Merci pour vos reviews
Concernant les cadeaux, c'est pas pour tout de suite mais j'espère surtout ne pas vous décevoir à ce sujet parce que j'ai bien galéré à trouver quelque chose. C'est comme pour mes proches, j'ai jamais d'idée
Voilà la suite.
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La demeure des Black, située à une heure à peine de Londres, était des plus cossue et par-dessus tout parfaitement agréable. Vivait là outre le propriétaire, son fils et la femme de celui-ci, qui attendait un heureux évènement. Il y avait également un couple d’employés de maison. Bref, quatre personnes que j’avais bien l’intention de garder à l’œil durant tout notre séjour, n’ignorant pas que Holmes ferait de même.
La chambre mise à ma disposition était élégante, quoi que sobrement meublée et j’y déposais mes quelques effets personnels avant de constater avec satisfaction qu’elle était surtout dotée d’une porte communicante donnant sur celle de mon compagnon. Voilà qui allait nous permettre de nous retrouver le soir venu sans éveiller les soupçons.
Je me changeai rapidement puisque que l’heure du dîner approchait et que nos hôtes nous attendaient. Pour autant, avant de quitter la pièce la curiosité me poussa à tester la fermeté du matelas. Mon lit, recouvert d’un couvre-lit fleuris aux couleurs chatoyantes et embaumant agréablement, semblait effectivement des plus attirants. J’étais ainsi allongé lorsque Holmes me rejoignit. Je me redressai légèrement et lui jetai un coup d’œil pour constater qu’il portait pour sa part les mêmes vêtements qu’à notre arrivée ici. Evidemment il avait autre chose en tête que tenter d’impressionner le maître des lieux par son apparence. Il sourit en remarquant ma position.
« John, vous savez je suppose que nous ne sommes pas venu ici pour satisfaire votre libido débridée. »
La voix était clairement ironique et je décidai de ne pas relever cette remarque déplacée. Au lieu de cela je lançai un signe de tête vers les feuilles de papier qu’il tenait en main. Feuilles que je savais être les lettres de menaces adressées à notre client, que mon ami avait étudié avec intérêt durant le trajet nous menant ici.
« Un indice ? m'enquis-je en me relevant.
- Rien d’important. L’écriture est volontaire, je l’attribuerais à un homme. Le vocabulaire est soigné, recherché, pas la moindre faute tant d’orthographe que de grammaire… Notre homme est donc cultivé.
- Seul le fils ici répond à ces critères, remarquai-je, pensif. Si tant est que notre coupable fasse partie de la maison.
- Exactement. Black est un homme d’affaires qui reçoit ici même ses clients… Ce peut être n’importe qui, ne nous reste qu’à ouvrir l’œil.
- Je suis certain que vous aurez tôt fait de démasquer ce coquin, dis-je en prenant sa main dans la mienne.
- Sans nul doute », confirma-t-il.
Ne notant aucune trace de modestie dans sa voix, je me mordis la lèvre pour éviter une remarque moqueuse et l’embrassai plutôt.
« Descendons à présent, dit-il ensuite. Je désire savoir au plus tôt à qui nous avons affaire.
- Vous ne voulez pas passer d’autres vêtements avant ? interrogeai-je d’un ton doux.
- Une perte de temps tout à fait inutile », lança-t-il en passant la porte.
Je le suivis avec un haussement d’épaules. Je le reconnaissais bien là, dus-je m’avouer.
Durant tout le repas la conversation fut parfaitement fluide, mon compagnon et moi relevant nombre d’informations présentées comme des détails sans importance. Ainsi nous pûmes apprendre que notre hôte avait eu un premier fils mort vingt-cinq ans plus tôt, la mère de celui-ci le suivant de près. Il avait épousé l’année suivante en secondes noces la mère de Thomas Black, qui vivait lui toujours ici. Cette seconde épouse était décédée quelques mois plus tôt, peu après le mariage de son fils.
Les deux employés travaillaient pour la famille depuis la naissance du jeune Back, ainsi ils n’avaient pas connu la famille précédente de leur employeur. Ils semblaient l’un et l’autre tout particulièrement dévoués à leurs patrons et tous avaient manifestement accueilli à bras ouvert la nouvelle arrivante. Thomas Black et son épouse s’étaient rencontrés l’année précédente à l’occasion d’un mariage. Eleanor était de condition modeste, ce qui n’avait nullement empêché Thomas de lui faire la cour puis l’épouser.
J’étais certain que dès que nous serions seuls, Holmes ne manquerait pas de critiquer ce tableau idyllique, trop parfait en apparence. Pour ma part, moins blasé que lui, j’appréciais de me retrouver au sein d’un foyer on ne peut plus classique. J’aimais Holmes, de même que notre vie à deux et n’avait aucun regret par rapport à mon mariage manqué, mais parfois j’appréciais de toucher du bout des doigts la normalité. Une vie pareille n’aurait sans nul doute eu pour seule conséquence que de m’ennuyer et me tuer à petit feu, mais y renouer l’espace de quelques jours avait un petit côté salvateur que j’accueillais avec grand plaisir.
Après le repas Eleanor se retira bien vite dans sa chambre, j’en fis de même presque immédiatement, mais le détective resta au salon avec les deux Black. Je savais qu’il avait besoin de les jauger pour pouvoir les cerner au mieux.
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Il vint me rejoindre un peu plus tard, alors que j’étais déjà au lit. Il s’assit près de moi, un sourire satisfait sur les lèvres. Celui-là même qu’il arborait lorsque son esprit trouvait une énigme à sa mesure.
« Avez-vous déjà une hypothèse John ?
- La belle-fille n’ayant aucune ressource personnelle pourrait, et j’insiste sur le conditionnel, voir dans la disparation prématurée du patriarche une façon de jouir plus avantageusement des privilèges à faire partie d’une telle famille.
- Dans sa condition ?
- Il ne s’agit que de quelques lettres. Elle peut avoir un complice. »
Holmes hocha la tête, donnant l’impression de considérer réellement mon avis alors que je savais d’expérience qu’il avait déjà sa propre idée je ne parviendrais à l’en faire changer.
« Et le fils ? reprit-il.
- Il semble inoffensif. Mais cette façon qu’à son père de le brimer en permanence pourrait constituer un parfait mobile.
- Je vous félicite John. Vous vous bonifiez avec le temps et avez à présent un niveau d’analyse tout à fait satisfaisant. Néanmoins vous faites erreur. »
Je ne m’offusquai pas de sa remarque, il n’y avait aucune méchanceté dans ce manque de tact de sa part, il était simplement fidèle à lui-même.
« Et vous, quelles conclusions avez-vous tirées de cette première soirée ? demandai-je à la place.
- Rien d’important pour le moment. Tout ce beau monde est bien trop propret à mon goût, mais il me faut encore un peu de temps. »
Je hochais la tête tandis qu’il s’allongeait près de moi.
« - John, regrettez-vous votre choix ?
- Quel choix ?
- Celui de faire votre vie avec moi plutôt qu’avec une femme, Mary par exemple.
- Bien sûr que non, et vous devriez le savoir. J’ai agi en toute connaissance de causes et surtout en suivant mon cœur. Je suis en paix avec cela. Ce n’est pas toujours aisé de partager son quotidien avec un homme tel que vous, mais vous me rendez heureux.
- Bien, dit-il d’une voix lointaine.
- Vous en avez douté ? m’enquis-je avec étonnement en me tournant sur le côté afin de pouvoir le fixer.
- Non, bien sûr que non, répondit-il précipitamment d’un ton qui sonnait un peu faux. C’est juste que… j’ai vu votre façon de regarder la jeune Eleanor, son ventre arrondi… J’ai pensé un instant que vous étiez peut-être jaloux de la situation de Thomas.
- Sherlock, dis-je en prenant sa main dans la mienne, entremêlant nos doigts en un geste affectueux, c’est avec vous que je désire passer le reste de ma vie. Je vois bien assez souvent d’enfants braillards et insupportables dans mon cabinet pour avoir été guéri d’un quelconque désir de paternité que j’aurais pu nourrir dans ma jeunesse. Pas d’épouse, pas d’enfants, uniquement vous. Cela suffit largement à mon bonheur.
- Merci John » murmura-t-il.
J’esquissai un sourire tendre puis approchai mon visage du sien, déposant un baiser sur ses lèvres.
« Je vous aime Sherlock. »
En réponse à cette déclaration je n’obtins qu’un bref hochement de tête et un sourire contrit. Cela m’allait parfaitement. J’avais appris avec le temps que c’était sa façon à lui de m’assurer de son amour. Il n’a jamais été à l’aise avec les mots, c’était pire encore dans cette situation particulière.
« Bien, à présent que vous voilà rassuré – à ce terme il me lança un regard noir qui m’arracha un rire joyeux – vous pouvez filer vous coucher. Dormir tôt pour une fois vous fera le plus grand bien. »
Sans un mot, il considéra un moment nos deux mains jointes avant de me lancer ce regard insolent dont lui seul avait le secret.
« En fait, j’avais espéré que vous accepteriez de partager votre couche, dit-il tranquillement. »
Je levai les yeux au ciel, ne pouvant malgré moi retenir un petit sourire.
« Ce n’est pas une très bonne idée Sherlock. N’importe qui pourrait nous entendre ou même nous surprendre.
- J’ai fermé votre porte à clé en entrant donc de ce point de vue là nous ne craignons rien. Quant au reste, vous n’avez qu’à réfréner vos ardeurs. C’est toujours vous le plus démonstratif vocalement de nous deux. »
Je me mordis la lèvre en rosissant. Bien sûr je savais qu’il avait parfaitement raison. A la maison, plusieurs fois nous avions dû inventer un mensonge destiné à Mrs. Hudson lorsque de bon matin elle s’interrogeait sur l’origine du bruit qui l’avait dérangé durant la nuit. Heureusement elle était crédule, ou en tout cas bienveillante à notre égard. Ce qui n’était certainement pas le cas de nos hôtes. Mais ce genre de raisonnement était bien loin des préoccupations de Holmes. Déjà il avait repoussé mes couvertures et s’était installé à califourchon sur moi. Je tentai mollement de le repousser, sans grande conviction pourtant. Et lorsque ses lèvres furent sur les miennes, je capitulais sans plus de cérémonie. J’étais près à me mordre la lèvre au sang pour étouffer les cris qui ne manqueraient pas d’émaner de ma personne, mais certainement plus à renoncer au plaisir qui naissait peu à peu en moi. Je nouai fermement mes bras à son cou et répondis à son baiser avec fougue. Ses mains étaient sur moi, caressantes, entêtantes…
Mais tandis que je m’apprêtais à l’enjoindre de me faire sien le plus rapidement possible, un hurlement raisonna au rez-de-chaussée, éteignant le désir qui nous animait jusque-là.
TBC...