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 Sujet du message: [Finie] Un jour, peut-être - Jack & Doug - DAWSON - G
MessagePosté: 01 Oct 2016 21:31 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Localisation: Entre le Ciel et la Terre
Série : Dawson's Creek (Dawson)
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Couple : Jack McPhee et Doug Witter (frère ainé de Pacey)



Un jour, peut-être


Un cabriolet rouge se gara sur le bas-côté. Un jeune homme brun, au teint légèrement halé s'en extirpa. Il pénétra dans un restaurant de fruits de mer avec une démarche fluide et assurée.
Le Shérif du comté, installé non loin de l'entrée, remarqua l’arrivée remarquée de ce nouveau visiteur. Il ne lui semblait pas si inconnu que ça.. la carrure, la démarche et les traits cachés derrière des lunettes de soleil fumées lui rappelaient étrangement quelqu’un.

- Jack ?!
 
Interpellé, le jeune homme jeta un regard circulaire sur la salle puis rencontra le sien. Un large sourire vint illuminer son visage, jusqu’alors plutôt éteint.

- Doug ! Toi ici, c’est une heureuse coïncidence ! s’exclama-t-il en retirant ses lunettes pour mieux observer son vis-à-vis.

- C’est plutôt moi qui devrais dire ça ! Je te rappelle que c’est toi qui a quitté Capeside pour vivre la grande aventure à Boston se moqua gentiment le Shérif, en acceptant volontiers une étreinte chaleureuse en guise de bonjour.
 
Après ces retrouvailles inattendues mais heureuses, les deux jeunes hommes s’installèrent l’un en face de l’autre.
 
- Je suis heureux de constater que parmi les grands changements qu’il y a eu ici, les vieilles habitudes perdurent, remarqua Jack.

- Eh oui, je suis toujours le Shérif de Capeside.

- Pour la plus grande joie de ses habitants.

- Qu’as-tu appris sur les bancs de la fac ? La diplomatie ?
 
Le brun se mit à rire.
 
- Alors que nous vaut l’honneur de ta visite ? Tu es venu seul ?

- Hélas oui. Capeside et ses habitants me manquaient dit-il brièvement, élucidant volontairement la question.
 
Ce que remarqua aussitôt Doug .
 
- Tu m’as donné la version officielle. Qu’en est-il réellement ? demanda-t-il plus sérieusement.

Jack esquissa une grimace.

- Ça se voit tant que ça ?

- Pour quelqu’un d’autre peut-être que ça passerait, mais moi je vois tout de suite que tu cherches à me cacher des éléments souligna Doug en se penchant vers lui, l’œil malicieux. "Déformation professionnelle". C’est l’un des inconvénients à fréquenter un agent de police.
Préférant rester sur le thème de la plaisanterie, Jack lui répondit sur le même ton :
- Je tenterai de me montrer plus convainquant alors.

- Et moi plus indiscret.
 
Doug reprit une gorgée de bière sous le regard légèrement étonné de Jack . Le Shérif avait toujours été quelqu’un de souriant et de particulièrement taquin, mais à cet instant, il eut le sentiment qu’un jeu de séduction s’était établi entre eux. Cette pensée incohérente le troubla quelques secondes. Le frère aîné de son meilleur ami était un bel homme très charismatique qui pouvait très vite devenir intimidant..
 
Une tornade blonde fit irruption, ce qui interrompit ses interrogations. Le brun assista alors à un spectacle, une fois encore, inattendu. Une jeune femme embrassa langoureusement Doug. Puis, elle s’assit sur ses genoux.
 
- Tu ne me présentes pas à ton ami ? dit-elle.

- Si bien sûr. Jack, voici Stephie ma petite-amie. Stephie, Jack McPhee, un très bon ami de mon petit frère Pacey.

- Enchantée !
Abasourdi par cette nouvelle, Jack lui rendit sa politesse maladroitement.
- Moi…aussi..

- Douggie, je ne vais pas pouvoir rester malheureusement.. J’ai encore ce fichu reportage à boucler…Tu ne m’en veux pas ?

- Non, c’est le travail je comprends assura-t-il.

- Et je pense rentrer tard ce soir…Mais je suis rassuré, tu as de la compagnie avec toi ! s’extasia-elle en se rappelant l’existence de Jack.

- Oui tout à fait.

- Bon, je vous laisse. A ce soir mon cœur.
 
Elle plaqua ses lèvres contre les siennes puis s’en alla aussi vite qu'elle était arrivée.
 
Doug surprit l’expression étonnée de Jack qui ne semblait toujours pas se remettre de cette découverte.
 
- Ne me dis pas que toi aussi tu imaginais que j’allais rester célibataire toute ma vie ? Malgré les dires de mon frère, je suis capable moi aussi, de construire une relation durable avec une femme.
 
Le brun se sentit obligé de se rattraper.
 
- Oh…mais pas du tout ! C’est juste que je t’ai toujours connu célibataire alors c’est..surprenant de te voir tout à coup casé. Mais, je suis très heureux pour toi !

- Ça va Jack, je plaisante ! Tu peux respirer.
 
Le brun se mit à rire sans raisons apparentes. Doug haussa alors un sourcil.

- Qu’y-a-t-il de drôle ?
 
- Non, rien c’est juste que je m’étais imaginé…
 
Puis il s’interrompit dans sa phrase, il n’allait tout de même pas lui dire que la minute d’avant il avait cru que quelque chose d’étrange se passait entre eux.
 
- J’étais en train de m’imaginer la tête que fera Pacey quand il apprendra.
 
- Ah mais je sais déjà. Il ne voudra pas le croire et attendra de pouvoir le voir de ses propres yeux. C’est la raison pour laquelle je ne lui ai encore rien dit, il manquerait plus que Stephie et moi mettions un terme à notre relation juste avant qu’il n’arrive.
 
- Ça fait combien de temps ?
 
- 6 mois. Mais nous ne nous voyons pas tout le temps. Ses reportages l’obligent à se déplacer. Nous nous sommes rencontrés alors qu’elle faisait un sujet sur la police de Capeside.
 
- Et elle a interviewé notre célèbre Shérif. Je vois…dit-il en se permettant de lui faire une œillade complice.

- Cette nouvelle a le mérite de te mettre en joie souligna Doug.
 
Oui, Jack était heureux. Et particulièrement détendu. Ses craintes avaient été injustifiées, Doug était hétérosexuel et épanoui en couple.
 
- Oui, parce que je viens de réaliser que le changement a parfois du bon.
 
XXX

 
- Un café ? proposa Doug en revenant de la cuisine.

- Non merci répondit Jack, en ouvrant sa valise, déposée sur le lit de la chambre d’ami. C’est très gentil à toi de me proposer de dormir chez toi, mais j’aurais très bien pu aller chez les Potter. Je n’ai pas envie de déranger…

- Tu ne déranges personne Jack. Tu es mon invité et tu es le bienvenu ici. Tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites.

- Ça ne va pas poser de problème avec Stephie ? Elle aurait très certainement préférée se retrouver seule avec toi, surtout si vous n’avez pas l’occasion de vous voir si souvent que ça.

- Ne t’inquiète pas pour ça.

- Je ne voudrais pas…

- Ne parlons plus de ça. Veux-tu que je t’aide à ranger tes affaires ?

Jack allait décliner l’offre si ce n’est que Doug n’attendait pas vraiment une réponse. Il était déjà en train de disposer ses chemises sur des cintres. L’étudiant le regarda faire puis se mit à rire.
 
- Qu’y a-t-il cette fois ? fit Doug faussement vexé.

- Rien ! Il n’y a rien du tout.

- Je vais finir par croire que tu te moques de moi.

- Pas le moins du monde. Je suis seulement heureux d’être revenu.

- Moi aussi.
 
Lorsqu’ils eurent terminés, ils se laissèrent choir sur le lit.
 
- C’était si terrible que ça Boston pour que tu viennes te réfugier ici ?

Jack le toisa, son aîné ne lâcherait pas le morceau de sitôt.

- Lorsque j’avais Pacey au téléphone, je lui demandais des nouvelles de vous tous, à défaut d’avoir des nouvelles par vous déclara l'ainé.

Le brun fut surpris de l’apprendre. Soudainement soucieux d’éviter tout malentendu le Shérif expliqua ses motivations.
 
- Bien que je ne fasse pas parti de votre bande, j’étais là et je vous ai vu grandir, évoluer, souffrir, vous entraider, vous déchirer, vous réconcilier. J’avais pris goût à toutes ces petites péripéties, puis vous êtes parti. Ça a jeté un grand froid sur Capeside. Mais c’est ainsi que va la vie.

- Je suis désolé, je n’étais pas au courant… Si j’avais su je t’aurais appelé, ou envoyé des mails.

- Je n’ai pas dit ça pour te culpabiliser. J’imagine bien que vous étiez très occupés et que vous aviez autre chose à faire.
- Dorénavant, je donnerai régulièrement de mes nouvelles promit Jack.
  
En gage de bonne volonté, il se laissa aller à des confidences. Il n’aurait jamais imaginé que Doug s’intéresse à eux, à lui et s’inquiète de leur avenir.
 
- Mes débuts ont été difficiles. En voulant à tout prix intégrer une confrérie, je me suis laissé aller à des excès et j’ai complètement délaissé mes études. Puis, au moment où j’ai cru être totalement accepté parmi mes « frères », ils ont appris que j’étais gay…Ils l’ont très mal pris et alors j’ai été exclu. Je l’ai très mal vécu.. Je voulais, j’espérais pouvoir vivre harmonieusement au sein d’un groupe de gens sans que mon homosexualité ne soit un problème.

- Je suis désolé..

- Mais ma plus grande erreur, c’est d’avoir délaissé mes amis de Capeside, ceux qui m’ont accepté depuis le début, qui ont connu Jack « l’hétérosexuel » et qui se sont sans difficulté adaptés à Jack, l’homosexuel qui se découvrait. J’ai eu de la chance qu’ils comprennent mon erreur et m’acceptent de nouveau parmi eux. J’ai pu alors reprendre mes études, auprès de Jen et de Audrey, une amie que l'on s’est fait là-bas.
J’ai rencontré un professeur qui m’a immédiatement fait tourner la tête. J’ai cherché à entrer en contact avec lui, sans penser un seul instant qu’il se passe quelque chose. Une sorte de fantasme. Mais, il s’est avéré qu’il était homosexuel sans vouloir se l’avouer et a cherché à avoir une relation avec moi. J’ai refusé, parce que ça me semblait trop compliqué…Il venait tout juste de quitter sa femme enceinte et puis de mon côté j’avais rencontré un autre étudiant, David.
Nous étions ensembles depuis deux mois lorsque j’ai appris qu’il me trompait avec un autre. Je l’ai quitté, j’ai pris mes affaires, j’ai beaucoup roulé et je suis arrivé ici. Voilà toute l’histoire !
 
- Au risque de me répéter…Je suis sincèrement désolé..

- Ainsi va la vie ! C’est un grand sage qui me la dit.
Ne désirant pas s’attarder sur sa vie sentimentale dérisoire, il bifurqua sur ce quoi ils excellaient ensemble, la taquinerie. Réceptif, l’agent de police le fixa en plissant les yeux.
- Ah oui ? Et quel âge a-t-il exactement ton grand sage ?

- Oh, je ne sais pas. Son expression est restée la même, si ce n’est que quelques cheveux blancs sont venus éclaircir ses cheveux. Il fait dorénavant parti de la catégorie des hommes dits « poivre et sel », à la Georges Clooney et Richard Gere. L’âge d’or de la masculinité !  
Doug sourit de sa « provocation ». Son adversaire avait du répondant. Il sauta sur ses jambes.
- Allez ramène-toi, je te défie de me battre au basket. Blanc-bec !

- D’accord !
 
Après avoir revêtu des vêtements plus adaptés à la pratique d’une activité sportive, ils sortirent dans l’arrière-cour. Un panier de basket avait été suspendu au mur. Ils firent quelques échauffements et élongations avant de commencer.
 
- Tu veux commencer ? questionna le Sherif

- Honneur aux ainés.

- Tu es en train de signer ton arrêt de mort..

- Je suis pressé de voir ça..
 
XXX

 
Les deux hommes dégoulinants de sueur, s’écroulèrent par terre. Le contact frais du sol fut un délice.

- Je déclare forfait, tu as gagné ! s’exclama Jack dans un souffle.

- Je n’en demande pas moins, si ce n’est que je te soupçonne de m’avoir laissé gagner.

- Jamais de la vie, tu m’as tué !
En réalité, Doug avait par inadvertance rapproché un peu trop près son corps de celui de Jack, qui s’en était retrouvé déstabilisé.
- Tu t’en ai plutôt bien sorti, si ce n’est qu’à la fin tu as eu une baisse de régime.

- Il faut dire que ces derniers temps j’ai privilégié le sport cérébral au sport physique.
 
Le Shérif glissa son regard sur son torse. Jack en éprouvât un plaisir coupable.
 
- Pourtant tu m’as l’air bien plus musclé qu’à ton départ. Mais dis-moi qu’est-ce que c’est que cette coiffure ? Un effet « porc-épic » ?

- Tu n’aimes pas ?

- Je ne dirai pas ça.. Mais je préférai celle d’avant, cela te donnait un air faussement innocent.

- Innocent ?

- Jack McPhee l’élève sage, doux et sensible.
Se remémorer le lycée, rendait l’étudiant à la fois mélancolique et en colère.
- Tu as oublié « gay ».

- Quand je te regarde je ne pense pas nécessairement à ça.
 
Jack appréciait l’honnêteté de Doug. Il ne fallait pas oublier que le Shérif faisait partie de l’ancienne génération ou l’homosexualité était encore plus taboue qu’à l’heure actuelle. Il était agréable d’être « soi-même » en sa compagnie. Sans artifices ni faux semblants.
 
Ils se fixèrent longuement, le sourire aux lèvres. Cette alchimie fut une seconde fois rompue par la petite-amie de Doug.
 
- Ah vous voilà ! J’ai pu me libérer plus tôt au final. J’ai raté une confrontation entre mâles ?
 Doug alla l’enlacer par la taille.
- Du grand art ! Jack a mené le jeu toute la première partie puis j’ai pu reprendre le dessus.

- Je n’en attendais pas moins de toi mon valeureux combattant..susurra-t-elle avant de l’embrasser.
 
Jack détourna les yeux et préféra rentrer.

- Je vais prendre une douche avertit-il, en n’attendant pas une réponse de leur part.

- D’accord. Il y a des serviettes propres et des gants dans le placard de droite.

Sur le pas de la porte le brun se retourna vers Doug.

- Merci.

XXX

 
- Alors comme ça on abandonne son meilleur pote ? Et nos petites virées dans ton bar préféré ?

- Tu n’iras qu’à y’aller sans moi. Tu y seras très bien accueilli, j’en suis certain.

- Dis-moi, c’est ma présence trop répétée qui t’a fait retourner à Capeside ? Une overdose ?
 
Le Shérif apparut en uniforme dans la cuisine, fraichement douché. Il se servit un café en observant Jack pendu au téléphone.
 
- Qu’est-ce que tu racontes Pacey ! J’ai adoré passer tous ces moments avec toi. J’avais juste besoin de prendre un peu l’air…

- C’est bien ce que je dis ! Tu en avais marre de m’avoir dans les pattes !

- Pour m’éloigner de David !

- Aïe..J’ai fait une gaffe là non ? Hum…Où t’es-tu installé ? Au Bed and Breakfast de Joey ?

- Non, ton frère m’a aimablement proposé de m’héberger chez lui.

- Douggie ?!
 
- Bonjour petit frère !!! s’exclama le concerné.
 
- Comment va-t-il ?! A-t-il une petite-amie secrète ? Un petit-ami ?
 
- Il me semble en grande forme. Une très grande forme.
 
- Ah je vois, il t’a interdit d’en parler. Alors il s'agit d'une petite-amie ?

- Tout à fait.
 
- Je suis heureux pour lui bien que je sois déçu que ce ne soit pas « Un » petit-ami, moi qui ai toujours été convaincu qu’il était gay..
 
- Eh bien non.
 
- Je vous aurais même bien imaginé ensemble !

Jack devint subitement mal à l’aise.

- Et pourquoi ça ?

- Il est séduisant, gentil et avec un certain sens de l’humour, un peu fleur bleue. Ça te correspondrait parfaitement !

- Pacey !

- Qu’est-ce que tu en penses ? N’ai-je pas raison ?

- Pacey !!

- Qui sait peut-être qu’un jour…
 
Doug attrapa le combiné.

- Pacey cesse de harceler Jack ! Il est venu ici se reposer.

- Oh Douggie, tu écoutes les conversations maintenant ?

- Je ne sais strictement pas ce que tu lui racontais mais je constate que même à plusieurs kilomètres tu continues à torturer ceux qui te sont chers.

- Une vieille habitude sans doute. Je vais devoir vous laisser les gars, car j’ai un travail qui me demande énormément de responsabilités. Qui l’aurait cru ?

- Certainement pas moi.

- Allez. Je compte sur toi pour prendre soin de lui. Même si je sais que tu es très occupé ces temps-ci…

- Sois sans crainte, j’y mets un point d’honneur. Au fait petit-frère ?

- Oui ?

- Tu me manques.

- Toi aussi Douggie.
 

Ils raccrochèrent.
 
- Que vas-tu faire aujourd’hui ? demanda-t-il à Jack en allant s’asseoir en face de lui.

- Je vais aller faire un tour dans Capeside, dire bonjour à toutes les personnes qui comptent pour moi.

- Ça te dit qu’on se retrouve à l’heure de midi pour manger ? Au restaurant de fruits de mer comme hier ?

- Et Steffie ?

- Elle ne sera pas disponible de la journée.

- D’accord.


Comme promis ils se retrouvèrent au petit restaurant, anciennement tenu par les Potter.

- Jack ! Comment a été ta matinée ?

Le jeune homme se laissa tomber sur la chaise.

- Très instructive et à la fois très éreintante.

- Répondre sans relâche aux questions, ça fatigue à la longue.

- Oui c'est tout à fait ça !

- Alors tes impressions ?

- Il y a eu beaucoup de changements un peu partout mais je suis vraiment heureux de m'apercevoir que les rapports sont restés identiques. Malgré la distance, les années..avec la plupart c'est comme s'il n'y avait jamais eu de séparation. C'est une sensation très agréable.

- Ressens-tu la même chose avec moi ?

Le brun ne se laissa pas déstabiliser par la profondeur de la question de Doug.

- J'aimerai dire oui mais ce n'est pas exactement le cas. J'ai plus l'impression de redécouvrir un Doug que jusqu'ici je n'avais pas connu. Et c'est une découverte très positive.

Le Shérif sembla satisfait de la réponse, même ému. C'est donc sur un ton plus léger que la discussion se poursuivit.

- Au fait, tu as craché le morceau ?

Jack prit un air interloqué.

- Tu as fait comprendre à Pacey que j'avais quelqu'un. Ne me dit pas non, je le sais.

- Oui bon c'est vrai… Mais tu connais Pacey ! C'est….Pacey ! C'est impossible de lui résister !

- Il est vrai que vous êtes proches tout les deux. Depuis le début, vous avez toujours eu..cette complicité. Je suppose que c'est toujours le cas là-bas.

- Je pensais qu'on allait se perdre de vue mais c'est vrai que lorsque l'on se voit, c'est toujours aussi…

- Intense.

- Amusant. Et surprenant rectifia Jack.

- Surprenant ?

- Avec Pacey on ne sait jamais à quoi s'attendre. Alors la fois ou il m'a accompagné dans ce bar gay… A la base je ne l'ai pas renseigné sur l'endroit où on allait mais la réaction qu'il a eu quand il a su...J'en ri encore !

- Tu es heureux avec lui constata Doug. Tu es même heureux rien qu'en pensant à lui.

Le cadet fronça les sourcils.

- Serais-tu en train d'insinuer qu'il existerait une sorte de romance entre nous ?

- Ce que je crois c'est qu'un lien plus qu'amical t'unit à lui. Tu éprouves des sentiments pour lui, n'est-ce pas ?

- Oui Doug. Des sentiments amicaux !

- Tu me trouves peut-être un peu trop curieux..Tu n'as pas besoin d'être sur la défensive avec moi Jack.

- Je rectifie seulement les choses. A une époque oui j'ai eu un petit béguin pour lui, mais depuis l'eau a coulé sous les ponts et ce n'est plus le cas.

- En es-tu sûr ?

- Oui.

- Mais dans le cas ou j'aurais raison, Pacey est un garçon très ouvert. Tu peux lui confier sans crainte ce que tu ressens . Dans le pire des scénarios, il sera gêné et flatté, mais il ne t'exclura jamais de sa vie.

- Situation qui ne se présentera jamais puisque je ne vois en lui qu'un ami. Mon meilleur ami.

- Allons Jack, tu vois bien que ça m'est égal. Pourquoi nier l'évidence ?

- Si ça t'est tant égal, pourquoi insister ? Qu'est-ce que ça te rapporte ?

- Rien. Seulement le réconfort de te savoir heureux.

- Mais je suis heureux Doug ! Je me restaure avec un ami que je n'avais plus vu depuis des années dans un lieu qui m'est très chère. Que demander de plus ?

- Tu as raison finit par admettre le Shérif.

Le repas reprit une atmosphère moins tendue. Jack se promit intérieurement de s'irriter moins facilement.

Alors qu'ils allaient retourner à leurs activités, Doug changea ses plans.

- Ça te dirait de te balader un peu dans Capeside. Je suis sûr qu'il y a plein d'endroits que tu n'as pas encore visités. Je pense notamment à un petit coin tranquille, fréquenté seulement par des amoureux de la Nature.

- Ce serait avec joie.

- Bien alors je t'enlève.

Ils embarquèrent dans la voiture du Shérif.

- Ça fait quoi d'être Shérif ? questionna subitement Jack durant le trajet.

- Comment ça ?

- Tu dois te sentir "indestructible" non ?

- Ai-je l'air d'un Super Héros ?

- Exercer une autorité sur tous ces braves citoyens qui en retour te sont reconnaissants de veiller sur leur sécurité et être toujours muni d'une arme, cela doit donner une étonnante impression de confiance en soi. Quoiqu'il se passe, tu sauras gérer la situation.

- Tu crois réellement que ma position d'Homme d'Etat me rend plus confiant que les autres ?

- Ça ne l'est pas ?

- Jack je suis un homme comme les autres. Il m'arrive d'avoir peur et bien plus souvent que tu ne le crois. Mon métier ne me rend pas insensible aux imprévus de la vie.

- Pardonne ma naïveté.. Il m'arrive de faire des associations d'idées illogiques…

- Ne t'excuse pas. Ton franc parler me plait dit-il en se garant.

Un passage étroit rocailleux et terreux se présentait devant eux. Ils s'y frayèrent un chemin et s'y enfoncèrent. Ils marchèrent l'un derrière l'autre. C'est tout naturellement que Doug lui tendit sa main au passage de divers obstacles.
Après ce périple, le paysage se dégagea.
Des dunes, encadrées par de la végétation luxuriante, s'élevaient devant eux. Ils se regardèrent et sourirent muent par le même désir. Ils escaladèrent la pente sableuse et découvrirent un paysage à couper le souffle. Une immense étendue de sable bordée par une mer d'un bleu limpide qui se déchirait en des vagues successives.

- C'est splendide ! déclara Jack qui s'était abandonné dans une contemplation muette.

- J'étais convaincu que cet endroit te plairait. Je suis bien heureux de ne pas m'être trompé.

- Comment as-tu su ?

- Je l'ai deviné tout simplement.

Ils s'approchèrent un peu plus puis s'assirent dans le sable.

- Merci. Ce genre d'endroit ne peut que me faire du bien.

Enthousiasmé le jeune homme reporta son attention sur Doug qui ne cessait de l'observer.

- Qu'y a-t-il ? dit-il troublé par l'insistance de son observation.

- J'apprécie de te voir totalement serein.

L'étudiant scruta successivement le paysage et son ami. Puis submergé par le malaise, il baissa la tête et fixa ses mains en grimaçant.

- Qu'y a-t-il ? s'inquiéta le Shérif, témoin de sa transformation d'expression.

- C'est rien c'est juste que...c'est toujours troublant d'être dévisagé par un aussi bel homme…

Il releva la tête en faisant une moue embêtée.

- Désolé d'avoir dit ça..

Doug resta interdit quelques secondes puis reprit le cours normal de la conversation.

- Non c'est à moi d'être désolé Jack. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.

L'ainé se concentra sur le mouvement lent et lascif de la mer.

- Je suis si beau que ça ? Sérieusement ?! demanda brusquement Doug, comme réveillé d'un long sommeil.

La spontanéité de la question fit rire Jack.

- Tu te poses réellement la question ?

- Je me vois tous les jours, je n'ai pas vraiment d'avis sur la question.

- En tout cas ne compte pas sur moi pour t'en enorgueillir !

- Allez !

- Bon d'accord ! D'abord il y a tes yeux. Ils sont d'un bleu très clair, ce qui contraste énormément avec tes cheveux foncés .

- Toi aussi.

- Ton sourire. Tu es toujours de bonne humeur.

- Comme toi.

- Et enfin, tu es plutôt musclé, ce qui est un critère non négligeable pour certaines personnes. Sans parler du fait que lorsqu'on te connait vraiment, en plus d'être physiquement beau, tu l'es également à l'intérieur. Satisfait ?

- Pas tout à fait. D'après ta description nous sommes en tous points semblables. Tu ne devrais donc pas te sentir gêné en ma présence alors que toi-même tu es aussi beau, sinon plus.

- Je serais plus beau que toi ?

- Oui. Tu as quelque chose de plus que moi. Le courage. Le courage d'affirmer qui tu es et de vivre ta vie comme tu l'entends. Alors que moi, je n'ai fait que répondre aux désirs de mon père en devenant Shérif comme lui.

- Tu n'es pas heureux de ta situation ?

- Si. J'aime mon métier. J'ai appris à l'aimer. Cependant, par moment je me dis que j'aurais pu vivre une autre existence. Plus épanouissante, tout en étant plus risquée.

- Qu'aurais-tu aimé faire ?

- Dessiner et peindre. Non pas devenir un peintre célèbre parce que ce que je produirais n'aurait rien de bien extraordinaire mais prendre le temps de m'impliquer dans cette discipline et évoluer à travers elle.

- Tu as un recueil de tes dessins ?

- Oui. Rangé quelque part. Je le sors de temps en temps quand j'éprouve le besoin de m'évader et de vider le trop plein de la journée.

- Pourrais-je le voir ?

Doug sembla soudainement perdre l'aura de confiance qui l'entourait continuellement.
- Si tu refuses je le comprendrai parfaitement. Dessiner c'est un don de soi. On n'offre pas un don de soi à n'importe qui ou avant qu'on ne soit réellement prêt à le faire.

En guise de réponse l'ainé lui sourit avec gratitude.

- Merci. Merci d'être revenu..

En présence de l'étudiant, le Shérif se sentait éclore comme une fleur figée dans un profond sommeil. Il s'ouvrait et faisait preuve de sensibilité.
Tout paraissait si simple. Et pourtant si beau. Ces sensations le plongeaient dans un tel état de sérénité, qu'il n'avait pas le recul nécessaire pour s'interroger sur le pourquoi du comment et se laissait porter par le courant. Un courant qui le rapprochait un peu plus de Jack à chaque instant.

Doug ne censurait pas ses émotions et laissait transfigurer ce qu'il ressentait sans aucune pudeur. Cette "générosité" d'âme toucha Jack. Il était touché par ce partage, cette sincérité. Doug était un bel être. Comment ne pas l'aimer ?
Jack se sentit de plus en plus étrange. Mal à l'aise, il tourna la tête de l'autre côté.

Instinctivement Doug s'exclama "Jack !"

Il eut envie de dire "Ne te cache pas de moi" mais se reprit suffisamment tôt pour rendre sa phrase moins étrange.

- Mon service va bientôt reprendre.

Ils retournèrent dans la voiture. Sur le chemin du retour, Doug s'interrogea sur la soudaine envie qu'il avait eu de saisir sa main pour l'empêcher de rompre le contact visuel qui les avait unis. Pour la première fois depuis leurs retrouvailles, il s'inquiéta.

- Où désires-tu que je te dépose ? Ne voulais-tu pas aller au centre commercial ?

- Si mais c'est totalement à l'opposé de ton travail. Déposes moi à un arrêt de bus je me débrouillerai.

- J'ai encore un peu de temps. Je vais t'y conduire.

Jack n'insista pas. Doug ne changerait pas d'avis.

Alors qu'ils arrivaient et que le Shérif cherchait un endroit où se garer, Jack cru apercevoir Steffie. En charmante compagnie. .

- Dépose-moi là ça va aller ! déclara-t-il brusquement.

Doug s'étonna du ton abrupt de sa voix. Il suivit le regard décontenancé de son copilote et vit sa petite-amie au bras d'un jeune homme. La proximité dont ils faisaient preuve ne laissait pas vraiment de place au doute quand à la nature de leur relation.
Il se gara et sortit du véhicule.

Jack fut ramené à la réalité lorsqu'il entendit le claquement de la portière. Il assista avec effarement à la traversée du Shérif jusqu'au couple.

- Steffie, que fais-tu là ? interrogea Doug comme si de rien n'était.

La jeune femme à la mine radieuse, se décomposa.

- Doug ? Que fais-tu ici ?

- Qui est-ce mon cœur ? intervint l'inconnu, ce qui n'arrangea en rien l'affaire.

Ses craintes étant justifiées, le Shérif retourna à sa voiture en déclarant "On en discutera ce soir". Stoïque, il se réinstalla au siège conducteur, sous le regard inquiet de Jack.

- Doug…ça va aller ?

- Tu veux que je vienne te rechercher à quelle heure ?

- Je ne descend pas, je veux rester auprès de toi.

- Va t'amuser. Je dois aller travailler.

- Je m'inquiète pour toi.

- Il n'y a pas de quoi. Je vais très bien.

- Doug…

Le Shérif se retourna vers lui et déclara d'une voix douce et douloureuse "Jack s'il te plait"

- D'accord. Je rentrerai par mes propres moyens.

Le brun descendit du véhicule, non sans inquiétude.

XXX




A la nuit tombée, le Shérif rentra de son service. Il rencontra Jack dans la cuisine.

- Elle est là ?

- Dans le salon.

Doug rejoignit la jeune femme. Lorsqu'elle le vit, elle se leva prestement du canapé.

- Doug, je vais tout t'expliquer !

- Est-il ton amant ?

- Oui…mais ce n'est qu'une question de sexe ! Rien d'autre. C'est avec toi que j'aime être, discuter. Que j'aime.

- Mais pour le sexe tu as besoin d'être avec lui…

- Oui...répondit-elle péniblement. Mais comprends-moi tu ne me fais presque jamais l'amour ! Cela te convient très bien mais moi j'ai besoin de plus ! De passion ! Par moment j'ai l'impression que tu ne me désires pas vraiment…

- Tu sais pertinemment que c'est faux.

- Je ne crois pas..

- Quand tu rentrais si tard, était-ce parce que tu étais avec lui ?

Après une longue hésitation, elle décida de lui répondre honnêtement, lui mentir ne ferait qu'empirer les choses.

- Oui…

- Cela me suffit. Ramasse tes affaires ordonna-t-il très clairement.

- Doug….

Il l'ignora et se rendit dans l'arrière cour. Il digérait très mal ce que venait de lui dire la jeune femme. Plus que l'infidélité en elle-même, c'est le fait d'avoir été critiqué sur sa capacité à satisfaire une femme sexuellement. Il avait l'impression d'avoir été insulté dans sa masculinité.

Un peu plus tard dans la soirée, Jack le retrouva. L'étudiant déposa une couverture sur ses épaules.

- Elle est partie ? Interrogea Doug.

- Oui..

- Tu as entendu ?

- Oui..

Doug soupira. Comme tous les hommes il n'aimait pas être diminué sexuellement devant un autre homme.

- Viens manger suggéra Jack.


Les jours qui suivirent, le moral n'y était toujours pas mais Jack faisait tout ce qui était en son pouvoir pour lui changer les idées. Il se montrait des plus inventifs pour l'amener à rire, en exécutant toutes sortes de pitreries. Ils se promenaient souvent le long de cette plage que Doug lui avait fait découvrir. Jack essayait même de l'initier aux joies de la cuisine, n'étant lui-même pas très doué.

- Où as-tu appris à faire tout ça ? demanda subitement le Shérif alors qu'ils étaient sommairement assis sur le bitume de l'arrière cour.

Ils buvaient des bières en appréciant la vue du ciel étoilé.

- Quoi donc ?

- Je ne te connaissais pas si exalté.. Un peu plus et j'aurais eu l'impression que Pacey avait investi ton corps.

- C'est parce que je me suis beaucoup inspiré de lui avoua Jack. Comme ces derniers temps tu n'étais pas dans ton assiette... je me suis demandé ce qui serait le plus approprié pour t'aérer la tête…

- Et tu as tout naturellement pensé à lui..constata Doug, non sans une pointe d'amertume cachée au plus profond de son cœur.

- Oui...Quand je ne vais pas bien, c'est lui qui sait le mieux me remonter le moral. Je voulais t'être du même secours.. Bien sûr je ne lui arriverais jamais à la cheville en ce qui concerne les blagues mais..

Le Shérif apposa sa main sur la sienne. Naturellement et sans aucune arrière pensée, cependant ce geste suffit pour effilocher le peu d'assurance qu'affichait Jack à cet instant.

- Merci. C'est très gentil à toi.

Le regard intense qu'il lui lançait acheva de le mettre mal à l'aise.

- Oh mais c'est..tout naturel se défendit Jack qui voulait à tout prix cesser cette intimité des plus embarrassantes. Il voulut retirer discrètement sa main mais Doug la saisit davantage.

- Toi-même tu souffres d'une séparation et pourtant tu as mis de côté tes problèmes personnels pour essayer de m'aider. Personne n'avait jamais fait ça pour moi continua-t-il sans sembler s'apercevoir de l'intimité équivoque dans laquelle il les plongeait.

- Pacey aurait certainement fait la même chose.

- Pacey est mon frère.

- Il est comme un frère pour moi.. Ce qui signifie qu'indirectement tu es mon frère aussi.

Jack avait formulé cette phrase sans réfléchir, comme une échappatoire.

- Toi et moi serions des frères, c'est possible ? questionna Doug qui n'avait jamais envisagé les choses sous cet angle.

- Oui. Je crois.

Ils s'observèrent, satisfaits de ce mot pour définir leur nouvelle proximité sans en comprendre la réelle signification.

- Parfait ! Nous sommes donc tous frères ! s'exclama une voix enjouée et ironique derrière eux.

Les deux hommes se retournèrent d'un même mouvement, ils reconnurent sans difficulté Pacey Witter.

- Petit frère ! Qu'est-ce que tu fais là ?

- Merci de l'accueil ! Maintenant que tu m'as remplacé par Jack, tu n'as même plus envie de voir ton frangin biologique ?! Oh, mais si vous préférez rester entre vous, je vais de ce pas me rendre chez les Potter qui se feront une joie de m'accueillir en leur demeure, se plaignit Pacey en feignant de faire demi-tour.

L'étreinte chaleureuse de Doug l'en dissuada.

- Cesse de dire n'importe quoi ! Tu seras toujours le bienvenu ici ! Il le serra un peu plus fort. Tu m'as manqué tu sais.

- Douggie deviendrai-tu sentimental ?

- Cesse de te moquer de moi !

- Oh mais je ne moque pas, je constate avec une joie non dissimulée que notre cher Jack à une heureuse influence sur toi. Jack tu peux passer ta vie dans cette maison si le cœur t'en dit ! Je te rémunérerais dit-il en adressant un clin d'œil complice à son vieil ami dont le sourire s'affichait déjà.

- As-tu mangé ? s'informa Doug

- Non et je dois dire que je meurs de faim.

- Je vais te trouver quelque chose à grignoter.

- Il reste du gratin, il suffit de réchauffer intervint Jack.

Le Shérif alla suivre ses instructions. Pendant ce temps-là Pacey profita de ce tête à tête avec Jack pour le "cuisiner".

- Je pars quelques années et voilà qu'on me remplace déjà ! Je perds un frère et un meilleur ami en un claquement de doigts.

- Tu ne perds rien du tout Pacey ! C'était juste une façon de parler.

- Ça n'avait pas l'air d'être des paroles en l'air pourtant.

- Deviendrai-tu jaloux ? le nargua Jack.

- Légèrement, je n'aime pas devenir transparent.

- Et si tu venais m'embrasser au lieu de dire des bêtises !

- Je désespérai de te l'entendre dire McPhee.

Les deux hommes s'étreignirent chaleureusement . Pacey enfouit son visage dans la nuque de son ami et prit une profonde inspiration. Comme il était bon de se retrouver parmi les siens !

- Dis-donc tu n'aurais pas changé de parfum ?

- C'est exact. Quelle perspicacité !

Pacey relâcha son embrassade pour le regarder droit dans les yeux, les paupières plissées et soupçonneuses.

- Tu ne chercherais pas à séduire un homme par hasard ?

- Dans quel but alors que j'ai l'homme idéal en face de moi ? répondit Jack avec un air de repentir.

- Qui est-ce ? Avec qui oses-tu me tromper !

- Parce que nous sommes amants maintenant ?

- Depuis que tu m'as emmené dans ce bar j'ai eu comme une révélation.

- Une révélation ?

- Oui certains voient des anges avec une petite auréole sur la tête, moi j'ai vu Jack McPhee.

- ça y est tu as fini de dire des bêtises pour la journée ?

- Je crois bien que mon quota est assuré.

Ils se lâchèrent enfin et prirent conscience qu'ils étaient observés. Pacey se retourna vers son frère.

- Qu'y a-t-il Douggie ? Tu es jaloux ?

- Justement non, j'étais en train de me dire à l'instant "Dieu merci je suis son frère il ne peut pas se permettre ce genre d'idioties avec moi".

- Oh mais je ne pensais pas à moi comme partenaire.

Doug glissa son regard sur Jack qui le regarda également. Puis, il esquissa un grand sourire.

- Et si nous passions à la cuisine ! Tu me raconteras ta vie là-bas.


Pacey enfournait de grandes cuillérées de nourriture sous l'œil scrutateur de ses hôtes, ce qui perturba quelque peu sa dégustation.

- Qu'y-a-t-il ? Vous discutiez si bien il y cinq minutes, reprenez là où vous en étiez !

- …

- A moins que je vous ai interrompu dans un grand moment d'intimité..

- Pas du tout ! rétorqua le Shérif, Jack et moi avions terminé. N'est-ce pas ? ajouta-t-il en cherchant l'appui du brun.

- Euh...Oui, nous allions rentrer de toute façon.

Pacey s'amusait beaucoup de la gêne palpable qui émanait des deux hommes. Décidemment, il avait bien fait de revenir !

Doug reprit ses réflexes naturels d'officier de l'ordre, en entamant un interrogatoire bien en règle.

- Tu comptes rester combien de temps ?

- Oh une semaine ou deux. Cette cohabitation à trois va être passionnante ! s'exclama-t-il avec un peu trop d'enthousiasme.

Pour une raison indéfinissable Jack se sentait mal à l'aise face à Pacey, à cause du rapprochement qui s'était opéré entre Doug et lui. Il proposa d'aller monter les valises du citadin à l'étage pour se soustraire de l'attention envahissante du roux.

- Je monte ça dans la chambre d'ami.

- Au fait tu dors où Jack ? Avec Douggie ? demanda Pacey, le plus naturellement du monde.

- … Non, je dormais dans la chambre que tu vas occuper… Je vais prendre le canapé.

- Fais pas ta mijorée, tu vas partager le lit avec moi. Y'a bien assez de place pour nous deux.

- Ok.

- ça ne te dérange pas Douggie ? se renseigna Pacey, en rejetant la tête en arrière pour dévisager son frère.

- Bien sûr que non, répondit ce dernier, pinçant.

Il soupçonnait son petit-frère de jouer l'idiot pour mettre ses nerfs à rude épreuve. Il profita de l'absence momentanée de McPhee pour vérifier cette croyance.

- Tu n'as pas bientôt fini tous ces sous-entendus qui ne font rire que toi. Je pensais que la vie active aurait eu un impact positif sur toi mais je constate que tu es resté le même troublion.

- Que veux-tu, c'est profondément enraciné au fond de moi. Et puis, face à autant de tension sexuelle, je ne pouvais que me laisser tenter.

Doug faillit s'étranger d'indignation.

- Il n'y a aucune tension sexuelle !

- Rappelles-moi l'âge que tu as ? La quarantaine. Tu n'en as pas assez de te cacher de toi-même. Regarde Jack, il est gay et il s'en sort très bien. Il n'est pas plus heureux ou malheureux qu'un autre.

- Je te le répète, je ne suis pas gay.

Pacey se débarrassa de son assiette et de ses couverts dans l'évier. Il passa silencieusement aux côtés de Doug puis ancra son regard dans le sien.

- Je dis ça pour ton bien grand frère. J'espère te voir un jour complètement épanoui dit-il avec un sérieux désarmant.

Doug n'eut pas le temps de répondre à cette offensive tant la situation le déstabilisait. Il avait un mauvais pressentiment. Très mauvais pressentiment. Quelque chose allait se produire et il n'était pas certain de pouvoir le gérer.


Lorsque le moment fut venu de se coucher, Pacey ne résista pas à l'envie de lancer une dernière petite boutade à son meilleur ami qui tentait de trouver la position idéale pour s'endormir.

- Bonne nuit Jack. Surtout ne va pas me confondre avec mon frère dans ton sommeil. Et évite de susurrer son nom lorsque tu rêveras de lui.

- Bonne nuit Pacey ! s'exclama Jack, en soupirant.

Cette dernière remarque acheva de l'agacer. Il resta les yeux bien grands ouverts un long moment. En même pas l'espace de cinq minutes, Pacey s'endormi à poings fermés. Jack se sentit enfin libre, épargné de tout commentaire ou regard en coin déplacé sur la relation qu'il entretenait avec Doug.
Il soupira une nouvelle fois. Pacey pouvait être si...enquiquinant ! Le brun adorait pourtant la présence de son meilleur ami mais pourquoi agissait-il toujours comme ça ? Il était évident que cette attitude avait généré un malaise entre le Shérif et lui. Ce que n'avait surtout pas voulu Jack.

- Bon sang Pacey...

Il se retourna encore et encore dans le lit. Il repensa au regard troublé que Doug lui avait lancé lorsque Pacey avait insinué qu'il pouvait être jaloux. Il avait brisé leur impression agréable d'être ensemble.
Pourquoi Pacey avait-il fait ça ?
N'y tenant plus, happé par la frustration, Jack quitta la chambre pour aller s'aérer l'esprit dans la cuisine. Un endroit où il se saurait seul. Lorsqu'il arriva sur place, il se rendit compte qu'il n'était pas le seul à avoir eu cette idée. Doug buvait un verre de lait, debout à côté du frigo entrouvert. Il portait un t-shirt et un short. Jack lui ne portait qu'un boxer et un marcel qui mettaient bien en valeur ses formes. S'il avait su, il aurait pris la peine de prendre une robe de chambre.
Ils se dévisagèrent étonnés de se revoir aussi vite. La tenue de Jack n'échappa pas au regard de Doug.

- Toi non plus tu ne dors pas ? déclara alors Jack pour briser le silence.

- La journée a été particulièrement riche en émotions. J'avais besoin d'un moment de solitude.

Jack s'apprêta à ouvrir la bouche mais Doug le devança.

- Mais je suis heureux de le partager avec toi. Tu peux rester.

- Merci fit simplement Jack.

Il tira une chaise et s'y installa pour interrompre le spectacle qu'offrait sa tenue.

- Et toi ? Pourquoi tu ne dors pas ?

- Pacey et son comportement.

- Je vois.. Je trouve aussi qu'il dépasse les limites mais il a toujours été comme ça. Taquin. Provocateur. Ça fait parti de sa nature. C'est sa façon à lui d'aimer.

- Je sais bien mais..

Jack se leva brusquement de sa chaise pour faire face au Shérif.

- Une amitié vient de naitre entre nous, je n'ai pas envie que Pacey vienne tout gâcher parce qu'il a trouvé une source d'amusement à insinuer des choses entre nous. J'ai beau être gay, je ne saute pas sur tout ce qui bouge. Tu n'as rien à craindre de moi.

- Je n'ai aucun doute là-dessus Jack. Je t'avoue que moi aussi ce petit jeu m'agace..mais ça ne changera rien entre nous. Te voilà rassuré ?

- Oui…

Mais malgré les propos de Doug qui se voulaient rassurants, Jack n'était pas encore apaisé. Il savait que Pacey ne lâcherait pas le morceau de si tôt, et il avait bien peur que ça finisse par avoir des répercussions, malgré les dires du plus âgé.

- J'ai une idée ! proposa soudainement Doug. Et si on le prenait à son propre jeu ?

- C’est-à-dire ?

- Pacey prend plaisir à insinuer de l'ambiguïté dans notre relation dans l'unique but de nous voir mal à l'aise. Mais si cette ambiguïté c'est nous qui la créons et que nous donnons l'impression d'être à l'aise avec ça, il n'y trouvera plus rien d'amusant et il s'arrêtera de lui-même.

- Tu es sûr ? questionna Jack qui n'était pas franchement emballé par cette perspective.

- Oui, à moins que ça ne te pose un problème ?

- Non, c'est juste que je ne sais pas trop ce que cela signifie d'instaurer de l'ambiguité..

- Par des petits gestes d'affections, jusqu'à la limite du possible bien évidemment.

Jack se demandait si cela voulait dire aller jusqu'à devoir s'embrasser.

- Voyons jusqu'où notre imagination nous mène déclara Doug. J'ai bien envie de clouer le bec à ce petit freluquet.

- D'accord. Pacey a voulu jouer, alors jouons et nous verrons qui sera bien attrapé.

- Tout à fait. Bonne nuit mon ange.

Doug affichait un sourire de victoire, sûr de réussir à battre à plate couture son rejeton de petit-frère. Sachant qu'il ne s'agissait que d'une farce, Jack se détendit enfin et rit de sa remarque.

- A demain Douggie.

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Dernière édition par Endyan le 01 Oct 2016 21:59, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Un jour, peut-être - Jack & Doug - DAWSON - G
MessagePosté: 01 Oct 2016 21:35 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Le lendemain matin, Jack et Pacey entamaient déjà leur petit-déjeuner lorsque le Shérif arriva, fraîchement douché et habillé.

- Bonjour les garçons ! Vous êtes bien matinaux aujourd'hui !

Lorsqu'il passa à leurs côtés, il étreignit chaleureusement l'épaule de Pacey puis celle de Jack.

- Salut Douggie répondit Pacey. Eh oui, on a prévu tout un tas de choses avec Jack.

- Ah oui lesquelles ? demanda Doug, en allant se chercher une tasse de café dans le placard.

Voyant cela, Jack se leva prestement pour aller chercher la cafetière. Il savait que le Shérif était pressé. Dans la précipitation les deux hommes manquèrent de se rentrer dedans.

- Hop là ! fit Doug en attrapant Jack par les épaules. Excuse-moi, j'espère ne pas t'avoir abimé dit-il avec un sourire équivoque.

- Non ça va même si je dois avouer que ta musculature est impressionnante répondit du tac au tac Jack.

- Du moment qu'elle te plait.

Jack ne sut quoi dire tellement cette réponse le prit au dépourvu. A l'avenir, il se préparerait mieux psychologiquement pour ne pas se laisser déstabiliser par ses deux grands yeux bleus lagons et ce sourire renversant, ainsi que ce timbre de voix doux comme du velours.

Doug attrapa une pomme dans laquelle il croqua à pleines dents.

- Tu veux que je te serve ? questionna Jack en tentant de se rattraper.

- Oui, ce serait avec plaisir.

Jack s'exécuta. Il sentit le regard de Doug rivé sur lui et cela lui provoqua une bouffée de chaleur incontrôlable. Il espérait juste que Doug ne s'en soit pas aperçu mais ce dernier était tellement concentré dans son rôle qu'il ne fut pas sensible à tous ses signaux.

- Jack et moi allons faire une virée en mer. On aurait bien aimé t'emmener mais comme tu travailles.. déclara Pacey qui avait assisté à ce petit manège perplexe.

- Du moment que vous revenez tous les deux sains et saufs. Amusez-vous bien sans moi mais pas trop. A ce soir !

Le Shérif quitta les lieux.

Jack retourna s'asseoir, le cœur battant à tout rompre.

- Tout va bien ? questionna Pacey.

- Oui, oui.

- Douggie a un comportement étrange..

- Ah ? Je n'ai rien remarqué.

- Hum.. Bon alors cette petite virée !


A leur retour, en début de soirée Doug était déjà là. Il avait même préparé la table et mit quelque chose de bon à mijoter.

- Alors cette journée ?

- Excellente ! fit Pacey. On a pêché pas mal de poissons.

Alors que Jack passait à côté de Doug en retirant sa veste, ce dernier se colla à lui pour humer ses cheveux.

- En effet, vous sentez bien l'iode !

Ce contact physique impromptue mit de nouveau les sens de Jack à mal mais contrairement à la matinée, il garda une contenance.

- Tu nous as préparé quoi de bon à manger ? demanda Pacey.

- Des lasagnes, le plat préféré de Jack. Pour qu'il se sente ici chez lui dit-il en gardant sa main apposée sur l'épaule du brun.

- Il ne fallait pas..déclara Jack.

- Te faire plaisir me fait plaisir. Déshabillez-vous, installez-vous, je vais vous servir un verre de vin. Du rouge ou du blanc ?

- Du blanc pour moi ! s'exclama Pacey.

- Pareil pour moi dit le brun.

- Très bien. Le repas est prêt, vous allez pouvoir vous servir ajouta-t'il en plaçant le plat sur la table.

Pacey et Jack s'assirent l'un en face de l'autre. Le roux n'avait fait aucun commentaire mais les observations qu'il avait fait de Jack le portèrent à croire que quelque chose se tramait.
Doug revint avec une bouteille. Il s'installa aux côtés de Jack. Ils débutèrent leur repas après avoir entamé leur verre de vin, bien entamé pour certains..
Jack se rendit compte, pendant qu'il mangeait, que Doug au lieu de prendre avec aise ses distances, était venu se coller à lui. Pour ainsi dire, leurs coudes se collaient, tantôt leurs épaules.
L'alcool enhardi Doug. Alors que la soirée avançait et qu'ils en étaient venus à se raconter des anecdotes drôles de leur passé, le Shérif redoubla de tactilité.

- Pacey, tu te rappelles la première fois que Jack est monté dans ta barque pour aller faire une ballade et qu'il est tombé à l'eau. J'ai cru que vous n'arriveriez jamais à le sortir de la vase.

A l'évocation de ce bon vieux souvenir, il saisit le poignet de Jack alors que leurs mains se frôlaient apposées à plat sur la table. Pacey s'esclaffa. Jack était bien trop perturbé par cette proximité physique pour réagir avec la même bonne humeur.

- Tu t'en souviens Jack ? insista Doug en passant son bras autour de son épaule pour la saisir puis en descendant lentement sa main dans son dos.

Jack sentit des frissons le parcourir le long de son épine dorsal, d'autant plus que la cuisse de Doug était venue également se frotter contre la sienne. C'était insoutenable. Il se leva prestement.

- Et si nous allions dans le salon se poser dans le canapé maintenant que le repas est fini ! s'exclama-t-il.

Les deux frères le suivirent avec des bouteilles de bière. Jack s'assit en espérant que les deux frères s'installeraient côte à côté mais Pacey s'installa à sa gauche et Doug l'obligea à se décaler pour s'installer à sa droite. Voilà qu'il se trouvait calé entre les deux Witter. Pacey qui avait bien trop bu cala sa tête sur l'épaule de Jack, comme ils avaient l'habitude de le faire. Doug quand à lui passa son bras derrière son épaule.

- Vous ne trouvez pas qu'il fait une chaleur épouvantable ? fit soudainement Doug alors que Pacey cherchait une chaine intéressante à regarder.

- Si, tu as raison répondit Pacey.

Les deux frères retirèrent à l'unisson leurs pulls.

- Bah alors Jack, tu veux atteindre les 50 degrés ? le railla Pacey.

A contre-cœur, le brun retira lui aussi sa veste et constata avec le plus grand des ravissements oh combien ironique qu'il était désormais peau à peau avec le Shérif. Il sentait la main de son aîné caresser la peau nue de son épaule. Il constata que ses poils s'étaient dressés le long de ses avant-bras. Cela le gênait ouvertement de se sentir tout feu tout flamme à l'intérieur alors que son meilleur ami était également collé à lui. Il trouvait cela limite malsain.
Il se leva de nouveau brusquement.

- Il faut que j'aille aux toilettes.

Il se précipita dans ladite pièce. La première chose qu'il fit fut de s'humecter le visage avec l'eau bien fraiche du robinet du lavabo. Il fallait absolument qu'il se ressaisisse. Il ne pouvait décemment pas ressentir toutes ces choses pour son ainé. Heureusement pour lui il ne s'agissait pas de sentiments amoureux mais une attirance physique était bel et bien présente. Pourquoi avait-il fallu que Doug soit aussi beau et désirable ? Quel pétrin !
Lorsqu'il ouvrit les yeux et se regarda dans le miroir, il constata qu'il n'était plus seul. Il se retourna .

- Doug ?

Ce dernier se posta juste devant Jack.

- Tu vois notre plan a fonctionné. Pacey n'a pas décroché un mot de déplacé de la journée.

- Oui, c'est vrai.

- Je me disais, que je pourrais peut-être faire ça la prochaine fois..

Il ponctua sa phrase d'un doux et lent baiser sur sa joue.

- Ou bien ça ?

Cette fois-ci il esquissa un baiser dans le creux de son cou. Pacey s'accrocha instinctivement au rebord du lavabo. Sa cage thoracique se souleva tellement vite qu'il s'étonna que Doug ne remarque pas son trouble et son regard teinté de peur et de désir.

- Qu'en penses-tu ?

- Que ce n'est pas nécessaire. Pacey a déjà bien compris la leçon.

- Tu crois ? souffla Doug à son oreille. Ce petit saligaut, je savais que je viendrais à bout de son plan machiavélique. Il n'aura pas réussi à venir à bout de nous.

Il empestait l'alcool. Jack comprit qu'il ne se rendait pas réellement compte de la situation. Il le repoussa doucement pour retrouver une liberté de mouvement.

- Et si nous retournions dans le salon ?

- Oui, c'est une bonne idée.

- Je sais ! ironisa Jack.

Lorsque la soirée s'acheva enfin, Jack fut ravi de se retrouver dans son confortable lit bien douillet sans les mains entreprenantes de Doug sur lui ou son souffle. Lorsque Pacey eut revêtit son pyjama, il vint se planter devant Jack qui n'attendait qu'une chose, se laisser aller à un sommeil de plomb, tellement ses sens avaient été malmenés.

- Je vais dormir sur le canapé ce soir Jack. Je pense que tu as besoin de solitude pour te remettre de tes émotions.. dit-il sur un ton de sous-entendu.

Jack écarquilla les yeux de surprise. Qu'entendait-il par "se remettre de ses émotions" ?

- Tout va bien assura-t'il nerveusement.

- Je n'ai jamais vu un homme te faire passer du livide au rouge écrevisse en un laps de temps aussi court. Si j'avais su que mon frère te faisait autant d'effet je n'aurais jamais insinué une romance entre vous et il ne se serait jamais amusé à me provoquer en te séduisant de la sorte. Je suis désolé Jack. Je sais qu'après ta fraiche séparation, tu avais besoin de tout sauf de ça.

- Tu le savais depuis le début ?

- Oui.. C'est juste que j'ai vu que lui jouait mais que toi non. C'est pour ça que je n'ai rien dit. J'irai présenter mes excuses à Doug dès demain matin comme ça il te laissera tranquille.

- Merci..

Jack osa à peine regarder son vieil ami.

- Doug est un très bel homme. Si je n'étais pas son frère et que j'étais gay, sans doute que je le trouverai très séduisant. Tout ça pour te dire que tu ne dois pas te sentir honteux ou mal à l'aise d'éprouver du désir pour lui, vis-à-vis de moi. Ce secret restera avec moi.

- Merci Pacey.

- Fais de beaux rêves Jack.

Le roux esquissa un baiser amical sur son front. Comme dit précédemment, il alla occuper le canapé pour permettre à Jack de se remettre de cette montée d'adrénaline et de testostérone.
Lorsque Jack ferma les yeux, il ne put s'empêcher de repenser aux mains du Shérif sur lui, puis à ses deux chastes baisers. Peu à peu il s'endormit et ses rêves furent peuplés d'hommes et l'un d'eux, à défaut d'être son portrait craché portait le doux nom de Doug. Sans doute que son inconscient avait voulu l'épargner en faisant apparaitre son ainé sous les traits d'un autre homme, mais Jack savait qu'il s'agissait d'une représentation du Shérif. Seulement il ne s'autorisait pas à éprouver autre chose que de l'amitié pour lui. Pourvu que ça n'aille pas plus loin qu'une simple attirance physique..


Jack s'octroya une grasse matinée. Les frères Witter le laissèrent dormir, l'un par culpabilité, l'autre par appréhension..
Ce fut l'occasion pour eux de passer un moment entre eux. Ils laissèrent un mot sur la table de la cuisine pour prévenir Jack de leur petite excursion. En l'occurrence, il s'agissait de faire des courses, rien de bien palpitant.

Les deux Witter se frayèrent un chemin entre les rayons de laitages.

- Ecoute Doug.. Je voudrais m'excuser pour mon attitude auprès de Jack et toi… C'était d'un humour très douteux.

- J'accepte volontiers tes excuses mais moi ça va, c'est surtout pour Jack. Je pense qu'il est déjà très perturbé par sa récente rupture.. Il est vrai qu'on est devenu subitement proches lui et moi mais mon intention était de lui changer les idées. Et comme les circonstances ont fait que moi aussi je me retrouve célibataire.. il a voulu m'aider de la même manière. Nous sommes justes deux âmes esseulées qui cherchent à se réconforter.

- Toi aussi tu es célibataire ? Avec tout ça, je ne t'ai même pas posé la question.. Je suis vraiment un frangin à côté de la plaque.

- Ça va Pacey. Même si mon amour propre en a pris un coup, je n'étais pas accro.

- Tant mieux.

- Je dois t'avouer que moi aussi je me suis comporté comme un idiot avec Jack..

- C'est-à-dire ?

- Je n'aurais jamais dû rentrer dans ton jeu et me comporter avec lui..comme je l'ai fait.. Avec le recul je me rends compte que cela a dû être bien embarrassant pour lui..

- Ne t'en fais pas. Pacey est quelqu'un de compréhensif. Il te pardonnera.

- Je l'espère..

Doug ne disait pas tout à son frère. Il se souvenait parfaitement la manière dont il avait embrassé la nuque de Jack.. Il revoyait son regard terrifié.. Il n'était pas dans son état normal à ce moment là. Il s'était allé à quelque chose qu'il n'avait pas su contrôler sans se soucier un seul instant de ce que pouvait ressentir Jack. Il avait dépassé les limites.



XXX



Lorsqu'ils revinrent de leur petite expédition, ils comprirent que Jack se trouvait dans la salle de bain. En effet, comprenant que les Witter n'étaient pas présent, Jack en avait profité pour s'autoriser un petit moment de détente. Il avait pris possession de la baignoire, ressentant le besoin impérieux d'évacuer toute la tension qui avait pris possession de lui. Il n'était qu'un simple mortel après tout. Il ne pouvait pas tout gérer et tout garder à l'intérieur de lui comme ci rien n'était. Si les années qui le séparaient aujourd'hui de son adolescence lui avaient apprises quelque chose c'était bien ça : se regarder en face, être honnête avec soi, et extérioriser ses émotions, c'était la clef pour garder un équilibre, aussi précaire soit-il dans certaines situations.
Il était attiré par Doug. C'était indéniable. Il ne chercherait pas à le nier parce que c'était inutile. Mais ce n'était pas pour autant qu'il allait laisser les choses en l'état. Les choses évoluaient dans la vie. Certaines personnes qui attisaient notre curiosité et nos sens un jour, pouvaient nous être redevenues totalement indifférentes par la suite.
Mais pour que cela se produise, il avait besoin d'aide. De la part du principal concerné.

Lorsqu'il eut terminé d'évacuer son trouble, de toutes les manières possibles, Jack se sécha et enfila des vêtements secs.
Il ne fut pas étonné lorsqu'il trouva Doug dans sa chambre, attendant patiemment son retour.

- Jack ! Excuse-moi d'être entré sans prévenir. Je voulais te parler.

- Tu es ici chez toi. Ça tombe bien moi aussi j'avais à te parler.

- Ah… Tu veux commencer ?

- Je t'en prie, toi d'abord.

- Ok.. Je voudrais m'excuser pour hier et hier soir en particulier. Je n'aurais pas dû agir de la sorte. C'était maladroit et irrespectueux de ma part..

- Je t'avais prévenu Doug. Tu es un bel homme. Et même si je suis ravi que tu me perçoives comme une personne à part entière et non uniquement comme un homosexuel, il n'en reste pas moins que je suis gay. Je ne suis pas donc insensible aux avances d'un homme lorsque celui-ci est plaisant..

- Je me rends compte que j'ai été idiot. C'est juste que…

- Juste que quoi ?

- Pacey a deviné juste lorsqu'il a insinué que je pouvais être jaloux..

- Je ne comprends pas.

- Jack, je suis jaloux de la relation que tu as avec Pacey.. Mettons-nous d'accord, je suis ravi que vous soyez amis, mais cette complicité et cette tactilité que vous avez l'un envers l'autre..je n'ai jamais connu ce genre de relation avec qui que ce soit. Il n'y a aucune barrière entre vous et aucune ambiguïté.

- Cette relation que tu vois entre Pacey et moi, elle n'a pas été immédiate. Il a fallu attendre qu'on apprenne à se connaitre, à s'apprécier, à se faire confiance, se respecter et surtout je ne suis pas attiré par Pacey. C'est le fruit de longues années à se fréquenter.

- Je vois..

- Du moins, je ne suis plus attiré par lui depuis la fin de ma première année de lycée à Capeside.

- Il reste donc de l'espoir ?

- Oui.

- Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

- Ce que je viens de te dire. Que je viens de me séparer et que comme n'importe quel être humain dans ce genre de moment j'ai besoin de réconfort. Je suis gay et tu es séduisant alors je ne veux plus jouer un jeu de la sorte avec toi, ça n'apportera rien de bon à notre relation amicale naissante.

- Ça ne se reproduira plus, je t'en fais la promesse.

- Très bien.

Maintenant que les deux hommes s'étaient accordés sur ce qui était permis ou non dans leur relation, la tension qui les liait s'évapora. Pas complètement mais considérablement.

Les jours défilèrent sans nouveau incident. Doug avait respecté leur "contrat". Ils purent donc reprendre leur amitié là où elle était restée suspendue. Les rires apparurent de nouveau ainsi qu'une innocente complicité.

Jusqu'à cette fameuse après-midi où Pacey proposa à son acolyte et son frère de faire une partie de basket. Tous les trois avaient débuté le match dans une ambiance de franche camaraderie.

Puis l'adrénaline, la tension du jeu, le fait d'avoir les sens en éveil, Doug ne géra pas ses émotions malgré sa maitrise habituelle. Jack était face à lui, courant de tout côté. Jack riait. Jack transpirait faisant apparaitre ses muscles, humidifiant son visage et ses cheveux. Tantôt ils étaient à deux centimètres l'un de l'autre, puis la seconde d'après il lui échappait de nouveau. Doug savait. Il connaissait la règle. Pas de contact physique entre eux. Du moins pas de ceux que Pacey avait tout le loisir d'avoir avec Jack. Le temps éclairant, Doug avait fini par se rendre à l'évidence. Il n'était pas jaloux de la nature de leur relation, il était jaloux du droit de Pacey à le toucher. Puis Jack, avait retiré son t-shirt.
Et là l'occasion était trop belle. Doug pressentait qu'elle ne se représenterait pas de sitôt. Mais l'envie fut trop forte.
Alors qu'il fonçait sur Jack dans le but de lui prendre le ballon, son corps se pressa contre lui une première fois. L'une de ses mains s'égara sur son torse. Puis sur son dos.. Le Shérif ne voulut pas en rester là. Il avait besoin de le sentir. Son odeur. De le toucher. Ses cheveux, sa bouche, son corps.. Il était insatiable. Incontrôlable. Un deuxième contact. Il l'avait agrippé à la taille, ses doigts accrochés comme la serre d'un rapace.

- Doug, enfin, c'est le ballon qu'il faut attraper pas le joueur s'était écrié Pacey.

Il s'était excusé, l'air de rien. Mais il ne voulait pas s'en arrêter là. Un troisième contact. Bien plus fort. Si puissant, que Jack fut projeté en arrière. Il tomba, par terre, sur le dos. Doug s'écroula sur lui.
Et Jack gémit, de douleur.

Le choc au sol fut si violent, qu'il s'était tailladé la peau avec le bitume. A cet instant, Doug sut qu'il était allé trop loin, bien trop loin.

- Doug, ça ne va pas la tête ! C'est supposé être un match amical pas une tuerie ! Qu'est-ce qu'il t'a pris ?! s'écria Pacey.

Le roux était choqué et furieux. Cette réaction de son frère confirma l'impression de Doug d'avoir dépassé les bornes. Il avait pourtant promis à Jack de tenir sa promesse mais il s'aperçut qu'il en était incapable. Jack avait pris bien trop de place dans sa vie pour qu'il se contente de leur relation actuelle. Il voulait plus. Il ne savait pas quoi ni depuis quand les choses avaient pris cette tournure mais ce dont il était certain c'est qu'il ne pouvait plus revenir en arrière. Et il en était l'unique fautif.

Effrayé et choqué par son propre comportement, Doug retourna dans la maison. Il prit ses clefs de voiture et démarra en trombe.
Il se rendit sur cette plage qu'il avait tenu à partager avec Jack. L'endroit même où une partie de lui avait commencé à tomber sous le charme du jeune homme. Une partie intérieure, bien caché en profondeur de lui. Sur le moment il n'avait pas compris ce qui était en train de se tramer en lui. Il n'avait pas cherché à comprendre. Il avait cru pouvoir se laisser bercer par la tranquillité de l'ignorance, par le simple plaisir de partager un moment avec quelqu'un. La différence entre "hier" et "aujourd'hui" c'est que son cœur et ses envies ne lui permettaient plus de faire semblant ou de fermer les yeux. Il était temps de devenir adulte et d'assumer.
Mais il avait peur. Il était effrayé par l'idée de potentiellement le perdre si jamais il faisait un pas de travers. Il avait déjà déconné. Jack ne lui donnerait pas une seconde chance.
Et puis, il ne savait pas ce que le jeune homme ressentait pour lui, mis à part de l'attirance physique.
Bien que Doug n'ait jamais touché ni même embrassé un homme, il ne voulait pas d'une simple aventure. Pas avec Jack, parce qu'il représentait bien plus à ses yeux qu'une simple partie de jambes en l'air.

Il parcouru la plage de long en large, des larmes ruisselants sur son visage. Il tourna sur lui-même, les mains croisées derrière la tête, déboussolé. Puis il poussa un hurlement, de désespoir et de peur. Il hurla jusqu'à ne plus avoir suffisamment de souffle dans les poumons pour continuer. Il ressentit un infime soulagement.
Il resta là un long moment. Jusqu'à ce que la nuit tombe et que le froid le saisisse. C'est seulement à ces conditions
qu'il décida de rentrer.

Il ne vit aucune trace de son frère ou de Jack dans le salon. Néanmoins il aperçut un mot laissé en évidence sur la table basse. Il s'en saisit.

" Salut Douggie,

J'ai pensé qu'une explication serait la bienvenue entre Jack et toi. Je vais dormir ailleurs ce soir pour vous laisser l'opportunité de discuter en toute intimité.

A demain. Pacey"


Pacey s'était volatilisé mais où se trouvait donc Jack ? Doug monta un à un les escaliers. Il parcourut le couloir puis entra doucement dans la chambre occupée par les garçons. Le brun était là. Il était allongé sur le lit, à plat ventre. Sa nudité permit à Doug de constater les dégâts de sa chute. Le dos de Jack était rouge d'irritation avec une balafre. C'était certain, il aurait une cicatrice. Doug eut un pincement au cœur.

- Pacey te voilà enfin ! Est-ce que tu pourrais me mettre de la crème cicatrisante dans le dos s'il te plait ? Je n'y arrive pas par moi-même.

Le visage enfoui dans son oreiller, le brun ne s'aperçu pas qu'il s'agissait en fait de Doug. Le Shérif se précipita sur le lit pour saisir le tube de crème avant que Jack ne cherche à lever la tête. Il se chauffa les mains avant d'y recueillir une noisette de crème. Puis, comme s'il craignait de se brûler, il le toucha d'abord du bout des doigts puis aplatit ses mains sur sa peau nue, la respiration suspendue. Il trouvait Jack si beau.

- Je te remercie Pacey..souffla Jack.

- C'est Doug..articula péniblement l'ainé.

Instantanément, Jack qui jusqu'alors était parfaitement détendu, se contracta. Doug ressentit la tension qui envahit soudainement le corps de son cadet.

- Je t'en prie laisse-moi faire ça pour toi.. dit-il de peur que Jack ne se lève d'un bond et ne le repousse.
Je suis profondément désolé pour ce qu'il s'est passé toute à l'heure. J'ai été trop pris par le jeu.

- Pourquoi t'es-tu enfuies ? questionna Jack en se retournant.
Il se redressa pour faire face à son aîné.

- J'avais honte..expliqua le Shérif.

Jack l'encouragea du regard à continuer. Il voulait comprendre.

- Tout ceci ne serait pas arrivé si..

Il stoppa net en plein milieu de sa phrase.

- Si ?

- Excuse-moi..

Doug se leva précipitamment du lit.

- Doug ?! s'exclama Jack.

Une nouvelle fois, l'ainé prit la fuite. Il se réfugia dans sa chambre qu'il arpenta de long en large en se passant une main nerveuse dans les cheveux. Jack ne l'entendit pas de cette oreille.
Il s'introduisit dans la pièce, sans demander son avis.

- Doug ! Que se passe-t'il ?

- Laisse-moi seul s'il te plait Jack.

Le brun le dévisagea stupéfait. Il ne connaissait pas Doug dans un tel état d'anxiété.

- Je resterai ici tant que tu ne m'auras pas expliqué ce qui te perturbe.

- Jack ! s'énerva l'ainé. Tu ne comprends donc pas que… Pars tant qu'il en est encore temps.

- Non !

- Bon sang..

Doug tenta de l'approcher pour l'emmener vers la sortie mais il se ravisa. Il voulait éviter tout contact physique avec Jack. Le brun fut déçu de ses réactions, plus encore par celle-ci. Les yeux embués de larmes, il déclara froidement :

- Très bien, si c'est que tu souhaites..

Il quitta la chambre en refermant la porte derrière lui.

Doug regrettait tellement de l'avoir repoussé. De l'avoir fait pleuré. Mais il ne pouvait pas assumer quelque chose qu'il n'avait même pas identifié et il ne voulait pas laisser ses instincts primaires prendre le dessus. S'il restait dans la même pièce que Jack, il savait d'avance ce qui allait se passer. Il allait l'embrasser puis unir leurs corps, encore et encore, jusqu'à ce que la tension disparaisse, et au petit matin, il reprendrait sa vie d'avant comme ci de rien n'était et cela marquerait la fin de leur relation. Jack méritait mieux que ça. Jack méritait quelqu'un qui serait prêt à s'investir auprès de lui, mais Doug s'en savait incapable. Il ne pouvait pas troquer sa vie de Shérif hétéro de Capeside pour celui de petit-ami de Jack. Il n'avait ni sa force ni son courage. Ici, tout le monde le connaissait, le respectait et l'aimait. Il ne voulait pas se mettre à dos toute une communauté qui avait foi en lui.

- Je t'aime Jack murmura-t'il à voix haute. Mais je ne pourrais jamais être avec toi.


Jack roulait à toute allure. Il enclencha le numéro de Pacey qu'il mit en haut parleur.

- Hey Jack ! Ne me dis pas que je te manque déjà !

- Je ne peux plus rester.. C'est trop difficile. Je rentre à Boston !

- Quoi ?! Mais tu pleures ! Garde ton calme Jack et ne va pas prendre de décision sur un coup de tête, veux-tu ! Dis-moi où on peut se rejoindre.

- Ça ne servira à rien, j'ai déjà pris ma décision.

- Jack !

Des bips sonores lui répondirent.

XXX


Pacey entra, comme chez lui, dans le bureau du Shérif du Comté.

- Je t'en prie ! s'exclama Doug.

- Bonjour Douggie ! Je t'enlève pour le déjeuner !

- J'ai beaucoup de boulot, je ne sais pas si…

- Oh mais je ne te laisse pas le choix ! Et tu me dois bien ça après tu sais quoi !

Pacey lui lança de regard de sous-entendu. Doug reçut le message cinq sur cinq.

Ils montèrent dans le véhicule de Doug. Pacey leur avait pris des sandwich. Ils les entamèrent sans se dire un mot.

- Alors ? questionna le roux.

- Alors quoi ?

- Tu n'as pas la moindre explication à me fournir pour m'éclairer sur la raison pour laquelle Jack est parti en pleine nuit rejoindre Boston ?

"Il est reparti à Boston.." songea Doug. Il avala péniblement sa salive. Ce n'était pas à côté.. Il ne risquerait donc pas de le revoir de si tôt. Une petite voix intérieure lui cria qu'il allait terriblement lui manquer mais il ne s'autorisa pas à y penser.

- C'est une bonne chose qu'il rentre chez lui.

Pacey qui jusqu'alors était resté très calme pour ne pas brusquer son frère qu'il savait être une forte tête de mule, perdit patience.

- C'est tout l'effet que ça te fait ?!

- Sa vie est là-bas et non ici.

- Pourquoi crois-tu qu'il soit revenu à Capeside si ce n'est qu'il est ici chez lui aussi ?

- Ça n'aurait pas pu durer.

- Est-ce une raison pour se quitter en mauvais terme ?

- Je...je n'ai jamais souhaité que la situation prenne cette direction.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous ?

- Rien.

- Alors, devrais-je dire, qu'est-ce qui ne s'est pas passé entre vous qui aurait dû se produire ?

Doug, qui regardait fixement le parebrise tourna subitement la tête vers son frère, comme piqué au vif. Cette réaction eut le mérite de mettre la puce à l'oreille de Pacey.

- Doug, je ne suis pas là pour te juger.

- Je ne voulais pas…éprouver toutes ces choses.. Je ne voulais pas être attiré par lui..mais c'est arrivé...et je n'ai pas su comment le gérer. C'est tout nouveau pour moi ! Ou peut-être que ça ne l'est pas finalement mais avec lui je n'ai pas pu ignorer.. Avant que tu n'arrives, une complicité est née entre nous et puis tu es arrivé..et tu as dit tout haut ce que je n'osais pas regarder en face… Et puis te voir tous les jours le toucher, être si proche physiquement et émotionnellement..vous savoir dormir ensemble..j'ai commencé à me demander "Pourquoi ce ne serait pas moi ? Cet homme qui le réconforterait, qui lui passerait la main dans les cheveux ou qui embrasserait son cou ? Cet homme qui serait là à ses côtés chaque matin"

- Pourquoi ne pas lui dire tout ça ?

- Jack mérite autre chose qu'un vieux garçon engoncé dans ses bonnes vielles petites habitudes, qui n'a jamais mis les pieds en dehors de la ville où il est né, qui mange chaque midi dans le même restaurant, qui boit des bières en regardant du football américain. Il est jeune, dynamique, plein de vie. Il a besoin de voyager, de découvrir, d'apprendre, de faire de nouvelles rencontres. Il est trop jeune pour venir s'enterrer ici avec moi et ce n'est pas ce que je souhaite pour lui.

- Tu ne crois pas que c'est à lui d'en juger ?

- C'est déjà tout décidé.

- Rien de ce que je pourrais dire ne pourra te faire changer d'avis, si je comprends bien. Même si je te dis que tu t'empêches de vivre des instants de bonheur en te basant sur des superstitions ?

- Il est parti. La question ne se pose plus.


Pacey se rendit dans la chambre d'hôtel qu'il avait occupé la veille.

- Te voilà enfin ! s'écria Jack. Ça fait deux heures que je t'attends ! Tu m'as dit que la nuit portait conseil.. Ma décision est prise, je rentre à Boston.

- Jack, tu seras libre de faire ce que bon te semblera une fois que tu auras écouté ça.

Jack fronça les sourcils. Le roux sortit alors un dictaphone de sa poche qu'il posa sur le lit du brun.

- Je te laisse seul. Quelque soit ta décision finale, je te soutiendrai. Bonne route ou à toute à l'heure.

Qu'est-ce que son meilleur ami avait encore manigancé. Jack n'était franchement pas d'humeur à supporter ses nouvelles espiègleries mais il avait confiance en lui. S'il tenait tant à ce qu'il écoute son enregistrement, il le ferait, même si cela insinuait de reculer son départ. Pourvu que ce ne soit pas trop long !

Il enclencha l'appareil et une voix qu'il reconnut instantanément brisa le silence de la pièce.


XXX


Le Shérif se regarda dans le miroir de la salle de bain. Il n'avait pas fière allure. Son regard trahissait la tristesse qu'il ressentait depuis la nouvelle de Pacey. Même s'il essayait de ne pas le faire paraitre, intérieurement il vivait un grand déchirement. Après tous ces jours passés ensemble...ne plus voir Jack du jour au lendemain était un véritable calvaire.
Il s'était habitué à vivre avec lui, à le voir chaque matin au petit-déjeuner et à le retrouver avec certitude chaque soir au diner. Une sorte de routine. Une routine sécurisante et épanouissante. Celle de retrouver un être cher.
Même s'il ne voulait pas ouvertement se l'avouer, il n'arrivait pas se résoudre à l'idée de ne plus l'avoir à ses côtés. Est-ce qu'il parviendrait à reprendre sa vie comme avant, comme si rien ne s'était produit ? Il l'espérait sans trop y croire.

Il soupira, ferma les yeux. Et pour la première fois, face aux faits établis, il murmura :

- Je regrette… Je n'aurais jamais dû le laisser partir..

Sans réfléchir une seconde de plus, il attrapa son portable pour appeler le brun, le cœur battant à tout rompre.
Il était lancé, plus rien ne l'arrêterait. Il lui avouerait tout, ses sentiments, ses craintes, ses espoirs et le brun ferait ce qu'il voudrait de tout ça. Il tomba directement sur le répondeur.

- Bon sang..

Il renouvela l'appel. Toujours ce même fichu répondeur. Doug se retrouvait au pied du mur. Il eut alors une idée plus folle que celle de se déclarer : le rejoindre. Se rendre directement à Boston. Il se rendit dans sa chambre, attrapa un sac où il jeta pêle-mêle des sous-vêtements et quelques vêtements. Lui qui était si soigneux, carré et qui aimait tout planifier à l'avance, ce comportement ne lui ressemblait pas et ça lui fit un bien fou.
Pour la première fois de sa vie, il se sentait libre et vivant. Il était animé par l'envie, celle de faire quelque chose de bien pour sa propre existence. Selon ses propres critères. Il dévala les escaliers, attrapa une veste et ses clés de voiture.

- Tu pars en voyage ?

Doug leva les yeux vers la voix.

- Jack ? Je...je croyais que tu étais reparti à Boston..balbutia-t'il stupéfait.

- C'est ce que j'avais prévu de faire. On dirait que tu as vu un fantôme se moqua gentiment le brun.

- Je...je…

Sonné Doug ne savait plus quoi dire, quoi faire. Coupé dans son élan, il resta figé sur place. Ses neurones avaient rendu l'âme. Jack prit l'initiative de s'approcher, tout doucement.

- Je ne pouvais pas me résoudre à partir comme ça. Sans dire "au revoir".

Le cerveau de Doug se réalimenta en oxygène. Il reprit peu à peu possession de lui-même.

- Oh...Je vois…

L'ainé tenta de camoufler sa déception, en vain. Ses expressions de visage n'avaient désormais plus aucun secret pour Jack. Il pouvait enfin lire en lui comme dans un livre ouvert, maintenant qu'il savait.
Il n'était désormais plus qu'à quelques centimètres du Shérif.

- Et je ne pouvais pas partir sans avoir fait ça..déclara-t'il en déposant délicatement ses lèvres sur celles de Doug. Il ne voulait ni le brusquer ni l'effrayer en se montrant trop passionné.

Le Shérif en eut le souffle coupé. C'était si inattendu et inespéré. Simultanément il lâcha ses clés de voiture et son sac de voyage. Voilà quarante ans qu'il se retenait de vivre un tel moment. Qu'il se le refusait. Aujourd'hui il en avait le droit. Le plein droit. Il saisit brusquement le visage de Jack et prit la suite des opérations pour approfondir le baiser. Plus rien ne pouvait l'arrêter. Jack n'émit aucune résistance. Il était comme happé par cette bouche des plus entreprenantes.
Si on lui avait dit un jour qu'une telle chose se produirait, il aurait sans doute rit d'incrédulité.
Doug l'embrassait avec une telle ferveur, comme s'il s'agissait de la dernière fois. Jack sentit des frissons le parcourir tous plus entêtants les uns que les autres. Il s'accrocha à la taille de Doug pour garder pied.
Doug sentit son cadet se détendre sous ses doigts et s'abandonner. Cela lui procura plus de plaisir que ce qu'il aurait pu imaginer. Il délaissa sa bouche pour embrasser sa nuque en enlaçant ardemment son corps.

- Doug..gémit Jack.

- J'ai tellement eu peur de te perdre..murmura le Shérif avec émotion.

- Si tu ne t'arrêtes pas maintenant, je ne répondrai plus de rien articula péniblement Jack.

Doug cessa ses assauts pour plonger son regard dans le sien et lui laisser un peu de répit.

- C'est le but dit-il en esquissant un sourire étincelant.

- Je ne suis pas contre, c'est juste que..

- Je suis prêt affirma Doug avec le plus grand des sérieux. J'ai suffisamment attendu. Je ne veux pas perdre une seconde de plus de bonheur avec toi.

Ils auraient volontiers continuer les festivités là où ils se trouvaient mais ils craignaient que Pacey ne débarque d'une minute à l'autre. Ils montèrent rapidement les escaliers pour rejoindre la chambre de Doug, où ils purent enfin se livrer totalement l'un à l'autre comme jamais ils n'avaient osé le faire jusqu'à présent.


Doug contempla son amant assoupi. Allongé à ses côtés, il s'était penché sur le côté pour l'observer, le poing maintenant sa tête. Il souriait béatement. Au final, ce n'était pas si compliqué d'être heureux.
Il se leva le plus discrètement possible. L'occasion était trop belle. Il attrapa son chevalet, une feuille. Où se trouvait donc son fusain ? Il farfouilla dans son armoire, là où tous ses trésors se trouvaient, cachés des regards indiscrets. En fouillant, il tomba sur l'un de ses premières œuvres réalistes. Il s'agissait d'un portrait de Jack, l'année de son arrivée à Capeside. Naturellement il l'avait réalisé dans le plus grand des secrets, sans en informer le principal concerné.

Oserait' il un jour lui avouer qu'il avait semé des sentiments en lui dès leur premier rencontre et qu'il avait fallu toutes ses années pour qu'ils soient prêts à les faire éclore ?

Un jour, peut-être.

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FIN

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