Voici un début de fic pas joyeux du tout. J'ai mis Greg/John dans le titre, le pairing justement que je martyrise ici. Et je peux également rajouter du Mycroft/John, oui après tout pourquoi faire simple
Pour la petite histoire au départ ceci devait être un OS, mais bon j'ai craqué et je suis en train de bosser sur une courte suite, pas forcément utile, que je vous livrerai au plus vite si ceci vous plaît.
Bonne lecture.
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Accueillant Mycroft dans le salon, John se crispa immédiatement.
« Sherlock n’est pas là, dit-il précipitamment avant de détourner le regard.
- Quand doit-il revenir ?
- Qui peut savoir ? marmonna le médecin avec un haussement d’épaules. Il ne m’a même pas prévenu de son départ, je l’ai juste entendu partir.
- Oui, ce n’est pas étonnant. Je peux l’attendre ici ?
- Comme vous voulez, mais ça peut être long. »
L’aîné sourit puis alla s’installer dans le fauteuil de son frère, jouant négligemment avec son parapluie.
John tenta d’ignorer sa présence en se replongeant dans la lecture de son magazine, mais c’était loin d’être aisé, il était profondément mal à l’aise de sentir le regard intense fixé sur lui. Décidément, depuis ce baiser, être en compagnie de ce Holmes était bien difficile. Mais de cela il aurait pu se douter, jamais il n’aurait dû agir ainsi. Même si ce n’était pas lui qui avait initié ce baiser, il avait laissé faire, il était donc tout aussi responsable. Davantage même, lui n’était pas célibataire. Mais il en payait le prix.
Ces trois dernières semaines avaient été un enfer. Il repensait sans cesse à cet échange, au plaisir éprouvé. Et la culpabilité le rongeait. Quand il était avec Greg, avec Mycroft… Cela devenait invivable mais dire la vérité à son compagnon était exclu. Plus que la peur de le perdre, il refusait de blesser Greg par son inconséquence. Alors il s’efforçait de vivre avec cela, mais la présence de Mycroft à cet instant ne lui facilitait certainement pas la tâche. Et celui-ci semblait avoir décidé de le torturer.
« Comment va Lestrade ? Toujours aussi occupé ?
- Bien. C’est le même bourreau de travail que j’ai rencontré il y a deux ans, marmonna John, le cœur au bord des lèvres.
- Ce n’est pas facile pour vous.
- C’est comme ça. D’autant que j’ai tendance à faire pareil quand je suis avec votre frère. »
Voyant que l’autre homme n’en avait pas fini avec lui, le médecin se leva brusquement, préférant couper court.
« Je crois que je vais y aller moi aussi. J’ai des courses à faire. »
Le ton était empressé et manquait cruellement d’assurance, pourtant John n’entendait pas se rétracter. Mais tandis qu’il quittait la pièce, Mycroft le rejoignit précipitamment.
« John ! »
Avant que celui-ci ne puisse dire quoi que ce soit il se retrouva acculé contre le mur du couloir.
« Reste ! S’il te plaît, reste. Je… »
S’interrompant, Mycroft posa ses lèvres sur les siennes en un geste qui n’avait rien de tendre. Comme la première fois John voulu se débattre, le repousser. Mais cette fois encore il répondit plutôt au baiser, entrouvrant les lèvres, mêlant sa langue à la sienne, glissant ses bras dans son dos. Et pendant quelques instants il n’éprouva pas la moindre culpabilité, autant pour sa trahison que le plaisir éprouvé.
Il ne rouvrit pas les yeux lorsqu’ils se séparèrent, ne voulant renoncer à cet instant de grâce avant que la réalité ne le rattrape de plein fouet. Le serrant plus fort contre lui, Mycroft semblait bien loin de toutes ces considérations. Comment aurait-il pu en être autrement ? Lui n’avait jamais douté de cette conclusion, lui n’était infidèle à qui que ce soit. C’était facile pour lui. Alors que John… Il se faisait l’impression d’être un beau salaud.
« Inutile de regretter, tu en mourrais d’envie.
- Facile à dire pour toi, grogna le blond.
- Tu n’en avais pas envie ?
- Si bien sûr, mais… je regrette. Je regrette de t’avoir laissé m’embrasser, comme la dernière fois ! Je regrette de passer mon temps à penser à toi, y compris quand je suis avec Greg ! Et par-dessus tout je regrette d’en désirer davantage ! »
Déballer ce qu’il avait sur le cœur lui fit le plus grand bien et il avait l’intention de continuer mais Mycroft ne lui en laissa pas le temps, lui volant plutôt un autre baiser. Y répondant avidement, John se fit l’effet d’être une pute. Ou pire encore. Il n’avait plus aucune morale, se laissant dicter par son seul plaisir. Après tout ce que Greg avait fait pour lui, avec tout l’amour dont il l’avait entouré, dont il l’entourait au quotidien même s’il n’était pas disponible bien souvent, lui se conduisait ainsi… Il avait honte, il se dégoutait. Et pourtant il en redemandait, laissant échapper un gémissement tandis que les mains de son compagnon pétrissaient ses hanches. Jamais un baiser n’aurait dû être si bon. Le goût de l’interdit sans nul doute.
Lorsqu’ils se séparèrent ils restèrent un moment front contre front, John tentant de calmer sa respiration un peu haletante. Et déjà le contact des lèvres tentatrices lui manquait. Pourtant il devait se reprendre, il devait… Il n’en savait rien à la vérité.
Détournant la tête, il découvrit avec effroi Sherlock, planté en haut des escaliers, qui les fixait de son regard acéré. Ramené brutalement à la réalité par ce spectateur imprévu, il repoussa vivement Mycroft, marmonna quelques excuses indistinctes puis passa devant le cadet pour descendre et s’enfuir au plus vite.
Après son départ les frères Holmes s’affrontèrent un moment du regard, Sherlock toujours parfaitement immobile. Il était en train d’appréhender une foule de nouveaux sentiments et même s’il ne savait pas encore véritablement comment y faire face, une petite voix dans sa tête lui répétait que Mycroft ne devait pas s’en sortir aussi facilement.
« Nous sommes de retour des années en arrière apparemment, à l’époque où tu t’évertuais à t’en prendre à tout ce qui avait un sens pour moi, grogna le détective d’une voix sourde.
- Sherlock, tu ne…
- John est mon ami comme tu le sais. Greg aussi d’une certaine manière. Tu n’as pas à t’immiscer dans leur vie, dans notre vie.
- Je croyais que tu n’avais pas d’amis, railla Mycroft.
- Tout comme toi. Tes actes en sont bien la preuve.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles ! Ici il est question de désir, d’amour… rien que tu connaisses.
- Te faire passer pour un expert dans ces domaines ne te donne aucune légitimité. Toi mieux que quiconque tu connais ma promesse de venger John de qui ce soit susceptible de la faire souffrir. Tu croyais vraiment que j’allais te traiter différemment d’un quelconque criminel de bas-étage ? Tu détruis tout ce tu touches, j’en suis le meilleur exemple.
- Sherlock…
- Il n’y a plus rien à dire. Tu sais à quoi t’en tenir. »
S’interrompant, il fusilla l’aîné du regard puis fila s’enfermer dans le salon.
ooOoo
Une fois dehors, John arpenta les rues, longeant les façades qu’il ne voyait pas, pas davantage que les passants qu’il croisait. Seule l’obsédait sa conduite. Comment avait-il pu répéter une erreur pareille alors que le souvenir de leur premier baiser le mettait à la torture depuis si longtemps ? Pourquoi n’avoir pas su résister pour Greg, pour leur amour ? Parce que les faits étaient là, il désirait Mycroft et regrettait de n’avoir pu aller plus loin avec lui. Pourtant il aimait son compagnon et n’envisageait pas un instant le quitter, de cela il n’avait aucun doute, il ne parvenait tout simplement plus à se contenter de cette relation pourtant parfaite. Pour cette raison il ne méritait pas Greg et ne méritait certainement plus d’être heureux un jour. Concernant ce dernier détail cela dit il était plutôt sur la bonne voie, sa culpabilité le rongeant de l’intérieur.
Il était perdu si profondément dans ses pensées torturées qu’il sursauta violemment quand son portable vibra dans sa poche. Son sang ne fit qu’un tour lorsqu’il découvrit le contenu du sms de Mycroft
J’ai pris une chambre au Dorchester, je t’y attends pendant deux heures. Aucune pression, fait comme tu le sens.Pas de pression, tu parles ! C’était une torture pure et simple. D’un côté Greg, son Greg, fidèle et amoureux, débordé de travail certes mais qui faisait tout pour les préserver malgré tout de leurs rythmes d’enfer. Et de l’autre cet homme mystérieux, charismatique, qui représentait le danger, l’excitation. Que choisir ? Greg bien sûr. Il s’agissait là de la réponse la plus censée. La seule raisonnable. Parce que c’était avec Greg qu’il se voyait vieillir, fonder une famille peut-être, il ne pouvait rêver d’avenir plus heureux qu’à ses côtés.
Néanmoins l’attrait de l’aventure était terriblement tentant. Une aventure, oui, rien de plus, juste une fois. Assumer ensuite serait lourd à porter, mais les regrets éprouvés à ne pas aller au bout lui semblaient plus difficiles à cet instant. Oh bien sûr il n’était pas fier de penser tout cela, tout comme il ne se sentait plus en droit de mériter l’amour de son compagnon mais… C’était ainsi. Contrairement à ce que tous semblaient penser il n’était pas parfait, loin de là. Greg l’était et le prouvait au quotidien. Mais lui il était simplement humain, avec ses qualités, ses défauts, ses failles. Mycroft était l’une d’elles, cela il le savait depuis longtemps. Depuis le jour où ils avaient flirté ensemble pour la toute première fois alors même que Greg et lui étaient alors encore amis. De la même manière, il savait depuis la réception du texto qu’il irait effectivement dans cet hôtel de malheur vendre son âme en offrant son corps à l’homme qui scellerait sa perte. Il ne faisait que retarder l’échéance en s’interrogeant, rien de plus, comme si cela pouvait contribuer à atténuer la trahison à venir.
Il erra encore un moment dans les rues froides puis, lorsqu’il commença à pleuvoir il estima que le moment était venu. Hélant un taxi, ce fut sans la moindre hésitation qu’il indiqua sa destination au chauffeur.
Lorsqu’il ouvrit la porte, Mycroft avait son manteau sur les épaules et son parapluie à la main. Immédiatement il sourit en découvrant son visiteur.
« J’allais partir, dit-il en lançant un regard significatif à sa montre.
- J’avais besoin de temps.
- Je comprends. »
L’aîné s’effaça pour laisser entrer le médecin, qui se sentait les jambes flageolantes. Celui-ci, mal à l’aise, jeta un coup d’œil autour de lui. Il ne connaissait l’établissement que de réputation, qui s’avérait amplement méritée.
« Je ne savais pas que le Dorchester était le genre d’hôtel à louer ses chambres pour quelques heures.
- Seulement à certains clients particuliers.
- Oui, j’oubliais, tu es le gouvernement britannique après tout.
- Je vois que Sherlock a toujours la même imagination débordante. Quoi qu’il n’est pas très loin de la vérité cette fois. »
Il s’interrompit le temps de retirer son manteau, qu’il déposa soigneusement sur le dossier d’un luxueux fauteuil, puis vint se planter en face de son compagnon.
« Nous sommes deux adultes et apparemment consentants puisque nous sommes ici. Inutile donc de faire traîner les choses. Puisque nous y viendrons tôt ou tard de toute façon… »
John hochait la tête, même si lui-même se sentait bien incapable de prendre la moindre initiative. Comme si une nouvelle fois le fait de laisser agir l’autre homme pouvait l’absoudre de toute responsabilité dans ce qui allait suivre. Attitude puérile, mais c’était surtout sa dernière arme.
Le cœur battant la chamade, il gémit lorsque Holmes l’attira à lui et l’embrassa enfin. Les lèvres de Mycroft. Les mains de Mycroft. La peau de Mycroft. Et par-dessus tout la sensation de l’interdit, de la trahison. Tout cela eut un effet dévastateur sur John, qui se laissa mener au plaisir absolu. Plus d’une fois il crut mourir, l’espéra même, mais il n’y eut que l’extase, avant le douloureux retour à la réalité.
Après le déchaînement de passion, lors duquel il s’avéra particulièrement doué, Mycroft fit preuve de la plus grande des tendresses.
Blotti dans ses bras, le visage enfoui dans son cou, John aurait dû être bien. Mais évidemment il était incapable de profiter de l’instant présent, bien trop de pensées en tête. Il n’aurait pas dû faire ça ! Bien sûr cela avait été terriblement bon, mais ce n’était certainement pas une excuse. Il avait été lâche, faible. Il avait trahi par ses actes l’être qu’il aimait le plus, le seul qui comptait vraiment pour lui. Il se sentait minable. Il était minable. Un instant il se prit à regretter que les fenêtres ne puissent s’ouvrir, parce que là tout de suite faire le saut de l’ange l’attirait follement.
Mais cela aurait été trop facile. Il devait accepter de faire face à ses actes plutôt que se défiler, assumer comme un homme. Tant pis s’il fichait toute sa vie en l’air.
« Tu songes à Lestrade ? s’enquit Mycroft avec une clairvoyance qui mit le cadet plus mal à l’aise encore.
- Bien sûr. Il ne me le pardonnera jamais.
- Il n’a pas besoin de le savoir.
- Mais moi je le saurais… », murmura John, pensif.
Et si justement vivre avec ce mensonge était sa punition ? Non, ce serait définitivement assumer, même si Greg ne le méritait pas. Parce qu’il mérite de savoir qu’il a demandé en mariage le pire des salauds, se molesta intérieurement le médecin.
« C’était une connerie Mycroft, grogna-t-il. Ne te méprends pas, j’ai adoré, mais c’était tout de même la pire des choses à faire.
- Ce qui est fait est fait.
- Facile à dire pour toi qui es célibataire. Tu avais tout à gagner avec ça. Et celui qui va vraiment en souffrir c’est justement celui qui n’a rien demandé à personne. »
Son portable abandonné sur la table de chevet émit soudain une brève sonnerie, l’empêchant de s’apitoyer davantage sur son sort. Attrapant l’objet, il lut le contenu du sms avant de lâcher un gémissement plaintif.
« Eh bien ? s’enquit Mycroft avec curiosité.
- C’est Greg, marmonna John d’une voix douloureuse. Il vient de rentrer. »
Quelle ironie ! Le policier quittait le bureau à une heure décente pour la première fois depuis bien longtemps justement le jour où lui avait décidé d’aller voir ailleurs. La vie était mal foutue !
« Il faut que j’y aille, lança-t-il en se levant. On en a assez fait je crois. Je… Mycroft, c’était une erreur, il vaut donc mieux en rester là. »
L’autre homme hocha simplement la tête. Ce n’était pas comme s’il ne s’était pas douté d’une telle issue. C’était probablement le mieux de toute façon. Lui n’aurait rien vu à poursuivre cette relation mais il était clair que John n’aurait pu le supporter. Déjà qu’il donnait l’impression de ne plus se supporter lui-même.
Le retour à l’appartement de Lestrade fut particulièrement pénible pour le médecin. Son compagnon, inconscient de ce qui se tramait, se montra particulièrement tendre à son égard. Pour une fois qu’il était parvenu à quitter plus tôt le travail, il entendait bien en profiter. Il leur concocta donc un délicieux dîner tout en entretenant la conversation à un John silencieux et pensif qui s’était assis dans un coin de la cuisine, une bière à la main. Le policier ne s’étonna pas de le voir aussi discret, ce n’était pas la première fois. Les deux hommes avaient des métiers difficiles, exigeants, alors souvent l’un ou l’autre était morose, fatigué, c’était ainsi. Mais puisque lui était bien ce soir, il comptait tout faire pour remonter le moral de son compagnon.
La conversation ne fut guère animée mais bien présente quand ils passèrent à table. John, quoi que tourmenté, fit des efforts, félicitant notamment l’aîné sur sa cuisine, le remerciant de sa patience à son égard. Greg accepta les compliments sans broncher, ne se doutant de rien. Qu’aurait-il bien pu soupçonner de toute façon ? Leur vie était parfaite. Ils avaient bien leurs petits problèmes comme tout un chacun, mais jamais rien d’insurmontable. Le reste n’était que du bonheur. Près de trois ans et il avait encore le cœur qui battait la chamade quand il le retrouvait après une brève séparation. C’était bon signe selon lui. Tellement bon signe pour leur avenir qu’il n’avait pas hésité quelques semaines plus tôt à le demander en mariage. Le médecin avait accepté avec une joie non dissimulée. Et lui n’aurait pu en être plus heureux.
Quoi qu’à la vérité, c’était à partir de là que le comportement de John s’était modifié. Dès le lendemain, de retour de chez Holmes il s’était montré pensif, renfermé… Un état d’esprit qui ne le quittait que rarement depuis. D’abord inquiet, Greg avait mis cela sur le compte de leur union à venir. Lui-même avait encore du mal à se faire à cette idée. Car leur passé respectif n’aidait pas. L’un et l’autre avaient vécu déception sentimentale sur déception sentimentale, alors ce couple qu’ils formaient ils avaient conscience de devoir tout faire pour le préserver. C’était essentiel même si cela demandait un travail quotidien.
Dans la soirée John, prétextant être fatigué, s’était réfugié dans le chambre. Désirant plus que tout lui laisser un peu de tranquillité, Greg était resté dans le salon, tentant de se concentrer sur son roman, la télévision en fond sonore, mais faire ainsi croire que tout était pour le mieux lui pesa très vite. Il aimait John et n’entendait pas le brusquer, pourtant il sentait leur relation lui échapper s’il n’agissait pas.
Il alla donc le rejoindre, se glissant sous la couette. Si John sursauta à son contact, au moins ne le repoussa-t-il pas.
« Bébé, qu’est-ce qui ne va pas ce soir ? »
Le médecin hésita un bref instant sur la conduite à tenir. Fuir ? Mentir encore ? Ou assumer enfin, tout avouer ? Décision difficile au regard de tout ce qu’il risquait de perdre. Pourtant il devait la prendre. Il se retourna donc de façon à faire face à son compagnon, lui adressant un sourire tendre quoi qu’un peu triste.
« Je vais bien. Je… je t’aime Greg. »
Celui-ci hocha la tête, satisfait par cette entrée en matière. Néanmoins il tenait à aller plus loin.
« Moi aussi John, bien sûr. Tu ne regrettes pas de m’avoir dit oui ? Tu veux toujours m’épouser ?
- Bien sûr que oui ! s’écria vivement la cadet. »
Mais en était-il encore seulement digne ? C’était bien là tout le problème. S’approchant davantage de son homme, il l’embrassa tendrement. C’est dans ce baiser, aussi doux que d’habitude, qu’il prit sa décision. Elle serait forcément difficile mais ainsi il aurait le mérite de respecter Greg. Pour ce détail tout particulier il était prêt à assumer toutes les conséquences.
S’écartant de son compagnon, il inspira profondément pour se donner une dernière fois du courage puis se jeta à l’eau.
« Greg, mon amour, j’ai fait quelque chose… Il faut que je t’en parle… »
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John rentra chez lui après sa journée de travail, fatigué et heureux. Malheureusement cet état d’esprit ne durait jamais longtemps. A peine se retrouvai-il seul que les souvenirs revenaient l’assaillir et avec eux cette sensation de manque qui parfois le submergeait jusqu’à l’empêcher de respirer.
Pourtant il avait tout pour être satisfait de sa vie. Une maison agréable, des amis, un bon boulot… Tout ce qui aurait suffi à bien des hommes, mais il avait beau faire, tenter de s’en convaincre, sa vie d’avant lui manquait. Il avait quitté Londres un an auparavant après que Greg, comme prévu, l’ait quitté suite à son infidélité. Il n’en avait jamais voulu à l’aîné, il avait certes essayé de se battre pour le faire changer d’avis avant d’avoir la sagesse d’accepter sa décision. Si les rôles avaient été inversés, quoi que c’était improbable étant donné le caractère fiable de Greg, il aurait probablement réagi de la même façon. Il avait trahi, il payait. Alors il était parti. Pour ne plus se promener dans ces rues pleines de souvenirs, ne plus essuyer les regards accusateurs ou de pitié de son entourage. Il avait erré aux quatre coins du pays, sans véritable plan pour son avenir.
Jusqu’à ce qu’il ne tombe amoureux de ce petit village battu par les vents au fin fond des Cornouailles. Heureux hasard ou signe qu’il était bien à sa place, le médecin vieillissant qui officiait dans les environs aspirait à la retraite. Lui qui ne s’était jamais imaginé envisager faire sa vie loin de la capitale avait reprit le petit cabinet. Seul médecin sur des miles à la ronde, il avait largement de quoi occuper ses journées et ce n’était pas plus mal. Sa vie d’avant était définitivement finie, autant donc l’accepter. Seul vestige, il était resté en contact avec Sherlock grâce aux mails. Celui-ci allait bien et n’aurait de toute façon certainement pas avoué que son ancien colocataire lui manquait. Il continuait évidemment son travail de consultant, même si les conflits avec la police étaient plus réguliers maintenant que plus personne n’était là pour tempérer son caractère particulier.
Le détective donnait également régulièrement des nouvelles de Greg, qui ne l’avait jamais recontacté depuis leur rupture. Depuis quelques temps le policier fréquentait quelqu’un, un légiste récemment muté à Londres avec lequel cela devenait sérieux. John était heureux pour lui bien sûr, qu’il refasse sa vie prouvait qu’il se remettait de la trahison. Peut-être qu’un jour cela aiderait le médecin à se sentir moins coupable. Néanmoins la jalousie avait émergé. Greg avait quelqu’un d’autre alors que lui n’envisageait même pas de chercher à faire des rencontres, alors que lui végétait, survivait tant bien que mal.
"Tu l’as bien cherché, c’est toi qui a tout foutu en l’air" se rappelait-il souvent. C’était aussi bien finalement, l’innocent avançait, le responsable de ce gâchis payait. Si seulement cela pouvait toujours se passer ainsi dans la vie.
Mycroft avait tenté de rependre le contact quelques mois plus tôt. Comment l’avait-il retrouvé ? C’était un mystère, mais après tout rien ne semblait impossible pour un Holmes. Le fonctionnaire souhaitait qu’ils démarrent enfin une relation en bonne et due forme. John avait refusé sans même y réfléchir et ne l’avait jamais regretté. Cette attirance qui avait détruit son couple avait perdu tout son intérêt à présent que plus rien ne se mettait entre eux. Un comble ! Ou peut-être une façon de plus pour le médecin d’expier ses fautes.
Ce soir-là comme tous les autres, après un repas frugal il s’installa devant la télévision, un verre de scotch à la main et se perdit dans ses souvenirs. Mauvaise habitude qu’il avait prise depuis qu’il vivait ici et qui ne l’aiderait certainement pas à se remettre, mais la culpabilité et les regrets était des fardeaux bien lourds à porter.
TBC...