Quelle meilleure manière de fêter un retour que de proposer une fiction ?
Je suis totalement rouillée, cela fait un lustre que je n'ai plus écrit sur Sherlock BBC. La dernière, le Dernier des Holmes, a facilement deux ans d'ailleurs. J'avais néanmoins envie de revenir avec une fiction à chapitre centrée sur la relation entre Lestrade et Sherlock ! J'espère que celle-ci vous plaira!
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Lestrade, suspecté de meurtre, est mis à pieds. Contraint de sauver son passe-droit auprès Scotland Yard, Sherlock se lance dans une rude enquête afin de le réhabiliter. Lestrade, débordé par la situation, lâche totalement prise. Dix ans après leur rencontre, les rôles s’inversent : ce n’est pas Sherlock qu’il faut sauver, mais bien l’inspecteur.
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- Est-ce une blague de mauvais goût ?
Cette inquiétude soudaine émanait de Mrs Hudson, plantée au milieu du salon du 221B Baker Street, les lèvres pincées et les yeux écarquillés. Face à elle, un titre des plus improbables s’étalait en lettres capitales sur le journal que Sherlock feuilletait.
« DI Lestrade, incarcéré, suspecté de meurtre »
John avait accouru dès l’annonce de cette nouvelle des plus improbables. Aussi atterré que sa vieille amie, il ne put malheureusement démentir les faits.
- J’ai passé quelques coups de fil ce matin, cela me semblait irréel. Il a bel et bien été arrêté vers quatre heures du matin. Du côté de Borough Market.
- Que s’est-il passé ? Pauvre Inspecteur… Je peine à croire qu’il puisse faire le moindre mal-
Sherlock haussa un sourcil :
- Le voilà néanmoins suspecté de meurtre.
« Retrouvé hagard à plusieurs rues de la scène de crime, Greg Lestrade, 49 ans, a immédiatement été arrêté par une unité d’intervention. En état d’ivresse avancé, les vêtements ensanglantés, le suspect affirme ne se souvenir de rien. D’après les premières informations, il aurait fréquenté en soirée le pub Willow’s où la victime aurait également été aperçue. L’identité de celle-ci n’a, à cette heure, pas été communiquée. »
Achevant sa lecture, Sherlock s’amusa de l’aspect ironique de la situation, hors de portée des deux autres personnes présentes. Livide, John le fixait avec intensité.
- Tu ne vas quand même pas croire ces histoires ?
- Je crois rarement les médias.
John afficha un certain soulagement. Celui-ci disparût aussitôt lorsque Sherlock embraya sur son raisonnement.
- A plusieurs rues ? Dans un tel état, il s’est certainement éloigné d’une ruelle ou deux, au grand maximum-
- Sherlock ! C’est un ami !
Le détective replia soigneusement le journal avant de s’emparer de sa tasse de thé.
- Ce brave inspecteur est probablement venu en aide à la victime d’une quelconque rixe de personnes avinées, ruinant sa chemise trop étroite par la même occasion. Sa consommation excessive de whiskys ou de bières explique sa confusion.
- Il mérite au moins notre soutien, non ?
Sherlock ne lui répondit guère, se tournant suspicieusement vers sa logeuse.
- Mrs Hudson ?
- Euh… Oui ?
- Auriez-vous changé de marque de thé ? Il est d’une fadeur épouvantable.
John le considéra d’un œil consterné, prêt à formuler une remarque face à l’absence d’inquiétude de son comparse. Celui-ci anticipa le reproche, relativisant la situation avec un flegme des plus déstabilisants.
- Une journée en cellule de dégrisement ne peut pas lui faire de tord. L’histoire sera réglée dans le courant de la journée.
Mrs Hudson acquiesça, formulant le vœu qu’il en soit ainsi.
- Qu’il ne parvienne à se souvenir du moindre détail, tout de même… N’aurait-il pas pu être drogué à son insu ?
Sherlock et John échangèrent un regard lourd de sous-entendus.
- L’ivresse me semble davantage plausible, commenta froidement le détective.
- Se met-il souvent dans des états pareils, ce pauvre Inspecteur ?
- Plus qu’il ne le devrait, Mrs Hudson, concéda poliment John.
Malgré la pliure du journal, le titre continuait de fasciner Sherlock.
- Il sera finalement parvenu à jeter quelqu’un derrière les barreaux sans mon intervention… Lui-même. La médiocrité n’a décidément aucune limite.
Massacrant le sucre qui gisait au fond de sa tasse, le médecin se sentit en proie à un profond sentiment de culpabilité. Lestrade lui semblait quelque peu à cran et imprudent ces derniers temps. Peut-être auraient-ils dû intervenir et le confronter à son comportement des plus dommageables ?
Il était plus que jamais l’heure de le faire, avant que les choses ne prennent une tournure plus grave encore.
John jeta un coup d’œil furtif à la photographie légendée du policier, victime d’un mauvais pressentiment. Il se ravisa : Sherlock avait probablement raison.
La situation ne pouvait pas être si grave que ça, n’est-ce pas ?