Cherchez pas, la sortie imminente du films (oui, bon encore un peu plus d'un mois, mais ça approche
) me donne tout un tas d'idées avec eux
Voici donc un OS plutôt... "joyeux" on va dire.
Bonne lecture.
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Allongé nu sur le tapis du salon, tout contre Holmes, lui-même pas davantage vêtu que moi, je caresse lentement sa peau moite tandis que lui somnole paisiblement. Le sexe provoque toujours cet effet sur lui, je l’avais simplement oublié avec le temps. Lui et moi n’avions plus fait l’amour ensemble depuis près de quatre ans. La veille de mon mariage en fait. Depuis lors notre relation n’a eu de cesse de se dégrader malgré tout mes efforts. Ce n’était pas évident, il m’en a tellement voulu que je l’abandonne, selon ses propres termes, pour donner une chance à mon couple légitime et à Mary. Néanmoins j’ai tenu bon parce que préserver cette amitié que nous avions mis si longtemps à construire était vital pour moi.
Je réalise ce soir pour la première fois depuis toutes ces années que le reste, tous ces détails qui trahissaient à l’époque bien davantage que la plus simple des relations platoniques, m’avaient terriblement manqué. Ses baisers, ses caresses, sa tendresse… bref, son amour, que j’ai redécouvert à l’instant, avait laissé comme un vide en moi. Pas étonnant que je ne me sois jamais pleinement épanoui dans mon ménage, nier cette part de moi a fait des ravages. Et pour la première fois depuis tellement longtemps je me sens à nouveau vivant.
Au dehors la tempête de neige bat son plein et une rafale de vent plus forte encore que les autres fait trembler les vitres. Je me blottis davantage contre mon amant, mais plus par réflexe que réel inconfort. Après tout nous sommes allongés à quelques pas seulement de la cheminée dans laquelle brûle un bon feu.
Holmes remue en grognant et passe un bras autour de mes épaules mais ne se réveille pas tout à fait pour autant. Ce n’est pas plus mal, je n’ai aucune envie que nous nous perdions en bavardage inutile où il se vanterait d’être parvenu à me réatirer dans ses bras. Lorsque j’avais décidé que nous ne pouvions plus être amants il m’avait assuré que je changerais rapidement d’avis. Cela a été plus long qu’il ne l’avait prévu finalement, mais il avait bien évidemment raison. Je n’en suis même pas étonné d’ailleurs.
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En fin d’après-midi j’arrivai à Baker Street avec un cadeau pour Holmes, comme je le fais tous les ans à Noël, même si à chaque fois il m’assure ne plus voir l’intérêt de célébrer cette fête depuis que je ne fais plus partie de sa vie. Et effectivement comme tous les ans je trouvais l’appartement vierge de toute décoration. Je n’en tins pourtant pas compte. Et puis le mois précédent j’avais trouvé un nouveau tabac venu des Indes tout à fait excellent, j’en avais donc acheté une demi-livre spécialement pour lui. Je ne m’offusquai pas qu’il ne m’offre rien lui-même, j’en ai pris l’habitude et d’ailleurs être près de lui pour quelques heures est pour moi le plus beau des cadeaux. Il déballa rapidement le mien, grognait un maigre remerciement puis s’installa dans son fauteuil, s’abîmant dans la contemplation des flammes dans l’âtre en face de lui, tout en demeurant parfaitement silencieux.
Dans ces moments-là il n’est jamais particulièrement affable mais j’ai appris à ne pas lui en tenir rigueur. Il n’aime pas se montrer vulnérable or je sais combien ma présence à ses côtés dans un moment pareil, alors qu’abandonner Mary à quelques heures du réveillon n’est jamais aisé, le touche. Qu’importe, je fis la conversation pour deux, parlant de mon épouse, de mes patients, des quelques réception auxquelles j’avais participées depuis ma dernière visite, et pendant ce temps il ne desserra pas un instant les dents.
Mais après une heure, alors que je sentais ma bonne humeur faiblir, il se leva brusquement, me fixant un instant de ses yeux sombres avant d’aller se planter devant la fenêtre pour regarder la neige qui tombait depuis un petit moment déjà au-dehors.
« Partez !» lança-t-il d’un ton dur.
Je me rapprochai de lui tout en l’observant douloureusement.
« Il est encore tôt Holmes, plaidai-je. Je puis demeurer ici pour une heure ou deux supplémentaires.
- Inutile. Puisque de toute façon vous irez la retrouver ensuite, autant le faire immédiatement.
- Holmes…
- Partez ! Vous ne comprenez donc pas que votre déballage d’amabilité est grossier si c’est ensuite pour m’abandonner à mon sort. Et surtout ne vous croyez pas obligé de revenir un autre jour. Je n’ai nul besoin de vous. »
La colère pour masquer sa tristesse, ce n’était pas la première fois que j’assistais à ce spectacle de sa part, mais cela me faisait aussi mal que d’habitude, tant je culpabilisais de l’avoir plongé dans cet état de solitude. Aussi décidai-je de ne pas l’abandonner aussi rapidement. C’était ce qu’il croyait vouloir pourtant je savais bien qu’il n’y avait rien de plus faux.
Je me rapprochai de lui et posai sur son épaule une main qui se voulait apaisante. Mais il n’eut pas vraiment la réaction que j’attendais. Se retournant vivement il repoussa brusquement ce geste de tendresse.
« Allez vous-en ! »
Le ton était froid, glacial même, mais je ne bougeai pas d’un pouce, ce qui sembla accentuer sa fureur. Nous nous affrontâmes du regard un bon moment, chacun tentant de faire céder l’autre. A un moment il serra le poing, comme s’il envisageait me frapper mais je n’éprouvais aucune peur, me sentant davantage encore le devoir de lui tenir tête, de lui résister et ainsi lui offrir ce qu’il désirait malgré lui.
Cette confrontation silencieuse sembla durer une éternité tandis qu’au dehors la neige tombait plus dru. Je compris que rentrer chez moi ne serait pas aisé par ce temps, mais je refusai de le prendre comme excuse pour fuir tant que je le pouvais encore.
Nous en étions à deux doigts d’en venir aux mains, chacun campant sur ses positions même si cela nous en coûtait beaucoup. Et l’instant d’après, sans que je comprenne le comment de cette évolution brusque, nous étions l’un contre l’autre à nous embrasser à en perdre haleine. Mes mains étaient dans ses cheveux et je sentis les siennes s’agripper à mes fesses. Pour autant, la rancœur était toujours là et l’échange s’avéra très vite plus brutal que tendre. Il mordit mes lèvres, je répliquai en enfonçant sans ménagement mes ongles dans sa nuque. Et lorsqu’enfin nous entreprîmes de nous dévêtir mutuellement, nous étions comme sur un ring de boxe tant nos gestes étaient enfiévrés, dénués de la moindre douceur. Deux boutons au moins furent arrachés de ma chemise et ce fut un miracle que les bretelles de Holmes demeurent intactes sous mes assauts.
Le reste fut dans le même goût, nos corps s’affrontèrent, nos peaux se mêlèrent aussi bien que nos cris… Je finis par l’accueillir au plus intime, me donnant à lui comme cela ne m’était jamais arrivé tandis qu’il se faisait fougueux, animal, me marquant autant de sa semence que de ses morsures – Mary ne pourra ignorer à quoi je me suis prêté ce soir semble-t-il.
Au plus fort de nos ébats, en réponse à la brutalité qui nous habitait, la tempête se déchaina dehors. Il neigeait de plus en plus fort tandis qu’un vent violent s’était levé, faisant presque trembler toute la bâtisse. Et lorsque notre fougue se calma après la jouissance, nous nous blottîmes l’un contre l’autre, repus, sereins…
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Contre moi Holmes remue doucement, reprenant conscience.
« Condamner à passer la nuit ici on dirait», lance-t-il, goguenard.
Certainement, je pense. Et aucun moyen de prévenir mon épouse de surcroît.
« Mary va me tuer, je ne peux m’empêcher de murmurer.
- En ce cas qu’elle compte sur moi pour la faire envoyer à la potence.
- Je suis sérieux Holmes ! Toute sa famille doit déjà être arrivée chez nous pour le réveillon… Ils m’attendent certainement.
- Cela ne va pas arranger mon cas à ses yeux», raille mon amant.
Je hoche doucement la tête. Il prend cela à la légère, mais il a raison. Ma visite ici le vingt-quatre décembre est une habitude depuis mon mariage, or chaque année cela est source de conflit. Ma femme estime qu’il s’agit d’une fête de famille et que donc je n’ai aucune raison de me sentir obligé de revoir systématiquement mon ancien colocataire à cette occasion. Et pourtant si, j’y suis obligé, mais pas comme elle croit. Ce n’est aucunement à cause de Holmes, non c’est plutôt mon cœur qui me pousse ici encore et encore. Et pas seulement à Noël finalement, mais bien toute l’année. J’ai beau me défendre de toutes les fibres de mon corps d’aimer Holmes, il n’empêche que je suis bien plus attaché à lui que je ne le devrais.
« John… »
A son ton soudain hésitant, je devine que la suite s’annonce des plus importantes. Je me redresse sur un coude, passe une main dans ses cheveux en les ébouriffant et lui adresse un sourire tendre en signe d’encouragement. Il attire mon visage au sien et m’embrasse brièvement.
« John, je suis… heureux. »
Il bute un peu sur le dernier mot. Evidemment, le bonheur n’est pas ce qui le caractérise en général. Je ne suis même pas certain qu’il sache réellement ce que c’est.
« Vous avoir ici aujourd’hui, près de moi, reprend-t-il lentement, c’est important pour moi. Je ne m’y étais jamais intéressé avant vous, mais votre émerveillement à l’occasion de Noël suffisait ensuite à mon bonheur. Cela n’a plus la même saveur depuis que vous êtes parti. Alors ce soir je suis heureux.
- Moi aussi Sherlock. »
Et je suis sincère. Il me faudra certainement demain affronter les foudres de mon épouse, mais à cet instant je suis totalement satisfait.
Nous nous embrassons lentement, nos mains jouant ensemble… Une fois n’est pas coutume nous avons tout notre temps et je réapprends à en profiter, me souvenant combien c’est agréable.
« Joyeux Noël Sherlock», je murmure entre deux baiser, satisfait de lui faire redécouvrir les joies toutes simples de cette fête.
Tant que nous sommes ensemble, tout est plus délicieux. Je m’apprête, cédant à un bref élan de romantisme, à le lui en faire la remarque quand il s’écarte subitement de moi et se lève.
« Sherlock ?
- Un instant », élude-t-il mystérieusement.
Il enfile prestement ma propre chemise, détail que je trouve tout particulièrement aguichant, et quitte la pièce. Intrigué, j’en profite néanmoins pour remettre du bois sur le feu.
Je suis en train de me réallonger sur le tapis lorsque mon compagnon revient dans la pièce, les bras chargés de plusieurs paquets emballés de façon plutôt… aléatoire. Il dépose le tout près de moi avant de s’asseoir à mes côtés.
« Qu’est-ce donc ? je m’enquiers.
- Vos cadeaux.
- Mes cadeaux ?
- Vos cadeaux de Noël.
- Mes cadeaux… de Noël ?
- John, cessez de répéter ainsi tout ce que je dis, souffle-t-il avec un soupir d’exaspération. C’est lassant. D’ailleurs ce n’est pas tout à fait vrai, il y a également vos cadeaux d’anniversaire.
- Mais… »
Cette situation est pour le moins singulière. Depuis mon mariage il ne m’a plus rien offert, ce qui ne m’a pas particulièrement dérangé dans la mesure où je comprenais qu’il m’en veuille. Alors voir tous ces présents devant moi…
« Sherlock, il vous faut vous montrer plus explicite.
- Evidemment, grogne-t-il avec une moue que je trouve tout à fait adorable. J’aurais dû me douter que vous ne comprendriez pas. C’est élémentaire pourtant. »
Pas pour moi, mais je garde cette remarque pour moi-même, ne voulant subir une nouvelle fois ses railleries.
« Tous les ans je vous achète un cadeau à l’occasion de cette fête absurde et de votre anniversaire, comme j’avait appris à le faire lorsque nous vivions ensemble…
- Vous m’en voyez flatté. Mais en ce cas pourquoi les avoir finalement conservés ?
- Parce qu’à chaque fois lors de ces occasions vous êtes passé me voir seulement pour une heure ou deux avant de me laisser à mon sort ensuite. Je me sentais abandonné et dans un geste de révolte je gardais finalement la surprise que je vous destinais. »
C’est une attitude sans nul doute absurde, mais je la trouve surtout romantique. La preuve qu’il tient définitivement plus à moi qu’il ne veut bien l’admettre.
« Oh Sherlock… », je murmure en le serrant dans mes bras.
Je le sens mal à l’aise à cette démonstration de mon amour pour lui mais je m’en fiche.
« Pourquoi ce soir ? je demande finalement, mon visage dans son cou.
- Parce que vous êtes là. Je sais bien que demain vous irez la retrouver, mais ce soir vous êtes là… tout à moi. Cela compte tant pour moi. »
Je hoche doucement la tête en me faisant la promesse de désormais passer davantage de temps ici, quitte à mettre mon mariage en péril. Je le lui dois bien au regard de tout ce qu’il a fait pour moi.
« Joyeux Noël John», souffle-t-il à mon oreille.
Je l’embrasse lentement puis nous nous allongeons à la même place que précédemment.
« Je les ouvrirais plus tard, je propose. Pour l’instant je préfère profiter plutôt de vous. »
Au sourire lubrique qu’il m’adresse, je comprends que la nuit ne fait que commencer finalement. Au dehors la tempête se calme peu à peu, mais celle dans mon cœur n’a jamais été plus intense que maintenant.
TBC...