Disclaimer : Cette fic se passe au début de la saison 2. Je ne tire aucun profit de cette histoire.
Rentrée des classes.
Je rejoins Seth dans sa chambre. Je sais que la journée n’a pas été évidente…
La rentrée, l’indifférence de Summer qui sort désormais avec Zach, un gars super sympa au demeurant… La dispute entre Sandy et Kirsten… Non, rien n’a été simple aujourd’hui.
Seth n’a pas prononcé un mot de tout le dîner. Quand il ne dit rien, c’est que ça ne va vraiment pas. La plupart du temps, il est affreusement bavard et insupportable, mais je l’adore tel qu’il est. Nos personnalités sont si complémentaires… Il est à la fois volubile, introverti, bourré d’humour et complètement fou. Un paradoxe vivant. C’est - enfin, c’était - le looser du lycée… parce que depuis que je suis là, moi le bad boy sorti des bas-fonds, il est plus extraverti. En même temps, il compense mon tempérament plus réservé, plus méfiant et renfermé. Il ne contrebalance pas ma faculté de m’attirer des ennuis, mais pour le reste, c’est l’ami dont j’ai toujours rêvé… même s’il est parfois très bizarre.
Nous sommes dans sa chambre. J’adore cette pièce. C’est un mélange du petit garçon qu’il était et de l’homme qu’il est en train de devenir. Captain’ Avoine trône encore sur sa table de nuit, témoin muet des infortunes de Seth. Ce dernier est assis contre la tête de lit, sombre, triste, presque prostré. Je tire la chaise du bureau, la fais pivoter vers lui et m’assoie dessus. J’essaye de lui remonter le moral, de lui dire que ça va s’arranger avec Summer. Mais il rejette tous mes arguments et je ne trouve rien à lui répondre. Qui suis-je pour lui affirmer que l’avenir sera plus ensoleillé que le présent ? Mais je déteste le voir comme ça, si mal, si résigné… Je l’aime comme un frère et je veux qu’il soit heureux…
Allez, sois honnête à ce sujet pour une fois Ryan, au moins envers toi-même !
Je… Je veux qu’il soit heureux… grâce à moi.
Il m’a tellement manqué cet été. J’ai dû retourner à Chino pour vivre avec Thérésa et assumer mes erreurs. Et au milieu de tout ce marasme, seule la perspective de le retrouver un jour m’a permis de tenir. Je pensais à lui tout le temps, espérant sans cesse qu’il rentre et vienne me retrouver. Quand le téléphone sonnait, je souhaitais que ce soit lui. Mais ce n’était jamais sa voix qui résonnait à l’autre bout du fil… Finalement c’est moi qui suis allé le chercher, moi qui l’ai ramené… chez nous. Et c’est pendant que j’étais avec lui que j’ai appris que Thérésa avait perdu le bébé. Ce jour là, je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir un signe…
Sa voix légèrement tremblante me ramène à la réalité. Il me dit que rien ne s’arrangera jamais avec Summer. Il ne pleure pas, non, il est trop fier pour ça ; mais tout son être, son expression, sa façon de se tenir, crient qu’il est malheureux. Il a l’air tellement triste que mon cœur se serre. Je ne sais pas quoi faire pour le réconforter. J’ai juste envie de le prendre dans mes bras ; parce que quoi que je fasse d’autre, ça ne l’aidera pas.
Je me redresse et me dirige vers le lit. Seth lève les yeux vers moi. Il a ce regard légèrement exaspéré qu’il prend parfois, celui qui dit : « arrête d’être le plus raisonnable de nous deux ».
- Lève-toi. - Pourquoi ? - Seth… - Ok, ok, c’est bon, je me lève mais uniquement si tu me dis pourquoi. - Seth ! Lève-toi !
Il se redresse, se met debout et ne trouve rien de mieux à faire que blablater encore et encore :
- Bon d’accord, puisque tu le prends comme ça… mais je tiens à dire que je me sens brimé et... - Et arrête de parler s’il te plaît. - Que j’arrête de parler ? Mais je ne peux pas ! Ryan Atwood est peut-être connu pour son impassibilité mais Seth Cohen, oui, Seth Cohen est connu parce qu’il parle ! Il parle, il parle, il parle… même quand il devrait s’arrêter. Même pour ne rien dire. C’est ça, sa marque de fabrique ! - Tu parles encore de toi à la troisième personne. - Ah oui, c’est…
Je le coupe dans son élan en le prenant dans mes bras. Si je ne l’avais pas fait il aurait continué pendant des heures. Enfin, des heures, j’exagère un peu… mais bon, vous voyez ce que je veux dire.
Seth se raidit contre moi. Il n’a pas l’habitude des embrassades et des câlins. Pas plus que moi d’ailleurs, mais pas pour les mêmes raisons. Moi je viens d’une famille où les seuls contacts physiques étaient des coups. Ma mère me frappait, mes différents beaux-pères m’ont presque tous tabassé à un moment ou à un autre…
Quant à Seth, ses parents sont tellement névrosés et englués dans leur vie matérialiste que seul leur boulot compte. Il n’y a jamais eu de place pour les marques d’affection, jamais de moment approprié pour les bisous… Pas que je n’aime pas les Cohen, non, bien sûr que non. Ils m’ont sauvé, recueilli, aimé comme un fils, et je leur en suis reconnaissant. Mais malgré tout, ce sont eux qui ont fait de Seth l’ado mal dans sa peau que j’ai rencontré il y a un peu plus d’un an. Ce sont eux qui sont à l’origine de sa personnalité décalée et introvertie. Ce sont eux qui ne savent pas que la chaleur d’un câlin remplace tous les mots de réconfort susceptibles d’être prononcés.
Et c’est ce que je veux être pour lui : une étreinte rassurante et bienveillante, un havre de paix, un rempart contre le reste du monde. Je ne peux plus le nier, j’éprouve des sentiments très forts pour lui, bien trop intenses pour n’être que de l’amitié…
Je referme complètement mes bras autour de lui et me rapproche encore un peu de son corps. Il ne prononce plus un mot et, quelque part, ça me rend nerveux. Je crois que finalement, je préfère encore quand il joue au moulin à paroles. C’est au moins le signe qu’il réagit…
Est-ce lui qui tremble un peu, ou moi qui suis décidément très stressé ? C’est si bon de l’avoir dans mes bras… J’aimerais rester comme ça pour l’éternité, à l’abri de l’amour que j’éprouve pour lui. Pourtant je sais que si nous prenons ce chemin, notre vie ne sera plus jamais la même.
Seth se détend brusquement. Il s’appuie contre moi sans fausse pudeur et glisse ses bras sous les miens. Ses mains se posent dans mon dos et sa tête sur mon épaule. Nous sommes soudés l’un à l’autre. Tout son corps est si chaud, élancé et doux. Je ferme les yeux et je pousse un soupir de bien-être…
Seth me serre plus fort dans ses bras et enfouit son nez dans mon cou. Je… Cette brusque intimité me trouble. Son contact… J’ai envie de lui, envie de l’aimer, de le caresser, de lui apporter le réconfort dont il a besoin mais je ne sais pas s’il en a autant envie que moi. Je ne suis pas sûr de ne pas perdre son amitié si je lui révèle tous mes sentiments. Alors je choisis une situation intermédiaire, je décide de rester son meilleur ami, son confident, son complice… celui sur lequel il peut compter, le frère qu’il n’a jamais eu.
- Je suis là pour toi Seth. - Je sais mais… Je… Tu… - Oui ? Qu’est-ce qu’il y a ? Tu peux tout me dire. Tu le sais n’est-ce pas ?
Il prend une profonde inspiration. Son souffle effleure la peau de mon cou et je frissonne.
- Ce n’est pas vrai. Je veux dire… tu n’es pas là pour moi. - Pardon ? Je… - Ne dis rien Ryan. Je sais bien…
Il s’interrompt et je le presse de continuer. Instinctivement, je sens que ce qu’il veut me dire est important pour lui.
- Dis-moi Seth ! Dis-moi ce que tu as sur le cœur.
Il est si crispé tout à coup. Mais il trouve tout de même le courage de se lancer. Que peut-il vouloir me confier qui soit si stressant pour lui ?
- Je sais bien… que tu aimes Marissa, que tu aimes les filles en général. Et que tu m’aimes… au mieux comme un frère. - Je… - Chuuuuut… Je m’en contenterai. Serre-moi… Serre-moi plus fort s’il te plaît.
Je me recule, je veux le voir ; voir son visage, ses yeux, son expression. J’ai besoin de savoir. Est-il possible qu’il ressente les mêmes sentiments que moi ? Que notre complicité soit bien plus que ça pour lui aussi ?
Me sentant m’écarter, Seth prend peur, il se remet à parler à toute vitesse :
- Ryan… Ne me juge pas. S’il te plaît, ne me rejette pas. Je suis désolé, je n’aurais rien dû te dire, rien dû… Je suis ton ami. Ne retiens que ça. Je ne veux pas te perdre, ni que tu repartes. La vie avant ton arrivée était morne, fade et vide. Et quand tu es parti cet été, c’était encore pire, parce que j’avais goûté au parad… parce que je m’étais habitué à ta présence.
Seth ne me regarde même plus. Il a laissé retomber ses bras le long de son corps, et il serre les poings dans un geste défensif dont il n’a probablement même pas conscience… Je suis tellement ému que je me demande si je vais arriver à parler.
Mais Seth, mon adorable Seth, prend mon mutisme pour de la colère.
- Tu es fâché… Je vois bien que tu l’es. Je suis désolé, vraiment, vraiment désolé Ryan. Je t’en prie, pardonne-moi et oublie toute cette conversation, toute cette journée. Je ne veux pas perdre ton amitié. C’est le plus important. Je…
Mon amour s’arrête de parler, je crois qu’il est à court d’arguments, à court d’excuses. Il n’ose toujours pas me regarder. S’il le faisait, il serait rassuré. Je ne lui en veux pas. Je suis heureux, bien plus heureux que je ne l’ai été jusqu’à présent. Rien ni personne n’a su me procurer autant de bonheur en simplement quelques mots.
- Seth, regarde-moi.
Je suis si surpris, j’ai la gorge si serrée que ma voix tient plus du coassement qu’autre chose. Seth relève lentement la tête. Il est au bord des larmes. Je lui souris, mais je sens bien qu’en fait je grimace bizarrement.
- Ce n’est pas Marissa que j’aime. Elle ne compte pas. Elle ne compte plus. Elle n’a jamais compté comme tu comptes pour moi. Je t’aime Seth, je ne supporte pas de te voir malheureux, et encore moins de te sentir si gêné devant moi. Je t’aime comme un ami, un frère, un homme… un homme amoureux. Je t’aime tout court. Seth, je t’aime…
En lui disant ces mots, je ne peux pas m’empêcher de plonger dans ses yeux marrons si expressifs, de caresser sa joue si douce, de glisser avec délice mes doigts dans ses courts cheveux bruns. Ma main se perd sur sa nuque. Mes lèvres rejoignent les siennes.
Et à cet instant précis, je sais que j’ai enfin trouvé ma place dans ce vaste monde.
FIN
Dernière édition par MAPI le 24 Oct 2010 10:14, édité 1 fois.
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