DEMENAGEMENTS ET CONFIDENCES suite de JALOUSIE
Série : les bleus premiers pas dans la police (comme d 'hab)
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Un an, un an s'était écoulé depuis leurs retrouvailles.
Bénies soient les pannes d"électricité, grâce à l'une d'elles Kévin et Yann s'étaient retrouvés coincés dans un ascenseur et ils s'étaient rendu compte qu'ils ne pouvaient pas vivre l'un sans l'autre.
Ils s'étaient rapprochés mais la jalousie de Yann envers Raphaël, un ex de Kévin avait manqué de remettre tout en question. Yann n'avait pas supporté que Kévin héberge son ex. En attendant que celui-ci emménage dans son propre appartement et il avait proposé à Kévin de venir chez lui pendant ce laps de temps. Kévin avait accepté et ce qui devait être provisoire était devenu définitif. Kévin avait gardé son studio mais il n'y passait que pour prendre son courrier.
Les seules personnes au courant de leur situation étaient Laura, Nadia, Lyes, Alex et Franchard, celui-ci étant l'amant de sa mère, Kévin n'avait pas pu lui cacher.
Ils avaient continué pendant un moment à arriver séparément au commissariat puis un matin ils étaient arrivés ensemble ainsi que les jours suivants sans que personne ne sans formalise.
Ils ne se cachaient plus sans pour autant être démonstratifs en public, surtout au boulot.
Mais au fur et à mesure que Kévin vidait son studio de ses affaires il était apparu que l'appartement de Yann était trop petit.
Ils avaient donc décidé de déménager. la recherche d'un nouvel appartement s'était révélé plus difficile qu'ils n'avaient prévus, logements trop petits, trop chers, trop loin du boulot etc. … Puis la chance s'était mise de côté, un appartement dans l'immeuble de Yann s'était libéré, un étage en dessous, et ils avaient sauté sur l'occasion.
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Ils devaient déménager ce week-end avec l'aide d'Alex et d'un ami de Yann, flic lui aussi mais chez les "Bœufs-Carottes" la police des polices.
Ils avaient pu obtenir 3 jours de congés, trois jours à trier, emballer enfin tout ce qui fait la joie (si l'on peut dire) d'un déménagement ; heureusement que Yann n'était pas quelqu'un à s'encombrer du superflu.
Comme ils avaient eu les clés de leur nouvel appartement, Kévin en avait profité pour finir de vider son studio.
Il était en train de vider le placard des vêtements de Yann que celui-ci rangeait au fur et à mesure dans un carton. Il avait presque fini l'étagère supérieure quand il remarqua tout au fond une boîte vieillie par le temps et de nombreuses manipulations.
En voulant la donner à Yann elle lui échappa des mains et son contenu se répandit sur le sol. Outre quelques petits objets, il y avait des photos.
-« Désolé »
-« Pas grave il n'y a rien de cassé. »
Kévin ramassa une des photos. On pouvait y voir, souriant à l'objectif, un petit garçon brun, âgé de 3 ou 4 ans, aux yeux rieurs. C'était une photo de Yann enfant.
- « tu étais mignon ! »
- « Pourquoi je ne le suis plus ? »
- « Maintenant tu es sexy ! »
Yann sourit, s'approcha de Kévin, l'enlaça par l'arrière et déposa un baiser sur sa nuque.
-« Et là ce sont tes parents ? »
-« Oui »
Sur la photo on pouvait voir un homme brun d'une trentaine d'année au visage sévère et une jeune femme aux cheveux châtains qui souriait.
Kévin remarqua que Yann avait hérité des yeux et du sourire de sa mère.
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Kévin se dégagea de l'étreinte de Yann, se retourna, déposa un léger sur ses lèvres et lui demanda :
-« Pourquoi tu ne m'as jamais parlé de tes parents ? Toi tu connais ma mère et je t'ai souvent parlé de ma famille, mais toi... »
Le visage de Yann s'assombrit.
-« Je ne préfère pas en parler, c'est du passé. »
-« Yann ! Arrêtes de te voiler la face, je vois bien que malgré ce que tu veux me faire croire tu n'as pas tourné la page, l'état de cette boîte en est la preuve. »
-« Tu veux que je dise quoi ? Que pendant des années à chaque fois que j'avais le cafard seul dans mon appartement j'ouvrais cette boîte prenais mon téléphone mais que je ne composai pas de numéro. »
- »Mais pourquoi ? »
-« Tu ne peux pas comprendre. Toi tu as une famille formidable, une mère qui t'aime tel que tu es, tandis que moi... »
-« Yann ! »
-« Je ne veux pas en parler, POINT BARRE »
Yann remis les photos dans la boîte et rangea celle-ci dans un carton.
Kévin le regarda faire sans un mot mais se promis de reprendre cette conversation plus tard. IL fallait que Yann se libère de son passé.
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-« BIP. BIP.BIP »
-« Déjà ! » Pensa Kévin en entendant le réveil. Il avait mal dormi, depuis quelque temps Yann avait des nuits agitées et cela perturbait son sommeil.
-« Yann ! »
-« Mummm ! »
-« Yann, il est l'heure, lèves-toi »
-« Encore 5 mn »
Kévin se leva et se rendit dans la salle de bain, lorsqu'il en sortit après avoir pris sa douche Yann était toujours au lit.
-«
Pas étonnant qu'il n'arrive pas à émerger, depuis qu'il a revu la photo de ses parents, il est perturbé. » Pensa Kévin.
-« Yann, debout paresseux" »
Yann ouvrit enfin les yeux et il se dit que la vue de Kévin simplement vêtu d'une serviette valait tous les réveils-matin du monde.
Il l'attrapa par la taille et le fit tomber sur le lit.
-« Viens par ici toi, j'ai envie d'un gros câlin. »
-« Arrêtes on n'a pas le temps » dit Kévin en le repoussant doucement.
-« Dommage » fit Yann boudeur.
-« Allez va prendre ta douche, je prépare le ptit dej. »
Yann se leva à contrecœur en faisant la grimace.
-« J'ai l'impression d'avoir dormi par terre. »
-« Pas étonnant que tu sois encore fatigué, tu n'arrêtes pas de bouger dans le lit. Ca ne peut plus continuer comme ça il faut que tu me parles Yann. »
-« De quoi ? »
-« Tu le sais bien. »
-« Je t'ai déjà dit que je ne voulais pas en parler. »
-« Quelle tête de mule ! »
Après avoir pris leur petit déjeuner ils partirent pour le commissariat.
La journée fut plutôt calme et Yann eut tout le loisir de repenser aux paroles de Kévin. Il avait raison. Il soupira et décida de lui parler le soir même.
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Leur journée de boulot s'était terminée comme elle avait commencé, dans le calme.
L'un et l'autre en avaient profité pour mettre à jour toute la paperasse administrative en retard.
Yann était venu chercher Kévin et ils étaient partis ensemble, ce qui ne leur était pas arrivé depuis un moment.
Sur le chemin du retour ils s'arrêtèrent pour acheter leur repas du soir, n'ayant pas envie de faire la cuisine, cest à dire une pizza.
La dite pizza avait été vite engloutie, l'un et l'autre ayant bon appétit.
La télévision était allumée et le jeu "La Roue de la Fortune" avait commencé depuis 1/4 d'heure
Kévin était allongé sur le canapé, le programme télé dans une main, la télécommande dans l'autre."
-« Il n'y a vraiment rien de bien ce soir. »
-« On n'a qu'à se passer un DVD, si tu veux ? » Répondit Yann.
-« Ouais, pourquoi pas ! Mais c'est moi qui choisis le film. »
-« D'acc ! »
Yann finit de faire la vaisselle (c'était son tour), vaisselle qui se limitait, pour une fois, à celle du petit déjeuner, plus deux verres. Ils avaient, en effet, préféré manger leur pizza à même le carton.
Il l'essuya, la rangeât puis s'approcha du canapé, et poussa Kévin afin qu'il lui fasse une petite place.
Il avait pris sa décision.
-« Bon, puisque tu tiens tant à le savoir je vais te dire quel sorte d'homme était mon père. »
-« Etait ? Il est mort ? »
-« Non, mais pour moi c'est tout comme. »
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-« Mon père était, est, quelqu'un d'autoritaire, intolérant, dénué de sentiments et plus préoccupé de préserver les apparences que du bonheur de sa famille.
De toute mon enfance je n'ai pas eu le souvenir que mon père a eu envers moi un geste de tendresse. Pas non plus de moments partagés père-fils enfin tu vois, parties de foot, vélo rien .
Quoi que je fasse ce n'était pas assez bien à ses yeux, si ce que je faisais ne correspondait pas à ses attentes, que ce soit au niveau scolaire ou autre, il me le faisait payer. »
-« Il te battait ? »
-« Non, mais tu vois, Kévin, parfois les mots font plus mal que les coups. Pour lui je n'étais qu'un minable, un moins que rien, je n'étais pas le fils parfait qu'il espérait, alors il ne perdait jamais une occasion de me rabaisser, même devant témoins.
Et quand il a su que son fils était homo alors là, moi qui n'étais déjà pas grand chose à ses yeux suit devenu transparent. Certes il n'y avait plus ces humiliations quotidiennes mais le mépris et le dégoût que je voyais dans ses yeux quand il daignait les poser sur moi c'étaient.... »
Yann s'était tu, son regard était comme absent.
Kévin passa un bras autour de son épaule et de l'autre lui caressa les cheveux comme on le ferait à un enfant que l'on réconforte.
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Yann se laissa aller à ce moment de tendresse, il était bien là, dans les bras de l’homme qu’il aimait et cela avait plus d’importance que tout le reste.
Mais Kévin voulait tout savoir, il voulait que Yann se libère complètement de son passé.
-«Et ta mère ? »
-« Le couple que formait mon père et ma mère était très fusionnel. Et je crois que pour mon père j’étais de trop, j’étais un obstacle entre lui et ma mère. »
-« Elle se comportait comment avec toi ? »
-« Quand mon père était absent c’était une maman comme les autres et j’étais heureux mais quand mon père rentrait je passais en second. »
Kévin était bouleversé par les révélations de Yann et il se rendait compte que lui avait eu beaucoup de chance d’avoir une mère aimante et compréhensive quoiqu’il fasse. Il resserra son étreinte et yann posa sa tête sur son épaule.
Ils restèrent ainsi quelques instants puis Kévin reprit la parole.
-« Tu n’as pas revu tes parents depuis combien de temps ? »
« Mon père depuis que je suis parti de chez moi après mon bac. »
« Et ta mère ? »
-« Depuis que je suis devenu flic. Avant je lui rendais visite de temps en temps quand mon père était absent et puis un jour on a eu une dispute quand je lui ai annoncé que je voulais entrer dans la police.
Elle voulait que je prenne la succession de mon père, elle m’a dit qu’elle était déçue. Mais le pire c’est quand elle m’a jeté à la figure qu’à cause de mes préférences pour les garçons moi elle n’aurait jamais de petits enfants, que je l’avais privé du bonheur d’être grand-mère. Moi qui croyais qu’elle m’avait accepté tel que j’étais j’ai su que je m’étais trompé. »
- "Alors je suis parti et je ne suis jamais revenu. »
Kévin su alors que sous ses airs bourrus se cachait un homme sensible et il compris que Yann avait toujours eu peur de s’engager de peur d’être encore rejeté.
Il pencha alors la tête vers lui et il s’aperçut que Yann pleurait. Et il lui parut évident qu’il fallait que Yann renoue avec sa mère afin d’être complètement libéré de son passé et accepter complètement sa vie présente.
-« Yann tu ne crois pas qu’il ai temps ? »
-« De quoi ? . »
-« De tourner la page et de te réconcilier avec ta mère, lui parler, lui faire comprendre que tu es heureux avec la vie que tu as choisie. »
-« Je ne sais pas si c’est une bonne idée. »
-« Ecoutes, je crois que ta mère a souffert autant que toi de cette dispute, je pense qu’elle t’aime comme tu es mais qu’elle a eu peur de ta réaction si elle avait fait le premier pas, elle a du se sentir rejetée elle aussi. »
-« Tu le penses vraiment »
« Oui "
Alors Yann essuya ses larmes, se dégagea des bras de Kévin se leva et pris le téléphone. Après un moment d’hésitation il composa le numéro que malgré les années il connaissait encore par cœur.
Son cœur battit plus vite quand il entendit la sonnerie retentir, une fois, deux, à la troisième quelqu’un décrocha.
-« Allô ! »
Il avait la gorge sèche et la main qui tenait le combiné tremblait.
-« Bonsoir, Maman. »
FIN
J'espère que cela vous plaira