Merci Gred pour ta review !! Je commençais à me demander si quelqu'un lisait encore cette fic !!
Bon voici donc la suite. Comme je crois l'avoir déjà dit, j'ai suivi la trame des derniers épisodes de la saison 1 donc ça se peut que certains passages ne soient pas très clairs, vu que j'ai écris cette fic en pensant que les lecteurs ont vu la série...
Vu qu'il ne reste pas grand chose, je mets carrément la fin de la fic !
Cybelia.
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Ce soir-là, Ephram était plongé dans la lecture d’un manga lorsque son père rentra. Andy se laissa tomber dans son fauteuil sans un mot, ce qui attira l’attention du jeune homme, peu habitué à un tel silence. Il leva les yeux de sa lecture et, voyant l’air accablé de son père, il demanda :
— Qu’y a t’il ?
— Colin a eu un malaise.
Ephram sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Il se redressa, attentif.
— Il a été emmené à Denver. On lui a fait passer une IRM… il a un caillot dans une artère du cerveau.
— Tu peux l’opérer ?
— Oui, soupira Andy, mais c’est une opération très dangereuse…
— Et si tu ne fait rien ? demanda anxieusement le jeune homme.
— Ses symptômes s’aggraveront… jusqu’à ce qu’il retombe dans le coma, ou pire…
— Alors tu dois le faire ! Tu dois l’opérer !
Andy soupira profondément, puis expliqua :
— Je dois d’abord en parler à un confrère. J’ai besoin de certitudes.
Ephram considéra un moment son père en silence. Il ne l’avait jamais vu douter ainsi et ça lui faisait peur. Mais, malgré tout, il avait une certitude : si son père ne pouvait pas sauver Colin, personne d’autre ne le pourrait.
***
Ephram et Délia étaient assis sur un banc, au soleil, attendant que leur père ait fini de discuter avec son ancien professeur, son mentor, à qui il était venu demander son avis et son aide au sujet de l’opération de Colin. Le Docteur Douglas avait tout d’abord refusé de parler à Andy, vexé que celui-ci ait abandonné sa carrière si phénoménale pour s’installer dans un trou paumé comme Everwood. Puis, quand il avait su de quoi il retournait, il avait consenti à l’aider. Ephram n’avait jamais vu son père aussi à l’aise parmi des gens que lorsqu’il s’était retrouvé au milieu d’une mini réception organisée en son honneur par Douglas. Il comprit alors qu’il devait parler à son père, le convaincre de reprendre cette vie qu’il avait abandonnée presque un an plus tôt. Alors qu’il venait de prendre cette résolution, Andy les rejoignit, souriant.
— Je vais opérer Colin… enfin, dès que j’aurais réussi à les convaincre, ses parents et lui.
— Tant mieux, sourit Ephram.
— Maintenant, suivez-moi !
Il les amena près du parking et se tourna vers son fils.
— Ca te dirait d’apprendre à conduire ?
Ephram lui jeta un regard surpris.
— Ici ? Maintenant ?
— Oui.
Délia alla s’asseoir sur un banc tandis que les deux hommes montaient en voiture. Pas vraiment à l’aise, Ephram ne fit que quelques mètres avant de stopper le véhicule et de se tourner vers son père.
— Je crois que je ne suis pas doué.
— Tu as besoin d’apprendre, admit Andy.
Ephram soupira, puis se lança :
— Papa, tu dois reprendre ton vrai travail. Tu ne peux pas rester à Everwood, des gens ont besoin de toi à New York. Délia et moi, on se débrouillera très bien, ne t’inquiètes pas pour nous.
— Je ne veux pas y retourner, répondit Andy. Tu sais, si j’ai choisi Everwood, ce n’est pas par hasard. J’avais fait une promesse à ta mère.
— Une promesse ? s’étonna le jeune homme.
— Il y a quelques années, on a discuté de ce qui arriverait si elle disparaissait brutalement. Je n’avais pas trop envie de parler de ça, mais elle a insisté. Elle m’a parlé d’une petite ville du Colorado, perdue au milieu des montagnes, où elle s’était retrouvée bloquée en train lorsqu’elle était enfant. Elle m’a dit que c’était le plus bel endroit du monde. Alors, je lui ai promis que si elle nous quittait, on viendrait s’y installer… Je ne sais pas si elle a pris cette promesse au sérieux, mais moi oui.
Ephram serra les paupières pour ne pas laisser ses larmes couler. Lorsqu’il les rouvrit, il demanda d’une voix tremblante :
— Pourquoi tu ne me l’as pas dit avant ?
— Je ne sais pas, admit Andy.
— J’aurais compris si tu m’en avait parlé.
— Oui, sûrement…
Ils se turent tous les deux, chacun plongé dans des souvenirs, certains heureux, d’autres douloureux. Ce fut Ephram qui rompit le silence qui s’était installé.
— Si on rentrait à la maison ? A Everwood…
Andy sourit.
***
Après plusieurs jours d’hésitation, Colin avait accepté de se faire opérer, malgré les risques que cela comportait. Ils se retrouvaient donc tous, Amy, Bright, leur père et les parents de Colin à l’hôpital de Denver. Ephram était là aussi. Il était assis dans le couloir, incapable de rester dans la salle d’attente avec les autres. Il était inquiet pour Colin mais aussi pour son père. Il ne l’avait jamais vu aussi nerveux avant d’opérer. Bon, il l’avait rarement vu avant une opération, mais là, il savait que l’enjeu émotionnel était important.
Au bout d’un moment, Ephram sentit son estomac réclamer et se rendit compte qu’il n’avait rien mangé depuis près de douze heures. Il se rendit au distributeur et mit quelques pièces. Il était en train d’attraper sa barre de céréales lorsqu’une voix familière souffla près de lui :
— On partage ?
Il se redressa et considéra Amy qui le regardait, l’air triste.
— C’est gentil d’être venu, sourit-elle doucement.
— Je ne suis pas là pour toi, lança t’il un peu sèchement, mais pour mon père.
« Et pour Colin » ajouta t’il intérieurement.
Amy eut l’air déçue, mais il n’avait pas envie de s’occuper d’elle, pas à ce moment précis. Il la laissa donc devant le distributeur, retournant sur sa chaise dans le couloir.
***
Quelques heures plus tard, alors qu’il était plongé dans des pensées moroses, Ephram entendit des bruits de pas familiers s’approcher. Il leva les yeux et ce qu’il lut sur le visage de son père lui coupa le souffle. Il s’était préparé à cette éventualité, mais maintenant que c’était arrivé, il se sentait anéanti. Andy passa devant lui sans le voir et entra dans la salle d’attente. Ephram fut sorti de sa torpeur par les gémissements et les pleurs qui s’élevèrent lorsque son père annonça la nouvelle. Pris d’une nausée soudaine, le jeune homme se précipita vers les toilettes des hommes et rendit ce qu’il avait mangé quelques minutes plus tôt. Les jambes tremblantes, il s’adossa à la paroi de la cabine, fermant les yeux, essayant de reprendre ses esprits.
Des bruits de pleurs qui semblaient proches le tirèrent de sa léthargie. Il sortit de la cabine et se figea. Andy était assis contre le mur, les genoux ramenés contre son torse, sa tête enfouie entre ses bras croisés, les épaules secouées par de longs sanglots. Bouleversé, le jeune homme alla s’agenouiller près de son père et posa une main sur son bras. Andy leva la tête, les joues inondées de larmes et balbutia :
— Ephram… il… Colin est…
— Je sais.
— J’ai échoué… soupira Andy en essuyant ses joues d’un revers de la main.
Malgré sa propre douleur, son fils tenta de le réconforter :
— Tu sais, si toi, tu n’as pas réussi à le sauver, personne ne l’aurait pu. Et puis, au moins, il n’aura pas souffert…
Andy sembla surpris et sourit légèrement :
— Je n’aurais jamais cru qu’un jour, les rôles se retrouveraient inversés.
Ephram ne répondit pas mais vint se blottir dans les bras de son père qui l’accueillit avec soulagement.
***
Cela faisait une semaine que Colin était mort et les yeux d’Ephram étaient toujours aussi sec. Il faisait un temps splendide dehors, mais il restait enfermé dans sa chambre, n’en sortant que pour satisfaire ses besoins primaires. Il passait son temps à ne rien faire, allongé sur son lit à fixer le plafond. Parfois, il s’asseyait, mais finissait par se rallonger. Depuis qu’ils étaient rentrés de Denver, il avait l’impression d’être un zombie, de ne plus avoir d’existence propre. Lorsqu’elle n’était pas chez Nina, Délia essayait de le distraire. Elle venait souvent se blottir contre lui pour un câlin ou bien elle amenait l’un de ses livres préférés et lui faisait la lecture.
Ce soir-là, Délia était partie passer la nuit chez l’une de ses amies, Stacy. Ephram se trouvait donc seul dans sa chambre lorsque son père rentra. Andy avait l’air abattu.
— Je peux me morfondre avec toi un moment ?
Le jeune homme lui fit signe d’entrer puis demanda :
— Que se passe t’il ?
Andy soupira :
— Ils m’en veulent… Ils ne me le disent pas clairement, mais je vois bien qu’ils pensent tous que Colin est mort par ma faute.
Ephram se redressa, indigné :
— Il serait mort si tu ne l’avais pas opéré !
— Je le sais… et je pense qu’eux aussi le savent… mais il leur faut un coupable pour sa mort… et je suis tout désigné pour remplir ce rôle.
— Ce n’est pas juste.
Andy sourit doucement, puis demanda :
— Et toi, comment tu vas ?
Ephram ne répondit pas, baissant les yeux.
— Tu ne devrais pas rester enfermé ici. Tu devrais passer du temps avec tes amis, profiter des vacances.
— Je préfère rester ici… au moins, si je reste tout seul, je ne souffrirai pas…
Le jeune homme gardait obstinément la tête baissée et son père l’obligea à le regarder en face.
— Pourquoi dis-tu ça ?
— Parce que si je m’attache à quelqu’un, il meure… D’abord maman… maintenant Colin…
— C’est normal que tu sois triste… Colin était ton ami…
Ephram sentit une colère irrationnelle monter en lui et hurla :
— Tu n’as rien compris ! Je l’aimais !
Prenant soudainement conscience de ce qu’il venait de dire, le jeune homme se leva d’un bond et quitta la maison en courant, laissant enfin les larmes emplir ses yeux.
***
Les poumons en feu, Ephram s’arrêta enfin, se penchant sur la balustrade en bois pour reprendre son souffle. Lorsqu’il leva les yeux, son regard embrassa toute la petite ville d’Everwood, puis il contempla un instant le vide qui s’étendait sous lui. Durant quelques fractions de secondes, il fut tenté d’enjamber le parapet et de se laisser tomber, faisant ainsi disparaître sa souffrance. Mais, très vite, il sut qu’il ne le ferait pas. Délia et leur père avaient besoin de lui, il n’avait pas le droit de les abandonner. Il resta alors immobile, les yeux dans le vague. Il ne bougea pas lorsqu’il entendit une voiture se garer et son père s’approcher. Andy s’accouda à la balustrade et Ephram demanda :
— Comment tu m’as trouvé ?
— Je t’ai entendu parler de cet endroit à Délia un jour. Tu lui disais que c’était ici que tu venais lorsque tu voulais être tranquille.
Après un instant de silence, Andy reprit :
— Tu aurais du m’en parler…
— Je sais… mais je n’ai jamais été sûr de moi… de mes sentiments… je n’en suis d’ailleurs toujours pas sûr aujourd’hui… Et puis, j’avais peur que tu me rejètes…
— Je ne pourrais jamais te rejeter à cause de ça, soupira Andy. Ou bien, il faudrait vraiment que je sois devenu amnésique.
Intrigué, Ephram se tourna vers son père qui lui sourit doucement.
— Oui, moi aussi j’ai été attiré par un garçon lorsque j’étais au lycée…
— Que s’est-il passé ?
— Rien. On était en terminale, on a eu le bac et on ne s’est jamais revus. Il n’a jamais rien su de ce que j’éprouvais… et puis, à la fac, j’ai rencontré ta mère… et à compter de ce jour-là, plus personne d’autre n’a existé pour moi… Tout ça pour te dire que quoi qu’il arrive, quelle que soit la personne que tu aimes, fille ou garçon, je serai toujours ton père et je t’aimerai toujours.
Andy tendit le bras et attira son fils contre lui. Ephram se laissa faire, soulagé. Au bout d’un moment, Andy proposa :
— J’ai appris que la piscine municipale cherchait des jeunes pour y travailler cet été. Ca ne te dirait pas ?
Ephram s’écarta un peu, puis haussa les épaules.
— Je ne sais pas. Pourquoi pas ?
— Ca te permettrait de te faire de l’argent de poche… et puis, comme ça, je pourrais laisser Délia y passer la journée tout en sachant que tu veilles sur elle.
— Elle en serait ravie, je crois, sourit le jeune homme.
Andy sourit à son tour. Ils montèrent dans la voiture et reprirent le chemin de leur maison. Ephram se sentait mieux d’avoir parlé à son père. Il ne savait pas encore ce que l’avenir lui réservait, si ses sentiments pour Amy reviendraient, ou s’il tomberait amoureux de quelqu’un d’autre, mais il savait qu’il ne serait jamais seul et que, quoi qu’il puisse lui arriver, il aurait toujours l’amour de son père et se sa sœur pour le soutenir.
Fin.
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