Je crois qu'il serait idiot de cacher mon coup de cœur du moment, en matière de fandom.
Me voici donc avec un Ipod Challenge sur le thème de l'Agence tous risques. Je me suis bien amusée !
Concept : prenez 5 chansons, en mode aléatoire, sur un MP3/Itunes/lecteur. Notez les titres : vous ne pouvez passer de chanson. Ecrivez un petit quelque chose en rapport.
Règle personnelle : chacun des drabbles fait exactement 300 mots. Pas un de plus, pas un de moins. Je me suis permise de mettre un petit sondage pour connaître votre préférence.
(La première aborde un sujet sensible, si vous n'aimez pas, passez directement à la deuxième.)
ⱷⱷⱷⱷⱷNuméro 1 : Seasons in the sun - Indochine DeathficPas de couple. ||
PG-13
Goodbye my friend, it's hard to die,
when all the birds are singing in the sky,
Now that the spring is in the air.
Pretty girls are everywhere.
When you see them I'll be there.Allongé sur le sol, les joues chatouillées par les brins d’herbe, Hannibal souriait. Il n’y avait pourtant aucune raison de se réjouir : il sentait bien que cette blessure au flanc, cette balle qui l’avait transpercé de part en part, n’était pas si anodine que ses trois gars le prétendaient. Etendu dans un écrin verdoyant, il regarda ses mômes, sa petite bande, qui s’affairait autour de lui. Il aurait aimé les rassurer, leur dire que tout irait bien. Mais il le savait lui-même ; il n’y aurait plus d’autres missions. Il n’y aurait plus de « Roule, Barracuda ! », pas plus de « plans sans accroc » et pas non plus d’aventureuses évasions de l’hôpital psychiatrique en compagnie de Looping. Il avait fait son temps et ce foutu tout-puissant le ramenait à lui.
« Hannibal ! »
La voix de Futé lui semblait bien lointaine. Hissant sa main jusqu’à sa poche, il extirpa un cigare qu’il glissa entre ses lèvres, goûtant le tabac une dernière fois. Le soleil l’aveuglait, une chaleur diffuse réchauffait son corps et son cœur. Rassemblant ses forces, il balaya les trois visages apeurés d’un même regard réconfortant :
« Je pars de ma belle mort ! Entouré de mes amis, mes plus chers amis… Un havane au bec. » Il toussota longuement avant de reposer sa tête dans le cresson humide. « Posez-vous mes p’tits gars. Trouvez-vous une femme, faites de beaux enfants. Qu’ils apprennent, un jour, les têtes brûlées qu’étaient leurs pères. »
Du plus profond de son amitié, de son âme, il dénicha la force nécessaire pour sourire. Le ciel était d’un bleu azur, la même teinte que ses yeux qui se fermèrent bientôt. Autour de lui, les oiseaux chantaient, célébrant l’homme dont la mort fut au moins aussi chaleureuse que sa vie écoulée.
ⱷⱷⱷⱷⱷNuméro 2 : American Pie - Don McLeanTo Glasgow ;
Futé/Looping ||
GA long, long time ago...
I can still remember
How that music used to make me smile.
And I knew if I had my chance
That I could make those people dance
And, maybe, they'd be happy for a while.Assis à l’arrière du van, Looping imitait avec brio le bruit d’un harmonica, balladant ses mains repliées contre ses lèvres. A quelques mètres de là, les trois autres hommes paressaient devant le feu. Remuant quelques braises à l’aide d’une branche, Hannibal se laissa enchanter par le talent de son subordonné. Tapant machinalement sur sa cuisse, il accompagna cette musique rudimentaire en marmonnant les paroles réarrangées d’une vieille chanson.
Faisant clinquer ses bracelets et pendentifs, Barracuda ponctua, bien malgré lui, cette cacophonie sympathique. Pliant en deux plusieurs bouts de bois, il les jeta dans le feu et regarda les flammes vacillantes avant d’admettre, à voix basse, que Looping n’était pas si mauvais pour imiter cet instrument. Riant aux éclats, le Colonel mordit avec appétit dans l’un des casse-croûtes et taquina son jeune Lieutenant, tapant amicalement ce-dernier à l’épaule :
« Il est doué pour plein d’autres choses, n’est-ce pas, Futé ? »
Les éclats de rire s’élevèrent et, même la victime désignée, Futé, se mêla de bon cœur à cette ambiance détendue. Observant, du coin de l’œil, son compagnon, il rougit brusquement quand celui-ci s’avança, se dandinant. Jouant toujours de cet harmonica imaginaire, Looping tourna autour de la petite bande et vint s’agenouiller derrière Futé, délaissant finalement son concert pour passer ses bras autour de son amant. Embrassant pudiquement sa joue, il fit la moue en désignant Hannibal et Barracuda :
« Ils se moquaient de toi ? »
« Non, non, Looping. Pas du tout. » Corrigea Futé, resserrant l’étreinte.
« Nous vantions tes mérites… peu discrets ! » Lâcha finalement Hannibal, se moquant doucement des tourtereaux.
Tournant la tête pour cueillir brièvement les lèvres du pilote, les joues pourpres, Futé se fendit de romantisme :
« Son plus grand talent est de me rendre heureux. »
Tous sourirent, attendris.
ⱷⱷⱷⱷⱷNuméro 3 : Tears and Rain - James BluntFuté/Hannibal ||
GI guess it's time I run far, far away; find comfort in pain,
All pleasure's the same: it just keeps me from trouble.
Hides my true shape, like Dorian Gray.
I've heard what they say, but I'm not here for trouble.
It's more than just words: it's just tears and rain.Trempé jusqu’aux os, Hannibal admiraient les nuages d’orages et d’averse qui s’abattaient sur une partie de la Californie. Uniquement vêtu d’une légère chemise, il grelotait mais saluait cette pluie salvatrice : elle délavait ses pensées les plus sombres, les plus torturées.
Cette vie d’aventurier lui coûtait cher : pas d’épouse, pas d’enfants et encore moins de petits-enfants. Un fugitif œuvrant, tel un mercenaire, pour le bien de quelques personnes : des activités qui n’étaient, en plus, pas très lucratives. Pourfendant les brutes, les menteurs, il voyageait à travers le continent en multipliant les identités et les alias. Mais jamais, Ô grand jamais, il n’oubliait sa véritable identité :
« John ? » Déclara, timidement, une voix derrière lui.
Il reconnu immédiatement celle de Futé. S’avançant timidement, le jeune homme vint déposer une veste par-dessus les épaules de son Colonel. Souriant tristement, le cœur serré, Hannibal le remercia. Après quelques secondes de courage, il abandonna : se laissant envahir par la peine, les larmes se mêlèrent à la pluie battante, indiscernable. Un militaire ne pleurait jamais. Et encore moins devant l’un de ses subordonnés. Mais entre eux, c’était
différent.
Tandis que de fins doigts se posaient sur ses joues, l’attirant vers des lèvres gourmandes, le Colonel se félicita d’avoir trouvé, dans sa cavale, trois des plus grands hommes de cette Terre. Et parmi eux, celui qui était, à n’en pas douter, son âme sœur.
Ses yeux bleu-vert plongés dans ceux de son partenaire, Futé posa son front contre celui de son amant :
« Je suis là. »
Plus pudique qu’un « Je t’aime », plus fort qu’une déclaration. Au beau milieu de la nuit, sous les trombes de pluie, dans le froid mordant de novembre, son Lieutenant était là, à ses côtés. Et c’était finalement la seule chose qui importait.
ⱷⱷⱷⱷⱷNuméro 4 : Glory Days - Bruce SpringsteenFuté/Hannibal ||
GI probably will
Just sitting back trying to recapture
a little of the glory of, well time slips away
and leaves you with nothing mister but
boring stories of glory daysDépliant une photo jaunie aux coins abîmés, assis sur l’un des coffres, Futé ne parvint jamais à réprimer le sourire qui naquit sur son visage. Le cliché était, à n’en pas douter, un vieux portrait destiné aux dossiers de l’armée. Etudiant soigneusement chacun des traits et des détails de la photographie, il caressa du pouce les épaules décorées. Le port de tête était fier : l’individu devait avoir reçu l’une des médailles peu de temps avant cette séance.
Relevant la tête, Futé reconnu immédiatement la personne qui se tenait, debout face à elle. La même que sur la photo, à vingt ou trente années près :
« Tu étais un très bel homme, Hannibal ! »
« Merci, Futé, pour l’usage de l’imparfait. » Remarque le Colonel, reprenant la photographie des mains de son cadet, la fourrant dans sa poche arrière. « Tu peux m’expliquer d’où tu tiens cette photo ? »
« De ton portefeuille. » Répliqua Futé, faisant magiquement apparaître une pochette de cuir brun.
Soupirant, amusé, Hannibal ressortit finalement le cliché, le regardant avec nostalgie, avant de le ranger à sa place, parmi les dix malheureux dollars et un ticket de station essence. Haussant un sourcil, la bouche sur le côté en signe de dépit, le Colonel s’adressa à son acolyte :
« J’avais vingt-six ans sur la photo que tu viens de voir. C’était il y a bien longtemps… » Eclatant de rire, il poursuivit. « J’en ai près du double maintenant… On ne peut pas être et avoir été ! »
S’avançant, Futé posa ses doigts sur les lèvres douces et les caressa, se plongeant dans les yeux clairs, semblables à ceux de la photo jaunie. D’une voix douce, il s’adressa à l’homme qu’il aimait :
« Ce que tu es me convient parfaitement. »
ⱷⱷⱷⱷⱷNuméro 5 : Wakin' up in Vegas - Katy PerryBarracuda/Looping ||
GWhy are these lights so bright
Oh, did we get hitched last night,
Dressed up like Elvis,
And why, why am I wearing your class ring?S’éveillant difficilement dans un énorme lit, Barracuda prit sa tête entre ses mains, les tempes écrasées par une vilaine migraine. Se tordant dans les draps, il se souvenait parfaitement de la mission qui les avait menés jusqu’à Las Vegas : une affaire de fraudes, ou quelque chose comme ça. En revanche, la soirée lui paraissait bien plus sombre. Vérifiant que son arme était toujours sous le lit, il reposa finalement sa tête sur l’oreiller.
Paniqué, il vit une masse grouillante sur l’autre côté du lit : repoussant celle-ci en bas, il dressa ses poings devant lui, prêt à terrasser l’intrus. S’extirpant des linges de lit, Looping se releva, contrarié :
« Enfin ! Est-ce une façon de traiter ton époux ? »
Ecarquillant les yeux, Barracuda se lança à sa poursuite :
« Tire-toi, imbécile ! »
Plaqué au mur, à quelques centimètres d’un poing couvert de bagues, Looping fit admirer la sienne à son partenaire :
« Futé a trouvé drôle de verser le whisky d’Hannibal dans ton verre de lait… Et depuis hier, vingt-trois heures, nous sommes mariés. »
Reculant, le visage déformé d’horreur, Barracuda explosa de rire :
« Très mauvaise blague ! »
« Je t’assure, j’avais une magnifique robe, coupée ici. » Détailla le Capitaine en indiquant ses genoux. « Futé l’a choisie. Et le boss me trouvait très chic. »
Avançant d’un pas gracieux, l’excentrique passa ses bras autour du colosse, s’enroulant autour de lui. Posant un tendre baiser sur les lèvres de l’immobile Barracuda, celui-ci sortit brusquement de sa torpeur et tituba jusqu’à la porte de la salle de bain, plié en deux :
« Je vais vomir ! »
Hystérique, Looping se laissa tomber à genoux, les mains levées vers le ciel :
« Tu es enceint ! C’est magnifique ! »
ⱷⱷⱷⱷⱷJ'espère que ces petits essais vous ont plu !
N'hésitez pas à voter, c'est juste pour le plaisir de voir lequel était le mieux réussi