Un grand merci à Glasgow pour la bêta.
Disclaimer : Les personnages ne m’appartiennent pas, je ne fais que les emprunter sans en tirer aucun profit.
Quand Sherlock surfe.
- John… ? Est-ce qu’on va faire l’amour ?
Le médecin faillit recracher sa gorgée de thé, tenta de l’avaler et finit par s’étouffer avec, toussant au point d’en avoir les larmes aux yeux.
Il lui fallut quelques minutes avant d’arriver à reprendre son souffle et suffisamment contenance pour lancer un regard interrogateur à son colocataire. Celui-ci poussa un soupir à fendre l’âme et entreprit de s’expliquer :
- Eh bien tu tapes du pied, ce qui veut dire que tu es stressé. Lorsque tu bois du thé ton tic s’apaise en général vers le milieu de ta tasse. Or tu viens de la finir et tu continues. J’en déduis donc que tu es plus que stressé… énervé, contrarié, voir carrément en colère. Et comme personne n’est venu de la journée je suppose que je suis responsable de ton état, même si je ne comprends vraiment pas pourquoi. Et…
Cette fois-ci le détective s’interrompit et eut une mimique vaguement gênée.
- Et j’ai surfé sur internet. J’ai trouvé des… des textes qui parlent de nous. Des fanfictions, quoi que cela puisse vouloir dire. Bref, il renifla - arrivant à rendre ce bruit relativement élégant, du moins du point de vue de John, dans l’un d’entre eux nous étions… enfin nous faisions…
Watson leva un sourcil, ne comprenant absolument pas de quoi Sherlock voulait parler. Des textes à leur sujet ? Des articles de journaux peut-être ?
- Nousfaisionsl’amouralorsquetuétaistrèsencolèreettumedominaisetje… je… jecroisquej’aienvied’essayer, débita le jeune homme à toute allure. - Attends… que… quoi ?
Une légère rougeur envahit le visage du détective consultant alors qu’il détournait le regard.
- Ne me force pas à me répéter, je déteste ça.
John crut qu’il allait à nouveau s’étouffer. Se levant de son fauteuil il se mit à faire les cent pas.
- Je ne te forcerais pas à te répéter si tu étais clair ! éructa-t-il. Je ne comprends RIEN à ce que tu me racontes et je dois dire que dans ta bouche les mots ‘faire l’amour’ ont quelque chose d’effrayant.
Il se rendit alors compte d’à quel point ses mots pouvaient être blessants, même pour un sociopathe, et se mordit la lèvre inférieure.
- Désolé, marmonna-t-il tout en se risquant à jeter un coup d’œil vers son ami. Ce n’est pas ce que je voulais dire.
Sherlock haussa les épaules, pas ébranlé pour un sous par les paroles de son compagnon d’aventures. En revanche il n’arrivait pas à se débarrasser de la rougeur sur ses joues. C’était… étrangement dérangeant. Et nouveau aussi.
- J’ai aussi trouvé des dessins, des fanarts, nous concernant. Ils sont… hum… explicites. - Explicites ? A… attends Sherlock, tu es en train de dire que des gens imaginent des choses sur nous et que non content de se faire des films ils écrivent ou dessinent nos soi-disant parties de jambes en l’air et les postent sur internet ?
John crut qu’il allait se trouver mal alors que le détective hochait la tête pour lui signifier que oui il avait bien compris (et que ce n’était pas trop tôt). L’aîné reposa sa tasse sur la table basse et se prit la tête entre les mains. Il n’arrivait tout simplement pas à concevoir que cela puisse leur arriver… lui arriver. Après tout Sherlock se fichait bien de ce que les gens pouvaient dire à son sujet, que cela concerne sa sexualité ou autre chose. Lui en revanche… hé bien même s’il ne vivait pas pour les autres il devait tout de même reconnaître que cette situation le mettait très mal à l’aise. Et puis comment expliquer à son colocataire que c’était mal, qu’il ne fallait plus y penser.
Et tout à coup il se dit qu’il y avait peut-être un moyen de lui faire comprendre, une toute petite chance de faire en sorte que plus jamais le jeune homme ne reparle de cette histoire. Oui, c’était une bonne idée !
Il se leva soudainement et contourna la table basse. Il ne lui fallut que quelques secondes pour s’installer à califourchon sur les genoux du détective consultant.
- Que… qu’est-ce que tu fais ? balbutia celui-ci avec une expression ahurie. - Je prends en compte ta demande, susurra John à quelques millimètres seulement du beau visage pâle.
Sherlock avait vraiment des iris fascinants, encore plus de près, se dit le médecin avant de se reprendre. Il ne devait pas se laisser troubler par des considérations d’ordre physique, quand bien même celui de son ami était plus qu’attrayant.
- Je vais t’embrasser, murmura-t-il alors.
Les yeux du cadet s’écarquillèrent brutalement en entendant cette simple phrase et son souffle se fit plus court encore. Avoir John assis sur lui, aussi près, était… troublant. Vraiment très troublant. Horriblement et magnifiquement troublant. Mais il ne savait pas quoi faire. Les possibilités de réponses, d’actes, défilaient trop vite pour que son esprit puisse les analyser correctement et en choisir une. Cela ne lui était jamais arrivé auparavant.
Puis la bouche du docteur se posa avec légèreté sur la sienne et il retint son souffle, attendant que Watson veuille bien continuer, s’interrogeant sur ce que représentait le fait d’être aussi proche physiquement de quelqu’un. Mais ce n’était pas désagréable, et son instinct ne lui hurlait pas de se débattre ou de se défendre. Les lèvres de John étaient chaudes, douces, et elles bougeaient doucement sur les siennes, pressant, demandant clairement quelque chose. Mais quoi ?
Le jeune homme ouvrit la bouche pour poser la question, reprenant son souffle du même coup, mais il n’eut pas le temps de laisser sortir le moindre mot car son ami venait de faire quelque chose de totalement bouleversant et inattendu. Il caressait lentement sa lèvre inférieure du bout de sa langue. Un gémissement résonna dans la pièce, et Sherlock l’identifia comme le sien propre. Quand avait-il gémi ? Et comment avait-il pu le faire alors que John emprisonnait sa bouche ? Oh c’était délicieux à n’en pas douter mais cela ouvrait une telle somme d’interrogations qu’il se sentait perdre pieds. Et puis il y avait la chaleur de John, l’odeur de John, le goût de John, tout ça concentré avec le poids du corps de John assis sur ses cuisses. Et il n’avait qu’une envie, parvenir à autre chose de plus sexuel, de plus intime. Il savait que pour ça ils devaient être nus. Et la pensée de voir l’ancien militaire sans vêtements le fit complètement chavirer. Il s’arracha brutalement au baiser, poussant fermement à deux mains sur le torse large du médecin. Tout ça était trop intense, trop nouveau, trop brutal pour ses sens.
- John je… je ne suis pas prêt… je suis désolé de t’avoir… de… - C’est rien Sherlock. Tout va bien, annonça gentiment Watson tout en se relevant et en s’éloignant vers la cuisine. C’est mieux ainsi, je ne serais pas allé au bout de toute manière. Tu veux du thé ? Je vais en refaire.
Holmes hocha distraitement la tête tout en passant ses doigts sur sa bouche. Il se sentait soulagé d’avoir retrouvé son espace vital et aussi curieusement vide et frustré. Et il avait froid.
John quant à lui mit machinalement la bouilloire sur le feu avant de s’appuyer contre le rebord de l’évier. Bon sang mais qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Pourquoi n’avait-il pas pu expliquer autrement à Sherlock que ce n’était pas une bonne idée ? Et surtout, surtout, pourquoi regrettait-il maintenant que leur baiser n’ait pas été plus loin ?
Après tout il était hétéro, non ?
FIN
|