Tout un tas de pairing me trotte dans la tête, mais en ce moment c'est vraiment Merlin qui est mon obsession. Comme je regrette de ne pas avoir vécu cet enjouement au moment où la série battait son plein... enfin...
Titre : J’aurais voulu être magicien.
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« Allez, vas-y ! Ne te fais pas prier ; dis le ! » Insista Arthur, une bouteille de bière à la main.
Les regards étaient tournés vers le couple. Arthur avait finalement écouté son cœur pour entretenir une relation avec Merlin, ce qui n’était pas chose aisée puisque la situation déplaisait à son père, riche gouverneur et propriétaire de leur salle de sport.
« Je ne sais pas… Vous allez encore vous moquer de moi ! » Se renfrogna Merlin, évitant de regarder les autres. Il était toujours la cible des railleries, mais il les acceptait avec le sourire. Au fil des années, il était devenu l’ami des rugbymans, et tout avait été possible grâce à Gauvain.
En plaçant ses pieds sur la table, ce dernier fit tinter le tas de capsules qui parsemait la table. Ils passaient une soirée entre pote, attablés autour d’une table chez Léon. Gauvain qui percevait très bien la gêne de son ami tenta de détourner l’attention de tout ce petit monde.
« Il reste encore de la pizza ? » Interrogea-t-il, levant le bout de son nez comme pour flairer l’odeur d’un reste de nourriture. Les autres, d’un même mouvement, se retournèrent vers Léon pour entendre sa réponse. La diversion de Gauvain avait fonctionné, éveillant l’appétit de ses amis.
« Non, Percy a tout mangé ! » Rouspéta presque Léon, fatigué que Perceval engloutisse toujours la nourriture sans se soucier de la faim des autres. Il se demandait parfois si l’homme n’était pas en croissance perpétuelle puisque les seuls moments où il ne mangeait pas, c’est quand il faisait du rugby. A l’annonce de cette nouvelle effroyable, ils soufflèrent tous d’exaspération sauf Perceval dont les lèvres se tordirent en une drôle de grimace.
« On commande ?» proposa Elyan, le téléphone déjà dans la main.
Ils acquiescèrent tous, sauf Merlin qui était resté muet, essayant sans nul doute de dissimuler sa gêne. Arthur qui était assis à côté, posa une main sur sa cuisse et s’avança près de son oreille pour lui murmurer : « ne t’inquiète pas, je t’invite, » puis il s’éloigna en lui faisant un petit clin d’œil. Merlin oscilla faiblement la tête pour le remercier. Merlin n’était pas riche, et il devait faire attention à ses dépenses. Aussi, il n’était pas rare que ce soit Arthur qui paient pour lui. Ce n’était pas une habitude, Merlin refusait la plupart du temps. Il ne voulait pas que les gens s’imaginent qu’il profitait de la fortune de son petit ami.
Alors qu’Elyan prenait note des commandes, Arthur profita d’un aparté pour relancer Merlin sur leur conversation d’avant. Il ne savait pas grand-chose de l’histoire du jeune homme qui se montrait très discret sur sa famille, sa vie en génral. Arthur avait beau réfléchir, il n’arrivait pas à se souvenir d’un instant où Merlin avait évoqué son passé. Et maintenant qu’il en prenait conscience, ça lui faisait un peu peur. Il connaissait bien son amant, tout du moins c’est ce qu’il croyait jusqu’à maintenant. Arthur le connaissait, sans l’ombre d’un doute, et il avait une confiance aveugle en Merlin. Seulement, il s’apercevait que ce n’était pas réciproque. Quelque part, il se sentait blessé, mais c’est surtout son orgueil qui en prenait un coup. Légèrement irrité, il s’était fait un point d’honneur à soutirer une anecdote de son amant.
Après tout, qu’il raconte son rêve d’enfant n’avait rien de si humiliant !
« Pourquoi tu ne me parles jamais de toi ? » Demanda Arthur chatouillé par la curiosité. Merlin se contenta de lui sourire en haussant les épaules.
« Ce n’est pas grand-chose, ce n’est pas comme si j’allais prendre la fuite en apprenant des choses sur ton compte, » continua Arthur, incapable de deviner que la jovialité de son compagnon était une bouée dans sa vie.
Merlin le contempla un instant, bien conscient qu’Arthur était tenace et qu’il n’allait pas le lâcher sans avoir une information. Il n’avait pas envie d’être harcelé par Arthur qui pouvait vite devenir très agaçant pour obtenir ce qu’il voulait. Bien décidé à avoir la paix, Merlin se contenta de livrer : « Magicien. »
« Pardon ? » S’étonna Arthur de voir son entêté de Merlin capituler si rapidement.
« Je voulais être magicien, » reprit Merlin en souriant tendrement.
La plupart du temps, Merlin s’évertuait à oublier les histoires de son passé. Il avait fini par oublier que lui aussi avait été un enfant qui avait des rêves. Tout à coup, à cause de cet aveu, il se sentait nostalgique. Se souvenir de ce détail lui réchauffait le cœur, puisqu’il était relié à sa mère. Mais cet état de bien être se dissipa rapidement, soudainement engourdi par des pensées plus troubles.
Perdu dans ses souvenirs, c’est le rire d’Arthur qui le sortit de sa rêverie. Il se moquait de lui.
« Tu es trop maladroit… Tu ne retrouverais pas un lapin dans un chapeau ! » S’esclaffa Arthur.
« Sûrement… » Répondit Merlin, feintant l’amusement alors que ses yeux brillaient tristement.
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Arthur ouvrit la porte donnant dans le jardin et sortit. Immédiatement, l’air glacé du mois de décembre mordit les parcelles de peau qu’il n’avait pas couvert. Instinctivement, il rapprocha les deux mains de son visage pour souffler au creux de celle-ci et leurs apporter un peu de chaleur. Frigorifié, il balaya rapidement le jardin des yeux pour retrouver son compagnon qui était sorti quelques minutes plus tôt. Il l’aperçu assis sur la balançoire des enfants, en train de se balancer légèrement, le visage résolument tourné vers les étoiles.
Merlin ne l’entendit pas se rapprocher de lui.
« Tu devrais rentrer si tu ne veux pas tomber malade, » lui dit Arthur, d’une voix douce.
A nouveau dans la lune, Merlin ne fut pas surpris par la présence de son compagnon. Cela faisait un moment qu’il était dehors.
Merlin s’était montré très silencieux durant le reste de la soirée. Arthur se demandait si il avait fait quelque chose de mal. Arthur ne l’avait jamais vu si calme et l’expression sur son visage ne lui donnait pas envie de sourire, « tout va bien ? » S’inquiéta Arthur.
« J’ai froid… » Se contenta de répondre Merlin, le voix serrée à cause de ses muscles contractés sous la température polaire. Cependant, il ne se levait pas, observant toujours le ciel. Au fond de lui, Arthur sentait qu’il devait rester. S’obligeant à oublier la température extérieure, Arthur prit place sur la deuxième balancelle.
De longue minute passèrent dans le silence, quand Merlin trouva la force de se confier.
« Un soir, alors qu’il faisait très froid, » il fit une pause, comme si se remémorer son passé était difficile, « ma mère et moi étions dehors. C’était la première nuit qu’on passait dehors. » Il s’arrêta pour regarder Arthur, « Ma mère a tout perdu le jour où mon père est mort, alors on vivait à la débrouille. J’ai dormi dans des lieux improbables, » sourit-il, « Des toilettes publiques, la gare, des cages d’escaliers, un parking,… Il était rare de trouver de la place dans un foyer, » grimaça Merlin, en haussant les épaules comme si tout ça n’avait plus d’importance. « Toujours est-il que cette nuit là, on a jamais trouvé d’endroit où dormir. Le froid me brûlait tous les membres et j’étais épuisé. Maman ne voulait pas que je m’endorme, elle disait que je devais me montrer fort. J’ai fait ce que j’ai pu, vraiment ! » Il s’en voulait énormément, Arthur l’entendait dans le son de sa voix. « Mais…à un moment, je n’ai plus été en mesure d’avancer. Alors maman m’a pris dans ses bras, elle m’a souhaité de beaux rêves comme chaque nuit. Elle était désemparée mais moi, j’étais trop fatigué pour m’en rendre compte. Cette nuit là, j’ai rêve que j’avais des pouvoirs magiques. J’ai rêvé du feu pour me réchauffer, et j’espérais que ces pouvoirs réchaufferaient ma mère, » il rigola amèrement et reprit, la gorge nouée, « Au petit matin, quand je me suis réveillé, je n’avais plus froid. Ma mère m’avait enveloppé dans son blouson. Elle me serrait si fort, j’étais bloqué dans ses bras rigides… » Merlin s’étrangla, un sanglot qu’il ne pouvait contenir venant obstruer sa gorge. « Elle est morte cette nuit là… »
Arthur était pétrifié. Jamais il n’aurait imaginé que sous la nature enjouée de son compagnon se cachait un tel drame. Brièvement, il venait de comprendre qu’il s’était trompé sur son compagnon. Il était intelligent, mais il avait toujours pensé que c’était sa flemme qui l’avait empêché de faire de grande étude. Merlin était l’homme d’entretien de leur salle de sport, c’est comme ça qu’il l’avait rencontré. Jamais Arthur n’aurait pu imaginé que c’était à cause de son parcours que Merlin en était arrivé là. Il n’avait plus de parent, il n’avait pas d’argent. Il était effarant comme on pouvait se tromper sur les gens.
Sans attendre plus longuement, l’estomac constrit, Arthur se leva pour s’approcher de Merlin et le prendre dans ses bras. Il en avait besoin. Il faisait très froid, mais Arthur devinait que ce n’était pas la raison de ses tremblements. Il resta un moment comme ça, serrant Merlin dans ses bras, ne trouvant pas l’utilité de dire quelque chose. Il n’y avait rien à dire dans de pareil circonstance.
Quelques minutes passèrent puis Merlin se dégagea de l’étreinte de son compagnon pour s’essuyer les yeux à l’aide de ses gros gants.
« Je suis désolé… » S’excusa Merlin qui n’avait pas l’habitude de se laisser aller. Ce n’était pas chose facile de se livrer à quelqu’un, il ne l’avait jamais fait. Cependant, Arthur était quelqu’un de spécial et il savait au plus profond de lui que c’est avec cet homme qu’il voulait finir ses jours.
« Ne fais pas ça…ne t’excuse pas pour ce que tu es ! » Lui dit Arthur en tirant le visage de Merlin, une main sur la joue de son amant, « Je t’aime Merlin, tu m’entends ! » Lui dit Arthur, les yeux profondément ancrés dans ceux de son compagnon, « et je serais toujours là, toujours ! » Avec ça, il s’approcha de Merlin pour l’embrasser, son baisser scellant une promesse d’éternité.
Merlin avait le reste de la vie pour devenir heureux, et cela semblait enfin se réaliser au côté du blond de la famille Pendragon.
« Allons retrouver les autres, » finit Arthur en aidant Merlin à se lever.
Ils se dirigèrent tout les deux, mains dans la main, vers la maison de leur ami Léon.
FIN.
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