Forum - Le Monde du Slash

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 Sujet du message: [En cours] The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 11:37 
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Mon dieu ! J'ai l'impression d'être un fantôme tellement ça fait un bail que je n'ai rien posté :shock:
Maudites soient ma flemme et surtout SURTOUT mes études !

Mais bon, il y a parfois des traumatismes émotionnels qui vous poussent à vous lancer dans l'écriture de manière inéluctable.
Par traumatisme émotionnel j'entends bien sûr la fin de la saison 2 de Sherlock avec "The Reichenbach Fall".
Je crois que j'y ai perdu chaque morceau de mon petit coeur :cry: (et mes neurones aussi tellement cet épisode était merveilleux, comme le reste de la saison d'ailleurs).

Du coup ce qui devait arriver arriva. Pour palier à ce trouble émotionnel, je me devais de faire comme une bonne partie du fandom, c'est à dire écrire ma version du post-Reichenbach.
(donc évidemment :spoilers: pour la fin de la saison 2 hein !)

Ce sera une fic en plusieurs chapitres (je ne sais pas encore combien gnihihi :mrgreen: ) dont l'écriture est déjà bien avancée au brouillon. Je poste ici un petit prologue (vraiment petit) *pas taper* mais j'espère povoir taper sur l'ordi le chapitre 1 aujourd'hui et le poster ici :)

Pour ce qui est du ton de la fic, ce sera du Angst (bah évidemment, avec un sujet pareil !) mais pas que... (j'ai pas envie de me pendre non plus). Et j'ai mis un rating PG-13 juste par sécurité (y aura un peu de "violence" sur la fin mais vraiment rien de bien méchant, ce qui est inhabituel avec mes penchants sadiques très excessifs). Et vous observerez peut-être que le titre (je suis toujours aussi nulle pour les trouver) est directement inspiré du canon ^^

Bref, voici le prologue :)

See you !


------



Prologue


Il y avait déjà des saisons que cela ne se produisait plus chaque nuit. Désormais, il ne le subissait plus que quelques fois par mois, comme un bête pêcheur surpris par la marée. Une marée violente, et inéluctable, que l'on aimerait oublier au lendemain mais dont la puissance finissait par vous noyer de nouveau quand enfin vous pensiez émerger de l'eau glaciale. 
Dix-huit jours depuis la dernière crise. 
Le cauchemar était toujours le même. Affreusement répétitif, mais pire que tout, terriblement réel, comme une sentence implacable appliquée sans fin. 
Il se tenait là, debout sur un toit de granit, la vision rendue floue par un épais brouillard dont il ne pouvait expliquer l'origine. Il regardait toujours ses mains en premier, s'assurant qu'il s'agissait bien des siennes. Puis sa vue se clarifiait lentement en même temps que le soleil lui perçait impitoyablement la rétine. Devant lui apparaissait alors une silhouette sombre, si proche et pourtant si diablement éloignée de lui. Au-delà de l'homme, l'horizon gris donnait à la scène un aspect monochrome, renforçant le sentiment affreux que le monde avait perdu toute couleur. Ses yeux ne pouvaient se détacher de lui, son cœur lui hurlait de se lancer à sa rencontre, mais ses jambes restaient clouées sur place. Une brise glaciale balaya le toit, creusant un trou béant dans sa poitrine alors qu'il se retournait  dans sa direction pour le fixer de son inoubliable regard autrefois azur. 
« Bouge » une petite voix lui hurlait. Mais il demeurait immobile. 
Une panique glacée lui pétrifia le cœur alors qu'il le voyait doucement articuler des mots qu'il ne pouvait entendre. Qu'il ne voulait pas entendre. 

« Au revoir, John. »

Non. Pitié, non. 

Son bras se tendit dans sa direction, sa main grande ouverte pour se saisir de cette ombre qu'il ne pouvait atteindre, ses doigts se referment sur le vide qui lui perçait la peau comme des millions d'aiguilles. 
Sourd, il n'entendit pas son propre hurlement qui déchira l'air lorsque ce corps chuta sans qu'il ne puisse le retenir.

Mon Dieu, non. Pas ça ! 

« SHERLOCK !! »

Son corps se redressa dans un sursaut de terreur incontrôlable, ses membres tremblants et couverts de sueurs. Les yeux grand ouverts, il revivait la scène un nombre incalculable de fois avec une netteté effroyable en l'espace d'une seule seconde, la gorge sèche et la respiration haletante, avant de prendre conscience qu'il était bien là, dans sa chambre de Baker Street et non sur ce maudit toit de St Barts. 
Son souffle erratique se calma, mais chaque nouvelle inspiration devenait plus difficile et douloureuse. Ses tremblements ne firent que redoubler. 

Toujours le même cauchemar. 

Ses poings se refermèrent sur ses draps alors qu'il laissait reposer son front sur ses genoux repliés. Sa mâchoire se serra. 

Toujours la même réalité cruelle.

Il ne dormit plus de la nuit.


* * *

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[center]"Parce que l'histoire de Mozart et Salieri, c'est une histoire d'amour avant tout. Et c'est pour ça qu'elle est compliquée. Je pense que si on arrive à s'aimer, on pourra sublimer nos rôles, les pousser à l'extrême, jouer avec. Et Mozart et Salieri, selon moi, c'est une histoire d'amour qui s'est assombrie. "

- Mikelangelo Loconte -

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Dernière édition par Kilia le 20 Fév 2012 15:54, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 12:42 
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J'aime beaucoup ce prologue ^-^

La fin est vraiment poignante T_T

Vivement la suite

Bisouuuus

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 17:02 
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Merci beaucoup :)

Voici maintenant de quoi entrer dans le vif du sujet :) Je tiens à préciser que, bien qu'adorant Sherlock depuis la première heure, c'est ma première fiction sur ce fandom. Si je me lance aussi tard c'est parce que pour moi, traiter les personnages de cette série doit être fait avec un soin tout particulier pour éviter le OOC mais... Flûte ! Les fictions c'est aussi fait pour se lancer. Bref, étant donné que 'est ma première histoire, je suis avide de commentaires et d'avis :)

Sur ce, je vous laisse à la lecture.

***

Chapitre 1



- John ?

Désorienté, il finit par tourner son regard vide vers sa psychothérapeute dont la mine soucieuse et condescendante ne variait pas d'une visite à l'autre.  

- Pardon, vous disiez ?
- Êtes-vous sûr d'avoir bien dormi cette nuit ?

John retint avec grand peine un petit rire sarcastique. Cela se voyait donc tant que cela ?
Elle le fixa sans ciller, attendant une réponse qu'il ne donna pas. 

- Encore un rêve, n'est-ce pas ?

John hocha la tête silencieusement. 

- John, cela fait deux ans et demi.
- Deux ans et huit mois. 

Elle soupira tristement avant d'ancrer de nouveau son regard compatissant dans le sien. 

- Oui, et depuis lors, j'ai l'impression que les choses ne s'améliorent pas. Vous refusez de faire votre deuil, John. 

Cette fois, il ne pût retenir un rictus déformé par une sourde douleur qu'il préférait garder enfouie, espérant par là diffuser le désespoir prêt à le submerger comme à chaque lendemain de crise, ainsi que cette colère qu'il savait injuste contre cette femme mais qu'il ne pouvait faire disparaître. 
Elle ne comprenait vraiment rien. Ni elle, ni les autres. Croyait-elle seulement une seule seconde que ses cauchemars n'apparaissaient que par la faute d'un éventuel déni ? Aucune personne ne semblait être capable de voir en lui. Et cela le rassurait en même temps que ça le rendait malade. 

- J'attends toujours que vous le disiez John, vous savez.
- Quoi donc ?
- Ce que vous vouliez lui dire, ce jour là. Les choses que vous avez tues. 

Le médecin, auparavant tendu, se sentit soudain vidé de toute force, comme rongé par un poison annihilant toute énergie vitale. Ses yeux se voilèrent tandis qu'ils fuyaient une fois de plus ceux de la consultante.

- Je ne peux pas. Je ne peux plus les dire. 
- Pourquoi, John ? Pourquoi ce silence ?

Nouveau sourire de façade. Les muscles de son visage lui faisaient mal.
Elle ne comprenait pas. Même s'il trouvait la force de commencer, elle ne comprendrait toujours pas. 
Cela serait songer, ne serait-ce qu'une seconde, une seconde de trop, à un chemin qui désormais lui était barré. Tenter de réemprunter cette route équivaudrait à se jeter dans un gouffre dont il n'était pas sûr de pouvoir s'extirper. Il était certain que cela ne pourrait que le rendre fou. 

- Parce que ça me tue.


* * *


Au début, cela ne partait de rien. Des inscriptions minuscules dispersées au hasard sur des affiches déchirées et disséminées aux quatre coins de la ville, auxquelles personne ne prêtait attention. Puis les premiers graffitis apparurent, recouvrant totalement lesdites affiches, ainsi que les murs. Des tracts d'amateurs, accrochés aux poteaux et aux bancs... Tous portant le même message.

I believe in Sherlock Holmes.


John avait été surpris, presque choqué, d'apprendre qu'il n'était pas le seul à ne pas douter une seule seconde. Sceptique ensuite. À quoi cela servait, au final ? Cela ne le ramènerait pas. Trop tard pour ça.
Puis, cinq mois plus tôt, un essor improbable s'empara de chaque recoin de Londres. Ce qui n'était à la base qu'un simple balbutiement de quelques fans isolés était devenu un mouvement de protestation silencieux mais déterminé et organisé. Le Mouvement, comme ils se nommaient eux-même sur Internet.
C'était fou. Complètement improbable. Mais c'était bien là. Et John s'était peu à peu senti fier, presque réconforté en un sens, de penser qu'il ne serait plus le seul à y croire. À savoir. Mais en contrepartie, sa solitude n'en devenait que plus amère. À chaque fois qu'il passait devant une de ces fresques clandestines, il ne pouvait ignorer la cassure qu'il ressentait alors au plus profond de lui tandis qu'il poursuivait son errance, regard baissé et canne à la main. Car depuis deux ans et huit mois, sa claudication était revenue.

Tu me trouverais pitoyable, Sherlock. Heureux que tune vois pas ça.

C'était faux. Affreusement faux. Il aurait tout donné pour qu'il revienne et lui balance sa décrépitude au visage.

* * *


Cela commença discrètement, deux ans et dix mois après sa mort. Un jeune homme de trente-trois ans, retrouvé mort, la gorge tranchée, sa dépouille laissée sous un pont de banlieue mal famée. Simple règlement de compte, sans doute. Les médias en parlèrent à peine.
Deux semaines plus tard, deux nouveaux corps, reposant dans un endroit semblable. Deux jeunes filles, âgées de vingt-deux et vingt-quatre ans, assassinées par balle, en plein cœur. Cette fois-ci, la presse s'emporta, jouant une énième fois la carte de l'insécurité pour distraire les foules qui aimaient se complaire dans la crainte et l'indignation envers cette société dangereuse à laquelle elles appartenaient.
Cloîtré à Baker Street lorsqu'il ne travaillait pas par dépit à l’hôpital, John n'y prêta aucune attention particulière. Lire les journaux faisait désormais remonter une bile âcre dans sa bouche.
Puis l'affaire s'emballa. Trois jour à peine après la disparition des deux étudiantes, une femme de trente-cinq ans apparemment issue d'un milieu aisé fut retrouvée dans un caniveau, le front marqué par un impact de balle de petit calibre. Un vague de panique montait lentement au sein de l'inconscient collectif face à cette série de meurtres froids et d'une précision implacable contre laquelle la police se montrait impuissante. Puis la fascination morbide de la population, pour ce qui n'était au départ qu'une suite de faits divers, se mua en horreur sourde quand une cinquième victime fut trouvée roulée contre un mur dans la même zone urbaine. Un gamin âgé d'à peine dix-sept ans, le foie percé par une de ces mêmes balles, laissé agonisant au creux de cette ruelle et baignant dans la mare de son propre sang, avec à ses pieds un paquet de tracts portant tous la même inscription. Identique à celle qui se répandait sur tous les murs de Londres.
John recommença à lire les journaux.

* * *


Depuis les terribles événements datant de presque trois ans, le temps semblait s'être écoulé de manière tout à fait particulière, voire absurde. Chaque jour lui paraissait s'étirer indéfiniment, aspirant hors de lui toute énergie et envie d’interagir avec le monde. Et pourtant, lorsqu'il regardait en arrière – et Dieu, cela lui arrivait si souvent – rien n'avait changé autour de lui, comme si tout cela ne s'était produit que la veille. L'appartement demeurait presque le même, par sa propre volonté, devenant peu à peu une sorte de musée dont lui et Mrs Hudson étaient les seuls visiteurs autorisés, comme si Sherlock leur en avait confié la garde avant de partir.
Ce qui était idiot. Complètement idiot. Sherlock ne leur avait rien confié, il n'était même pas propriétaire de ces lieux, il était juste... Parti. La Terre tournait encore, mais sans lui. C'était juste anormal. Sherlock avait toujours été une certitude ancrée dans le monde, un point inflexible. Savoir que la vie s'écoulait désormais sans cette présence lui renvoyait l'image d'un monde complètement étranger. John avait bien tenté de s'accrocher à un quelconque substitut mais sans succès. Les gens, les femmes, le travail... Rien. Tout allait trop vite. Il restait coincé dans ce bout de passé alors que les autres allaient de l'avant. Des choses changeaient tandis que d'autres se figeaient à jamais. Baker Street était devenu son ancre dans un océan en perpétuelle mouvance sous l'action chaotique de ses courants. Chaque détail de chaque pièce de l'appartement lui crevait le cœur, mais c'était le prix à payer pour ne pas perdre définitivement pied. Il y avait des jours où cela le révulsait. Des jours où la colère prenait le pas sur la souffrance. Contre lui-même, contre les autres, contre Sherlock. En ces instants, il ne pouvait que s'enfermer dans sa chambre pour ne ressortir que lorsque la vue du salon redevenait soutenable.

Te rends-tu compte de ce que tu as fait, Sherlock ?

Et après la rage venait le pire. Ce sentiment insurmontable qui le brisait durant chacun de ses cauchemars. Ce qui le tenaillait quand il se revoyait avoir cette dernière conversation téléphonique.
La culpabilité.

J'aurais dû savoir. J'aurais dû savoir ce qui est passé par ta maudite tête. Parce qu'il n'y a toujours eu que moi pour te comprendre un peu mieux que les autres. Et j'aurais dû empêcher ça.

John était assis dans son fauteuil alors que ces sombres pensées s’immisçaient sournoisement dans son esprit alangui. Son regard égaré faisait face à cette autre chaise, désespérément vide.
Un klaxon de taxi retentit à l'extérieur. Il ferma les yeux.

J'aimerais pouvoir arrêter tout ça.

Ses paupières se soulevèrent. Rien n'avait bougé.

* * *


Le bruit d'un pas léger mais lent dans les escaliers brisa brusquement le silence presque mortuaire qui régnait dans la pièce. Mrs Hudson venait d'apparaître sur le seuil.

- John, l'inspecteur Lestrade est là, je peux... ?
- Bien sûr, faites-le monter.

Elle n'eut pas le temps de se retourner que la haute silhouette du policier émergeait déjà en haut des marches. L'ex-soldat avait déjà reçu plusieurs visites de Lestrade au cours des mois passés. Régulières d'abord, comme si celui-ci craignait de voir le médecin s'effondrer à tout instant. Puis ses venues s'étaient espacées, tout comme celles de Molly. Quant à Mycroft... Et bien, la situation était un peu particulière...

- John.
- Bonjour, Greg.
- Comment allez-vous ?

John se leva pour serrer la main de l'inspecteur qui malgré les épreuves conservaient une poigne ferme. Cependant, les yeux de l'agent trahissaient les obstacles qu'avait posés devant lui sa hiérarchie depuis le fiasco de Scotland Yard au cour de l'affaire du « faux génie ». Il n'avait pu conserver son poste que grâce à une intervention providentielle du gouvernement sur les hautes sphères de la police. Bien que n'en ayant jamais obtenu la confirmation, les deux hommes avaient toujours suspecté l'influence de l'aîné des Holmes. Lestrade gardait sa position, mais voyait sa réputation ruinée. Sans compter son récent divorce...
Pour John, cela ne rendait son regard compatissant, presque empli de pitié, que plus insupportable.

- Aussi bien que possible, finit-il par répondre. Et vous ?
- Comme d'habitude.

Bien sûr. Ses confrères devaient lui mener la vie dure.

- Je vous offre quelque chose à boire ?
- Non merci, je ne peux pas rester longtemps, nous sommes sur une affaire pressante.
- Ah, l'affaire des meurtres de banlieue en série ?
- C'est exact.
- L'enquête avance ?

Lestrade eut un regard embarrassé.

- Hélas non. J'ai rarement vu une chose pareille. Aucune de nos pistes ne débouchent.

John hocha la tête, préférant ne pas creuser la question. Il savait très bien où la conversation risquait de dériver s'ils évoquaient encore le manque de progression de la police.

- Qu'est-ce qui vous amène dans ce cas ? J'imagine que ce n'est pas pour demander mon avis professionnel.
- Non, en effet.

L'homme aux cheveux gris eut un sourire amer, puis les traits de son visage se durcirent subitement. Les instincts militaires enfouis du médecin lui soufflèrent qu'il avait à présent affaire au policier en devoir, et non à l'ami de Scotland Yard.

- Je suis ici pour vous avertir, John.
- M'avertir ?

Un voile d'inquiétude assombrit le regard de Lestrade alors que l'incompréhension se peignait sur le visage fatigué du docteur.

- Avez-vous lu les journaux concernant ces cinq victimes que l'on a retrouvées dans un même secteur ?
- Quelques-uns... Pourquoi ?
- Et bien, à première vue, rien ne relie les victimes. Âges et sexes différents, issues de milieux divers, aucune parenté, aucun lien privé ou même professionnel... Rien. Si ce n'est une chose, qui n'était pas forcément claire jusqu'à présent, et dont je ne pouvais être sûr, mais qui se confirme avec le dernier meurtre.
- Le garçon de dix-sept ans ?
- Exact. Vous savez ce qu'on a retrouvé avec lui ?

Oh que oui, il le savait. John sentit son estomac se contracter sans être vraiment conscient du malaise qui s'emparait doucement de lui.

- Des affiches du Mouvement ?

Lestrade opina gravement.

- J'ai creusé ce côté-là, et toutes les victimes étaient des supporters plus ou moins fervents du Mouvement. Personne ne veut y accorder un réel crédit au Yard, mais je suis formel là-dessus.
- Et quel rapport y a-t-il avec moi ?
- Beaucoup de choses, répondit l'inspecteur. John, je suppose que vous ne faîtes pas vous même partie de ces gangs qui taguent les murs au milieu de la nuit...
- Non, en effet.
- … Mais vous êtes pourtant au cœur du Mouvement.
- Croyez-moi, Greg, une partie de moi aimerait sans doute aller coller des tracts partout pour que ce foutu pays ouvre les yeux, mais je ne suis...
- Vous ne saisissez pas. Je ne vous parle pas uniquement de tracts ou de peinture. Il s'agit de vous, le Docteur Watson, et de Sherlock Holmes. Si ce Mouvement existe aujourd'hui, c'est bien parce que vous étiez le premier à vous exprimer.
- Pardon ? J'ai refusé toutes les interviews possibles, je n'ai fait que poster un dernier article sur mon blog, et...
- Précisément. Votre blog est encore lu par des milliers de personnes. Des fans de la première heure. Indirectement, je suis persuadé que vous êtes l'influence principale de cet engouement. Avez-vous remarqué qu'il n'y avait pas écris que « I believe in Sherlock » dans les rues ? Il y a aussi votre nom.
- J'ai vu.

Mais cela lui importait peu. Ce n'était pas son nom qui comptait.

- Ce que je veux dire, John, reprit le détective officiel, c'est que toutes ces personnes n'avaient que cette chose en commun, et qu'elles se sont donc sans doute faites tuer pour ça. Qui que soit ce malade, il les a tuées parce qu'ils défendaient tous l'image de Sherlock. Et même si vous n'en avez pas conscience, vous êtes un pilier du Mouvement. Si ce type a décidé d'en supprimer toute trace chaque fois qu'il en croise une, je pense que vous êtes potentiellement en danger.
- Pourquoi un tueur en série viendrait jusqu'ici pour me faire la peau ?

Nulle peur dans la voix de John. Ce qui prédominait n'était pour l'instant qu'incompréhension. Il existait à peine désormais, qui pourrait bien songer à supprimer une ombre ?

- John, j'ai vu beaucoup de meurtres au cours de ma carrière. Mais c'est la première fois que je vois une série d'assassinats qui s'apparentent plus à des exécutions qu'à une vengeance banale. La gorge de la première victime a été tranchée d'un coup net, sans tremblements. Et les blessures par balle des autres étaient précises, bien trop précises. Ce type a fait ça avec un sang froid incroyable, il ne plaisante pas. Je n'ai aucune preuve de ce que j'avance, mais si je suis venu, c'est pour vous dire ceci : faites attention.

John ne répondit pas immédiatement, les mots de Lestrade s'entrechoquant dans son esprit, encore surpris d'avoir affaire à une telle visite. Lui, potentiellement en danger de mort ? Absurde. Tout le monde semblait si inquiet à son sujet. Lestrade, Molly, Mrs Hudson et même possiblement Mycroft. Toute cette attention aurait dû lui réchauffer le cœur, cela ne faisait que rajouter du sel sur ses plaies.

- Et si vous sentez que quelque chose cloche, n'hésitez pas, ajouta le policier avec cet éternel regard concerné.

John eut un sourire désabusé accompagné d'un haussement d'épaule.

- Merci pour l'avertissement, je m'en souviendrai. Vraiment. Mais vous savez, il ne m'arrive jamais rien.

Plus maintenant.

- Et je n'ai pas l'intention d'aller traîner dans les ruelles sombres, tard la nuit, ajouta-t-il.
- Je m'en doute. Évitez juste... Et bien, d'aller repeindre les murs si l'envie vous en prenait.

Lestrade jeta alors un coup d’œil circulaire autour de lui, se rendant soudain compte que presque rien n'avait changé depuis sa dernière visite, remontant pourtant à plusieurs mois.

- Bon... Je ferais mieux de vous laisser, dit-il finalement en faisant un pas en arrière.
- Greg, avant que vous partiez...
- Hum ?
- Je ne vous l'ai jamais vraiment demandé, mais... Qu'est-ce que vous en pensez, du Mouvement ?

Il sembla surpris par la question.

- Et bien, en tant que flic, ça m'ennuie franchement de voir tous ces tags. Qui plus est, avec ce malade...
- Ce n'est pas ce que je vous ai demandé.

Les deux hommes marquèrent une pause durant laquelle l'inspecteur balaya une nouvelle fois la pièce du regard, comme s'ils se remémorait quelque souvenir lointain.

- Je pense... Que c'est bien. Vraiment.

John sourit faiblement.

- Merci.
- Ne soyez pas ridicule.

Le médecin eut un petit rire qu'il destinait plus à lui-même qu'à son hôte.

- Portez-vous bien, John.

Je ne fais que ça.

* * *




Et oui, je ne pouvais pas résister à montrer notre cher Greg qui doit bien galérer aussi de son côté... Et OUI, pour moi, le Mouvement #BelieveInSherlock devrait devenir un élément de la série ! :)

Avis ?

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 20:12 
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J'adore ce chapitre vraiment je l'adore *o*

Et j'ai vraiment hâte de lire la suite *o*

Bisouuus

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 20:34 
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thanks ! :heart:

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 20:41 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Le prologue est très poignant, très représentatif de l'angoisse de John, quand au premier chapitre, il est intriguant, très intriguant...
Je sais pas pourquoi, je sens les ennuis arriver pour John.
En tout cas bravo et :suite:


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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 20:49 
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:reviews:
Flo ShadowSpirit a écrit:
Le prologue est très poignant, très représentatif de l'angoisse de John


Et oui pauvre John... Il faut dire que ça a de quoi traumatiser n'importe qui... :cry: (si j'ai réussi à rendre ce court départ poignant, ouf tant mieux)

Flo ShadowSpirit a écrit:
quand au premier chapitre, il est intriguant, très intriguant...
Je sais pas pourquoi, je sens les ennuis arriver pour John.


Aaaaah ça......... *sifflote* :roll:

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 20:55 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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:toutecontente: que tu repostes, et ici on se fera pas taper sur les doigts parce que l'on parle de Sherlock. :mrgreen:

Sinon, j'adore ce début, avec un John qui est perdu et un Greg qui a souffert.

:suite: :suite: :suite:

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 21:10 
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Gnni merci :heart:

madoka83 a écrit:
:toutecontente: que tu repostes, et ici on se fera pas taper sur les doigts parce que l'on parle de Sherlock. :mrgreen:


Aha ici on peut parler de ses obsessions en toute impunité :mrgreen:

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[center]"Parce que l'histoire de Mozart et Salieri, c'est une histoire d'amour avant tout. Et c'est pour ça qu'elle est compliquée. Je pense que si on arrive à s'aimer, on pourra sublimer nos rôles, les pousser à l'extrême, jouer avec. Et Mozart et Salieri, selon moi, c'est une histoire d'amour qui s'est assombrie. "

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 20 Fév 2012 21:50 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 21 Fév 2012 00:35 
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Le slash, kesako ?
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Dois-je redonner mon avis ? Oh oui bien sur, comment y résister.
Aussi bon à la deuxième lecture qu'à la première avec en bonus le décodage en moins :lol:
John, pauvre John tourmenté, tu aimes le faire souffrir. En même temps, c'est pas de ta faute, c'est Moffat et Gatiss qui ont voulu que John soit dans un tel état post Reichenbach.

Comme tout le monde je réclame :suite: et re :suite:


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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 21 Fév 2012 10:44 
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Zarryn a écrit:
Dois-je redonner mon avis ? Oh oui bien sur, comment y résister.
Aussi bon à la deuxième lecture qu'à la première avec en bonus le décodage en moins :lol:

Mouahaha, je sais j'écris mal.

Zarryn a écrit:
John, pauvre John tourmenté, tu aimes le faire souffrir. En même temps, c'est pas de ta faute, c'est Moffat et Gatiss qui ont voulu que John soit dans un tel état post Reichenbach.

Tout à fait, je ne pourrais mieux dire ^^ (ils auront notre peau et celle de John)

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[center]"Parce que l'histoire de Mozart et Salieri, c'est une histoire d'amour avant tout. Et c'est pour ça qu'elle est compliquée. Je pense que si on arrive à s'aimer, on pourra sublimer nos rôles, les pousser à l'extrême, jouer avec. Et Mozart et Salieri, selon moi, c'est une histoire d'amour qui s'est assombrie. "

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 21 Fév 2012 12:33 
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Hop, le chapitre 2 tapé ce matin :) pour le 3ème je vous ferais sans doute attendre un peu plus longtemps, le temps d'avancer encore un peu au brouillon.
Sur ce......

-----


Chapitre 2


- J'ai pris un congé d'une semaine, à l'hôpital. Je pense qu'il valait mieux, vu le nombre de cas bizarres que j'ai reçus en consultation le mois dernier. Tu serais surpris des trucs qu'on voit et qu'on entend parfois. Bref... Ça devrait me faire du bien. Ma jambe est plus douloureuse en ce moment, alors... Je sais très bien que c'est psychosomatique pourtant, et j'imagine bien ce que tu dirais. Mais ce n'est pas comme si tu pouvais encore me faire courir après un taxi pour me le prouver, hein ? Oh, au fait, je crois que Mrs Hudson voit régulièrement quelqu'un au café, pas Mr Chatterjee, tu t'en doutes. Je me demande si celui-ci cache aussi une femme ou deux. Toi, tu le saurais au premier coup d’œil, mais moi...

John fixait la stèle de granit noir aussi intensément que s'il s'était s'agit de son meilleur ami. Par moment, il oubliait le cimetière. Il oubliait le reste de la ville. Il était de retour dans la douce et chaleureuse ambiance du salon du 221b, comme si rien n'avait changé. Lui, déambulant en lisant les dernières nouvelles avant de s'affaler sur le sofa, et Sherlock assis dans son fauteuil, les mains jointes devant ses lèvres fines, l'écoutant éventuellement et l’ignorant la plupart du temps, plongé dans les méandres d'une réflexion qui échappait à son colocataire. Sauf que maintenant, il était bien forcé de l'écouter.

- Lestrade est passé, aussi. Ça faisait un bail. On dirait qu'il a pris dix ans. Il est venu me parler de cette affaire de meurtres en série. Tu sais que ça frappe des gens qui écrivent ton nom dans la rue ? Non pas que ce soit de ta faute, ce n'est pas comme si tu leur avais demandé, non ? Ils le font parce qu'ils le veulent. Je me demande ce que tu en penserais en réalité, de tout ça. T'aurais beau soupirer devant cette exposition publique, je sais bien que tu aimes la reconnaissance. Toujours est-il que Lestrade pense que je coure un risque. Personnellement, je pense qu'il s'inquiète pour rien, mais comme d'après lui, je suis à l'origine de cet engouement pour toi...

Il se tut, cherchant les mots justes pour exprimer la mêlée de sentiments contradictoires qu'avait éveillée en lui cette dernière phrase qui ne faisait que raviver sa culpabilité assoupie. Sa gorge se serra et il dut s'appuyer plus fermement sur sa canne. Les bon mots ne vinrent pas, remplacés par un soupir douloureux.

- Je suppose qu'on a tous notre par de responsabilité là dedans, hein Sherlock ?

Nouvelle pause. Il reprit contenance à l'aide d'une profonde inspiration, comme le bon soldat qu'il était.

- Scotland Yard patauge là-dessus. Si tu étais sur le coup, ça ferait sans doute longtemps que le dossier serait bouclé et ce tueur en taule.

Arrête ça, John. Il n'est plus là, et tu le sais bien. Ça ne sert à rien.

Il ne dit plus rien pendant de longues minutes, totalement inconscient du temps, se contentant de fixer l'inscription dorée qui ornait la pierre sans aucun autre épitaphe. Comme souvent depuis presque trois ans, il n'y avait plus que lui et cette tombe.

- Ce n'est peut-être pas plus mal, en fait. L'idée qu'éventuellement un assassin veuille m’éliminer. Ça me changerait du quotidien, c'est sûr. Du travail à l'hôpital, de ces journées où je ne fous rien, de mes foutus rendez-vous chez ma psy...

Sa précédente conversation avec la thérapeute lui revint alors en mémoire. Il revit son propre mutisme qui lui muselait le cœur. Quand il reprit son monologue, ce fut d'une voix tremblante.

- Tu sais, j'ai beau dire, elle a raison. Il y a des choses que je ne t'ai pas dites alors que j'aurais pu. J'avais cent fois le temps de le faire quand je t'ai eu au téléphone, et même avant, surtout avant. Et je ne peux plus le faire maintenant.

Il ne les dirait toujours pas, même seul face à sa tombe. Parce que cela ferait trop mal sachant qu'il n'obtiendrait aucune réponse.

- Tu me manques, tu sais ?

Seul le silence lui répondit.

- Je l'attends toujours, Sherlock. Mon miracle.

Comme chaque jour depuis que je t'ai vu tomber.

- Mais après deux ans et dix mois, je suppose que ça devient difficile.

* * *


- Mes sincères condoléances.

Désireux de quitter le cimetière au plus vite sans un regard en arrière, John ne l'aurait pas vu si l'homme ne s'était pas adressé à lui. Surpris d'entendre une voix autre que la sienne en ce lieu désert à cette heure, il s'arrêta net dans sa course claudicante, avisant un homme tirant sur la quarantaine, assis sur un banc. Vêtu d'un costume noir dont la veste était négligemment ouverte sur une chemise claire, les cheveux courts d'un blond très pâle, le visage carré, il se dégageait de lui une impression de force contenue, bien qu'affichant une sincère affabilité.

- Merci. Mais ça fait presque trois ans, vous savez.
- Et pourtant, vous ne vous sentez pas mieux qu'au premier jour, hein ? Reprit l'inconnu en dégageant un paquet de cigarettes de sa poche droite.

John le détailla avec un regard confus.

- Désolé de vous aborder comme ça, alors que nous ne nous connaissons même pas, s'excusa-t-il avec un léger sourire apaisant. J'imagine que vous avez dû entendre ça trop de fois, mais je sais ce que ça fait.

Ce genre de phrase le rendait furieux d'habitude. Quand une personne se croyait dans l'obligation de venir étaler sa propre douleur devant lui, comme si cela pouvait alléger la sienne. John ne répondait rien, préférant alors taire ses pensées premières et sa colère.

Et alors ? Nos cas ne sont et ne seront jamais les mêmes. Alors non, quoi que vous ayez traversé, vous ne savez pas ce que ça me fait.

Pourtant, face à cet homme qu'il n'avait jamais vu, John ne sentit aucune rage. Peut-être était-ce le fait qu'il ne voyait aucune pitié dans ses yeux. Il y lisait une résignation forcée, un esprit vidé. John Watson vit son reflet en cet étranger. Sans doute était-ce pour cela qu'il préféra rester face à lui plutôt que de s'éloigner comme il avait espéré le faire au départ.
Devant le silence du médecin, l'homme lui indiqua son paquet dont il avait déjà tiré un bâtonnet.

- Vous en voulez une ?
- Merci, non. Je ne fume pas.
- Vous avez probablement raison, dit-il de sa voix grave avec un rictus. Une vraie saloperie ces trucs-là. Mais on ne s'attache pas toujours à ce qui est le meilleur pour nous.
- Je suppose. En ce qui me concerne, je suis de toute façon attaché à très peu de choses.
- Alors la personne que vous êtes venu voir ici doit être chanceuse.

John lui répondit avec un sourire.

- Sans doute.
- J'avais un ami aussi. Dans le genre pénible, qui s'écoutait bien parler, et ignorait souvent le reste. Enfin, sauf moi.

Cette fois John ne put s'empêcher d'émettre un petit ricanement.

- Mince, je croyais que mon spécimen était un modèle unique.
- Oh, mais il l'était sûrement. Ne faîtes pas cette tête, je sais bien qui est l'homme à qui vous rendez visite. Avec tout ce tapage médiatique, c'était dur de passer à côté. D'après ce que j'en ai lu, mon ami n'était pas vraiment le même genre que le vôtre, d'une certaine façon.
- Mes condoléances.

L'homme tira une bouffée avant de l'expirer lentement dans l'air frais du soir londonien.

- Ça fait un moment pour moi aussi.
- Comme vous l'avez dit, le temps n'y change pas grand chose.
- C'est vrai, reconnut-il en hochant la tête. La vie est bien morne pour moi depuis. Quoiqu'il me reste encore le boulot pour éviter de trop ruminer.
- Je vous envie sur ce point. Je n'ai pas grand chose pour me tenir la tête hors de l'eau en ce moment.
- Vraiment ? Pas de famille, ou une petite-amie ?
- Disons que je ne suis pas un spécialiste des relations familiales, pour le peu qu'il m'en reste. Quant à une petite-amie, j'ai bien peur de ne pas avoir de place à offrir pour l'instant.

Se confier à un inconnu n'était certainement pas son genre. Et pourtant, il sentait une connexion inexplicable avec cet homme. Ils ne cherchaient tous les deux aucune consolation de la part de l'autre, et cela offrait une légitimité étrange à cette conversation.

- Décidément, nous avons un tas de points communs, Docteur. Vous êtes bien docteur, si ma mémoire des journaux ne me trahit pas ?
- C'est exact. Et vous ?
- Oh, je suis une sorte de free-lance. Je travaille à mon compte, répondit-il évasivement en laissant tomber une cendre du bout de son bâton de nicotine. Je rends certains services. Mon ami était comme qui dirait celui qui avait les bonnes idées. Au final, tout est devenu plus difficile depuis qu'il n'est plus là.
- Je connais ça.
- Je n'en doute pas, répliqua-t-il avec un haussement de sourcils.

John profita du fait que l'inconnu tire une nouvelle fois sur sa cigarette pour glisser un regard en direction de la tombe de Sherlock.

- Si je peux vous demander ça... Comment faîtes-vous face ?

L'homme porta alors sur lui un regard scrutateur, ses yeux gris détaillant chaque trait de son visage avec une précision presque dérangeante. Puis il reporta son attention sur sa cigarette une fois de plus.

- Comme je vous l'ai dit, j'essaie de me noyer dans le travail. Et il y a autre chose.
- Qui est ?
- Voyez-vous Docteur, mon ami, qui était si brillant, n'est pas parti de... façon naturelle, disons. Il y a un fautif à tout ça. Et s'il y a une chose que je me suis juré d'accomplir en sa mémoire, c'est de débusquer le responsable.

Il se leva lentement du banc, et John sentit alors un changement radical se produire en cet homme qui lui apparut alors semblable à une panthère sortie de son sommeil. Il expulsa un nouveau nuage de fumée en face du médecin, son regard se glaçant de façon inquiétante.

- Et que pour y arriver, je n'hésiterai pas à faire tout ce qui est en mon pouvoir. Et quand ceci sera fait, je m'assurerai qu'il prenne conscience de son erreur de la manière la plus mémorable qui soit.

La tranquillité de cet homme s'était muée en une violence dissimulée par un masque de froideur. John se sentit instantanément mal à l'aise, presque physiquement repoussé par un tel changement. En cette seconde, il n'avait plus qu'une idée en tête : quitter ce cimetière pour y laisser cet esprit empli de vengeance. Qui que puisse être le responsable de la disparition de son ami, il lui souhaitait en cet instant d'être aussi loin que possible de ce prédateur blessé en plein cœur.
Après plusieurs secondes de silence, les traits de l'inconnu se détendirent subitement, bien que la flamme d'une détermination inépuisable n'irradie toujours dans ses iris.

- Ce fut un plaisir d'avoir eu cette conversation avec quelqu'un comme vous, dit-il en tendant une large main vers lui. Docteur... ?
- Watson, répondit l'ex-soldat en lui serrant la main avec une certaine réticence. John Watson.

Ce qui le frappa alors dans cette poigne fut le maintien et l'énergie presque militaires se dégageant de cet étranger. Depuis son service en Afghanistan, John n'avait jamais perdu cet instinct qui se réveillait en lui à l'approche d'un autre soldat.

- Enchanté dans ce cas, John. Faîtes attention à vous.

Avec un dernier hochement de tête, l'homme s'éloigna d'un pas ferme, les mains dans les poches.
Encore déconcerté par son comportement, John ne sut d'où lui vint alors l'envie de se tourner une dernière fois vers lui alors que quelques bons mètres les séparaient déjà.

- Et, vous êtes... ?

La marche de l'homme se stoppa, et ce fut avec un sourire aimable qu'il inclina la tête sans sa direction.

- Sebastian. À bientôt peut-être, Docteur.

* * *


:mrgreen: :mrgreen: :mrgreen: oui je n'ai pas résisté à placer Seb... Avis ?

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- Mikelangelo Loconte -

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 21 Fév 2012 13:27 
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Ouh là... ça commence à devenir grave !
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Pauvre John, son Sherlock lui manque. :(

Il nous manque aussi. :mrgreen:

:suite: :suite: :suite: :suite:

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 Sujet du message: Re: The Empty Heart - Sherlock BBC - Sherlock/John - PG-13
MessagePosté: 21 Fév 2012 19:02 
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Mais euh... kesk'ils font ces deux-là ?
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Sébastian, comme Sébastian Moran ??? Bon, là plus aucun doute, John va avoir des ennuis et de sacré ennuis
Un chapitre très prometteur et toujours bien écrit :bravo:
:suite: :suite:


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