RECONCILIATION
"Les Bleus"
yann/Kévin
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Voici la suite de Déménagement :
Yann aurait préféré la revoir dans d'autres circonstances mais le destin en avait décidé autrement.
Il était là, proche d'elle, elle, la seule femme qu'il aimait et qu'il pourrait aimer, sa mère.
Il la regarda, elle avait vieilli mais les rides n'avaient en rien altéré sa beauté. Même les traits tirés par le manque de sommeil et les yeux rougis par les larmes n'arrivaient pas à l'enlaidir.
Yann tourna la tête et il vit Kévin qui l'observait avec tant d'amour dans les yeux qu'il aurait aimé s'y perdre. Il aurait voulu le tenir dans ses bras mais ce n'était ni le lieu ni le moment.
Il n'aimait pas ces endroits synonymes de vide et d'absences impossibles à combler.
S'il était là, c'était pour sa mère, elle avait besoin de lui pour pouvoir accompagner l'homme qu'elle avait aimé jusqu'à son ultime demeure.
Son esprit s'évada pendant que le cercueil descendait lentement dans la fosse.
Il revivait la scène comme s'il elle c'était déroulé la veille. C'était lors de leur déménagement, Kévin avait laissé tombé la boîte où il rangeait ses souvenirs et une simple photo, celle de ses parents avait ravivé une blessure qu'il croyait guérie.
Il s'était confié à Kévin et celui-ci avait pressenti qu'il était temps pour lui de faire la paix avec son passé. Il l'avait poussé à faire le premier pas et le cœur serré, la main tremblante il avait composé le numéro de ses parents en priant le ciel pour que ce soit sa mère qui réponde.
Et cela avait été le cas.
-"Allô !"
-"Bonsoir Maman."
Ils avaient peu parlé ce soir là mais cela avait suffit. Et cet appel avait fait place à d'autres.
Peu à peu ils avaient retissé le lien qui rattache tout enfant à sa mère, par petites touches, comme pour faire disparaître un à un les bleus à l'âme que la vie leur avait fait.
Jusqu'au dernier appel où sa mère en pleurs lui avait fait part du décès brutal de son père, victime d'une rupture d'anévrisme.
A cette nouvelle il n'avait pas eu de peine, les ressentiments envers sont père étaient encore trop présents ; mais ne dit-on pas que l'amour est proche de la haine.
Il avait eu simplement l'impression d'un immense gâchis.
Peut-être un jour pourra-t-il lui pardonner.
………………
Malgré sa tristesse, une partie d'elle-même était heureuse, son fils était là près d'elle.
Elle avait douté de sa venue jusqu'au dernier moment mais il était là, après toutes ses années.
Elle se rappelait le soir où Yann avait appelé. Son mari avait râlé contre les gens sans savoir-vivre qui les dérangeaient alors qu'ils regardaient la télévision.
-"Laisses sonner"
Mais elle s'était levée avec l'intuition qu'il fallait qu'elle décroche.
"Allô !"
-"Bonsoir Maman"
-"Yann"
Son cœur avait fait un tel bond dans sa poitrine qu'elle en avait eu mal.
-"Attends deux secondes"
Elle avait posé le combiné et était allée fermer la porte du salon. Elle ne voulait pas que son mari entende la conversation. S'il avait su qui appelait, il lui aurait demandé de raccrocher et cela elle ne le voulait pas.
Trop d'années s'étaient écoulées avant qu'elle puisse entendre de nouveau sa voix.
Quand Yann était parti en claquant la porte elle avait cru le perdre pour toujours.
Et le fait qu'il reprenne contact avec elle était inespéré.
Les coups de fils étaient devenus plus fréquents, plus longs aussi. Elle n'avait rien dis à son mari, elle savait qu'il avait renié son fils pour toujours mais elle n'avait pas pu continuer à faire comme s'il n'avait jamais existé.
Elle avait enfin compris, cela avait pris du temps, mais elle savait maintenant que peu importait la "normalité" et le regard des autres, l'important c'était que Yann soit heureux même si la personne qu'il aimait était un autre garçon.
……………
La maman de Yann avait convié toutes les personnes présentes lors des funérailles à venir prendre une collation. Yann avait, lui, préféré emmener Kévin sur lieux qui avaient marqué son enfance, non parce qu'il ne voulait pas affronter les regards et les commentaires que sa relation avec Kévin allaient susciter, il avait dépassé ce stade depuis longtemps, mais il voulait être seul avec Kévin.
Un de ses endroits préférés était le parc où sa mère l'emmenait après l'école, et maintenant ils marchaient main dans la main, en silence, ils n'avaient pas besoin de se parler, leurs regards exprimaient mieux que les mots ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre.
Et quand Yann s'arrêta pour donner à Kévin un baiser tendre qui devint vite passionné, ils se sentirent seuls au monde, indifférents aux regards réprobateurs, amusés ou indifférents des promeneurs.
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Elle était seule et elle préparait le repas du soir quand elle les vit revenir de leur promenade, enlacés. Comme ils allaient bien ensemble et elle se dit qu'à la place d'une belle-fille elle avait maintenant un deuxième fils.
Ils travaillaient le lendemain mais Yann n'avait pas voulu laisser sa mère seule pour cette première nuit sans son mari alors dès le repas terminé ils allèrent se coucher sans attendre.
Yann ouvrit la porte de sa chambre et marqua un temps d'arrêt, elle était resté telle que lors de son départ.
Kévin posa leur sac de voyage sur le plancher et examina la pièce, mis à part quelques affiches de films sur les murs il n'y avait aucune décoration et elle était simplement meublé, un lit, une armoire, un bureau et une chaise composaient le mobilier.
Il regarda Yann, celui-ci semblait ému.
-"Ca va ?"
-"Oui, tu sais ça me fais tout drôle de retrouver ma chambre comme je l'avais laissé, je pensais que mon père aurait tout jeté."
Yann s'avança et il fit le tour de la pièce comme s'il la découvrait pour la première fois.
Puis son regard se posa sur le lit, il ne comptait plus les fois où le visage enfoui dans son oreiller pour ne pas que ses parents l'entendent, il avait pleuré. Il s"y allongea entraînant Kévin avec lui.
Ils restèrent enlacés un long moment puis leurs lèvres se trouvèrent, leurs mains glissèrent sous leurs vêtements. leurs peaux étaient avides de caresses, caresses qui se firent de plus en plus pressantes au fur et à mesure que leur désir grandissait.
Quand celui-ci fut enfin assouvi ils s'endormirent le sourire aux lèvres. Kévin parce qu'il était dans les bras de l'homme qu'il aimait, Yann parce qu'il était enfin réconcilié avec son passé.
FIN