Disclaimer : Les personnages de cette superbe série ne m'appartiennent pas, je ne fais que les emprunter sans en tirer aucun profit.
Un grand merci à Glasgow pour la bêta
Retour au foyerChapitre 1 - Présent (fin septembre) - De retour avec une surpriseLa guerre n’était pas finie, loin de là, mais le Capitaine John Watson rentrait tout de même chez lui. L’étrangeté de la situation – compte tenu des circonstances de son départ, et de celles de son retour – le laissait perplexe. Il n’arrivait tout simplement pas à croire qu’il revenait si vite. Moins de trois mois s’étaient écoulés depuis qu’il avait quitté l’Angleterre, se réengageant dans l’armée pour une période d’un an. Et il se retrouvait à nouveau démobilisé, encore qu’il reconnaisse qu’il préférait largement les évènements présents à ceux qui avaient précipité son premier rapatriement. Une seule blessure lui suffisait, merci bien.
Paradoxalement il mesurait toute sa chance. Alors que tant d’hommes étaient morts, ou gravement diminués, lui s’en sortait quasiment indemne. Quelques cauchemars récurrents, des douleurs à l’épaule quand le temps changeait ou qu’il sollicitait trop ses muscles, une claudication nerveuse intermittente. Tous ces symptômes, dont il croyait s’être débarrassé grâce à Sherlock, étaient réapparus en force lors de son réengagement en Afghanistan. Cela restait bien peu de choses au regard de l’état de certains soldats.
Assis dans l’avion qui le ramenait à Londres en cette journée de fin septembre il réalisa que c’était un petit miracle qu’il soit entier après deux séjours dans un pays exsangue déchiré par un conflit si intense que la population était constamment au bord de la mutinerie.
Le Boeing se posa enfin sur le tarmac de l’aéroport d’Heathrow et il eut l’impression de recommencer à respirer. Il allait retrouver Sherlock, retrouver son pays, son métier, sa vie… une existence normale.
C’était comme si un poids lui était ôté, une pression immense, celle d’être un survivant.
Il quitta son siège presque comme un automate, s’assurant de ne pas oublier son maigre bagage à main ne contenant que des treillis semblables à celui qu’il avait sur le dos. Cela avait été son unique tenue pendant des jours et des jours, mais d’ici quelques heures il retrouverait enfin ses vêtements civils. Curieusement il avait l’impression que ceux-ci faisaient de lui un être humain à part entière, comme si le fait de se débarrasser de son uniforme de militaire allait lui rendre son identité.
Le Capitaine descendit les escaliers métalliques, fondu dans la masse des soldats de retour dans leur patrie, anonyme parmi les anonymes et pourtant si reconnaissable car lui seul portait un précieux fardeau. Leurs rangers semblaient s’accorder pour former une petite musique désagréable, un son bien trop répétitif pour ne pas rappeler le martellement rythmé de leurs souliers sur les routes afghanes. Ils traversèrent la piste sous une légère pluie et John leva son visage pour sentir les gouttelettes caresser sa peau. Bon sang il n’aurait jamais pensé dire ça un jour mais le climat anglais lui avait manqué. Instinctivement cette bruine le rassurait. Alors qu’il associait sans le vouloir le soleil à ses souvenirs de guerre, la pluie était comme un baume sur les blessures morales qu’il ramenait avec lui. Ici il pouvait presque croire qu’il ne risquait rien, qu’il était en sécurité.
Contrairement aux voyageurs lambda en transit dans cet aéroport, les soldats ne débarquaient pas dans le hall principal mais dans une aile éloignée qui devait permettre des retrouvailles familiales plus intimes. Un membre du personnel de l’aéroport intercepta John au contrôle et le conduisit dans une petite pièce. Compte tenu de sa situation, le blond n’attendait pas dans la même salle que les autres démobilisés.
Et toujours cette question obsédante depuis qu’il avait posé le pied sur le sol anglais… Holmes était-il venu le chercher ? Avait-il pris le temps de se déplacer lui-même ? Le concernant on ne pouvait jamais être sûr de rien.
Enfin sa haute silhouette apparut dans l’encadrement de la porte et le médecin se leva, épaules machinalement carrées, presque au garde à vous, le regard irrésistiblement attiré par l’homme qui lui avait tant manqué, l’homme qui était également la cause de son départ.
Il ne leur fallut que quelques pas pour se rejoindre, s’étreindre, se retrouver. Les longs bras de Sherlock serraient John, le serraient à le briser. Comme pour qu’il ne reparte jamais.
Et le docteur caressait doucement la nuque de son compagnon, le nez dans son cou, s’imprégnant de son parfum… mélange d’étranges choses… le tabac, la menthe, les produits chimiques. John n’avait jamais senti une odeur qui lui donne à ce point le sentiment d’être à sa place.
Leurs lèvres se frôlaient, impatientes et pourtant craintives, comme si ce baiser devait sceller autre chose que leurs retrouvailles. Ils savouraient l’instant. Ils allaient s’embrasser, ce n’était qu’une question de secondes, mais leur moment fut brisé par la voix d’une jeune militaire :
- Excusez-moi Capitaine Watson, mais je crois qu’elle a besoin d’être changée.
Sherlock fronça les sourcils alors que son amant s’éloignait de lui, ne paraissant pas le moins du monde surpris, pour aller vers cette femme et lui prendre ce qu’elle tenait dans ses bras.
Instinctivement le logicien se rapprocha. Il voulait être sûr que sa vue ne l’avait pas trompé car il ne comprenait pas ce qui se passait. Cela ne lui arrivait que très rarement et il détestait ça. C’est alors que l’odeur le frappa et il fronça le nez.
- Qu’est-ce que c’est que cette
chose puante ? demanda-t-il avec dégoût.
- Sherlock, annonça doucement Watson en se tournant dans sa direction, je te présente ma fille. Elle s’appelle Shioban.
A suivre...