Chapitre 2
Kurt se dirigea avec empressement vers la table libre qu'il avait repéré dès son entrée dans son café fétiche. Blaine tenta d'imiter son allure effrénée tout en veillant à ne pas renverser le contenu de son gobelet. Une préoccupation qui ne sembla pas perturber Kurt alors qu'habituellement si la moindre goutte venait à se renverser sur ses vêtements délicats, il serait le premier exaspéré. Tel un félin, le jeune Hummel prit possession de la chaise qui lui offrirait la meilleure vue pour exécuter à merveille son plan gardé secret.
- Tu étais pressé ! commenta Blaine.
Le chanteur des Warblers s'apprêtait à s'asseoir juste en face de son petit-ami lorsque ce dernier s'écria avec un ton des plus catégoriques :
- Non !
Blaine fronça les sourcils. Les excentricités de Kurt pouvaient effrayer ou encore déranger certaines personnes, mais par une heureuse connexion chimique, elles amusaient Blaine. Il les trouvait même parfois adorables et attendrissantes. Mais cette fois-ci, il ne comprit tout simplement pas pourquoi il réagissait ainsi.
- Assis-toi plutôt à côté de moi. On se voit si peu en ce moment...plaida amoureusement Kurt en lui tendant sa main.
Rassuré, Blaine accepta son offre. Leurs doigts s'entremêlèrent tendrement sous la table tandis que leurs regards s'accrochaient et se prolongeaient comme une étreinte chaleureuse. Kurt remettrait à plus tard la réelle raison de sa venue ici, qui malheureusement n'avait aucun rapport avec un rendez-vous romantique avec son petit-ami. De quelques secondes. Blaine mit un terme à cette intimité pour boire une gorgée de son café. Kurt en profita pour débuter sa minutieuse observation. Ses victimes ? Timothy et David Karofsky, installés à une table un peu plus éloignée de la leur.
Loin de se douter qu'ils étaient épiés , les deux jeunes gens entamaient une ébauche de conversation, dont les préceptes étaient : authenticité et confiance.
- C'est moi qui devait vous recontacter en cas de besoin.. Pourquoi vous avez demandé à me revoir ? interrogea David, dont le murmure était presque inaudible.
Il s'en voulait amèrement. D'avoir fuit au lieu de présenter ses excuses à Kurt. Il avait réellement voulu mettre cette bonne résolution à exécution. Pas pour récolter un pardon et se sentir plus tranquille après mais parce qu'il devait bien ça à Kurt. Il désirait profondément qu'il sache que malgré les apparences qui jouaient en sa défaveur, il ne le haïssait pas. Mais entre le moment où il avait accosté Kurt et l'instant où Blaine était apparu...une autre émotion avait pris le dessus et il n'avait pas su la gérer autrement que de façon primitive.
Timothy était là. Il avait tout vu. Tout entendu. L'unique personne qui pouvait encore émettre un avis contrasté avait désormais toutes les cartes en main pour se ranger du côté des autres : Kurt, Blaine, le Glee club, Will Schuester, Sue Sylvester et le principal Figgins, c’est-à-dire considérer David comme un élève potentiellement dangereux dont il faudrait continuellement se méfier.
Le silence de l'ainé semblait confirmer ses craintes. Au lieu de parler et de lui rabâcher les oreilles qu'être gay n'était pas une fatalité, il se contentait de le fixer. Pour David, cette situation se révélait bien plus pesante que s'il avait ouvertement formulé des reproches. Son irritabilité s'accentua rongé par la culpabilité et le regret d'avoir déçu le seul être humain qui l'avait jugé autrement que sévèrement.
Pouvait-il encore plaider sa cause ? Il en doutait, mais il éprouvait le besoin de se confier à quelqu'un.
- Ça m'a échappé ok ! Je le pensais pas mais c'est sorti de ma bouche ! Alors….allez-y dites-le ! Dites-le une bonne fois pour toute, qu'on en finisse !
Le stoïcisme de Timothy se fissura, remplacé par un sourire bienveillant. Son attitude distante avait été un mal nécessaire pour obliger l'adolescent à faire le premier pas. A livrer ce qu'il avait sur le cœur. Alors que s'il prenait toujours l'initiative de débuter le dialogue, David avait tendance à se braquer.
- Que suis-je censé dire ?
- J'en sais rien ! Que je suis un enfoiré d'homophobe qui mériterait de se faire cogner à la place de mes victimes !
- Je sais que tu t'en ai pris aux membres du Glee Club à plusieurs reprises mais pourquoi cette fixation sur Kurt ?
Karofsky fut déstabilisé par la question.
- C'est évident non ! C'est écrit sur son front qu'il est gay !
- Kurt n'est pas le seul gay de la ville objecta Timothy.
- C'est le plus visible. Alors que des mecs comme vous ou Blaine, ça ne se voit pas. Si seulement il était plus discret, je n'aurais rien remarqué et je ne m'en serais pas pris à lui. Pas pour ses raisons là.
Toujours aussi calme et posé, l'intervenant formula sans détour ce que sous-entendait sa déclaration, provoquant volontairement une altercation, qu'il orchestra dans un but bien précis.
- Alors parce qu'il correspond aux clichés que la société a établi pour essayer de discerner un homosexuel d'un hétérosexuel, il mérite d'être agressé ?
- Non !
-Tu le trouves efféminé, maniéré, et en terme plus générique "folle", et tu t'es senti agressé ? Pour toi un homme se doit d'être plus virile et macho alors tu as éprouvé le besoin de rétablir l'ordre en le remettant violemment à sa place ?
- Non !! se défendit hardiment Karofsky, irrité qu'un type qu'il venait de rencontrer se permette de supposer le fond de sa pensée, surtout si c'était pour dire de telles conneries !
- Il te révulse, il te dégoûte, il te fait honte ?
- Non !!!
David s'était écrié tellement fort pour protester contre ces accusations erronées, qu'il attira l'attention de plusieurs clients. Il attendit que le calme revienne et que la curiosité des personnes autour d'eux se dissipe pour reprendre à voix plus basse :
- Je ne pense pas du tout ça de Kurt ! Il n'est pas "folle", il est distingué, raffiné ! Il est frêle et virevoltant ! Et il chante comme un véritable rossignol !
Troquant son étiquette de machiste rétrograde pour celui de fervent défenseur de l'honneur de Kurt, David sut qu'il en avait trop dit. La situation avait brutalement basculé à son désavantage et à présent quoiqu'il prétende, son interlocuteur saurait qu'il camouflait son affection pour Kurt sous des couches de brutalité.
- Tu ne voulais réellement pas qu'il meurt même si tu as prétendu le contraire déclara Timothy, réconforté de constater que son intuition se révélait juste, à savoir que Karofsky n'était pas cet élève fondamentalement violent et irrécupérable que l'institution du lycée avait décrit.
C'était bien plus complexe que ça et le fait que personne n'ait soupçonné que quelque chose clochait le dérangeait. Comment se fait-il que personne à part lui, n'ait su qu'il était nécessaire de gratter à la surface pour accéder au véritable David Karofsky ? Peut-être parce que la plupart des gens s'arrêtaient aux apparences.
- Non...souffla-t-il. Je voulais juste qu'il parte.. Je croyais que s'il disparaissait de ma vue, tout serait réglé...Que tout serait terminé..
- Que quoi serait terminé David ?
Le footballeur soupira. Il le soupçonnait de jouer l'idiot pour l'obliger à dire ce qu'il n'osait admettre.
- Mon attirance pour lui...Pour un mec…
- Mais ?
- Il s'est cassé comme prévu et je pensais être peinard sauf que tout d'un coup je me suis mis à fantasmer sur d'autres gars ! C'est devenu un véritable calvaire !
- C'est une réaction normale.
- Comment ça ? tiqua Karofsky.
- Plus le mental s'entête à ignorer une réalité et plus elle va enfler jusqu'à devenir insupportable. Tu souffres parce que tout ton être sait déjà que tu es attiré par les hommes mais parce que tu fais barrage dans ta tête, il ne peut pas s'exprimer librement. Tu as été le bourreau de Kurt mais tu es aussi et avant tout ton propre bourreau.
L'adolescent assimila longuement les paroles de son aîné. Elles firent écho avec ce qu'il pressentait déjà. Son visage s'assombrit progressivement et une boule se forma dans sa gorge. Il ne digérait pas la nouvelle. Il eut le sentiment qu'un esprit Malin prenait plaisir à le torturer.. Jusqu'à quand le calvaire durerait-il ?
- Alors...je vais être comme ça toute ma vie ? articula-t-il péniblement.
La voix brisée par l'émotion, des larmes inondèrent rapidement ses yeux. La tristesse qu'il avait jusqu'alors enfoui jusqu'au tréfonds de son être, émergea comme un raz de marée. Les écoutilles qui servaient à maintenir à distance ce genre de débordement avaient sautées avec son dernier espoir de mener une vie "normale".
- Il n'y a vraiment aucune autre solution ? demanda-t-il , enseveli par le désespoir.
Son expression désespérée foudroya Timothy. De nature empathique, il ressentait les émotions des êtres qui l'entouraient, mais la détresse de David jaillissait avec une telle intensité qu'il en fut profondément bouleversé.
Il aurait aimé lui dire qu'il existait un "remède magique" pour supprimer toute cette douleur mais cela serait non seulement mensonger mais cela reviendrait à dire qu'être homosexuel était un problème. Une anomalie à rectifier. Or, ce n'était ni à David, Kurt, Blaine, Santana, lui-même et toutes les autres personnes dans leur situation de changer mais la société dans laquelle ils vivaient.
A contrecœur, il fit non de la tête en venant étreindre la main de David, apposée sur la nappe rougeoyante de la table. Karofsky ne broncha pas et accepta ce geste de réconfort. Envahi par de sombres pensées, il se fichait royalement que quelqu'un les voit. Il souffrait tellement le martyr que personne ne saurait l'enfoncer un peu plus.
L'atmosphère devint critique. Passer du stade rassurant bien que factice "d'hétérosexuel" à celui réel mais angoissant "d'homosexuel" était (presque) toujours une étape importante et difficile. Semblable à un deuil, ces hommes et ces femmes devaient admettre qu'ils avaient menés une existence trafiquée, sciemment ou non pour répondre aux codes sociétaux et y remédier. Certains ne parvenaient pas à franchir le cap et préféraient tuer cette partie d'eux. D'autres croyaient le "passage" insurmontable et aboutissaient sur un réel sentiment de bien-être. Délivrés d'un poids, ils jouissaient du bonheur qu'éprouvait tout à chacun d'avoir su respecter leur être intérieur.
Avoir peur était normal. A chaque marquant prépondérant de sa vie l'être humain était confronté à ses peurs. Le plus important, c'est que Karofsky et chaque individu dans son cas, soit accompagné, réconforté. Qu'ils comprennent qu'être gay n'était pas une malédiction et qu'il n'y avait aucune raison pour que leur vie devienne un calvaire.
L'ainé devait aussi s'assurer qu'il franchisse vraiment la "barrière". Nombreux étaient ceux et celles qui après avoir progressés dans leur acceptation de soi faisaient subitement marche arrière avec l'idée dérisoire que s'ils fournissaient de réels efforts pour être comme "tout le monde", ils y parviendraient. En vain. Ces tentatives désespérées débouchaient souvent sur des actes malheureux.
Aussi éprouvante soit la prise de conscience, David devait impérativement faire face. Et croire. Croire qu'un futur épanouissant s'ouvrirait à lui, même parsemé d'embûches. Parce que quelque soit le sexe, l'origine, le statut social, la religion et l'orientation sexuelle, l'existence n'était pas un long fleuve tranquille.
Timothy pressa plus fortement ses doigts. A l'aide de ses deux mains. Il refusait d'assister à sa perte. Pleurer n'était pas mauvais en soi. On disait bien souvent que la souffrance s'évacuait avec les larmes mais il avait reconnu dans le regard effroyablement terne de David la sonnette d'alarme. Celle qui signifiait que "demain" n'existerait peut-être jamais.
- David, ce n'est ni une honte ni une tare ! Tu as l'impression que ton petit monde s'écroule et que tu t'écroules avec lui mais ce n'est qu'une impression. Ce "déséquilibre" va passer et plus vite que tu ne le crois.
- C'est facile à dire pour vous. Je parie que vous avez été gay toute votre vie.
- Non. J'étais comme toi, j'aspirais à un autre avenir, semblable à celui de tous mes copains d'école. J'ai été tout aussi déstabilisé que toi quand j'ai compris que ce ne serait pas le cas.
Les prunelles de l'adolescent se ravivèrent légèrement. Timothy avait réussi à captiver son attention. A établir de nouveau un lien entre eux. Il devait faire en sorte de le maintenir que David ne s'isole pas psychologiquement, que leurs esprits restent connectés. Timothy combla les silences, avec sincérité.
- Je me souviens des moments de solitude que j'ai éprouvé quand ils évoquaient le résultat de leurs chasses plus ou moins infructueuses auprès de la gente féminine et du malaise que je ressentais quand ils mataient les jeunes filles qui passaient devant nous en leur donnant des notes, alors que moi j'étais plus intéressé par les mecs qui les accompagnaient déclara-t-il en faisant une grimace.
Une ébauche de sourire naquit sur les lèvres du sportif puis s'étira lentement.
Karofsky renifla en effaçant la trainée humide que sa peine avait laissée sur ses joues.
- Je n'y arriverai pas...avoua-t-il faiblement. Quand ça va se savoir, tout le monde va m'attendre au tournant.. Mes potes vont me démolir la gueule et ne plus jamais vouloir me parler...Mon père va penser que je suis une femmelette...Ma mère, je n'ai aucune idée de comment elle va réagir mais y'a peu de chance qu'elle le prenne bien… Vous dites que je vais me sentir mieux si je suis honnête vis-à-vis de moi-même, mais je ne me suis jamais senti aussi seul..
- Et pourtant je suis là, auprès de toi.
- Vous c'est pas pareil. Vous êtes comme un Super héros qui vient au secours de tous les gays paumés du coin. Quand vous en aurez terminé avec moi vous irez auprès de quelqu'un d'autre.
- Je vais intervenir auprès de quelqu'un d'autre c'est vrai mais ça ne veut pas dire qu'on ne se verra plus.
- Et qu'est-ce qui vous pousserait à avoir envie de me revoir ?
- Parce que c'est une chose qui se pratique entre personnes qui s'apprécient.
La bonne blague ! David rit d'incrédulité en retirant sa main, mettant un terme à l'entente intime qui s'était installée entre eux.
- Kurt, lui, est aimé de tout le monde ! Moi je suis Karofsky, le mec balèze qui a un pois chiche à la place du cerveau. Le mec qui passait son temps à balancer des insultes et des sluchies à la figure des innocents. Le mauvais élève qui ne fera jamais de longues études mais qui par chance sait courir en tenant un ballon de rugby entre ses mains. Le fils violent qui désespère un peu plus chaque jour ses parents. Le mec qui essaye de se racheter une bonne conscience en rattrapant ses erreurs mais qui conservera toujours son image d'élève turbulent, craint et haï par la majorité.
- Ne soit pas trop sévère avec toi-même et laisse leur le temps de se rendre compte de qui tu es réellement. On ne se connait que depuis deux jours et pourtant je sens que dans le fond tu les aimes, les membres du Glee Club. Tu n'as pas trouvé d'autre moyen de les approcher que de les maltraiter mais tu as éprouvé le besoin d'être en contact avec eux parce que cet univers t'attire. Pourquoi ne fais-tu pas comme Finn et Sam ? Jouer dans l'équipe et participer à la chorale en même temps ?
Comment était-il au courant de tout ça ? C'était sûrement Kurt.. Il aurait aimé lui demander si c'était bien lui son informateur mais n'eut pas le courage de le faire. Cela ferait trop suspect.
- L'équipe prendra ça comme une traitrise.. Aller dans le Glee Club...ce serait comme faire mon coming-out.
Azimio ne comprendra pas..
- Qui est-ce ?
- Mon meilleur ami.. C'est lui qui vous a interrompu plusieurs fois pendant la conférence en disant qu'il préférerait crever que de devoir considérer les "pédés" comme étant des êtres humains à part entière.
Timothy se souvenait parfaitement du personnage. Ce dernier avait proféré bien d'autres inepties telles "C'est les tantouzes qui auraient dû être réduit en esclavage à la place de mes frères !" ou encore " D'façon les pédés y'en a que chez les Blancs, en Afrique ça existe pas. C'est une maladie d'occidental ça !".
- C'est avec lui que tu t'en prenais aux autres ?
- Oui… Il se montre agressif mais il n'est pas tout le temps comme ça. Je le connais bien, on se fréquente depuis le primaire. C'est pas toujours facile chez lui..
- Tu ne peux pas mettre ta vie en parenthèse pour satisfaire une personne qui t'es chère, que ce soit un ami, un parent ou qui que ce soit d'autre. Pas si ça t'empêche d'exister.
- Est-ce que ça vaut vraiment le coup…souffla l'adolescent, désabusé.
David rencontra l'incompréhension de son aîné. Il explicita sa pensée.
- J'admets que je suis gay. Ok et après ? Qu'est-ce que j'y gagne ? A part le respect de soi etc.
- J'ai bien peur de ne pas te suivre…
- Vous êtes beau gosse. Kurt aussi. Sans oublier le magnifique Blaine. Je connais pas grand-chose à la culture gay mais ce que je sais c'est que j'ai pas vraiment le physique de l'emploi.
- Il n'y a pas de "condition d'admission" tu sais. Tu es très bien tel que tu es.
- Vous foutez pas de moi. Les mecs raffinés veulent sortir avec des mecs comme eux, pas des grands gaillards ignorants ! s'énerva le plus jeune.
- Si j'ai bien suivi Kurt avait des sentiments pour Finn qui est devenu son frère par alliance avant de sortir avec Blaine. Lui aussi est sportif et ne connait rien à la mode, les comédies musicales et les grandes divas qui ont su traverser les âges, si par "culture gay" tu faisais allusion à ça.
C'était bien ce à quoi il faisait référence mais ce qui l'interpella le plus c'est que Timothy devine son attrait pour le chanteur.
- Comment…
- Kurt parle beaucoup.
- Comment vous savez que...je suis amoureux de lui ! s'exclama David qui se hissa sur son siège, les joues rougies par la gène.
- Simple déduction. Et sois sans crainte, je ne divulguerais cette information à personne.
David faillit rétorquer qu'il avait bien intérêt à se taire, par simple habitude, puis il se ravisa. Il n'avait aucune raison de se montrer agressif à son encontre car au final il ne représentait aucune menace. C'était d'ailleurs et sans aucun doute le seul avec qui il pouvait se sentir réellement bien, détendu et vrai.
- Merci.
- Je suis désolé mais je vais devoir y aller déclara son nouvel ami. J'attends ton appel pour notre prochaine rencontre.
Il esquissa un clin d'œil à laquelle David sourit et se leva de table en apposant quelques billets sur la table pour payer l'addition.
- Au fait comment avez-vous eu mon numéro de téléphone ? demanda brusquement le lycéen.
- Si tu cherches bien tu trouveras la réponse. Figures-toi que je ne suis pas le seul à t'apprécier et me soucier de toi.
- Kurt ?
- Regarde autour de toi.
David jeta un regard circulaire sur la pièce jusqu'à ce qu'il tombe sur celui de Kurt, rivé sur lui.
"Je suis pris en flagrant délit" pensa immédiatement le jeune Hummel avant d'adresser un salut automatique de la main. Karofsky y répondit avec la même maladresse.
- Si tu allais les rejoindre proposa Timothy.
- Vous croyez que c'est une bonne idée de le faire...maintenant ?
- Oui qu'il n'y ait pas de malentendu à cause de ce que tu leur as dit..
David soupira et alla les rejoindre pendant que Timothy disparaissait du café.
- Salut les gars.. Je peux m'asseoir ?
- Évidemment ! s'empressa de répondre Kurt alors que Blaine se précipitait pour aller lui chercher une chaise.
- Merci...
Ils se fixèrent silencieusement avec un malaise évident. Aucun d'eux ne savait quelle attitude adopter exactement. Karofsky était-il là pour enterrer la hache de guerre ou montrer les armes ? Kurt et Blaine seraient-ils vraiment prêts à passer l'éponge ou nourriraient-ils encore de l'amertume envers David ? Est-ce qu'une bonne entente entre les trois adolescents était réellement possible et envisageable ?
- ça a l'air de bien se passer avec Timothy lança gaiement Blaine, qui ne montrait aucun signe annonciateur d'un futur affrontement.
- Oui, il est très sympa et il m'aide beaucoup.
Kurt se tourna vers son petit-ami, étonné de constater que Blaine les avait aperçu malgré ses soins, et n'en avait rien dit.
- Et oui, tu n'étais pas le seul à avoir remarquer leur présence. Quelle coïncidence d'ailleurs. Tu viens souvent dans ce café David ?
- Non répondit le sportif.
- Quelle coïncidence alors ! répéta Blaine qui fixait Kurt avec une lueur indéfinissable dans le regard.
Cette exagération dans la tonalité de la voix était-elle destinée à confirmer son étonnement ou était-ce une manière détournée de camoufler son agacement? David ne saurait le définir mais il percevait la tension qui émanait entre les deux jeunes gens. Il y avait de l'eau dans le gaz.
Blaine attendait une réaction précise de Kurt. Celle-ci allait déterminer l'attitude qu'il adopterait à son tour.
- Oui, c'est drôle en effet déclara Kurt, mal à l'aise. Mais ce café est réputé pour son goût exquis, il n'y a donc rien d'étonnant à cela.
Le Warbler expira bruyamment puis il s'excusa auprès de David pour son départ précipité en quittant brutalement leur table. Son petit ami n'avait pas réussi le test. Bien au contraire, il venait de se rendre coupable à ses yeux.
Sonné Kurt mit quelques secondes avant de réagir.
- Je suis désolé...bredouilla-t-il à l'adresse de David avant de se précipiter à la poursuite de Blaine.
Il le retrouva en dehors du café, marchant à vive allure.
- Blaine que se passe-t-il ?!
Le chanteur de la Dalton Alcademy parut estomaqué que la question se pose tellement cela paraissait évident.
- Tu m'as menti Kurt ! Tu m'as fait croire que l'on venait ici pour se rapprocher mais en réalité tu souhaitais juste les espionner !
- C'est vrai que c'est moi qui ait indiqué ce lieu à Timothy pour rencontrer David mais j'ignorais quand ils s'y rendraient.
Cette explication ne changeait rien aux faits. Blaine ne décolérait pas et Kurt trouvait sa réaction un peu trop excessive.
- Pourquoi réagis-tu comme ça ?
- Kurt, j'aurais accepté sans problème de les espionner avec toi si tu me l'avais demandé. Pourquoi toute cette mise en scène ? Pourquoi as-tu jugé nécessaire de me le cacher ? Si ce n'est... que tu as quelque chose à te reprocher !
- C'est ridicule Blaine ! Que veux-tu que je te cache ? Nous n'avons aucun secret l'un pour l'autre.
- C'est ce que je croyais mais apparemment ce n'est pas le cas...rétorqua douloureusement le Warbler.
Il allait partir lorsque Karofsky leur tomba dessus. Ce n'était pas franchement le meilleur moment pour les interrompre mais David avait jugé l'intervention nécessaire. Avant qu'il ne puisse plus trouver le courage de le faire.
- Kurt, Blaine. Je tenais à vous présenter mes excuses pour les choses horribles que je vous ai dites. Je ne les pensais pas et je m'en veux du mal que j'ai pu vous faire déclara-t-il avec sincérité.
Malgré sa colère virulente, Blaine esquissa un sourire de remerciement au sportif. Il vint même lui faire une tape amicale sur l'épaule puis il les laissa seuls.
David observa Kurt, bouleversé par sa fraîche altercation avec Blaine. Ce dernier formula un faible mais authentique :
- Merci David.
Puis, les yeux du jeune Hummel s'inondèrent de larmes. Il ne comprenait décidément pas pourquoi son petit-ami venait à juste titre de lui hurler dessus en tenant des propos accusateurs insensés. C'était leur première véritable dispute et il ne s'attendait pas à la vivre maintenant alors qu'il n'avait rien fait pour la provoquer. Ni la mériter.
- ça va aller ?...demanda David, mal à l'aise.
Il se doutait bien que ses larmes ne lui étaient pas destiné, mais il n'était pas doué pour réconforter qui que ce soit.
- Non..souffla Kurt.
Le sportif eut le réflexe de regarder à droite et à gauche pour vérifier qu'aucun étudiant de McKinley ne se trouvait dans les parages -par chance la voie était bien dégagée -puis il le saisit précipitamment par le bras et l'entraina à vive allure dans son périple.
Kurt se sentait trop abattu pour protester ou lutter contre la nouvelle lubie de Karofsky. Dieu sait ce qui lui était encore passé par la tête.
Ils stoppèrent net devant son véhicule. David relâcha doucement sa prise et d'un mouvement de tête lui désigna la portière d'un air de dire "Grimpe".
Alors Kurt comprit qu'il ne lui arriverait rien de mal. Sauf, s'il avait prévu de le kidnapper puis de le séquestrer dans une cave glauque où... Le jeune homme ferma son esprit pour cesser ses folles pensées. A ce rythme là, il allait réussir à se donner une frousse telle qu'il n'arriverait plus à en dormir la nuit.
- Tu n'imagines tout de même pas que je vais monter là-dedans formula Kurt.
Le visage de David se décomposa.
- Tu...tu as toujours peur de moi ?
- Je ne faisais pas allusion à toi David mais à ta voiture ! Qu'est-ce que c'est que...cette chose ?!
Même au bord de la crise de larme, le jeune Hummel se souciait encore de son apparence. C'était si surréaliste que le sportif se mit à rire discrètement.
- Qu'y a-t-il de drôle ?
- Non c'est juste que...tu es tellement toi..
Kurt haussa un sourcil soupçonneux.
- C'est censé être un compliment ?
David sourit de plus belle. Il abandonna son inspection poussée de l’asphalte pour plonger son regard anis dans celui du chanteur.
- Oui.
Réconforté Kurt accepta volontiers de monter à bord de son engin.
- Et où va-t-on comme ça ?
- Je te ramène chez toi.
Une idée germa alors dans l'esprit de Kurt. Il avait un meilleur plan en tête.
- Nous allons nous rendre autre part.
David fronça les sourcils, méfiant. Qu'avait-il encore prévu de lui faire subir ?
- Tu n'as rien à craindre. Tu va t'y sentir comme chez toi ! assura Kurt.
Karofsky était définitivement inquiet mais il prit sur lui et mit la clé dans le contact.
Note : J'espère que certains passages n'ont pas été trop ennuyeux.