Préambule : Les personnages de la série ne m’appartiennent pas. Ils sont la propriété exclusive de : Russel T Davies. Je ne tire aucun bénéfice de leur mise en situation dans cette fiction.
Personnages : Jack/Ianto
Genre : Romance / Songfic
Résumé : Quelques scènes d’une vie de couple (presque) ordinaire.
Forteresse
Il se serrait contre lui, respirant son odeur, se détendant à sa chaleur. Cette fois encore il avait eu si peur lorsqu’il l’avait vu tomber sous les coups de l’alien. Bien sûr il savait qu’il reviendrait, mais au fond de lui il y avait toujours cette petite voix qui lui murmurait :
- Et si jamais cette fois…
Pourtant cette fois n’avait pas été différente des autres, Jack était revenu, dans les affres habituelles de la résurrection, mais il était là, vivant, dans ses bras et il venait de lui prouver qu’il était parfaitement remis de ce nouveau détour au pays de la mort.
- Jack… Je t’aime tellement. Qu’est-ce que je deviendrais sans toi ?
- Mais je ne te quitterai jamais Ian… Rien au monde ne pourra m’arracher à toi.
Le Gallois eut un sourire un peu triste…
Il croyait son amour, bien sûr il le croyait… Mais il savait aussi que sa vie à lui était comptée et qu’un jour il aurait l’air d’être le grand-père de son amant. Celui-ci avait des besoins, il venait d’en avoir encore une fois la démonstration éclatante et ô combien agréable ! Alors, quand son corps à lui serait usé, à bout de forces, il partirait forcément…
- N’y pense pas, Ian… N’y pense pas… On a le temps… Je suis là…
L’immortel avait lu dans ses pensées et il le serra plus fort contre lui pour le rassurer. Cet homme-là, il ne le lâcherait pas, jamais…
L'amour est une forteresse
Dont les murs sont faits de promesses
C'est là que dorment les amants
Cachés de tout, cachés du temps
Ianto leva les yeux vers l’homme qu’il aimait. Ils étaient nus, enlacés sur le grand lit et ils étaient bien. Alors Jack avait raison : pourquoi s’empoisonner la vie avec des questions qui ne trouveraient leurs réponses que dans bien longtemps ?
- Mais le temps passe bien plus vite qu’on ne l’imagine…, murmurait la petite voix perfide au fond de ses pensées.
- Embrasse-moi.
Il tendit ses lèvres vers son amant pour faire taire l’insupportable importune qui voulait l’empêcher de profiter de ce moment de bien-être.
Qu’importait l’avenir ? Seul comptait le présent. Et le présent c’était cet homme qui lui avait prouvé à maintes reprises qu’il l’aimait comme un fou, lui qui, avant papillonnait allègrement d’être en être, s’adonnant à ses pulsions sans se soucier de rien d’autre. Il avait confiance en Jack, il lui avait confié sa vie, son cœur, son âme…. Ils n’étaient désormais plus qu’un être uni par une même passion partagée.
Ils avaient de la chance, et se projeter dans un avenir incertain c’était gâcher celle-ci. Parce qu’imaginer le départ de Jack lorsque lui-même serait au soir de sa vie était d’autant plus stupide que, dans l’activité dangereuse qui était la leur, il ne vieillirait peut-être jamais. La mort pouvait le faucher le lendemain ou le mois suivant… Alors s’inquiéter de ce qui se passerait cinquante ou soixante ans plus tard c’était stupide.
Il se serra plus fort contre le corps qui réagissait à son contact :
- Aime moi Jack… Je veux te sentir en moi.
Comprenant le trouble de son bien-aimé, l’Immortel ne se fit pas prier pour répondre à sa prière qui rejoignait son propre désir.
Et quand leurs lèvres se rejoignent
C'est tout l'univers qui s'éloigne
Autour le silence est parfait
Comme un instant d'éternité
Jack regardait son amour endormi après leur étreinte torride mêlant leur profond amour et leur sensualité exigeante. Il le regardait et son cœur se gonflait de gratitude envers le sort.
Si souvent pourtant il avait maudit celui-ci, avait tenté de s’élever contre ses jugements sans appel possibles. Il avait souffert la perte de tellement de gens qu’il chérissait, il avait maudit cette immortalité qui faisait de lui une aberration, une sorte de monstre qui survivrait au plus terrible des cataclysmes interstellaires.
C’était si dur de voir partir, l’un après l’autre, ceux à qui il accordait sa confiance, son amitié, son amour…
Mais ce cadeau que lui avait fait la vie, il se battrait pour le garder précieusement. Bien sûr, un jour viendrait où le destin se vengerait du bonheur qu’il aurait vécu, mais ce jour-là il ne voulait pas y penser. Tant de choses pouvaient arriver entre temps : il avait bien assez vécu pour savoir que rien n’est vraiment écrit, que rien n’est impossible tant la ligne du temps est fluctuante et vague jusqu’au moment où le présent s’écrit réellement.
Et le présent c’était Ianto…
Il serra le corps du jeune homme un peu plus fort, comme si soudain il avait peur qu’on ne vienne le lui enlever à cet instant précis. Puis, chaleur contre chaleur, il se laissa bercer par les battements réguliers et calmes du cœur de son amour, laissant son propre cœur adopter le même mouvement et insensiblement, il glissa à son tour dans le sommeil.
Tourne le... tourne le... tourne le temps
Tout autour des amants...
- Jack ! Jack ! Ce n’est pas le moment !
Avec un rire dans la voix, Ianto repoussait les mains baladeuses de son mari Décidément celui-ci était insatiable. Ils s’étaient aimés une bonne partie de la nuit et déjà, alors que le jour commençait à peine à poindre, il faisait courir ses mains sur la peau de son amour.
- Je trouve au contraire le moment parfaitement choisi…, susurra l’Immortel d’une voix rendue rauque par le désir.
- Jack… Il est bientôt six heures…, tenta de le raisonner le plus jeune, sachant que son combat d’arrière-garde était d’autant plus vain que son propre désir s’éveillait sous les caresses expertes.
- Alors on a encore une bonne demi-heure… Ils sont ponctuels comme une horloge… Donc, ne perdons pas de temps en discussions inutiles.
Alors Ianto cessa de protester, se laissant aller à la volupté jamais démentie, jamais assouvie de ces mains sur sa peau brûlante, de cette bouche sur la sienne… Il ne se rassasiait pas de leurs étreintes, jour après jour, année après année… Tout était si semblable et pourtant tellement différent.
Mais tant que Jack était là, il était entier.
L'amour est une forteresse
Dont les murs sont faits de tendresse
Aussi fins qu'un papier de soie
Mais qui ne se déchirent pas
L’un contre l’autre et leurs cœurs battant à l’unisson ils avaient le monde dans leurs mains réunies. Dans ces moments où ils s’unissaient, ils frôlaient la perfection.
Et tandis que leurs corps dansaient la danse éternelle des amants, leurs âmes se rejoignaient sur des rivages où eux seuls avaient accès, pour se murmurer, inlassablement, les mêmes mots d’attachement, de passion et d’affection.
La paix intérieure qu’ils ressentaient à ces instants magiques contrastait étrangement avec la frénésie qui agitait leurs corps en sueur et les vagues qui les soulevaient, de plus en plus fortes, de plus en plus rapprochées, c’était la marée de leur amour qui jaillissait dans leurs caresses enfiévrées et dans leurs mots sans cesse répétés, mais toujours donnés et reçus avec la même abnégation, la même ferveur :
- Je t’aime…
- Je t’aime…
La peau et la peau qui se touchent
Les mots qui naissent sur la bouche
Disent tout bas comme un secret
Qu'on peut tout prendre et tout donner
Des rires joyeux, des chocs sur le matelas arrachèrent les deux hommes à la douce béatitude de l’après jouissance. Leurs regards s’éclairèrent à la vue des trois envahisseurs qui venaient d’investir leur chambre, leur indiquant mieux que le meilleur des réveils qu’il était six heures trente cinq précises.
- Papa… Daddy…
Leurs petits diables, leurs miracles, leurs anges, leurs amours…
Lorsque Jack lui avait annoncé qu’il attendait un enfant, Ianto avait eu du mal à y croire. Pour lui, s’attacher à l’Immortel c’était aussi renoncer à certains de ses rêves, et parmi ceux-ci, celui d’être père un jour. Il l’avait fait sans regret : pour Jack il était prêt à renoncer à tout ce qui comptait dans sa vie. Et voilà que son amant lui avait offert ce magnifique cadeau : un enfant né de leur union.
Ca n’avait pas été facile de dissimuler cette grossesse à un monde qui n’était certes pas prêt à l’admettre. Mais après la tourmente, le calme était revenu et le bonheur avait pris les traits de Rian et Anwen, leurs petits princes, un peu tyrans, un peu démons mais qui leur avaient instantanément ravi leurs cœurs, de manière inconditionnelle et éternelle. Et puis, alors qu’ils commençaient tout juste à s’installer dans leur rôle de nouveaux parents, un autre bébé s’était annoncé.
Après quelques jours d’affolement, ils avaient décidé d’accueillir ce nouveau miracle qui leur était donné… Donné… Dunwyd… C’est ainsi qu’ils avaient appelé le nouveau petit garçon qui était aussi sage et calme que ses aînés de dix mois étaient agités et exigeants.
Et désormais ils avaient trois petits diables de trois et quatre ans qui, chaque matin, venaient rejoindre leurs pères dans le grand lit pour un câlin quotidien auquel rien ne pouvait les faire se soustraire, quand bien même ils auraient voulu le tenter.
Tourne le... tourne le... tourne le temps
Tout autour des amants...
- Ianto… tu es fatigué mon ange ?
Le Gallois leva les yeux vers son amant et sourit à le voir toujours si beau, si fringant. En même temps son cœur se serra…
Où étaient donc passées toutes ces années ?
Désormais le capitaine Jack Harkness arborait quelques fils blancs dans ses cheveux, quelques rides plus profondes au coin de la bouche, mais il était toujours tellement beau à ses yeux.
Et lui… lui il n’était plus qu’un vieillard qui sentait jour après jour s’appesantir sur lui le poids de tout ce temps qu’il n’avait pas vu passer.
Il regarda ses mains parcheminées et il sentit la tristesse l’envahir. La main chaude de son amant se posa sur la sienne :
- Arrête d’y penser mon amour. Tu es l’homme que j’aime et peu importe ton physique… Tu es l’homme que j’aime !!!
Il lui sourit, rasséréné par ces mots, par cette main qui réchauffait la sienne qui lui semblait si souvent froide ces derniers temps, par ce regard plongé dans le sien qui ne mentait pas.
- Je t’aime aussi Cariad… Je t’aime tellement.
Et dans le baiser qui les unit à ce moment-là, il y avait toute l’énergie de cette jeunesse envolée depuis bien longtemps maintenant.
L'amour est une forteresse
Qu'il faut réinventer sans cesse
Pour qui oublie de la rêver
Elle disparaît à tout jamais
- Papa… Daddy ?
Les deux hommes se séparèrent et sourirent à ceux qui se tenaient sur le seuil et qui, désormais, ne sautaient plus joyeusement sur le lit. A l’aube de leurs cinquante ans, ils n’étaient plus vraiment les gamins facétieux qui leur en avaient fait voir de toutes les couleurs.
Mais ils étaient toujours leurs enfants aimants et aimés, même si, désormais, Jack paraissait plus jeune qu’eux. Qu’importait, ils étaient une famille dont les liens s’étaient soudés de plus en plus fort autour d’eux, pour protéger leur secret, pour ériger un rempart entre leur amour et le reste de la société, pour que jamais personne ne s’interroge sur la déconcertante jeunesse du capitaine.
Ianto leur tendit la main et ils vinrent s’installer autour d’eux : Rian, Anwen, Dunwyd, mais aussi Eirian et Carys, les bien nommées belle et amour, qui leur était arrivées trois ans après Dunwyd, lorsqu’ils avaient, d’un commun accord, décidé de donner une petite sœur à Anwen, et Cafdan, le sage combattant, arrivé par surprise, vingt ans plus tôt, alors que déjà Ianto sentait les années peser plus lourd sur ses épaules.
Cafdan qui ressemblait tant à Jack dont il avait hérité l’immortalité. Ca avait été à la fois le moment le plus terrible et le plus heureux de leur vie que ce jour où le gamin de sept ans avait fait cette chute du haut de la falaise et quand, dévastés, ils s’étaient penchés sur le petit corps brisé, ils l’avaient vu reprendre vie, dans les mêmes souffrances qui torturaient le capitaine à chaque retour en ce monde.
Mais leur enfant était en vie ! Et Ianto avait ressenti comme une bénédiction le fait que Jack aurait toujours cet amour près de lui, cet amour qui ne le quitterait pas, ce double de lui qui avait sa fougue, son charme, son intelligence…
Et là, à cet instant, entouré de ses enfants et de son compagnon, Ianto touchait du doigt ce que peu de gens savent contempler : une vie réussie, une vie heureuse.
Une vie pleine d’amour.
Si devant vous des amants passent
Quoi qu'ils se disent ou quoi qu'ils fassent
Ne vous posez pas de question
L'amour a toujours ses raisons
Aujourd’hui chaque chose était à sa place : les enfants avaient des enfants qui eux-mêmes avaient des enfants… Toute une tribu de Harkness-Jones qui s’ébattaient joyeusement dans le grand jardin de leur villa sur les hauteurs de Cardiff. Et entendre ses voix qui se croisaient, ses rires qui éclataient si près de lui réchauffait le cœur de Ianto.
Sa vie n’aurait pas été inutile et Jack ne resterait pas seul. Tant de temps il s’était tourmenté pour son amour, l’imaginant perdu sans lui, réalisant parfaitement la souffrance qu’il ressentirait en sachant celle que lui-même subissait à chaque mort de son compagnon, alors qu’il n’ignorait pas que celui-ci allait revenir… Mais lui ne reviendrait pas et la douleur qui ravagerait Jack serait implacable. Il aurait tout fait pour la lui éviter.
Et après lui il y aurait leurs enfants, l’un après l’autre… Ils avaient déjà perdu un petit fils, mort au combat et la souffrance était encore vive malgré le temps écoulé… Alors comment résister à ces pertes successives que connaîtrait forcément l’Immortel ?
C’est pourquoi la venue de Cafdan avait été un tel soulagement pour Ianto. Jack ne serait jamais seul. Bien sûr, le corollaire ne lui avait pas échappé : à son tour son enfant connaîtrait la douleur de perdre ceux qu’il aimait, mais il savait qu’à deux on est bien plus fort, parce que quand l’un craque, l’autre est toujours là pour le relever. Et avec Cafdan il y aurait un autre Ianto pour marcher aux côtés de l’Immortel, ce petit fils qu’avait porté leur fils qui partageait la vie d’un jeune militaire dans lequel le Gallois se revoyait, bien des années auparavant, découvrant avec stupeur combien ce compagnon si familier pouvait être si différent.
Apparemment l’immortalité se transmettait de père à fils uniquement, avec la faculté de donner la vie.
Oui… Quand il faisait le bilan, Ianto Jones pouvait être fier de lui.
- C’est vrai mon amour… Et cette réussite, tu l’as mille fois méritée.
De nouveau Jack lisait dans ses pensées : il y avait tant d’années maintenant qu’ils veillaient l’un sur l’autre que, quand bien même il n’aurait pas eu ces dons de télépathie, cela n’aurait pas étonné Ianto.
- Viens près de moi, prends moi dans tes bras, murmura-t-il en levant son bras vers lui pour l’inciter à se blottir à ses côtés.
L’Immortel ne se fit pas prier et s’installa dans le grand fauteuil, prenant son amour devenu si fragile dans ses bras, avec précautions, comme s’il craignait de le briser à le serrer trop fort contre son cœur.
Tourne le... tourne le... tourne le temps
Tout autour des amants...
Il s’était endormi lové contre lui et Jack se rassurait d’entendre son cœur battre lentement. Il savait que désormais les jours leur étaient comptés et il redoutait ce moment où il devait laisser son amour lâcher sa main.
Rien n’avait pu le détourner de lui : ni les crises, ni la maladie, ni la vieillesse qui s’était abattue avec son lot de maux en tout genre. Ianto faisait de son mieux pour lui cacher sa faiblesse, sa fatigue, mais il savait…
Désormais il n’y avait plus de corps à corps fiévreux et intenses, juste des moments comme celui-ci où leur amour s’exprimait en dehors de tout lien charnel. Et ça ne lui manquait pas… non, pas du tout… Il atteignait la plénitude simplement à tenir l’homme qu’il aimait dans ses bras, si fragile, frêle comme un oisillon tombé du nid, et cependant encore si combatif, qui continuait à vouloir veiller sur lui, non plus physiquement, mais psychologiquement.
Ils parlaient, sans artifices, sans mensonges de l’après et de ce qu’il devrait faire. Ianto le préparait doucement mais sûrement à son absence, à ce vide béant qui allait s’ouvrir dans son cœur…
Mais aujourd’hui, alors que la famille était réunie, que les rires des plus jeunes éclataient non loin d’eux, Jack ne voulait pas y penser.
Ianto était dans ses bras, contre son cœur, à la place qui était la sienne depuis leur premier regard, depuis leurs premiers mots…
Lui et Ianto c’était pour l’éternité…
- Tu te souviens mon amour, tu te souviens….
Tourne le, tourne le, tourne le temps
Tout autour des amants...
Et devant lui il y avait le Ianto des premiers jours, le jeune homme laconique, dévoué, attentif qui avait ravi son cœur. Il entendait son rire, retrouvait sous ses paumes la douceur de sa peau, entendait ses mots d’amour…
Ianto… Son âme sœur… Son compagnon des bons et des mauvais jours…
Où serait-il sans lui aujourd’hui ? Qui serait-il ?
- Ianto… Mon amour…
Les yeux bleus du Gallois se fixèrent sur les siens et il put y lire la même intensité de sentiments que ceux qu’il ressentait à cet intant.
- Jack… Nous deux ce sera pour toujours… Je t’aime tant !
- Pour toujours mon amour. Pour l’éternité.
FIN
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by Christie
Je suis toute émotionnée.Leur amour est si pur et c'est tellement bien écrit. Bravo Aliza 
Jolie histoire 