Un petit texte pour l'anniversaire de Galifret...
Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de: Steven S. DeKnight Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Le temps de vivre
Les dieux un jour se lasseraient de les faire souffrir. Les dieux un jour leur permettraient de vivre en paix, de vivre libre.
Nasir regardait son compagnon, s’attristant des stigmates qui marquaient son corps et racontaient la souffrance aux mains de leurs ennemis.
Mais il était vivant celui qu’il avait cessé d’attendre lorsque Naevia était revenue, portant la tête de celui qu’elle aimait… Celui qu’il avait cherché à venger lors de ces jeux où pour une fois ce n’était pas eux, les gladiateurs, qui amusaient les Romains, mais les légionnaires qui mouraient pour le plus grand plaisir de leurs anciens esclaves.
Il était vivant et, en veillant sur le sommeil de celui qu’il aimait, Nasir se fit un serment.
Nous prendrons le temps de vivre
D´être libres, mon amour
Sans projets et sans habitudes
Nous pourrons rêver notre vie
Agron avait ouvert les yeux, ces yeux où, le cœur serré, son amant ne voyait plus d’espoir mais juste une infinie tristesse et la culpabilité de celui qui a survécu. De tous les guerriers valeureux partis le cœur en fête, persuadés d’atteindre Rome et de mettre l’empire à genoux, il était le seul revenu.
La mort n’avait pas voulu de lui, comme s’il était indigne d’atteindre ses rives.
- Ce n’est pas ce que tu crois, lui murmura Nasir en le prenant dans ses bras.
Viens, je suis là, je n´attends que toi
Tout est possible, tout est permis
Il avait survécu parce que son destin n’était pas de mourir sur la croix, pas plus que de voir sa tête rouler dans la poussière. Il avait survécu parce qu’une main bienveillante s’était étendue sur lui, parce qu’il était destiné à un avenir plus grand encore.
Il avait survécu parce que le Faiseur de Pluie avait besoin de lui, parce qu’avec Gannicus, ils devaient épauler celui qui allait libérer tous les esclaves de leur joug. Un jour son nom aussi serait cité en exemple.
Et puis il avait survécu parce que leur amour était plus fort que la mort, parce que les dieux avaient voulu le ramener auprès de lui.
Il avait survécu et ensemble ils sauraient gagner leur liberté et apprivoiser le bonheur.
Viens, écoute ces mots qui vibrent
Sur les murs du mois de mai
Ils nous disent la certitude
Que tout peut changer un jour
Les cauchemars qui hantaient le Germain étaient toujours aussi violents, malgré les jours écoulés et Nasir ne savait plus comment le rassurer, l’empêcher de sombrer.
Alors il le prenait contre lui et lui parlait de cet ailleurs, de cet après, de ce jour où ils seraient libres tous les deux et où ils pourraient vivre leur amour en paix, sans craindre d’être arrachés l’un à l’autre par les soldats de l’empire.
Il parlait et Agron l’écoutait, blotti contre lui, voulant croire à son tour que la légende deviendrait un jour réalité.
Viens, je suis là, je n´attends que toi
Tout est possible, tout est permis.
Il aurait aimé le garder avec lui, le préserver de tout danger, veiller sur lui à chaque seconde. Mais Agron était un guerrier avant tout et c’était lui, Nasir, qui lui avait permis de retourner au combat malgré ses mains mutilées. Grâce à son ingénieux système, Agron avait pu reprendre sa place de général de Spartacus et désormais Nasir ne le quitterait plus jamais : ils combattraient ensemble et ils vivraient ou périraient ensemble.
Et s’ils parvenaient à vaincre, alors un jour ils connaîtraient enfin la paix, la paix et la liberté.
Nous prendrons le temps de vivre
D´être libres, mon amour
Sans projets et sans habitudes
Nous pourrons rêver notre vie.
Ils étaient là, serrés l’un contre l’autre : le lendemain ce serait leur jour de gloire ou leur dernier jour… Peut-être les deux en même temps.
Le lendemain ils allaient affronter les troupes de Crassus et ils n’étaient pas assez fous pour être sûrs de la victoire : ils l’espéraient parce qu’ils avaient foi en leur chef et en leur cause, mais les légions étaient puissantes, bien armées, bien entraînées et ils n’étaient qu’une poignée de loqueteux, quand bien-même ils avaient déjà vaincu les armées ennemies.
Alors, dans l’ombre de la nuit, ils s’étaient aimés, pour la dernière fois peut-être et pour se rassurer mutuellement : quoi que le sort leur réserve, ils l’affronteraient ensemble.
Viens, je suis là, je n´attends que toi
Tout est possible, tout peut changer un jour.
Ils étaient partis dans le jour mourant, laissant derrière eux la tombe du Faiseur de Pluie. Ils n’étaient plus qu’une poignée mais ils avaient au cœur un trésor que personne ne leur prendrait jamais : l’amour. Et nul au monde, jamais, ne viendrait leur ôter ce qu’ils avaient gagné à la pointe de leurs glaives.
Ils partaient, laissant derrière eux mourir la légende. Mais ils allaient en bâtir une autre dont la fondation serait leur amour et qui serait plus belle parce qu’elle serait tournée vers la vie. Et leurs lèvres en s’unissant scellèrent cet accord : pour toujours, pour la vie, pour la liberté et pour ton amour.
FIN
Chanson de Georges Moustaki
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by Christie
L'important n'est pas ce qu'on fait de nous, mais ce que nous faisons nous-même de ce qu'on a fait de nous (JP Sartre)
Nous sommes tous dans le caniveau, mais certains d'entre nous regardent les étoiles (O. Wilde)
Un artiste n'est jamais morbide. L'artiste peut tout exprimer (O. Wilde)