Cross-over : experts Las Vegas – experts Manhattan – Esprits criminels – FBI portés disparus
Voici une petite histoire écrite sur un autre forum pour un échange de cadeaux de Noël. Celui-ci était destiné à dame Vaughn's et il est basé sur ses histoires "la route..." reprenant ses séries favorites (en dehors d'Alias...
) et les couples qu'elle a formés.
Greg est le frère adoptif de Derek (donc de Désirée et Sarah)
Danny Taylor (FBI porté disparu) est l’ex de Nick.
Danny Messer est le cousin de Greg.
Danny Taylor est le meilleur ami de Don Flack.
Adam est le cousin de Greg.
Nick et Greg sont mariés ainsi que Spencer et Derek. Danny Taylor est en couple avec Martin Fitzgerald, Don Flack avec Danny Messer, David Rossi avec Aaron Hotchner, Mac Taylor avec Stella Bonasséra, Gill Grissom avec Warrick Brown, Sara Siddle avec Jim Brass, JJ avec son Will et Adam Ross avec Sheldon Hawkes
Les personnages des séries ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Jeff Davis, Hank Steinberg, Anthony E. Zuiker, Ann Donahue. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
NOEL ENSEMBLE : LA ROUTE DU BONHEUR
- Dépêche-toi, on va rater l’avion !
- Du calme… On a le temps.
- Le temps ! Le temps… Pourquoi n’es-tu jamais pressé ?
- Parce que tu l’es pour deux mon chéri.
La réplique de Nick fit rire son amant et la tension nerveuse qui l’habitait fondit soudain.
- Je suis un peu agaçant non ?
- Un peu ? reprit Nick en relevant les sourcils d’une manière comique. Pourquoi crois-tu que j’ai expédié Taylor et Ashley devant avec Gil et Ric hein ?
- A ce point ? s’inquiéta Greg redevenu sérieux, le visage soudain figé en un masque de tristesse.
Nick vint alors l’enlacer et le serrer contre lui :
- Disons que tu as été un peu difficile à vivre depuis le début de la semaine. Mais ce n’est pas grave. Je sais combien cela est important pour toi.
- Ce sera la première fois qu’on se réunira tous depuis…
- Je sais mon amour… Je sais…
Et il lui ferma les lèvres d’un baiser qui devint vite passionné et entraîna l’étreinte qui avait tant manqué au brun depuis une dizaine de jours durant lesquels Greg avait commencé à se sentir fébrile, à la fois impatient et anxieux de ce rendez-vous, le premier depuis trois ans maintenant que le sort s’était abattu sur eux.
Quelques longues minutes plus tard, après s’être rapidement douchés et rhabillés, les deux hommes quittèrent enfin leur jolie maison, direction l’aéroport. Et bien que cette fois-ci ils soient effectivement légèrement en retard, un sourire un peu niais étirait les lèvres de Greg tandis qu’ils entassaient leurs bagages dans leur van.
- Heureusement que tu as eu la bonne idée de confier les filles à Warrick et Gil, sinon nous n’y serions jamais arrivés !
- Tu devrais savoir que je n’ai que de bonnes idées depuis le temps, répliqua Nick, heureux de voir un sourire amusé fleurir sur les lèvres de son époux.
- Comme j’aime te voir sourire ainsi ! enchaîna-t-il. Il m’avait manqué ton merveilleux sourire.
- Je suis désolé Nick, s’attrista de nouveau Greg.
- Non ! Je ne veux pas que tu sois désolé. Je veux juste que tu arrives à profiter de ce moment et que tu reviennes avec des étoiles plein les yeux ! Je sais combien ces trois ans ont été difficile pour toi.
- Pour toi aussi, pour toute la famille et nos amis ! C’est pour cela que c’est tellement important…
- Je sais tout ça mon Greg… Je le sais, crois-moi… Et je suis dans le même état que toi au fond.
- Ah oui ?
- Oui… Mais sans doute que je cache mieux mes sentiments que toi.
- Nick l’imperturbable, le taquina Greg.
- Sauf quand un joli petit cul de scientifique passe à sa portée, rétorqua Nick.
- Pas n’importe quel petit cul j’espère ! feignit de s’indigner son compagnon.
- Bien sûr que non… Simplement le tien… Mais il suffit à me faire perdre toute mon impassibilité figure-toi.
Continuant à discuter ainsi, tantôt sérieusement, tantôt sur le ton de la plaisanterie la plus pure, sautant du coq à l’âne dans une conversation que d’aucuns auraient trouvé fort décousue, mais qui cachait au fond leur nervosité respective, les deux hommes finirent par arriver à l’aéroport où ils déchargèrent leur montagne de bagages qu’ils entassèrent sur deux chariots. Alors qu’ils se dirigeaient vers leur porte d’embarquement, deux tornades brunes leur foncèrent dessus :
- Papa ! Douda !
Souriant d’une oreille à l’autre, les deux hommes se baissèrent et tendirent les bras pour recevoir chacun l’une des petites filles qui se cramponnèrent à leurs cous.
- On avait peur que vous ratez l’avion, dit Taylor.
- Ratiez, corrigea instinctivement Nick avant d’ajouter : c’est ton papa qui m’a mis en retard.
- Ce qu’il ne faut pas entendre ! s’étrangla Greg qui aurait sans doute ajouté quelque chose s’il n’avait été interrompu par Warrick qui suivait les petites de près :
- Vous voilà enfin ! On commençait à se demander ce que vous faisiez ! Ils ont appelé à l’enregistrement il y a cinq minutes déjà ! Ce n’est pas votre habitude d’être à la bourre pourtant…
- Dis-ça à cet obsédé ! rétorqua Greg en jetant un regard torve à Nick, regard qui malgré tout contenait toute la tendresse du monde.
- C’est quoi un obsédé ? demanda Ashley toujours dans les bras de son Douda…
Greg rougit jusqu’aux oreilles tandis que Nick éclatait de rire et le toisait d’un regard qui voulait dire : « Débrouille-toi maintenant ».
Conscient de l’embarras de son ami, Warrick vint à la rescousse :
- Et si on aidait papa et douda à emmener les bagages à la consigne hein ? Vous vous souvenez du chemin pour leur montrer ?
Aussitôt, les deux gamines, consciente de l’importante mission qu’on venait de leur confier, descendirent des bras des adultes pour ouvrir le chemin vers la consigne et Greg jeta un regard reconnaissant vers le parrain d’Ashley. Se rapprochant de lui, Nick lui murmura à l’oreille :
- Sauvé par le gong mon amour… Mais je ne serai pas étonné que la question revienne sur le tapis un de ces quatre. Tu as intérêt à peaufiner ta réponse…
En réaction Greg lui tira la langue et Nick pouffa :
- Très mature comme réaction monsieur Sanders-Stockes ! Vraiment très mature !
Ils retrouvèrent Grissom, Brass et Sara au bureau d’enregistrement.
- Comment vont nos jeunes mariés ? demanda Nick en embrassant Sara et en serrant la main de Brass.
- Arrête de nous appeler comme ça ! râla ce dernier. A mon âge c’est stupide !
- Mais il n’y a pas d’âge pour aimer, contra Nick. La preuve… Ca fait combien de temps que vous vous connaissez tous les deux ? Il vous en aura fallu du temps !
- Tu peux parler toi ! attaqua Sara. Rappelle-moi combien de temps tu as tourné autour de Greg ?
- Ce n’était pas la même chose !
- Ah non ?
- Oh les enfants ! Ca suffit ! Sinon on part sans vous ! gronda alors Grissom.
Ashley et Taylor éclatèrent de rire :
- Ce ne sont plus des enfants !
- On le dirait parfois, sourit Grissom avant de voler un baiser à son compagnon et de se tourner, faussement sévère, vers ses deux subordonnés et amis qui arrêtèrent aussitôt de se chamailler. Comme quoi, le chef d’équipe, même dans la sphère privée, restait le chef !
- Dommage que Catherine n’ait pu se libérer aussi, regretta Greg tandis qu’ils embarquaient à bord de l’avion.
- C’est déjà miraculeux que tant d’entre nous aient réussi à le faire, tu sais, répliqua Nick.
- Je sais… Et puis c’est sa faute : si elle n’avait pas rejoint le FBI, elle aurait pu être avec nous.
Le groupe rejoignit les places qui leur étaient attribuées et chacun boucla sa ceinture. Les portes de l’appareil se fermèrent et tandis que l’avion s’élevait doucement dans le ciel, le cœur de Greg se mit à battre la chamade : ça y était, ils étaient en route ! Désormais, plus rien ne pourrait les empêcher de rejoindre leur famille. Il avait l’impression que cela faisait une éternité qu’ils n’avaient pas passé ce moment si important ensemble.
Conscient de ce qu’il ressentait, Nick lui serra la main doucement en lui murmurant :
- Tout va bien se passer mon amour. C’est une nouvelle route qui s’ouvre devant nous, et je te promets qu’elle sera magnifique.
Greg lui adressa un regard reconnaissant et plein d’amour : merveilleux Nick qui savait toujours trouver les mots pour le rassurer ! Qu’aurait-il fait sans lui ? L’un sans l’autre ils n’étaient rien et depuis qu’ils s’étaient retrouvés, malgré les petites disputes quotidiennes, leur entente n’avait jamais été aussi parfaite. Treize mois auparavant, ils avaient adopté Ashley et Taylor, deux jumelles qui avaient alors trois ans et dont les parents venaient de se tuer dans un accident de voiture. Le père des petites filles était un cousin de Nick et il avait spécifié dans son testament qu’il confiait la tutelle de ses filles à celui-ci. D’abord hésitants, les deux hommes avaient fini par accepter la charge qui leur incombait et depuis il ne se passait pas un jour sans qu’ils remercient le destin de leur avoir envoyé leurs deux anges.
Oui… Tout serait magnifique… Il le fallait absolument.
Et en retournant cette pensée dans sa tête, Greg s’abandonna au sommeil.
*****
- Dépêche-toi ! Nous allons être en retard !
- Du calme pretty boy ! Tout va bien ! Leur avion n’arrive que dans quarante-cinq minutes !
- Oui, mais compte-tenu du monde sur les routes à cette époque de l’année et de l’affluence aux abords de l’aéroport, on va manquer leur arrivée !
Morgan vint enlacer son époux et déposa un tendre baiser sur ses lèvres avant de répliquer :
- Et bien ils attendront un peu. Ils sont assez grands pour ne pas paniquer si on n’est pas là pour les accueillir tu ne crois pas ?
Spencer eut cette petite moue adorable qui le faisait fondre à chaque fois :
- C’est que je suis nerveux… C’est la première fois qu’on va tous se retrouver depuis…
Il ne put continuer. Comme à chaque fois qu’il mentionnait le drame qui avait failli détruire leur vie, une grosse boule s’était formée dans sa gorge, l’empêchant de finir sa phrase. Conscient de son émotion et tout aussi ému que lui, Derek se contenta de le serrer un peu plus fort contre lui en lui murmurant à l’oreille tout en lui caressant tendrement le dos :
- Je sais… Mais tout va bien maintenant. On est là, tous les trois et personne ne nous prendra ce qu’on a bâti.
- On ne peut pas être sûrs… Il y a tellement de monstres…
- Tu as raison. On n’est jamais tout à fait sûr. Mais on fera tout pour que cela n’arrive plus jamais ! Et ça n’arrivera plus ! Je t’en donne ma parole !
Une nuée d’objections monta aux lèvres de Reid. Il savait bien que la promesse de Morgan ne dépendait pas que de lui. Il avait en tête les statistiques sur les risques qu’un drame les touche à nouveau, surtout compte-tenu de leurs métiers respectifs. Mais il les fit taire : il voulait croire, de toutes ses forces, de tout son cœur. Ils avaient payé assez cher le prix du bonheur pour pouvoir espérer que celui qu’ils avaient réussi à rebâtir sur les ruines de leur vie passée durerait. En tout cas, lui aussi ferait tout pour cela, et la première des choses était de cesser d’avoir peur de tout et de tous et d’avoir confiance en l’avenir.
Il s’abandonna dans l’étreinte de son époux puis, lorsqu’il sentit que les mains de celui-ci cherchaient à s’immiscer sous son pull il le repoussa :
- Pas question ! On n’a vraiment pas le temps ! Et puis imagine que ta mère nous surprenne !
Aussitôt il sentit les mains de Derek quitter son corps tandis que son amant jetait un coup d’œil nerveux autour de lui, déclenchant son rire… Cela l’amusait toujours de voir combien l’homme qu’il aimait était pudique devant sa mère, lui qui, dans l’intimité n’avait pas franchement de limites quand il s’agissait d’assouvir leur désir mutuel. Mais depuis qu’ils avaient été surpris dans la cuisine en plein milieu de la nuit, Morgan se montrait plus que nerveux lorsque sa mère séjournait chez eux, au point d’arriver parfois à frustrer Reid. Cependant, lorsque celui-ci voulait éloigner un peu son trop tactile compagnon, il savait user et abuser de cet argument. Et en l’occurrence, ils étaient à ses yeux déjà assez en retard pour ne pas en rajouter par un câlin, d’autant qu’ils s’étaient déjà largement servis au réveil deux heures plus tôt en ce qui concernait ce type de petit déjeuner !
- Tu es désespérant ! râla Derek en s’éloignant d’un pas.
- Et c’est pour ça que tu m’aimes…, sourit Spencer en se rapprochant pour lui voler un baiser. Allez, on y va !
- Je préviens maman et Ty !
- Ils sont déjà prévenus… Si on était partis il y a dix minutes, après leur avoir dit au revoir, tu n’aurais pas à y retourner.
- Oui… Je sais… Mais…
Spencer sourit de nouveau, comprenant que tout cela n’était que prétexte. Derek avait simplement envie d’embrasser une fois de plus leur merveilleux petit garçon, adopté sept mois plus tôt et qui, en les voyant, tendit vers eux ses mains potelées en poussant un cri de joie. Sa grand-mère, qui lui tendait une cuiller de bouillie se retourna et les vit :
- Qu’est-ce que vous faites encore là tous les deux ? Je vous croyais partis depuis longtemps !
- C’est votre fils qui n’arrive pas à se décider à partir, répliqua Spencer.
- Ah non ! C’est le petit génie qui était en train de me faire une conférence sur…
- Ca suffit tous les deux où je vous consigne dans votre chambre pour ce soir ! les coupa la vieille dame. Non mais ce qu’il ne faut pas entendre. J’espère que tu ne seras pas aussi insupportable que tes papas mon chou, ajouta-t-elle en se tournant vers le bébé. On croirait vraiment qu’ils ont ton âge.
Tyler rit de bon cœur à cette annonce :
- C’est ça ! Incite-le à ne pas nous respecter ! protesta Derek faussement fâché.
- Il vous respectera si vous êtes respectables ! contra sa mère dans un sourire.
Reid regardait la scène avec émotion : c’était tellement bon de rire à nouveau, tellement bon d’avoir ce bébé à protéger, à aimer, et de le voir interagir avec eux et avec sa grand-mère. Une page qui se tournait… Certes ils n’oublieraient pas leur princesse, jamais, mais la vie continuait et Tyler avait apaisé leur peine et ramené le rire dans cette maison achetée quinze mois plus tôt, après la vente de l’appartement dans lequel ils ne pouvaient plus vivre.
- Allez filez maintenant ! J’ai hâte de voir mon autre garçon et mes petites filles ! ordonna la grand-mère.
- Evidemment, dès que ton bébé sera là, je n’existerai plus…, se révolta Derek.
- Non mais écoutez-le celui-là ! On dirait qu’il a encore trois ans ! Je te signale que mon bébé désormais c’est Ty ! Toi tu es un grand garçon et papa qui plus est ! Alors arrête de jouer les martyrs et file chercher ton frère et sa famille avant que je ne me fâche pour de bon !
Elle s’était plantée devant lui, les jambes écartées, les mains sur les hanches et le toisait d’un regard tellement empli d’amour qu’il la prit dans ses bras, la fit tournoyer puis la reposa et l’embrassa sur le front avant de dire :
- On y va… C’est bon… Prends soin de mon fils !
- Notre fils ! protesta Reid tandis que la femme répliquait :
- Non mais pour qui tu me prends Derek Morgan-Reid hein ? Je te signale que j’ai élevé quatre enfants et que j’ai huit petits enfants dont je prends soin régulièrement ! Alors inutile de me dire ce que j’ai à faire ! Allez ouste !
Et joignant le geste à la parole, elle administra un bon coup du torchon qu’elle tenait à la main sur le postérieur de son fils qui, riant, réussit tout de même à la contourner pour déposer un baiser sur le duvet blond de Tyler avant de s’esquiver de la cuisine, suivi par Spencer qui l’avait imité, passant sa main sur la tête du bébé après l’avoir embrassé.
Lorsque la porte se referma sur eux, le plus jeune sentit, comme toujours, son cœur se serrer d’appréhension. Il ne pouvait se défaire de cette sensation qui ne durait pas mais qui l’oppressait dans les premières minutes où il laissait leur enfant derrière lui. Le destin lui avait appris qu’il ne pouvait pas être sûr de le retrouver à son retour et cela l’angoissait à chaque fois. Mais il savait que succomber à son angoisse l’amènerait à finir par se cloîtrer chez lui avec le petit garçon, l’empêchant de vivre sa vie et il ne voulait cela pour rien au monde. Tyler était leur source de bonheur et quelles que soient ses propres peurs, il se devait de le respecter comme un être à part entière et lui permettre, lorsqu’il en serait temps, de faire ses propres choix. Alors, comme toujours il ravala sa peur et suivit son mari qui l’attendait quelques mètre plus loin, à la barrière de la jolie maison qu’ils avaient achetée à trente minute de Quantico.
Conscient de ce qui agitait son compagnon, parce qu’il connaissait aussi cette sensation, Derek lui serra la main et lui dit d’un ton dont la gaité était un peu forcée :
- Allez ! Allons accueillir nos invités ! La maison va être pleine à craquer ! Ca va faire un bien fou !
Oui, pensaient-ils en se frayant un chemin dans la circulation dense, ils allaient tourner une page de leur vie pour commencer un nouveau chapitre, tous ensemble, en gardant précieusement le souvenir des absents mais en se tournant résolument vers l’avenir. Et le lendemain, lorsqu’ils seraient tous là, autour de la grande table, les grands et les petits, pour la première fois depuis deux trois, ils s’engageraient sur une route qui déboucherait forcément sur le bonheur. Parce qu’ils y avaient le droit, eux aussi.
*****
- Joyeux Noël à tous !
- Joyeux Noël !
- Joyeux Noël !
Les exclamations de joie se succédaient et les cris des enfants ajoutaient au brouhaha ambiant. On entendait les papiers d’emballage qui se déchiraient, des petites mains nerveuses s’impatientaient sur les rubans, chacun se tournait vers un père, vers une mère, pour demander de l’aide afin de dévoiler le trésor apporté par le Père Noël.
Un peu en retrait, Greg regardait cette scène familiale. Oui, familiale, parce que toute sa famille était là, même si certains n’étaient pas de son sang, à commencer par Derek, Sarah, Désirée et leur mère, eux qui avaient ouvert la porte au petit orphelin qu’il était devenu. Peut-être auraient-ils dû s’abstenir, peut-être que si ils l’avaient laissé partir dans une autre famille rien de tout cela ne serait arrivé.
- N’y pense même pas… Tu n’aurais rien pu changer…
Il entendit la voix à son oreille juste avant que les bras de Nick ne l’enlacent par l’arrière et il posa sa tête sur l’épaule de son époux, reconnaissant que celui-ci, une fois de plus, ait su lire en lui. Pourtant il n’y avait rien là d’étonnant : Nick savait que l’homme qu’il aimait se sentait toujours coupable de ce qui s’était passé, quand bien même chaque protagoniste de l’affaire lui avait fait comprendre que ce n’était pas le cas. Alors dès le départ le brun avait été persuadé que, tôt ou tard durant ces trois jours, Greg se sentirait de nouveau envahi par cette culpabilité.
C’était la première fois qu’ils se retrouvaient tous ensemble, tous ceux dont la vie avait basculé durant cette enquête, tous ceux qui, de près ou de loin, avaient été affecté par les événements tragiques survenus trois ans plus tôt.
A l’autre extrémité de la pièce, regardant les enfants avec un immense sourire plaqué sur le visage, se tenaient Gil Grissom et Warrick Brown, ainsi que Jim et Sarah Brass, mariés le mois précédent après avoir enfin révélé à tous cette liaison qu’on leur connaissait depuis plus de treize mois et qu’ils pensaient avoir si bien caché. Catherine Willows avait été retenue à son poste : devenue agent du FBI, elle restait en contact avec ses anciens collègues, mais elle était moins présente dans leur vie, même si elle demeurait chère à leurs cœurs.
Martin Fitzgérald et son compagnon Danny Taylor avaient été les moins impliqués dans le drame qui les aurait pu les séparer et les avait en fait tous rapprochés, mais l’amitié qu’ils avaient pour eux, l’aide qu’ils leur avaient apportée tout de suite après restait ancrée dans leur mémoire et ils savaient que le lien tissé avec l’ex petit ami de Nick et son amant ne pourrait jamais être brisé.
Danny Messer-Flack était là bien sûr, avec son époux, Don. Lorsqu’on le regardait, on ne pouvait imaginer que le laborantin était passé si près de la mort lors des événements tragiques. Il avait mis du temps à se remettre totalement de ses blessures, mais avec sa pugnacité habituelle et le soutien de tous ceux qui l’aimaient, il avait réussi à surmonter la faiblesse et la douleur et à reprendre ce travail qu’il aimait tant. A leurs côtés, riant avec eux, se tentait Adam, le cousin de Greg, et Sheldon Hawkes son compagnon depuis trois ans maintenant. Mac Taylor, leur supérieur et ami étreignait la main de Stella devenue elle-aussi Taylor deux mois plus tôt. Greg et Nick n’avaient pu se rendre au mariage, étant alors impliqués dans une affaire difficile, mais ils s’étaient réjouis pour le couple et de les voir rayonnant de bonheur faisait chaud au cœur. Lindsey était là aussi avec la petite Lucy, le fruit de ses amours éphémères avec Danny. La jeune femme était la seule à n’être pas accompagnée, l’homme de sa vie, flic lui aussi, étant de service ce soir-là.
Son attention se porta sur Hotch et Rossi, accroupis près de leur plus jeune garçon, puis sur JJ et Will accaparés par Henry et de là sur Emily qui tenait la main de Kevin. Celle-là, aucun d’eux ne l’avait vu venir. La jeune profileuse avait été la plus affectée par la mort de Pénélope qui était une amie très chère et elle s’était rapprochée de Kevin, les deux berçant leur douleur mutuelle à se remémorer leurs moments tendres ou amusants avec la tornade blonde qui manquait tant à leur vie. Et petit à petit quelque chose d’autre que l’amitié s’était établi entre eux. Ils avaient longtemps résisté, ayant l’impression d’être infidèles à la disparue. Jusqu’à ce qu’ils comprennent que, peut-être, c’était elle qui présidait à ce rapprochement, elle qui, avec son grand cœur habituel, avait trouvé un moyen de leur rendre l’absence plus supportable en leur permettant de s’aimer. Alors ils avaient laissé parlé leurs cœurs et leurs sens et, persuadés que de là où elle était, Pénélope veillerait toujours sur eux, ils avaient décidé d’avancer, ensemble.
Et puis bien sûr il y avait sa famille, ceux qu’il connaissait depuis l’enfance : sa chère maman, Désirée et Sarah, les grandes sœurs parfois trop protectrices et bien sûr son frère adoré et admiré, Derek, ce frère qui lui avait tellement manqué durant les six moi où il avait dû se faire passer pour mort, ce frère qui avait payé si cher, bien trop cher, le prix de la fraternité ! Lorsqu’il le regardait, Greg se demandait toujours comment Derek pouvait ne pas le haïr, et plus que lui, pourquoi son mari, Spencer, ne l’avait pas totalement rayé de leurs vies. A cause de lui ils avaient perdu leur princesse, leur petit ange…
- Non… Pas à cause de toi.
De nouveau la voix de Nick résonna à son oreille et de nouveau il se demanda comment il se faisait que son époux puisse ainsi lire en lui comme dans un livre ouvert :
- C’est juste parce que je t’aime plus que tout au monde, susurra le brun, prouvant une fois de plus ses dons de télépathe en ce qui concernait l’homme qu’il aimait. Tu n’es responsable de rien et tu le sais. Regarde : ce soir tout le monde est heureux, tu n’as pas le droit de te sentir coupable. S’il te voit faire cette tête, ton frère va se douter de ce que tu penses et ça l’attristera, ce que ne manquera pas de repérer Spencer… Regarde-les tous : ils sont heureux, enfin. Et qui ne le serait pas à voir tous ces enfants ?
En effet, la grande pièce avait tout d’une cours de récréation avec dix-sept enfants qui s’exclamaient, riaient, pleurnichaient parfois avant de se fendre d’un grand sourire, couraient vers leurs parents pour leur faire admirer leurs cadeaux, s’enthousiasmaient tant qu’ils pouvaient. En trois ans, la tribu s’était multipliée, comme si les tragiques événements avaient fait comprendre à chacun qu’il ne fallait pas perdre de temps, comme si, en mettant au monde ou en adoptant des enfants, on pouvait non pas remplacer la petite disparue, mais rendre son absence moins cruelle et lui faire honneur en veillant sur d’autres vies aussi fragiles que la sienne mais, chacun l’espérait du plus profond de son âme, moins éphémères.
Il y avait bien sûr Jack, le fils d’Aaron, maintenant âgé de neuf ans, qui veillait sur le petit frère de trois ans adopté l’année précédente, Henry, le fils de JJ et Will qui, du haut de ses six ans, se montrait un grand frère attentionné pour Beverly, deux ans et demi. Lucy, la fille de Danny était là avec Cassiopé, la petite sœur adoptée deux ans plus tôt en Afrique et âgée de quatre ans et demi. Et puis il y avait les trois filles de Désirée et les deux de Sarah, leurs nièces qui, avec leurs propres filles, formaient un septuor au sein duquel le pauvre Tyler était en minorité écrasante. Et pourtant, le bébé de dix mois était le centre de l’attention de toutes ces mamans miniatures dont les plus jeunes, Leslie et Lily-May, avait seulement deux ans. Désirée avait longtemps hésité à donner l’une de ses jumelles le prénom de sa nièce disparue, et elle avait demandé à Derek et Spencer s’ils y voyaient un inconvénient. Les deux hommes avaient été touchés de l’attention et satisfaits que l’enfant ne s’appelle pas simplement Lily. Ca aurait été trop lourd à porter pour ses petites épaules que de prendre une place qui n’était pas la sienne et n’appartiendrait jamais qu’à leur petit ange disparu. Et pour compléter la petite troupe, il y avait Corey, le fils de Sheldon et Adam ainsi que celui de Lindsey et de son compagnon Chuck, Mathéo, âgé seulement de six mois mais qui participait à la fête de toute la force de ses poumons, ne laissant personne l’oublier et Vaunie, la petite fée malicieuse de Stella et Mac, âgée de dix-huit mois et en passe de devenir une drôle de petite personne.
- Ils sont adorables ! sourit Greg, heureux du spectacle.
- Adorables et plus que bruyants, grimaça Nick en retour. Et imagine que l’an prochain il y en aura au moins deux de plus !
Il faisait allusion aux grossesses déjà visibles d’Emily et de Stella ainsi qu’aux deux enfants, un frère et une sœur, qui allaient bientôt venir égayer le foyer de Gil et Warrick.
- Si on m’avait dit, il y a trois ans, que nous serions tous là, si nombreux et si heureux…
- On a le bonheur que l’on mérite mon amour, et tu le mérites plus que n’importe qui, murmura Nick amoureusement avant de prendre les lèvres de son amant dans un baiser plein de tendresse et de désir.
- Hé vous deux ! Il y a des chambres pour ça ! lança de loin Derek, d’un ton joyeux.
- Il y a des chambres pour ça ! répétèrent aussitôt Ashley et Taylor avant de venir montrer la leurs pères les magnifiques poupées que le père Noël leur avait apporté, parmi une multitude d’autres cadeaux.
Et tandis que les enfants se calmaient, s’amusant avec leurs nouveaux jouets pour les plus grands, s’endormant dans les bras de leurs parents ou à même le sol pour les plus jeunes, la conversation entre les adultes reprit, ponctuée d’éclats de rire et de sourires heureux.
Greg les regardait tous autour de la grande table, tous ceux qu’il aimait, tous ceux qui comptaient pour lui et il mesurait la chance qu’il avait, qu’ils avaient tous d’être là en ce jour particulier. Trois ans s’étaient écoulés depuis le drame qui les avait touchés et l’arrestation de leurs ennemis. Chacun s’était remis des blessures physiques, mais les blessures psychologiques restaient douloureuses et l’absence des innocentes tombées durant la lutte pesait lourd à leur cœur. Mais le destin leur avait fait le merveilleux cadeau de ces nouvelles vies qu’ils devaient protéger et guider et il savait que de là-haut, leurs chères disparues veillaient sur eux et se réjouissait de ce bonheur qu’ils avaient mérité et qu’ils avaient à cœur de préserver.
La vie donne et la vie reprend : elle leur avait beaucoup pris, mais en ce beau soir de Noël, elle leur donnait le meilleur. Alors, Greg se joignit à la gaité générale, repoussant tous les mauvais souvenirs, tous les regrets stériles, toute la culpabilité malvenue. Oui, sa vie, leur vie, il l’écrivait maintenant, parmi les siens, au milieu de sa famille, sous le regard bienveillant des deux anges qui occuperaient toujours une place particulière dans leurs cœurs mais qui n’auraient jamais voulu devenir pour eux un poids les empêchant de profiter des instants de bonheur qui leur serait offert.
C’était Noël, et ils étaient ensemble… La vie avait gagné !
FIN
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