Suite et (heureusement) fin...Ils étaient tous en salle de réunion en train de boire un café, quand Gwen demanda :
- Et pourquoi pas toi Jack ?
- Je sais pas, se défendit le patron de Torchwood. Peut-être parce que nous sommes un nombre impair…
- Heureusement qu’on a plus le ptérodactyle alors, se moqua Owen.
- Où parce que tu es un peu spécial dans le genre immortel, dit Tosh.
- Je ne vois pas en quoi ça entrerait en ligne de compte…, commença Jack.
- Comment ça, tu ne vois pas ? Parce que tu penses que ce qui nous arrive à quelques choses de normal ? Je sais pas, genre un truc lié à la pleine lune ? s’énerva Gwen. Rien à voir avec les activités de Torchwood, des aliens ou la faille, peut-être ?
- Peut-être, admit Jack. Mais je n’y suis pour rien.
- Aucune importance, dit Ianto, parce que TU vas nous sortir de là.
Jack s’était attendu à cette attitude de la part des autres, mais pas de la part de Ianto, qui était du genre à lui faire totalement confiance. Il devait savoir qu’il ferait tout pour remédier à ce problème.
- Calmez-vous tous. C’est gênant, je le concède, mais vous n’êtes ni blessés, ni mourants. L’urgence est toute relative, lâcha Jack pour calmer les esprits.
Mauvais calcul.
- Toute relative ? intervint Ianto. Tu diras toujours ça quand ce soir je devrais me taper Rhys ?
Jack fronça les sourcils. Finalement, la situation d’urgence était décrétée. Mais avant qu’il ne puisse répondre, Ianto Jones sentit le coup derrière la tête que lui donna Gwen assise juste à côté de lui. Tosh et Owen ne purent s’empêcher de pouffer, oubliant un instant leur propre situation. Eux au moins étaient célibataires pour le moment.
- On ne se tape pas Rhys, dit Gwen d’un ton sourd. C’est bien compris. Tu t’approches de lui et je te descends. D’ailleurs, ça vaut aussi pour vous deux, dit-elle à Ianto et Jack. Si vous vous approchez à moins d’un mètre l’un de l’autre, je ne réponds plus de rien.
- Tu sais que c’est sur ton corps que tu es en train de taper, demanda Ianto d’une petite voix.
- Oui, mais pour l’instant c’est toi qui a mal !
Jack poussa un soupir. Déjà que l’équipe était tendue… là, ça virait au cauchemar. Il avait intérêt à trouver ce qui avait provoqué ça et vite.
Ils passèrent la matinée à réfléchir, à émettre des hypothèses, à chercher dans les archives quelque chose de similaire, mais en vain. A midi, ils commandèrent des pizzas. Il y avait ceux qui mouraient de faim, comme Jack et Owen et ceux qui picoraient, l’estomac noué, les autres.
- Tu vas arrêter de t’empiffrer comme ça ! se récria Tosh à l’encontre d’Owen. Je ne vais plus rentrer dans mes fringues !
- T’inquiète, tu as de la marge, répondit Owen. Et tu sais que tu n’es pas mal foutu en définitive. Le problème c’est ta façon de t’habiller. Tu pourrais porter des trucs bien plus sexys.
Tosh aurait dû répliquer quelque chose, mais à son souvenir, c’était le premier compliment d’Owen à son égard et elle se contenta de rougir en silence. « Bien joué », pensa le Dr Harper qui s’arrangeait ainsi pour avoir la paix un moment.
Mais quand un conflit se calmait d’un côté, un autre éclatait de l’autre.
Gwen se leva et immédiatement Ianto lui demanda où elle allait, sous entendu, où elle emmenait son corps.
- Dans l’un des deux seuls endroits où tu n’iras pas à ma place, répondit Gwen.
- Oh…, fit Ianto en comprenant. Mais tu vas savoir… heu… sans en mettre partout…
- Je vis avec un mec je te signale. Je sais comment ça fonctionne ! s’énerva Gwen.
- Oui, mais… faut pas trop le manipuler…, commença Ianto se rendant soudain compte de ce qu’il venait de dire.
- Pourquoi ? Il est si sensible ? ironisa Gwen.
Et Ianto Jones se recroquevilla tellement dans son fauteuil que les autres crurent un instant qu’il allait se faire avaler.
- Et c’est quoi l’autre endroit où il n’ira pas à ta place ? demanda Jack pour détourner l’attention de son amant.
- Dans ton lit, répondit Gwen.
- Ça veut dire que toi tu pourrais…
- Rêve-pas, Jack. Tant que tu n’auras pas trouvé de solution à notre problème, il faudra te servir de tes mains et uniquement de ça, lui murmura Gwen avant de quitter la pièce.
Les autres sortirent aussi. Ils avaient tous besoin de s’isoler un moment, même si ce n’était pas évident quand c’était avec le corps d’un autre.
Tosh était assise à son poste et compulsait encore des dossiers malgré la pause que tout le monde s’était accordée. Elle se vit, ou plutôt Owen, s’approcher dans le reflet de son écran.
- Tu sais que ce que nous vivons nous ouvre des opportunités uniques, lui murmura-t-il en se penchant vers elle.
- Je… je ne vois pas de quelles opportunités tu parles, répondit Tosh mais qui en avait quand même une idée connaissant Owen.
- Nous devrions faire l’amour, toi et moi.
- Owen ! s’exclama la jeune femme en se tournant vers lui.
- Quoi ! Tu m’as reproché de ne pas comprendre ce que ressentent les autres. Là, je pourrais savoir exactement ce que tu ressens, jusqu’au plus profond de toi.
Tosh sentit soudain son cœur s’accélérer. Malgré son indignation apparente, elle s’était imaginé la scène.
- C’est très narcissique, dit soudain Jack qu’aucun d’eux n’avaient vu s’approcher. Se regarder jouir…
- Quoi Jack ? Ne me dis pas que tu n’y as jamais pensé, pas toi, à moins que tu ne l’ais déjà fait…, répondit Owen.
Jack ne confirma pas, ni ne démentit, se contentant de sourire. Puis il attrapa Toshiko, et l’enlaça, avant de poser sa bouche sur les lèvres tremblantes devant lui. Même si elle n’était pas dans son corps, Tosh sentit pleinement le baiser de Jack, ses lèvres chaudes, sa langue entreprenante. Elle aurait pu le repousser, mais elle n’en avait pas envie. Quelque part les paroles d’Owen avaient fait leur chemin et si le médecin avait fait ce que Jack était en train de faire, sans doute qu’elle n’aurait pas dis non.
Owen fit un pas en avant pour les séparer, mais Jack qui le surveillait du coin de l’œil, leva la main pour l’arrêter et le jeune médecin obtempéra.
Jack avait voulu donner une bonne leçon à Owen, mais il se laissa vite prendre au jeu. Il n’y avait pas que cette bouche qu’il dégustait goulument, il y avait aussi ce corps fin et bien dessiné qu’il avait entre ses bras. Jack ne put résister à la tentation. Il posa sa main sur la nuque du corps d’Owen, puis descendit le long de son dos, très lentement et vint plaquer ses mains sur ses fesses fermes. Il sentit le corps du médecin se crisper un instant puis se détendre. Alors il caressa doucement les fesses à travers le jean, puis exerça une pression qui plaqua leur deux corps l’un contre l’autre.
Owen regarda Jack en train de l’embrasser, ou plutôt d’embrasser Tosh, mais c’était bien son corps qu’il voyait. Il avait la tête légèrement renversée en arrière les yeux mi-clos, les mains plaquées sur la poitrine de Jack. Puis il vit les mains de Jack sur son dos, sur ses fesses et un frisson de plaisir le parcourut à travers le corps qu’il occupait. Il passa sa langue sur ses lèvres sèches et les battements de son cœur se firent plus intenses. Jack avait sans doute raison sur son côté narcissique, parce Owen ressentait un plaisir croissant à se voir être aimé, même par un homme, surtout par cet homme.
Tosh se laissa porter par ce baiser, la bouche experte de Jack lui faisant oublier qu’elle était dans le corps d’un autre, d’un homme. Pourtant quand leurs deux corps se trouvèrent en contact plus que rapproché, elle sentit une partie nouvelle de son anatomie réagir, quelque chose qu’elle n’aurait jamais dû connaître, son sexe gonfler et se durcir. Owen avait raison… une opportunité unique… Mais elle était Toshiko Sato et non Owen Harper. Elle n’avait pas le droit d’utiliser le corps de son collègue selon son désir. Elle détacha, haletante, sa bouche de celle de Jack et se recula, le bras sur le torse du capitaine comme pour le maintenir à distance. Elle regarda Owen, pensant le voir furibond, mais elle se vit rouge et transpirante et son regard fixé en dessous de sa taille. Elle baissa les yeux à l’endroit que fixait Owen et découvrit la protubérance de son entrejambe.
Tosh se sentit virer à l’écarlate, puis partit en courant. Owen voulut la suivre, mais Jack l’en empêcha.
- Non, laisse-la.
Il était évident que Tosh n’était pas prête pour ce genre d’expérience, contrairement à Owen apparemment. Jack se demanda si cet échange de corps n’avait pas libéré chez le médecin une envie d’autre chose, une envie de nouvelles expériences. Jack repensa un instant à son corps qu’il avait tenu entre ses mains, à cette bouche qu’il avait embrassée… puis il chassa cette pensée en tournant son esprit vers l’homme qu’il aimait.
Jack alla retrouver Ianto. Mais avait-il envie de son corps ou de son esprit ? Parce qu’il ne pouvait pas avoir les deux en même temps. Et ce fut sur l’esprit qu’il tomba en premier.
- Tu veux un café ? lui demanda Ianto.
- Non merci. En fait, j’aimerai bien déguster autre chose…
- Quoi ?
- Toi.
Jack attrapa Ianto et le coinça contre le mur. Puis il l’embrassa. Dans un premier temps, le jeune homme se laissa aller dans les bras de son beau capitaine. Mais même si le patron de Torchwood aurait pu lui faire faire n’importe quoi, une once de conscience vint le perturber. Il était dans le corps de Gwen, et en dehors des menaces de sa coéquipière qui n’étaient pas à prendre à la légère, Ianto se sentit coupable. Il s’écarta du corps de Jack d’un seul coup.
- Pas toi aussi, soupira Jack qui avait déjà vécu ça avec Tosh. Ça devient frustrant.
- Qu’est-ce qui est frustrant ? demanda Gwen, faisant sursauter les deux hommes. Dites-donc, je ne vous avais pas demandé de garder vos distances ?
- On ne faisait rien de mal…, mentit Jack.
- Même si on le mettait dans la peau d’un weevil, Ianto resterait Ianto, il est incapable de mentir. Ça se voit rien qu’en le regardant.
L’interpellé voulut se défendre d’être si transparent, mais Jack intervint le premier. Il attrapa ses deux subordonnés par la taille et les attira contre lui.
- Je viens d’avoir une idée…, commença-t-il.
- Jack ! Non ! répondit Gwen.
- Quoi ? Ne me dites pas que l’idée ne vous a pas effleurée ? Une partie à trois…
Gwen et Ianto se regardèrent un instant. Mais aucun des deux n’avaient, semble-t-il, l’esprit aussi lubrique que Jack ou Owen.
- Tu es un pervers, Jack Harkness ! dit Gwen.
- Hum… sans doute, répondit Jack en leur sortant son sourire le plus charmeur.
- Bon ! Ou vous le faites et je demande à participer, ou on trouve une solution ! les coupa soudain Owen dans l’embrasure de la porte. Parce que je n’ai pas l’intention de rester chaste très longtemps, ni de me faire flinguer par Tosh quand je déciderai de ne plus l’être.
Jack regarda Ianto et Gwen et comprit ce qu’Owen voulait dire.
- Bon. On reprend tout à zéro ! lâcha le capitaine en même temps que les deux corps qu’il tenait toujours contre lui.
♦
L’après-midi tirait à sa fin et Gwen envisageait déjà ne pas être à la maison ce soir-là. Ce n’était pas trop un problème, Rhys comprendrait, pour un soir. Mais ensuite…
- Tosh ? demanda soudain Jack. Je ne trouve pas le dernier artéfact sur lequel tu travaillais dans l’ordi.
- Je n’ai pas eu le temps de le répertorier, répondit la technicienne. Je ne savais pas comment le classer tant que je ne savais pas à quoi il servait.
- Et il est où ?
Il était rare de voir Owen Harper se sentir coupable de quoi que se soit. Ce fut avec surprise que tout le monde le vit baisser les yeux et se mordiller les lèvres. Tosh n’avait pas respecté la procédure et venait de s’en rendre compte.
- Dans mon bureau, dit-elle d’une petite voix, enfin pas si petite vu que ces mots étaient prononcés par Owen.
- TOSH ! s’écria Jack.
Elle préféra ne pas dire un mot de plus et se précipita vers son bureau. Elle ouvrit le tiroir où elle avait glissé l’appareil la veille et resta figée un instant.
- Je crois qu’on a un problème, lança-t-elle à l’intention des autres restés en salle de réunion.
Lorsqu’ils l’eurent tous rejoins, ils constatèrent qu’une série de lumières s’allumaient et s’éteignaient en rythme.
- Qu’est-ce que tu as fait Tosh ? demanda Jack.
- Rien ! s’indigna la jeune femme. Quand je l’ai mis là hier, il était totalement inerte. Et je n’y ai pas touché depuis.
- Enfin, il y a bien quelque chose qui a dû le déclencher, insista Jack. Qu’est-ce qui a changé par rapport aux trois jours précédents où tu l’as eu.
Tosh haussa les épaules en signe d’incompréhension. Elle avait, comme d’habitude, testé tout ce qui était dans le Hub, toutes les ondes émises ou reçues à l’intérieur de Torchwood et aucune n’avait fait réagir l’engin. De même, elle avait testé toutes les sécrétions émises par la peau humaine, sans réaction. Donc, même si quelqu’un l’avait touché, ça n’aurait rien fait. Soudain, Ianto se racla la gorge, gêné.
- Je crois… mais il n’y a aucune raison que ça ait pu faire ça…, commença-t-il.
- Ianto ! dit Jack.
- J’ai laissé tomber un peu de café dessus hier…
Tous les regards se braquèrent sur lui.
- Je ne pouvais pas deviner…
- Tosh, au boulot ! lança Jack.
Et la technicienne s’exécuta, espérant comme les autres que la solution était aussi simple.
♦
Toshiko n’avait pas mis longtemps à savoir ce qui faisait réagir l’engin, à savoir une combinaison de molécule de café et de molécule d’eau. Simple, il suffisait de savoir. Ensuite, son intelligence avait fait le reste et elle trouva le moyen d’inverser ce qui avait été fait. Mais quand elle voulut continuer ses investigations pour comprendre son utilité, Jack refusa catégoriquement et le rangea soigneusement. Il avait fait la relation entre les mots de Tosh « tu es incapable de comprendre ce que les autres ressentent » et ce qui leur était arrivé et il ne tenait pas à faire d’autres expériences aussi incontrôlées.
Les quatre membres de Torchwood désincarné, ou plutôt mal incarné, récupérèrent leurs enveloppes charnelles respectives, dans un évanouissement collectif. Lorsqu’ils eurent repris leurs esprits, au sens propre comme au figuré, Jack attrapa Ianto et l’embrassa à pleine bouche sans se soucier de ses collègues et de leurs regards. Puis il se tourna vers les autres et lâcha :
- Vous ne savez pas ce que vous avez manqué.
Tosh et Owen coulèrent un regard l’un vers l’autre au même moment, puis le détournèrent tout aussi vite comme deux enfants pris en faute. Pour Gwen, ce fut à Jack et Ianto qu’elle pensa et à cette partie à trois que le capitaine avait envisagée, mais elle s’en voulut aussitôt de trahir ainsi Rhys. Quant à Ianto, ce fut un regard de jalousie qu’il coula vers son beau capitaine, mais qui se dissipa vite quand celui-ci fit glisser l’une de ses mains jusqu’à ses fesses, l’attirant un peu plus contre lui.
Gwen avait fini par rentrer chez elle, dans son corps, mais tard. Elle fit le moins de bruit possible et se glissa dans le lit commun. Mais malgré tout, son amant se réveilla. Il l’attira à lui et l’embrassa.
- Fatiguée ? lui demanda-t-il.
- Pourquoi tu dis ça ? répondit Gwen.
- Tu étais plus enthousiaste ce matin quand on s’est embrassé.
- Ce matin… ?
Gwen en resta muette de stupeur. Une image n’arrêtait pas de s’imposer à son esprit. Ianto en train de rouler une pelle à Rhys et celui-ci avait visiblement apprécié. Elle se demanda un instant si elle devait le lui dire, puis y renonça. Elle préférait garder ça pour une autre occasion, l’une de celles où Rhys tenterait d’avoir le dernier mot…
FIN