Un vieil OS très court et pas très gai retrouvé sur mon ordinateur que je vous livre tel quel. Se situe à la mort de Ianto.
L'impossible repos
POV Jack
...Alors j’ai ressenti une impuissance incroyable. Comme un raz de marée qui emportait toute volonté d’aller plus avant. Un sentiment si effroyable d’inutilité qu’il me laissait dans un état d’hébètement profond. J’avais la vie éternelle devant moi, j’avais ce trésor absolu pour lequel les hommes se battaient depuis des années, peu importe le nom qu’on lui donnait : fontaine de jouvence, saint Graal, ou même portrait de Dorian Gray...
Mais l’éternité n’est pas un cadeau, elle vous condamne à la souffrance éternelle, à l’absolue nécessité de protéger son cœur de toute attache, de tout amour. Je le sais. J’ai beau le savoir, je n’ai pas su résister à son sourire d’ange. Parce que j’ai voulu sortir de cette angoissante solitude inexorable, j’ai voulu taire l’insupportable vérité. Celle que je ne peux pourtant ignorer. Tous. Ils sont tous mortels. Vivraient-ils un siècle entier que cela ne représenterait qu’un battement de cil dans ma vie. Et lui est là, dans mes bras. Son corps déjà si froid alors que le mien se souvient encore de la chaleur de sa peau. De la tiédeur de son souffle contre ma nuque. De la brûlure de ses reins sous mes mains.
J’ai l’impression d‘avoir mille ans. Je me sens soudainement incapable de remettre mon masque et d’avancer encore. Je voudrais mourir cent fois pour un seul de ses sourires, pour une minute encore à ses côtés. Mon hurlement se bloque dans ma gorge.
Je l’aime.
Que pouvais-je faire alors ? Le traiter comme un amant de passage pour le protéger ? Mieux encore, fuir ? Mon corps réclamait trop le sien. J’avais besoin de sa pureté, de son amour inconditionnel. Il savait qui j’étais jusque dans mes pires défauts mais il m’acceptait. Et me voilà si vide, à présent. Condamné à vivre sans lui. Réunis dans la mort ? Quelle douce utopie ! Séparés par ma vie qui n’en finit pas...
Je presse ses doigts rageusement, mes larmes brouillent mes yeux mais je sens qu’on l’arrache à moi. Alors cette fois, je crie, aussi fort que je le peux. Je crie combien je l’aime. Je lui demande pardon...
Des bras m’entourent, fermes, et me relèvent. Le Docteur est là derrière moi, il n’a pas de mots pour me guérir. Il connaît la solitude. Il comprend la mienne. Sa chaleur me brûle, elle aussi, elle me rappelle que je suis vivant. Et pas Ianto. Pas ce garçon qui méritait tellement plus, tellement mieux que mon amour craintif.
- Jack...
Je peine à l’entendre. Mais mes battements de cœur finissent par ralentir, la fatigue me gagne.
- Rappelle-toi de lui. Réfugie-toi dans son souvenir. Et jamais, jamais plus tu ne seras seul.
FIN
_________________ * On peut résister à tout, sauf à la tentation. Oscar Wilde *
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