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 Sujet du message: [Finie] Fic "Urgences" - suite de la fic d'Anhelo
MessagePosté: 19 Oct 2005 19:59 
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Inscription: 17 Jan 2004 13:57
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Localisation: ♫ J'ai longtemps cherché un paradis sur Terre... ♫
Salut !

Voilà, comme je l'ai dit dans le sujet de la fic d'Anhelo "La naissance de nouveaux sentiments", j'ai eu envie d'en écrire une suite. Donc, à l'occasion de l'anniversaire de notre chère amie et pour la remercier de m'avoir donné l'occasion d'écrire ma première fic sur cette série, en voici le début. Pour ceux qui n'ont pas lu la fic d'Anhelo, c'est [url="http://guillon.christelle.free.fr/forum/viewtopic.php?t=1767"]ici[/url] et c'est un slash John Carter/Ray Barnett. Je ne sais pas trop encore si cette fic sera longue ou non... vous verrez bien !

Cybelia.

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La confirmation des sentiments

Cela fait une semaine que cette scène a eu lieu et je n’arrive toujours pas à savoir si je suis contrarié par ce baiser ou si, au contraire, je l’ai apprécié plus que je n’aurais du. Ray m’évite consciencieusement depuis ce jour là. Il prend les gardes de jour lorsque je suis de nuit et inversement. Les rares fois où nous nous trouvons à l’hôpital en même temps, il s’arrange pour être tout le temps occupé de façon à ce que je ne puisse pas lui parler en privé. Les nuits, lorsque je suis seul dans mon lit, j’ai un mal fou à m’endormir, me repassant sans arrêt cette scène sur l’écran de mes paupières closes. J’ai besoin d’en parler à quelqu’un avant de devenir dingue, mais la seule personne à qui je pourrais avouer mes tourments est celle qui en est la cause. Il faut que je me ressaisisse. Susan commence à se poser des questions, vu les regards qu’elle me lance. J’ai du mal à me concentrer sur mon travail mais je ne peux pas me permettre de faire des erreurs, des vies sont en jeu. J’ai pris une bonne résolution : la prochaine fois que j’aperçois Ray, je me débrouille pour le prendre à part et lui parler, c’est la seule solution.
Cette nuit-là, nous nous retrouvons à nouveau de service ensemble, Ray et moi. J’ai appris par hasard qu’il avait voulu changer avec Neela, mais qu’elle a refusé. Tant mieux pour moi ! Je vais enfin avoir l’occasion de lui parler. Alors que je me dirige vers mon collègue qui discute avec Malik, la porte des urgences s’ouvre sur un brancard dirigé par deux ambulanciers. Je me précipite.
— Homme de 22 ans. Multiples coups de couteau à l’abdomen.
— Que s’est-il passé ? demande Ray qui se tient de l’autre côté du blessé.
C’est un jeune homme derrière les ambulanciers qui répond :
— Ils nous ont attaqués… ils étaient trois… Je me suis battu avec l’un d’eux et les deux autres s’en sont pris à Mike. Y’en a un qui a sorti un couteau…
Nous entrons en réa 1. Je donne mes instructions aux infirmières d’un ton ferme. J’ai tellement l’habitude de ce genre de cas que ça en devient presque banal. Alors que j’examine le blessé, je jète un coup d’œil à l’autre homme et remarque une plaie sur son front.
— Ray, tu peux t’occuper de lui ?
— J’y vais ! lance mon étudiant sans hésiter.
Je le vois prendre l’homme par le bras et l’entraîner hors de la salle.

***

Quarante-cinq minutes… nous avons tout tenté, mais l’hémorragie était trop forte. Notre blessé vient de mourir. J’ôte mes gants et ma blouse, puis me dirige vers la porte. Là, je me fige en voyant Ray qui m’interroge du regard de l’autre côté de la vitre. Son visage est neutre, mais je peux voir une lueur de détresse dans ses yeux. Il repart en salle de suture où il a du laisser son patient. Je le suis du regard, puis me décide à bouger. Un coup d’œil à la pendule : il me reste encore trois heures à faire avant de pouvoir quitter ma garde. Constatant qu’il n’y a aucun patient à voir, je me rends en salle de repos. Alors que je suis en train de me servir un café, la porte s’ouvre sur Ray. Il hésite un peu, puis entre finalement dans la pièce. Il va s’asseoir sur une chaise, croise les bras sur la table et enfouis son visage dedans. Soudain, il relève la tête et me lance :
— C’était son petit-ami.
Je mets un certain temps à comprendre de quoi il me parle.
— Stephen et Mike rentraient tranquillement chez eux après être allés au cinéma et ces trois salauds leur sont tombés dessus en les insultants. Leur seul crime était d’être un couple gay…
Je sens l’amertume, la colère et la tristesse dans sa voix. Je le comprends mais je ne sais quoi dire. Il enfouit à nouveau son visage dans ses bras croisés en soufflant :
— C’est trop dégueulasse…
Ma tasse à la main, je viens m’asseoir près de lui et lui pose une main que j’espère réconfortante sur l’épaule. Je le sens aussitôt se crisper alors je rompt le contact. J’ouvre la bouche pour parler, mais la porte s’ouvre à nouveau, cette fois-ci sur Sam.
— Ray, ton patient est en train de partir !
— Quoi ?
Il se lève d’un bond et se précipite au-dehors. Je le suis rapidement. Sam nous conduit vers l’entrée des ambulances au moment où Stephen se précipite à l’extérieur de l’hôpital. Nous fonçons à sa suite, juste à temps pour le voir se faire percuter par une voiture. Nous nous précipitons vers lui alors que le conducteur sort de son véhicule en répétant :
— Il s’est jeté sous mes roues. Je ne pouvais rien faire.
Ray s’agenouille à côté de son patient puis lève la tête vers moi, m’annonçant ce que je viens de constater.
— Il est mort…
Je me tourne vers les ambulanciers qui ont accouru et leur demande de récupérer le corps pour l’amener à l’intérieur. Ils le conduisent dans une salle mais je sais qu’il n’y a rien à faire. Stephen est mort sur le coup, la nuque brisée. Je prononce le décès en me disant que je déteste faire ça deux fois en moins d’une demi-heure, puis quitte la salle, laissant aux infirmières le soin de préparer le corps avant qu’il soit emmené à la morgue. Je soupire en voyant Ray entrer dans les toilettes des hommes. Vu ce qui vient de se passer, ce n’est pas ce soir que j’arriverai à lui parler de mes tourments. Alors que je me dirige à mon tour vers les sanitaires, je suis intercepté par Lydia qui remplit le dossier du jeune Stephen. Je lui donne le peu de renseignements que j’ai.
— C’était le patient du Docteur Barnett. Je vais lui dire de s’occuper de ça dès qu’il le pourra.
— Merci, Docteur Carter.
Je quitte l’infirmière et pousse la porte des toilettes. Les lavabos sont déserts mais j’entends un bruit familier provenant de l’une des cabines. Je m’approche. La porte est restée ouverte. Ray est à genoux au-dessus de la cuvette. Je vais chercher un essuie-mains et je m’accroupi près de mon étudiant. Il prends la serviette en murmurant un remerciement, s’essuie la bouche, puis s’assoit contre la cloison, les yeux fermés, ses jambes repliées contre son torse. Je ne l’ai jamais vu aussi pâle. Je m’assois à mon tour face à lui et pose une question idiote qui est la seule qui me vient à l’esprit :
— Ca va mieux ?
— Non…
Son visage est crispé et tout son corps semble tendu.
— C’était mon patient… je n’aurais pas du le laisser seul… j’aurais du me douter qu’il allait faire une connerie…
— Tu ne pouvais rien faire.
— Si ! J’aurais du rester avec lui. Il venait de perdre l’homme qu’il aimait et je l’ai laissé seul. C’est de ma faute…
Je ne supporte pas de l’entendre se culpabiliser ainsi. Je m’agenouille, me rapprochant de lui et lui pose une main sur le bras pour attirer son attention. Il ouvre les yeux et plonge son regard noisette dans le mien.
— Ce n’est pas de ta faute… Tu n’y es absolument pour rien. S’il ne s’était pas jeté sous cette voiture, il se serait sûrement suicidé d’une autre façon après être sorti de l’hôpital. Tu n’as rien à te reprocher. Les seuls coupables dans cette histoire sont les types qui les ont agressé, son compagnon et lui.
— Vous devez avoir raison… merci…
Je souris. Nos visages sont très proches l’un de l’autre et une envie irrésistible de l’embrasser s’empare de moi. Alors que je me penche un peu plus vers lui, je sursaute lorsqu’une ombre passe à la limite de mon champ de vision. Je me tourne vers Morris qui nous jète un regard affolé et ressort presque en courant. Je soupire. Ray se lève en passant une main sur son visage fatigué.
— J’espère qu’il ne va pas aller propager une rumeur idiote sur nous deux.
Je me lève à mon tour. J’essaye de ne pas laisser transparaître mon inquiétude et ma déception de n’avoir pas pu aller au bout de mon geste.
— Je suis sûr que non.
Ray me sourit légèrement, puis quitte les lieux. Je reste un moment seul, hésitant sur la conduite à tenir. Peut-être devrais-je aller parler à Morris pour mettre les choses au clair, mais je ne suis pas sûr que ça soit la bonne solution. Alors que je me pose cette question, Luka entre. Il se dirige directement vers moi et ne prends pas de gants pour me dire :
— Morris vient de me raconter ce qu’il a vu.
— Quelle fouine, celui-là… je murmure. Ecoute…
— Non, toi écoute-moi. Je ne sais pas ce qu’il y a entre Ray Barnett et toi, et, franchement, ça ne me regarde pas. Seulement il y a un règlement ici… Tu pourrais avoir des ennuis. De gros ennuis.
— Je sais.
— Alors, sois prudent. Je n’aimerais pas que tu te fasses virer. Tu me manquerais ! termine t’il en souriant.
— Ne t’en fais pas pour ça. Je sais ce que je fais. Merci.
Je sors des sanitaires, un peu perdu. J’ai menti à Luka. Je ne sais absolument pas ce que je fais. Mais pour l’instant, toute cette histoire ne concerne que Ray et moi…

***

Alors que je me fais intercepter par Weaver qui vient d’arriver et qui veut savoir ce qui s’est passé avec notre suicidé, le jeune Stephen, j’entends un hurlement provenant de la salle de repos. Je me retourne juste à temps pour en voir sortir un Ray plus furieux que jamais suivi, quelques secondes plus tard, par Morris dont le nez est ensanglanté.
— Que s’est-il passé ? demande Luka en examinant l’interne.
— Il m’a frappé ! Ce type est cinglé !
— Que s’est-il passé ? je répète, me doutant que cet idiot de Morris avait encore du mettre les pieds dans le plat.
— Je lui ai juste dit que j’avais appris ce qui venait d’arriver à son patient.
— Et ? j’insiste.
— Et je lui ai dit qu’au moins, ça fera une pédale en moins sur Terre…
Je sens la colère m’envahir et je sais que, sans Luka qui est en train d’examiner le nez de Morris, je l’aurais laissée éclater et aurais fini ce que mon étudiant avait commencé. Je demande à la cantonade :
— Où est Ray ?
— Je l’ai vu sortir, répond Malik.
Je me précipite dehors. Il commence à pleuvoir et Ray est hors de vue. Je donne un coup de pied rageur dans une poubelle, puis rentre. Là, j’ai l’impression de tomber au beau milieu d’un vaudeville. Kerry menace Morris avec sa canne et Luka est entre les deux, essayant de les séparer. Je mets un instant avant de comprendre la raison de la colère de notre chef, puis me souvient qu’elle était présente lorsque cet idiot a expliqué ce qui s’est passé avec Ray. « Le courageux » Morris se planque derrière Luka mais celui-ci doit soudain en avoir marre de servir de paravent entre lui et Kerry et il s’éloigne, laissant l’interne aux prises avec Weaver qui en profite pour lui asséner un coup de canne dans la cuisse et sur le bras avant de lancer de sa voix autoritaire :
— La prochaine fois que je vous entends dire une chose pareille, je vous fous dehors et je vous jure que vous n’aurez plus jamais l’occasion d’exercer la médecine dans notre pays !
Elle lui lance un dernier regard furieux et s’éloigne vers les ascenseurs. J’évite de regarder Morris sous peine de ne plus arriver à me contrôler moi non plus et vais m’isoler dans la salle de repos. Le casier de Ray est ouvert. Je le referme soigneusement, réfléchissant à l’endroit où il a pu aller. Je sais qu’il n’a pas vraiment de domicile. Il vit à droite et à gauche chez ses copains et, parfois même, il squatte à l’hôpital. Je me souviens alors qu’il a un téléphone portable. Je retourne à l’accueil et cherche dans le répertoire des médecins son numéro. Je le compose mais je tombe directement sur la messagerie. J’aurais du me douter qu’il l’aurait éteint.
La fin de ma garde est interminable. Je suis horriblement inquiet pour Ray, mais je ne peux décemment pas quitter l’hôpital comme ça. Heureusement qu’aucun cas sérieux ne requiert mon attention car je ne suis vraiment pas en état pour me concentrer sur quelque chose de plus compliqué qu’une suture. Enfin, je vois Susan arriver pour sa garde. Je fonce me changer et me précipite dehors. Je ne sais pas par où commencer mes recherches. Il tombe des trombes et il fait encore nuit noire. Chicago est immense. Ray peut être n’importe où. Je me dirige vers ma voiture, je préfère la prendre lorsque je suis de garde de nuit plutôt que le train. Alors que je m’en approche, je vois une silhouette familière recroquevillée sur le sol contre mon pare-choc. Je m’accroupis devant Ray qui lève vers moi un visage ravagé par la douleur.
— Viens.
Je lui tends la main. Il la considère quelques secondes sans bouger, puis la prend et je l’aide à se lever. Je lui fais signe de s’installer du côté passager tandis que je prends le volant. Je le vois hésiter à monter dans la voiture. Il m’adresse un léger sourire.
— Je vais mouiller votre beau siège en cuir…
— Moi aussi, c’est pas grave. Grimpe.
Il obéit. Je conduis en silence jusqu’à chez moi. Je sens bien qu’il a envie de parler, mais ça attendra qu’on soit secs et réchauffés.

***

Lorsque je gare ma voiture devant chez moi, je vois les yeux de Ray s’écarquiller de surprise :
— Vous vivez vraiment là-dedans ?
— Oui, je réponds en souriant. C’est une maison de famille.
Il semble accepter mon explication, mais je pense qu’il aimerait en savoir plus. Je remise ça dans un coin de mon esprit pour plus tard. Une fois chez moi, je le conduis dans le salon, puis pars chercher des vêtements secs dans mon armoire. Lorsque je reviens, il se tient debout, l’air gêné. Il ne doit pas être habitué à un tel environnement.
— Désolé, je suis en train de tout inonder, s’excuse t’il.
— Ce n’est rien. Tiens, ça devrait t’aller.
Il prends les vêtements que je lui tends et je lui désigne la porte derrière moi.
— La salle de bains, c’est la deuxième à gauche. Tu n’auras qu’à me rejoindre quand tu seras séché. Je serai dans la cuisine, au bout du couloir.
— Merci.
Alors qu’il va se changer, je remonte dans ma chambre pour passer moi aussi des habits secs, puis redescends faire du café bien chaud. Ray me rejoint quelques minutes plus tard, vêtu du jean et du sweat-shirt que je lui ai passé. Il s’assoit en face de moi et boit le café que je lui tends. Lorsqu’il repose sa tasse, il garde les yeux fixés sur elle et demande :
— Comment va le nez de Morris ?
— Cassé… tu n’y es pas allé de main morte. Tu ne t’es pas fait mal à la main au moins ?
— Non, ça va, j’ai déjà fait pire… j’étais vraiment furieux contre lui… mais je n’aurais pas du le frapper…
— Tu as très bien fait !
Il lève vers moi un regard surpris.
— Vraiment ?
— Oui. Franchement, à ta place, j’aurais agi exactement pareil. Mais je n’ai pas eu à m’en mêler car Weaver était là… Elle lui a présenté sa béquille et un joli sermon… j’ajoute en souriant. Je crois qu’il ne fera plus jamais de remarques de ce genre à l’avenir. Ce type est vraiment un abruti et il ferait mieux de la fermer au lieu de dire des conneries.
Ray baisse à nouveau les yeux vers sa tasse.
— Malheureusement, la majorité des gens pense comme lui… C’est pour ça qu’en général, je ne dis à personne que je suis gay. Vous êtes la première personne à l’apprendre à Chicago.
Je me sens flatté de cette marque de confiance. Mais, je me doute qu’il y a autre chose et je sens que le moment des révélations est enfin arrivé.
— Je voudrais m’excuser pour l’autre jour… je n’aurais jamais du vous embrasser…
Surpris, je ne sais quoi dire. Je ne m’attendais pas du tout à ça. Comme je ne réponds pas, il lève vers moi un regard inquisiteur. J’ai du mal à supporter l’intensité avec laquelle il tente de me sonder, mais je soutiens son regard malgré tout.
— Tu n’as pas à t’excuser pour ça…
— Si… parce que j’ai cru… je me suis fait de fausses idées et je ne voudrais pas que vous m’en vouliez pour ça.
— Je ne t’en veux pas… et tu ne t’es pas fait de fausses idées…
Cette fois-ci, c’est à son tour d’être surpris. Il penche légèrement la tête sur le côté, comme il fait toujours lorsque quelque chose lui échappe et demande dans un souffle :
— Vous voulez dire que…
— Que j’ai ressenti quelque chose de spécial ce soir-là… mais je suis un peu perdu… c’est la première fois que je me sens attiré par un homme… et je dois t’avouer que ça me fait peur…
— Mais… je croyais que vous aviez une femme dans votre vie… Kem, c’est ça ?
Je ne peux retenir un soupir. Bien sûr, je pense souvent à elle, mais je me suis rendu compte que j’arrive à supporter de mieux en mieux son absence. Ray attend ma réponse alors je décide d’être franc avec lui :
— Je ne pourrais jamais l’oublier après tout ce qui s’est passé entre nous, mais je pense qu’il est temps que je passe à autre chose.
Il fronce un peu les sourcils, puis demande :
— Et l’assistante sociale, Wendall Meade ?
— C’est une amie, rien de plus.
Un silence pesant s’installe entre nous. Ray termine son café, puis se lève en soupirant :
— Je vais vous laisser…
— Où vas-tu dormir ?
— Je vis chez un pote depuis quelques jours.
— Tu peux rester ici, si tu veux… j’aimerais que tu restes…
Il me lance un regard surpris. Je me lève à mon tour et me rapproche de lui. Cette fois-ci, il n’y aura personne pour nous interrompre. Je pose doucement mes lèvres sur les siennes en fermant les yeux. Au début, il ne réagit pas, puis je sens ses mains se poser sur mes hanches tandis qu’il entrouvre la bouche, laissant nos souffles se mêler. Un frisson parcourt ma colonne vertébrale de bas en haut tandis que nous échangeons ce baiser si tendre. Lorsqu’il s’éloigne de moi, je rouvre les yeux et plonge mon regard dans le sien, attendant une réaction. Il me sourit, puis demande timidement :
— Je peux vraiment rester ?
— Oui. Il y a une chambre d’amis pour toi… tu peux y rester autant de temps que tu veux… Je veux juste te demander…
J’hésite. Je me sens idiot, comme lors de mon premier flirt d’adolescent. Il prend ma main dans la sienne et nos doigts s’entrelacent. Lorsqu’il rouvre la bouche, j’ai l’impression qu’il a lu dans mes pensées :
— On ira à votre rythme… je ne suis pas pressé, termine t’il avec son sourire si particulier qui creuse ses fossettes.
Nos mains sont toujours enlacées lorsque nous montons au premier étage. Je lui montre sa chambre et sa salle de bains et lui indique où il peut trouver ce dont il aurait besoin. Lorsque j’ai fini, il se tourne vers moi :
— On devrait dormir si on veut pouvoir assurer nos gardes demain.
— Tu as raison. Bonne nuit, Ray.
— Bonne nuit, John.
Alors qu’il referme la porte de la chambre, je me rends compte que c’est la première fois qu’il m’appelle par mon prénom. J’en suis étrangement tout retourné. La façon qu’il a de le dire est si sensuelle…

***

Je reste un long moment planté derrière la porte close, puis me décide à aller me coucher. J’enfile mon pyjama et m’allonge dans mon lit, mais le sommeil me fuit. Je n’arrête pas de penser au jeune homme qui se trouve de l’autre côté du mur. Au moment où je me demande s’il dort, deux légers coups sont frappés à ma porte.
— Entre, Ray.
Il pousse le battant et ne laisse passer que sa tête pour demander :
— Tu n’arrive pas non plus à dormir ?
— Non. Tu veux discuter ?
— Ok.
Il entre et mon cœur manque un battement. Il ne porte qu’un simple boxer noir. Je ne peux empêcher mon regard errer sur son torse si bien dessiné. Heureusement pour moi que l’obscurité dissimule mon trouble. J’allume ma lampe de chevet tandis qu’il s’assied en tailleur face à moi, au pied du lit.
— De quoi veux-tu parler ?
— Je me demandais… comment tu as su que tu préférais les hommes ?
— C’est une longue histoire… répond-il en souriant.
— J’ai un long moment devant moi.
— Ok. En fait, je l’ai toujours su… ou presque. J’avais un copain d’enfance qui s’appelait Patrick. Nous avons fait toute notre scolarité ensemble, de la maternelle au lycée. Nous étions si inséparable que nos mères nous avaient surnommés « Les Jumeaux ». A dix ans, nous avons fait le serment que jamais une fille ne viendrait se mettre entre nous. Sauf que nous n’avions pas vraiment prévu que ça allait s’appliquer d’une manière aussi stricte…
Il s’arrête un instant, un léger sourire sur les lèvres, l’air rêveur.
— Un week-end, mes parents sont partis et m’ont laissé seul à la maison. J’avais quinze ans. J’ai invité Patrick à venir passer la nuit chez moi. Il a accepté en me disant qu’il amènerait une surprise. Il est arrivé avec une cassette vidéo qu’il avait « empruntée » au vidéo-club que tenait son père. C’était bien sûr un film X. Quand on a commencé à regarder le film, tout allait bien… et puis… tu sais que ce c’est que d’être un mec de quinze ans devant un porno… nos hormones se sont affolées… enfin… disons que nous avons mis en application certaines choses que nous voyions sur l’écran… Ca nous a tellement plût qu’on a remis ça régulièrement ; mes parents étaient assez souvent absents. A chaque fois, on découvrait un peu plus de choses sur le sexe, mais on a fini par se rendre compte qu’il y avait plus que ça entre nous…
Il soupire longuement. Je devine que tout ne s’est pas terminé aussi bien que ça à son regard nostalgique.
— Que s’est-il passé ? je demande en essayant de ne pas imaginer le jeune Ray en train de se caresser devant un film porno.
— Pour les seize ans de Patrick, il m’a invité à dormir chez lui. Nous avions chacun notre lit, mais nous avons vite fini dans le même. Et sa mère nous a surpris en pleine action…
— Ouch !
— Comme tu dis ! Elle m’a fichu dehors manu militari et j’ai eu l’interdiction de revoir son fils en dehors du lycée. Elle a dit à mes parents que j’avais perverti « son bébé », que j’étais malade et que je devais me faire soigner. Et ils l’ont prise au mot…
Je me redresse dans mon lit, abasourdi par ce que je viens d’entendre.
— Quoi ?
— On m’a fait avaler des tas de saloperies pendant plusieurs mois. Comme je sentais que j’allais vraiment finir par devenir fou, j’ai tout fait pour que mes parents croient que j’avais renoncé à mes « vices » comme ils appelaient mon homosexualité. Je suis sorti avec des filles, mais je n’étais pas bien dans ma peau. Je me mentais à moi-même en me disant que c’était la meilleure chose à faire. La seule bonne chose qui est ressortie de tout ça, c’est que je me suis mis au boulot sérieusement. J’avais depuis l’enfance envie d’être médecin et je voulais tout faire pour y arriver. En parallèle, je jouais de la guitare pour me permettre de sortir un peu de chez moi et j’ai monté un premier groupe avec des mecs de ma classe en terminale. C’est là que j’ai rencontré Mike. Il était batteur, gay et fier de l’être. Il m’a permis de redevenir moi-même, en cachette de mes parents, bien sûr. Après l’avoir rencontré, j’ai décidé de reprendre ma vie en main. Tout l’argent que je gagnais lors des concerts du groupe ou quand je travaillais le week-end et pendant les vacances, je le mettais de côté. J’ai fait ça jusqu’à ce que j’obtienne ma bourse pour la fac de médecine. Là, j’ai décidé qu’il était temps. Je suis allé voir mes parents avec Mike. Je leur ai dit qu’on s’aimait et que je partais à Chicago pour continuer mes études… et je n’ai quasiment plus eu de leurs nouvelles depuis ce jour-là…
L’histoire de Ray m’a vraiment bouleversé. En le voyant si désinvolte à l’hôpital, je n’aurais jamais cru qu’il ait eu une vie aussi difficile avant son arrivée chez nous. Grâce à ce qu’il m’a raconté, je comprends mieux certaines de ses réactions.
— Et Patrick ? Qu’est-il devenu ?
Il baisse les yeux mais j’ai eu le temps de voir son trouble. Il murmure si faiblement que je l’entends à peine.
— Il s’est suicidé. Il ne supportait plus que ses parents rejètent son homosexualité, alors il s’est ouvert les veines…
— Je suis désolé, sont les seuls mots banals que j’arrive à dire. Et Mike ? je demande en espérant que la réponse sera moins déprimante.
— On s’est séparés peu de temps après notre arrivée à Chicago mais on est restés amis. D’ailleurs, il est le batteur de mon groupe actuel. Il a rencontré quelqu’un d’autre et ils sont très heureux.
Il me sourit largement.
— On n’était pas faits pour finir notre vie ensemble, lui et moi. Mais je lui serais toujours reconnaissant de l’aide qu’il m’a apportée. Sans lui, je serais toujours coincé dans une vie de mensonge…
Je souris à mon tour. Ray reste un long moment silencieux, puis se lève.
— Tu commences à quelle heure ?
— Vingt heures. Et toi ?
— Pareil. Je vais aller dormir, sinon je ne serais bon à rien.
Il se dirige vers la porte, puis se retourne brusquement.
— Merci de m’avoir écouté. Je suis heureux d’avoir trouvé quelqu’un à qui raconter mon histoire et qui ne me juge pas.
— Merci à toi de me l’avoir racontée… et de m’avoir fait confiance…
Ray m’adresse un nouveau sourire, puis quitte ma chambre. Je me recouche et tente à nouveau de m’endormir, mais j’ai du mal car je n’arrête pas de ressasser tout ce que je viens d’apprendre sur cet homme qui m’attire de plus en plus à chaque seconde. Finalement, deux longues heures plus tard, le sommeil finit par avoir raison de moi.

A suivre...


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