seishiroS74 :
Oui comme tu dis, Payvre Lisbon ! Après j'ai rien contre elle, mais je trouve qu'elle ne va absolument pas avec Jane !!!
Chunhua :
Oui oui oui ^^ Bien sûr qu'ils sont passés à l'acte ! Comment pouvait-il en être autrement ????
Chapitre 4Tout fringuant, Jane s’installa confortablement sur son sofa, un bol de thé bouillant entre ses mains. Vu la tension palpable dans les bureaux, Lisbon semblait muette mais passait ses nerfs sur ses subordonnés. Rigsby et Van Pelt virent d’un bon œil l’arrivée du consultant.
- « Alors… l’affaire ? Vous deviez nous livrer l’assassin de Saterfield. » Cria-t-elle presque en sa direction.
- Jane leva les yeux sur elle feignant sa surprise « Ah oui, c’est vrai… » Il avala tranquillement sa gorgée avant de poursuivre. « C’est Tom Wilcox. »
- « Wilcox ? Vous en êtes certain ? » S’étonna Van Pelt.
- « Pourquoi aurait-il fait ça ? C’est absurde, Satterfield l’a sauvé d’une incendie, ça n’a pas de sens !!! » Réfléchit Rigsby.
- « Jane ? » Hurla Lisbon toujours sous l’effet de la colère.
- « Hé ! C’est vous les flics. Je vous donne déjà l’assassin, débrouillez-vous pour le mobile ! » Dit-il en haussant les épaule avant de se murer dans un profond silence.
- « J’y crois pas ! Et en plus il ne compte même pas nous aider ? » Se lamenta Lisbon.
Seul Cho semblait se rendre compte que la scène se déroulant devant lui était totalement inouïe. Depuis quand Jane leur fournissait des criminels sans mise en scène ?
****
Jane s’absenta incognito des locaux du CBI. Il partit seul à la rencontre de Wilcox alors que ses coéquipiers cherchaient un lien entre Wilcox et Satterfield. Il se fit déposer par un taxi devant l’hôtel où la famille Wilcox était relogée. Il s’arrêta devant le camion de déménagement où Wilcox entreposait ce qui lui restait de ses affaires personnelles.
- « L’enquête sur l’incendie est terminée. J’ai pu rentrer à l’intérieur récupérer quelques affaires. » Annonça-t-il fièrement au faux médium.
- « Et aujourd’hui vous partez. »
- « Dans le Montana. » Précisa-t-il.
- « Non en prison. » Le reprit Jane. Wilcox s’immobilisa sous l’effet de cette annonce. « Les masques tombent, pas la peine de jouer aux innocents plus longtemps pour le bien de votre famille. » La femme et la petite fille de Wilcox apparurent à leur tour pour charger le camion. « Salut ma grande, j’ai quelque chose pour toi. Regarde ce que j’ai trouvé. »
- « Ma poupée ! » S’écria la petite fille.
- « C’est vraiment très gentil à vous. Qu’est-ce qu’on dit ma chérie ? » La sermonna sa maman.
- « Merci. »
- « Pas de souci, c’est avec plaisir. J’ai trouvé autre chose dans votre maison. » Poursuivit Jane.
Il se retourna lentement vers Wilcox pour lui faire face. Celui-ci commençait à se crisper. Sa réaction ne se fit pas attendre. Il intima immédiatement à sa famille de l’attendre à l’intérieur qu’il n’en aurait pas pour très longtemps.
- « Avant de vous montrer ce que j’ai trouvé, je dois vous raconter l'histoire qui va avec. Celle d’un braquage d’un distributeur de billet qui tourne mal. Je parie que vous avez lu cette histoire dans la presse. Je ne crois pas que le voleur masqué ait voulu blesser qui que ce soit, les auteurs de braquage font rarement des victimes. » Wilcox s’agita peu à peu jetant des coups d’œil furtifs tout autour de lui. « La première chose qu’un criminel intelligent fait c’est de détruire les preuves. Le feu - c’est un moyen très répandu pour le faire. Après avoir allumé la cheminée pour bruler les sacs de transport…, le voleur masqué a couru à l'étage pour cacher son butin dans le coffre-fort de sa chambre. Mais ce qu'il ne savait pas, c’est que le feu d’en bas s’était propagé dans toute la maison. Sans doute quelque chose qui a glissé…»
- « C’est très intéressant, mais qu'est-ce que cela à avoir avec moi ? » Wilcox de moins en moins serein.
- « Un peu de patience, j’ai eu une semaine difficile. Alors voilà, lorsque le voleur masqué a vu que son rez-de-chaussée était pris par les flammes il aurait dû prendre ses jambes à son cou. Mais il ne pouvait pas abandonner l'argent, pas après tout ce qu’il avait fait. Alors, il est revenu sur ses pas. Le problème c’est que la fumée était trop épaisse et l’empêchait respirer. Le voleur masqué a donc perdu connaissance sur place, dans sa propre chambre. »
- « Vous m’accusez de vol à main armée ? » S’impatienta-t-il.
- « Oui… et de meurtre… et de tentative d’assassinat, aussi. Le mien. »
- « Vous êtes désespérés à ce point ? » Ricana–t-il.
- « Je vous avais dans le collimateur dès le début. Vous savez comment fonctionne les convoyeurs via votre travail dans l’épargne et le prêt bancaire. Et qui allumerait un feu par une matinée si chaude et ensoleillée ? Ce qui a été le plus difficile a été de comprendre ce qui vous a conduit à tuer l'homme qui vous a sauvé la vie ? J’ai fini par me dire que ce pompier avait dû apercevoir quelque chose lorsqu’il a bravé les flammes pour vous secourir. Quelque chose qui vous aurez envoyé en prison pour le restant de votre vie dès qu’il aurait eu vent de cette histoire de braquage. Il aurait vite fait le rapprochement avec ce qu'il a vu l'intérieur de cette maison en feu. - le masque – forcément – que vous avez bêtement oublié de jeter dans les flammes. C’est ce que Satterfield a vu dans votre chambre, ça vous reliait au braquage, et voilà pourquoi vous avez dû le tuer. »
- « Voilà une histoire effrayante. Mais sans preuve, ce n’est juste qu’une histoire. » Wilcox de plus en plus nerveux.
- « Oh, j’ai failli oublier. J’ai trouvé autre chose dans les cendres. » Jane sortit de sa poche intérieure une pochette transparente utilisée lors des perquisitions de la police. Un masque de catcheur plié en quatre se devinait à l’intérieur. « Oui, j’ai fouillé votre maison avant vous, vous vous souvenez ? En fait, j'essayais de forcer votre coffre-fort mais ce n'est pas ma spécialité. Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas ici pour vous arrêter. Très peu pour moi ! En revanche, je veux la moitié de l'argent. »
- « La moitié de l'argent ? »
- « Je trouve ça très généreux de ma part, je pourrais demander plus. Après tout, quel autre choix avez-vous ? » Le menaça-t-il.
Sans rien ajouter, Wilcox lui fit signe de passer de l’autre côté du camion et fit coulisser la portière latérale pour procéder à l’échange en tout discrétion. Jane remplit ses poches de liasse de billets à l’abri des regards et lui laissa le masque. Il se hâta avant que Wilcox ne riposte.
- « Attendez ! Ce n’est pas le mien. »
- « Non. Je l’ai trouvé que dans un magasin de fête mexicaine. Les couleurs ne sont pas si éloignées n’est-ce pas ? » Jane satisfait de son coup de bluff.
Wilcox se mit à le poursuivre mais Cho et d’autres agents du CBI le mirent en joue et lui intimèrent l’ordre de mettre les mains en l’air et de se retourner pour le menotter. Ils lui récitèrent ses droits.
- « Vous m’avez suivi, agent Cho ? » Jane à la fois surpris et soulagé d’avoir été suivi par les agents du CBI.
- « Tu ne croyais tout de même pas qu’on allait te laisser vadrouiller en solitaire. » Rétorqua ce dernier.
****
Au poste de police, Lisbon avait interrogé Wilcox jusqu’à obtenir ses aveux. Van Pelt, Rigsby et Cho s’occupaient de la paperasse administrative quand Jane leur fit l’honneur de se présenter dans les locaux.
- « Salut. » Jane en saluant Lisbon devant lui.
- « Salut. » Lisbon embarrassée. « Eh bien, vous l'avez fait. Vous avez attrapé un tueur, et nous avons récupéré la plupart des fonds volés. »
- « La plupart ? » S’inquiéta Jane, le sourcil au garde à vous.
- « Wilcox n’avait pas toute la somme avec lui. Il a dit que vous lui en avez pris une partie, mais nous ne le croyons pas. Il a dû le cacher. » Annonça Van Pelt en levant les yeux de son écran d’ordinateur.
- « Recherchez donc un complice, ça n’a pas dut être simple pour faire ça tout seul. »
- « Nous allons vérifier. » Lui assura Lisbon.
Elle ne savait pas comment s’y prendre pour le retenir. Sa mémoire ne lui été pas revenue et cela pouvait prendre un certain temps. Elle l’avait fait participer à une enquête pour, dans un sens, le motiver dans ce rôle. Elle aurait bien donné de sa personne pour l’inciter à demeurer parmi eux, mais Wainwright l’avait devancé. Tout avait échoué ! Et Jane, lui, semblait pressé d’en finir avec les banalités d’adieux.
- « Oh, j’allais oublier, votre dernier paiement. » Lisbon en lui tendant son chèque.
- « Ça c’est mon salaire ? » S’étonna-t-il en voyant le montant.
- « Vous n’êtes pas motivé par l'argent. » Lui précisa Lisbon victorieusement.
- « Eh bien, je dois avouer une vague satisfaction dans la prise de quelqu'un qui pensait être plus intelligents que moi, mais ça ne reste pas assez pour travailler ici. Certainement pas pour ce tarif-là ! » Conclut le faux médium.
- « D'accord. Si jamais vous changez d'avis, ou si vous retrouvez la mémoire… »
- « Certaines portes sont faites pour rester fermer. » Lui assura-t-il avant de se placer au centre des locaux pour s’adresser à tous les agents ici présents. « Heu, tout le monde, je voulais vous dire merci. Je suis sûr que nous avons partagé des moments… forts en émotions tous ensembles. Mais je ne suis pas actuellement qualifié pour les commenter, et donc je vais juste me contenter d’un simple au revoir. »
Jane s’éclipsa rapidement après son allocution et traversa le couloir pour atteindre les portes de l’ascenseur. Il hésita et revint sur ses pas. Il s’installa confortablement sur la chaise que Wainwright venait de délaisser pour lui ouvrir la porte.
- « Tu ne peux plus te passer de moi ? »
- « C’est à peu près ça ! » Plaisanta le Directeur. « Tu fais quoi ce soir ? Je me disais qu’on aurait pu finir notre discussion… ? » Tenta-t-il fébrilement en s’asseyant sur le bureau au plus près de Jane.
- « Entamer notre discussion. » Rectifia Jane en secouant la tête. « A vrai dire, j’avais d’autres projets. »
- « Qui me concernent ? »
- « Je pense aller me reposer. » Dit-il en baillant et en s’étirant de tout son être. Tu m’as épuisé cette nuit. »
- « Tu restes là alors ? » Patrick mentit en hochant la tête en guise de réponse. « Donc tu ne vois aucun inconvénient à ce que je garde cela ici ? » Luther en attrapant un baluchon de transportait Jane.
A travers la fenêtre, Jane vit Lisbon passer. Il regarda à nouveau le baluchon et distingua à nouveau la silhouette de Lisbon se déplacer de plus en plus agacée. Les choses commençaient à mal tourner, il devait mettre les voiles au plus vite. Teresa disparut de son champ de vision. Quelque chose se tramait. C’est pourquoi il changea de stratégie.
- « Ou alors on pourrait louer une chambre d’hôtel loin d’ici. J’ai l’impression que Lisbon a du mal à se faire à la situation. Elle rend l’atmosphère de travail exécrable. On devrait même partir en vacances. Qu’est-ce que t’en penses ? » Jane en minaudant devant Wainwright. Il saisit la cravate de son amant qu’il trifouilla l’air de rien pour se rapprocher de lui.
- « Hum… Je ne sais pas trop. Je viens d’arriver je ne peux pas déjà prendre mes vacances. Et puis, j’ai pas mal de factures, un loyer exorbitant à payer… » Se dédouana Luther en reprenant possession de sa cravate pour garder les apparences au bureau.
- « J’ai quelques économies de côté. » Lui souffla-t-il à l’oreille.
- « Rien à voir avec un hypothétique chantage sur un criminel ? » Jane se contenta de sourire pour toute réponse. Il venait d’être mis à jour. Il le savait. Wainwright le savait également. « Tu as bien conscience que tu tentes de corrompre un agent fédéral ? Tu me crois si facilement manipulable que ça ? »
- « J’aurai dit simplement amoureux transit prêt à toutes les folies… »
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Lisbon faisait les cents pas devant le bureau de Wainwright en attendant de trouver le moment opportun pour faire son entrée. Mais de ce qu’elle voyait, une véritable parade amoureuse, la faisait bouillir intérieurement. Elle avait su lâcher du lest pour clore cette enquête mais là, ça en était trop ! Cette scène de séduction la faisait bondir… et c’est à ce moment-là qu’elle réalisa qu’elle s’était faite bernée depuis le début. Jane l’avait manipulé comme il le faisait actuellement avec le Directeur. Si ça se trouvait, c’était bel et bien lui qui avait volé l’argent à Wilcox. Sinon pourquoi serait-il si pressé de quitter la ville ? Qu’est-ce quelle détestait être dans cet état-là, d’autant plus à cause d’un homme aussi menteur, voleur, arnaqueur et manipulateur que Jane ! Elle en avait assez de ce Jane qu’elle ne reconnaissait plus. Il lui fallait récupérer l’ancien Jane, celui dévoué corps et âme à retrouver John Le Rouge, celui qu’elle pourrait épauler dans sa quête, et celui qu’elle pourrait aimer au grand jour.
Une idée germa alors dans son esprit. Jane devait retrouver la mémoire au plus vite et elle savait déjà comment s’y prendre pour l’aider. Elle abandonna son poste d’observation pour filer vers l’ascenseur et revint à peine quelques minutes plus tard. Elle s’immobilisa devant le bureau de Wainwright et attendit aussi patiemment que possible qu’il veuille bien la recevoir. Il se décida enfin à lui accorder audience tout en congédiant ledit consultant. Elle débita furieusement tout ce qu’elle avait sur le cœur à propos du Jane amnésique, du Jane gay, du Jane obstruant une affaire en cours. Face à ce qu’elle considéra comme un manque certain de réaction, elle s’emporta d’autant plus, claquant magistralement la porte derrière elle.
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Les portes de l’ascenseur s’étaient refermées sur lui, laissant Jane seul avec ses réflexions. Son plan s’était retourné contre lui, et il n’aimait pas ça. Il était venu récupérer ses maigres affaires au poste avant de disparaître comme il en avait le secret. Il avait tellement peu d’effets personnels que ça n’en valait même pas la peine ! Il aurait dû fuir directement après son entrevue avec Wilcox, mais au lieu de cela, il était revenu faire ses adieux à Wainwright. Pourquoi ? Malgré ses apparences de jeune premier de la classe, le Directeur méritait bien son poste. Fin psychologue, il n’était aucunement dupe du monde qui l’entourait. Et peut-être même plus malin encore. C’était bien ça qu’il l’attirait chez cet homme. Une personnalité complexe se cachait sous les traits d’un banal gratte-papier. Il en avait la certitude. Il savait percer la personnalité des gens, tous les gens. Sa curiosité était aiguisée, à l’affut de chaque de chaque parole à traduire, de chaque mouvement à interpréter. Et la belle gueule de Luther procurait un certain avantage également. Il appréciait ce jeu entre eux, ce qui le conduisait à présent à revoir ses projets en fonction de Wainwright. Naturellement. Sans se poser la question de son ancienne vie. Peut-être celle d’un hétéro. Mais bon après tout, passer un peu de bon temps ne lui ferait pas de mal, il aviserait ensuite.
Il pénétra dans la remise à la recherche d’affaires à récupérer mais rien ne lui sauta aux yeux… sauf cet énorme carton trônant là, au milieu du bureau. De grosses lettres en majuscules rouges retranscrivaient le nom de l’affaire : JOHN LE ROUGE. Ce nom lui fit écho. Il l’avait entendu de la bouche même de son amant. Il hésita longuement à ce qu’il devait faire. Il pouvait aisément l’ignorer mais quelqu’un semblait l’avoir posé là exprès. Ou il pouvait l’ouvrir et consulter les données au risque d’y trouver des informations déplaisantes. La tentation était forte mais l’envie de partir aussi. Mais comme un flash-back, il aperçut les mêmes dossiers que ceux de chez Wainwright. Alors il se décida, s’accroupit et se mit à lire. Il passa le reste de la journée à étudier l’affaire, à disposer les dossiers par petits tas, à accrocher des photos aux murs, à tracer des traits reliant différents points sur une carte, à accrocher des punaises sur certaines villes en inscrivant des noms et des dates en dessous, etc…. Ses souvenirs refaisaient surface à mesure de l’avancée de sa lecture. Lorsqu’il leva enfin les yeux vers ce mur rempli d’informations, le temps cessa de défiler. Il n’avait plus aucune idée de l’heure, ni de l’endroit où il était. La seule chose qui avait dès lors de l’importance c’était la vérité qui s’imposa à lui. Les faits. Sa mémoire. Il resta un temps infini ainsi prostré jusqu’à s’autoriser à hurler toute sa détresse refoulée derniers jours. A ses cris s’ajoutèrent des larmes coulant le long de son visage. Il avait un poids de plus en plus lourd dans sa poitrine, et de plus en plus de difficultés à respirer. A bout de souffle, et dans les méandres de ses émotions, il usa de ses dernières forces pour se reprendre. Il avait une dernière chose à faire. Il essuya son visage du revers de sa chemise et se releva brusquement de la banquette sur laquelle il était affalé. Il dénuda tous les pans de murs, rassembla tous les documents relatifs à John Le Rouge et les brûla dans sa planque au-dessus des bureaux du CBI. Puis il disparut de la circulation. Encore. La fumée s’échappait à peine de la bâtisse que déjà la sirène des pompiers retentissait. Un périmètre de sécurité fut rapidement mis en place. Et les pompiers s’affairèrent pour éteindre l’incendie. Les agents du CBI assistèrent dépités à la scène tandis que certains s’inquiétaient de savoir si Jane avait déjà été évacué.
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Luther se réveilla à cause de la sonnerie stridente de son portable. Le bureau. Il décrocha et se leva en vitesse. Il resta en ligne tout au long du trajet jusqu’à son arrivé au CBI. Les véhicules blindés de la police transféraient les prisonniers vers les autres postes pour y être en sécurité. Certains agents étaient transportés d’urgence vers les hôpitaux les plus proches à causes des fumées toxiques. Mais la plupart aidaient les pompiers comme ils le pouvaient. Le Directeur s’avança et eut un rapide compte-rendu avec une vague connaissance, le chef de la brigade - Toby Rawlins. Le départ de feu semblait volontaire. Il s’était propagé depuis la réserve située dans les étages supérieurs des locaux. Des bouts de journaux, des coupures de rapports et quelques autres objets avaient été retrouvés. Un rapide coup d’œil derrière eux, vers les locaux du CBI et Wainwright bloqua à la vision d’un smiley. A ce moment-là, toute la brigade l’aperçut et comprit. Wainwright fut le premier à réagir. Sans perdre de temps, il se rua à sa voiture et déserta le site. Il circulait à vive allure, fenêtre entièrement ouverte, cheveux au vent, comme pour se donner l’impression de respirer. Il refusa de répondre à son téléphone lorsque celui-ci se mit à sonner à maintes reprises. Pire même, il l’envoya valser sur la banquette arrière. Le moment était arrivé. Moment qu’il redoutait à présent. Son cœur enchaînait des battements de façon exponentielle. Jane avait probablement retrouvé la mémoire. Il serait dévasté, voir anéanti. Et lui dans tout ça ? Qu’adviendrait-il d’eux, de leur histoire qui se terminerait probablement maintenant ? Sera-t-il encore capable de poursuivre son enquête sur John Le Rouge alors qu’il est émotionnellement impliqué avec la victime ?
Le Directeur pila sur le chemin. Compte-tenu de la vitesse, il dérapa sourdement. Il bondit hors de sa voiture, sans prendre la peine de refermer la portière. Il pénétra dans la maison, avala les marches quatre par quatre, puis deux par deux et unes par unes jusqu’au premier étage. C’est là qu’il l’aperçut enfin, adossé au chambranle de la porte d’une chambre, face au smiley ensanglanté. De dos dans la semi obscurité, il devinait des cheveux encore ébouriffés, un costume froissé et une attitude à la fois grave et désemparée. Le blondinet n’avait de cesse de faire tourner l’anneau autour de son doigt. Le Jane qu’il connaissait était de retour. Son angoisse monta d’un cran.
- « Patrick ? » Se hasarda-t-il. « Ça va aller ? »
- « Comment ai-je pu… oublier ? » D’une voix remplie de culpabilité.
- « On travaille dur pour résoudre cette enquête, tu le sais ? »
- « Sans grand résultat, visiblement ! »
Le jeune homme ne se faisait pas d’illusion, il savait que face au décès non élucidé de sa famille il ne ferait plus jamais le poids... jusqu’à l’arrêt de John Le Rouge. Et là, peut-être qu’il avait une chance de reconquérir Jane. Désormais, il n’aurait plus qu’une obsession : épauler Patrick dans cette vendetta, en espérant que ce dernier ne disparaisse pas sans laisser de trace.
Jane se retourna, le dévisagea mais d’un regard vide. Le vent sifflait aux travers des fenêtres. Il n’éprouvait rien, pas de remords, mais pas d’envie non plus. Pour l’instant il n’était apte à rien. Le ciel gris rendait l’intérieur de la maison encore plus obscure qu’elle ne l’était déjà. Il était en état de choc, immobile, incapable de bouger. Comme s’il avait mis toute son énergie à atteindre cette pièce. Il avait froid, il grelottait sans s’en rendre-compte. Ses oreilles bourdonnaient. La voix de Luther lui parvenait dans un écho lointain. Il était sur le point de vaciller, quand il sentit une chaleur humaine l’envelopper. Le vent semblait chasser les nuages. Luther le serrait contre sa poitrine. Patrick se laissa réconforter. Il y a des moments comme ceux-là, où se laisser faire était salvateur. Et il avait cruellement besoin d’un messie.
Le temps s’écoula lentement. Au loin, les premières sirènes se firent entendre, puis les pneus glisser sur le gravier avant de stationner au pied de la maison. L’équipe du CBI en sorti, espérant retrouver et épauler Jane comme ils l’avaient toujours fait à leurs manières.
- « On devrait peut-être remettre notre voyage à plus tard… ? » Lança soudainement Jane en reprenant ses esprits.
- « Je ne pense pas que Lisbon soit prête à te laisser partir si facilement. » Acquiesça Wainwright.
- « Toi si ? » Questionna Jane.
Luther étouffa un léger rire. Le voilà quelque peu rassuré sur ses relations amoureuses. Il se dégagea sobrement du corps de Jane, reprit ses distances avant l’arrivée de leurs coéquipiers. Quelques rayons lumineux traversèrent les carreaux.
- « Tu penseras à nous rendre le butin extorqué à Wilcox ? » Déclara le Directeur.
- « C’est déjà fait. » Devant les sourcils froncés de son amant, il précisa. « Dans ton bureau. »
- « Celui qui a été ravagé par les flammes de l’incendie que tu as déclenché cette nuit ? »
Fin.