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 Sujet du message: [En cours] Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porthamis
MessagePosté: 23 Fév 2015 21:36 
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L'inspiration est revenue, je suis de retour. Pas de Sherlock ou de Kaamelott cette fois, mais bien les Musketeers, série que j'adore depuis la première saison ! L'idée de cette histoire datait un peu, j'ai eu besoin de temps pour la concrétiser.

Pas de spoiler saison 2 à l'exception de l'apparition de ce personnage
Spoiler: Montrer
Rochefort
.

Un léger résumé : Dans un contexte tendu, les mousquetaires sont envoyés en mission en province. Sur les ordres du Roi, Tréville est contraint de les accompagner. L'occasion, pour le quatuor complice, de porter un regard différent sur leur éternel capitaine. Alors que la mission se complique, les hommes réalisent que les enjeux sont au-delà de ceux qu'ils imaginaient.

(Un jour, mes résumés seront potables. :lol: )

Voici simplement le prologue, le chapitre un suivra!

Bonne lecture !

***

Paris n’avait plus connu une telle tempête de neige depuis une décennie au moins. Au ralenti, les gens ne circulaient dans la ville que lorsqu’ils en étaient formellement obligés. A mesure que les églises et les marchés se vidaient, les tavernes se remplissaient pour réchauffer les pauvres âmes avec un feu de bois, un bol de soupe ou un pichet de vin. Les nobles ne quittaient plus leur demeure douillette, à l’image du Roi qui vivait tel un chat depuis plusieurs jours. Emmitouflé sous une couche impressionnante de fourrure précieuse, il ne se déplaçait au sein du palais que pour aller d’un fauteuil à un autre, cherchant le point le plus chaud de l’impressionnante bâtisse.

Malheureusement, tous n’avaient pas le plaisir de céder à la torpeur générale. Maudissant l’hiver, les mousquetaires rusaient à longueur de journée pour trouver le moyen de se réchauffer. La méthode la plus répandue consistait à planquer une flasque de liqueur réconfortante dans la doublure de leur manteau.

Athos, dans sa grande prévoyance, en possédait une dans chaque poche de sa veste. La combinaison des températures glaciales, de l’effroyable charge de travail et de sa mélancolie habituelle pesait lourd sur ses épaules. De loin, les flocons de neige donnaient l’illusion d’être des cheveux blancs dans sa tignasse fraîchement coupée. « Si j’avais su », pesta-t-il en frissonnant.

Au sein de la caserne, une odeur de chou et de lard grillé embaumait l’air. Athos ne profiterait malheureusement pas du repas du soir : Jacques, le cuistot, lui tiendrait sûrement la jambe pendant des heures pour se plaindre de l’incompétence de son nouveau commis et de la vétusté des gamelles et des fourneaux.

Grimpant les escaliers qui menaient aux quartiers du capitaine, Athos s’arrêta sur la terrasse pour s’offrir une gorgée de liqueur. Les mains posées sur la barrière qui surplombait la cour, Athos esquissa malgré tout un demi-sourire en apercevant D’Artagnan, au loin.

Trempé, gelé jusqu’aux os, Athos inspira profondément. L’air glacial lui vrilla les poumons. Aussi loin qu’il se souvienne, il n’avait jamais eu aussi froid de sa vie. A une exception près.

C’était durant une belle journée d’été.

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Dernière édition par Tommaso le 25 Fév 2015 16:29, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - Athos/Treville, Porthamis
MessagePosté: 23 Fév 2015 22:20 
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Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah une fic de Tommaso !!!
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah une fic de Tommaso sur The Musketeers !!!
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaah euh... Athos/Treville ? :shock: Ah oui ? Je n'aurais pas eu l'idée de voir ces deux-là ensemble... :?
Mais c'est pas grave parce que c'est toi qui l'écrit, je suis sûre que je vais adorer (et je suis totalement en manque de fic sur ce fandom en plus !).

:suite:


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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - Athos/Treville, Porthamis
MessagePosté: 24 Fév 2015 22:33 
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Merci pour ces compliments! J'espère que l'Athos/Treville ne te rebutera pas, mais c'était une expérience que je voulais tenter dans une fic à chapitres! :D La suite arrivera demain, début d'après-midi !

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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - Athos/Treville, Porthamis
MessagePosté: 25 Fév 2015 13:04 
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Comme promis, la suite! Premier réel chapitre :)

***

- La nièce du Duc de Luynes a été sauvagement agressée hier à la sortie de l’église !

Ecarlate, le Roi vociférait à l’attention de Treville et Rochefort qui demeuraient impassibles. L’un comme l’autre se serait bien permis de rectifier les faits : la jeune femme n’avait même pas été bousculée. L’agression se résumait simplement à la chute d’un badaud aviné face à la noble et peureuse demoiselle.

- Je ne compte plus le nombre de dignes connaissances qui me rapportent des évènements effrayants et dégradants survenant dans les rues de Paris !

Treville serra les dents en apercevant le coup d’œil en biais que lui adressa Rochefort en abondant dans le sens du Roi.
- J’ai également constaté une augmentation des cambriolages, des larcins-
- Les temps sont durs. Des gens meurent de faim dans les rues-

Rochefort asséna une dernière remarque cinglante :
- Cela ne justifie pas les meurtres perpétrés ces derniers jours jusque sous les fenêtres de votre caserne, Treville.
Le capitaine des mousquetaires ne put que grimacer à l’évocation du meurtre d’un poivrot anonyme à quelques mètres seulement de ses baraquements. Une dispute nocturne entre clients de la taverne voisine avait visiblement eu des conséquences sanglantes.

Le Roi, à son tour, lui adressa un regard lourd de jugement.
- Je persiste et signe en affirmant qu’aucun de mes mousquetaires n’est lié à ce malheureux incident-
- Pouvez-vous réellement en être si sûr ? Certains de vos hommes ne fréquentent-ils pas l’établissement où cette pauvre victime a été aperçue quelques heures avant sa mort ?
- Peu importe !, déclara le Roi, soldant aussitôt le débat.

Hypocrite, Rochefort acquiesça à l’ordre du Roi, reprenant son sourire le plus affable. Louis toussota et reprit son ton solennel pour informer, enfin, Treville des réelles raisons qui l’avaient motivés à le convoquer de si bon matin :
- Ma cousine Marie, la comtesse de Soissons, épousera prochainement un honorable notable de Savoie. Je crains, dans le contexte actuel, de pouvoir me rendre à leur union. J’ai donc décidé de lui faire porter quelques présents. Rochefort m’a suggéré l’idée que vos hommes escortent mon présent jusqu’à la ville où seront célébrées les noces.

Cette nouvelle n’enchanta guère le capitaine. Ces missions étaient dangereuses, comme de nombreuses autres courses que pouvaient être amenées à réaliser ses mousquetaires. Il éprouvait néanmoins toujours une certaine amertume à l’idée que ses hommes risquent leur vie pour quelques breloques en or.

Perdu dans ses pensées, Treville n’entendit guère les réactions forcément déplaisantes de Rochefort.
- … que le capitaine se joigne à eux.
- Pardon ?, le reprit le principal intéressé, incertain d’avoir correctement compris.
- Je trouverais adéquat que vous preniez un peu de recul sur les évènements se déroulant à Paris. Il serait temps, également, que vous envoyez un signal fort à vos hommes. Leur réputation est loin d’être excellente en province. Vous pourrez les surveiller plus aisément si vous les accompagnez.

Le Roi approuva immédiatement l’idée, séduit par le discours mielleux du Comte, et permit à Treville de prendre congé. Observant le capitaine s’éloigner d’eux d’un pas raide, Rochefort prit une moue désolée pour s’adresser à son souverain.

- Votre majesté lui a fait un agréable présent en lui permettant d’accompagner ses hommes. Il vieillit et n’aura sûrement plus très souvent l’occasion de les suivre en province.

Amadoué à l’idée d’avoir fait preuve d’une prétendue bonté, le Roi abonda dans son sens :
- Ce métier n’est pas des plus sains pour une personne de son âge. Si j’en ai l’envie, je pourrais éventuellement l’envoyer en province pour un poste d’ambassadeur. J’ai régulièrement besoin de faire porter mes paroles par quelqu’un de confiance.

Loin d’imaginer la suite de la conversation qu’il venait de quitter, Tréville traversa les jardins en marmonnant, insatisfait de la tournure des évènements. Il respectait son Roi, lui reconnaissait de nombreuses qualités mais n’oubliait jamais la nature capricieuse du souverain. La mainmise de ce Comte ne lui plaisait pas le moins du monde.

Petit à petit, le vent tournait. Il le sentait. Il ne s’était encore jamais senti aussi impuissant.

--------

Attachées à quelques mètres de distance, les montures se laissaient docilement brider les unes après les autres. Discutant à voix haute, à travers la cour intérieure, les mousquetaires échangeaient sur la mission qui leur avait été imposées un peu plus tôt dans la journée.

Porthos fut le premier à partager son opinion sur le programme des prochains jours :
- Limoges, sérieusement ? J’espère que la duchesse appréciera ses bagues et ses bracelets-
- Comtesse, le corrigea posément Athos.

Alignées sur le sol, les sacoches remplies de vivres et de vêtements furent bientôt accrochées à la selle des juments et des hongres de cette troupe. Suspicieux, Athos jetait régulièrement un coup d’œil à un cinquième cheval, installé légèrement à l’écart d’eux. Sellé et bridé, le canasson semblait prêt à prendre la route.

- Prenons cela pour ce que c’est : quelques jours de ballade, un coffre à déposer pour toutes formalités et beaucoup d’excuses pour faire escale dans l’une ou l’autre taverne accueillante, s’enchanta Aramis, prêt à partir.

Inconsciemment, Athos se raidit brusquement en entendant un pareil discours. Son intuition ne fut pas vaine : sorti de nulle part, Tréville apparut, visiblement contrarié.
- J’ignorais que nous avions été commissionnés pour des vacances, Aramis.

Dubitatifs, les mousquetaires observèrent leur capitaine, un sac sous le bras, équiper sa jument et s’y installer sans aucune explication. Aucun ne se permit une quelconque remarque en dépit de leur étonnement de voir leur capitaine prendre part à l’expédition.

Une fois l’entièreté de la troupe apprêtée, le convoi s’élança pour une route de plusieurs jours. Athos ne s’étonna guère de voir la silhouette de Tréville, en tête de convoi, les mener kilomètres après kilomètres jusqu’à la tombée du jour.

----

Le corps courbaturé par les nombreux kilomètres effectués à un rythme soutenu, les mousquetaires avaient éprouvés un soulagement immense lorsque le convoi s’était arrêté face à une auberge. Les montures reléguées à l’écurie, ils s’étaient rués sur les banquettes en bois de l’établissement. Si le vin tenait plus que la piquette que du divin breuvage, le ragoût était impeccablement réconfortant.

Epuisés, les mousquetaires dévoraient avidement leur assiette. A quelques centimètres à peine d’eux, mais suffisamment loin pour créer un malaise, Tréville achevait son repas silencieusement. Echangeant des banalités, les mousquetaires persistaient à l’inclure dans leurs conversations, ne recevant que de vagues réponses monosyllabiques en guise de réponses.

Lorsque le capitaine décréta qu’il regagnait sa chambre et qu’il les encourageait vivement à rejoindre leur lit respectif avant minuit, il n’obtint que l’étonnement de ses subordonnés. Inquiet, D’Artagnan fut le premier à soulever l’étrangeté de la soirée :
- Il n’a pas l’air dans son assiette…
- Il souhaite peut-être simplement marquer la distance entre lui et nous-, tenta d’expliquer Porthos, aussi étonné du comportement de leur mentor.
- Une crise d’autorité ? Sérieusement, ce n’est pas son genre !, répliqua aussitôt Aramis en réservant Athos en vin. Il a peut-être appris une mauvaise nouvelle dans la journée. Que sait-on réellement de lui, finalement ?

La soirée suivit son cours. Porthos parvint à convaincre deux badauds de faire quelques parties de cartes. Aramis en profita pour le soutenir, reléguant la pudeur au second plan. Ses doits caressèrent à quelques reprises les cheveux frisés du colosse. Discrètement, ils s’égarèrent parfois sous sa tunique, toujours avec le souci de s’arrêter à peine au-delà du col. Qui pouvait alors suspecter quoique ce soit d’autres qu’un vulgaire échange entre deux copains expansifs ?

D’Artagnan s’amusa de ce spectacle avant de reporter son attention sur le quatrième larron. Noyé dans les litres de vin de la soirée, le regard d’Athos semblait bien lointain.
- Il est temps d’aller dormir, non ?, l’interrogea D’Artagnan en éloignant la bouteille de leur portée. La journée risque d’être encore plus longue demain.

Athos grommela en se levant, rejoignant d’un pas incertain les escaliers qui menaient aux dortoirs. Il s’écroula dans l’une des lits les plus facilement accessibles. A l’opposé de la pièce, Treville manifesta son mécontentement face à l’état de dépravation de son subordonné. Il s’adressa à D’Artagnan plutôt qu’au principal intéressé :
- Tu veilleras à ce qu’il ne s’étouffe pas dans son propre vomi cette nuit !

D’Artagnan remercia l’obscurité de la pièce : il n’aurait jamais su quelle expression aurait été la plus appropriée face à une telle remarque. Enlevant lui-même les bottes de son camarade, il rabattit une vieille couverture élimée sur lui avant de rejoindre son propre lit.

Ce périple ne s’annonçait définitivement pas sous les meilleurs augures.

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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - Athos/Treville, Porthamis
MessagePosté: 25 Fév 2015 13:30 
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Ah tiens, ils vont à Limoges ? C'est marrant, j'ai commencé une fic sur ce fandom après la fin de la saison 1 et ils partaient aussi à Limoges, mais dans bien d'autres circonstances et avec un couple différent. :P

Dans ce fandom, je suis tellement en manque de fics que je suis prêtre à prendre n'importe quel pairing. Surtout quand c'est écrit par l'une des meilleures. ^^

:suite:

Juste un détail en mode admin : tu n'as pas mis le rating dans le titre de ta fic.


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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 01 Mar 2015 21:13 
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Merci Cybelia, j'avais oublié! On perd vite les bons réflexes! :lol: Tes compliments me touchent vraiment, en tout cas! Il y a quelques fictions en français sur Archive of Our Own, mais c'est vrai que le fandom reste encore très pauvre. :(

Voici la suite de l'histoire, la deuxième partie du chapitre sera là mardi ou mercredi!

--------

La tête plongée dans un seau d’eau, Athos retrouva ce matin là ses esprits au bout de quelques longues minutes. Ses quatre autres comparses avaient visiblement déjà désertés le dortoir où seul un des lits étaient encore occupés par un vieil homme qui ronflait paisiblement.

A la table du petit déjeuner, les trois mousquetaires mangeaient, alignés face à leur capitaine. Ce-dernier, dos tourné, ne prit conscience de l’arrivée de son second qu’en constatant les mines déplorées de ses voisins de table. Une colère s’annonçait.

Le retardataire ne chercha pas à se défiler et s’installa sur le banc, aux côtés de Treville. Jetant un coup d’œil perplexe à son petit déjeuner – une infâme bouillie de fromage et de céréales –, Athos se reporta sur les deux pichets qui garnissaient la table : l’un de vin coupé, l’autre d’eau. Tendant logiquement pour le breuvage alcoolisé, il vit une main s’abattre sur la sienne : celle du capitaine.

- Hors de question.

Reniflant bruyamment, Treville se retourna dans sa direction en plissant le nez et le front :
- Un minimum d’hygiène serait également le bienvenu. Manger aux côtés d’un bouc m’infligerait une moins grande pestilence.

Athos répondit parce ce qui ressemblait vaguement à un grognement. Les deux hommes en restèrent là, pour le plus grand soulagement des trois autres. Porthos, dans son coin, dissimula même un sourire en visualisant de minuscules cornes de chèvre sur Athos. A l’augure d’une nouvelle journée interminable, toutes réjouissances étaient bonnes à prendre.

---

Sur la route, la troupe formait une étrange combinaison : esseulé, Treville ouvrait la marche, suivi par le duo Aramis – Porthos. D’Artagnan, lui, réalisait des allers-retours entre ses deux amis et Athos, qui fermait la marche, maussade.

- Reconnaissons-le, il a quand même abusé, constata D’Artagnan, attristé par l’ambiance qui régnait dans le groupe depuis le matin. Treville avait insisté-
- Nous y sommes simplement habitués. Si le capitaine n’avait pas fait la remarque, aurions-nous seulement remarqué quoique ce soit de différent par rapport aux autres jours ?, se défendit Porthos, avec un regard gêné pour la tête et la queue du convoi.
- J’espère seulement que nous n’assisterons pas à une autre scène ce soir, regretta Aramis en lissant sa moustache, balayant du regard la forêt qu’il s’apprêtait à traverser.

Balloté au rythme de son canasson, Athos baillait aux corneilles lorsque D’Artagnan vint le rejoindre une nouvelle fois. Avec son éternel caractère de bon samaritain, le cadet lui proposa une idée qui, plein de bonnes intentions, causerait encore plus de tord à Athos.
- Nous pourrions demander une pause au capitaine. Nous n’en avons pas encore fait depuis ce matin.
- Nous pourrions. Je crains cependant qu’il ne me jette en bas de mon cheval.
- Il s’est légèrement emporté, c’est vrai, se permit D’Artagnan dans l’optique de défendre leur capitaine. Ton comportement ne lui a pas plu mais ce n’est pas une raison pour camper sur vos positions chacun dans votre coin.

Athos haussa les épaules, visiblement trop fatigué pour entamer une quelconque explication. La situation ne le peinait pas. Il ressentait en revanche un vague sentiment d’inquiétude en constatant l’humeur massacrante de leur supérieur. De quelle nouvelle essayait-il encore de les préserver ? Peut-être se révélait-il seulement maintenant, lunatique et borné. Pouvait-il seulement prétendre le connaître comme il connaissait ses trois autres camarades ?

Soudainement tiré de sa torpeur, Athos se redressa brusquement. Réalisant qu’il s’était écarté du reste de la troupe de plusieurs mètres, il stoppa néanmoins sa monture. Etonnés, les mousquetaires se tournèrent vers lui. En quelques pas de trot, Treville les rejoignit :
- Qu’est-ce-

Athos lui fit signe de se taire, l’oreille tendue en direction de la forêt. Un sifflement assourdissant l’hébéta aussitôt, soulevant à proximité des sabots un nuage de poussières et de feuilles. Un coup de feu.

---

- A couvert !, hurla aussitôt Treville, débarquant de sa monture pour sauter dans l'un des fossés qui bordaient la route. A ses côtés, Aramis chargea son pistolet. Plusieurs autres tirs éclatèrent l’écorce des arbres aux alentours.

Conscients que la brève accalmie de quelques secondes qu’ils connurent ne signalait nullement la fin de l’attaque, Porthos et Athos dégainèrent leur épée, dévalant la butte sur laquelle ils s’étaient réfugiés pour rejoindre un endroit avec une meilleure visibilité.

- Attention !

L’avertissement de D’Artagnan permit à Athos d’esquiver de justesse un coup de dague, asséné par un homme réfugié derrière l’un des buissons. Transperçant la gorge de l’assaillant avec sa rapière, il réalisa bientôt que quatre autres personnes avaient surgis d’il ne savait où pour s’en prendre à ses comparses.

Evitant le tir d’un mousquet, Porthos attrapa l’auteur du coup de feu par la tête, l’envoyant valser par-dessus les arbustes. Pris d’assaut, il se dégagea de la prise de son adversaire mais heurta le tronc de l’un des arbres. Touché à l’épaule, il parvint néanmoins à se défaire de l’indélicat, l’assommant d’un coup de poing habile et l’envoyant aux pieds d’Aramis qui l’acheva d’un coup d’épée.

Athos, de son côté, reprenait son souffle à l’issue d’un duel musclé, remporté de justesse. Désorienté, il ne vit rien du cinquième bandit, littéralement sorti de nulle part, qui se jeta sur lui, manquant de justesse de lui asséner un coup fatal. Désarmé dans l’assaut, il s’élança pour récupérer sa lame. Couché sur le sol, il jeta une poignée de terre en direction de l’attaquant. Celui-ci, brièvement aveuglé, parvint malgré tout à prendre le mousquetaire de vitesse, s’emparant le premier de la lame abandonnée.

Alors que sa propre rapière s’abattait sur lui, Athos entraperçut l’ombre de l’un de ses camarades, surgissant dans son dos pour en découdre avec son agresseur. Ecartant la lame de quelques mouvements hargneux, Treville n’eut d’autres choix pour contrer la deuxième épée que de saisir la lame à main nue.

Cherchant à dégager son arme des moins jointes du capitaine, le bandit n’eut pas le réflexe d’éviter le tir d’Athos qui avait profité de la diversion pour charger son mousquet. L’homme s’écroula finalement, une plaie béante au visage.

Secoué, Athos se releva sans l’aide d’un seul de ses camarades et ramassa son bien, tâché de sang. Sans une parole, il enleva le foulard qu’il portait autour du cou et le tendit au capitaine. Celui-ci fit plusieurs fois le tour de sa main blessée, refusant l’intervention d’Aramis.

- Cela nécessite sûrement quelques points de suture-
- Occupe-toi plutôt de Porthos. D’Artagnan, Athos, retrouvez les chevaux.

Assis contre l’un des arbres, Porthos geignait, une main plaquée sur son bras gauche. Le colosse ne fit pas l’injure de prétendre que tout allait bien : son épaule le faisait horriblement souffrir. Aramis lui confirma ses craintes : l’articulation était déboitée, nécessitant d’être rapidement remise en place. A l’écoute du diagnostic, Porthos tourna pratiquement de l’œil :
- Tu ne sentiras pratiquement rien.
- Ca fait un mal de chien.

Nettoyant grossièrement une branche trouvée sur le sol, Aramis lui tendit avec une moue désolée, s’excusant pour ce qu’il s’apprêtait à faire :
- Serre les dents.

L’astuce ne suffit pas à empêcher le mousquetaire de jurer. Pris d’un soudain malaise, Porthos eut besoin de quelques instants pour reprendre ses esprits, invectivant néanmoins son plus cher camarade :
- Tu ne sentiras pratiquement rien ?! Charlatan !

Ignorant les paroles de son amant, dictées par la douleur, Aramis lui fabriqua une attelle sommaire à l’aide d’une branche et de quelques bouts d’étoffe glanés sur leurs tenues.
La situation ne fit que s’aggraver au retour d’Athos et D’Artagnan, obligés d’annoncer la disparition d’une jument et la mort d’une autre monture, touchée par l’un des tirs. Lorsque l’un d’entre eux souleva la question des bijoux, Athos se dirigea vers l’un des buissons en bord de route et en extirpa la sacoche boueuse qui contenait les précieux cadeaux depuis le début du trajet.

- Ils n’ont au moins pas eu le temps de mettre la main dessus, nota Porthos qui cherchait à se relever à l’aide d’un seul bras. Aramis lui vint en aide, passant un bras sous l’aisselle de son ami. Lucide, il fut le premier à envisager la suite de la journée, prêt à en découvre avec Treville s’il le fallait :
- Nous ne pouvons pas nous permettre de continuer notre route avec deux blessés et sans chevaux. Porthos est incapable de monter seul. Vous non plus. Nous partagerons un cheval à deux jusqu’à la prochaine ville.

Athos acquiesça, convaincu de la nécessité d’une étape, et chercha l’approbation de leur capitaine, resté en retrait. Blafard, il comprimait sa blessure à l’aide de sa main la moins atteinte. Le foulard grisâtre avait d’ors et déjà pris une teinte écarlate.
- Je pense que c’est la meilleure chose à faire, effectivement.

Rejoignant l’une des montures survivantes, il s’apprêtait à empoigner l’avant de la selle lorsqu’Athos s’agenouilla à ses côtés, proposant ses mains pour lui faire la courte échelle. Il s’exécuta sans enthousiasme et s’écarta pour laisser son subordonné s’installer devant lui.
- Cramponnez-vous.
- Avec quelles mains ? Je ne suis pas une foutue princesse.

Dos à lui, Treville ne le vit pas rouler des yeux en direction de D’Artagnan, seul cavalier solo de la bande. S’élançant sur quelques mètres, le convoi adopta un rythme modéré, ménageant les montures qui aspiraient sûrement autant que leurs propriétaires à un peu de repos.

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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 01 Mar 2015 22:38 
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Je ne sais jamais quoi te mettre comme review parce qu'à chaque fois, ou presque, que je lis une de tes fics, je souris bêtement tellement c'est bien. :D

Bon, j'ai hâte de voir comment le rapprochement entre Athos et Treville va s'effectuer.

:suite:


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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 04 Mar 2015 16:06 
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Pour le rapprochement, il faudra encore patienter un peu! :D Merci de ton commentaire, cela me fait sourire à mon tour!

****

Inconfortablement installé sur le rebord de la selle, balloté de droite à gauche au rythme du galop, Tréville dût se résoudre à assurer son équilibre pour éviter la chute. Le cœur battant dans ses mains ensanglantées, l’idée de s’accrocher à la tunique crasseuse du mousquetaire était inconcevable. Contrarié, il passa les bras autour de la taille d’Athos, resserrant son étreinte au niveau de ses coudes pour préserver ses blessures. Surpris, le jeune homme n’épargna pas son capitaine :
- Mon odeur de bouc ne vous dérange pas trop ?
- Elle est encore pire que ce matin.

Bien que cette réponse n’ait aucunement l’intention d’être drôle, Athos éclata de rire. La fatigue et l’adrénaline avaient eu raison de lui. Cela eu au moins la conséquence heureuse de surprendre le capitaine.

Bercé par le trot régulier de la monture, Porthos s’était assoupi, le visage enfoui dans les cheveux de son binôme. Somnolant, il s’éveillait parfois, profitant de cette proximité bénie pour embrasser la nuque d’Aramis, pris de frissons.
- Courage. Nous y serons bientôt.
- Je suis désolé de m’être emporté tout à l’heure.
- Ne t’en fais pas. Je sais que tu n’en pensais pas un seul mot.

A quelques centaines de mètre d’eux, l’agitation et les lumières d’une auberge devenaient visibles. Athos aida Treville à descendre. Celui-ci, éprouvé, chuta et se rattrapa dans les bras de son mousquetaire qu’il repoussa rapidement.
- Vous êtes sûr que ça va ?
- Aide plutôt D’Artagnan avec les chevaux au lieu de rester planter là comme un imbécile.

Athos souffla, rejoignant sèchement les écuries sans jeter un seul coup d’œil à son capitaine. D’Artagnan l’accueillit avec une brève tape sur l’épaule, le délaissant finalement pour appeler le garçon d’écurie. Les chevaux parqués dans les boxes, les deux hommes rejoignirent la taverne, les visages sombres.
- A croire que ces charognards flairent l’odeur des bijoux ou de l’argent, pesta D’Artagnan, les cheveux remplis de brindilles. Athos ? Si je peux me permettre-

L’homme s’arrêta devant la porte de l’établissement, les sourcils froncés. Il attendit patiemment que le cadet crache le morceau.
- Vous devriez discuter. Vous ne pouvez pas continuer à couteaux tirés jusqu’à la fin du voyage.
- Il est plus têtu qu’une mule, et je ne suis ni patient ni sociable.

D’Artagnan se permit un sourire en coin, reconnaissant la justesse de cette description.
- Il n’y a pas à dire, tu sais te vendre.

---

Rassemblés dans l’unique chambre, les mousquetaires s’affairaient chacun de leurs côtés. Soutenu par Athos et Aramis, Porthos s’efforçait de s’installer confortablement dans l’un des lits. L’ancien comte en profita pour interroger l’Espagnol sur les blessures du capitaine.

- Elles sont profondes mais si je les suture, j’ai peur qu’il perde en mobilité. Il faudrait les nettoyer mais il m’a dit qu’il s’en chargerait lui-même. Je ne suis pas certain qu’il le fasse.

A l’autre bout de la pièce, Treville astiquait les armes en compagnie de D’Artagnan. Celui-ci suivait étape par étape les quelques conseils prodigués par son mentor, démontant l’un des mousquets pièce par pièce.
- Si tu nettoies et que tu remontes simplement une arme à feu qui a été souillée, elle risque de s’enrayer.
- Je ne vais quand même pas la jeter ?, regretta D’Artagnan face à son pistolet tâché de boue.
- Non. Graisse le canon, ça empêchera l’humidité de ruiner la poudre.

De son côté, le capitaine frottait maladroitement l’une des rapières tâchées de sang à l’aide d’un vieux chiffon. Ses mains bandées limitaient la précision de ses gestes. Il releva finalement les yeux en voyant Athos s’approcher, une bouteille d’alcool et un bol en fer dans la main. D’Artagnan insulta mentalement son camarade, choqué de le voir provoquer de la sorte leur capitaine. La suite des évènements le laissa bouche bée.

Prenant place sur un tabouret face à Treville, il posa le bol sur ses genoux.

- Donnez-moi votre main.

Surpris, le capitaine ne bougea pas d’un cil. S’impatientant, Athos la lui saisit, défit lentement le pansement imbibé de sang séché. La plaie était vilaine. A hauteur des phalanges, il s’en fallait de peu pour que les os ne soient apparents.

Ecartant délicatement les bords de la blessure, Athos porta la bouteille d’alcool à sa bouche, mordit dans le bouchon en liège et le recracha. Le regard dur, il fixa son capitaine tout en versant le liquide sur la main lésée :
- Cela risque de piquer un peu.

La brûlure devait être atroce. Treville aurait cependant sûrement préféré mourir sur place que d’afficher la moindre faiblesse. L’un comme l’autre semblait prêt à en venir aux mains à chaque instant. Le blessé se laissait pourtant manipuler sans le moindre commentaire. L’apprenti infirmier, appliqué, s’efforçait d’être le plus délicat possible. Etrange spectacle, reconnut D’Artagnan en les observant.

Athos termina les soins en épongeant la main avec un mouchoir propre. Il déchira ensuite un morceau d’étoffe pour panser la main. Treville la ramena précipitamment contre lui, acquiesçant en guise de remerciements.

- De rien, grommela l’ancien Comte en avalant le fond de la bouteille d’eau-de-vie sous les yeux noirs de D’Artagnan. Je pense qu’il est l’heure de dîner.

---

Les mousquetaires ne s’étaient pas attardés à table, épuisés par les évènements de la journée. Les ronflements de Porthos faisaient d’ors et déjà trembler les murs de la chambre.

Assis sur le lit qui faisait face à la porte, Athos se débarrassait de sa tunique et de ses bottes. D’un œil, il surveillait Treville qui furetait à travers la pièce. Inquiet, le capitaine vérifiait méthodiquement chacune des serrures, des fenêtres de la chambre.
Lorsque l’inspection prit fin, il s’empara d’un tabouret et le traîna dans le couloir, s’installant à l’entrée de la chambre occupée par les mousquetaires.

Pieds nus, Athos se traîna jusqu’à l’emplacement choisi par son supérieur :
- Je prends la première moitié de nuit, D’Artagnan suivra.
- Dors. Nous partirons à la première heure demain.

Le mousquetaire lâcha un soupir exaspéré, conscient qu’il perdait son temps. Planté au milieu du couloir, glacé par les courants d’air, Athos s’autorisa enfin à parler ouvertement, sans provocation ni condescendance.
- Je ne vous ai pas remercié. De m’avoir sauvé la vie.
- Tu n’as pas à me remercier.

L’ancien comte se permit un léger sourire. Une intuition lui avait déjà soufflé la réponse de son mentor.
- Je sais que mon comportement vous a fortement déplu, mais je sais aussi que vous êtes préoccupé.
- Echapper de peu à une embuscade fait effectivement partie des choses qui me préoccupent.
- J’ai… certaines mauvaises habitudes depuis de nombreuses années. Pourquoi réagir maintenant ?

Si Athos était en prise à une quelconque ivresse, il aurait rapidement repris ses esprits. Ce que Treville lui répondit provoqua chez lui le résultat de cent seaux d’eau glacée :
- Parce que cela m’a toujours déçu. Je suppose que j’ai simplement atteint le point de non-retour.

Il ne l’admettrait jamais publiquement, encore moins devant de son mentor, mais un coup de dague aurait été plus doux que l’idée d’être une déception pour lui. Athos releva les yeux sur lui, s’efforçant de paraître le plus neutre possible. Treville soupira bruyamment et prit un ton beaucoup moins sec que précédemment :
- Je ressens le contrecoup de la journée.
- Laissez-moi prendre votre place. Reposez-vous.

Le capitaine refusa d’un geste de la tête et changea de sujet.
- Très bon réflexe que de cacher les bijoux dans les buissons.
- Pas tant que ça. Si j’étais mort, vous auriez pu chercher longtemps.
- Dieu merci, ce n’est pas le cas.

Athos s’apprêtait à regagner la chambre lorsqu’il entendit une dernière mise-en-garde :
- J’aimerais juste que mes efforts pour sauver ta peau aujourd’hui ne soient pas vains.
- Bonne nuit, Capitaine.

Légèrement soulagé, Athos rejoignit son lit, pile en face de la porte. De là où il était, il pouvait parfaitement voir Treville, les traits tirés, monter la garde. Se sentant épié, le capitaine se retourna vers lui. Ils s’observèrent en chien de faïence jusqu’à ce que le sommeil gagne enfin Athos.

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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 04 Mar 2015 20:17 
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Ah là là, qu'est-ce que j'adore ta façon d'écrire (à quand un roman ? ^^).

La scène où Athos soigne Treville est tout à fait dans le ton de la série (comme tout le reste de ta fic d'ailleurs).

:suite:


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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 10 Mar 2015 23:06 
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Merci pour ton commentaire, cela me touche! J'ai toujours peur d'être OOC :lol:
Pour le roman, ce n'est pas pour demain. J'ai bien tenté d'en écrire par le passé, mais je n'ai jamais tenu jusqu'au bout. :lol:

Voici le chapitre suivant !

---------

Limoges n’était heureusement plus qu’à deux bonnes heures de route. Porthos, l’épaule endolorie, faisait contre mauvaise fortune bon cœur, refusant d’alimenter l’indignation d’Aramis. L’Espagnol avait vivement déconseillé au capitaine de reprendre la route si tôt après l’attaque : ses blessures comme celles du colosse nécessitaient encore du repos.
Treville lui avait littéralement ri au nez.

- Tu te rends compte ? Nous sommes des soldats, pas des femmelettes. Voilà ses mots exacts !, pestait Aramis, outré.
- Femmelette ? Constance l’aurait giflé pour moins que ça, commenta D’Artagnan, habitué aux opinions fermes de sa compagne.
- Il faudrait peut-être que quelqu’un s’y colle, un jour.

Cette dernière phrase émanait d’Athos, légèrement en retrait du convoi. Ressassant depuis son réveil la conversation qu’ils avaient eue la veille, il ne parvenait pas à rayer le mot « déception » de son esprit. Le mousquetaire continuait également de se tourmenter, échafaudant mille et une théories sur les raisons qui rendaient Treville si soupe au lait.
- Il a une épouse ?

La question abrupte de D’Artagnan le ramena à la réalité. Songeur, il haussa les épaules :
- En douze ans, je ne l’ai jamais vu en galante compagnie, répondit Aramis en fouillant sa mémoire.
- Depuis quand est-il capitaine ?
- Environ une quinzaine d’année, je dirais.

Athos avait donné cette estimation sans grande conviction. Que savait-il réellement de la vie personnelle du capitaine ? Peu de choses. Il n’éprouvait cependant aucune difficulté à l’imaginer à la tête d’une famille de quelques enfants.
- C’est quoi son prénom, d’ailleurs ?, s’étonna D’Artagnan, chevauchant à présent aux côtés d’Athos.
- Jean-Armand. Je l’ai lu, une fois, sur une lettre.

A quelques mètres d’eux, Treville se tenait, raide comme un piquet sur sa jument. Ses mains blessées étaient soigneusement protégées par de vieux gants, trop grands, prêtés par Porthos. Le colosse n’était définitivement pas rancunier.
- En réalité, j’ai l’impression qu’il a toujours été là sans que nous ne nous intéressions vraiment à lui, commenta Athos. Il doit avoir quoi ? Quarante, quarante-cinq ans ? Il est peut-être même grand-père.

A son tour, D’Artagnan semblait pensif. Athos le lui fit remarquer et s’enquit de la raison de cet air soucieux qui accablait parfois le cadet de la troupe.
- Je pensais à Constance. Lorsqu’elle ne m’accompagne pas, j’ai toujours un peu l’esprit à Paris.
- Si je peux me permettre-

Athos considéra d’un œil bienveillant le jeune homme. Aucune cachotterie ne subsistait jamais longtemps entre eux. Peines de cœur, mauvaises nouvelles, dettes de jeu. Leur sixième sens ne faillait jamais lorsqu’il s’agissait de flairer les inquiétudes de l’un d’eux.
- Constance porte votre enfant, n’est-ce pas ?

Les joues du cadet s’empourprèrent. Cette réaction provoqua un éclat de rire chez l’ancien comte.
- Je sais que les enfants ne poussent pas dans les choux. Il n’y a pas de quoi être embarrassé.
- J’attendais notre retour à Paris pour l’annoncer. Je ne comptais pas en faire un secret indéfiniment.
- Toutes mes félicitations, mon cher, insista Athos avec un sourire sincère.

Le sommet de la cathédrale de Limoges devenait visible au loin. Ils seraient bientôt débarrassés de ces bagues et colliers maudits. Cette idée relança le convoi à beau rythme, rendant du baume-au-cœur aux mousquetaires éreintés.

----

Ces mêmes mousquetaires avaient éprouvés un soulagement infini lorsque le capitaine arrêta net sa monture devant l’une des auberges locales. Légèrement plus guindée que celles qu’ils visitaient d’ordinaire, elle proposait des chambres au lieu de simples dortoirs, et la propreté semblait pour une fois au rendez-vous. Autrement dit, elle était impayable.

- Quatre chambres, demanda Treville, la main sur sa bourse.
- Il ne nous reste que trois chambres libres, Monsieur.
- Trois, dans ce cas, répondit le capitaine en déposant une poignée de pièces dans la main de la tenancière. Nous avons tous besoin de repos.
- Vous n’aviez pas à payer pour nous, le reprit Porthos, dépité.
- Vous l’avez bien mérité.

Les mousquetaires se répartirent les chambres, D’Artagan et Athos dans l’une, Aramis et Porthos dans l’autre. Le capitaine prit logiquement la troisième, voisine des autres. Sur le pas de sa porte, il surprit une conversation entre Athos et D’Artagnan qui le fit sourire.
- Il souhaitait sûrement se racheter pour son comportement depuis Paris, non ?
- Peu importe le motif, c’est attentionné de sa part, répondit Athos.

Rangeant diverses affaires dans les placards, Athos et D’Artagnan couvrirent un temps le bruit de leurs conversations. Treville, loin d’être gêné d’écouter aux portes, s’empêcha de rire en entendant le ton préoccupé de D’Artagnan.
- Pourquoi a-t-il demandé quatre chambres et pas cinq ? Tu penses qu’il sait pour-
- Je ne pense pas. Peut-être. Qui sait ce qu’il sait vraiment, après tout.

L’occasion tombait à point nommé. Entrant dans la chambre en tapotant sur la porte pour annoncer son arrivée, le capitaine dévisagea ses deux mousquetaires :
- J’ai entendu des bruits étranges en passant devant la chambre d’Aramis et Porthos. Si l’un d’entre vous pouvait s’assurer qu’ils ne se battent pas ou, au moins, n’endommagent pas le mobilier… J’ai payé pour vos chambres mais je ne paierai pas les réparations.

Les deux hommes se regardèrent, incertains de la conduite à adopter.
- Je pense- Porthos bouge énormément en dormant, non ?, avança D’Artagnan en cherchant un quelconque soutien chez son camarade.

Athos, lui, fit signe à Treville de fermer la porte de la chambre derrière lui :
- Ils sont un peu plus que de simples frères d’armes. Si vous me comprenez.
- Je comprends tout-à-fait. Mais quoiqu’il en soit, je ne paierai pas pour leurs dégâts.

D’Artagnan semblait pétrifié sur place, écarquillant les yeux en dévisageant Athos. Quelle mouche l’avait piqué ?, songea-t-il. Cette confidence, tombée dans une oreille malintentionnée, aurait pu nouer une corde autour du cou d’Aramis et Porthos.

Treville s’était cependant éclipsé sans un seul commentaire menaçant ou désobligeant. Le capitaine était certes un homme bon mais rien ne les assurait qu’il ferait preuve d’autant de compréhension vis-à-vis de ce qui était toujours considéré comme un crime.

- Je pense que le choix de quatre chambres au lieu de cinq n’était pas aussi innocent que nous ne le pensions, commenta Athos en se rafraîchissant pour le dîner. Je suppose que certaines choses n’échappent pas à un homme de son âge.

---

Lorsqu’ils descendirent dans la taverne, Treville les attendait déjà sur l’une des tables les plus en retrait, un pichet de vin et cinq gobelets en fer posés devant lui. Vagabondant dans ses pensées, Treville lissait sa moustache entre son index et son pouce. Il reconnecta enfin avec la réalité lorsque les deux mousquetaires s’installèrent devant lui. Athos excusa ses deux autres camarades :
- Aramis et Porthos se reposent. Son épaule le fait toujours souffrir.

Treville dissimula assez mal son sourire derrière sa manche :
- Ce que nous ignorons ne peut pas nous faire de tord.
La jeune serveuse interrompit leur conversation en venant déposer une volaille rôtie sur leur table. Elle resservit la coupe d’Athos en lui tremblant légèrement. Treville éclata de rire :
- Je pense que ton apparence de vagabond impressionne la jeune fille.

Les dents plantées dans une cuisse de poulet, D’Artagnan suivit le capitaine :
- Tu dois mourir de chaud avec une barbe pareille. J’ai un rasoir avec moi, si tu le souhaites.
- Sommes-nous ici pour discuter de mon apparence ou pour profiter d’un vrai bon repas avant notre retour à la caserne ?

Treville leva les yeux au ciel.
- Une bonne potée de choux en plein été, il n’y a rien de tel, pas vrai ?, commenta Athos, déridé par l’ambiance bon-enfant qui régnait autour de la table. Tu ne sais pas à quoi tu échappes, D’Artagnan.
- Oh, si vous saviez- Constance n’est pas réellement une très bonne cuisinière mais bon… L’intention est là.

Ils éclatèrent de rire en sauçant le plat, se réservant généreusement en vin. Athos, qui ne donnait pourtant pas sa part au chien, remarqua que Treville vidait sa coupe à une vitesse inhabituelle.

Profitant d’un silence dans leurs conversations, le capitaine embraya sur ce qu’il souhaitait aborder depuis le début du repas.
- Je vous ai entendu discuter à mon sujet tout à l’heure.

Les deux mousquetaires se sentirent subitement bien mal à l’aise.
- Je n’ai ni femme ni enfant. J’avais, mais je n’ai plus.

Athos aurait préféré être subitement aspiré loin de cette table. Il ne s’était jamais senti à l’aise face à de telles histoires délicates. Réaction injuste mais compréhensible d’un homme qui avait lui-même connu trop de drames.

Heureusement pour lui, D’Artagnan arborait son éternel air de chien battu, compatissant, détournant l’attention de son brusque trouble. Le pauvre garçon se sentait probablement coupable de s’être enquit de la vie privée de son capitaine et d’avoir été surpris.
- Elle s’appelait Louise. Elle était la deuxième fille d’un ami de mon père. Il s’agissait d’un mariage de convenance mais notre union était heureuse. Elle est morte en couche. L’un des garçons était mort-né. Le deuxième l’a suivi quelques heures plus tard. Nous avions vingt-et-un ans.

Athos releva la tête, atterré de découvrir que la réalité était encore plus triste que ce qu’il avait envisagé jusqu’ici. D’Artagnan, blafard, restait silencieux. Contrarié de l’apitoiement qu’il suscitait, Treville ressentit le besoin de mettre immédiatement les choses au clair :
- Je suis un vieil homme avec de vieilles histoires. Je ne veux pas de votre pitié. En revanche, je reprendrai bien un peu de vin.

Athos s’exécuta, remplissant généreusement la coupe du capitaine sous ses yeux désapprobateurs.
- Dites-vous que c’est autant que je ne boirai pas, lui fit remarquer le jeune homme, pragmatique.

Satisfait, Treville prit une gorgée du vin et poursuivit son récit.
- Je n’ai pas souhaité me remarier. J’ai abandonné ma vie en province pour rejoindre l’infanterie. J’ai enchaîné les campagnes jusqu’à La Rochelle qui a bien failli être la dernière. Le Roi m’a proposé quelques terres et un titre en contrepartie de mes services. Le seul honneur dont j’ai bien voulu est cette nomination à la tête des mousquetaires.

Piqué de curiosité, Athos se permit une question indiscrète. Nullement offusqué, Treville lui répondit honnêtement.
- Vous ne l’avez jamais regretté ?
- Regretter quoi ? Mes parents morts, personne ne m’attendait plus en province. La caserne et la cour me sont moins étrangères que les terres familiales.

D’Artagnan, visiblement peu dans son assiette, présenta ses excuses à ses camarades et rejoignit sa chambre. Inquiet, Treville s’enquit de son état auprès d’Athos.
- J’espère ne pas l’avoir ennuyé avec mes vieilles histoires.
- Au contraire. De vous à moi, Constance est enceinte. Je pense que votre histoire l’a particulièrement touché.
- Il ne devrait pas s’inquiéter. Les femmes font des enfants depuis la nuit des temps, cela se passe bien dans la majorité des cas. Je suis sincèrement heureux pour eux.
- Nous n’en attendions pas moins de vous.

En silence, ils terminèrent ensemble la bouteille de vin. Pour la première fois du séjour, le capitaine ne lui fit aucune remarque sur sa consommation. Sans être saoul, Athos se sentait détendu.

Lorsque vint l’heure de rejoindre les chambres, Treville l’interpella :
- Laisse donc D’Artagnan dormir. Mon lit est suffisamment grand.
- Je ne voudrais pas vous déranger, tempéra Athos, la main toujours posée sur la poignée de porte.
- Je ne te le proposerais pas si c’était le cas.

Esseulé en compagnie de Treville dans cette chambre beaucoup plus spacieuse que son propre domicile à Paris, Athos tournait en rond autour du lit. Attendant une phrase, un signal, il s’efforçait de paraître détendu en dépit des conversations de la soirée.
- Pour Porthos et Aramis-
- Je n’en parlerai bien entendu à personne. Je ne suis pas familier de ces choses mais je ne suis pas outré pour autant.

Athos n’avait jamais douté de la fiabilité de leur mentor. Mais un secret aussi délicat méritait quelques précautions supplémentaires. Treville se permit d’expliciter sa pensée :
- Ils sont chanceux. Tout le monde ne peut pas prétendre avoir trouvé la personne avec laquelle partager le reste de son existence. Alors peu importe s’il s’agit d’un homme ou d’une femme.

Athos se sentit sur la même longueur d’ondes que lui.
- Aramis n’a jamais privilégié les histoires faciles. Quant à Porthos, c’est un vrai romantique.
Les deux hommes éclatèrent de rire. Embrayant sur un autre sujet, le jeune homme s’enquit de l’état de forme du propriétaire de la chambre :
- Comment va votre main ?

Le capitaine le regarda, étonné, avant de baisser les yeux sur sa paume, toujours soigneusement bandée. Il haussa les épaules :
- Bien, je suppose. Je n’ai pas regardé.
- C’était très courageux de votre part. Je veux dire- Saisir une épée à main nue…
- Si j’avais dû la prendre dans le ventre, je l’aurais tout de même fait.

La chemise passée par-dessus sa tête, les bras emmêlés dans les manches bouffantes du vêtement, Athos fit mine de se débattre pour se ménager un temps de réflexion.
- Heureusement pour nous, vous n’avez pas dû le faire.

Légèrement voûté, débarrassé de ses atours de capitaine, Treville lui semblait bien las et fatigué. La suite de ses propos ne le fit guère changer d’avis :
- Bon Dieu… Si tu partais avant moi, cela me tuerait.

Prêt à se mettre au lit, Athos releva brusquement la tête. Le capitaine le considérait d’un œil sévère, s’attendant visiblement à une quelconque réaction de sa part. Peu loquace, il se contenta d’un simple remerciement. Réponse qui convainquit moyennement Treville, subitement renfrogné.

- Je suppose qu’un jour… Tu comprendras que j’aspirais à d’autres choses que de te voir mourir d’une cirrhose avant tes trente-cinq ans.
- Je suis flatté d’entendre que vous aviez des projets pour moi. Je suis cependant désolé de vous apprendre que je déçois régulièrement les gens.

Athos entendit son capitaine s’asseoir sur le rebord du lit, souffler sur la bougie qui les éclairait jusqu’ici. Il devina les bruissements d’une chemise qu’on enlève avant que la couverture ne se rebatte sur lui et son camarade de chambrée. Entièrement plongés dans l’obscurité, les langues se délièrent.
- J’ai ce problème depuis très longtemps, commenta Athos en songeant à son alcoolisme. Je pourrais vous dire que si vous aviez vécu ce que j’ai vécu, vous comprendriez mais- Nous nous ressemblons plus que je ne l’aurais cru.

Le mousquetaire se mordit l’intérieur des joues. Était-ce réellement quelque chose à dire à un veuf, père de deux enfants mort-né ? Lui comme le capitaine avait abandonné titres, fortunes, routines pour une vie précaire, loin de leurs familles. Treville, dans un de ses rares moments de délicatesse, ne le reprit pas.
- Certaines choses ne peuvent vous rendre que craintif, insensible ou solitaire, avança simplement le capitaine sans nommer les évènements dramatiques de sa vie.
- Je pense que je suis devenu une combinaison des trois. A des degrés divers, répondit Athos, approuvant la vision de son mentor.
- Tu as encore le temps de changer. Ce n’est malheureusement pas mon cas.

Somnolant, l’esprit légèrement embué par la fatigue et le vin, Athos se fendit d’un sourire :
- Le capitaine que je connais n’est ni craintif ni insensible.
- Suis-je solitaire ?
- Je l’ignore, admit le mousquetaire que le sommeil gagnait petit à petit.

Ce fut au tour de Treville de rompre le silence.
- Je me souviens d’un garçon, il y a quelques années, qui m’a intrigué. Je ne souhaite que le meilleur à l’homme qu’il est devenu.

Alors qu’il luttait pour comprendre la teneur des propos de son capitaine, Athos sentit une main s’abattre sur ses cheveux, secouant brièvement la tignasse déjà ébouriffée.
- Ne t’avise pas d’être malade dans mon lit. Bonne nuit, Athos.

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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 11 Mar 2015 20:07 
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Je suis fan de cette fic. ^^

J'aime beaucoup la réaction de Treville pour Aramis et Porthos. En même temps, les connaissant, ils ne doivent pas être très discrets lol !

J'adore la discussion entre Athos et Treville. J'ai bien cru qu'Athos allait tout lui raconter pour Milady (peut-être plus tard).

:suite: :suite:


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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 12 Mar 2015 13:46 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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J'aime beaucoup ce début *.* tu retranscrit bien la série, j'aime beaucoup cette facette de Tréville !! :suite: :suite:

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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 15 Mar 2015 22:40 
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Dans ce chapitre, un peu de Porthamis pour satisfaire les fans du couple... J'espère que tu apprécieras, Cybelia! Merci Erwael pour ton commentaire, cela me touche vraiment ! :)

--------------------

Ses jambes emmêlées à d’autres, Aramis se lova contre le colosse qui partageait son lit. L’Espagnol profita de l’insouciance des dernières minutes d’une nuit de repos grandement méritée. Somnolant, Porthos resserra son étreinte, légèrement perturbé par la main qui allait et venait sur son torse.

- Il est l’heure de se lever.
- Pas envie, grogna Porthos, la voix encore ensommeillée
- Treville pourrait débarquer à n’importe quel moment pour nous jeter en bas du lit.

Nus comme des vers, les deux hommes échangèrent un léger rire. Le spectacle pourrait être cocasse, songea le métis en ouvrant les yeux sur Aramis, assis sur le rebord, qui le surplombait. Porthos joua un instant avec le pendentif de pierres précieuses qui pendait au milieu du torse de l’Espagnol, pensif.

- J’espère que notre absence d’hier soir n’a pas éveillé les soupçons du Capitaine.

Aramis secoua la tête :
- Si c’était le cas, Athos et D’Artagnan étaient là pour nous couvrir, n’est-ce pas ? Puis, je pense qu’il a ses propres problèmes pour le distraire de nos petites affaires.
- Quoiqu’il en soit, c’est une délicate intention que d’avoir payé pour nos chambres.

L’Espagnol lui répondit par un sourire. La peau de son compagnon tranchait avec la blancheur des draps, comme un discret rappel du fait qu’ils n’appartenaient pas à la catégorie de personnes qui occupaient en autre temps ce lit. Heureusement pour eux, ils en avaient profités plus que de raison.

Le regard grave, Aramis examina l’ecchymose impressionnante qui couvrait les deux-tiers du biceps de Porthos.
- Il faudrait mettre une bouillotte sur ta blessure.

Le blessé l’empêcha de continuer son inspection en s’emparant de sa main. Il la détourna sous les couvertures avec un air grivois qui enchanta Aramis.
- Ce n’est pas mon épaule qui réclame tes soins, là, tout de suite.

--------

Ajustant ses gants dans le couloir qui desservait les différentes chambres, Treville croisa D’Artagnan, plus fringuant que lors de leur dernière conversation. Celui-ci inclina respectueusement la tête avant de se montrer beaucoup plus maladroit :

- Hm. Capitaine, ma question peut paraître étrange, mais auriez-vous vu Athos ?
- Il termine de s’habiller. Il a dormi dans ma chambre.

D’Artagnan, étrangement, semblait bien embêté.
- J’espère que la nuit s’est bien déroulée-
- Le vin a été équitablement partagé hier soir. Il ronfle un peu. Sûrement moins que moi, de toute façon, commenta Treville, décidément de bonne humeur. Vous ne devriez pas vous en faire de la sorte, vous n’êtes pas sa nourrice. Il a découché, tout s’est bien passé. Il est adulte après tout.
- Avec mon respect, ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas besoin de quelqu’un pour veiller sur lui, Capitaine.

Derrière eux, Athos était apparu dans l’encadrement de la porte. Les joues fraîchement rasées, sa barbe se limitait maintenant à un fin collier et à son éternelle moustache. Il paraissait au moins cinq ans plus jeune.

- Parfois, j’écoute les conseils que l’on me donne, commenta simplement le mousquetaire en se confrontant aux regards amusés de ses camarades. Les autres sont déjà en bas ?

Un cri étouffé provenant de la chambre voisine lui répondit par la négative. Les sourcils froncés, Treville secoua la tête en soufflant. D’Artagnan, lui, était visiblement bien mal à l’aise. Et si d’autres personnes qu’eux les surprenaient ? Aramis et Porthos étaient beaucoup trop inconscients à ses yeux.

Décidé à prendre les choses en mains, Athos tambourina à leurs portes :
- Dois-je aller chercher un seau d’eau froide ? Merci de précipiter vos affaires, nous n’attendons plus que vous !

Une voix étouffée, celle d’Aramis, lui répondit qu’ils seraient prêts dans moins de cinq minutes. Impressionnés par les talents de persuasion de son subordonné, Treville inclina brièvement sa tête :
- Ton autorité sur ces deux là me laisse admiratif. Mes respects.

En parfait chef de meute, Athos haussa les épaules et descendit, chancelant, les marches qui menaient à la taverne. Bientôt, les cheveux ébouriffés et les yeux brillants, Aramis et Porthos apparurent, rouges de honte.

----------

Avançant au pas, côte à côte, Porthos et Treville profitaient du peu d’ombre qu’offraient les arbres qui bordaient cette route de campagne. Pestant contre la chaleur ambiante, le mousquetaire admettait supporter assez difficilement cette période de canicule.

- Comment se porte ton épaule ?
- Beaucoup mieux. Heureusement qu’Aramis est maître dans l’art de remettre les articulations en place.
- Ce n’est sûrement pas le seul domaine dans lequel il est expert, ajouta Treville sur un ton plaisantin. Oh, ne sois pas gêné. J’ai été soldat de longues années. J’ai appris à avoir une vue et une ouïe sélective pendant les longues campagnes.

Derrière eux, un Aramis hilare ne perdit pas un seul mot de la conversation de son amant et de son capitaine. D’Artagnan avait également perdu son humeur sérieuse du matin, cédant à la bonne humeur générale :
- Vous n’auriez pas autant rigolé si Athos vous avait bel et bien jeté le seau d’eau froide-
- Il n’a pas l’air dans son assiette, notre cher Athos ?
- Il a passé une nuit effroyable. Le Capitaine ronfle, parle et remue sans cesse quand il dort, m’a-t-il dit.
- Pauvre garçon.

En une fraction de secondes, les hommes se turent, tournant leurs yeux vers Treville et sa jument, arrêtés net au milieu du chemin. La tête tournée vers la forêt voisine, il fronça les sourcils. Moins qu’un bruit, plus qu’une sensation, quelque chose attirait visiblement l’attention et la méfiance du Capitaine.

Un craquement, sûrement d’une branche, peut-être d’un mousquet qu’on armait, mit le feu aux poudres. Leur ordonnant de se mettre à couvert, Treville s’élança entre les peupliers. Furieux, Athos le suivit au galop, jetant un coup d’œil vers le trio qui se réfugiait sur le bas-côté de la route, pistolet au poing.

Le visage fouetté par les branches, Athos s’efforça de ne pas perdre de vue son Capitaine, le suivant pendant quelques centaines de mètres avant de s’arrêter net. Acculés, dos à dos, ils vérifièrent méthodiquement les lieux, craignant une embuscade. Celle-ci ne vint jamais. Essoufflés, ils eurent besoin de quelques secondes pour reprendre leurs esprits.

Athos, lui, sauta précipitamment en bas de son cheval. S’approchant de la monture de Treville, il lui ôta le pied de l’étrier et l’attrapa, le projetant violemment en bas. La chute amortie par l’épais tapis de feuilles mortes, Treville se releva aussitôt, s’avançant de façon menaçante vers son mousquetaire.
- Qu’est-ce qui te prend ? Tu as pris une branche dans la tête ou bien- ?

Rouge de colère, Athos écarta les bras qui s’apprêtaient à le saisir :
- Plusieurs, même ! Pendant que je courais après vous ! Quelle mouche vous a piqué ?
- Je n’allais pas rester planqué dans un buisson en attendant qu’on nous tombe dessus une nouvelle fois !
- Donc, vous vous êtes dit qu’il serait plus malin de partir en solitaire vous faire canarder en plein bois ! Quelle bravoure, quelle intelligence !

L’ironie mordante d’Athos ne reflétait que modestement l’état d’énervement dans lequel il se trouvait. Treville n’était pas plus calme, s’agitant comme un lion en cage :
- Je préfère mourir de cette manière que dans un caniveau, l’haleine fétide d’alcool !
- Ce n’est pas brave, c’est même tout aussi stupide.
- Soit ! Le résultat serait le même, et j’en serais soulagé !
- Qu’est-ce qui peut bien se tramer dans notre dos pour que vous sortiez des âneries pareilles ?

Les propos de Treville lui semblaient tour à tour surréalistes et parfois totalement incohérents. Il s’agissait visiblement d’une facette que son mousquetaire ne lui connaissait pas.
- Je ne suis qu’un tas de vieux os qui retournera bientôt à la poussière. Et le plus tôt sera définitivement le mieux !

Athos se blâma bientôt de son innocence. Il aurait dû mentalement – et physiquement – se préparer aux répercussions de la phrase sensible qu’il s’apprêtait à lâcher. Le choc n’en fut que plus grand.

- Vieillir est un privilège. La vie l’a refusé à votre femme, vous pourriez au moins l’honorer en évitant de vous empaler sur le premier ennemi venu !

Le coup de poing qu’il reçut à hauteur de la mâchoire fut bientôt suivi d’une gifle qui le projeta à terre. La main serrée sur le col du jeune homme, Treville fulminait à quelques centimètres de son visage :
- Tu ferais mieux de fermer ta gueule d’aristocrate alcoolique-

Parvenant à se redresser, Athos surprit son capitaine en le plaquant contre l’un des arbres. La joue tuméfiée, le regard noir, il ne restait plus rien de l’homme courtois que pouvait être l’ancien Comte. Invectivant Treville, il l’écrasa littéralement contre le tronc :
- C’est donc ça ? Une dernière petite mission en notre compagnie, une tournée d’adieux avec le seul objectif de vous faire tuer ? Quitter ce monde en étant le brave Capitaine Treville-
- J’aimerais partir avec dignité. Visiblement, cette notion est quelque chose qui t’échappe, lui répliqua-t-il avec autant de morgue, la parole entravée par le bras qui lui comprimait la gorge.

Le mousquetaire parvint à le maintenir, sa force décuplée par la colère qui l’animait. De toutes évidences, s’il le relâchait avant qu’il ne soit calmé, il encourrait d’être planté au bout d’une rapière dès qu’il tournerait le dos.
- Je t’ordonne de me lâcher !
- De quel droit ? Un Capitaine qui désire abandonner ses fonctions est-il encore réellement en position de donner des ordres à ses hommes ?

Des bruits de sabots se firent entendre, au loin. Le trio approchait certainement.
- Répondez-moi. Votre intention était-elle réellement de mourir au service du Roi ? Comptiez-vous rentrer à Paris ?
Pour la première fois depuis le début de cette querelle, Treville demeura silencieux. Athos, lui, reprit la parole.
- Vous êtes cruel et égoïste.

Surpris par cette déclaration, le Capitaine cessa aussitôt de batailler. Le mousquetaire ne s’écarta pas de lui pour autant. Ses yeux plantés dans les siens, il lui livra sa vérité crue :
- L’autre nuit, vous prétendiez que vous ne pourriez pas supporter ma disparition. Pensez-vous sérieusement que la réciproque est fausse ? Que cela ne me ferait strictement ni chaud ni froid ?

Ajoutant à sa contrariété, Athos n’obtint aucune réponse de la part de son mentor. Il poursuivit, donc, sur un ton de lassitude.
- Très bien. Dans ce cas, vous êtes un suicidaire doublé d’un parfait imbécile.

Treville le regardait muet, les mâchoires contractés. Son regard devenait fuyant.
- Je vous frapperai bien. Sérieusement. Si cela pouvait au moins vous réveiller-
- Fais-le. Si c’est ça le peu de respect qu’il te reste pour moi-
- Justement. Je vous apprécie beaucoup trop pour faire une chose pareille.

Le capitaine baissa la tête, la reposant contre l’épaule de son subordonné. Athos s’étrangla, craignant qu’il ne pleure silencieusement. Heureusement pour lui, il restait encore un peu de pudeur chez cet homme.

Les voix de leurs trois autres comparses se firent enfin entendre. Athos s’écarta doucement, relâchant son emprise sur Treville. Un sentiment d’épuisement s’était emparé du mousquetaire. Las, il conclut la querelle :
- Si nos conversations de ces derniers jours n’étaient, comme je le crains, rien de plus qu’une entrevue dans le but de vous succéder ... Je vous l’annonce sans détour : je refuse. Allez donc chercher un autre élu pour combler votre lâcheté.

Vexé par ce discours sec, Treville accusait le coup. Les bottes et les tuniques boueuses, les cheveux en bataille et la main de nouveau ensanglantée, Athos le vit tel qu’il se révélait : pathétique. Lorsque Aramis débarqua, en avance sur ses deux compagnons, il s’enquit de l’éventualité d’une attaque ou d’une embuscade. Ce ne fut pas le Capitaine mais bien son second qui lui répondit :
- Fausse alerte. Ce n’était sûrement rien d’autre qu’une belette.

Peu crédule, l’Espagnol jeta un coup d’œil étonné à la mine déconfite de son supérieur puis à la marque de sang qui colorait la joue d’Athos. Quelque chose ne tournait plus rond dans cette équipe.

- Plutôt hargneuse cette belette.

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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 16 Mar 2015 20:36 
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:lol: la dernière réplique !!

Ah, j'ai adoré la scène entre Aramis et Porthos et la façon dont les autres réagissent concernant leur relation.

Bon, ça avance très doucement entre Athos et Treville... j'ai bien cru qu'il allait se passer quelque chose... mais je suppose que tu vas nous faire languir un peu encore. ^^

:suite: :suite:


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 Sujet du message: Re: Dust to dust - Musketeers - PG13 - Athos/Treville, Porth
MessagePosté: 25 Mar 2015 13:49 
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Pas encore atteint(e)... mais presque
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On s'approche tout doucement de la fin, j'ai cependant bien peur que ça n'aille pas encore assez vite à ton goût aujourd'hui, Cybelia! :lol: (Je suis contente que la belette ai eu son petit effet :lol: )

Tout de suite... La suite!

**********

Retardés par les querelles de l’après-midi, à égale distance de deux villes, les mousquetaires avaient dû se résoudre à établir un camp en plein milieu d’une forêt. Septique, Athos aidait néanmoins Porthos à installer un abri de fortune. Quelques branches plantées dans le sol, une vieille toile jetée par-dessus constituait leur unique refuge.

- Espérons qu’un orage ne se déclare pas…, souffla Porthos en jetant un coup d’œil au ciel menaçant.

A quelques mètres d’eux, D’Artagnan s’affairaient avec une bobine de fil. Découpant des segments à l’aide de son couteau, il les nouait ensuite de manière ingénieuse. Treville l’observait discrètement, captivé par les nœuds savants que le jeune homme réalisait.
- Mon père m’a appris à poser des collets. Si nous pouvions attraper au moins un lapin pour le casse-croûte de demain-
- J’ignorais tes talents de braconnage.
- J’avais la chance de vivre dans une ferme et de ne manquer de rien. Mais pour d’autres familles, c’était l’unique manière de mettre un peu de viande sur la table.

Le capitaine oubliait régulièrement que, dans son équipe, gravitait côte à côte d’anciens comtes déchus, des orphelins débrouillards et des fils de paysans. Entre temps, D’Artagnan s’était levé, quatre collets entortillés autour des doigts :
- Je vais aller les poser. Vous m’accompagnez ?

Treville acquiesça, s’éloignant du camp avec le braconnier non sans jeter un bref coup d’œil à Athos. A quatre pattes, ce-dernier préparait maintenant un foyer, entassant des branchages au centre d’un cercle de pierres. Il entendait Aramis et Porthos marmonner, un peu plus loin, depuis cinq bonnes minutes. Lorsqu’ils s’approchèrent de lui, Athos avait d’or et déjà deviné le sujet de cette conversation.

- Athos- Est-ce que nous pouvons espérer quelques explications ?
- Sur quel sujet ?, répliqua hypocritement le principal intéressé.

L’ecchymose sur sa joue ? Il la méritait. Il regrettait cependant de plus en plus de ne pas avoir rendu la pareille à son capitaine. Un coup de poing l’aurait peut-être ramené sur terre ou, en tout cas, lui aurait remis les idées à place.

Ses deux camarades ne lâchaient visiblement pas l’affaire. Athos comprit qu’il ne s’en tirerait pas sans leur donner un os à ronger.
- Treville m’a déçu. Il n’y a pas mort d’homme.

Pas encore, songea-t-il en repensant au discours sombre et défaitiste de leur mentor. Ces déclarations lui revenaient sans cesse en tête, lui laissant une impression confuse d’inquiétude et de regret.

-------------

D’Artagnan et Treville furent bientôt accueillis royalement, rapportant de leur escapade un lièvre et quelques baies. Un repas de disette qui peinerait à remplir les estomacs de cinq soldats.

- Qui s’y colle ?, lança joyeusement D’Artagnan en agitant la pauvre bête.
- C’est bon, je vais le dépiauter. Avec un peu de chance, cela me calmera, commenta simplement Athos en s’emparant du gibier.

De son côté, Aramis empoigna non pas un lapin mais le bras de son capitaine, l’entraînant sous l’abri de fortune sans lui laisser l’occasion de s’y opposer. Examinant sommairement la main – qu’il désespérait de voir cicatrisée un jour -, il s’enquit poliment de l’état d’esprit de son supérieur :
- Avec tout le respect que je vous dois- Cette histoire de belette m’a laissé sceptique. Je sais cependant que vous ne lèveriez la main sur aucun d’entre nous sans une bonne raison-
- Nous avons appris à nous connaître. Je suppose qu’Athos avait une trop haute opinion de moi.
- Il est parfois frustrant de confronter l’image que l’on se fait de ceux qu’on aime et ce qu’ils sont vraiment. J’ai cependant quelques difficultés à imaginer ce qui peut provoquer une telle aigreur entre vous.

Treville détournait la tête, signifiant que s’il entendait bel et bien le discours d’Aramis, il ne comptait cependant pas lui fournir d’autres explications. Patient, son mousquetaire lui posa une autre question désarmante de simplicité :
- Athos s’est-il révélé être celui que vous pensiez ?
- Le successeur que j’espérais, oui.

L’étonnement était un sentiment qui prenait rarement Aramis. Ici, sa surprise atteignit un niveau jamais atteint :
- Permettez-moi de me renseigner- Existe-t-il une échéance que j’ignore ?
- Je ressentais simplement le besoin de désigner quelqu’un pour prendre ma place, le temps venu.
- Ne précipitez pas les évènements. Il est bon de vous avoir dans les parages, Capitaine.

Les autres hommes s’agitaient autour du feu, signe que le repas cuisait doucement. Le temps était venu de clôturer leur conversation privée.
- Vous êtes plutôt bien placé pour savoir que nous ignorons de quoi demain est fait. Ne perdez pas votre temps dans une querelle inutile.

En guise de réponse, Treville souffla bruyamment, pressé de passer à autre chose. Aramis lui octroya un dernier conseil déguisé avant de regagner le reste de la troupe :
- Athos aimerait peut-être parfois que vous le considériez en temps qu’homme et non pas comme un simple successeur.

Le capitaine baissa les yeux. La source de ses problèmes était exactement celle-là. Ils se connaissaient sans réellement se connaître. Cette véritable rencontre entre deux caractères rustres ne pouvait se faire sans quelques étincelles.
- Aramis. Une dernière chose. Athos m’a parlé de ta… liaison avec Porthos. Sachez que vous n’êtes plus obligés de jouer la comédie en ma présence.
- Je suis soulagé. Porthos a de nombreuses qualités mais il ment honteusement mal.

Face au feu, assis sur un vieux tronc, Athos attendait que le lièvre soit cuit à point. Treville prit son courage à deux mains et saisit celle, tendue, d’Aramis pour l’aider à se relever. Un bon repas contribuerait peut-être à lui donner la détermination nécessaire pour formuler des excuses à son subordonné.

------------------

Assis à proximité d’Athos, Treville attendait patiemment de recevoir sa portion de viande et essayait tant bien que mal de rompre l’un des morceaux de pains de la réserve devenu sec et visiblement incassable. Prenant en pitié sa main blessée, le mousquetaire se rapprocha pour déchiqueter le quignon en plusieurs bouts.
- Athos-

Le principal intéressé releva la tête, dans l’attente de la suite.
- Je comprends que mes propos de cette après-midi t’aient déplus.

Athos haussa simplement les épaules, définitivement peu loquace. Déçu de l’absence de résultat de ses explications, Treville se renfrogna, grignotant son repas d’un air maussade. Le mousquetaire se décida finalement à prendre la parole :
- J’ai besoin de temps.
- Pour réaliser qu’un jour je mourrai ou prendrai ma retraite ?
- Entre autre. Je dois également me faire à l’idée que je me suis mépris sur ces derniers jours. L’idée que vous fassiez votre tournée d’adieux, dans notre dos- Cela me débecte. Ni plus ni moins. J’imaginais que vous aviez un peu plus de considération pour nous.
- Tu ne dois jamais douter de ma sincérité.
- C’est précisément ce qui m’inquiète. Je sais très clairement que votre discours de tout à l’heure était plus que des paroles en l’air.

Heureusement, les trois autres hommes s’étaient désintéressés d’eux, discutant de l’art de braconner. Athos soupira bruyamment, agité par de nombreuses contradictions :
- Je ne vous en veux pas, si c’est tout ce qui vous inquiète. Je suis incapable de vous en vouloir. Et puis, j’aurais trop peur que nous nous quittions sur une mauvaise note. Qui sait quand vous déciderez d’abandonner le navire…

En se relevant, le mousquetaire attira l’attention sur lui. Il s’adressa à ses camarades, justifiant son départ précipité par la nécessité d’une bonne nuit de sommeil. Aramis et Porthos lui emboitèrent bientôt le pas, regagnant plus complices que jamais l’abri de fortune.

Témoin de cette scène, Treville considéra d’un œil affectueux les deux amants qui s’en allaient, riant aux éclats et se frôlant à plusieurs reprises, refreinant leurs envies sans être cependant capable d’y résister totalement.
- Quelque chose vous amuse ?, s’interrogea D’Artagnan en remarquant le sourire discret du Capitaine.
- J’aime voir des personnes profiter d’une seconde chance pour trouver le bonheur. Cela me donne un peu de baume au cœur.

De façon lointaine, Treville faisait de toute évidence référence à la liaison impossible et avortée d’Aramis avec la reine. Misérable, le jeune homme était néanmoins parvenu à trouver un certain équilibre auprès d’un colosse qui n’avait d’yeux que pour lui.

- Ces secondes chances se méritent souvent. C’est une affaire plutôt risquée que leur couple, Capitaine.
- Je le sais. Rassure-toi, je ne compte répéter cette histoire à personne. Cela restera entre nous.

Rassuré, D’Artagnan acquiesça avant de prendre congé de son supérieur. Frissonnant, le jeune homme regretta que les températures soient si basses pour un soir d’été caniculaire. Il s’inquiéta de voir Treville camper devant le feu, visiblement peu enclin à les rejoindre sous l’abri.
- Je vais rester ici. Je n’ai pas envie de dormir, justifia Treville en s’enroulant dans sa cape bleu royal. Bonne nuit, D’Artagnan.

A quelques mètres de là, deux prunelles luisaient dans l’ombre. Eveillé, Athos surveillait d’un œil le capitaine, toujours prostré près du feu qui faiblissait à vue d’œil. D’ici, il pouvait le voir grelotter, les mâchoires contractées et le regard perdu il-ne-savait-où.
S’extirpant de sous sa vieille couverture douillette, Athos le rejoignit, s’asseyant sur le tronc qu’occupait son mentor. D’un geste autoritaire, il déposa une couverture sur ses épaules pour le réchauffer.

- Je suis pathétique à ce point ?, se maudit Treville, l’air abattu.

Le mousquetaire leva les yeux au ciel et lui prit la main, surveillant la plaie qui n’en finissait plus de suinter. Autour d’eux, le bruit des cigales et des animaux qui se faufilaient dans la forêt meublait le long silence dans lequel ils étaient empêtrés.
- Je suis désolé pour la gifle.
- Si vous l’êtes tant que ça, je peux toujours vous la rendre.

Les deux hommes échangèrent un léger sourire. Treville remarqua qu’Athos n’avait pas encore lâché sa main. Il se garda bien de lui faire remarquer.

- Je ne veux pas prendre votre place. Que vous soyez mort ou vif, déserteur ou que sais-je. Cette vie, c’est ce qui se rapproche le plus du bonheur pour moi, dit-il en désignant la tente où dormaient ses camarades. Je tiens à eux plus qu’à ma propre carcasse, mais également à vous. Etre capitaine signifierait simplement la fin de ces habitudes. Je ne m’en sens pas l’étoffe de toute façon.

Cette déclaration lui avait refilé la chaire de poule. Athos se sentait brusquement naïf et impudique. Deux traits qu’il méprisait par-dessus tout. Le message n’avait visiblement pas été assez clair pour Treville.

- Tu l’es, pourtant. Tu serais d’ailleurs un plus grand capitaine que moi. Je n’ai jamais eu la patience et le talent pour la politique.
- Vous êtes rustre, peut-être. Cela ne fait pas de vous un ignorant dans ce domaine pour autant.
- J’espérais que tu vois ma proposition comme un héritage-
- Avec tout le respect que je vous dois, je ne suis pas votre fils. J’aspire à votre fierté et votre confiance, mais pas comme un fils l’attendrait d’un père.
- Heureusement. J’aurais sûrement été un père gâteux et décevant.

Au terme de quelques secondes interminables, Treville se fendit d’une déclaration inattendue, murmurée d’une voix mélancolique.

- Athos- Je suis fatigué.

Le cadet comprit immédiatement le sens caché de ces mots. Il ne s’agissait nullement d’une fatigue physique : Treville accusait simplement ces années de guerre, ces complots déjoués, les sacrifices durement consentis.

- J’ai peur constamment. J’ai peur pour la vie du Roi, de la Reine, du dauphin. Je crains une nouvelle guerre, ces illuminés qui fomentent des complots, qu’un jour, je vous envoie en mission et que l’un de vous ne revienne pas. J’ai peur de mal vieillir, de finir seul, envoyé au rebut en province.
Athos l’écouta patiemment, honoré d’être l’unique témoin de la mise à nu de son capitaine. Chaque mot dissimulait une faiblesse qui lui crevait le cœur. Comment avaient-ils pu passer à côté du surmenage de leur capitaine durant toutes ces années sans s’en douter ?

- Je suis désolé de t’ennuyer avec mes histoires. Je suis pitoyable.

Le mousquetaire releva les yeux et observa Treville tel qu’il était. Son regard paraissait peut-être plus lassé qu’autrefois. Il y lisait cependant toujours cette bienveillance qui l’avait toujours impressionné chez un homme de sa position.

- Vous ne l’êtes pas. Vous ne le serez jamais.

Emu, Athos posa sa main sur le poing de son supérieur. Un geste discret, plein de réserve, que ses paroles explicitèrent.

- Vous pouvez compter sur moi. Je serai là. Pas à votre place, mais à vos côtés.
- Merci.

Ce cri du cœur avait été soufflé plus qu’articulé. Dans un élan de folie, Athos l’entoura d’un de ses bras et l’étreignit avec retenue. Lorsqu’il sentit le corps du capitaine se libérer de la tension accumulée, il resserra encore l’étreinte quelques secondes supplémentaires. Dans ce monde de brutes, où la retenue avait plus que jamais sa place, il s’agissait sûrement d’un geste des plus impudiques.

L’esprit ailleurs, le nez collé à la nuque de son capitaine, Athos inspira cette odeur mêlée de cuir et de feu de bois. Ragaillardi, il formula finalement à voix haute sa requête.
- A une condition, cependant- Que vous soyez là, à mes côtés, également.

Treville n’était pas dupe. Athos n’avait jamais douté du soutien et de la confiance que lui accordait son supérieur. Seulement, cette fois, il ne s’adressait pas au capitaine mais bien à l’homme derrière le grade, en lui demandant de renoncer à ses desseins toxiques. En d’autres mots, il lui demandait de faire la promesse de rentrer à Paris.

- Je serai là.

Refermant ses doigts autour du poignet de Treville, Athos le prit par le bras, l’obligeant à se lever :
- Vous ne voudriez pas mourir de froid, n’est-ce pas ?
- Plus maintenant, répondit-il en se laissant guider jusqu’à la tente de fortune où les autres comparses dormaient déjà paisiblement.

Allongés sur les vieilles couvertures, leurs têtes posées sur leurs bras repliés, les deux hommes cherchèrent une position confortable dans cet abri miteux. A distance raisonnable l’un de l’autre, ils s’observèrent un instant sans oser prononcer le moindre commentaire.

Quelques balbutiements, murmures incompréhensibles, perturbèrent néanmoins l’ambiance feutrée qui s’était installée. Devant l’étonnement de Treville, Athos leva le mystère :
- J’ai oublié de vous prévenir… D’Artagnan parle en dormant.

En écho de leur conversation, des balbutiements émanaient effectivement du cadet de la troupe. Amusés, les deux hommes éveillés échangèrent un léger rire. Athos reprit néanmoins un ton sérieux :
- Vous ne finirez pas vos jours seul. Je ne le permettrai pas.

A l’écart, frissonnant, le capitaine tourna une fois de plus sa situation en dérision :
- Ne t’enchaîne pas à un vieil homme comme moi. Je ne suis pas quelqu’un de facile à vivre.
- Moi non plus. Nous voici prévenus.

Prêts à sombrer, les deux hommes gesticulèrent, cherchant la position la moins inconfortable possible. Tournant le dos à son capitaine, Athos le sentit distinctement, grelottant, se rapprocher lentement, allant jusqu’à coller son visage contre l’épaule de son subordonné. Le souffle tiède du capitaine lui chatouillait la nuque. Bercé par la respiration sourde et régulière de l’aîné, le jeune homme se laissa prendre par ce sommeil bienvenu à l’issue d’une telle journée.

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