait-elle pas suffisante ?
- Tu sais bien que nous avons un certain standing à maintenir, répond le Colonel comme à chaque fois.
Effectivement, la demeure à elle seule transpire le luxe, le confort et la modernité. Construite en forme de H, elle abrite deux ailes composées d’une chambre et de deux salles de bain, dont une extérieure. La partie centrale est occupée par la cuisine, le salon et la salle à manger. L’avant de la bâtisse a beau comporter une grande terrasse pourvue d’un salon de jardin en teck et d’un petit bassin, il n’est jamais utilisé. En revanche l’arrière du H, avec sa longue piscine pavée de mosaïque bleue, ses transats pourvus de coussins moelleux, ses larges parasols, ses palmiers agités par la brise, et son bar en plein air, rencontre beaucoup plus de succès.
Futé se dirige vers leur suite. Comme il l’a demandé la vaste baignoire située sous un auvent au dehors est pleine. Des pétales de fleurs blanches nagent à la surface de l’eau et des bougies illuminent les lieux déjà plongés dans l’obscurité du crépuscule. Ici la nuit tombe vite, et le jeune homme se sent fatigué par le décalage horaire et le long voyage. Il avait vraiment besoin de ce séjour et compte bien en profiter pour se ressourcer et passer son temps à se prélasser. John le rattrape et lui ôte lentement sa chemise sans chercher à caresser la peau qu’il dénude. Peck lui sourit, heureux d’être enfin seuls et au calme, loin de tout, loin des risques. Il se laisse faire sans rien dire, apaisé par la présence de son compagnon, et une fois totalement nu descend les deux marches qui mènent au bain, se glissant dans le liquide tiède avec délice. Hannibal le rejoint quelques secondes plus tard, s’asseyant derrière lui pour pouvoir l’enlacer.
- Il me tardait d’être là, chuchote le Colonel dans la nature quasi silencieuse.
Les oiseaux ont déjà regagné leur nid et on n’entend que de faibles bruissements, dernières traces audibles de la faune qui se prépare à s’endormir.
Pour toute réponse Templeton pose ses mains sur les avant-bras de son amant et les resserre encore plus autour de ses épaules. Il s’appuie contre le torse de son aîné, satisfait d’être déjà un peu déconnecté de leur quotidien. Il faut dire que dans un cadre pareil se sentir en vacances n’est pas très difficile.
Au bout de quelques minutes de tendres et chastes caresses, le blond est en train de somnoler. John attrape une éponge et le lave doucement, passant lentement sur son cou, ses épaules, sa poitrine puis son ventre. Peu à peu l’eau se trouble de savon, et une savoureuse odeur de vanille se répand dans l’air.
Peck pousse un faible gémissement, ne sait plus trop ce qu’il veut. Il a faim, soif, et rêve d’un lit moelleux à souhait. La question est de savoir quel besoin il va assouvir en premier. Finalement son compagnon se lève, l’entrainant à sa suite. Comme un peu plus tôt il se laisse faire, heureux de s’abandonner totalement. Il n’a pas à réfléchir à de basses contingences logistiques, pas à baratiner qui que ce soit pour obtenir des objets ou des renseignements. Il reste debout pendant que Smith finit de le nettoyer et de le rincer.
Futé et Hannibal regagnent la chambre après s’être séchés. C’est Templeton qui a décoré toute la maison et il est particulièrement fier de l’ambiance intime et douillette qu’il a su créer dans chaque pièce. La salle de bain intérieure, toute de bois et de pierre, inspire la détente. Une échelle sert de repose serviettes et un grand miroir rectangulaire couvre une bonne partie du mur au dessus des vasques.
Les deux membres de l’Agence tous risques enfilent des vêtements confortables et se dirigent vers la cuisine. Le Lieutenant se sent un peu plus réveillé et il ouvre le frigidaire pour y découvrir les plats préparés avec soin par leurs intendants. Il sort une salade composée et des filets de poisson crus et les tend à John pour qu’il les transporte à l’extérieur, puis il le rejoint avec un plateau sur lequel il a déposé couverts, assiettes, serviettes, verres et vin rosé presque glacé directement importé de France.
Hannibal n’a jamais été un grand bavard et cela ne gêne pas son cadet. Il a compris depuis longtemps que les silences de son amant ne sont ni hostiles ni inconfortables. Au contraire, il en profite pour goûter le calme si peu présent lorsqu’ils sont confrontés aux éternelles disputes de Looping et Barracuda. Pas qu’il n’aime pas la compagnie de ses frères d’arme mais parfois, lorsque le bruit devient trop fort, il s’évade en s’imaginant ici… au milieu de leur havre de paix.
Ce soir pourtant l’aîné est un peu plus volubile, et il régale son compagnon d’anecdotes datant d’avant leur rencontre. Futé sourit tout en mangeant, étonné et ravi que son homme se livre autant. A la fin de leur repas Smith se recule et allume un cigare, appréciant visiblement ce moment de plaisir tabagique. Le plus jeune s’essuie délicatement la bouche puis se lève pour débarrasser et ramener des fruits en guise de dessert, ainsi que du café.
Une heure plus tard ils sont encore dehors, profitant de la légère fraîcheur apportée par la nuit. Templeton admire les lieux, se disant une fois de plus qu’ils ont bien fait de s’acheter cette propriété, qu’ils y sont vraiment à l’abri, heureux. C’est comme un Eden, fugitif de par la courte durée de leurs séjours, mais paradisiaque tout de même. Ici ils peuvent être eux-mêmes, du moins à l’intérieur de la maison, ils laissent tomber les faux semblants, les grades, les embrouilles. C’est reposant. Voilà, reposant.
Et c’est justement cette impression de paix qui renforce encore sa fatigue. Il ne peut retenir quelques bâillements, ce que le Colonel ne manque pas de remarquer.
- Allons, nous coucher, dit John en écrasant son Havane dans une soucoupe. Nous profiterons de la piscine demain.
Les deux hommes ferment les volets puis se dirigent vers leur chambre. Dans leur île ils se permettent de dormir nus, peau contre peau, enlacés.
Avant de s’endormir Hannibal contemple le plafond, peint d’un blanc pur il reflète la faible luminosité de la lune qui traverse les persiennes. Il observe les pâles du ventilateur tourner lentement. Dans la pénombre il distingue les contours des objets qui décorent et meublent la pièce… les lampes de chevet à abat-jour ronds, le fauteuil sur lequel il a déposé ses vêtements, la table à laquelle Peck s’assoit pour écrire dans son carnet. S’il penche la tête en arrière il peut voir le cadre fait de tissu et fer forgé qui orne le mur et représente des fleurs et des feuilles. Les magnifiques volutes le fascinent et c’est en les contemplant qu’il a eu certaines idées de plan, comme si la perfection de la nature portée jusqu’à lui au travers de l’art lui inspirait une façon de se protéger et de protéger son équipe.
Il soupire doucement et se tourne pour se coller contre son amant, son âme sœur. Le jeune homme dort déjà, sa respiration lente et apaisée. C’est un bonheur d’être à ses côtés au quotidien, mais plus encore lorsqu’ils sont tous les deux seuls.
Et c’est le cœur en fête que l’aîné se sent doucement partir vers le sommeil. Parce que demain il servira à Templeton un petit déjeuner de roi dans leur lit. Parce qu’il sait qu’ensuite ils feront l’amour. Et parce qu’ici tout est calme et parfait, ici rien ne vient se mettre entre eux.
Ils n’ont qu’à profiter, s’aimer, et se laisser porter par les heures des jours et des nuits qu’ils partagent.
FINEt pour vous faire une meilleure idée du cadre, la maison existe...